La tempête est annoncée sur la Corse, je vérifie pour la énième fois les amarres de mon Cabochard et prends la route en terre qui mène à mon Monde. Véro est loin là-bas aux pays des gens qui courent, sa formation l’a prise en otage, mais elle en reviendra riche d’enseignement. Les mascottes sont prêtes, le sac étanche rempli de victuailles, il ne reste plus qu’à ne pas se tromper de chemin. A chaque arrivée au tipi, je ne sais pas ce qu’il se passe mais une plénitude m’enveloppe, me transcende, une sensation d’avoir déjà vécu ici à une autre époque. Tout est en place, mes grigris planqués dans les arbres ont l’air d’être joyeux de me revoir, ici c’est « ma » forêt enchantée. Le premier boulot est l’allumage du feu, puis d’aérer ma tente, le ciel est déjà très chargé et un silence lourd laisse présager un bon coup de balai. Il me faut toujours quelques heures pour décrocher « d’en bas », ici pas de connexion virtuel que du réel, je pars me laver au torrent qui a encore perdu un ou deux degrés, le feu sera là pour me réchauffer. En ai-je besoin ? La vie est chaleur et je ne me gène pas pour la vivre ! Mon riz se prépare, les lampes tempêtes ont reçu leur ration d’essence blanche, la nuit peut s’inviter à notre table. J’amène toujours des lectures surprenantes pour le cancre que les savants professeurs voyaient en moi, je note, je stabilote et tombe nez à nez avec cet extrait de poème de Mikhaïl Lermontov : Nous faisons partie de ces rebelles qui désirent la tempête, comme pour y chercher la paix et qui pensent que la vérité ne se trouve que dans une recherche sans fin. Le feu crépite, je garnis mon crâne d’un bonnet, c’est étrange il n’est pas rouge, ni jaune, la température chute brutalement, puis soudain des flashes crépitent, un missile s’abat sur la vallée, la tempête s’annonce bruyamment. Je ferme les sacs étanches et confine les mascottes dans le duvet de ma « Vrai » qui ce soir me manquera terriblement. Le vent caresse la canopée, il l’a pénètre et vient me saluer, cela faisait un moment que l’on ne c’était pas affronté. Je souris car je sais que cette nuit sera teintée de blanc, la pluie s’abat d’une force titanesque, la grêle en profite pour ce joindre à ce festival automnale, ensemble elles veulent m’étreindre. Que cela ne tienne, je capèle mon ciré et pars en randonnée nocturne, la frontale serait une sorte de violation au règle du jeu, demandez aux anciens stagiaires, la marche en nuit noire les a agréablement surpris. Le sentier est lumineux, les pénombres me guident, par moment un éclair rend la forêt blanche étincelante, à son couvert je ne risque rien, du moins je le pense. Mais ils sont là, ils rodent, une armée des ténèbres vient à ma rencontre. Je me mets à gamberger au lieu de gambader, soudain devant moi des hommes en armures sur des étalons majestueux brisent ma quiétude. Mon imagination, me joue un sale tour, je suis seul et ce n’est rien que de l’irrationnel. La peur m’envahit ; c’est ça ; une lame m’a transpercé, je me défends mais rien n’y fait ils sont trop nombreux, la foudre s’abat à quelques encablures, ils battent en retraite… Je me relève, mais rien au tour de moi, pas la moindre marre de sang, je n’ai fait que trébucher sur une racine de bruyère morte et mes propres fantômes. A petits pas je rejoins mon abri de toile, je suis surpris de voir Jo Zef se servant de la poêle à crêpe comme bouclier, il hurle : Vade retro satanas, personne n’enlèvera ma princesse.- Et du calme la mascotte ce n’est que moi ! Je me demande si les chevaliers des ténèbres sont issus de mon imagination ! Dans l’abside de la tente j’abandonne mes habits trempés et me glisse dans mon duvet pour reprendre un peu mes esprits, je cogite, je ris, c’est vrai, elle est fantastique la vie…
Le camp des solitudes
12 novembre 2013Le énième jour…
26 septembre 2013Ouf, pas le temps de poser mon sac depuis mes deux mois de vie d’ermite, les écrits sont là, les souvenirs aussi, le calme revient, je peux enfin analyser cette expérience absolument nouvelle pour le coureur d’aventures que je suis. J’ai choisi un extrait de ces pensées pour avoir votre avis, il me reste deux, trois bricoles à corriger et la copie partira à l’éditeur qui décidera si oui ou non il y a un intérêt à la publication…
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Énième jour sans doute !
