Expédition Niviarsiaq au Groenland

10 août 2015

Niviarsiaq est le nom groenlandais de l'épilobe à feuille large, emblème du pays de Nanoq.

Niviarsiaq est le nom groenlandais de l'épilobe à feuille large, emblème du pays de Nanoq.

Un coin du bout du monde pour marcher sans trop boiter!

Un coin du bout du monde pour marcher sans trop boiter!

Les sacs sont fin prêts, les billets d’avion précieusement imprimés ; que les rêves se réalisent enfin !

Là-bas dans le Grand Nord l’île de glace Kalaallit Nunaat, depuis des milliers d’années des Hommes y ont survécu. Les petits blancs du sud ont essayé de s’y implanter mais la plupart s’y sont cassé les dents, la vie à ces latitudes est une leçon d’humilité au quotidien, celui qui ne s’y adapte pas meurt en souffrant. En l’an 1000 quelques Vikings bannis de Scandinavie et d’Islande ont été contraints de s’y installer. Leur terre d’accueil était dans le sud de l’île, seul endroit ou l’herbe pousse dans un bref été, ils la surnommèrent la Terre verte : Greenland. Mais la rudesse des lieux réduira en poussière ces premiers colons.  Au XIV siècle des marins danois ne découvrirent que des tombes et champs de ruines, mais la colonisation devenait un enjeu économique et nation après nation chaque pays du sud voulait se partager la part de « glace » ! En parallèle, une petite fleur chaque été ressurgit du permafrost, pendant cette période éphémère elle embaume et embellit le paysage de Nanoq, son nom Niviarsiaq, L’épilobe à feuille large. Elle est l’emblème du Groenland, elle est le symbole de la résurrection. D’où le nom de cette aventure…

Été 2015 Expédition Niviarsiaq :

Ils s’appellent Élisa, Juliette, Rémi et Tximista et ont entre 13 et 23 ans, plutôt que de causer de leur différence, j’aimerai mettre en avant leur ressemblance majeure : L’envie de vivre plus que tout. Sur la côte Ouest du Groenland dans la baie de Disko se trouve la ville plateforme d’Ilullissat, une sorte de bourgade danoise sans trop d’intérêt. Ce sera le point de départ d’un séjour un peu hors-norme. De ce port de pêche nous embarquerons pour le nord de la baie, vers l’île déserte d’ Arveprins, à environ 4 à 5 heures de mer suivant l’état de la glace et de l’épaisseur du brouillard. Nous serons déposés au lieu-dit d’Ataa qui fût un petit port de pêche, abandonné en 1961. Une fois notre barda débarqué, le bateau reprendra la mer pour nous récupérer fin aout. Un tipi sera la demeure des jeunes, le vieux loup solitaire, qui sommeille en moi placera sa tente bien plus loin pour qu’ils aient la sensation d’être seul au monde. Pas de programme prévu, à part vivre et découvrir tous nos rêves de gosses un peu boiteux ! Sur place des kayaks nous permettront de pousser un peu plus loin l’exploration, une bonne carte papier et un GPS seront nos guides pour un beau morceau de vie partagé. Chacun aura la mission de veiller sur son binôme, chacun devra gérer son sac de victuailles et gare à celui qui ne respectera pas ses menus, la diète risque de faire une visite au camp du bout du monde. Loin des téléréalités truquées la vie sera simple mais austère, des images de références vont émerger de ce séjour. Déplier son sac de couchage sur un sol gelé en permanence est une épreuve intéressante. Les nuits à cette latitude sont des soirées ensoleillées, là encore le sommeil en prend un coup. Vider les entrailles des ombles et truites péchées peut vite engourdir les doigts pour le non initié, quant à la douche dans les torrents à 4°, elle restera un grand moment de fraîche rigolade. Le ciel bleu peut être au rendez-vous mais ce n’est pas un habitué du coin, les affaires seront souvent mouillées, les éternelles nouilles chinoises reprendront de la saveur quand elles réchaufferont les corps fatigués d’avoir trop baroudés. Vous voyez rien de bien extraordinaire juste un retour aux vraies valeurs de la vie. Chaque jour je noterai un journal de bord avec de beaux clichés mais pour la pureté du séjour rien ne sera expédié par satellite, nous n’aurons aucun contact avec l’extérieur. Dés notre retour je me ferai un grand plaisir de vous le partager sur ce blog. En attendant je compte sur vous pour leur laisser de beaux messages de soutien sur ce billet, j’en connais 4 qui ne vont pas beaucoup dormir jusqu’au 14 aout, ni d’ailleurs après sur la terre gelée !!! Vos témoignages seront précieux pour eux !                                                                                                                                             L’important est de ne jamais boiter dans sa tête.

