Gamvik en mer de Barents…

19 juillet 2011

Le vent dehors se renforce, la pluie martèle la toile, un grain passe sur les nomades du Grand Nord, température 8° ! Que c’est loin la Corse, la Maurienne, l’étape du tour et tous les sourires rencontrées. Le GPS donne 71° Nord, encore plus au nord de 600km du cercle polaire ! Non ce n’est pas le cap Nord, 500km à l’ouest, trop de monde, un nid à souvenir « made in Taïwan », ici c’est le bout du monde une route, qui mène à un comptoir de pêche à la morue et au flétan. Quand on s’arrête la première chose que l’on nous demande c’est pourquoi on est là ? Gamvik et ses hameaux. Devant notre bivouac la mer de Barents encerclée du majestueux océan Arctique, le vent est incessant, la végétation rase nous dévoile ses trésors.  Véro du coin de l’œil, bien emmitouflée dans sa parka m’observe, j’exulte, je vibre, une étrange sensation d’être chez moi ! Un long voyage nous a fait traverser la région  que les colons vikings ont appelé la Laponie. En vérité c’est le pays Same, dans leur langue le mot « lapon » signifie : homme en guenille !

Luléa port suédois le plus septentrional du golfe de Botnie, nous a accueillis. Une petite voiture, une tente, une carte et surtout une grosse envie d’un voyage authentique loin des clichés. Les routes sont belles, les forêts de pin et de bouleau nous font avaler des centaines de kilomètres. Bivouac en bordure de rivière, des rennes pas trop craintifs comme voisins et bien sûr des nuées de moustiques. Rien à voir avec l’Alaska mais nous nous sentons un poil donneur de sang contre notre volonté. Les lacs se succèdent par centaines et chacun d’eux nous éblouissent de leur magie. Sur le bord du grand lac d’Inari nous bivouaquons, de la viande de rennes fumées au menu, un vrai régal. La route est encore longue, Mourmansk à droite, Mehamn tout droit…

Nous y voilà, la mer de Barents, la péninsule de Gamvik, nous avons le souffle coupé, si je vous dis que c’est beau je vais vous paraître un poil « rabâcheur », pourtant c’est beau. Nous trouvons un beau spot pour monter le camp et malgré un fort vent de nord-est tout est en place… Le réchaud chauffe la soupe et de sous nos duvets nous pouvons observer la mer arctique se déchainer…

Une petite sélection de quelques clichés.

Rencontre trés fréquente sur ses routes très isolées.

Rencontre très fréquente sur ses routes très isolées.

Le lac Inari, certaines de ses îles sont encore sanctuaires pour les chamans samis.     Le lac Inari, certaines de ses îles sont encore sanctuaires pour les chamans samis.

Le lac Inari, certaines de ses îles sont encore sanctuaires pour les chamans samis.

Pirogues sur les bords du fleuve Tana.

Pirogues sur les bords du fleuve Tana.

Maison traditionnelle dans la toundra proche de l'océan Arctique.

Maison traditionnelle dans la toundra proche de l'océan Arctique.

Vue sur la mer de Barents, un bivouac de luxe...

Vue sur la mer de Barents, un bivouac de luxe...

Le phare le plus nord de l'Europe continentale.

Le phare le plus nord de l'Europe continentale.

Huitrié pie

Huitrié pie

Un os de baleine, non Jo Zef ce n'est pas une grosse arête!

Un os de baleine, non Jo Zef ce n'est pas une grosse arête!

Plage de rêve, mais baigneur attention, eau de mer à 4°

Plage de rêve, mais baigneur attention, eau de mer

Plage de rêve, mais baigneur attention, eau de mer à 4°

Plage de rêve, mais baigneur attention, eau de mer à 4°

Fabien Pietri… Son témoignage…

1 juillet 2011
Zenitude en altitude!!!

Zenitude en altitude!!!

De temps à autre j’aime vous dévoiler quelques pages que vous allez bientôt pouvoir trouver sur mon nouveau livre … Sortie fin février.

