48h que je suis arrivé à Lulea, mais le voyage est loin d’être fini, alors, c’est décidé je pars. Je n’avais pas fait attention quand j’avais posé mon bivouac en bordure du fleuve Lule, la personne à qui je demandais l’autorisation de camper, m’avait dit que la chapelle était ouverte tous les jours ?! Seul à être sous tente je comprenais mais un peu tard que j’étais dans un centre protestant pour jeunes. La prêtresse venait à ma rencontre et me présentait à ses élèves, il passait trois semaines dans ce camp pour une sorte de communion. Hier un à un ils sont venus me voir et m’ont posé des tas de questions sur mon mode de vie. Ils m’ont même aidé à porter mon kayak sur la grève. Ce matin malgré la pluie, le vent et un petit 9° je suis prêt. Hier ils m’avaient demandé à quelle heure était prévue mon départ… à ma grande surprise, malgré le crachin il n’en manquait pas un. La prêtresse entonne un chant puis une prière, ils me saluent très chaleureusement, je suis touché au plus profond de mon âme. Pour rentrer dans le sujet immédiatement un grain s’abat sur moi, des trombes d’eau et des rafales d’une violence inouïe.
Immaqa est chargé à bloque, je pars pour 50 jours de mer et les embardés que provoque les vagues me font faire des soucis. Mais c’est mal connaître mon kayak, malgré les 100kg de charge il répond merveilleusement bien. La descente du fleuve me vaut un vent de travers,
je me demande si je ne vais pas arrêter ma journée. La carte m’indique que je dois virer à tribord, l’enfer sur l’eau, je pars dans tous les sens les vagues par deux fois me passe par dessus la tête. J’ai la boule au ventre mais je ne peux plus rien y faire je dois traverser. J’ai
réussi ! Je beach Immaqa et me remets de ces deux premières heures incroyables. Un café me réchauffe et je reprends la mer. 12h l’heure du casse croute, mes fatigues dues au vélo sont déjà bien loin et je me sens bien, je vais pousser encore un peu, le vent est dans la bonne
direction sauf dans quelques baies que je traverse, j’avance bien. 14H30 je suis devant le bivouac que j’avais prévu, mais une idée germe, continuons. 17h je bifurque l’île par son bâbord encore 8 km et j’arrive. Où ? Mais à la plage aux romantiques !!! 19h 08 je suis sur
son sable, je n’ai pas de voix, un phoque semble attendri par mon émoi, il y a un an avec Véro nous avions passé plusieurs jours dans ce repaire d’amoureux, cela valait bien ces 11heures de kayak. Pour une entrée en matière je ne pouvais rêver mieux !!! Le moral est au beau fixe et je
dédicace cette journée à la puissance de l’amour. Demain repos, pour organiser le kayak et faciliter mes journées, qui ne sont qu’au commencement.
A pluche !
La plage aux romantiques…
27 juin 2012Bivouac au phare de Slettnes
11 juin 2012Le décor a changé, le bivouac est installé au cap de Slettnes. Dans quelques jours c’est Noël, non ! Pourtant avec les quatre petits degrés cela en donne la sensation, les rennes pullulent et avec un peu de chance le vieux barbu nous remplira les prothèses de ses petits joujoux ! Immaqa a retrouvé son élégance, ses 4500 km en fourgon l’ont un peu
ankylosé et il était grand temps qu’il sébroue un peu. Le ciel estchargé et le vent d’Est qui frise les 20 noeuds augmente encore plus une sensation de froid. Nous nous activons à allumer un feu, et à rendre le camp confortable. La plage est encombrée de déchets, même ici l’homme se fait remarquer par sa pollution. La météo me donne une bonne fenêtre
pour demain, je suis heureux, fébrile, mélancolique, il faut que je décroche que je rentre dans mon « pèlerinage ». Surtout je ne dois pas penser à ces mois d’efforts qui m’attendent, je ne dois vivre qu’au présent. La baie choisie qui nous abrite me donne l’envie de tenter un bref pagayage pour m’apaiser, pour voir si tout va bien. Je mélance, je
ne me suis pas asséché les mains, le froid est vif et mes anciennes gelures me font souffrir, je ne suis pas là pour me plaindre alors je pagaie. Je détecte l’horizon, la houle est longue mais pas cassante, ça ira demain j’en suis sur
. Le feu nous permet de griller de la viande de rennes, la pêche de quelques coquillages améliorera le repas du soir.