Je ne suis pas sur du temps déjà écoulé ici, il n’est plus important de savoir quel jour sommes nous ! J’observe mon univers qui se cantonne au torrent qui m’abrite des autres. Les priorités ont changé ici ,on ne gagne pas sa vie on la vit, ici la seule courbe de statistique c’est la sinuosité de la rivière qui divague vers la mer. Je découvre ma vérité, celle qui vient du plus profond de mes entrailles, personnes ne me l’a soufflé ou éduqué, non elle vient de «Mon » au delà ! Ce n’est pas une sécurité que je suis venu chercher mais une vérité sournoise qui sommeille en nous tous. De peur qu’elle surgisse nous la recouvrons de choses indispensables à effectuer en 24heures, puis le lendemain il en est de même jusqu’au jour du dernier souffle où le vide viendra nous expliquer ce que nous avons raté, ce que nous avons volontairement omis de faire. En m’enfouissant dans cette forêt enchantée je suis en train de tenter la projection de lumière sur mes zones d’ombres, un exercice des plus compliqué. Une sorte de joute où les chutes sont aussi fréquentes que douloureuses. Pourquoi pardonner, pourquoi passer l’éponge sur les rixes de nos vies ? Ma seule réponse, si elle en est une, est qu’en effectuant ce travail de fond nous grandissons, nous élevons nos âmes, s’aimer pour aimer les autres, pardonner pour se pardonner ou inversement en proportion des images de références que la vie nous a offert. Je ne suis pas encore prêt à tendre l’autre joue, mais déjà ma main droite n’est plus parée pour rendre le coup reçu. Je trouve ce chemin pour le sale gosse que je suis, déjà énorme. Je ne pense pas avoir assez d’une vie pour tout comprendre, si les torrents sont sinueux et périlleux c’est peut-être pour se souvenir que les hommes le sont encore plus. Ce sont mes premiers pas dans le pourquoi de cette réponse si vaste et complexe. Certains vont chercher des réponses dans des religions, des croyances ou dans des livres. Ici j’ai choisi la forêt comme maitre Zen, le torrent pour livre de chevet. S’il pleut c’est pour m’initier aux larmes essentielles qui m’habitueront aux douleurs, si un oiseau me rend visite c’est mon apprentissage aux prières primordiales à ma vie d’Homme. Rien n’est anodin, dans ce temple à ciel ouvert, je sens les vibrations me pénétrer, elles m’enivrent à m’en faire perdre pied ! N’y voyez aucun jeu de mot douteux ! Par moment, je n’ai plus rien à faire, le potager est arrosé, le tipi ordonné et mes livres bien rangés dans leur caisse en plastique bleue. L’hyperactif qui m’anime me donne des coups de pieds dans le ventre, bouge toi, avance, ne reste pas là le cul assis sur un caillou. Puis quand l’orage est passé, des idées de l’au delà me ramènent à l’essentiel. Mon corps se détend, mes peurs s’envolent et enfin je pars paisiblement dans mon voyage immobile.
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Un voyage immobile…
4 septembre 2013
Bonjour à tous me voilà de retour après deux mois de vie d’ermite avec un entracte d’une semaine au Festival des Diablerets. Deux mois où j’ai pensé, prié, écrit. Le retour est très difficile mais il faut retrouver les « autres » car l’isolement peut-être dangereux une addiction qui peut mener à la folie. Des dizaines de pages se sont écrites à mon insu, elles viendront étoffer mon carnet de voyage de ma dernière expédition Arcticorsica. Peut-être un livre en vue… Rien que pour vous la dernière page.
Une page est tournée, mais le livre est là:
Entre eau et feu :
Mais quel est le plus mélodieux, le susurre du torrent ou le crépitement de l’âtre, les opposés souvent sont complémentaires, l’un ne peut vivre sans l’autre. La terre noire embaume l’espace, l’orage a le pouvoir d’être un diffuseur d’arome garantie « naturelle », l’automne a envie de côtoyer le camp du voyageur immobile. Le chêne vert, le laurier thym et les arbousiers reçoivent leur premiers fruits, les guêpiers d’Europe mettent le cap au sud, le cycle de la vie est précis pourtant il n’a pas d’agenda ou de tablette. Tout s’enchaîne sans explication, sans but, pourquoi l’homme s’en est il détaché à ce point. En ce début d’arrière-saison, j’ai cette étrange perception de ressentir des ondes encore plus positives, le rush de l’été est déjà un souvenir, l’île retrouve doucement une paix profonde. Je ne pourrais décrire cette vibration mais mon intuition est sincère, le mouvement d’une immense foule, qui ne peut et ne veut oublier l’espace de quelques jours sa violence et détresse, émet une oscillation obscure que j’arrive à percevoir malgré tout. Ici je suis très loin de la ruche estivale mais pourtant mes sensations perçoivent ce mal-être. Mes rares incursions hivernales urbaines m’épuisent, me peinent, la fourmilière semble sur le bord de l’explosion, pendant 355 jours il en est ainsi, comment pourraient-ils changer en 10 jours de plage « corsée » ! L’exode vers les villes, vide la moyenne montagne, les villages se meurent, la vie citadine les achève. La chanson de Ferrat est toujours d’actualité, pourtant les lucioles risquent le tout pour le tout ; la « ville ». Ces jours passés ici ont été, sont et seront les plus beaux jours de mon existence, le vide m’a fait découvrir que je souffrais de vertige, des tremblements impromptus quand le silence et l’inactivité venaient s’asseoir en face sur les bords de mon abysse. Les essentiels de la vie « normale » deviennent futiles, l’infiniment petit et basique se transforment en indispensable. L’âme prend un autre chemin, le cœur ne bat plus pour une seule personne, mais pour toute, l’amour n’est plus un