Un jour de pluie…

18 août 2012
Ok la mascotte, si ils ont besoin d'un maire on ira, mais toi tu sera premier adjoint!

Ok la mascotte, s'ils ont besoin d'un maire on ira, mais toi tu seras premier adjoint!

La clé du succès de ce raid va être dans la récupération, malgré un coin glauque pour bivouaquer, j’ai dormi profondément. Je dois me forcer au repos tout en avançant, une sorte  d’exercice de style. A 6h30 je suis sur la route, il me reste juste assez d’eau jusqu’au prochain hameau, je me suis rationné cette nuit. L’eau est le lubrifiant du corps, je me suis bien juré que cela ne se reproduira plus. La pluie n’est pas loin, le crachin ne me dérange plus, à la vitesse ou j’avance je ne crains pas les glissades ! Encore une journée d’effort qui m’attend, je dois me concentrer pour garder toute mon énergie. J’essaie à tout prix de ne pas forcer, de ne jamais pratiquer la danseuse, mon vélo est très lourd et ce mouvement m’abimerait mes genoux, j’en ai fait les frais en Norvège. Je quitte la nationale et bifurque vers le Sud-ouest, je retrouve un silence apaisant. Le décor change, les pins réapparaissent ainsi que les lacs. Je n’avais pas prévu que le dénivelé soit aussi fort, la route est sinueuse et les bosses franchît me donnent du boulot. Le paysage a l’avantage de me changer les idées, je sais qu’il me faudra encore quelques jours pour trouver un « train-train », la remise en route n’est jamais simple. La pluie redouble de force, chose assez rare pour la région, mais depuis presque deux mois que je suis en Suède, j’ai bien compris, d’après les autochtones rencontrés, que c’était l’été le plus pourri depuis bien longtemps !  Si les jambes vont bien, c’est mon séant qui ne cache pas sa fatigue d’être toujours en selle. J’ai changé pour une en cuir Brooks, d’après les grands voyageurs c’est le must. Mais il faut du temps pour que nous nous adaptions. A me lire vous devez pensez que je me plains tout le temps! Vous avez bien raison et je souris de vos pensées. Je positive, rassurez vous. Ces moments de vide, laissent apprécier les jours meilleurs. Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain. Les lacs au fil de la route sont de plus en plus grands, de vraies mers intérieures et les habitations rares. J’avance avec une bonne moyenne même si cela n’est pas mon objectif. Vers midi, je rejoins le village de Kisa, la pluie a redoublé de force, je suis trempé jusqu’au os. Sur un banc à l’abri d’un supermarché, je déjeune. J’ai enlevé ma prothèse pour reposer mon moignon et regarde l’ondée. Une fois de plus les gens qui passent seraient prêt à me donner une pièce, bien qu’ici la mendicité n’existe pas. Je me pose la question de mon  prochain bivouac. La pluie, le vent qui glace le pauvre nomade à cloche pied, j’ai envie d’un abri, d’un coin sec, j’ai déjà parcouru 75km. Un gars m’interpelle, me pose des questions sur mon voyage. Je lui demande s’il y a un coin pour bivouaquer au sec, en face de moi il me désigne le seul motel de la région. Vieille de 400 ans, cette bâtisse est rocambolesque, l’aventure en chambre cela me branche pas trop. A contre –cœur, je pose mon camp au chaud et à l’abri de la pluie. Pour la première fois Norra est en chambre d’hôtel. Et si on se faisait un plateau télé sans télé ! Demain ce sera mieux et encore et toujours mieux.

PS : Devant l’office du tourisme du village j’ai eu une connexion Internet et lu vos encouragements, je vous dis merci, merci, merci du fond du cœur. Vous ne pouvez pas savoir comme je les sens, comme ils me donnent encore plus de peps !      Tack så mycket… (Prononcé tak so moukié, qui veut dire merci beaucoup en suédois)

A pluche.

Un gros coup de blues…

18 août 2012
Un dernier échange complice avec Valentin avant le départ...

Un dernier échange complice avec Valentin avant le départ...

