Enfin arrivés à Ilulissat

17 avril 2017

 

Je me demande si les Dieux n’étaient pas avec nous, nous ont-ils quittés un jour d’ailleurs ! Le voyage fût parfait, pas de retard, des sourires en boucle et une arrivée au pays d’Apoustiaq comme dans un rêve. Pour notre plus grande joie, Julien nous attendais, direction la maison bleue vue sur la baie de Disko. Nous nous installons pour une seule nuit demain, l’expédition va se lancer. Ilulissat encore saupoudrée d’une averse de neige, est endormi par un lundi pascal très suivi. La première bataille de boules neige nous engourdi les mains, la fatigue, bien que présente n’arrive pas à nous accaparer.  La vie est un présent mais ça vous le savez déjà. Comme dîner d’accueil ce soir nous serons dans la jolie famille de Julien pour un ragoût de rennes. Les jeunes, la mascotte et moi-même nous vous disons à demain.

Les aventuriers, le guide et ses amis…

22 mars 2017

Elisa Gastou, elle est venue à la semaine de plongée alors qu’elle n’avait pas encore 3 ans. Puis à 13 ans elle est retournée toute seule au stage en Corse aux îles Lavezzi pour se retrouver face à d’autres jeunes de son âge dans la même situation. Elle pratique l’équitation et elle est devenue championne de son département (Lot et Garonne)  dans sa catégorie, sans passer par le handisport. Été 2015 elle a participé avec Remi au stage de survie sur la côte ouest du Groenland. Une vraie guerrière…

 Maxence Pitraye-Casanova Dés sa naissance elle est atteinte d’un pneumocoque multi résistant, sa vie est en jeu et elle devra lutter, mais son destin n’est pas figé sur cette épreuve. Elle est née pendant un tour du monde à la voile avec ses parents, elle découvrira la Corse, sa terre maternelle qu’à 4 ans, depuis « son » univers n’est qu’un horizon de terres inconnues, ce voyage au Groenland serait une sorte de revanche sur la vie. Elle a participé au stage de survie Bout de vie et elle s’est avérée être une des candidates idéales pour cette aventure.

 Ange-Paul Puggioni-Straboni Son père décède d’une tumeur foudroyante,  quelques mois plus tard cela déclenchera un cancer chez Ange-Paul . Son combat fut récompensé par une rémission totale. A l’âge de 18 ans il a participé au stage de plongée sous marine en Corse offert chaque année par Bout de vie au côté d’Elisa, puis il eu le courage, à mes côté, d’effectuer une plongée en mer de Baffin côte Ouest du Groenland. Sa gentillesse et son courage sont garant d’une fabuleuse entre aide avec le groupe. Il a BAC +2 en langue Corse.

 Rémi Rapin Il est né avec une jambe qui n’a pas grandi il est porteur d’une orthèse, mais sa volonté l’a amené à découvrir de nouvelles limites. A l’âge de 12 ans il est entré dans l’association Bout de vie et très régulièrement elle l’a amené dans des aventures polaires. Canoë sur le fleuve Yukon au Canada, survie sur une île déserte de la côte ouest du Groenland, croisière en mer australe en passant par les îles Malouines, la Géorgie du Sud et la péninsule Antarctique…

 

Julien Caquineau  est Français d’origine mais depuis plus de 15 ans il s’est installé au Groenland où il a fondé sa famille. Il parle couramment la langue Inuit et a su se faire intégrer de manière naturelle, sa terre d’accueil lui a permis de devenir musher professionnel. Lui et ses amis guideront les jeunes aventuriers en toute sécurité. Pour en savoir plus sur son parcours un article de Stéphane Dugast: Cliquez ici

Kim Hansen

Steen Gabrielsen

Karl Elias Guldager

Frederik Mathiasen

Audrey Piette

 40 ans, amputée fémorale depuis 6 ans après des années de maladie. J’ai redécouvert mes possibilités et ma vie lors du stage de plongée de 2011 puis lors du stage de Vie sauvage en 2014. Un déclic pour reprendre mon activité professionnelle de psychomotricienne et intervenante en médiation animale. Pendant l’expédition, je ferai le lien entre Frank et tous ceux qui suivent son aventure en mettant en ligne chaque soir le journal de bord.