objet purement ego-perso mais universel, il suffit de se laisser guider, de faire confiance, le lâcher-prise est une chute libre vers son fondamental, vers l’unique sens de notre vie. Mes doutes sont toujours là mais ils ont beaucoup moins de place, mes souffrances sont enfin comprises, le torrent m’a tout expliqué. La terre m’a donné l’essentiel, je sais maintenant d’où je viens. Nationalisme, croyance, pouvoir, haines comblent la peur du vide, du silence et de la solitude. La vie d’ermite m’a ouvert les yeux sur un « Frank » que je ne connaissais pas, d’ailleurs personne n’aurait pu me le présenter, il n’existait pas avant cette expérience. Il n’y a pas un individu qui soit capable de donner des leçons ou des prédications, les écrits censés donner la voie, sont des parchemins tronqués, la sainte parole se trouve au fond de nos doutes. J’ai creusé en silence au fond d’un « je » inconnu, la peur m’a envahi, on m’a fait croire tellement de balivernes. Quand les orages ont éclaté et que ma vallée est devenue noire, lugubre, j’ai senti et deviné une lueur là-bas au loin. Malgré la terreur, j’ai poursuivi sans me retourner, la corruption est maline, elle sait charmer mais droit devant la chandelle vacillait, elle m’attendait, elle porte un nom, mais ça c’est mon secret ! Mon voyage touche à sa fin, je vais retrouver les autres, vous peut-être, je n’ai aucun conseil, aucune théorie sur ce bout de vie passé. Ma route est tracée, j’ai des supers guides, il ne me reste qu’à leur faire confiance, ils m’accompagneront vers « ma » vérité. Etre un homme libre est un rôle des plus difficiles à endosser, les sirènes se font un malin plaisir à déstabiliser le nomade à cloche-pied, mais cette vie de reclus m’a offert une armure, un bouclier. Certes je suis devenu encore plus sauvage mais la peur des autres s’est atténué, mes réactions me font moins peur. Comme dans le conte des Milles et une nuit, je suis devenu Shahrazade. Elle était condamnée à mort par son nouvel époux démoniaque qui au lendemain de chaque noce faisait décapiter sa nouvelle épouse de peur qu’elle le trompe. Elle lui avait inventé une histoire fascinante, qu’elle lui racontait chaque soir par petit bout, ce stratège lui permis de vivre, malgré la folie de ce maniaque. Je suis condamné à mourir comme tout en chacun mais cette expérience m’a offert de nouvelles belles histoires à vivre, alors le jour dernier semble reculer un peu. Ma force n’est plus dans un record ou une première extraordinaire, ma force est ma paix intérieure…
C’était le carnet de voyage d’un homme libre.
Départ pour une expédition un peu particuliére…
1 juillet 2013La saison 2012-2013 va bientôt s’achever, pour conclure en beauté samedi 6 juillet je signerai mon dernier livre à partir de 18h sur le quai fermé à l’occasion du port de Porto-Vecchio pendant le week-end littéraire, puis ce sera le temps d’une retraite. Je vais me couper du monde des fourmis qui « fourmillent » pour me poser dans une partie du monde secrète pendant 35 jours, je n’aurai aucun lien avec l’extérieur, pas de téléphone ni internet. Vie d’ermite pour faire un point, pour vider le trop plein et me remplir d’énergie positive. Depuis mon arrivée d’Arcticorsica le 6 octobre, j’ai ouvert pas mal de sentiers en friche et bien-sur même si les routes en me retournant me semblent belles et faciles j’y ai laissé quelques plumes. C’est formidable d’être médiatisé mais cela n’attire pas que les ondes positives, plus personnes ne prend le temps d’écouter et d’analyser les messages passés, les demandes arrivent les unes derrière les autres, mais pour beaucoup elles sont hors sujet. Bout de Vie est une association pour personnes amputées et elle ne peut se dévier de son chemin. Cela me déchire le cœur mais si le cap n’est pas maintenu le navire chavirera, alors j’ai appris à refuser les multiples propositions. Dimanche matin je pars pour un voyage de l’intérieur, le corps sera figé pour laisser l’esprit voguer, plus de kilomètre à courir contre vent et courant, pas d’ours à affronter à main nu, mon combat sera contre moi-même. J’ai besoin d’écrire, de me confier noir sur blanc, ma vie parait un rêve quand on ne me connait que de loin mais mon intime est profondément blessé par certaines rencontres qui m’ont saigné au plus profond de mon cœur. Nous sommes 7milliards et la cohabitation est souvent compliquée. Je vais m’offrir ce qui sera un grand luxe bientôt ; la solitude et le silence. Dans mon sac étanche, j’amènerai quelques lectures qui seront des escales dans ma croisière du temps qui passe. Grew Owl sera un maître de stage de survie, l’air du grand Nord me confortera dans mon choix de vie. Jean-Jacques Rousseau une sorte de prof de vent contraire, il avait déjà compris que l’île de beauté était aussi une terre de liberté, Platon m’amènera quelques mézès de l’esprit, je vous rassure je n’en prendrai qu’avec discrétion, je crains d’être cuisiné, surtout à l’huile d’olive grecque ! Le petit sauvage d’Alexandre Jardin me rappellera le temps de mes premières lectures. Cabane en Sibérie de Sylvain Tesson sera mon chouchou, je crois qu’à la dixième lecture je vais enfin pouvoir me désintoxiquer. Pour conclure un guide des plantes de la région qui m’hébergera, je trouve qu’il est toujours bon de connaître le nom des âmes qui m’hébergent.
Mi août je reprendrai mon bâton d’aventurier à cloche pied pour faire parti des membres du jury du film d’aventure des Diablerets en Suisse dans les alpes vaudoises, si vous passez dans le coin on pourra toujours se partager une raclette !!!