Le zip d’une tente qui s’ouvre, Valentin a du m’entendre ranger mon vélo, on discute ensemble. Je l’observe partir vers les sanitaires, privé de ses deux jambes il n’est pas appareillé. Je vois en lui un gamin serviable, toujours souriant qui malgré sa double amputation fémorale est la joie de vivre. Je suis à fleur de peau, ces 3000km de vélo me font des soucis, ai-je bien estimé l’effort ?  Il revient, je me maudis d’être aussi axé sur mon égo, au loin il me sourit, je me mords les lèvres. Le cumul des deux mois passés peut-être, je me mets à pleurer comme un gosse. Je m’agenouille, il me prend dans ses bras. Promis, « neveu de vie », pour toi je donnerai le meilleur de moi-même, promis !

Aujourd’hui je vais me retrouver seul, le camion va rentrer pour la France, je ne dois rien oublier. Je vérifie une énième fois mes sacoches et nous partons. Je n’ai pas récupéré de la journée d’hier, je crois plutôt que c’est mon mental qui est en bas. Je fais mouliner mes jambes mais ça ne veut pas venir, je tente le vide. Je connais ces situations, il faut les contourner plutôt que les affronter. Jusqu’à midi, c’est difficile. A l’entrée de la ville de Norrköpping, l’autoroute me barre la route, je n’ai pas l’énergie de me perdre, je charge le vélo dans le fourgon. Une fois passée la plus grande ville de la région, nous nous arrêtons pour le déjeuner sous des pins. Nicolas et Robin sont euphoriques de savoir qu’ils vont repartir pour la France, quant à Valentin je le sens triste de cette séparation. On se serre la main et je reprends ma route en solo. Le soleil me cuit le cerveau, je pédale mais je n’y suis plus. Au 100éme km je stoppe tout. Un hangar oublié au bout d’une route fermée, me servira d’abri pour ce soir. Je n’ai pas beaucoup d’eau mais je vais m’arranger pour tenir le coup jusqu’à demain, je trouverai bien une ferme sur mon chemin. Je monte ma petite tente, la tristesse m’a bien en main, mon rendez-vous hebdomadaire du vendredi 17h40 sur France Bleu Frequenza Mora me demandera beaucoup d’effort pour rester dynamique. J’appelle ma princesse, deux mois qu’on ne s’est pas vu, elle me manque. Je crois qu’il va me falloir une bonne nuit de repos pour retrouver mon énergie habituelle. Ne vous inquiétez pas, je ne veux pas dissimuler mes ressentis, quand ça ne va pas trop fort, je ne dois pas vous le cacher. Une expédition aussi engager demande beaucoup d’énergie, plus mental que physique. Je m’autorise de temps à autre, à vider le trop plein. Ce soir je ressemble plus à un clochard des routes qu’à un bel aventurier qui ne redoute rien. J’ai mes peurs et ce soir je crois qu’elles seront dans mes doutes embrumés.  Je vais serrer très fort mes deux protégés, comme le fait un gosse qui a peur du noir, demain il fera jour et le guerrier pacifique reprendra sa croisade.
Bise à tous.

Presque une journée tranquille, enfin presque !

17 août 2012
Robin, Valentin, Nicolas et Frank prêts pour une nouvelle aventure !!!

Robin, Valentin, Nicolas et Frank prêts pour une nouvelle aventure !!!

A ma grande surprise la nuit fut sans bruit, en plein milieu de Stockholm un 15 août à bloc de touristes !!! Comme quoi, l’effet éponge, les latins deviennent silencieux chez les scandinaves.
Ce matin, promis, juré je pars pour une petite journée. Il faudra encore l’aide du GPS des jeunes pour sortir de la capitale. 15km urbain que je n’apprécie pas du tout. Puis d’un coup la campagne. Le problème c’est que le réseau routier est très récent et l’autoroute est souvent la seule voie. Il va falloir jouer de malice pour trouver la bonne route. Un mélange de forêt et de champs agricole. Je revis, si cela pouvait être comme ça tout du long de mon chemin. Le ciel est bien bleu ma première journée complète de vélo s’annonce merveilleuse. Je possède deux cartes, une édition locale avec plein de petites routes et la Michelin plus grand axe. Je choisi celle des petits chemins ! C’est là où commence l’aventure. Je voudrais faire une sorte de traversée diagonale pour rejoindre une autre nationale, mais voilà la carte comporte des noms de lieux dits qui n’existent pas. Le GPS du fourgon est perdu et Frank pédale sur des chemins de terres qui tournent, retournent et tournent encore ! Un sacré raccourci qui me fera une petite rallonge de presque 20km. Entrevous et moi je ne suis ni en colère, ni dessus. La forêt est magnifique, les biches ne doivent pas souvent voir de cycliste unijambiste, les écureuils en profitent pour traverser au dernier moment mais nous sommes un poil perdu ! Finalement je retrouve un bled qui nous amène sur une route goudronnée qui reprend une nationale qui fait route au sud. Ouf ! Mais où va-t-on dormir, ce soir ? Pas de camping en vue, alors je continue de pédaler. 100km tout rond, c’est une bonne journée, 110km, bon va falloir trouver, 120km tiens il pleut, 130km, c’est quand qu’on arrive ? 131km nous sommes
devant un terrain vague grillagé de barbelé ! Pas fameux le « Camping de la plage » ! Le prochain est à 20 bornes à l’opposé de notre route !!! STOP ! Je suis cuit, vélo dans le fourgon et le pédaleur en  passager clandestin. Une belle pelouse dans un camping calme et une longue douche chaude, quel délice. Demain les jeunes reprendront la route pour rentrer en France et moi je reprendrai mon bâton de pèlerin solitaire pour commencer un  autre voyage de l’intérieur.  Promis dés à présent quand  je serai cuit je m’arrête et monterai ma tente où je suis. Seul sans véhicule, c’est  beaucoup plus facile de dénicher une bordure de rivière ou de lac pour faire relâche. Une bonne petite journée pour commencer la partie 4 !
A pluche !

