
Pédaler, une excuse pour cogiter, rêver, refaire le monde...
Pas de vélo, pas de kilomètres parcourus aujourd’hui, si je veux continuer il faut que j’apprenne à récupérer. Je vais essayer de stopper une journée complète tous les 6 jours, on verra si j’y arrive ! Le faire à la maison, facile, en raid c’est plus compliqué. Quand je n’avance pas j’ai cette sensation étrange de m’empêtrer dans les méandres de mes faiblesses, de ne plus pouvoir arriver un jour. J’ai organisé et expédié toutes les vidéos du périple en kayak, j’ai en ai eu les frissons mais en même temps c’est déjà si loin. Je suis à moins de 250km de Trelleborg, le port le plus sud de Scandinavie, de là le ferry me fera traverser le bras de mer jusqu’en Allemagne à Travemunde, mais c’est trop loin pour que j’y pense. Vivre le présent. Aujourd’hui je dois reposer ce corps qui amène mon esprit au bout de la terre, ce corps qui aurait envie de s’arrêter un jour ou l’autre mais mon âme, mon cœur veulent et doivent continuer. Des milliers de kilomètres à venir, des situations à gérer mais seul le présent compte. Je pense à mon train-train qui va m’attendre, les balades du week-end avec ma Vrai dans ce refuge planqué, les petites sorties vélo sur les belles routes corses automnales vides de monde, le tour en kayak jusqu’aux îlots protégés des Bruzzi, j’en ai des choses à raconter à mes copains à plumes. Mon deuxième livre va sortir le 18 octobre, serais-je déjà rentré ? Je ne veux pas y penser, je ne dois pas y songer. De belles choses m’attendent encore, je suis un privilégié de vivre ce bout de vie si intensément. L’effort quotidien me met en connexion avec un monde si beau, si fantastique, les muscles développent leurs énergies qui alimentent le cerveau d’ondes positives et je suis en « wifi » avec le sublime. Dans une longue montée où le corps travaille intensément je ne peux pas que penser à l’effort fournis, alors je me connecte avec « mon » au-delà. Chose absolument impossible quand je me retrouve noyé dans le confort et la routine bien douillette. La souffrance fait grandir, un thème repris par un grand nombre de philosophe. Comment apprécier une douche chaude si on a la possibilité de la prendre tous les jours, comment apprécier une présence s’il n’y a pas eu séparation. Un bout de mon corps, ma jambe, est déjà parti, peut-être un coup de bol pour moi. Une manière de me faire apprécier encore plus la vie. Chaque coup sur la tête n’est pas à prendre comme une punition mais comme un panneau indicateur. L’injustice n’existe pas c’est nous qui en créons la sensation, rien n’est juste ou injuste, c’est comme ça. Quand la route tourne c’est qu’il y avait un obstacle, je tente de faire pareil, ne plus riposter aux tirs, les éviter et les oublier de suite. Nous sommes tous tordus, car souvent notre corps prend le dessus. Notre âme est éternelle j’en suis convaincu, l’enveloppe retournera poussière. Waouh, je vous entends dire ! Non je ne pète pas un plomb, j’essaie de mettre par écrit ce que ces expéditions m’apportent. Bien-sur je règle des comptes avec ma vie interne, mais les réflexions font avancer, la fuite et le non-dit sont la gangrène de l’être humain. En ce jour de pluie à Växjö, je me repose car demain je vais me rapprocher encore plus de vous, de moi, d’elle. Le manque deviendra souvenir, le facile sera le quotidien et déjà le voyage deviendra projet… Être nomade n’est pas toujours simple, pourtant plier sa tente tous les matins pour l’incertitude a quelques chose de fascinant. Quand j’étais gamin j’étais le plus heureux quand on m’offrait ce grand cône de papier qu’on appelait à juste titre, surprise, je ne savais pas ce que j’allais y trouver, mais le rêve prenait mon destin en main…
En rentrant j’aurai envie d’écrire, d’écrire, décortiquer tous les flashs reçus. Analyser les méandres de la bassesse de nous, pauvre poussière… Vous voyez je commence.
Ce n’est pas l’arrivée qui compte mais le chemin qui y mène…
Prenez soin de vous, j’arrive, doucement mais j’arrive…
försiktigt försiktigt (doucement doucement)
A pluche !