Rencontre de Fabien, le fils de ma « Vrai ».

Notre société adore mettre les gens dans des cases, moi je déteste! Ce n’est pas nouveau, vous vous en doutiez !

Ni mon beau-fils, ni un copain, juste un jeune homme qui me plaît de part ses réflexions, de ses analyses sans suivre les moutons.

Dans son travail il venait de vendre un vélo de salle quand quelques phalanges ont voulu tester qui étaient le plus résistant, il confirmera que les dents des pignons déchirent avec soin les chairs… Éclopé à son tour, je voyais en lui un candidat potentiel pour venir rejoindre l’équipe mixte en Argentine… Le reste vous le lirez bientôt…

A la fin du bouquin comme dans le premier j’ai demandé des témoignages, voici le sien…

Cela doit faire dix ans  que je côtoie  Frank, quand je l’ai connu je n’avais que 17 ans. A cette époque-là, je sortais de l’adolescence, j’étais un jeune homme timide, réservé, pas très loquace et un peu introverti dès que je sortais de mon périmètre « famille / amis ».Et je pense, comme beaucoup de personnes à cet âge-là, on se pose de nombreuses questions, on ne sait pas vraiment où l’on va et surtout ce que l’on veut faire, étudier ou travailler, partir ou rester…Moi je rêvais de voyages mais l’inconnu me faisait peur… en aucun cas je n’aurais pu faire ce que Frank a réalisé pour ses 16 ans, un voyage lonely  aux States. Les années qui suivirent, sont des années où l’on débute sa vie d’homme par des choix. Chose que j’avais effectuée avec une ceinture de sécurité car le simple fait de m’imaginer prendre un risque m’effrayait. Malgré cela, ces choix se sont ponctués par des échecs.

Par la suite, à cause et grâce en grande partie à sa fréquentation, à son discours, à son expérience, je me suis décidé à prendre des risques. Risques qui dans un premier temps se sont soldés à nouveau par des échecs… mais avec Frank, j’ai appris le véritable sens du mot « persévérance ». Et aujourd’hui cela me permet depuis quelques temps d’avoir de la réussite dans ma vie.

A travers Frank et son Association j’ai assimilé réellement différentes notions : « se dépasser », « aller au bout des choses », « avoir foi en soi », « l’univers du possible »… J’ai compris que les premières « limites » ne sont pas liées aux handicaps ; les limites sont le propre de l’homme. Avant même d’être confronté aux vrais obstacles, l’homme se met des barrières et se réfugie dans sa peur, peur de ne pas savoir, peur de ne pas pouvoir, peur d’être différent… la peur est un inhibiteur très puissant qui nous empêche très souvent d’oser et de faire le premier pas. J’ai aussi compris que si mon passé avait été fait d’échecs, que si  mon présent est fait de réussites et bien,  que mon avenir sera peut –être fait à nouveau d’échecs. Mais aujourd’hui j’ai assez de recul et acquis assez de maturité pour savoir qu’il faudra apprendre de ces échecs futurs pour évoluer et continuer à avancer.

Je pense être devenu une personne plus autonome, plus ouverte, plus libre et qui a beaucoup plus confiance en soi qu’auparavant même s’il est toujours vrai que «  JO ZEF » est beaucoup plus bavard et moins discret que moi. J’ai eu un parcours scolaire un peu atypique et si j’en suis là aujourd’hui, c’est aussi grâce à toi car il m’a fallu de la volonté pour reprendre mes études après 5 années d’interruption tout en travaillant et celle ci m’a été en partie inculquée à tes côtés car pour moi ce qui te caractérise avant tout, c’est cette détermination inébranlable qui t’habite…

Alors voilà Frank, merci pour ce que tu as fait pour moi, pour ce que tu as pu m’apporter,  ce que tu m’apportes encore  et  ce que tu m’apporteras directement ou indirectement …. Merci pour tout !!!