Arcticorsica, partie 4…

15 août 2012
Des trucs doivent se chuchoter dans mon dos...

Des trucs doivent se chuchoter dans mon dos...

Ce matin encore les chevaux sont là en train de tondre notre belle pelouse, je ravive le feu et m’inspire de cette dernière matinée de paix. Aujourd’hui c’est le départ. Je charge le kayak mais je suis brouillon, je me trompe, je charge mal les sacs étanches, Immaqa semble soupirer d’un tel manque de professionnalisme. Je remercie les lieux de m’avoir hébergé pendant presque une semaine. La brise est contraire, pourquoi serait-elle différente ? 1800mts me sépare du ponton du club d’aviron où je pourrai en toute quiétude plier mon embarcation. Cette fois je m’applique, je dois devenir cycliste maintenant, fini la houle, que du macadam pour plusieurs milliers de kilomètres. Je rince mon complice, il a quelques belles cicatrices, qui seront son mausolée d’Arcticorsica. A midi les jeunes arrivent avec le camion, je dois me concentrer mais je suis submergé par un million de choses à régler. Nicolas, Valentin et Robin vont déjeuner je dois tout transférer sans rien oublier. Le choix est strict, plus je serai léger plus le voyage sera facile, mais s’il fait un automne pourri, s’il pleut tous les jours, je tranche je prends le strict minimum. 14h enfin la partie 4 de l’expédition est entamée, je roule direction le sud de Stockholm. Ma carte n’est pas assez détaillée pour me faire faufiler par les petites routes sans prendre l’autoroute. Le fourgon doté d’un GPS m’ouvre la route, je suis euphorique, j’en ai les mains qui tremblent, ce matin j’étais en kayak cet après-midi je deviens cycliste au long cours. Les deux premières heures se passent à merveille mais nous rentrons dans le centre de la capitale, je ne peux pas prendre l’autoroute en vélo, leur GPS s’affole. Nous tournons en rond et le trafic devient infernal. Je stoppe tout, je ne suis pas là pour tout foutre en l’air par un accrochage. Je charge le vélo dans le camion et m’assois sur les bagages des jeunes comme un clandestin dans le noir. Les 15 km d’autoroute se feront dans les bouchons pour nous mener dans un camping du sud de la grande ville. Un Cabochard en camping le 15 août on aura tout vu. Un petit 55km déjà en moins à pédaler vers le sud… Demain je serai plus loquace… Je suis cuit de chez cuit mais vraiment heureux d’avoir passé ce point noir…

A pluche !

Bientôt la route…

14 août 2012

Il y a deux mois déjà je prenais la route là haut dans le grand Nord...

Il y a deux mois déjà je prenais la route là haut dans le grand Nord...