Expédition Avannaanut Groenland 2017

11 novembre 2016
Elisa, Maxence, Ange-Paul et Rémi seront les protagonistes de l’expédition Avannaanut

Elisa, Maxence, Ange-Paul et Rémi seront les protagonistes de l’expédition Avannaanut

Il y a ceux qui croient en la religion, il y a ceux qui croient au pouvoir, il y a ceux qui croient au CAC 40, mais des irréductibles, eux, ne croient en rien, mais réalisent leurs rêves les plus fous. Dans cette belle bande, un certain unijambiste baroudeur, un poil cabochard. Depuis très longtemps je suis mes rêves, à vous de voir s’il faut utiliser le verbe être ou suivre, à moins que ce soit un peu des deux ! Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria et prix Nobel de la paix a écrit cette maxime : si tes rêves ne t’effraient pas, c’est qu’ils ne sont pas assez grands. Je l’ai mis en application depuis belle lurette. En 2012, déjà 4 ans, je réalisais un pari fou, rejoindre l’océan arctique à « ma » belle Corse que par des moyens naturels (vélo, kayak), 116 jours de solitude en mode commando pacifiste. Le retour fût douloureux, un virement de vie avec des changements privés assez intenses. Alors j’ai décidé de pratiquer un voyage immobile, une vie monacale pour comprendre le dessin de certaines ombres qui m’ont longtemps suivi, une forêt secrète, mes angoisses et du temps pour penser. Un livre en est né « Carnet de voyage d’un homme libre ». L’appel de l’aventure, n’a pas bougé d’un cran mais des priorités m’avaient envahi, enseveli. Alors j’ai posé mon sac à terre pour construire mon nouveau refuge loin du Cabochard qui avait perdu sa paix et sa sérénité. Un ponton, un port, sont accessibles à tous et ma liberté en souffrait, alors plutôt que d’être glacial et un peu soupe au lait, je me suis trouvé un pied-à-terre introuvable. Doucement j’ai retrouvé des repaires, tranquillement la cabane m’a apporté ce dont j’ai besoin, ce qui m’est vital pour avancer, le silence, la solitude et surtout une rêverie infinie. Un potager a vu le jour, une joie me prend les tripes à chaque fois que je cueille l’un de ses « ressortissants ». Là-bas au large la mer, en un clin d’œil, j’y vois la houle, le courant, sous mes yeux des hectares de maquis sauvage, la machine à rêver, ressuscite ! J’avais programmé un beau voyage en kayak en 2015, mais tout c’est enchaîné pour que je jette l’éponge mais là, ça y est, tout est en place, le plomb s’est transformé en or. N’y voyez aucune spéculation ma pierre philosophale se nomme liberté. J’ai gravé sur mon avant bras gauche cette phrase Inuite : kiffaanngissuesq qui veut dire : je suis un homme libre, juste pour m’en rappeler quand je me fais enfouir sous des tonnes d’obligations. Avant j’étais solitaire avec des maux maintenant je suis solidaire suivi de mots, une doctrine que reprend très volontiers mon « p’tit » basque adoré.  Logiquement une double aventure voit le jour, un mélange de solidarité et de solitude. Le 15 avril, la sélection fût rude, 4 jeunes, comme j’aime appeler « hors-normes », vont m’accompagner aux côtés de Julien Caquineau et de ses amis chasseurs de phoques, sur les pas de Paul-Emile Victor. Un attelage de chiens groenlandais, un musher-chasseur en binôme avec un junior et de l’improvisation à n’en plus finir. Knud Rasmussen disait : donnez-moi des chiens et de la glace, je vous laisse tout le reste ! L’expédition Avannaanut (vers le nord) voit le jour. Mais je ne voulais pas en rester là, l’appel de la mer est terrible, surtout quand elle encore isolée comme l’est l’océan Arctique. Alors tout est calé, en place, le 15 juin je m’élancerai sur plus de 1000km tout seul avec « Immaqa » (peut-être) en mer de Baffin jusqu’aux portes de la baie de Melville. Dume, mon Dume devait venir, mais la vie, la sienne, l’en empêche, alors plutôt que de supporter un « autre » ma solitude me tiendra compagnie. Karin, peut-être, m’accompagnera, elle aussi en kayak, sur les premiers 100km, puis l’isolement prendra  place à mes côtés. Je n’y vais pas pour y dénoncer le réchauffement climatique, ni pour décrypter le peuple Inuit, d’autres l’ont déjà fait. Je vais là-bas pour une balade poétique, pour un voyage de l’intérieur, loin du bruit, loin de l’Europe sous thérapie, loin de ceux qui se croient en enfer alors qu’ils sont au paradis. Il me reste quelques mois pour tout peaufiner, mais je suis déjà prêt. L’hiver, ici en Corse, me redonne l’énergie nécessaire pour la préparation d’un long et beau voyage… La vie est un présent alors je croque ce cadeau à chaque instant en laissant dans mon sillage tous ceux qui pourraient me blesser, me déstabiliser, me noircir. Excusez-moi, je dois allez voir au bout de l’horizon si l’on ne m’a pas menti, il paraît que la planête n’a pas de limite, qu’elle est ronde comme un tambour chamanique. Waouh, la Terre est encore mystérieuse…

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Bout de vie, saison 2016-2017

31 août 2016

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La saison 2016- 2017 est déjà là, en voici les lignes principales.