Du 8 au 13 septembre 13 ème stage de plongée Bout de Vie, du 16 septembre au 20 septembre avec Jérome Tant et Dume Benassi nous rejoindrons par étape le cap Corse à Propriano en vélo puis à partir de la fin octobre reprise des stages de survie…
Je vous dis à très bientôt et que Dieu vous prothèse !
Carnet de voyage d’un homme libre…
25 mars 2013A chaque signature on me demande à quand le prochain!!! Je vais rester le pied sur terre et aurais envie de vous répondre: pour l’instant ce ne sont que des écrits, rien de concret avec le protocole d’édition. Donc entre vous et moi un petit extrait de ce que pourrait être le prochain livre… Bien sur vos critiques sont les bienvenues…
Page 38/
Invité sur terre :
Au fond, c’est ça la solitude s’envelopper dans le cocon de son âme, se faire chrysalide et attendre la métamorphose, car elle arrive toujours.
August Strindberg
Le baromètre qui chute et rien qui ne se passe, ce n’est pas normal ! Je marmonnais ça dans ma parka depuis quelques jours mais cela me semblait louche. Ouf, me voilà rassuré, le coup de vent est bien arrivé. De grosses rafales et une forte pluie m’ont fait prendre la sage décision de ne pas m’engager en mer ce matin. Découvrir ses limites, d’accord, les dépasser jamais. Emmitouflé dans mon duvet, j’apprécie la pluie qui tapote la toile, je mets la radio Mix Megapol, une sorte de Nostalgie Suède avec une touche d’Energie, mais Frankie goes to hollywood ou les Queens ne valent pas la mélodie de la tourmente qui m’enveloppe, alors je coupe. La différence entre la musique et le bruit, l’émotion qu’elle nous offre… Seul sur un îlot de 100X400 mts je suis devenu Robinson. Mais où est mon vendredi se demande Jo Zef ? Le temps prend une autre forme, une alchimie interne. Aucune information du monde qui s’agite ne peut m’ébranler, couper des hommes virtuels et non vertueux, je suis simplement, un petit « moi ». Ces moments sont des privilèges immenses, ce n’est pas l’arrivée qui compte mais le chemin qui y mène et sur ma route ces arrêts tempête me ressourcent, me font cogiter. Il y a eu le minéral, le végétal, l’animal et enfin l’homme. Ce dernier et j’en fais parti, s’est parasité de millions d’indispensables, nous en sommes les esclaves. Le monde qui ne sait plus que conjuguer au futur a avalé, englouti le présent, le vide fait peur. Pourtant une bouteille pleine ne pourra jamais ramener l’eau de la source qui jaillit là haut sur la montagne. Le vent fait plier mon bivouac, mais je suis serein, heureux de pouvoir être cet habitant improbable du caillou si isolé. Ce voyage comme les autres est une initiation, un apprentissage infini, nous naissons pour mourir, mais ce laps de temps passé comme un éclair sur terre, pourquoi ??? J’aime ces colloques, j’en suis l’orateur avec comme seul public un moi attentif. Je décortique mes acquis (éducation, religion, niveau social, expérience…) La remise en question rend souvent furieux les hommes ; pourtant sans ce travail, l’âme s’éteint, le matériel ne prend plus le dessus, le pouvoir se retrouve amputé, on a jamais vu un naufragé se nourrir d’une une malle de dollars. Le conflit mène à la ruine, le dialogue à l’épanouissement. Alors je converse, je m’étale, je me scanne. Les zones d’ombres j’y rentre de plain-pied, je deviens l’explorateur des zones « inexplored » de mon intime vie. Comme tout en chacun j’ai mes fardeaux, la jambe en moins peut-être mais des amputations plus sévères, plus pervers, celles qui ne sont pas appareillables. Ces moments d’isolements me font apprécier à leur juste valeur les pourquoi et comment. Philosophe du caillou perdu, les plus grands penseurs n’étaient ils pas des écorchés vifs au passé si rude. Je me suis lancé dans des lectures redoutables, bonhomme aux réflexions qui bouleversent et qui rasent le bon savoir. Mon analyse, moi qui ne suis ni philosophe et encore moins intellectuel : nous vivons dans un miroir, l’éviter est malsain au possible mais à l’improviste le reflet nous arrivera en pleine gueule, on ne peut fuir tout une vie, on ne peut se mentir sans se flétrir. La pluie continue de chantonner, les sternes de pêcher, le vent de virevolter, demain je reprendrai mon voyage, si et seulement si les Dieux du vent, des mers et des nomades le voudront bien… Je ne suis qu’un invité sur terre ..//..