De tous les moments passés ensemble : randonnées, foot, plongée, trail, voyage… celui que je préfère est celui où l’on se retrouve à la table de ton « Cabochard » devant l’un de tes petits repas exotiques dont tu as les secrets, à parler de tout et de rien, moments synonymes pour moi de « partage », d’ « échange » et de « simplicité ».

Quant à « Bout de Vie », je ne la vois pas comme une association pour personnes handicapées mais plutôt comme « une école de la vie » où l’on n’y apprend les « vraies valeurs »…

On peut entendre dire sur Frank, que c’est un cabochard, un oiseau des mers, un aventurier, un solitaire, ou encore un utopiste…  il est avant tout un homme avec un grand H. Mais la plus jolie comparaison qui ait été faite pour moi, est celle d’une petite fille en Argentine qui me chuchota tout doucement à l’oreille que Frank ressemblait à« un flamant rose » à cause de sa guibole rose.

Les migrations d’un oiseau migrateur… je crois que cela reflète assez bien sa vie !!!

Hasta siempre « Flamingo » !!!

Afectuosamente.

EL NIÑO.

Moteur, silence, on tourne…

23 juin 2011

De gauche à droite Fred Jouve, Isabelle Bres et Olivier Philippe

De gauche à droite: Fred Jouve, Isabelle Bres et Olivier Philippe

Depuis une semaine ma solitude chérie est un poil chamboulée ! Réaliser une aventure est une chose, monter un film, en est une autre. Sur ma « kayakerie » sur le fleuve Yukon bien-sûr j’avais embarqué une caméra étanche avec l’idée de ramener de belles images. Mais chacun son boulot, le fleuve m’avait transformé en forçat de la pagaie et les rushs ramenés étaient de piètre qualité ! Dommage !

Vous savez que je suis un poil têtu et dans l’adversité je ne me laisse jamais abattre. Depuis mon retour du Grand Nord je cherchais une solution pour vous faire rêver quelques instants, au pays de la longue rivière. Un seul dénouement trouver une équipe professionnelle pour réaliser un documentaire sérieux, mais cela a un coût !

Cet hiver je trainais la prothèse pour me rendre dans les Alpes où l’un de mes sponsors me conviait. Le week-end fashion mode avec un rustique un poil Cabochard, cela dénote ! Bref, j’acceptais l’invitation et restais dans mon coin, le seul en t-shirt en plein hiver au milieu de la neige c’est sur que ça attire le styliste en goguette. Je m’adaptais, mais mon monde était  bien loin de ce que je voyais… Pourtant, comme à chaque fois entre une paillette et une coupe de veuve Clicquot que je refusais pour consommer de l’eau de source, je rencontrais quelques personnes très attachantes. Une dame venait à ma rencontre et avait entendu parler de mon Bout de vie, directrice en communication de l’une des plus grandes sociétés au monde dans le milieu de la haute couture, elle semblait toute acquise à ma croisade, elle me laissait sa carte en me promettant de m’aider. Avec mon tact habituelle, je lui précisais que régulièrement on me faisait ce discours mais rare étaient ceux qui tenaient leur promesses…

Entre temps je trouvais une équipe prête à tourner, mais pas du second choix, des grands pros du documentaire. Rendez- vous à Paris et à ma grande surprise ils acceptaient de réaliser le film. Bien-sûr cela avait un cout, car pour l’instant ce reportage serait uniquement diffusé dans les festivals et salles de cinéma, la télé ce sera pour plus tard, si le film marche.