Robin et Nicolas découvrent la vie de nomade, je sens beaucoup de questions dans leurs regards mais par pudeur ils me laisseront tranquille dans ma minutieuse préparation. Sous nos tentes la pluie martèlent, le duvet est notre seul confort alors la rêverie polaire s’invite, Jo Zef se glisse à mes côtés, notre princesse serait si bien blottie dans nos
bras
.
Demain ce sera le grand départ Arcticorsica…
Cest quand qu’on arrive !
Un bout de vie aux Ecrans de l’aventure…
6 novembre 2011
Les Ecrans de l’aventure sont le rendez vous incontournable des baroudeurs ! Retrouvailles de copains et copines qui reviennent du bout du monde, je dirais plutôt du bout de leurs rêves. On s’étreint, on a les yeux qui pétillent, c’est bon de se retrouver. Du Yémen à la Polynésie, du fleuve Léna au Danube, du Pacifique à l’océan Arctique, les Ecrans deviennent le camp de base pour nous réunir pendant quelques instants. Nous sommes là pour voir, rencontrer, argumenter et cette année pour les 20 ans du festival le président est à la hauteur de l’événement en la personne de l’illustre Québécois Bernard Voyer. Homme de défi il a atteint les trois pôles, le Nord, le Sud et le sommet de l’Everest. Sa vie l’a amené à gravir les montagnes les plus hautes des 5 continents mais ce que je retiendrais de lui c’est la profondeur de ses échanges. Il est le président des membres du jury du film et après chaque séance nous débattons. Six personnes différentes pour un palmarès qui doit être au plus près de nos convictions.
Présentation de mes collègues jurys :
Hubert de Chevigny aviateur explorateur a atteint le pôle Nord magnétique en ULM en 1982, il fut l’ancien président de la Guilde européenne du raid.
Ariane Le Couteur Directrice générale de production, elle a produit plus de 50 documentaires aventure.
Grégory Le Moigne, réalisateur spécialisé dans l’aéronautique, il suit depuis quelques années la patrouille Breitling.
Céline Moulys réalisatrice de plusieurs films sur les peuples d’Himalaya.
Le prix Peter Bird va être remis et pour cela nous sommes conviés dans un grand restaurant Dijonnais par les assurances SPB qui dotent ce prix. Grandes tables et décor vieille France, nous nous installons. Anne Quéméré navigatrice qui revient d’une traversée du pacifique en kiteboat se retrouve à mon épaule gauche et bien sur nos histoires ont un gout salé. A notre table deux « Dragon Ladies » ! Un groupe de femmes atteintes du cancer du sein, ont participé à un rassemblement de bateaux à rames dans les canaux de Venise. Le film est en compétition et la salle fût conquise. Comme à chaque fois la question est : « Quel est votre prochain défi ? » Leur désir est de traverser la Manche avec une pirogue de 6 rameuses. Ne chercher pas dans ces femmes des sportives de haut niveau, pour certaines avant leur cancer elles n’avaient jamais fait le moindre sport. La maladie les a unis et la nouvelle vie leur a donné envie de découvrir leurs limites. Anne les parraine et tout au long du diner, le projet de traverser la Manche se dévoile. La navigatrice se confie, elle aimerait bien les accompagner avec son kiteboat mais il demande une grosse restauration après plusieurs mois de Pacifique où il a beaucoup souffert. On parle de sponsor, de la crise… Catherine Lanson qui représente SPB assurance demande le silence, elle va dévoiler qui sera élu aventurier de l’année, l’enveloppe est doucement ouverte : « le prix Peter Bird SPB cette année est remise à la navigatrice Anne Quéméré… » Ma voisine est bluffée, l’émotion lui fauche la route, elle est abasourdie. La salle l’ovationne et de l’eau salée apparait dans ses jolis yeux bleus d’océan. Un chèque lui est remis et elle pourra accompagner les Dragon Ladies au printemps ! Un moment merveilleux de partage comme quoi les aléas de la vie sont là pour nous rendre plus fort et plus humains.
