Un air de Yukon en Corse…

2 juin 2011

Bivouac au air du Yukon, bien caché quelque part...

Bivouac au air du Yukon, bien caché quelque part...

Une année déjà ! Le Grand Nord me tendait les bras pour une belle leçon de vie. Je me doutais que cela serait une sacrée aventure, mais je ne pensais pas à quel point cela modifierait ma manière d’évoluer.

Sur le grand fleuve, seul face à moi-même, pas de place au superflu, observer, pagayer et rêver. Le but étant de ne pas être mangé, ni dépecé, tout un programme ! Entre deux prières, manières Cabochard, je partais dans des rêveries « corsées » : Un coin planqué sur mon île, un bivouac paumé, un mini monastère où j’irai régulièrement me ressourcer. Mais la Corse, ce n’est pas l’état du Yukon, il y a du monde et partout…

Depuis mon retour début septembre, j’en ai arpenté du maquis, mais chaque fois il manquait un élément au cahier des charges. Cet hiver alors qu’avec ma Vrai nous nous restaurions sur le bord d’un torrent très isolé, une folle envie de le traverser me pris. Véro, bien décidée à rester sèche, souriait à ma traversée du cours d’eau à la température polaire. Trempé comme un castor, je découvrais un coin planqué, mais je me voyais mal, à chaque envie de paix, jouer au sous-marin pour aller rejoindre ce camp perdu. Puis en fouillant au milieu des chênes lièges et verts je trouvais un restant de piste ! Ma curiosité toujours affutée devait me transformer en lecteur de parchemin qui mènerait au fameux trésor des templiers…Euréka!  Une piste en terre agricole, qui mène à nulle part, puis une sente… Muni de mon pinatu (serpe) je partais à la recherche d’un passage, sueur et sang furent mes alliés pour débusquer les ronces qui barraient la voie de mon rêve. Quatre jours de bataille pour enfin arriver à un refuge de corsaire. Une fois de plus, j’ouvrais la porte d’un de mes rêves. J’organisais une plateforme qui recevra ma tente, mes restes de maçon se sont réanimés et avec entêtement et plaisir j’ai monté une enceinte en pierre sèche. Quand le vent soufflera en tempête, il sera obligé de nous effleurer sans nous mordre. Au fil des jours avec du bois de récupération j’ai fabriqué une belle table et ses bancs…

Depuis quelques semaines quand je ne pédale pas, je m’échappe dans mon sanctuaire, tout y est paix et sérénité. Ici pour commencer aucun réseau, pas d’appel avec les éternels : « T’es où ? Qu’est ce que tu fais ? » Pas de wifi, pas de prédateur. Les plantigrades sont remplacés par des ongulés, les loups par des renards craintifs et si les grizzlis ne rôdent pas, la vigilance est de mise au cas où un randonneur vraiment égaré rejoindrait cette tanière.

Je retrouve le contact direct avec la nature, l’inspiration de voyage me revient, partir pour mieux revenir ! Paradoxe des hommes et de ses incompréhensions. Une mésange à tête noire vient régulièrement me rendre visite, je suis toute ouïe, rien que pour elle. Au mois d’octobre le livre sera chez votre libraire, c’est fait, le contrat est signé. De mon camp j’y ai rédigé quelques mots à maux et si en ouvrant au hasard des pages, un mélange de fragrances, d’épicéas du Grand Nord et de bruyère blanche embaume votre espace, c’est que vous aussi, vous êtes assis à ma table perdue quelque part aux pays des géants pétrifiés en bloc de granit…

Seul le silence dit la vérité… (Vous voyez comme ça m’inspire !)

Erhard Loretan, la derniére cordée…

2 mai 2011
Regard des cimes...

Regard des cimes...

3 jours de bivouac, 3 jours cachés au milieu de la forêt, 3 jours où l’insignifiant se révèle incroyablement beau et bon, si loin du monde des fourmis … Retour dans la fourmilière, réseau, message, connexion, information il parait qu’il faut 13 clochettes pour le bonheur ? C’est bon j’ai compris je suis de retour chez mes frères les hommes… On choisit ses amis, mais pas sa famille, ce n’est pas moi qui l’ai écrit, celle-là !

Une nouvelle me fauche, m’électrocute Erhard Loretan a dévissé en montagne, son corps a été retrouvé sans vie, le jour de ses 52 ans…

Pendant le festival des Diablerets  il était membre du jury, Dume, Marianne et moi devions donner notre avis sur des films d’aventures…

Pendant cette semaine je découvrais le personnage, un nomade des cimes. Il refusait de dormir dans une maison et avait aménagé un utilitaire comme bivouac mobile, son lit se trouvait au milieu de baudriers, crampons, piolets et bric à brac nécessaires pour approcher un peu plus que n’importe qui les étoiles. Petit bonhomme noueux, pas un gramme de graisse, un regard franc et une poignée de main qui ne trahit pas le personnage. On ne pouvait pas attendre de lui qu’il vous raconte son parcours, il n’était pas facile de lui tirer les vers du nez, Marianne Chapuisat, le connaissait très, très bien. L’artiste faisait partie du club très restreint des hommes qui avaient atteints les 14 sommets au delà des 8000 mts !!! Il était le troisième alpiniste à avoir enchainé l’impensable, l’impossible…

Respect, respect…

Guide de haute montagne il était l’un des meilleurs grimpeurs au monde. Sa technique était basique et directe ; camp de base jusqu’au  sommet non stop !!! Des courses incroyablement longues, mais qui avaient l’avantage d’être très rapides et à cette altitude le beau temps est éphémère. Un sac à dos light, avec un peu d’eau chaude, des barres de céréales et une volonté d’acier pour des 50 heures de balade aux milieux des Dieux des montagnes… De ses yeux jaillissait la beauté des cimes. Un poil sauvage, je me marrais quand c’était à son tour de parler aux journalistes, on aurait dit un p’tit garçon que l’on forçait d’aller à l’école. Quand  c’était le tour de Dumé comme un chenapan il passait juste derrière en disant avec son fort accent Suisse : « C’est de la propagande pour le handicap !!! » Quel bonhomme, quelle âme. Bien-sûr on s’était juré de faire un truc ensemble, il nous avait proposé le Mont Blanc pour commencer, mais chacun devait partir vers sa propre « légende ».

