Décalage horaire de 4 heures, changement de température et surtout vie du village au ralenti. Pour un gars hyper actif comme moi, il me faut m’adapter. Ici c’est la haute saison touristique, il peut y avoir un passage éclair de 20 touristes, qui en 2 heures de temps dégainent leur reflexe et smartphone pour cocher la case Groenland. Mais je vous rassure ce n’est pas tous les jours et d’un certain côté cela m’amuse beaucoup de les voir s’embourber dans les marécages où poussent les magnifiques fleurs de linaigrette. Elles ressemblent à des bouts de cotons perchés sur une tige verte et haute. Dans certaine partie du monde boréal, cette fleur aurait des pouvoirs chamaniques …
Dès mon arrivée à Ilulissat, j’ai croisé des copains pêcheurs et cela m’a fait chaud au cœur de les voir descendre de leur embarcation pour me saluer. Le Groenlandais n’est pas un grand expressif et cela démontre leur affection à me voir chez eux. Au village quel calme, 23 habitants et du silence à n’en plus finir. Les dénotations se succèdent, mais n’y voyez aucun acte terroriste, ce sont les icebergs qui sous l’effet du soleil, explosent en mille morceaux. J’ai retrouvé la cabane avec une joie immense, seule une fenêtre a souffert des coups de vent hivernaux. Mais j’ai de la réserve de carreaux et en deux coups de cuillère à pot je les ai changé. Je me suis installé, cela fera le troisième été que je la restaure et tout doucement elle prend de la gueule. Mon bon copain Steen, passe me voir. Il est chaleureux, souriant et avec lui je me sens vraiment bien. Il insiste pour un « kaffimiq », alors avec joie je me rends chez lui et sa femme Sara-Mina. Le café est servi brûlant, il est 18h je sens déjà une nuit blanche. Pas grave ! Nous papotons de nos hivers respectifs, quand je pense aux allers-retours que j’ai parcouru cet hiver avec mes conférences, eux sont restés gentiment chez eux à écouter le temps qui passe. Je leur annonce la venue toute proche de ma fiancée, ni une ni deux nous sommes invités pour un diner. A base de viande de phoque, bien entendu !!!
Mais si je suis là, c’est aussi pour continuer la restauration de ma maison, ponçage, masticage, peinture, la tache est ingrate mais nécessaire, je me réjouis d’être ce bricoleur polaire. Cette année je suis un peu mieux organisé, du coup je me sens encore plus à l’aise. Ici pas d’eau courante, ni d’électricité. Au centre du village il y a un distributeur d’eau de mer qui est désalinisée, alors avec ma brouette et mes jerricans , je fais ma balade quotidienne. A la maison communale où je prends mes douches, il y a des prises de courant, c’est là où je recharge mes « gadgets ». La douche est ouverte qu’en semaine de 9h à 16h, il ne faut pas arriver en retard, surtout après être saupoudré de plâtre poncé…
La paix de ce village est rafraichissante, c’est un havre de paix où il fait bon vivre. Bientôt mes jeunes stagiaires vont arriver, j’espère qu’ils apprécieront ce moment de partage…
Je vous envoie plein de fraicheur et de zénitude polaire.
A pluche…