Les prix sont décernés et chacun à notre tour nous devons honorer nos élus. Notre président du jury Bernard Voyer sait mettre une grande émotion au millier de spectateurs présent, humour et philosophie ont donné le ton de la remise des trophées. La tache qui me revient est de décerner le trophée Alain Bombard. J’avais préparé un petit laïus et avec un plaisir immense je demandais à Eric Béllion skipper du voilier Jolokia de venir nous rejoindre. Un film dévoilant l’histoire d’une bande de « bras cassés » qui ont battu le record de transat entre Lorient et l’île Maurice. Un équipage mixte valides et moins valides qui n’avait qu’un seul objectif, donner leur meilleur…
La nuit fût entrecoupée d’échanges, de confidences, de rencontres…
Un grand merci à la Guilde Européenne du raid qui m’a permis d’avoir la lourde tache d’être l’un des membre du jury. Un grand merci à tous les sourires croisés, public et intervenants et un gigantesque merci à Cléo qui est une organisatrice des Ecrans de l’aventure au cœur immense…
Bivouac en Valais
20 août 2011Altitude 1987mts, forêt paisible; être humain au alentour insignifiant, nomade en bivouac, chut c’est un secret…
Golfe de Botnie…
4 août 2011Adossé à un pin je suis face au golfe de Botnie, pour beaucoup cette mer est inconnue. Douce comme un lac, aux milliers d’îles et îlots quasi déserts, elle rejoint plus au sud la Baltique qui se prolonge par la mer du Nord et finit en Atlantique. Par habitude, chaque fois que je découvre une étendue d’eau je me dois de la gouter. Toutes ont une salinité différente, la mer Rouge, une des plus salée, la Méditerranée plus dense que l’Atlantique… Ma surprise fût grande pour constater que sa douceur permettait de me désaltérer sans quelconque filtrage. Les bivouacs de mer de Barents nous avaient apaisé par la quiétude polaire si loin des hommes, et nous redoutions de perdre ce doux calme. Notre petite berline de location n’est pas un tout terrain, mais malgré tout l’envie me démangeait de découvrir des pistes forestières qui mènent sans doute au « paradis ». L’île de Seskova est reliée par un pont. Le village est d’un calme extraordinaire, une piste semble partir vers le sud, nous l’empruntons à pas de loup, quelques cailloux nous rappellent à la prudence. Finalement au milieu d’une forêt dense couverte de myrtilles prêtes à être englouties, nous stoppons devant la mer. Pas un bruit, pas la moindre trace. Je pars à la recherche du camp idéal. Les mottes de mousses donnent un terrain toujours trop tourmenté pour dresser la tente. Un petit replat au milieu de quelques bouleaux, idéal pour faire un vrai camp d’aventurier en quête de silence. En deux temps trois mouvements tout est en place. Un madrier porté par une tempête de Noroit servira de banc, des restes de planches de cabanes abandonnées feront la table et une toile tendue sera le coin cuisine. Véro ramasse une quantité industrielle de myrtilles et framboises et de mon côté je tente quelques lancés pour le déjeuné. Oh surprise, un brochet au deuxième essai vient me rendre visite, comme dirait la mascotte : « Une aubaine pareille ne se refuse pas ! » Fileté, assaisonné au poivre citronné, épice nationale de Finlande, nous nous en ferons un festin. (Le lendemain au premier lancé un autre brochet décide de manger avec nous !) Et dire que certains affirment que ce coin perdu n’est pas poissonneux !!! En randonné nous découvrons une petite presqu’île où une cabane semble abandonnée depuis un moment. Le hangar en bois qui abritait une barque s’est effondrée dessus. Un renne et son petit sont dérangés par nos recherches et à notre grande joie nous découvrons un tapis de fraises des bois en grande quantité. Tout en remplissant un vieux seau, trouvé dans les décombres, de fraises, je rêve de cet endroit si beau, si calme si apaisant. J’essaie d’imaginer l’hiver, la mer qui gèle, les nuits qui n’en finissent plus et le poêle qui ronronne alors que dehors la neige ne cesse de tomber… Un rêveur ce cabochard… Trois jours de bonheur et nous levons le camp, nous retrouvons Luléa (prononcé Luléo), bientôt c’est de là où nous reprendrons l’avion. Nous visitons les abords de cette ville capitale provinciale, les cabanes ne sont plus de simples planches ajustées colmatées à la mousse et au lichen. Ce sont des maisons de haut standing avec bateau au