La cinquième édition Bout de vie des rencontres Des Cols et des Ecoles, sous l’égide de la Fondation d’entreprise Française des Jeux, vient de se conclure en beauté. La salle de l’école primaire de Muratello était comble, les questions ont fusé, la vie est une alchimie, le malheur peut devenir force et énergie, les enfants ont tout pris, ils seront les adultes de demain…
Lundi nous sommes partis de Bastia, la première étape nous a mis devant une réalité digne de Lapalissade : la Corse est une montagne en plein milieu de la Méditerranée ! Les jambes ont brulé ! Oups ; suis-je bête, la jambe ! Etre unijambiste est une épreuve supplémentaire dans l’ascension d’un col, mais surtout ne confondez pas les mots : handicap et handicapé. Toute l’équipe est composée de cyclistes porteurs d’un handicap mais pas une seule fois nous avons refusé le « combat pacifique » du dénivelé, seuls les handicapés refusent la vie, nous on la croque. Si je devais vous offrir une image, la première qui me vient en tête est celle-ci. Alors que nous roulions en pleine montagne, les cantonniers en pleine action, (je vous assure ça existe), en fauchant les bas côtés, ont laissé sur plus d’un kilomètre une route recouverte de chardon sec, un vrai champ de mines pour nos pneus. Patrick notre samaritain, a instantanément chargé les vélos de ceux qui ne pédalent que sur une jambe, mais plutôt que de les voir se vautrer dans le fourgon ils ont enfourché leurs béquilles et pratiqué la borne à bonne cadence. Et dire que certains se plaignent pour une peccadille !..
Nous voilà dans la cité de Pasquale Paoli, premier homme en 1755 à avoir rédigé les droits de l’homme, un sacré clin d’œil pour nous les « rabotés » que l’on essaye de mettre de côté sans cesse. La salle de la Faculté de Science est archi comble, des chaises supplémentaires sont coincées de-ci de-là, les plus en retard seront assis par terre, le thème du jour est : Création d’un projet. Sans aucun support audiovisuel ce fût un vrai régal de leur transmettre nos expériences. Bien après le coup de la fin du cours, les étudiants sont restés là à nous questionner. Un vrai bonheur…
Mais la montagne Corse nous a proposé quelques passages de catégories dignes des Alpes, le col de Sorba, le col de Verde, le col de la Vaccia, le col de Bavella, plus quelques bosses à vous couper les pattes, tout ça pour retrouver les scolaires de Zicavo, Conca, Muratello. Ils nous ont écoutés, ils nous ont questionnés. Oui les enfants ; la différence ne doit pas faire peur, elle doit être un vecteur de curiosité et non de rejet, nous sommes tous l’étranger de quelqu’un disait Sarthe. Mais comment oublier l’accueil des habitants de Levie, souriants, avenants, nous sommes venus l’espace d’un soir l’un de leurs citoyens. Les kilomètres se sont égrainés, les graines ont été semés, la vie est un potager on ne récolte que ce que l’on sème, très certainement des vocations vont s’inspirer de notre passage, qui sait.
Un grand merci à tous ces sourires croisés, un grand merci à la vie de nous avoir réunis. Un grand merci à toi Patrick, notre chauffeur, à toi Steve la force tranquille, à toi Jean-Luc le skieur de l’impossible, à toi Jérôme le charmeur du groupe qui ne lâche rien, à toi Alexis notre champion du monde mais bien plus que ça, à toi Karin la seule fille du groupe, à la Corse si belle sans la foule. Si cette aventure est une bouffée d’oxygène il nous faut remercier la Fondation d’entreprise la Française des Jeux qui finance en totalité depuis 5 ans ces rencontres, merci Dalila, merci Stéphanie…
Bientôt je vais reprendre la route pour aller rencontrer pendant 3 jours les jeunes de la région de Bulles en Suisse romande, à force de planter des graines peut-être une forêt de liberté verra le jour…
A pluche