PS: Un grand merci aux partenaires financiers (Rotaract 17-30 et Société Lagarrigue) qui ont sur être généreux pour que cette aventure voit le jour et à Julien Caquineau qui réside à Ilulissat et qui a su m’enlever quelques épines du pied; sans lui l’opération n’aurait pas pu voir le jour!

Ils ne se connaissent pas encore mais la rudesse du grand Nord va les unir...

Ils ne se connaissent pas encore mais la rudesse du grand Nord va les unir...

Niviarsiaq

2 juillet 2015
Au pays de nanoq le grand...

Au pays de nanoq le grand...

Fidèles de ce blog vous devez vous poser des questions sur le projet Niviarsiaq. J’avais annoncé à mon retour d’Illulissuaq en mai 2014 que je tenterai en kayak de mer une remontée en solitaire de la côte Ouest du Groenland. Mais contre toute attente, une avalanche d’événements imprévisibles, s’est déroulée dans ma vie personnelle, je n’aurai jamais cru que cela me puisse arriver un jour. Quand le destin vous indique une autre voie, la grande sagesse dit qu’il faut la suivre. L’élément clé fût quelques mots anodins d’un grand ami ancien reporter de guerre qui me dit droit dans les yeux : « Tu crois vraiment que tu veux en revenir de cette épopée polaire ? Qui te pousse à y aller, la gloire et la mort pour rentrer dans la légende ! » La réflexion qui fallait au bon moment, au bon endroit ! Bien-sur j’avais fait le mariole sans lui répondre, mais cette phrase me revenez en boucle. Ma vie privée venait de prendre un autre cap et cette réflexion devez m’amener à l’évidence : faut-il que j’y aille coute que coute ! Eh ben non !  La décision prise, je devenais encore plus un Free-man, je rentrais encore plus en phase avec mon « moi », je me métamorphosais en oiseau du large que personne ne peut mettre en cage. Le cœur léger je rangeais au placard ce grand périple au pays d’Apoutiaq, je classais dans « affaire sans suite » ce suicide involontaire et mon quotidien reprenait du sens. Le noyau de mes amis sincères retrouvait le sourire, ma compagne ne tremblait plus et mes nuits retrouvaient un calme boréale. Mais si cette tentative est annulée l’opération Bout de vie ne l’est pas pour autant. 4 jeunes âgés de 13 à 20 ans vont devoir me supporter du 14 aout au 1 septembre. Nous partirons au départ d’Illulissuaq vers le nord pour rejoindre le camp de pêche d’Ataa et pendant ces deux semaines nous tenterons de nous immerger à la vie estivale des Inuits. Pas de réseau chronophage, pas de connexion avec le virtuel, juste vivre l’instant présent. Nous vivrons sous un tipi et le quotidien sera teinté de rando à pied, kayak, de pêche et de rencontre. Avant de refermer ce billet je tiens à remercier de la part de l’équipe des jeunes « Niviarsiaq », le Rotaract 17-30 ainsi que les établissements Lagarrigue qui ce sont mobilisé pour financer en totalité le projet. Merci Auréline et Ludovic, sans vous cela aurait-été une autre paire de « prothèse » !

Voyager ce n’est pas changer de pays, voyager c’est changer de monde.