mouillage, moto des neiges bâchés et pelouse bien tondue. Aucune chance de trouver un bivouac pour nous. Un passage par la presqu’île du coin et nous visitons un camping de taille monstrueuse. Malgré les centaines de camping cars parqués les uns à coté des autres pas un bruit, même pas un brouhaha, le calme des scandinaves est remarquable. La majeure partie des clients sont norvégiens, ils viennent à la recherche du soleil du « midi » du grand Nord ! Réflexion d’un sale gosse que je suis, « Mais quel intérêt de se coller côte à côte dans un camping alors que les alentours sont d’un sauvage à couper le souffle ? » L’homme qui a perdu le contact avec l’essentiel de sa vie, vivre avec la nature et non contre. Un poil étonné de ce camp de sardines, nous nous éloignons de 30 kilomètres plus au sud pour fouiller les chemins perdus… Bingo, il est trouvé, du sable fin blanc et personne aux alentours, montage du camp et vous connaissez la suite… Pour faire plaisir à la mascotte, gâteau aux framboises et myrtilles cuit au feu de bois… Ouais Jo Zef c’est dur la vie de nomade, très dur !!!
A pluche
Grense Jakobselv, frontière russe…
28 juillet 2011Un petit cours d’eau nous sépare de la Russie, les consignes sont strictes, bivouac autorisé mais au moins à deux cent mètres des fils barbelés, téléphone portable, jumelle et appareil photo strictement interdits !!! Un vrai plaisir pour l’électron libre que je suis. Des militaires norvégiens en patrouille, qui doivent se trouver bien isolés dans ce bout du monde si perdu et un cabochard un poil triste de constater que ses frères les hommes aiment toujours le bruit de bottes. Une dame vient nous rendre visite, sans le savoir nous avons dressé notre camp sur son terrain ! En vérité la région lui appartient mais accepte avec plaisir de nous voir ici. Elle et ses 5 frères et sœurs sont nés ici et nous racontent comment la vie se passe avec « le grand frère russe ». Depuis quelques jours la radio norvégienne parle de catastrophe mais hélas il nous est impossible d’en comprendre le contenu. Je demande à notre hôte ce qu’il s’est passé ? Elle nous annonce la nouvelle du massacre d’Oslo, elle est choquée et ne cesse de répéter que le fou est l’un d’eux, un norvégien !!! L’émotion l’emporte, ses yeux s’embrument et nous sommes écœurés d’une telle nouvelle… Décidément l’homme est un prédateur pour l’homme… Le soir sous une pluie fine, je tente de pêcher au lancé le diner alors que Véro ramasse les camarines noires pour le petit déjeuner. Un souffle vient du large, un rorqual décide de venir me rendre visite. Pas loin de 8 mètres il pratique le rase cailloux, deux phoques en vadrouille l’accompagnent, je lève ma ligne et apprécie le spectacle. L’homme se flagelle sans cesse alors que la nature chaque heure nous offre le plus beau des cadeaux, sa confiance… Il est temps de lever le camp, la mer de Barents semble figée, la pluie nous enveloppe, une manière peut-être de nous étreindre avant notre départ pour la Finlande. Je regarde l’océan Arctique et lui donne rendez vous l’année prochaine, la route en terre nous mène vers d’autres lieux, d’autres gens, la radio donne un programme de musique russe, nous sommes serein, le chemin est sinueux mais il mène sans doute vers le soleil. Nous perdons les chants russes pour retrouver une FM samis, là encore nous apprécions des chants traditionnels… Des milliers de lacs pour rejoindre le pays finnois et nous voilà sur les bords du lac Inari…
Pendant ma traversée à la rame avec Dumé, je n’avais amené qu’un seul livre : Arktika de Gilles Elkaïm. Cet homme avait mis quatre ans pour effectuer les 12000km entre le cap Nord et la mer de Béring par le cercle polaire, avec ses chiens il avait enduré les pires conditions et son récit nous avait fascinés. En 2005 il recevait de la part de la guilde européenne du raid le prix Peter Bird SPB, je le recevais en 2009 ! La chargée en communication de SPB qui m’avait remis le prix, m’avait parlé de son voyage en Finlande chez Gilles Elkaïm qui avait ouvert un camp de survie en région polaire… Nous étions sur ses traces…
La route qui mène du village d’Ivalo à Inari est longue au milieu des pins et des rennes qui se moquent du véhicule qui roule sur ses routes du nord. Un panneau en bois discret indique Camp Arktika… Une nouvelle histoire commence… Suite au prochain épisode !