19 au 25 septembre dix jeunes amputés sont invités en Corse à passer une semaine en mer pour être initié à la plongée sous-marine.

Du 6 au 8 octobre, les Ecrans de l’aventure de Dijon, pour fêter leurs 25 ans, ont sélectionné le film Frères de sport de Bixente Lizarazu. Puis hors compétition pour illustrer les 25 ans d’aventure le film de Jean-Charles Marsily « Giramondu » sera présenté avec 9 autres documentaires. Un sacré honneur pour le simple et « pôvre » Cabochard que je suis !

Du 10 au 15 octobre accompagné d’un peloton d’amputés cyclistes nous traverserons en vélo la Corse du sud, étape le matin rencontre des scolaires l’après-midi. Des cols et des Ecoles. Cette année Dominique Benassi 15 fois champion du monde de triathlon sera l’animateur avec comme support un film de son parcours qui se nomme : Ma vie sur une jambe. Opération financée par la Fondation d’entreprise Française des Jeux.

26 octobre conférence privé pour le rotary club de Menton qui va s’engager financièrement au côté de Bout de Vie, initiative qui me touche énormément son nouveau président Antoine Mari est un ami d’enfance.

Du 29 octobre au 1 novembre, stage de survie en Corse du Sud. 6 personnes valides et moins valides vont arpenter le maquis hors des sentiers battus pour une initiation à la vie sommaire dans la nature.

25 novembre le documentaire Frères de sport a été sélectionné par le Festival du film d’aventure de Lyon Quai du départ.

Fin novembre, à bord du Porte avions Charles De Gaulle je faire être nommé Chevalier de l’ordre national de la Légion d’Honneur.

Du 28 février au 2 mars, stage de survie en Corse du Sud. 6 personnes valides et moins valides vont arpenter le maquis hors des sentiers battus pour une initiation à la vie sommaire dans la nature.

Du 9 au 25 avril expédition Avannaanut (vers le Nord en groenlandais) 4 jeunes « différents » vont me suivre sur les pas de Paul Emile Victor. En chien de traineau avec des chasseurs locaux nous glisseront jusqu’au glacier de Eqi, là où l’équipe de PEV a observé l’un des plus grands glaciers de l’hémisphère Nord.

Du 15 juin au 15 septembre j’embarquerai avec mon vieux complice, le kayak Immaqa (peut-être en groenlandais) sur la côté ouest du Groenland, depuis Ilullisat pour aller le plus au nord possible pendant ce bref été, un voyage de l’intérieur, juste entre la nature et mes sens. Je laisse le soin aux « autres » aventuriers de dénoncer le réchauffement climatique où d’aller à la rencontre de l’autochtone, la poésie, la rêverie et une vie sans boiter seront mes seuls messages.

Puis pour ceux qui me connaissent un peu plus, si si ça existe ; attendez je compte : un, deux, et vous. Je vais ramener « mon » Cabochard sur la côte pour sa nouvelle vie. Ce n’est plus une page, un chapitre, mais un nouveau livre qui s’écrit.

N’oubliez pas que Bout de vie c’est vous alors continuons droit devant nous, un léger coup d’œil sur le passé, une tête en l’air pour l’avenir mais un immense sourire pour le présent qui doit être mangé sans laisser aucune miette.

Je vous embrasse bien fort, la mascotte se joint à mes côtés aussi…

Carnet de bord rédigé par les jeunes…

1 septembre 2015
Leur QG; le tipi!

Leur QG; le tipi!

Comme promis les jeunes ont rédigés leur journal de bord que voici. Ce qu’ils ont réalisé m’a beaucoup impressionné et ému. En quelques jours ils ont su devenir une équipe soudée et solidaire. Un bout de vie qui restera gravé dans nos âmes pour très longtemps.

Carnet de bord ÂTAA

Jour 1 – (Mardi 18)

C’est enfin le grand départ. La voie est dégagée, les icebergs se sont évadés. Un petit pêcheur d’Ilullissat nous offre une incroyable traversée. Le trajet est beau, magique et froid mais nous permet après 2 heures de secousse et de paysage à couper le souffle d’atteindre la belle île d’Âtaa. Tout s’organise.  Montage du Tipi. Découverte des lieux. La magie commence à opérer.

Jour 2 – (Mercredi 19)

C’est un grand Sentiment de liberté qui domine la journée, vide la tête et donne des ailes. Réveil tranquille, après notre première nuit sous le tipi. La douche (la rivière) est froide, très froide mais le froid nous met sur les railles d’une belle journée qui commence. S’en suit d’une belle petite promenade qui nous a permis de découvrir un peu plus notre immense terrain de jeux où nous resteront encore une dizaine de jour. Et bien sur on en profite pour faire un repérage de toutes les petites bêtes qui vont rapidement finir dans notre assiette. Les possibilités sont infinies. Quinze heures, retour au bercail, on reprend des forces et on s’occupe du dîner du soir. Petite pêche journalière dans la rivière, que l’on accompagnera des petits champignons locaux.