Le budget est en conséquence de la qualité du film et des personnes qui le réaliseront. Le devis me donnait le tournis, je ne voyais pas comment quelqu’un pouvait investir une telle somme pour un inconnu comme moi. Je baissais la garde et décidais d’y renoncer. Pourtant je ruminais et sur mes milliers de kilomètres d’entraînement vélo je pensais, je songeais, je rageais, je cherchais… Et si j’appelais la dame qui m’avait promis. Un mail pas forcément mielleux et moins de trois heures plus tard elle me répondait que sa société financerait la totalité du film. Une seule condition : la prestigieuse marque ne devait jamais apparaître !!! C’était un coup de cœur !!! J’étais séché, scié, estomaqué…

Voilà une bien belle histoire. Depuis le début de la semaine, Isabelle, Fred et Olivier  de 5h du matin à 22h non stop tentent de fixer les vibrations d’un drôle de Cabochard. Ce documentaire est un suivi de mon quotidien. Bivouac au milieu de nul part avec une vie basique, composée de gestes simples : allumer un feu avec une seule allumette, cuisson du pain sur une pierre, cueillette de quelques plantes pour le diner. Rencontre de deux jeunes amputés que j’amènerais plonger ; Stéphanie et Steve raconteront leur incroyable voyage  en Antarctique avec quelques images australes. Retrouvailles de Dume Benassi pour une sortie vélo de « fada ». Départ à fond, sortie en puissance, pour finir comme des dératés… Après-midi kayak avec des confidences de Dume sur sa vie à cloche pied avec bien-sûr une « ramerie » océanique ! Véro se confiera à la caméra, mots justes et émouvants. Plongée dite profonde où je vais décrocher une nasse d’un ami pêcheur au large des îles Bruzzi… Bien-sûr quelques retour sur mon parcours d’homme entier, enfin presque, et bien-sûr les images du Yukon…

Ecrire un livre je ne l’aurais jamais cru, le deuxième arrive bientôt ! Un documentaire, à chaque fois je suis surpris, mais de ce niveau là je ne pensais pas un jour que cela puisse se faire…

Pour ceux qui auraient encore envie de penser que je joue la vedette, le but est simple : Transmettre, encourager, redonner gout à la vie, booster ceux qui n’y croient plus… Je sais de quoi je parle à un moment bien précis j’en faisais partie moi aussi….

Pour conclure et rassurer le fan club de Jo Zef la mascotte, vous allez voir qu’il a  bien sa place dans ce beau film qui sortira en avant première au festival  du film d’aventure Suisse des Diablerets entre le 6 et le 13 aout…

Silence on tourne, clap première…

A pluche.

Week-end corsé pour Valentin…

20 juin 2011

Bout de Vie juin 2011 004

Que c’est court un week-end!                                                                                                                                                                          Valentin et son “body guard” Laurent sont déjà repartis ! Deux petites journées, certes, mais intensives…

Eole grand seigneur a su orchestrer les bouches de Bonifacio si souvent ventilées avec un samedi matin calme et une mer à peine ridée. Le pneumatique paré, nous voilà partis de mon repaire de Corsaire pour le détroit du vent « déventé » !… Sacré joli clin d’œil.

Jaloux de mes coins perdus, je mettais de côté ma devise de sauvage pour dévoiler à nos amis vosgiens des coins d’eaux encore protégés des « autres » ! De criques, en grottes, de fjords en cales nous arrivions dans le repaire des Lavezzi. Au ralenti, nous nous faufilions au milieu des géants de granit. Valentin reconnaissait comme un vieux loup de mer  la crique de la Galiote où il avait partagé son Bout de vie avec d’autres amis eux aussi différents !

D’un coin d’œil je surveille le vent, le contrat est donné, calme ce matin, violent demain…

Magnifique balade ou d’émerveillement en émerveillement nous rejoignons le bord du Cabochard.