Les robinsons de l’océan Arctique…
22 juillet 2011La route en terre finit en cul de sac, un grain ouvre les vannes, nous sommes seuls au monde. Je dirais plutôt au bout du monde ! Le phare de Slettnes domine la mer de Barents, position 71°Nord, il est là-bas au loin. L’idée est d’aller bivouaquer dans la toundra dans un paysage somptueux.
Une éclaircie revient, elle nous donne la main pour trouver le bon emplacement et monter le camp. Un petit kilomètre suffira pour le bivouac idéal, deux allés retours et nous voilà en place. Véro a pris le coup pour m’épauler dans le montage de la tente, ici il faut toujours prévoir le pire. Des restes d’épaves jonchent le rivage, leurs histoires transpirent : hommes partis chercher fortune dans la pêche au crabe et à la morue qui n’ont connu que froid, tempête et drame… Un feu, malgré un bois gorgé d’eau, crépite, avec des planches nous fabriquons des bancs. Le basique devient magnifique. Si je vous dis que nous sommes seuls, je pense que vous l’avez compris dés le départ, mais en vérité nous sommes cernés ! En mer, de grosses bouilles nous épient, les phoques n’ont pas trop l’habitude de voir des campeurs par ici et leur curiosité nous fait bien rire, autour du camp des dizaines de rennes pâturent avec l’œil en coin mais avec un peu de patience ils s’approcheront sans trop se soucier des « Robinson de mer de Barents ». Ce matin pendant que Véro prolonge sa nuit, je pars en trek. Un détail important à cette latitude, pendant cette saison la nuit n’existe plus. Donc muni de mon appareil photo je pars en balade de rêverie. Une petite grimpette me mène à un lac, de là je domine l’océan Arctique. Des huards vivent en harmonie avec des canards, seuls les sternes arctiques n’apprécient pas ma venue. Je m’accroupis sur les rives et tente de me faire oublier. Mon âme d’enfant a libre cours, pas de bruit, pas de monde, seul face à moi-même, je sais qu’une belle aventure est en train de naître. Une expédition de plus ? Oui si vous voulez, moi je dirais une réalisation de rêve. Je suis tellement bien que j’en pleurerais de joie. Un poil romantique le Cabochard, mais la vie est trop courte pour se prendre la tête. La fourmilière terrestre ne laisse plus la place au rêveur, esclave du confort, l’essentiel est perdu et chacun court vers le graal qui n’est que futilité. Chaque fois que je me retrouve dans ces conditions de vie au plus simple, je réalise à quel point nous sommes devenus fragiles et tributaires du matériel… La vie peut-être douce sous cette latitude, mais l’instinct animal doit veiller, la moindre relâche et la nature vous fera une cicatrice. Ma prochaine aventure, comme un tableau, se monte, cela fait plus de deux ans que je l’ai en tête mais là, la toile prend forme. Du pastel gris noir comme la mer de Barents, du vert émeraude comme les lacs de Finlande, du bleu foncé golfe de Botnie, des traits clair et sombre comme les routes d’Europe, un peu de blanc comme les neiges éternelles des Alpes, un bleu azur pour une Méditerranée si chère à mon cœur et une touche de jaune comme le soleil qui éclairera mon bateau où ma belle me sourira après tellement de mois de séparation.
Vous ne comprenez pas tout ? Patience, au fil du temps je vous dévoilerais ce beau projet.