Reveries polaires

11 mai 2014

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Tout est à sa place, rien n’a bougé, le potager  a survécu à mon absence et le torrent suit son cours…de philosophie. Le tipi caché au bout de la vallée perdue est mon repaire de corsaire des bois. En bas, comme disent certains, la saison a commencé, camping-car et bateau de location se battent le droit de son bout de corse. Là-haut j’y ai tout le confort possible, silence, paix et sérénité sans aucune chance de croiser un bruyant ! Le pays d’Apoutiaq n’est déjà qu’un souvenir, il sera une image de référence de plus. Mais comme à chaque retour la machine à cogiter s’emballe, des projets ont débarqué au pied de ma prothèse, alors il faut gérer, éviter le trop plein d’envie, je deviens un boxeur  esquivant les uppercuts. Mais tout est possible, presque tous mes rêves se sont réalisés, alors pourquoi pas ceux-là ! Les mascottes sont attentives dans leur balançoire de fortune, pour elles, l’aventure c’est leur quotidien, alors au fond d’un sac étanche ou d’un duvet dans un bivouac du bout du monde, c’est toujours Ok. Vous voyez mon esprit d’enfant me colle à la peau, je rêve les yeux ouverts car demain il sera peut-être trop tard. Véro qui est venue me rejoindre, sait, sent, l’oiseau de mer qui sommeille en cette âme écorchée vive.  Je lui déploie une carte du Groenland, je lui explique ces mois de solitude, lui argumentant cet autre projet de partage, sans effort elle embarque dans mes délires polaires, pas une seule fois elle ne veut quitter le bord.  Ce n’est plus un dessin monochrome, mais une aquarelle issue d’une palette complète. Faites-gaffes, avec un peu de malchance, vous mes chers lecteurs, serez capables d’embarquer dans mes délires. Niko en ce moment traque avec une équipe télé l’ours blanc au Svalbard pour une future émission, être guide polaire a ses exigences. Un soir entre la tranche de jambon et les gosses qui jouent avec leur gadget électronique, certains verront la vraie vie de l’ours mangeur d’homme ! Mais les rêveurs vont se recroiser, les frères de glace vont peut-être bâtir des projets, des trucs que personne n’avait pensé, des balades improbables au pays du silence. La solitude se dispute avec la partage je ne sais pas qui aura le dessus. Pour la méditation, imaginez : des semaines à pagayer sans causer qu’avec vous-même. Puis une immense plage  de galets noires surgit à votre étrave où une mère Ours s’inquiète de ses rejetons nageant non loin d’une bande d’orque, là-bas au fond un glacier et vous qui allez monter votre bivouac. Puis au bout du long voyage un « vrai village » groenlandais avec ma Vrai et un groupe de jeunes différents. Le partage a sa besace de rêves aussi : Une baleinière groenlandaise retapée, équipée plongée-croisière pour chasser les trésors du clan d’Erik le rouge. Des sites vikings pas encore fouillés et deux glaçons aux bonnets rouges qui se transforment en chercheur. De temps à autre des gamins un peu malmenés par la vie pourraient y poser leur sac, pour vivre l’instant présent. Je vous laisse votre douche chaude, le frigo plein, le chauffage dans la chambre mais donnez moi un horizon d’icebergs, une côte sans les hommes, une plage abandonnée polaire. Oui je sais, je suis incorrigible, pourquoi devrais-je changer, c’est tellement bon d’être un homme libre.

Pendant mon absence le Festival Curieux Voyageur de St Étienne a décerné le Prix littéraire 2014. Le lauréat est mon dernier livre Ayeltgnu le défi d’une vie debout. De la région parisienne et du Rhône Alpes, environs 200 lecteurs ont voté pour mes écrits. Par ce billet je tenais à les remercier du fond du cœur.

A pluche.