Entre deux expéditions il guidait ses clients en mal de sommet, et jeudi dernier avec une jeune femme sur une arête pas forcément plus technique qu’une autre, mais la montagne facile n’existe pas, ils dévissaient tous les deux. Les secours ne purent envoyer l’hélico pour cause de brouillard, une patrouille partit à ski, mais découvrait trop tard le corps du célèbre alpiniste sans vie, sa cliente elle, est dans un état grave…

C’était le jour de ses 52 ans, lui aussi détestait toutes ces mascarades de fêtes bidons, il était libre comme l’aigle des montagnes et il est allé rejoindre son petit bébé, qui lui était mort dans ses bras quelques années auparavant…

Salut Erhard, une bougie brûle pour toi, veille sur nous. Bientôt promis, on ira grimper un nuage ensemble…

Corsaire des glaces: Le film

25 avril 2011

En 2007 je m’élançais  dans une première, tenter la traversée de l’Inlandsis Groenlandais à pied !!! Déjà fait par des bipédes mais pas par un corsaire un poil Cabochard!!!

Je me demandais pourquoi aucune personne handicapée n’avait, ne serait-ce qu’en partie, tentée cette traversée polaire !

Nicolas Dubreuil avait constitué une équipe atypique, Hogan Beernart, venait de se remettre d’une lourde chute d’un arbre, ses vertèbres bien que brisées, s’était échappé du pire, Serge Bogros habitué des expéditions polaires venait de subir un pontage cardiaque. Niko lui voulait porter ce projet pour promouvoir la cause de la « différence ». Deux ans auparavant il était passé à travers la banquise et avait commencé à geler, les médecins lui avaient prédit l’amputation de ses mains et pieds…Sa bonne étoile et les miracles de la médecine lui ont évité de prendre l’adhésion Bout de vie !!!

Parti de Kangerlussuaq cote Ouest du Groenland nous devions être héliportés en haut de la calotte, mais l’hélico quelques jours avant notre arrivée devait s’abimer dans les glaces ! Plutôt que d’abandonner nous prenions la décision un peu folle de gravir les 2000 mts de dénivelé de la langue du glacier. Grimper, muni de nos traineaux pesant 120 kilos pièces, devait se relever d’un travail de gladiateur, les crevasses à multiples reprises nous tendaient des pièges, chacun d’entre nous devions  détecter les gouffres qui auraient pu être nos sarcophages. Hogan a failli y perdre sa vie d’ailleurs…

Au bout de 4 jours, Serge jetait l’éponge, un petit avion pouvait encore nous rejoindre et le rapatrier, pour nous trois nous attaquions cette croisade blanche…

Pendant 34 jours nous avons erré sur l’un des endroits le plus désertique du monde, rien n’y vit car tout y meurt. .. Mon moignon m’a fait souffrir en plus des gelures,  mais la volonté et la détermination m’ont permis de réaliser ce rêve incroyable. Niko s’est révélé comme  un frangin d’ailleurs depuis nous aimons nous appeler : Frères de glace.

Alors que tout allait mal pour moi, venu de nul part, un bruant des neiges est venu se poser sur ma pulka, un signe d’espoir qui m’a permis de continuer.

Ce film n’est pas mixé et ne fût pratiquement jamais diffusé dans son intégralité, donc pour vous en toute intimité je vous amène au pays des trolls des neiges,( les Kilitoqs.)

Mon livre Bout de vie édition Arthaud retrace aussi cette épopée.

Un grand coup de chapeau à Nicolas Dubreuil qui  a pris beaucoup de risque pour filmer, dans certaines séquences la température était inférieure à -45° !!!

Marche et rêve…




Valentin dans le desert marocain…

3 avril 2011

Depuis trois ans Bout de vie est en échange avec l’association genevoise Courir ensemble qui organise des stages plein air pour des jeunes cancéreux. Chaque année les p’tits suisses viennent profiter du sud de la Corse, en 2008  je rencontrais pour la première fois la belle équipe. Depuis il y a eu des échanges. Avec la complicité de Séverine et Pascal Olmeta Un sourire un espoir pour la vie , ils étaient invités au beach soccer de Lyon, des étoiles, aux milieux des stars…

Adrien rejoignait l’équipe des 6 aventuriers qui descendaient les premiers 350 km du fleuve Yukon en canoë avec moi. Entre temps Carole investigatrice de Courir ensemble tombait sous le charme de Valentin dit « Tintin » et l’invita à les rejoindre pour le marathon des sables.

En plein milieu du désert marocain des athlètes du monde entier viennent se mesurer aux rigueurs des dunes de Merzouga. Une équipe de dirigeants de l’association genevoise vont tenter cet « Everest » de la course à pied. Une bande d’ado aura le privilège de suivre ses gladiateurs des temps modernes avec des bivouacs sous les étoiles. 10 jours au pays du Petit Prince…

Vous pouvez bien évidemment suivre leur périple sur le site de Courir ensemble

Dis monsieur dessine moi un sourire…