Ouais Jo Zef des crêpes au feu de bois ok, mais des entrecôtes de phoques et du carpaccio de rennes on va avoir des ennuis avec les écolos moroses !
Gamvik en mer de Barents…
19 juillet 2011Le vent dehors se renforce, la pluie martèle la toile, un grain passe sur les nomades du Grand Nord, température 8° ! Que c’est loin la Corse, la Maurienne, l’étape du tour et tous les sourires rencontrées. Le GPS donne 71° Nord, encore plus au nord de 600km du cercle polaire ! Non ce n’est pas le cap Nord, 500km à l’ouest, trop de monde, un nid à souvenir « made in Taïwan », ici c’est le bout du monde une route, qui mène à un comptoir de pêche à la morue et au flétan. Quand on s’arrête la première chose que l’on nous demande c’est pourquoi on est là ? Gamvik et ses hameaux. Devant notre bivouac la mer de Barents encerclée du majestueux océan Arctique, le vent est incessant, la végétation rase nous dévoile ses trésors. Véro du coin de l’œil, bien emmitouflée dans sa parka m’observe, j’exulte, je vibre, une étrange sensation d’être chez moi ! Un long voyage nous a fait traverser la région que les colons vikings ont appelé la Laponie. En vérité c’est le pays Same, dans leur langue le mot « lapon » signifie : homme en guenille !
Luléa port suédois le plus septentrional du golfe de Botnie, nous a accueillis. Une petite voiture, une tente, une carte et surtout une grosse envie d’un voyage authentique loin des clichés. Les routes sont belles, les forêts de pin et de bouleau nous font avaler des centaines de kilomètres. Bivouac en bordure de rivière, des rennes pas trop craintifs comme voisins et bien sûr des nuées de moustiques. Rien à voir avec l’Alaska mais nous nous sentons un poil donneur de sang contre notre volonté. Les lacs se succèdent par centaines et chacun d’eux nous éblouissent de leur magie. Sur le bord du grand lac d’Inari nous bivouaquons, de la viande de rennes fumées au menu, un vrai régal. La route est encore longue, Mourmansk à droite, Mehamn tout droit…
Nous y voilà, la mer de Barents, la péninsule de Gamvik, nous avons le souffle coupé, si je vous dis que c’est beau je vais vous paraître un poil « rabâcheur », pourtant c’est beau. Nous trouvons un beau spot pour monter le camp et malgré un fort vent de nord-est tout est en place… Le réchaud chauffe la soupe et de sous nos duvets nous pouvons observer la mer arctique se déchainer…
Une petite sélection de quelques clichés.
Fabien Pietri… Son témoignage…
1 juillet 2011De temps à autre j’aime vous dévoiler quelques pages que vous allez bientôt pouvoir trouver sur mon nouveau livre … Sortie fin février.
Rencontre de Fabien, le fils de ma « Vrai ».
Notre société adore mettre les gens dans des cases, moi je déteste! Ce n’est pas nouveau, vous vous en doutiez !
Ni mon beau-fils, ni un copain, juste un jeune homme qui me plaît de part ses réflexions, de ses analyses sans suivre les moutons.
Dans son travail il venait de vendre un vélo de salle quand quelques phalanges ont voulu tester qui étaient le plus résistant, il confirmera que les dents des pignons déchirent avec soin les chairs… Éclopé à son tour, je voyais en lui un candidat potentiel pour venir rejoindre l’équipe mixte en Argentine… Le reste vous le lirez bientôt…
A la fin du bouquin comme dans le premier j’ai demandé des témoignages, voici le sien…
Cela doit faire dix ans que je côtoie Frank, quand je l’ai connu je n’avais que 17 ans. A cette époque-là, je sortais de l’adolescence, j’étais un jeune homme timide, réservé, pas très loquace et un peu introverti dès que je sortais de mon périmètre « famille / amis ».Et je pense, comme beaucoup de personnes à cet âge-là, on se pose de nombreuses questions, on ne sait pas vraiment où l’on va et surtout ce que l’on veut faire, étudier ou travailler, partir ou rester…Moi je rêvais de voyages mais l’inconnu me faisait peur… en aucun cas je n’aurais pu faire ce que Frank a réalisé pour ses 16 ans, un voyage lonely aux States. Les années qui suivirent, sont des années où l’on débute sa vie d’homme par des choix. Chose que j’avais effectuée avec une ceinture de sécurité car le simple fait de m’imaginer prendre un risque m’effrayait. Malgré cela, ces choix se sont ponctués par des échecs.