La solitude mots par maux…
11 novembre 2012« Y avait-il une réponse ? Une réponse à quoi ? Je n’étais pas en quête d’une pensée ni d’une philosophie ! J’étais en quête… D’un battement de cœur. » Satprem
Depuis la sortie de mon dernier livre je suis amené à répondre régulièrement à cette question : Que vous apporte la solitude, en avez-vous peur, ne mène t’elle pas à la folie à moins que ce soit une philosophie de vie ? Les poètes, les chanteurs la reprennent en boucle. A tellement la décortiquer certains philosophes en sont morts de démence, un sujet de philo pour le BAC ! Mais je vais tenter avec tact et sagesse d’apporter une réponse à cette question, avec mes images de références bien-entendu ! D’abord définir la solitude ; il y a celle qui est subie, destructrice, sans engagement, dénuée de communication ; puis la choisie, qui permet le rêve, la création, la réflexion, la contemplation. La première est terrible, un mal sociétal. On retrouve un homme mort dans son lit quinze ans après, personne ne s’était inquiété de son absence ! La deuxième, c’est celle que je pratique, mais elle a plusieurs niveaux. Suivant la géographie, la vie sociale du moment elle peut prendre une intensité différente. Si j’ai choisi de vivre la solitude c’est que je la désire car elle me fait peur mais elle m’offre l’essentiel : la vie ! Découvrir ses peurs c’est les comprendre. Jusqu’à présent j’avais vécu la solitude en tant qu’intermittent ; rando en montagne de quelques jours, visite d’un pays en solo, plongée profonde sans binôme… Mais le Yukon comme je le raconte dans mon livre c’est mon Everest de solitude. Le Vendée Globe, course à la voile, vient de prendre le large, trois mois de solitude extrême, pourtant pas un seul marin ne l’a vivra à l’identique. Beaucoup de moines ou autres penseurs sont allés s’isoler dans des coins reculés pour comprendre le temps présent, le pourquoi de la vie. La solitude c’est avant tout une sensation, un ressenti. Sur ce grand fleuve j’étais seul sur des centaines de kilomètres, je ne devais et ne pouvais compter que sur moi-même. Le vide qui s’offrait à moi ne pouvait être comblé par une présence, la sécurité je ne pouvais la trouver qu’au fond de moi, « l’autre » ne pouvait s’y substituer, je devenais l’explorateur d’un « moi » inconnu. Bien-sur grande différence immense, je sentais l’amour des personnes laissées de l’autre côté du globe, la distance géographique ne comptait pas pour mon âme toujours en compagnie des êtres aimés. Le soir je pointais sur une carte de l’Amérique du Nord ma position, je me surprenais à blêmir quand je visualisais ma position précise, près de rien, loin de tout… Il m’aura fallu des semaines pour comprendre qu’elle était constructive, après mes journées de pagaie et mes taches finies, je n’avais personne à qui parler, personne à écouter, pas de radio car trop loin, pas de musique, j’avais oublié de charger des chansons sur mon MP3 ! La machine à cogiter se mettait en marche, vous allez me dire pas besoin de ça pour méditer. Détrompez vous, ici en Corse je connais assez bien la montagne pour pouvoir m’isoler mais en mon fond intérieur je ne me sens pas seul, au pire, en une journée de marche, je sais que je trouverai un village ; la vibration n’est plus la même. Ce n’est plus une vraie solitude, je ne compte pas combien de fois j’ai traversé avec mon Cabochard entre la Corse et le continent, mais la sensation et l’émotion sont différentes. Se trouver en situation de non retour exerce un sixième sens qui transforme cette solitude en compagne, en professeur. Comme je n’étais plus en contact avec l’extérieur, certaines évidences devenaient plus floues, et certains doutes disparaissaient ; une sorte d’équilibre. L’essentiel avait une autre saveur. Certain jour sans vent le silence était d’une profondeur telle que je le vivais comme une découverte, juste le son du cœur qui bat chamade. Un soir je me surprenais à entendre le froncement de mes yeux qui clignaient. Les autres sont loin, on se retrouve dans une vitrine, la foule, le stress, le temps qui passe cela ne nous touche plus. Le travail commence enfin, les histoires anciennes surgissent, elles ne semblent plus si importantes, les coups bas de la vie sont plus faciles à accepter, la vie si compliquée par moment semble simple car basique. La solitude est une sorte de savon, on se récure avec, on se sent propre quand on la vit. Être maître de son destin. Elle opprime le corps qui n’est plus qu’un pauvre support, le plexus semble écrasé, la gorge est sèche et puis c’est l’explosion enfin on comprend, enfin ; l’homme libre surgit, ne plus se préoccuper de son moi puisque nous sommes universel. Je pense que chacun peut y trouver une force incroyable mais elle éprouvante. Dans une époque de crise grandissante une des industries qui ne souffrent pas est celle de la communication. Quand j’observe quelqu’un qui est seul, la première chose qu’il fait c’est contrôler son Iphone pour vite se connecter avec quelqu’un, mais ce n’est que du virtuel. La solitude est un miroir qui nous renvoie ce que l’on fuit. Aimer et savourer la solitude ce n’est pas fuir les autres bien au contraire, en se découvrant on comprend mieux le Monde. Mais attention comprendre c’est aussi découvrir ce que vous n’aviez pas perçu avant et le bâton peut rebondir sévèrement au visage. La solitude m’a grandi mais elle m’a rendu encore plus exigeant car elle ne pardonne pas. La solitude m’a donné une montre ! Oui je sais maintenant que je ne suis pas immortel, quoi que l’on fasse l’aiguille avance et l’idée ne me fait plus peur. S’assoir sans rien faire est la plus belle chose qu’elle m’a apprise, combien de soir blotti près d’un grand feu ; j’ai été contemplatif… La rivière, la forêt à perte de vue, le chemin de ma vie certainement…
Vous n’êtes pas prisonniers de vos corps, ni confinés dans vos maisons ou dans vos champs. L’essence de votre être demeure au-dessus des montagnes et vagabonde avec le vent.Ce n’est pas une chose qui rampe vers le soleil pour se chauffer, ou creuse des trous dans la terre pour se protéger. Mais une chose libre, un esprit qui enveloppe la terre et se déplace dans l’éther.