Il y a quelques années, une drôle d’aventure arrivée à deux françaises, me sert de référence dans les moments inattendus. Elles visitaient la Grèce sac à dos, leurs billets d’avion retour étaient inchangeables, mais le voyage en stop a ses inconvénients, elles arrivaient 5’ après l’heure de clôture d’enregistrement. Elles protestaient, insistaient mais rien à y faire, on ne les a pas laissées passer. Le vol Athènes-Paris ne devait jamais arriver ! Ce retard leur sauva la vie. Le contre temps des jeunes me recule le départ vélo de quelques heures mais je suis fataliste, c’est surement pour me protéger. A 13h30 finalement bagages récupérés, clés en main, ils prenaient la route pour me rejoindre. Je vis mes dernières heures sur ce bord de mer. Le coin m’a ressourcé, des chênes tricentenaires, des noisetiers et du calme sans concession. La pollution que je crains le plus est celle auditive. Le bruit rend dingue, les soirées soit disant » fun » où les « boum-boum » rayonnent sur plusieurs kilomètres à la ronde, abrutissent les gens. La Scandinavie est le pays du silence, les gens savent apprécier à sa juste mesure, les bienfaits de la quiétude. Depuis 5 jours je me rends toutes les fins d’après-midi au camping pour une douche chaude. Je beach Immaqa sur la plage où des enfants locaux jouent. Pas un bruit, pas un vacarme. Aujourd’hui au même endroit à la même heure des hurlements de gosses. Pas possible, je n’arrive pas en croire mes oreilles. Depuis 2 mois que du calme, je tends l’oreille : incroyable des petits français !!! Notre éducation  est bruyante, je pense que tous les latins sont comme ça. La rigueur des pays du nord a rendu les gens durs et respectueux, ils ne plaignent pas, ils ne crient pas. Ils  sont très moqueurs des « gaulois » qui gémissent parce qu’il pleut en été, l’hiver la mer gèle ici et le thermomètre baisse souvent à  -30°, alors deux gouttes d’eau, ils ne les voient même pas. Pendant mon périple en mer de Botnie un couple de kayakistes étaient venus m’amener un panier de victuailles, Ils voulaient savoir comment était leur mer là-bas au nord. Un nuage noir lâchait ses sentinelles, je ne les ai même pas vu ciller, Per a monté sa capuche et Karin a levé la tête sans bouger d’un centimètre. Chez nous j’aurais entendu toute sorte de blasphème pour les quatre gouttes tombées. Quel beau peuple. J’attends avec impatience mon vélo, j’ai 3000 bornes encore à faire avant de toucher enfin la belle méditerranée automnale.                                                                                                                                                                    Un Message pour les petits « suisse » : je suis absolument incapable de vous donner une date de rendez-vous ! Impossible ! Quelle sera ma moyenne ? Quels seront mes chemins empruntés ? Aucune idée avec aucune envie de savoir, en suivant mon parcours jour après jour vous saurez quand je passerai par chez vous. Je ne fais pas une balade touristique, un long voyage est rempli d’imprévus qui sont les seuls guides du nomade en croisade.

Je vais retourner à mon bivouac pour une douce soirée au coin du feu. Hier soir vers deux heures du matin je suis sorti de ma tente pour tomber nez à nez avec les étoiles, cela faisait deux mois que je ne les avais plus vues… Jo Zef en a profité pour présenter Norra à la lune. Vous avez dit romantique !

A pluche !

Pedalage en image…

26 juin 2012

Juste une petite séquence sans prétention qui vous mettra in-situ… Passage en péninsule de Nordkinn, deuxième jour…

Un unijambiste et une mascotte à Luleå…

25 juin 2012
La solitude, confidente du voyageur...

La solitude, confidente du voyageur...