Par la suite, à cause et grâce en grande partie à sa fréquentation, à son discours, à son expérience, je me suis décidé à prendre des risques. Risques qui dans un premier temps se sont soldés à nouveau par des échecs… mais avec Frank, j’ai appris le véritable sens du mot « persévérance ». Et aujourd’hui cela me permet depuis quelques temps d’avoir de la réussite dans ma vie.
A travers Frank et son Association j’ai assimilé réellement différentes notions : « se dépasser », « aller au bout des choses », « avoir foi en soi », « l’univers du possible »… J’ai compris que les premières « limites » ne sont pas liées aux handicaps ; les limites sont le propre de l’homme. Avant même d’être confronté aux vrais obstacles, l’homme se met des barrières et se réfugie dans sa peur, peur de ne pas savoir, peur de ne pas pouvoir, peur d’être différent… la peur est un inhibiteur très puissant qui nous empêche très souvent d’oser et de faire le premier pas. J’ai aussi compris que si mon passé avait été fait d’échecs, que si mon présent est fait de réussites et bien, que mon avenir sera peut –être fait à nouveau d’échecs. Mais aujourd’hui j’ai assez de recul et acquis assez de maturité pour savoir qu’il faudra apprendre de ces échecs futurs pour évoluer et continuer à avancer.
Je pense être devenu une personne plus autonome, plus ouverte, plus libre et qui a beaucoup plus confiance en soi qu’auparavant même s’il est toujours vrai que « JO ZEF » est beaucoup plus bavard et moins discret que moi. J’ai eu un parcours scolaire un peu atypique et si j’en suis là aujourd’hui, c’est aussi grâce à toi car il m’a fallu de la volonté pour reprendre mes études après 5 années d’interruption tout en travaillant et celle ci m’a été en partie inculquée à tes côtés car pour moi ce qui te caractérise avant tout, c’est cette détermination inébranlable qui t’habite…
Alors voilà Frank, merci pour ce que tu as fait pour moi, pour ce que tu as pu m’apporter, ce que tu m’apportes encore et ce que tu m’apporteras directement ou indirectement …. Merci pour tout !!!
De tous les moments passés ensemble : randonnées, foot, plongée, trail, voyage… celui que je préfère est celui où l’on se retrouve à la table de ton « Cabochard » devant l’un de tes petits repas exotiques dont tu as les secrets, à parler de tout et de rien, moments synonymes pour moi de « partage », d’ « échange » et de « simplicité ».
Quant à « Bout de Vie », je ne la vois pas comme une association pour personnes handicapées mais plutôt comme « une école de la vie » où l’on n’y apprend les « vraies valeurs »…
On peut entendre dire sur Frank, que c’est un cabochard, un oiseau des mers, un aventurier, un solitaire, ou encore un utopiste… il est avant tout un homme avec un grand H. Mais la plus jolie comparaison qui ait été faite pour moi, est celle d’une petite fille en Argentine qui me chuchota tout doucement à l’oreille que Frank ressemblait à« un flamant rose » à cause de sa guibole rose.
Les migrations d’un oiseau migrateur… je crois que cela reflète assez bien sa vie !!!
Hasta siempre « Flamingo » !!!
Afectuosamente.
EL NIÑO.
Moteur, silence, on tourne…
23 juin 2011
Depuis une semaine ma solitude chérie est un poil chamboulée ! Réaliser une aventure est une chose, monter un film, en est une autre. Sur ma « kayakerie » sur le fleuve Yukon bien-sûr j’avais embarqué une caméra étanche avec l’idée de ramener de belles images. Mais chacun son boulot, le fleuve m’avait transformé en forçat de la pagaie et les rushs ramenés étaient de piètre qualité ! Dommage !
Vous savez que je suis un poil têtu et dans l’adversité je ne me laisse jamais abattre. Depuis mon retour du Grand Nord je cherchais une solution pour vous faire rêver quelques instants, au pays de la longue rivière. Un seul dénouement trouver une équipe professionnelle pour réaliser un documentaire sérieux, mais cela a un coût !