Avec des chiens de traineau

2 mai 2014

Comme récompense on ne pouvait rêver mieux, qu’une rando en chiens de traineau. L’équipement permettant de lutter contre le froid doit être une succession de couche, c’est l’air qui isole et non une seule grosse épaisseur, la  société Solognac a fourni à toute l’équipe le nécessaire. Le fait d’être assis sans pratiquement aucun mouvement peut transformer vite la balade en cauchemar. Les jeunes sont en binômes, Niko et Pascal sont  seuls quant à Thierry et moi nous partageons le même « carrosse ».  Une quinzaine de chiens de race groenlandaise sont disposés en éventail, le leader mène la route. Ils  ont une ouïe très perçante et le musher leur transmet les ordres sans forcer sur la voix. Illi, illi veut dire à droite, gnou gnou veut dire à gauche, euche, euche : doucement… Le décor est absolument grandiose, il nous semble d’évoluer dans un rêve. Mais la région est montagneuse, dans les grandes côtes je rejoins le « chauffeur » qui court à coté de sa monture, mais dans les descentes notre « dolfinu » qui ne peut se tenir doit être maintenu. Le travail des chiens est fascinant, loin des animaux de compagnie que l’on connait en Europe, ceux-là sont de vrais machines. Leur vie, courir sur la banquise ou la calotte, dés qu’ils sont à l’arrêt ils se déchainent pour repartir galoper. Les rixes sont fréquentes, les bagarres dégénèrent assez rapidement en bain d’hémoglobine, le fouet est là pour dissuader les plus têtus. Après une heure trente de cavalcade polaire, un arrêt casse-croute nous réchauffera ; le froid nous a bien entamé. L’équipe est devenu soudée, fraternelle, les silences sont devenus familiers devant une telle paix. Puis nous reprenons la route, nos amis les « bêtes » s’en donnent à cœur joie à notre plus grand plaisir. La compétition coule dans leur veine et il n’est pas rare de se retrouver rattraper par nos suiveurs. Pour tout le monde nous sommes envoutés par cette rando canine, mais je vous rassure encore d’autres aventures nous attendent. Pour se restaurer ce soir Niko nous a déniché une cantine spécialiste de la viande de baleine, renne, flétan, bœuf musqué, phoque…

A pluche !

Ange-paul et Alex en pleine aventure.

Ange-paul et Alex en pleine aventure.

Mon binome Thierry.

Mon binôme Thierry.

Chiens avec une majuscule, rien à voir avec les cleps à sa "mémére"!

Chiens avec une majuscule, rien à voir avec les cleps à sa "mémére"!

Un vrai régal de les voir travailler.

Un vrai régal de les voir travailler.

Niko ferme la marche.

Niko ferme la marche.

La pause casse-croute pour nous réchauffer et reposer nos chiens.

La pause casse-croute pour nous réchauffer et reposer nos chiens.

Au milieu des icebergs

2 mai 2014

Comment ne pas être tenté de naviguer au milieu des icebergs, l’équipe au complet a pris place à bord d’un bateau de pêche au nom surprenant: Frank! Le hasard n’existe pas, ce ne sont que des connexions diraient certains. Le froid nous accompagne mais la grâce est telle que pour rien au monde personne ne laisserait sa place. Une belle série de photos rien que pour vous. Demain une belle balade avec les chiens de traineau nous attend… A pluche.

Surprenant non?

Surprenant non?

Comptez au moins entre 7 et 9 fois sa hauteur immergée! Celui-ci doit reposer sur un fond de 500mts minimum!

Comptez au moins entre 7 et 9 fois sa hauteur immergée! Celui-ci doit reposer sur un fond de 500mts minimum!

Ange affronte la bise polaire en haut du roof.

Ange affronte la bise polaire en haut du roof.

Un tombeau où réside notre patrimoine sur des milliers d'années.

Un tombeau où réside notre patrimoine sur des milliers d'années.

Kéops version congélateur!

Khéops version congélateur!

Sculpture improbable.

Sculpture improbable.

Encore un autre type de glace...

Encore un autre type de glace...

Parole de mascotte que des glaces à l'eau, tu parles d'un pays toua!

Parole de mascotte que des glaces à l'eau, tu parles d'un pays toua!

Niko à la photo.

Niko à la photo.

