5h45 le soleil n’a pas encore pointé son nez, allez Jo Zef debout la mascotte c’est l’heure des abdos, on ne proteste pas…
J’ouvre la boite rectangulaire appelée communément PC qui est un « chronophage » de première catégorie et j’attaque les mails, je vends comme je peux mon expédition, j’ouvre mon carnet d’adresse et j’y vais, c’est pas aux journalistes mais bien là haut aux directions, c’est des potes mais ils sont honnêtes avec moi les Français n’aiment pas les « estropiés » de surcroit dans l’aventure avec en plus cerise sur le gâteau une Corsitude aiguë!
Paris Match, L’Equipe Mag etc etc, Ouais Jo Zef je connais du beau monde mais voilà: l’équipe de France qui après la main au ballon, est prise la main dans le string, puis bientôt c’est Rolland Gavroche, les Islandaises qui nous ont mis en quarantaine, Mais est ce possible Nicolas et Carla c’est déjà fini? Alors un unijambiste qui fait des trucs un peu bizarre, on s’en tape le coquillard!
9 h30! STOP!
J’arrête tout; ça me gave! Allez je veux me faire un retour dans le passé, pas hier non il y a quelques siècles. Une poignée de riz une pomme et le sac est déjà prêt pour un voyage temporel, je quitte la méga ville où j’ai le bateau au mouillage ( 123 habitants) pour les hameaux que j’aime, la route est déserte, un groupe de canetons occupe la chaussée, je descends pour les remettre dans le maquis, une dame s’arrête, elle me reconnaît, habillée de noir elle me demande de quelles races sont ces oisillons, tient on parle en Corse, le voyage dans le temps a bien commencé, je sais que de me croiser des souvenirs vont lui remonter, son mari était amputé et je l’avais un peu épaulé avant qu’il décide de partir dans les étoiles, Je poursuis mon voyage dans le temps la route n’est plus goudronnée, c’est bon signe, le ciel nous promet un beau coup de Tramontane. Horreur un couple de touristes qui courent! Vite le pinatu (serpe Corse) Jo Zef on les « zigouille » on les découpe en rondelles et hop au sanglier!!! Hum! Hum! La mascotte, je crois qu’on s’est emporté on va juste les ignorer !!! Bouh c’est pas beau tout ça!!!
Enfin ça y est je suis dans la pampa, le temps s’est vraiment arrêté, pas de sentier, du maquis bien dense et un torrent avec des cailloux bien glissants, je me faufile à travers les ronces, je m’évade, le téléphone ne passe plus de toute façon je ne répondrai plus jusqu’à ce soir, je grimpe, je rampe, le temps s’est arrêté pour de bon, je retrouve des vieilles ruines, je m’imagine la famille qui vivait là il y a 100 ans, rien, mais juste de quoi vivre en harmonie, je continue, le terrain est de plus en plus accidenté, je connais de bons trous à truites et tente ma chance, et une pour la 6, une ! Trop petite puis, pas aujourd’hui , puis j’ai de quoi manger, allez retourne voir ta famille…
Le sous bois est dense et la clairière qui m’apporte un peu de répit dans ma progression, me donne une idée; et si je tentais d’allumer un petit feu sans rien juste avec du bois comme avant? Je choisis méticuleusement mon matériel nécessaire et me lance, si y en a un qui me parle de l’émission « Crotte en tas » j’explose, Crotte en tas c’est du caca! Et Jo Zef t’as vu je fais des rimes!
Je m’applique et d’un coup comme par miracle la fumée sort de mon foret en bois qui par friction a consumé mon support aussi en bois, Jo appelle moi Géronimo!!!
Je continue ma progression pour arriver à la cascade, le trou est profond et je suis sur que si il y a une truite elle doit être « achement balaise » et un et deux lancés et qui c’est qui vient voir tonton Frank, c’est la grosse vieille truite, et hop dans la gibeçiére!!! (promis c’est pour ma Vrai). Ouais Jo c’est l’heure du « spuntinu » « (casse croute ), la cascade en fond sonore me parle, elle me conte des légendes, je suis serein, le temps n’existe plus…
Autour de moi je trouve des plans de finochju (Aneth sauvage) et m’emploie à une tradition ancestrale qui se perd: la confection de canne pour la marche. Il suffit de trouver une plante bien haute et droite et avec beaucoup de délicatesse plier l’extrémité et la nouer avec une petite ficelle. La courbe donnée sera le haut de la canne et il suffit d’attendre que le temps fasse son travail. L’aneth va grandir et finira par sécher, il suffira de couper la plante et de bien l’élaguer, un peu d’huile de térébenthine et de vernis marin et la canne sera prête. Pour éviter quelle glisse creusez dans un morceau d’écorce de chêne-liège un embout et la canne rejoindra un petit vieux qui vous racontera pleins de belles histoires…
 fica zemba, ugnunu s’arremba.
(chacun s’appuie au figuier qui penche)
on s’acharne volontiers sur les faibles.