Jour 3 – (Jeudi 20)

Réveil à l’aube pour les hommes. Frank nous fait encore croire qu’il a péché des truites et qu’il les a relâché. Le déjeuner est péché dès 8 heures, les premières truites pêchées par les aventuriers. S’en suit un entraînement à la chasse, avant que le temps ne se gate. La toundra et le froid nous rattrapent et alors que la pluie fait son apparition, Frank nous apprend à faire un Four à base de Pierre et de glaise avec lequel on a ensuite fait du pain, puis le repas tout entier. Belle économie de gaz.

Jour 4 – (Vendredi 21)

Réveil sous un soleil magnifique. La vue au réveil est toujours aussi agréable. La petite routine commence à s’installer, l’eau chaude et les sacs sont prêts, c’est parti pour une longue randonnée jusqu’à la baie voisine. Après deux heures de marche, la rencontre avec un petit longue oreille, et quelques pauses pour goûter aux myrtilles, le déjeuner se fera sur la plage, personne à l’horizon, mais les 5 degrés d’été nous empêchent de nous mettre en maillot. On commence à apprivoiser l’île tranquillement. Le retour est calme. Les garçons en quête de protéines vont ramasser de belles moules polaires pour le repas du soir pendant que les filles récoltent les myrtilles pour faire un petit dessert. Cinq kilos de moules et quelques centaines de myrtilles plus tard, la nouvelle mission est de trouver du bois sec pour le feu et alimenter notre nouvelle gazinière. Puis s’en suit du moment le plus attendu, et mérité, le dîner. Grâce à notre nouveau four maison, au devant de cette magnifique baie d’iceberg, les moules polaires sont savourées.

Jour 5 – (Samedi 22)

Après une longue et belle journée de canoë dans la mer, et des petites escales sur des îlots proches du camp, une petite surprise nous attendait à la maison. Julien en famille, était la nous attendant, avec de la bonne baleine fraîche, que l’on a tous englouti sans en laisser une miette.

Jour 6 – (Dimanche 23)

Sunday chill. Un vrai dimanche, Frank nous fait la surprise de nous préparer un gros plat de pattes pour le déjeuner, fromage râpé et même une petite sauce tomate pour faire les choses bien. Et tout ça accompagné d’un bon hareng au curry acheté à Illulissat, que l’on apprécie tous ! L’après midi, un peu de rangement dans le Tipi pour les filles pendant que les hommes ramassent quelques baies pour le dessert du soir.

La journée est reposante, beau temps donc grosse toilette pour tout le monde. Puis préparation d’une petite soupe de baleine avec les restes de la veille pour le dîner, un délice.

Jour 7 – (Lundi 24)

Très belle journée, la plus belle jusqu’à présent, le réveil est agréable mais de plus en plus froid, l’automne arrive. On prépare les sacs et on part pour une belle randonnée, qui s’avérera être la plus longue du séjour. On commence à grimper, la vue est sublime, on est sur la plus grande montagne du coin.  Après 3/4 heures on arrive au sommet de la montagne, que l’on renomma « Mont Elisa » en l’honneur de la petite cadette chérie du clan.

Ici les journées sont longues et intenses, après avoir englouti quelques nouilles chinoises, c’est l’heure de redescendre pour de pas trop fatiguer les jambes et les esprits. Interlude myrtilles en bas de la montagne avant de retrouver le camp vers 17 heures.

Jour 8 – (Mardi 25)

Repos. Gravir et renommer une montagne, ça fatigue les esprits. Réveil tranquille, avant l’atelier « inukchtuk » guerrier de pierre en inuit. Kulushnuk selon Rémi.

La journée se termine par une bonne petite soirée devant le feu, pour réchauffer les corps et les esprits et une bonne nuit de sommeil pour attaquer le lac demain.

Jour 9 – (Mercredi 26)

Les nuits se rafraîchissent de plus en plus, l’automne arrive et les températures négatives sont déjà la. Aujourd’hui, le départ est programmé à 9heures pour traverser le lac en canoë, 10 km de long. Déjeuner de l’autre côté et visite des lieux, et bien sûr nouilles chinoises habituels. Puis 10 km de plus pour rentrer, belle balade, encore des paysages sublimes, et encore une belle expérience. Le vent se lève sur la fin, mais sans soucis on arrive au bout. Le feu du soir est de plus en plus important pour nous réchauffer avant de s’endormir dans le froid sous le tipi et alors que les corps se réchauffent en dégustant un bon petit poisson pêché dans la rivière, les baleines passent nous faire un coucou dans le fjord à 100 mètres de nous. Magique.