Le dauphin des glaces.

27 avril 2014

Ici les nuits ne sont qu’excuses au soleil pour se cacher derrière un iceberg afin de mieux surprendre le rêveur d’un monde meilleur, je vous le promets au pays d’apoutiaq il paraît plus que parfait. La matinée sera consacrée à remplir la cambuse car notre point de ravitaillement sera fermé pour le week-end. Les jeunes du village nous ont adopté, dans l’axe de la salle de sport nous sommes interpellés, comment refuser leur appel ! Les enfants sont d’une éducation déconcertante, ils savent jouer avec beaucoup de respect, Pascal a encore droit à sa salve d’autographe, alors que les plus audacieux explique aux nouveaux mon p’tit truc « différent ». La barrière de la langue est balayée par les sourires et les regards complices, ma prothèse intrigue, ils veulent comprendre le fonctionnement de ce bout de vie perdu. Ni une ni deux, les tabous sont mis au congélateur, je vous prie de croire qu’ici il est grand, et je dénude « Magui- bol » ! Ils veulent tous la soupeser, la sentir, les plus petits y plongent les jambes… Les rires inondent la salle, soudain, ma mémoire se décongèle et je déniche au fond du sac une pile de carte postale de l’association, tous en veulent… La journée pourrait s’arrêter là mais le grand beau temps qui inonde la bande des éclopés nous tente pour une nouvelle immersion. L’équipe de tournage de CCTV ne nous lâche plus, ils ont annulé leur vol retour pour rester avec nous, Yu Jiang la directrice de projet est très attachante et sait nous convaincre. Un drone va faire parti des images de l’après-midi, le vent a certainement rejoint d’autre latitude, il nous a confié son copain le soleil pas trop habitué à la vie polaire. La préparation du matériel semble plus simple, mais la concentration doit être à son plus haut niveau, Thierry va tenter « l’impossible » !!! Le protocole est toujours le même, avec Niko, nous nous immergeons en premier pour pousser les « glaçons » puis une fois à bonne distance de sécurité, le Dolfinu s’élance avec aujourd’hui un petit détail : « il sera habillé que d’un maillot » !!! Pour ce défi hors norme ce n’est pas de l’improvisation, depuis plus de 6 mois, tous les jours il s’est entrainé à nager en simple appareil dans des rivières hivernales corses. La tension monte d’un cran, hier au briefing de la séance de nage j’ai réexpliqué en détail les risques encourus, tout le monde va avoir sa tache en cas de « soucis », Pascal, Ange, Alex, Patricia et même notre chanteur Francis seront là pour le plan B. Accroché à un iceberg je  donne le départ, Thierry glisse dans les entrailles d’un océan à une température vertigineuse :-1,6°. Ma crainte est double, le premier est la blessure par un bout de glace tranchant, hier ma combinaison de 7 mm a été lacéré en une fraction de seconde, la seconde est la syncope brutale qui entrainerait un coulé à pic funeste. Avec Niko nous sommes sur le qui vive, rien ne doit être laissé au hasard. Thierry ondule, vibre il devient élément, les Dieux des glaces et des blizzards semblent vouloir le protéger. La distance entre chaque point de sécu est de moins de 70mts et à chaque fois qu’il vient à ma rencontre nous échangeons quelques regards pour vérifier sa lucidité, il semble parfait mais au bout de 18’, il prend la décision de sortir. Je suis bluffé d’une telle aisance, Thierry est entre les mains des copains, je dois m’en remettre à quelques elfes arctiques. Un bel immeuble de glace me tente, le long de sa peau marbrée je glisse dans les entrailles de la mer la plus dur au monde. Le sol est meurtri, il comporte les stigmates des géants de glaces qui trainent leur mort programmé. Une alcôve semble m’accueillir, tout est bleu vert, je stoppe ma respiration pour entendre les râles d’un iceberg agonisant. La journée repasse en boucle, merci mon Dieu de nous avoir offert toute ses souffrances encore aujourd’hui j’en ai compris les enseignements.