Khalil Gibran
A pluche !
Still a free man…
10 octobre 2012Me voilà de retour dans mon cocon, une routine qui m’est bien spécifique. Qu’il est bon d’être à bord du Cabochard avec ses 6m² habitable. Un confort strict mais suffisant et une paix retrouvée. Le vent d’Ouest m’enveloppe, Véro a repris son travail, on se verra en fin de semaine, plus personne sur le port abri où je me cache. On me préconise de me reposer, de récupérer, tout le monde s’inquiète de mon physique, mais je suis en pleine forme, pas la moindre courbature avec une énergie débordante. Ces quatre mois ont été difficiles au départ mais au fil du temps le corps s’est endurci, renforcé et cette croisade est devenue un quotidien tranquille. Le mental, lui est usé, ça s’est vrai, je suis fragile, la moindre bricole me met à fleur de peau. Ce matin en écoutant par le net une radio suédoise qui ne passe que de la jolie musique qui m’a accompagné pendant plusieurs mois, j’ai entendu la mélodie de Mélissa Horn. Je me suis surpris à sentir des larmes couler. Pourtant je suis heureux d’être arrivé mais voilà ma cervelle doit se reposer. Alors pour tout remettre en place j’ai repris mes activités habituelles. En premier lieu je suis allé en montagne voir si mon refuge, que vous avez aperçu dans l’émission d’Echappée belle, n’avait pas été visité pendant cette longue absence. Personne n’a souillé mon nid sauvage. J’y ai passé une journée comme je les aime, j’ai remonté des murs en pierres sèches qui ne me convenaient plus, j’ai bricolé la charpente qui maintient la toile me servant d’abri, je me suis immergé dans le torrent pour me faire pardonner de cette longue absence. Au loin, quelques sangliers qui avaient oublié que le coin devait être partagé avec le mec qui cause aux oiseaux. Puis le test vélo pour voir si avec un engin de 7,2kg je pouvais frôler le mur du son. Incroyable j’ai l’impression d’être un bon cycliste, je m’amuse comme un dingue, sur un long plat je tiens une moyenne de 43km/h, cela est hors norme, ces 4000km avec mon vélo-tracteur de 30 kilos m’ont donné une caisse de folie. Je monte des côtes à plus de 20km/h alors que chargé je ne dépasserai pas les 7km/h. La sortie s’avère euphorisante, j’ai pris 2kilos pendant ces quatre mois mais pas un gramme de graisse, les muscles sont devenus des machines. Vous en voulez encore ? Après la bicyclette, il fallait que j’aille un peu voir si les liches étaient de retour, ce poisson prédateur est un vrai délice. La combinaison rentre avec beaucoup de difficulté, les cuisses et les épaules passent moins bien ! Je me régale, les sérioles me tournent autour, je leur dis saumon mais elles ne comprennent pas ma langue. Ok les filles, je vous laisserai tranquille cette semaine mais après je mettrai mes lignes à l’eau. Enfin le Cabochard qui boudait mon absence m’a fait une blague, alors que j’effectuais ma manœuvre pour le mettre à quai, l’aventurier à cloche pied, a gentiment glissé par-dessus bord pour se retrouver en train de nager, Véro et les mascottes étaient hilares de cette baignade inattendue ! L’activité est ma manière de vivre, l’effort est une sorte de méditation. Dans quelques jours mon bouquin va être dans les bacs partout en France et dans les pays francophone, je sais que mon éditeur va me demander d’en faire sa promotion, alors avant le coup de bourre je vis au présent. Un ami hier soir me disait que mon quotidien était simple comme celle d’un oiseau, mais pourtant de rêve. Je suis libre, aucune contrainte, je vais où le vent me porte. Alors pourquoi devrais-je être fatigué, pourquoi devrais-je me reposer. On me demande souvent s’il y aura un carnet de voyage sur cette aventure. Doucement les amis, je ne suis pas écrivain même si j’aime claquer le clavier, la sortie d’un ouvrage est beaucoup de travail. Je viens de recevoir mon deuxième et je peux vous dire que cela me fait drôle. A l’école j’étais un cancre et le radiateur était devenu une sorte de compagnon. Mes rêveries m’ont couté très cher, le refrain était le même : « Bruno répétez ce que je viens de dire ! » La classe explosait de rire et je me retrouvais viré… Quelques années plus tard avec un bout en moins et quelques anecdotes je me retrouve avec une bibliothèque avec deux bouquins de ma plume. Mon journal de bord Arcticorsica est bel et bien clôt mais mon envie de partager mes bouts de vie reste bien ancré, alors de temps à autres je passerai vous voir par l’intermédiaire du net.
Un grand merci de votre fidélité… Yes I’m a free man…
A pluche !