Jour 10 – (Jeudi 27)

Petite randonnée. Belle mais triste car la dernière. On dit au revoir aux beaux paysages de ce petit coin de nature paradisiaque où l’on est seuls 60km à la ronde depuis 10 jours déjà. Petite et tranquille car les filles ont déjà fait énormément d’effort sur les deux dernières jours avec la découverte du Mont Elisa et la traversée du lac Juliette. Dernière car demain c’est le dernier jour sur place. Immaqa. Et le dernier jour est significatif de récolte des petits et beaux souvenirs l’on va ramener sur le continent.

Jour 11 – (Vendredi 28)

Ça sent la fin. Le départ est proche. Le temps est triste, nous aussi. On essaye de profiter de cette dernière journée complète sur l’île. On ramasse quelques souvenir et on profite une dernière fois des beaux paysages, sous la pluie. Ramassage de thés du Labrador, de quelques Niviarsiaq et de quelques beaux cailloux. Puis démontage du Tipi pour passer la dernière nuit dans la maison communale du village.. Village de 3 habitants….. Où quelques familles viennent parfois passer des week-ends en été.

Jour 12 – (Samedi 29)

Grand départ d’Ataa. Tout est plié à 9 heures.

Surprise Julien arrive avec Elimut pour nous récupérer. Après 12 jours d’autonomie complète, 22 truites, 7804 myrtilles, 58 champignons, une baleine, un phoque, 2 morues, 923 moules, des algues, des crevettes, des bons thés du Labrador et surtout 60 nouilles chinoises, c’est la fin de ce beau voyage.

Le retour est agréable, au vent sur le petit bateau d’Eli, la dernière balade est belle au milieu des icebergs.

Ataa l’île mystérieuse…

30 août 2015
Dans un champs de Niviarsiaq

Dans un champs de Niviarsiaq

Ataa cote ouest du Groenland 69°nord 50°ouest 29 aout 2015, brouillard épais, température 8°.

Nous voilà au terme d’une aventure fabuleuse : vivre en autonomie sur une île perdue polaire .Rien n’était prévu, rien n’était fait pour eux pourtant ils l’ont fait. Vivre dans des conditions si précaires développe le sens animal, l’esprit de débrouillardise. Le mot essentiel retrouve sa vraie valeur, l’invisible de la vie quotidienne en milieu urbain se farde d’un visage alors inconnu. Là-bas au camp d’Ataa, tout c’est métamorphosé. En préparation de l’aventure jamais une seule fois les jeunes n’auraient pu imaginer ce qu’ils ont vécu. Les randonnées sans jamais être une seule fois sur un sentier, les ont transformés en explorateurs. L’ascension des hauteurs d’Ataa fût une rude épreuve mais jamais une seule fois personne ne s’est plaint. Un couloir vertigineux de 500mts de dénivelé au milieu d’une ancienne moraine était leur défi, puis là-haut sur un plateau des montagnes sans nom ; depuis l’une d’elle a été baptisée Mont Elisa en hommage à la cadette, qui du haut de ses 14 ans avec un bout en moins, a sur serrer les dents et poser un pied au sommet. Les sortie canoës au milieu des icebergs qui chavirent sans prévenir fût aussi un beau challenge. La rigueur était leur compagne de mer, un vieux loup solitaire était là pour veiller à leur sécurité et gare à celui qui gagnait en confiance en fanfaronnant, un souffle polaire les remettait sur le droit chemin. Des centaines d’images resteront gravées dans leur disque dur, pour ma part j’aimerais vous en faire partager quelques unes : Comment oublier leur détermination à la construction d’un four de survie pour cuire les galettes de pain. Comment ne pas être ému devant leur joie quand leur gamelle fut rase pleine d’une soupe à la baleine et aux camarines qui a cuit pendant des heures. Comment oublier leur visage noirci par le charbon du feu qui réchauffait leur petit corps d’un été arctique en voie « d’automnisation ». Quel bonheur de les voir regrouper auprès du feu alors que des baleines à bosse nous gratifiaient d’un ballet romantique. La cuisson des truites péchées par les garçons recevaient toute l’attention des filles qui confectionnaient un dessert géniale et revigorant à base de myrtilles et d’avoine. Oui je vous le certifie cette vie de nomade polaire fut une vraie merveille mais plutôt que d’y apposer mes mots je vous confie leur journal de bord qu’ils ont écrit à quatre mains, il sera en ligne demain dans mon prochain billet.

Un souvenir ne s’achète pas, il se vit.

La moustiquaire est indispensable.

La moustiquaire est indispensable.

Initiation du tir à la carabine.

Initiation du tir à la carabine.

Quand le silence nous raconte les mystères polaires.

Quand le silence nous raconte les mystères polaires.

