La roue arrière réparée je peux enfin reprendre mon chemin mais ce brave mécano a dû bricoler mon dérailleur qui « déraille » plein pot ! Les molettes de guidon règlent les problèmes en partie mais je vais devoir passer chez un technicien pour qu’il fasse un sérieux contrôle. Je ne vous parlerai pas de la nuit cauchemar que le camping a vécu. Des
voyous en devenir sont venus en bande y mettre la zizanie, décidément j’attire les rigolos. Des piles de bières entassées, ils décident que le terrain est en leur possession, nous sommes 4 tentes pas plus et je sens la moutarde me monter au nez. 22h je leur rends visite avec ma frontale, je me jure, me promets que je ne m’emporterai pas. Pas mal imbibés de bière, ils tentent la provocation, l’un d’eux essaie de me jeter une canette au visage, j’esquive. Désolé c’est de l’autodéfense, il s’en prend une ! Le calme revient, je me sens merdeux, sale, je ne dois pas agir comme ça, mais je l’ai fait quand même. Je leur ai promis une raclée s’ils osaient continuer. 23h cela devient insupportable, ils deviennent dingues, jettent tout par terre et font un raffut intolérable. J’interviens, ils me reçoivent en me jetant chaises et table. Un détail qui a son importance, quand je suis dans ce contexte, je deviens un bout de caoutchouc difficile à attraper. Un quart d’heure qu’ils n’oublieront jamais. Mais quelle désolation ! J’ai du mal à me rendormir, les questions affluent, aurai-je du laisser faire ? Est-ce que plus de dialogue de ma part aurait fait changer les choses ? Je ne sais pas, je ne suis pas un saint non plus, mais je refuse de plus en plus de perdre contrôle et mon énergie pour des gens en pleine déchéance. Mea culpa, j’ai encore donné des « gnons » ! 6h30 j’en croise sur la route, ils titubent. La ville de Travemunde et Lubeck se touchent et les quais de commerces brouillent ma carte. Je me retrouve dans une voie d’autoroute. Ca y est, ça commence. Je tourne en rond comme une mouche. Un bus comprend, le chauffeur me demande si je veux de l’aide ! Oh oui mon bon monsieur. Ici les transports en commun ont une remorque pour embarquer vélos et mobylettes, je charge mon barda et il m’amènera hors de Travemunde. Pour prendre la route sud, son explication est trop compliquée pour ma pauvre compréhension basique d’allemand et je me repaume une deuxième fois. Un homme en vélo est à ma portée, il comprend et sent mon désarroi, il me demande de le suivre. Nous empruntons un chemin de forêt pour retrouver la bonne direction. Au moment de partir je lui serre chaleureusement la main, il me demande d’attendre. Il sort d’un sac en papier un croissant et me le donne. Das ist ein franzüzich (à voir sa vraie écriture) « croissant ». Il s’éloigne, la grosse brute que je me sens ce matin a les yeux qui s’embuent. Je me remets en question, suis-je un mec bien ? Hier soir j’ai mis une correction à des merdeux en manque d’adrénaline, ce matin coup sur coup, sans jeux mots ringards, on m’aide spontanément. Mon périple ne me laisse pas trop le temps de réfléchir. Ca y est je roule plein sud, on m’avait promis de belles routes avec plein de voies cyclables et bien c’est vrai. Mais voilà, devant moi sans aucune indication au préalable, une déviation, la départementale n’existe plus ! Je suis méthodiquement le panneau qui m’amène doucement mais surement sur l’autoroute, encore !!! Mais je le réalise que quand je suis dessus, je n’ai plus le choix, la carte m’indique que j’ai 5km pour reprendre une sortie et contourner les travaux. Je me fais klaxonner comme jamais je ne l’ai été, je pédale sur la voie d’urgence comme un dératé pour sortir de ce cauchemar. Finalement je suis sain et sauf, je peux reprendre ma « pédalerie » en toute tranquillité sur de belles pistes cyclables. Je suis secoué par ces dernières heures, cela en est de trop pour le pauvre nomade errant. La route est plate, j’arrive à tenir une super moyenne de 19km/h avec mon « semi-remorque à deux roues ». Le vent devient violent de Sud-ouest, mais les pistes cyclables sont bordées de haies qui m’abritent et me permettent d’avancer sans trop en pâtir. Le ciel se charge de plus en plus, la pluie nous rejoint mais elle est encore timide. Sa sœur suédoise lui avait parlé de cet équipage atypique et elle voulait nous effleurer de ses propres gouttes ! Là-bas c’est un déluge, pour nous ça va. Au 93éme kilomètres une auberge « vélo » nous fait un petit clin d’oeil. J’en avais entendu parler et cela me tente. Juste à temps pour mettre mon deux roues au garage que l’orage se déchaine. D’une chambrette qui domine le fleuve Elbe, je peux enfin cogiter aux derniers événements que j’ai vécus. La pluie tape au carreau, ok on se verra une prochaine fois, laisse moi en paix, j’essaie de comprendre des trucs tordus d’humains. La violence et les mauvais gestes ne font pas grandir ; je vais devoir m’appliquer encore plus pour choisir mes arrêts et éviter ces situations intolérables de ma part. Puisque devant moi coule l’Elbe, je ne peux m’empêcher de saluer Thierry Corbalan et son équipe qui va tenter le 1 sept la traversée entre l’île d’Elbe et la Corse en mono palme. Technique de nage où l’utilisation des mains est interdite. Ouais Jo Zef on surveillera s’il ne s’en sert pas !!! Allez à son arrivée, vous n’aurez plus envie de prendre la voiture pour faire 500mts ou de vous plaindre pour un p’tit bobo. Allez Thierry, tu ne le fais pas pour une cause, nous sommes la cause !!!