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Quand le corps devient l'océan...

Alex a rencontré des jeunes filles charmantes...

Alex a rencontré des jeunes filles charmantes...

Les gamins découvrent "magui bol"!

Les gamins découvrent "magui bol"!

Aucun tabou, tout est excuse pour découvrir l'inconnu.

Aucun tabou, tout est excuse pour découvrir l'inconnu.

Un grand merci à Solognac qui a habillé tout le team Défi Polaire.

Un grand merci à Solognac qui a habillé tout le team Défi Polaire.

Toujours aussi fascinant.

Toujours aussi fascinant.

Quand le corps devient océan...

Quand le corps devient océan...

Le froid est une sensation gerer par une multitude d'images de référence!

Le froid est une sensation gerer par une multitude d'images de référence!

Ange, Pascal et Francis aux petits soins à la sortie de Thierry.

Ange, Pascal et Francis aux petits soins à la sortie de Thierry.

Dernier consigne avant la plongée.

Derniere consigne avant la plongée.

Le premier bain!

26 avril 2014

Vous connaissez cet adage, un souvenir ne s’achète pas il se vit, aujourd’hui les pages ont été écrites à l’encre de la renaissance sur une feuille blanche de partage.                                                                                                                                                     il 6h30, il neige fort sur le port d’Ilullisat, en même temps d’un petit déjeuner copieux une ambiance transforme la belle équipe, avec Niko nous planchons sur la longue et belle journée qui s’annonce. Francis à son habitude rejoint la maison du bonheur, il sent une légère tension,  aujourd’hui ce sera le grand bain. Pascal prend son café, il trépigne, la région l’a envouté, il lui faudrait plus d’une vie pour assouvir son rêve de gosse ! Mais ces grands yeux clairs sont portés sur le duo des jeunes que l’existence n’a pas épargné. Un sourire, un espoir pour la vie, n’est pas que le nom de son association, c’est aussi le fond d’écran de cette expédition engagée. Niko, ajuste son boitier pour filmer et photographier notre nageur des glaces. Mais la précipitation n’a pas sa place au pays d’apoutiaq, la moindre erreur pourrait être fatale. Vers 10h le matériel est enfin prêt, nous nous baignerons cet après-midi. Une petite balade est prévue jusqu’au sommet de la ville qui domine le golfe de Disko. Là-bas au large se déversent les plus gros icebergs de l’hémisphère Nord, la vue nous pénètre ce n’est plus une page virtuelle, le froid vif nous explique l’histoire de ces mastodontes millénaires. Notre balade nous fait passer devant la sortie d’une école, ici les gamins n’ont pas trop la chance de croiser des « autres », en plus, ceux-là ont un « truc » de plus ou de moins. Mon frère de glace parle couramment le groenlandais et il explique qui est qui. Les enfants sont déchainés, nos différences les amusent, ici le vice n’a pas encore touché la jeunesse. Ils comprennent d’un coup le parcours de Pascal qui s’improvise gardien polaire, le ballon ne peut rebondir sur la glace mais l’ambiance est olympienne, les rires envahissent le stade. Ange signe des autographes, Alex devient la star, ici ils n’ont jamais vu de black ! Niko leur donne rendez-vous à 15h, ils seront à l’heure. Des broches à glace sont improvisées, corde de rappel, le protocole prend place, tout doit être prévu. Le plan A sera le binôme du plan B voir C ! L’équipe de TF1 est rejoint par une caméra chinoise qui veut tout savoir de nous tous, la pression monte d’un cran. Pascal joue le rôle d’habilleur, Fred le caméraman pour un bref instant l’assiste, tout doit être étanche la température de la mer est de -1°. Je ne vous cache pas que l’émotion essaie de prendre place dans ma combi mais le vide chasse cet intrus, Niko me rejoint nous partons en repérage. Après 40 ans de plongée je caresse mon premier iceberg, j’ai les yeux qui sont humides. Là haut le cancer a failli les envoyer aux pays des anges, Thierry et moi revenons de loin, la vie est plus fort que tout. Au bout d’une demi heure nous refaisons surface  U Dolfinu enfin s’immerge, je joue le rôle de chasse glaçons puis la mer est libre de glace, que vivent ces rêves et ceux des enfants de l’association Un espoir un sourire pour la vie.