Des sorties canoës très impressionnantes

Des sorties canoës très impressionnantes

Au sommet du Mont Elisa

Au sommet du Mont Elisa

Féerique non!

Féerique non!

Au fond le glacier d'Eqi.

Au fond le glacier d'Eqi.

Un nid de guibole!

Un nid de guibole!

La mascotte a su trouver refuge.

La mascotte a su trouver refuge.

Le départ, Immaqa!

17 août 2015
Un spectacle polaire...

Un spectacle polaire...

Les victuailles sont  bien rangées dans nos sacs étanches, le rendez-vous est fixé dans quelques minutes, Elimut nous accompagnera jusqu’à Ataa. Les « glaçons » son agglutinés dans notre destination, il devra zigzaguer pour se frayer un passage, mais sa grande expérience nous rassure. J’ai prévenu les jeunes si un phoque aurait l’insouciance de montrer ses moustaches notre capitaine aura de quoi le transformer en ragout fumant ! Le temps s’est subitement dégradé et le crachin à 4° a chassé le soleil qui rendait le lieu un peu trop sudiste à mon gout ! Dans notre matos de quoi pécher en mer et en rivière, plus une carabine pour améliorer le traditionnel plat de nouilles chinoises.  Perdrix, oie et lapin pullulent en cette période et j’ai laissé le choix aux jeunes s’ils se sentaient capable d’en exécuter un ou deux. A l’unanimité ils ont répondu oui ! Pas question que je me mêle de leur tâche, mettre une balle entre les deux yeux d’un sympathique volatile est assez simple mais le transformer en magret fumant dans l’assiette est une autre paire de manche, alors ils vont devoir se débrouiller. Hier après la stricte vérification de packtage nous avons effectué une longue randonnée, pour tester un peu les capacités de chacun. L’équipe est vraiment formidable, chacun est très attentifs à l’autre et à ma grande surprise les 4h de randonnées ont semblée n’être qu’une simple formalité. Ici le soir pas de net, ni de télé alors les langues se délient, les esprits se lâchent, les veillés ont ce pouvoir d’aller au plus profond des âmes.  L’aventure est hors-norme, ils savent que quelques choses de magique est en train de leur arriver. Avant d’embarquer je vous suggère quelques clichés qui en disent long sur l’opération Niviarsiaq. On vous donne rendez-vous dans deux semaines. Quand vous serez au soleil bien au chaud, pensez que là-haut dans le grand Nord quatre jeunes seront unis pour n’être qu’un face à l’adversité, que le mot solidarité sera écrit en lettre d’or et que le sens fraternité retrouvera toute sa noblesse. De ma petite tente, j’observerai avec beaucoup de tendresse leur tipi où la magie de la vie va opérer, où la souffrance passée trouvera enfin un sens. Cette petite île qui va les accueillir sait déjà que les esprits qui l’habitent seront vigilants et bienveillants avec le team Niviarsiaq.

Tomber ce n’est pas un échec, tomber c’est devenir quelqu’un d’autre.

C'est ça le bonheur, non!

C'est ça le bonheur, non!

De cairn en cairn nous suivons une piste

De cairn en cairn nous suivons une piste

Là; on est bien.

Là; on est bien.

Un Cabochard local!!!

Un Cabochard local!!!

Ils manquent le bruit des icebergs qui cassent, très impressionnants!

Ils manquent le bruit des icebergs qui cassent, très impressionnants!

Dans un parterre de Niviarsiaq...

Dans un parterre de Niviarsiaq...

Bien arrivé à Ilulissat

16 août 2015
Comme dans un rêve...

Comme dans un rêve...

Fatigué mais heureux nous venons de poser pied à Ilulissat, un grand ciel bleu nous accueil, 11° degré au soleil ; enfin nous y sommes presque. Un taxi nous conduit au local qui va nous servir de camp de préparation pendant deux jours, on à 48h pour ne rien oublier et tout organiser. Bien-sûr le patron est parti à la chasse et je n’ai aucune consigne ! Je fouille de droite et de gauche pour enfin trouver un accès, les clés étaient sur une porte cachée, ici improvisation est le maître mot. Les jeunes ont ½ heure, pas plus, pour être opérationnels, nous ne sommes pas en vacances. La ville est une plateforme de la côte Nord-Ouest du Groenland, 4300 personnes y vivent à l’année, presque 10% de la population totale du pays, à des prix faramineux on peut tout trouver ! En premier lieu il nous faut dénicher un bateau pour nous rendre à Ataa, je laisse les aventuriers prendre le soleil et m’aventure, sans parler la langue, à la recherche du graal. Le miracle existe, il s’appelle Julien, je lui avais envoyé un message de notre date d’arrivée et il ne l’a pas oublié. Il vit ici depuis 2008 et son épouse est de la région, il parle couramment le groenlandais. En mai 2014 je l’avais déjà rencontré et à distance il m’avait rassuré pour organiser ce voyage un peu atypique. Un ami à lui chasseur, serait prêt à nous déposer là-haut sur la grande île, nous fixons une heure de départ qui sera lundi matin à 10h, Immaqa (peut-être !) L’équipe doit se faire une liste précise de la nourriture à prendre, je ne suis pas là pour les materner, l’essence de l’aventure c’est savoir tout faire. Une robinsonnade ne s’organise pas la tête dans l’I phone, une fois déposé on ne pourra plus revenir en arrière. Pour couronner la longue journée après un diné à base de viande de baleine, que tout le monde à fortement apprécier, nous nous sommes rendu voir les chiens de notre ami. Deux femelles en moins d’une semaine ont donnée vie à deux portées…