Fragile comme un oeuf…
9 juillet 2012
Il n’est pas simple de trouver le sommeil avec des bourrasques de vent qui secouent la tente toute la nuit en sachant que le matin on reprend la mer ! Pourtant c’est un devoir que je dois assouvir parfaitement, je dois savoir récupérer. Exercice de respiration, démontage du monstre qui me met en boule et une douce nuit dans les bras de Morphée. Chaque jour est un apprentissage, où que l’on soit, ne pas dépasser ses limites mais les découvrir. Je connais par cœur mes faiblesses et d’elles je dois m’en guérir, tout au moins mieux les gérer. Physiquement je suis bien, la blessure que j’avais à la main droite suite à une méchante brûlure a totalement cicatrisé et mon moignon ne me fait pas souffrir, alors tout va pour le mieux. Je commence à être bien rôdé, jusqu’à présent les bivouacs qui m’ont reçu ont toujours été à la hauteur de mes espérances, mais il y a un mais. Souvent quand je me relâche après m’être lavé dans la mer et avoir tout préparé (repas du soir, du lendemain midi, brulage des déchets, bouillir l’eau pour la boire), un passage à vide me fauche. Un coup de blues. Je le sais, je le ressens mais pour l’instant je n’arrive pas à l’esquiver. Ce style de raid me met à nu et à fleur de peau. Un grain de sable dans le rouage et tout peut basculer dans la dramaturge. Aujourd’hui je me suis senti béni des Dieux et de mes anges gardiens, le vent fort n’est venu que sur les derniers kilomètres et pratiquement toute la navigation s’est pratiquée avec mon cerf-volant, d’où encore 40 km effectué aujourd’hui, soi 120km en trois jours ! Que dire de mieux, pourquoi ce satané blues vient régulièrement me foutre le bourdon. Je le sais je vais le zigouiller. Tiens de vous l’écrire, il commence à lever l’ancre. Je veux vous transmettre la vérité, pas de surenchère, pratiquer l’endurance est un sacré exercice de remise en question quotidienne et par franchise je me devais de le mettre aussi en avant. J’ai beaucoup lu de livres d’aventures et j’ai toujours été frappé par le vide sur ce sujet. Des exceptions bien- sûr mais pour beaucoup ils ne veulent pas en causer. En lisant les livres de Philippe Sauve,
Kim Hafez, Sylvain Tesson, j’ai trouvé cette vérité qui m’aide aujourd’hui. Nous ne sommes qu’une poussière, d’où l’importance du balai !!! Le feu crépite, la plâtré de riz va être bientôt prête, une petite radio locale va m’égailler les esgourdes et mes trois livres vont me relaxer.
Lesquels ? Ok, juste entre vous et moi. Le premier le lexique de suédois, le deuxième, l’oeuvre de Tom Butler-Bowdon, 50 classiques de la spiritualité et le dernier le roman de ma super copine Natacha Calestreme, le testament des abeilles.
Jo Zef pour la énième fois, gâteau se dit kaka en suédois, pigé la mascotte ? Pourquoi ta craché ton kaka au chocolat !!!
A pluche !
Un temps pour moi avec emoi sans toi ni toit…
29 juin 2012Un grand ciel bleu me réveille ce matin, la température semble douce, je sors de mon long sommeil réparateur. Le vent de Nord est virulent mais ma petite plage est un havre de paix protégée de ce blizzard tumultueux. Les suceurs de sang sont punis, ils n’osent pas quitter leur planque pour tenter une ponction corsée. Nu comme un vers je prends enfin du soleil, celui qui régénère, celui qui rentre au fond de mon âme. La forêt entre deux rafales m’offre un opéra privé, un concert plumeux ! Je m’affaire doucement, le premier boulot est de sortir tous les sacs étanches et d’assécher Immaqa. Hier des minis murs d’eau se sont abattus sur nous et il a besoin qu’on s’en occupe. Je retrie ma nourriture chargée à la hâte à Lulea, je recale tout minutieusement pour gagner une incroyable place, les affaires doivent être facilement et rapidement accessibles. Je dois mémoriser où tout est fourré. De temps à autre je m’assois, je tends l’oreille, le golfe de Botnie ronronne, il faut que j’apprenne sa langue, je ne connais que le méditerranéen et si je veux cohabiter en toute sérénité il faut savoir échanger. Les quatre sacs étanches sont bien répartis, pendant ce temps j’ai mis la marmite à chauffer de l’eau et j’ai une bassine pliante complète de douche tiède. Je me rase, le soleil me chauffe les épaules, je me remets encore une coupelle d’eau sur la nuque, je respire à plein poumons ces moments de grâce. Je ne regrette pas les 50km d’hier, une longue journée mais quelle récompense aujourd’hui. Je ne regrette pas l’énergie que j’ai mis dans ce projet, j’y suis de plein pied, pas à pas je réalise mon rêve. La fatigue des journées précédentes envolées, je commence à connaître les effets secondaires de tel efforts, le soir je deviens négatif, tout me manque…
Comme je connais cette réaction, je me presse pour aller dormir car le lendemain, les démons se sont envolés. A midi c’est un festin, grillade de saucisses, pennes en sauce et un demi-litre de yaourt à la myrtille, ce sera toujours ça de moins à porter. J’ai encore quelques fantaisies
pour deux jours puis j’attaquerais le régime lyophilisé. Jo Zef commence déjà à protester. Affaires lavées, corps récuré, sacs organisés, je suis enfin prêt. Dans ces moments de plénitude je repense aux périodes difficiles de ma vie, où j’ai failli d’un cheveu ne pas m’en sortir, où le gouffre semblait me barrer la route, en vérité c’était une sorte de panneau indicateur pour me faire changer de route et vivre intensément le moment présent. Stockholm est là bas au sud, vous encore plus bas, ma Véro encore plus loin, pourtant malgré l’absence physique de vous tous je sens vos âmes, vos vibrations, je sais que la vraie solitude c’est
quand plus personne ne pense à vous. Comme dirait Jo Zef une vie sans vibration c’est comme une crêpe sans confiture !!!