Cet hiver je trainais la prothèse pour me rendre dans les Alpes où l’un de mes sponsors me conviait. Le week-end fashion mode avec un rustique un poil Cabochard, cela dénote ! Bref, j’acceptais l’invitation et restais dans mon coin, le seul en t-shirt en plein hiver au milieu de la neige c’est sur que ça attire le styliste en goguette. Je m’adaptais, mais mon monde était bien loin de ce que je voyais… Pourtant, comme à chaque fois entre une paillette et une coupe de veuve Clicquot que je refusais pour consommer de l’eau de source, je rencontrais quelques personnes très attachantes. Une dame venait à ma rencontre et avait entendu parler de mon Bout de vie, directrice en communication de l’une des plus grandes sociétés au monde dans le milieu de la haute couture, elle semblait toute acquise à ma croisade, elle me laissait sa carte en me promettant de m’aider. Avec mon tact habituelle, je lui précisais que régulièrement on me faisait ce discours mais rare étaient ceux qui tenaient leur promesses…
Entre temps je trouvais une équipe prête à tourner, mais pas du second choix, des grands pros du documentaire. Rendez- vous à Paris et à ma grande surprise ils acceptaient de réaliser le film. Bien-sûr cela avait un cout, car pour l’instant ce reportage serait uniquement diffusé dans les festivals et salles de cinéma, la télé ce sera pour plus tard, si le film marche.
Le budget est en conséquence de la qualité du film et des personnes qui le réaliseront. Le devis me donnait le tournis, je ne voyais pas comment quelqu’un pouvait investir une telle somme pour un inconnu comme moi. Je baissais la garde et décidais d’y renoncer. Pourtant je ruminais et sur mes milliers de kilomètres d’entraînement vélo je pensais, je songeais, je rageais, je cherchais… Et si j’appelais la dame qui m’avait promis. Un mail pas forcément mielleux et moins de trois heures plus tard elle me répondait que sa société financerait la totalité du film. Une seule condition : la prestigieuse marque ne devait jamais apparaître !!! C’était un coup de cœur !!! J’étais séché, scié, estomaqué…
Voilà une bien belle histoire. Depuis le début de la semaine, Isabelle, Fred et Olivier de 5h du matin à 22h non stop tentent de fixer les vibrations d’un drôle de Cabochard. Ce documentaire est un suivi de mon quotidien. Bivouac au milieu de nul part avec une vie basique, composée de gestes simples : allumer un feu avec une seule allumette, cuisson du pain sur une pierre, cueillette de quelques plantes pour le diner. Rencontre de deux jeunes amputés que j’amènerais plonger ; Stéphanie et Steve raconteront leur incroyable voyage en Antarctique avec quelques images australes. Retrouvailles de Dume Benassi pour une sortie vélo de « fada ». Départ à fond, sortie en puissance, pour finir comme des dératés… Après-midi kayak avec des confidences de Dume sur sa vie à cloche pied avec bien-sûr une « ramerie » océanique ! Véro se confiera à la caméra, mots justes et émouvants. Plongée dite profonde où je vais décrocher une nasse d’un ami pêcheur au large des îles Bruzzi… Bien-sûr quelques retour sur mon parcours d’homme entier, enfin presque, et bien-sûr les images du Yukon…
Ecrire un livre je ne l’aurais jamais cru, le deuxième arrive bientôt ! Un documentaire, à chaque fois je suis surpris, mais de ce niveau là je ne pensais pas un jour que cela puisse se faire…
Pour ceux qui auraient encore envie de penser que je joue la vedette, le but est simple : Transmettre, encourager, redonner gout à la vie, booster ceux qui n’y croient plus… Je sais de quoi je parle à un moment bien précis j’en faisais partie moi aussi….
Pour conclure et rassurer le fan club de Jo Zef la mascotte, vous allez voir qu’il a bien sa place dans ce beau film qui sortira en avant première au festival du film d’aventure Suisse des Diablerets entre le 6 et le 13 aout…
Silence on tourne, clap première…
A pluche.