Demain nous allons prendre la mer et pendant deux semaines la vie de nomade polaire va initier Juliette, Elisa, Tximista et Rémi. Là-haut sur l’île perdue ils vont apprendre à écouter le vent, à lire les nuages, à lutter contre le froid, à oublier les morsures des moustiques. Là-bas personne pour juger, la solitude est généreuse à celui qui sait lui faire confiance

La générosité ce n’est pas donner ce que l’on a, la générosité c’est donner ce que l’on est.

La linaigrette, fleur polaire mystérieuse.

La linaigrette, fleur polaire mystérieuse.

Elisa c'est faite adoptée par la meute

Elisa c'est faite adoptée par la meute

Une maman qui contrôle la situation!

Une maman qui contrôle la situation!

Julien, qui l'hiver chasse en traineau avec une meute de plus de 25 chiens

Julien, qui l'hiver chasse en traineau avec une meute de plus de 25 chiens

Expédition Niviarsiaq au Groenland

10 août 2015

Niviarsiaq est le nom groenlandais de l'épilobe à feuille large, emblème du pays de Nanoq.

Niviarsiaq est le nom groenlandais de l'épilobe à feuille large, emblème du pays de Nanoq.

Un coin du bout du monde pour marcher sans trop boiter!

Un coin du bout du monde pour marcher sans trop boiter!

Les sacs sont fin prêts, les billets d’avion précieusement imprimés ; que les rêves se réalisent enfin !

Là-bas dans le Grand Nord l’île de glace Kalaallit Nunaat, depuis des milliers d’années des Hommes y ont survécu. Les petits blancs du sud ont essayé de s’y implanter mais la plupart s’y sont cassé les dents, la vie à ces latitudes est une leçon d’humilité au quotidien, celui qui ne s’y adapte pas meurt en souffrant. En l’an 1000 quelques Vikings bannis de Scandinavie et d’Islande ont été contraints de s’y installer. Leur terre d’accueil était dans le sud de l’île, seul endroit ou l’herbe pousse dans un bref été, ils la surnommèrent la Terre verte : Greenland. Mais la rudesse des lieux réduira en poussière ces premiers colons.  Au XIV siècle des marins danois ne découvrirent que des tombes et champs de ruines, mais la colonisation devenait un enjeu économique et nation après nation chaque pays du sud voulait se partager la part de « glace » ! En parallèle, une petite fleur chaque été ressurgit du permafrost, pendant cette période éphémère elle embaume et embellit le paysage de Nanoq, son nom Niviarsiaq, L’épilobe à feuille large. Elle est l’emblème du Groenland, elle est le symbole de la résurrection. D’où le nom de cette aventure…

Été 2015 Expédition Niviarsiaq :