La routine du matin, déjeuner, plier bagage préparer la nourriture du jour et reprendre le vélo. Yan mon hôte me surveillait, il est venu me saluer. Peut-être à l’année prochaine ! La route est en travaux donc je retrouve le bon vieux gravier. J’essaie de me dissuader de ne pas arriver à Lulea ce soir, trop loin, trop usant, puis le bout de voie rapide à gérer, non c’est sur, pas ce soir, je ne vais pas faire 140km avec 45 kilo de charge en une journée !!!. Je pédale en ne pensant qu’à l’heure en cours, dans 60’ pose café, puis une autre pose biscuits salés … Je me fixe des lieux dits, des ponts de rivière, j’ai 70km avant d’arriver en bordure du golfe de Botnie. Le vent de face ne m’a pas oublié, ouf, j’avais peur qu’il me laisse seul ! 5heures de pédalage pour voir de très loin la mer, allez, je pousse encore un peu plus loin. Je m’arrête je suis cuit et surtout je n’ai pas encore englouti mes nouilles chinoises. Sur la voie rapide difficile de trouver un coin calme, alors je me contente d’un trou qui doit servir de dépotoir ! Entre deux canettes de bières écrasées et des reste d’emballage je mange et me fait manger par des moustiques. Remarquez, c’est l’heure du casse croute pour tout le monde ! J’essaie de m’imaginer : un clochard !!! Elle est déjà bien loin derrière la terre saame… Je reprends mon vélo, 6h effectives de routes plus ou moins 7h30 que je suis parti. Je dépasse le taux syndical et pousse un peu plus loin. De toute façon ce n’est pas sur les bords de cette nationale que je vais trouver mon coin du soir… Alors je continue, 100km, mes fesses me font de plus en plus souffrir, mais je m’évade, je pars dans le pays des rêves et la souffrance se fait oublier, mes jambes elles sont au top. 110km au compteur, un panneau indique : Lulea 30km ! Allez, je tiens ferme je continue. Je ris, je me concentre, je pars en sanglot, dis donc c’est que le passé pédale avec moi !!! Encore 10, je pédale pour les jeunes de bout de vie, leurs visages me brouillent la vue… Allez Frank ne t’arrête pas là, t’es un lâche ou quoi ! Je sais que je vais y arriver ! Lulea!!!  J’y suis, 141km pour conclure l’étape 2. Que de beaux paysages, de personnages attachant croisés. 950 km pour traverser en totalité la terre saame version nord-sud. Je ne suis pas trop fatigué mais le manque de confort de ma selle m’a un poil gâché mes derniers kilomètres. Plan B je vais en changer ou lui mettre une housse en gel ! Eh na !!!

Un peu courbaturé la mascotte s’est extirpée du sac étanche pour se demander dans quoi nous allons nous lancer ces jours suivants ! Chut et rendors-toi…

Je tiens à vous remercier pour vos soutiens, ça fait chaud au cœur. Merci beaucoupsssssssssssssss.  Pour les pôtes de Tseusier ne soyez pas à Crans j’arrive. A Crans-Montana bien sûr… Je sais c’est plus fort que moi… Taïko banzaï, Jo Zef arrive!!! Heu c’est pas pour de suite quand même…                                                                                                                                                              Une petite dépression est en train de glisser sur l’Est de la Scandinavie ce qui va me laisser un peu de répit jusqu’à mercredi pour prendre la mer…Yakakayaker !!!

A pluche.

De vieilles nasses à saumon

De vieilles nasses à saumon

Des paysages qui ne me lasseront jamais... Assis toi et aime...

Des paysages qui ne me lasseront jamais... Assis toi et aime...

La cabane rouge…

24 juin 2012

Habitude lapone, certainement, il a plu toute la nuit ! Ce qui procure encore plus une sensation de cocon au fond du duvet sous la tente.
L’habitude se précise pour démonter le camp et démarrer la journée. Dés 7h30 me voilà déjà en selle. Le vent prend une composante Sud juste là où je me dirige. Bien qu’ayant parcouru cette route l’année dernière en voiture je suis désagréablement surpris des « bosses » qui m’attendent. Des côtes qui n’en finissent plus et le vent qui se renforce faisant de moi un véritable escargot du bitume. Mes premières quatre heures sont une torture. J’essaie de ne pas y penser, de ne pas faire de calcul de moyenne, mais la machine à cogiter, m’amène dans les ténèbres des pensées négatives. Je maudits les quelques voitures qui me doublent, déteste les motards, rouspète après les camions. Jo Zef a failli être débarqué !!! Pour la pause déjeuné je suis au bord d’un mini lac, un nid à moustiques et malgré le fraîchissement du suroit je suis agressé. Je me camoufle dans ma parka. Le soleil est enfin en action et l’envie de m’allonger me titille. Je m’enferme dans ma veste et me laisse caresser par ce soleil, certes timide mais cajolant. Je sombre dans un profond sommeil, pendant une micro sieste de 15’ qui me redonne une patate incroyable. Je reprends la route, un gros orage, me pleure dessus, peu importe malgré les coups de boutoir du zef, j’avance. Le coin est désert et seuls quelques hameaux croisent mon chemin.

