Peut-on rire du handicap ?

28 mars 2011

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Je ne sais pas quand pour la première fois l’homme a ri mais je suis certain que depuis ce jour là bien des choses ont changé.

Un grand maître en la matière trop tôt disparu, Coluche, faisait grincer des dents pourtant il ne disait que des vérités teintées d’humour. Combien de fois dans des soirées caritatives l’on me prie de ne pas en rajouter sur mon humour caustique un poil handicapant. Et oui l’éternel miroir qui met les personnes en situation de victime : « Si ça devait m’arriver, je préférais mourir. »

En rire plutôt que d’en mourir, pourquoi ne devrais-je pas m’amuser de ma « différence », pourquoi les blagues sur les blondes ou les belges sont « fun » et celle sur le handicap dérangeante, pauvre blonde de nationalité belge amputée !!!

Je ne me gène pas de m’en servir pour dérider certain nouveaux venus, la personne qui n’a pas l’habitude de ce public « différent » est souvent mal à l’aise, mais si en plus l’interlocuteur en face un poil estropié lui lance des : « Que Dieu vous prothèse ou handicapé ? Moi gnon ! », aura sa fréquence cardiaque un poil saccadée.

L’humour doit être une thérapie pour exorciser le malin, quelques potes qui me fréquentent depuis un moment, ont compris par mon humour que le handicap n’en était pas un. Ma prothèse se nomme Magui oui mamzelle Bol, Magui bol ! Cette blague bébête a débloqué pas mal de personnes qui découvraient mon « unijambité » et qui depuis en sourit largement.

Rien de plus naturel que de démontrer par l’humour que notre handicap n’est qu’une simple différence. Quand Coluche attaquait, les CRS, les communistes, les arabes, les noirs, les corses… quelques tordus le dénonçaient comme provocateur, alors qu’il désacralisait la différence.

Les premiers temps que je fréquentais un  basque étoilé, je sentais en lui une certaine gène envers le handicap, depuis bien de l’eau a glissé sous la quille de mon Cabochard. Beaucoup sont très surpris de voir que le presse-papier de son bureau est un de mes vieux pieds de prothèse. Depuis quelques jours il emploie un jardinier qui a un plexus brachial (paralysie totale d’un bras), chose qu’il n’aurait jamais fait avant…

Pendant les stages de Bout de vie avec des personnes amputées, je ne mets pas de gant pour balancer des vannes que personne n’avait osé avant. Après la semaine passée, je m’aperçois que l’humour a enfin cicatrisé quelques plaies béantes.

Desproges alors qu’il avait un cancer et se savait condamné, balançait cette vanne : « J’ai le crabe alors je vais me bouffer un tourteau, ca fera 1 à 1… »  Est-ce du courage ou de la dérision ?

Je préfère que quelqu’un envoie une bonne blague sur mon handicap qu’un grand silence me dévisageant parce que mon bermuda exhibe une lame en carbone à la place de mon mollet droit.

Si le cœur vous en dit et que vous n’avez pas peur de vous dévoiler derrière votre écran, donnez votre opinion sur le sujet, le fait d’écrire débloque souvent des situations.

Bientôt dans un magazine de vélo vous lirez : Frank BRUNO cycliste hors pair !!!