Ils s’appellent Élisa, Juliette, Rémi et Tximista et ont entre 13 et 23 ans, plutôt que de causer de leur différence, j’aimerai mettre en avant leur ressemblance majeure : L’envie de vivre plus que tout. Sur la côte Ouest du Groenland dans la baie de Disko se trouve la ville plateforme d’Ilullissat, une sorte de bourgade danoise sans trop d’intérêt. Ce sera le point de départ d’un séjour un peu hors-norme. De ce port de pêche nous embarquerons pour le nord de la baie, vers l’île déserte d’ Arveprins, à environ 4 à 5 heures de mer suivant l’état de la glace et de l’épaisseur du brouillard. Nous serons déposés au lieu-dit d’Ataa qui fût un petit port de pêche, abandonné en 1961. Une fois notre barda débarqué, le bateau reprendra la mer pour nous récupérer fin aout. Un tipi sera la demeure des jeunes, le vieux loup solitaire, qui sommeille en moi placera sa tente bien plus loin pour qu’ils aient la sensation d’être seul au monde. Pas de programme prévu, à part vivre et découvrir tous nos rêves de gosses un peu boiteux ! Sur place des kayaks nous permettront de pousser un peu plus loin l’exploration, une bonne carte papier et un GPS seront nos guides pour un beau morceau de vie partagé. Chacun aura la mission de veiller sur son binôme, chacun devra gérer son sac de victuailles et gare à celui qui ne respectera pas ses menus, la diète risque de faire une visite au camp du bout du monde. Loin des téléréalités truquées la vie sera simple mais austère, des images de références vont émerger de ce séjour. Déplier son sac de couchage sur un sol gelé en permanence est une épreuve intéressante. Les nuits à cette latitude sont des soirées ensoleillées, là encore le sommeil en prend un coup. Vider les entrailles des ombles et truites péchées peut vite engourdir les doigts pour le non initié, quant à la douche dans les torrents à 4°, elle restera un grand moment de fraîche rigolade. Le ciel bleu peut être au rendez-vous mais ce n’est pas un habitué du coin, les affaires seront souvent mouillées, les éternelles nouilles chinoises reprendront de la saveur quand elles réchaufferont les corps fatigués d’avoir trop baroudés. Vous voyez rien de bien extraordinaire juste un retour aux vraies valeurs de la vie. Chaque jour je noterai un journal de bord avec de beaux clichés mais pour la pureté du séjour rien ne sera expédié par satellite, nous n’aurons aucun contact avec l’extérieur. Dés notre retour je me ferai un grand plaisir de vous le partager sur ce blog. En attendant je compte sur vous pour leur laisser de beaux messages de soutien sur ce billet, j’en connais 4 qui ne vont pas beaucoup dormir jusqu’au 14 aout, ni d’ailleurs après sur la terre gelée !!! Vos témoignages seront précieux pour eux !                                                                                                                                             L’important est de ne jamais boiter dans sa tête.

PS: Un grand merci aux partenaires financiers (Rotaract 17-30 et Société Lagarrigue) qui ont sur être généreux pour que cette aventure voit le jour et à Julien Caquineau qui réside à Ilulissat et qui a su m’enlever quelques épines du pied; sans lui l’opération n’aurait pas pu voir le jour!

Ils ne se connaissent pas encore mais la rudesse du grand Nord va les unir...

Ils ne se connaissent pas encore mais la rudesse du grand Nord va les unir...

Niviarsiaq

2 juillet 2015
Au pays de nanoq le grand...

Au pays de nanoq le grand...

Fidèles de ce blog vous devez vous poser des questions sur le projet Niviarsiaq. J’avais annoncé à mon retour d’Illulissuaq en mai 2014 que je tenterai en kayak de mer une remontée en solitaire de la côte Ouest du Groenland. Mais contre toute attente, une avalanche d’événements imprévisibles, s’est déroulée dans ma vie personnelle, je n’aurai jamais cru que cela me puisse arriver un jour. Quand le destin vous indique une autre voie, la grande sagesse dit qu’il faut la suivre. L’élément clé fût quelques mots anodins d’un grand ami ancien reporter de guerre qui me dit droit dans les yeux : « Tu crois vraiment que tu veux en revenir de cette épopée polaire ? Qui te pousse à y aller, la gloire et la mort pour rentrer dans la légende ! » La réflexion qui fallait au bon moment, au bon endroit ! Bien-sur j’avais fait le mariole sans lui répondre, mais cette phrase me revenez en boucle. Ma vie privée venait de prendre un autre cap et cette réflexion devez m’amener à l’évidence : faut-il que j’y aille coute que coute ! Eh ben non !  La décision prise, je devenais encore plus un Free-man, je rentrais encore plus en phase avec mon « moi », je me métamorphosais en oiseau du large que personne ne peut mettre en cage. Le cœur léger je rangeais au placard ce grand périple au pays d’Apoutiaq, je classais dans « affaire sans suite » ce suicide involontaire et mon quotidien reprenait du sens. Le noyau de mes amis sincères retrouvait le sourire, ma compagne ne tremblait plus et mes nuits retrouvaient un calme boréale. Mais si cette tentative est annulée l’opération Bout de vie ne l’est pas pour autant. 4 jeunes âgés de 13 à 20 ans vont devoir me supporter du 14 aout au 1 septembre. Nous partirons au départ d’Illulissuaq vers le nord pour rejoindre le camp de pêche d’Ataa et pendant ces deux semaines nous tenterons de nous immerger à la vie estivale des Inuits. Pas de réseau chronophage, pas de connexion avec le virtuel, juste vivre l’instant présent. Nous vivrons sous un tipi et le quotidien sera teinté de rando à pied, kayak, de pêche et de rencontre. Avant de refermer ce billet je tiens à remercier de la part de l’équipe des jeunes « Niviarsiaq », le Rotaract 17-30 ainsi que les établissements Lagarrigue qui ce sont mobilisé pour financer en totalité le projet. Merci Auréline et Ludovic, sans vous cela aurait-été une autre paire de « prothèse » !

Voyager ce n’est pas changer de pays, voyager c’est changer de monde.