6h légale de pédalage soit 8h00 d’errance depuis que j’ai levé le camp. Je décide de continuer, puis la route me rappelle la cabane rouge ! On s’y était arrêté l’été dernier, on avait cassé la croute au bord d’un fleuve… si je retrouve le coin j’y dresserai le camp. Jo Zef sort la tête du sac étanche, il siffle, il saute en marche !!! Ouais la mascotte, c’est bien là !!! Le vent est toujours violent, tant mieux les moustiques se tiendront à carreaux. Je hume le lieu, me remémore les bons moments passés là avec Véro. Une cabane rouge abandonnée en bordure du cours d’eau. Je monte la tente et pars me laver dans la rivière. Je m’immerge en partie et laisse mes jambes se régenter dans cette eau issue de la fonte des neiges. Je cueille des pissenlits, de la rhubarbe sauvage et m’active à faire sécher mes affaires. Un homme me rend visite, le propriétaire. Il m’autorise le bivouac, il me demande quelle est ma route, je m’informe sur sa kotta. Ses parents y ont grandi, elle est centenaire. Abandonnée depuis plusieurs années il n’a plus le temps de s’en occuper. Yan me laisse ses coordonnées, moi les miennes. En 2002 il avait fait le tour de la Corse et se souvient parfaitement de Bonifacio.
Ce soir au menu, pissenlits assaisonnés avec une boite d’harengs à l’huile et deux œufs durs, soupe de poisson norvégienne et compote de rhubarbe. Elle est pas belle la vie ! 97km quand même !!!
A pluche !

quel havre de paix...

quel havre de paix...

Un jour dingue, dingue, dingue!!!

21 juin 2012

Copyright: La mascotte!

Copyright: La mascotte!

Une bonne nuit abritée de la pluie et du vent, des affaires sèches, « yakapedaler ». La grand-mère saame tente la conversation mais là, avec toute la volonté du monde je ne comprends absolument rien ! Il me semble avoir identifié que ce sera une journée sans pluie ! Je vous le confirme je ne comprends rien à cette langue ! Dés mon premier kilomètre elle vient me rendre visite, la pluie pas la mamie ! Puisque je suis en forme, la route perd son bitume pour laisser place à une terre bien boueuse. Le faux plat montant n’en finit plus, ma moyenne en prend un sacré coup mais le moral lui est au beau fixe. Si ça monte, forcément à un moment ou à un autre ça va descendre ! Le vent prend de la force, la pluie ne veut rien lâcher et moi je pédale. Je ne sais plus qui disait il n’y a pas de mauvais temps il n’y a que mauvais habits et les miens sont fantastiques. (Un grand remerciement à la société ODLO de m’avoir offert ces tenues.) La route choisie traverse une forêt immense et souvent le vent ne peut s’y engouffrer. Personne, absolument personne, une sensation d’être seul au monde. La température ne dépasse pas les 6° mais mes efforts ne me font pas souffrir du froid. Chaque heure précise, un stop pipi casse croute. Pour éviter les problèmes d’articulations je bois beaucoup surtout pendant l’heure qui précède mon départ, plus d’un litre et chaque demi-heure une grosse gorgée. Je suis précis comme un valaisan, mais je sais que c’est le prix à payer si je veux arriver en bonne état de mon long périple. Dés que je pose le pied à terre mon compteur s’arrête donc quand je parle d’heure c’est sur uniquement du pédalage. Après 4h d’action, arrêt déjeuner mais le froid ne me permet pas de rester trop longtemps, mon thermos hydrate mes nouilles chinoises et je reprends la route. 57éme kilomètres je retrouve enfin l’asphalte, mes bras et mon dos sont brisés menus menus… j’espère que la mascotte ne s’est pas chopée une « dingote aigüe ». Il est là le faux plat descendant, de plus le vent violent me pousse, 28 de moyenne avec une charge de 40kilos sur le vélo, c’est que ça motive l’unijambiste. Je rejoins une nationale qui glisse vers la grande ville de Rovaniemi plus au sud, je serre les fesses, car les gros camions qui alimentent le grand nord me frôlent. Je passe la station de ski de Levi, chaque année une manche de la coupe du monde du ski alpin s’y déroule. Des grandes forêts boréales je me retrouve dans un village inesthétique de béton. Soudain la mascotte sort la tête du sac étanche, elle m’indique les fast-foods, les hôtels avec SPA, certainement des crêperies de renoms. Je continue à pédaler. Elle saute du sac tente de freiner le vélo mais je suis têtu j’avance, elle me double se jette au milieu de la route en feignant des spasmes de tachycardies, je déjoue son subterfuge et la remets sans concession dans son poste de voyage. Les gens se retournent à notre passage comme si j’avais enfermé un loup enragé !!!                                                                     90éme kilomètres on met le clignotant à gauche, route de nouveau paisible, mais plus aucune rivière, ni même de lac. Je n’ai de l’eau que pour ce soir mais pas pour demain alors je poursuis. 100 km toujours rien, 110, 120, 125éme kilomètre nous arrivons au lieu dit  d’Ylläsjarvi devant un beau lac immense, le vent est violent et la pluie redouble d’intensité, c’est décidé c’est là que le camp sera monté. Un couple de retraité en vélo s’approche de moi, je redoute l’interdiction de camper. Hi, je m’appelle Martti. D’où venez-vous avec votre barda ? Je lui explique mon voyage, il me raconte le sien. Cet ancien patron pécheur de hareng a le jour de sa retraite traversé la Finlande Nord-sud en vélo et a écrit un livre en 2010 sur son parcours. Il me demande de le suivre !!! Nous attaquons une côte sévère pour arriver devant un palace qui a l’air fermé. Effectivement l’établissement est clos mais arrive le big boss. Mon nouvel ami lui explique mon parcours et je me retrouve au dernier étage d’un hôtel fermé dans une suite !!! Comme j’ai l’air affamé, je suis invité à diner avec le personnel. Je peux vous dire que la file d’hamburger que j’ai engloutis a impressionné tout le monde…  Vous avez dit aventure !!! La mascotte a daigné sortir du sac étanche mais en voyant la chambre elle est tombée subitement dans les pommes !!! 126km en 7h25 effective de vélo, quelle journée…

