Je touche du bois, je me réveille sans le moindre bobo, je pense que c’est tout bon pour l’avenir ! Toujours la fraîcheur du matin je reprends la piste R3 qui devrait m’amener après la grande ville de Hanau sur la R4. Tout plat avec brise dans le dos, le chemin longe l’autoroute, un vrai capharnaüm. Je pédale en douceur, je me rapproche de plus en plus de la Suisse. Je suis surpris d’être en si bonne forme, il me semble que je n’ai pas pédalé depuis plusieurs jours. Première ville et je loupe un panneau, je me fonds dans les méandres urbains. Je râle, je peste… Vous connaissez la suite ! je retrouve mes panneaux : « Va falloir se concentrer, cabochard… » Je poursuis pour arriver dans la grosse banlieue de Frankfurt qu’est la ville dortoir d’Hanau. La vraie caricature de se que je crains, les tags sur les murs, les verres brisés au sol, les immeubles en rang d’oignons avec la faune qui vit dedans. Je peux vous dire que je n’ai pas envie de moisir ici. J’avance comme l’inspecteur Colombo, j’essaie de choper tous les indices pour ne pas me perdre. Je me retrouve finalement sur les bords du Main, mais je suis inquiet, j’avance vers l’ouest et non vers le sud, va falloir bifurquer un jour ou l’autre. Je rattrape un vététiste il m’amène jusqu’à un bac qui traverse la rivière. Un groupe de cyclistes régionaux m’offre le billet et m’encourage pour la suite, je trouve enfin la R4 ! Ouf, ouf et triple ouf ! Je dois filer vers le sud pour dénicher une transversale dans 50km qui devrait m’amener vers la piste du Rhin. Je traverse plein de petites villes qui grouillent de monde, je ne suis pas trop à l’aise. Enfin la forêt, mais voilà la R4 est un terrain d’entrainement pour l’Afrique en vélo. Fini le bon tarmac soigné, une succession de pistes en terre plus ou moins en bonnes états nous secouent à n’en plus finir. Mon vélo n’a aucune suspension et chaque trou est une vibration directe qui monte jusque dans le cervelet en passant d’abord par mon talon d’Achille. Je redoute quelques blessures mais ai-je le choix ? Le rythme est bien sur ralenti. Je trouve une sorte de cabane dans la pénombre des bois, j’y fais mon break déjeuné. Un vieil homme me rend visite, il veut comprendre pourquoi je suis si chargé. Je lui explique mais ne semble ne pas me croire. Je n’ai pas envie d’argumenter et le laisse dans ses doutes. Je reprends mais je m’aperçois que la balise spot n’émet plus, c’est elle qui vous donne ma position en direct, je la réactive, cela fera une belle ligne droite depuis son dernier arrêt. Je fatigue plus vite sur ce type de revêtement et je planifie un arrêt au prochain bled. Pas de camping, pas de gasthauss et encore moins d’hôtel. Je demande à un fermier si je peux monter ma tente à l’angle de son hangar. Nein ! Ok on avance ! Mais je m’approche des cents kilomètres du jour ! Finalement à Gross Umstadt je trouve une pension pour la nuit… Je peux vous dire que la douche froide m’a remis d’aplomb la guibole et demi. On est prêt pour un Paris-Dakar vélo…
« Norra, Jo Zef, revenez c’est une manière de dire, on ne va pas faire un truc comme ça !!! »
A pluche !