Jo Zef la mascotte nous attendait de pied ferme car l’heure du déjeuner était déjà bien avancée. Dans un petit restaurant, réservé rien que pour nous, nous nous régalions de quelques plats énergisants. Emmanuel Coindre, narrait à Valentin ses 8 traversées océaniques à la rame et Laurent Benezech quelques plaquages sévères de All Blacks si redoutés pourtant… La journée n’est pas finie, malgré le sable qui glisse dans la sphère de verre nous essayons de bloquer le sablier ! J’engage mon tout terrain dans une piste en terre qui rappelle à mon « p’tit  neveu de cœur » sa dernière aventure sur le marathon des sables au sud Maroc avec les p’tits suisses de l’association de Carole Lauk courir ensemble. La piste semble mener à nulle part, pourtant je sais qu’au bout de la route défoncée se dresse un beau lac isolé…

Passage par le monastère de la Trinité où une réunion avait lieu. Mélange de paghjela, chant traditionnel religieux en langue corse et hommage très émouvant à un défunt…

Il est temps de renter à l’hôtel pour se préparer au match…

Roselyne et Yan Rocchi ont organisé cette belle soirée. Réunir des champions est toujours un exercice périlleux. Tellement sollicités, leurs venues est toujours un cadeau. Entre jeunes retraités et footballeurs en trêve, l’équipe est solide. Nicolas  Pennettau de Porto-Vecchio, actuel gardien de Valencienne en L1, avait prévu le coup et  offrira son maillot de gardien à notre jeune vosgien, la tenue du match endossé, Valentin donnera le coup d’envoi de la partie. Deux fois trente minutes, entente parfaite sans la moindre anicroche et une victoire courte contre les pompiers de l’extrême sud…

Soirée chant corse et grillade…

Le sable du sablier glisse  toujours à la même vitesse, la nuit fût bonne mais courte. Eole se lâche et met les gaz… Il a compris que cette journée nous mènera sur les bords d’une paisible rivière où les truites sont en quête de moucherons égarés… Valentin s’adonnera au lancé. Quelques rameaux de Népita (Sorte de menthe endémique) dans le sac de notre jeune aventurier et nous voilà déjà à l’aéroport de Figari…

Résumé d’un petit week-end bien sympathique…

Rien ne sert de briller si tu n’éclaires personne…

Remerciement à tout les bénévoles, vous avez été nombreux à œuvrer pour que cette soirée soit magnifique. Roselyne et Yan vous avez été le scintillement des étoiles de ce samedi soir…

Un air de Yukon en Corse…

2 juin 2011

Bivouac au air du Yukon, bien caché quelque part...

Bivouac au air du Yukon, bien caché quelque part...

Une année déjà ! Le Grand Nord me tendait les bras pour une belle leçon de vie. Je me doutais que cela serait une sacrée aventure, mais je ne pensais pas à quel point cela modifierait ma manière d’évoluer.

Sur le grand fleuve, seul face à moi-même, pas de place au superflu, observer, pagayer et rêver. Le but étant de ne pas être mangé, ni dépecé, tout un programme ! Entre deux prières, manières Cabochard, je partais dans des rêveries « corsées » : Un coin planqué sur mon île, un bivouac paumé, un mini monastère où j’irai régulièrement me ressourcer. Mais la Corse, ce n’est pas l’état du Yukon, il y a du monde et partout…

Depuis mon retour début septembre, j’en ai arpenté du maquis, mais chaque fois il manquait un élément au cahier des charges. Cet hiver alors qu’avec ma Vrai nous nous restaurions sur le bord d’un torrent très isolé, une folle envie de le traverser me pris. Véro, bien décidée à rester sèche, souriait à ma traversée du cours d’eau à la température polaire. Trempé comme un castor, je découvrais un coin planqué, mais je me voyais mal, à chaque envie de paix, jouer au sous-marin pour aller rejoindre ce camp perdu. Puis en fouillant au milieu des chênes lièges et verts je trouvais un restant de piste ! Ma curiosité toujours affutée devait me transformer en lecteur de parchemin qui mènerait au fameux trésor des templiers…Euréka!  Une piste en terre agricole, qui mène à nulle part, puis une sente… Muni de mon pinatu (serpe) je partais à la recherche d’un passage, sueur et sang furent mes alliés pour débusquer les ronces qui barraient la voie de mon rêve. Quatre jours de bataille pour enfin arriver à un refuge de corsaire. Une fois de plus, j’ouvrais la porte d’un de mes rêves. J’organisais une plateforme qui recevra ma tente, mes restes de maçon se sont réanimés et avec entêtement et plaisir j’ai monté une enceinte en pierre sèche. Quand le vent soufflera en tempête, il sera obligé de nous effleurer sans nous mordre. Au fil des jours avec du bois de récupération j’ai fabriqué une belle table et ses bancs…