A pluche

Résolution en terre saame !

17 juin 2012

5h45  C’est le début de la journée, alors que je m’affère à plier mon couchage, j’entends du bruit dans la tente des jeunes, ils sont réveillés aussi !!! Je ravive le feu et fait chauffer l’eau pour mon thermos et le petit déjeuner. La brisette est de nord, un fait notable le soleil nous a rendu visite et cela depuis minuit ! Non je ne suis pas atteint de «dingote », je vous rappelle qu’à cette latitude en cette saison il ne fait jamais nuit. Discussion avec mon équipe, ils se livrent et ont des résolutions pour les jours suivants. Ma randonnée  les a marqués et à leur tour ils veulent vivre l’effort. Avec le fourgon ils font ma route et de temps à autres nous nous croisons, ils ont eux aussi gravi les côtes mais au chaud et en camion.

Aujourd’hui, à tour de rôle ils veulent courir en terre Saame. Au loin je vois un point rouge, c’est Nico ! Juste en bas le fleuve Tana où des pécheurs en pirogue pêchent le saumon. Il court vers le sud, je me cale derrière lui. Il y a peine un an on lui amputait un bras, et là il court à 450 km au nord du cercle polaire. Je le filme, il se confie à la caméra, malgré les apparences, je sens un lâché prise. Robin prend le relais, une petite heure de jogging.

Ustjoki, premier hameau finlandais, je fais un arrêt dans la superette du coin, gâteaux aux myrtilles, yaourt aux myrtilles et surtout la soupe froide myrtille qui est une spécialité lapone absolument démente ! Non Jo Zef, je n’ai pas mangé des schtroumfs. Pour ma part la journée fut longue et pénible un faux plat montant de 300mts  de dénivelé, sur 55 bornes avec bien-sûr un bon vent dans le nez. Cuit sous ma tente, je note sur mon calepin, 115km en 6h. Ce soir le bivouac est monté dans la toundra en plein vent histoire de ne pas trop donner notre sang au suceurs locaux.
A pluche.

Nicolas et Frank partagent un bout de chemin en terre Saame

Nicolas et Frank partagent un bout de chemin en terre Saame

Un sacré clin d’œil :

Alors que Frank porte la flamme de l’espoir à travers l’Europe, son frère et compagnon d’aventure de la traversée de l’Atlantique, Dumé Benassi a été choisi pour porter la flamme olympique. En effet, depuis le 12 mai 2012 au départ de la Grèce, du Mont Olympe il y a 8 000 relayeurs qui ont porté la flamme olympique à travers le monde pour les JO 2012 à Londres.  Dumé a été sélectionné de par son parcours sportif afin d’être un de ces relayeurs. De même que c’est un honneur et un privilège pour la Corse car il a ramené la torche olympique sur l’Ile.