Depuis mon arrêt ici à Vaxholm je m’exerce au « lâcher-prise ». C’est à dire, permettre au corps de s’exprimer sans aucune pression, l’autoriser à se relâcher, exercice compliqué pour un hyper actif ! Pendant 42 jours je n’avais qu’un seul but, avancer quoi qu’il en soit. Respiration, méditation, nourriture et un minimum de repos, pour me donner les clés de la réussite. Le corps donnait son maximum en prenant soin de laisser de côté les futilités réclamées. J’ai atteint mon objectif mais la route n’est pas finie, alors il faut récupérer en profondeur. Depuis jeudi je me suis trouvé le bivouac de rêve, beau, silencieux et suffisamment près d’un village pour la consommation courante ! Mais le repos du corps ne venait pas, j’ai bossé dur, Immaqa avait des blessures sérieuses et la route est loin d’être finie alors j’ai réparé et improvisé avec les moyens du bord. Maintenant, Il semble sorti d’usine ! Du grand nettoyage de tout le matos, le réchaud en premier qui ne fonctionnait plus très bien et plein d’autres bricoles qui à la longue rendent les journées pénibles si tout cela ne fonctionne pas comme il le devrait. Mais le principal, mon corps, je ne lui avais pas encore permis le statique, le vide, le rien faire absolu. Mes anges gardiens l’ont bien compris, ils sont là pour m’aider, alors ils m’ont bloqué, séquestré ! Comment ? En m’infligeant une belle infection au genou. Quasiment impossible de marcher sans souffrir, le duvet devenait insupportable à peine il m’effleurait. Ok, je baisse la garde, je reste calme, je n’ai plus le choix. Le moral en chute libre, je reste allongé, et qu’est ce qu’on fait dans cette position ? On dort ! La fièvre se glisse dans mon couchage, j’ai froid, je peine à allumer un feu. Pendant deux jours tout me semble insurmontable, faire le petit kilomètre en kayak pour prendre une douche chaude me parait un océan à traverser ! Je ne me soigne qu’aux huiles essentielles et pommade maison. Après plusieurs cataplasmes de crème de plante Imperator valaisane (merci Chantal), mon abcès explose, mon genou enfin se vide de ce trop de fatigue. L’hématome dégonfle enfin, je reste sans bouger. Le reste du voyage me semble plus facile, la partie mer de la Toscane à la Corse sort de mes cauchemars, je la vois calme, belle avec une brise qui me pousse vers mon île… Ce matin le soleil est de retour, j’essaie la prothèse, les douleurs se sont enfin envolées. Je me sens d’attaque pour une petite balade de 3000km à vélo. Je viens d’avoir des nouvelles des jeunes qui sont bien arrivées à Lulea hier soir mais qui ont laissé les clés du fourgon dans l’un des sacs de soute. Grosse erreur de débutant. Les bagages n’ont pas suivi à Stockholm !!! Les compagnies se renvoient les fautes ce qui ne change rien au problème. La mode de notre société c’est de toujours renvoyer les erreurs au voisin. Depuis ce matin ils sont devant le comptoir SAS et à chaque arrivée d’un vol depuis Stockholm ils ont espoir d’y voir leurs bagages. Le plan B et C existe mais il m’en coutera beaucoup d’énergie. J’ai un double des clés. Si demain midi leur affaires ne sont toujours pas arrivées j’essaierai de trouver un système très rapide pour faire envoyer un double au jeune à Luléa ou sinon au pire je louerai une voiture pour faire les 1000km jusqu’à Luléa et faire un échange standard avec le fourgon et tout mon barda vélo. Sincèrement je ne voudrais pas effectuer ce périple… Je croise les doigts.
Merci à vous tous qui soutenez ce projet, j’ai lu avec attention tous vos mots qui ont guéris mes maux durant ce difficile périple en kayak, un grand MERCI.
Comme me l’a soufflé Dume : Qu’il est bon de rien faire quand tout autour de soi le monde s’agite…
A pluche !