Depuis quelques semaines quand je ne pédale pas, je m’échappe dans mon sanctuaire, tout y est paix et sérénité. Ici pour commencer aucun réseau, pas d’appel avec les éternels : « T’es où ? Qu’est ce que tu fais ? » Pas de wifi, pas de prédateur. Les plantigrades sont remplacés par des ongulés, les loups par des renards craintifs et si les grizzlis ne rôdent pas, la vigilance est de mise au cas où un randonneur vraiment égaré rejoindrait cette tanière.

Je retrouve le contact direct avec la nature, l’inspiration de voyage me revient, partir pour mieux revenir ! Paradoxe des hommes et de ses incompréhensions. Une mésange à tête noire vient régulièrement me rendre visite, je suis toute ouïe, rien que pour elle. Au mois d’octobre le livre sera chez votre libraire, c’est fait, le contrat est signé. De mon camp j’y ai rédigé quelques mots à maux et si en ouvrant au hasard des pages, un mélange de fragrances, d’épicéas du Grand Nord et de bruyère blanche embaume votre espace, c’est que vous aussi, vous êtes assis à ma table perdue quelque part aux pays des géants pétrifiés en bloc de granit…

Seul le silence dit la vérité… (Vous voyez comme ça m’inspire !)

Les dessous du stage de plongée Bout de vie…

30 mai 2011
Plateforme de départ en plongée qui se transformera en table de repas...

Plateforme de départ en plongée qui se transformera en table de repas...

Le neuvième stage de plongée sous-marine Bout de vie est  complet, plus de filles que de garçons tout un programme… Dernière semaine de septembre 2011.

Cette année la fondation Lemarchand Nature et Découverte, la Fondation Française des Jeux et AXA atout cœur seront les mécènes de la semaine, à souligner que l’amical des pompiers de Corse du sud offriront, comme depuis le premier stage, le tour d’hélicoptère  au dessus des Bouches de Bonifacio. La soirée de clôture sera faîte au magnifique amphithéâtre du centre culturel de Porto-Vecchio avec les fidèles parrains de l’association Daniel et José du groupe I Mantini et d’autres surprises  (vendredi 30 septembre20H30).

Mais je voulais revenir sur le stage en lui-même. Cette année je me suis encore fait remarquer en refusant de m’affilier à la FFH. Une grande fondation en relation avec la fédé précitée, voulait épauler Bout de vie avec une affiliation à la Fédération Française Handisport !

Pourquoi autant d’entêment de ma part pour refuser ce financement facile?

Ce stage n’est pas du tout adapté pour le handicap, le bateau est une vedette de 20 mètres où rien n’est étudié pour un public différent. Ayant eu mon accident à 18 ans issu d’une famille de plongeur le bateau de l’école n’en fût jamais adapté, c’est moi qui m’y suis adapté.

Pendant cette semaine de mer dans l’archipel des îles Lavezzi, les stagiaires vont devoir découvrir de nouvelles limites. Depuis 8 ans que j’organise ce style de stage je vois et revois les mêmes craintes au départ. Les questions sont toujours identiques : Comment vais-je prendre ma douche ? Mais les toilettes sont très étriquées, je n’ai jamais osé marcher avec mes prothèses sans mes chaussures et l’éternel:  » je n’ai jamais fait de plongée »!