A pluche !
La philosophie de l’aventure…
27 janvier 2011
J’ai beaucoup de demandes dans mes rencontres et j’ai essayé de décortiquer le sujet et de le noter noir sur blanc.
L’aventure est un vaste mot qui vient du latin adventura (ce qui doit arriver), il englobe beaucoup de choses.
On me définit comme aventurier, en vérité c’est un mensonge car chaque vie est une aventure et mon quotidien est fait de routine. Ce sont les autres qui en voyant mon rythme de vie me définissent en tant que tel.
J’admets que ma vie est un peu atypique, ma pension des anciens combattants est un solide soutien, mais j’en connais beaucoup qui ont le même titre sans trop se mettre en danger.
Je crois qu’à la base on naît avec, je n’ai jamais pu penser comme les autres ce qui me valut pas mal de soucis avec les institutions (école, armée).
Ensuite c’est ce côté chien fou, mais craintif en même temps qui est important. Larguer les amarres doit être fait une fois, non pas par force ou obligation, mais par conviction. Le premier pas est important, ensuite les « excuses ». Elles viennent taper à la porte les premiers jours, elles amènent dans leurs besaces les doutes et les remords. Je suis fou d’avoir tout largué, je suis fou d’avoir rompu avec la copine trop « non-non », je suis fou de laisser tomber mon boulot et l’avenir qu’il allait m’apporter et puis si je tombe malade…
Le mental rentre en jeu, comprendre que cela est sa voie. Puis le premier défi, finalement on s’aperçoit que ce n’était pas si difficile que ça, puis on croise des autres « fadas » qui parleront le même langage. Les rencontres sont rares surtout de part chez nous, l’Europe est devenue un aseptiseur de rêveurs aiguës.
L’entourage est très important, il ne comprend pas et vous blâmera, donc à vous de vous imposer. Se réaliser en se moquant du « qu’en dira t’on ». La compagne est aussi la base de la réussite, jamais une fois Véro ne m’a freiné bien au contraire elle en est le moteur. Avant elle, certaines ont essayé de me calmer je suis devenu un souvenir d’un gars hyper actif au mauvais caractère.
Les pions se mettent en place tout seul, puis les seuils d’aventures grandissent, ma première fût de partir pendant 4 ans naviguer avec mon bateau, l’arrivée du Cabochard à Gibraltar restera un des grands moments de ma vie. Là-bas j’y ai rencontré des gens qui avaient le même regard, la même folie non maitrisée. Je trouvais pour la première fois des frères et sœurs de vie.
L’idée murit, pourquoi ne pas continuer, ne pas franchir un autre pallier, je commence à écrire pour une revue nautique. Puis je rêve de plus fou, plus loin encore, alors je démarche mon premier sponsor et là c’est un flop ! Je sais que je commence une nouvelle vie. Les signes se succèdent et vous guident quand le doute secoue l’embarcation.
Je suis aventurier à part entière, je ne veux pas d’intérim, je veux porter cette parka 365 jours par an. Il m’est inconcevable de faire autre chose : vivre mes rêves les plus fous. Je ne veux pas devenir professionnel car j’aurais trop peur de m’enlever cette flamme de liberté, mais en même temps je ne veux pas que cela me coûte. Un juste milieu entre l’amateur et le professionnel.
J’en croise de temps à autre ; les festivals d’aventures ont cette faculté de nous réunir juste assez pour se sourire, jamais nous ne parlons de nos récits. Vous ne parlez pas de la couleur de votre voiture, du bilan de votre société, vous ne faîtes pas visiter votre appartement quand un nouveau arrive chez vous, vous ne laissez pas la télé allumée quand vous êtes entre amis…
Alors entre nous on parle de religion, de neige, de langue, de désert, d’éditeur…Vous voyez la routine. Je reviens d’un long voyage, mais dans ma solitude du grand Nord déjà des histoires venaient me gratter le bulbe de nomade. Vivre en immeuble, en pavillon, dans le même port, non merci. Chaque jour est le départ d’une journée incroyable, cela demande aussi une éthique, une dureté avec soi même, intransigeant intimement et exigeant avec l’équipe formée. Les tentations sont énormes, mais il faut savoir se diriger, ne pas s’égarer, garder le cap. Il est très facile de devenir l’insecte qui fonce dés qu’il voit une lumière, l’ombre est le dojo de l’aventurier déterminé.
Bien sûr dans ce milieu il y a plusieurs niveaux, les purs qui vivent toute l’année dans leurs tripes, j’en fais parti, mais nous sommes les intégristes de l’aventure. Les médiatiques : grandes productions de documentaires qui a mon gout sont des réalisateurs hollywoodiens, mais la ménagère aime et adhère (soupir), puis les intermittents qui en goute une de temps à autre, mais qui doivent gérer tout un entourage réfractaire.
Le sujet est vaste, mais je crois que j’en ai donné les trames, pour finir quand on me demande une info sur une préparation de tel ou tel projet, je suis acide, décapant, car ma réponse est toujours identique. Si tu me demandes un conseil alors le seul que je puisse te donner c’est ne pars pas, car quand tu seras face à toi-même au milieu de nul part seul toi devras le gérer et mes avis seront absolument inutiles.
Créer son histoire de A à Z :
Avant de gravir la montagne fais ton premier pas et apprends à être souvent seul. (Elle est de moi !!!) (Rire)