A pluche !
Le croissant du Dimanche…
27 août 2012Immaqa premier kayak nucléaire…
31 juillet 2012Ce matin je quitte mon abri mais avec un pincement au cœur, la première nuit fût calme et paisible mais hier de jeunes voyous travestis en killers gothiques ont semé la panique dans ce hameau si charmant. J’ai juste tenté une approche vers 21h pour essayer de calmer le jeu mais hélas j’ai compris que la seule méthode pour ce type d’abruti, c’était les coups. Je l’ai pris comme un test et suis allé me remettre dans mon duvet en serrant les dents, j’avais mes petits poings qui grésillaient.
5h30 je reprends la mer, ils sont toujours déchainés. Je suis fier de moi, je n’ai pas bronché, j’ai passé avec succès cet examen ! Le vent est toujours de Sud-ouest autant dire que je me traîne, la fatigue accumulée et le manque de sommeil me valent une première heure pénible. La carte et le GPS me donne un chenal libre mais les roseaux ce le sont attribués. Rien de méchant mais deux fois 500mts pour rien ! Aujourd’hui je joue une roulette russe sur un passage. S’il est ouvert c’est génial, je n’aurais pas besoin de souffrir en prenant le large, s’il est fermé je dois faire un détour de 10km ! Hier au port personne n’était d’accord, fifty-fifty ! J’avance dans un endroit absolument désertique, aucune cabane, pas la moindre bouée de pêcheur, personne à part une faune somptueuse. Au détour d’un îlot, deux biches m’observent, elles sentent qu’elles sont en sécurité, un peu plus loin des aigles pêcheurs sont au boulot, puis le grand aigle à queue blanche s’envole en douceur devant moi. Ce rapace fait parti de l’une des quatre races les plus grandes au monde. Je savoure cet instant magique, mais j’ai une boule à l’estomac et si c’était fermé et si je n’avais pas le droit d’être là ! La machine à cogiter est en marche, je m’approche doucement de ce goulet.
Véro sur google earth m’a affirmé qu’il y avait un passage mais j’ai oublié de vous signaler un détail, cet endroit n’est autre qu’une centrale nucléaire qui fut envahie par Green Peace il y a deux ans et qui d’après mes infos a rendu « les vigiles vigilants », quoi de plus normal, non ? J’avance avec un vent de travers qui se renforce, normal ! Puis j’allume ma bécane, elle me précise le passage à 1500mts, je ne vois rien ! Une voiture rouge à terre s’arrête, deux personnes en descendent et si c’était pour moi ? 6h que je suis parti et je ne me sens pas de me faire un détour de 10km, le suspense est à la hauteur des films d’Hitchcock ! 500mts et je ne vois toujours rien, puis soudain je comprends que le passage est de biais par rapport à mon arrivée et s’il existe je ne le verrais qu’au dernier moment ! Il est devant moi, je vois la brèche, aucune balle ne siffle au dessus de mes oreilles, je passe. Je n’ose pas un cri de joie et si on ne m’avait pas vu !!! Cette journée avait mal commencé mais elle finit en beauté. Mais vous vous doutez bien que l’aventure n’est pas finie. Depuis ce matin il fait soleil et surtout il fait très chaud, trop pour la région. 24°, cela nous prépare un après-midi spécial « Yukon ». Ca ne loupe pas ; au détour de la grande digue de la centrale nucléaire, un immense nuage noir avance droit sur moi. A 800mts un ilot avec une petite crique abritée.
Le vent augmente le grain va bientôt exploser. Je fonce, j’arrive dans l’anse et sécurise Immaqa quand soudain une mini tornade s’abat sur nous, comme quand j’ai descendu le fleuve Yukon. Une vieille cabane abandonnée est malheureusement cadenassée mais son auvent va m’abriter de ce déluge d’eau et de grêle. Pendant cette ondée je repère une pile de planches, le sol est trop irrégulier pour y monter la tente, après la pluie je vais me faire une plateforme et avoir pour ce soir un sol plat comme une crêpe. 26 bornes pour cette journée et mes derniers kilomètres en mer de Botnie, la frontière géographique avec la mer Baltique n’est plus qu’à 15km. La tente montée sous un beau soleil, les orages tout aussi violents vont se succéder tout au long de la journée me valant une sieste réparatrice.
PS : J’ai surpris la mascotte en train de tremper l’une de ses crêpes perso dans la mer, quand on était en approche de la centrale nucléaire !!! « Mais qu’est ce que tu fous Jo zef ? Tu vois pas qu’avec les radiations elle triple de volume ! ca vaut le coup d’essayer !!! »
A pluche !