Et oui ici c’est un vrai bateau de bois que l’on respecte, donc pieds nus. Le handicap n’existe plus, chacun doit se débrouiller pour former une belle équipe de vrais marins plongeurs. Avec Gunther et Christophe nous donnons des clés aux stagiaires, pour qu’ils deviennent au plus vite autonomes. De l’amputé tout frais à celui de 20 ans la semaine est révélatrice. Nous n’avons pas de diplôme dit spécifique handicap. Gunther enseigne la plongée depuis plus de 40 ans, moi je suis le premier professionnel de la plongée en France avec une patte en moins 30 ans d’expérience et Christophe prof de voile revient d’un tour du monde à la voile de 11ans en famille avec un niveau 4 de plongée. Vous voyez pas besoin d’autre que nos qualificatif de prof, patience et expérience sont nos alliées pour une semaine magnifique de découverte.

A bord tout le monde est en maillot de bain, à tour de rôle chacun  se dévoilent et découvrent une nouvelle vie. Une discipline de fer est de rigueur à bord, 15 personnes sur un bateau de 20 mètres cela demande de l’organisation. Restriction d’eau douce, ranger son matériel et surtout anticiper les situations. On n’assiste personne, on propose des solutions…

Vous voyez, rien à voir avec les stages pour handis. Attention je ne bastonne pas ces associations mais Bout de vie se démarque en étant juste différente.

Bien sûr quand des personnes en fauteuil demandent de venir je ne peux les recevoir, mais jusqu’à présent des amputés doubles fémoraux ont participé au stage sans leur fauteuil et ont su se délecter de cette semaine d’initiation. Demander à Neeta et Valentin !

Bien sûr on ne traite que l’amputé, car il m’est plus facile de parler de ce que j’ai vécu et que je vis chaque jour. Je me réjouis de cette future semaine où avec toute l’équipe Bout de vie on vous donnera toutes les clés pour une vraie aventure avec un sacré Cabochard que je crois être.

Pour ceux qui ont des questions, sur le forum Bout de vie, il y  a un post spécial de témoignage d’anciens stagiaires et par le biais de ce billet je vous laisse le soin de suggérer vos questions aux anciens stagiaires…

Bonne bullade…

Amour et liberté

25 mai 2011
Amour et liberté

Amour et liberté

Donne moi ta main

Je m’évertuerai à te guider

Donne moi ton amour

Je saurai te protéger

Donne moi ta joie

Je chasserai tes ténèbres

Donne moi ta douceur

Je serai ton servant

Laisse moi ma liberté

Je saurai toujours revenir…

Extrait de mes cahiers: Mots de maux entre vous émoi

Pensée caline et saline…

12 mai 2011
Pas un bateau! Un ami confident depuis bien longtemps maintenant...

Pas un bateau! Un ami confident depuis bien longtemps maintenant...


Ca va ça vient…

La guerre, la paix. La vie, la mort. La rencontre, la séparation. La pluie le beau temps. La blessure, la guérison.

Mon havre de paix est cette solitude qui m’apaise et me donne tellement d’énergie si mystérieuse pour certains. Je ne dis pas, je fais, pas d’utopie que des rêves réalisés. Ne pas ressembler à quelqu’un ou à quelques histoires je taille ma route, certes à cloche pied, mais ce sentier est de mon invention. Parsemé, de souffrance, de trahison, de rencontres aussi ; d’amour, de sourire et surtout de partage.

Le vent ici me raconte tellement d’histoires, la mer me donne toute sa force, le soleil son énergie, la nuit m’ôte mes doutes, l’orage me prépare au pire.

Oh non mourir ne me fait depuis longtemps plus peur. Souffrir non plus !

Ce bref passage sur terre ne doit pas être gaspillé, vivre pleinement de tous ses sens.