Tout les enfants du village sont venus nous prêter main forte.

Tout les enfants du village sont venus nous prêter main forte.

Ok tout va bien!

Ok tout va bien!

Le fond pullule de vie, ici une sorte de grondin.

Le fond pullule de vie, ici une sorte de grondin.

Je dois ouvrir un passage pour Thierry.

Je dois ouvrir un passage pour Thierry.

Pascal ose le bain.

Pascal ose le bain.

No comment!

No comment!

No comment bis!!!

No comment bis!!!

Tikipungut*

25 avril 2014

Nous arrivons*

La bande vient d’arriver, mais quelle journée donc d’avance je vous présente mes excuses pour la brièveté de ce billet. Plus que des mots des photos. Chers amis je compte sur vous pour couvrir notre nageur d’encouragement. Une pensée pour Alain Bernard qui pour des raisons personnelles n’a pas pu venir avec nous, nous sommes de tout cœur avec lui.

L'équipe est déjà sur le pied de guerre!

L'équipe est déjà sur le pied de guerre!

Ange Paul teste la température de la mer; -1°

Ange Paul teste la température de la mer; -1°

Pascal sous le charme des chiens groenlandais.

Pascal sous le charme des chiens groenlandais.

Thierry face à son Défi.

Thierry face à son Défi.

Kusanaq

23 avril 2014
Au bout du monde...

Au bout du monde...

Kusanaq* C’est très beau*

Ilulissat : latitude 69°13’N   51°06’O  température -11° ; 300 km au nord du cercle polaire.                                  Le bimoteur Dash stoppe ses machines, je foule enfin le sol gelé du pays d’Apoutiak. Il est là en face de moi, une étreinte fraternelle nous unis enfin. On a des choses à se dire mais les mots manquent, on a toute la vie pour se les dire. Nicolas est doublement ému, mon arrivée est une sorte de  relais avec ses proches qui lui ont rendu visite et qui rentrent au pays des gens qui parlent fort. Le nomade ne doit pas se retourner, la trace, c’est devant qu’elle doit être faîte. Nous rejoignons notre camp de base qui est un groupement de containers savamment agencés en confortables chambres. Ce lieu est à disposition des travailleurs du cru ; pilotes d’avion côtoient, le reporter en transit, mécano partage la cuisine commune du guide polaire. Des pièces qui s’animent aux grés des récits quotidiens forts en adrénaline. Heureux comme un ours polaire reput en « barbaque » de phoque, j’écoute, j’apprécie mais surtout je ne dis rien, ici je suis touriste et quand on a ce statut la moindre des choses c’est pratiquer le silence. Niko me fait visiter le patelin, 5000 âmes y vivent à l’année, une vraie mégapole pour le Groenland qui ne compte que 56 000 habitants. L’économie locale est basée sur la pêche aux flétans et à la crevette, le tourisme pointe le bout de son nez et déjà quatre hôtels de haut standing y ont ouvert leur porte. Pourvu que les locaux puissent gérer ce gain si vicieux. Mais nous ne sommes pas là pour faire les touristes, il y a un défi à organiser, j’en connais là-bas au sud qui trépignent d’impatience. La mer est libre de glace, à pied nous nous rendons au lieu prévu pour le premier bain, les derniers jours ont apporté beaucoup de neige et l’accès à la « plage » qui n’est qu’une dalle de grés est blanche et glissante à souhait. Nous échangeons sur les points sécu qui seront la clé de la réussite de l’aventure, ici l’improvisation n’aura pas sa place, discipline, rigueur, et anticipation seront les mots clés de cette belle page qui va s’écrire. Mais l’aventurier à l’estomac au fond de la prothèse alors avec mon « frangin » nous dévalisons la superette pour nous préparer un plat de pâte à la crevette en guise de diner de gala. Les assiettes fumantes nous titillent les papilles, le calme dans la cuisine est scandinave, mais un invité surprise nous rend visite.