Le soir j’adore faire le silence et écouter la profondeur de la nuit.  Elle répond à toutes mes questions et c’est grâce à elle que je suis devenu non pas plus fort mais un homme à part entière car je n’ai plus peur de moi même…

Le Pole Nord à pied…

28 avril 2011

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Dans mon dernier billet, je vous mettais en lien le film de la traversée du Groenland, mais avant d’en arriver à ce pari fou, j’avais été invité à rejoindre une équipe russe…

Victor Boyarski, figure emblématique du monde polaire n’avait pas  hésité un seul instant à m’accepter dans son équipe. Une base dérivante au nom de Barnéo est installée sur la banquise à quelques degrés du pôle nord, camp scientifique, mais qui est le départ de pas mal d’expédition qui tente de rejoindre la latitude 90° Nord. Je me joignais à Victor Serov et Vadim Vasiliev. Moins de 90 jours avant je venais de traverser l’Atlantique à la rame, je n’avais pas repris tout les kilos perdus, mais je  tentais ma chance avec  cette opportunité incroyable. Arrivé au Svalbard le décor était planté, entre iceberg et banquise ce lieu est une terre fascinante  de glace…

Durant cette montée, des images ont été tournées et un film monté, mais jamais diffusées, comme je suis en plein classement des rushs de mes expéditions pour un beau projet de documentaire qui voit enfin le jour, voici en exclu pour vous, ma balade au Pôle Nord.

Bistra bistra… (Vite vite) en russe…

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Corsaire des glaces: Le film

25 avril 2011

En 2007 je m’élançais  dans une première, tenter la traversée de l’Inlandsis Groenlandais à pied !!! Déjà fait par des bipédes mais pas par un corsaire un poil Cabochard!!!

Je me demandais pourquoi aucune personne handicapée n’avait, ne serait-ce qu’en partie, tentée cette traversée polaire !

Nicolas Dubreuil avait constitué une équipe atypique, Hogan Beernart, venait de se remettre d’une lourde chute d’un arbre, ses vertèbres bien que brisées, s’était échappé du pire, Serge Bogros habitué des expéditions polaires venait de subir un pontage cardiaque. Niko lui voulait porter ce projet pour promouvoir la cause de la « différence ». Deux ans auparavant il était passé à travers la banquise et avait commencé à geler, les médecins lui avaient prédit l’amputation de ses mains et pieds…Sa bonne étoile et les miracles de la médecine lui ont évité de prendre l’adhésion Bout de vie !!!

Parti de Kangerlussuaq cote Ouest du Groenland nous devions être héliportés en haut de la calotte, mais l’hélico quelques jours avant notre arrivée devait s’abimer dans les glaces ! Plutôt que d’abandonner nous prenions la décision un peu folle de gravir les 2000 mts de dénivelé de la langue du glacier. Grimper, muni de nos traineaux pesant 120 kilos pièces, devait se relever d’un travail de gladiateur, les crevasses à multiples reprises nous tendaient des pièges, chacun d’entre nous devions  détecter les gouffres qui auraient pu être nos sarcophages. Hogan a failli y perdre sa vie d’ailleurs…

Au bout de 4 jours, Serge jetait l’éponge, un petit avion pouvait encore nous rejoindre et le rapatrier, pour nous trois nous attaquions cette croisade blanche…

Pendant 34 jours nous avons erré sur l’un des endroits le plus désertique du monde, rien n’y vit car tout y meurt. .. Mon moignon m’a fait souffrir en plus des gelures,  mais la volonté et la détermination m’ont permis de réaliser ce rêve incroyable. Niko s’est révélé comme  un frangin d’ailleurs depuis nous aimons nous appeler : Frères de glace.

Alors que tout allait mal pour moi, venu de nul part, un bruant des neiges est venu se poser sur ma pulka, un signe d’espoir qui m’a permis de continuer.

Ce film n’est pas mixé et ne fût pratiquement jamais diffusé dans son intégralité, donc pour vous en toute intimité je vous amène au pays des trolls des neiges,( les Kilitoqs.)

Mon livre Bout de vie édition Arthaud retrace aussi cette épopée.

Un grand coup de chapeau à Nicolas Dubreuil qui  a pris beaucoup de risque pour filmer, dans certaines séquences la température était inférieure à -45° !!!

Marche et rêve…