Salut les gars, je peux m’assoir avec vous ? Je m’appelle Francis.

-Tu veux un plat de pâte ?… -Non merci j’ai déjà mangé…

– T’as amené ta guitare au Groenland !!!

– Ouais je suis chanteur !!!

Improbable, incroyable surnaturelle Francis Lalanne … Un concert privé  rien que pour nous avec des confidences fraternelles, vous avez dit privilégié !!!

Un cabochard pris par les glaces

Un cabochard pris par les glaces

Si la vie de pêcheur est dure ici c'est un combat incessant...

Si la vie de pêcheur est dure ici c'est un combat incessant...

Le flétan qui sera transformé est envoyé vers le Danemark.

Le flétan qui sera transformé est envoyé vers le Danemark.

Une rencontre improbable...

Une rencontre improbable...

Entre vous et moi...

Entre vous et moi...

Tikilluarit

21 avril 2014
Survol de la mer encore gelée...

Survol de la mer encore gelée...

Tikilluarit*

(Bienvenue*)

Si les voyages forment la jeunesse, ils inspirent le poète, ils happent le rêveur, ils envoutent l’aventurier à cloche pied. Le vol pour Kangerlussuaq est en retard, peu importe le nomade est partout chez lui, alors ici où ailleurs ces détails ne l’effleurent même pas. Mes voisins attendent, je crois que je fais parti du lot, leur langue ? Le kalaallisut ; un parlé inédit. Adieux « latinerie », langue orientale, les mots claquent au fond du palais, les phrases sont toute englobées, impossible de comprendre le moindre sens. Imaginer, il ne me reste plus que ça pour être là, je ne serais jamais l’un d’eux ; c’est tellement difficile d’être soi-même. L’île d’Apoutiaq est en face mais comme le dit le proverbe groenlandais : seuls la glace et le temps sont maîtres. Depuis des milliers d’années ils ont vécu en totale autonomie, la météo ils en ont fait un jeu de patience, l’homme ici a gardé sa part animale, les prévisions ne sont qu’une invention de blanc qui veulent toujours tout gérer, ici seul le présent compte, c’est très certainement pour cela que je suis à mon aise. Là-bas c’est le pays du silence, les conversations ont un ton apaisant, la langue n’est pas violente, un air de toundra semble envahir mes oreilles. Je pense à mes aïeux, j’imagine les leurs, un abysse nous sépare. Mon chez moi, la méditerranée, source de guerre depuis la nuit des temps, ici Kalaallit Nunaat, l’un des rares pays qui n’a pas d’armée. Si le combat est une essence essentielle pour l’homme, à mes yeux il se trompe trop souvent d’adversaire, le seul ennemi à jouter est sa part obscure. La bagarre ici n’existe pas, nanouk veille aux querelles, le blizzard cadre le rebelle, le froid coupant tord le combattant des ombres. Mon frère de glace est de l’autre bout de la mer, il me tarde de l’étreindre, nous avons quelques jours pour nous retrouver, pour faire ses silences qui mènent aux rires mystérieux. De grâce faites qu’une carte ne nous tombe pas sous les yeux, la pointe d’un crayon dérobé dans une chambre d’hôtel d’aéroport nous mènera sur quelques fjords oubliés, sur des baies archéologiques abandonnées. Peut-être nous y découvrirons une nouvelle route pas encore empruntée, et si nous retrouvions par hasard les vestiges de la flottille de Leif, fils d’Erik le Rouge, découvreur de la terre promise. Voilà chers amis, le carnet de voyage reprend du sens, l’essentiel va devenir compagnon de route, dans quelques jours l’équipe du Défi Polaire va poser le pied ici, sur la plus grande île du monde, en attendant sans le moindre bruit je vais de nouveau ouvrir la porte d’un rêve de gosse.

Inuulluarit*

(Aurevoir)*