Takuss les 6!

5 août 2018

Reveil à 5h, le soleil et les moustiques sont déjà au rendez-vous, la belle équipe doit démonter le camp, le départ est fixé à 8h30. Les yeux vers le large, je vois, je sens le vent, le bateau est petit, je croise les doigts ! Au départ l’émotion est palpable, le village est endormi, seule Ingrid est au rendez-vous d’adieu. Cette jeune femme est touchée par le groupe, sa vie est sur un fil, malgré son cancer elle guide encore un groupe de kayakistes en baie de Disko. Nous lui envoyons toute notre énergie, Ange-Paul et Marion s’en sont sortis, on sait qu’elle aussi… Au mois de septembre elle repart au combat contre sa maladie… Allez visiter sa page Face Book Ingrid Ulrich, sa volonté et sa rage de vivre sont impressionnantes!
Nous voilà partis, le village d’Oqaatsut est dans le sillage du vaillant Ifaraq, le vent de terre est virulent, il me faut jouer l’indien pour être en toute sécurité. Nous frôlons la côte, la brise a chassé les icebergs, la mer est libre de glace mais les moutons annoncent une traversée musclée. Pas un mot, pas un geste, les 6 le savent, c’est leur dernière heure au pays du silence. Je me demande se qu’il se passe dans leur tête. Je croise les doigts en douce, au bout du promontoire le port est en vu, ouf nous y sommes.
Tous va très vite : un taxi est là, un autre pas loin, nous filons au bout des 3 petits kilomètres de route unique d’Ilulissat à l’aéroport. Patrick à l’aller a perdu sa carte d’identité, j’espère qu’il va tout de même embarquer avec son permis de conduire, là aussi ça passe ! Les bagages sont enregistrés, il est temps de se dire « takuss ». Chacun à sa part d’émotion, tous m’embrassent, tous me regardent droit dans les yeux, je sens de la fierté, chacun a réussi à trouver de nouvelles limites.
Mes derniers mots ont été : « Bravo les jeunes, vous avez découvert de nouvelles limites, vous avez compris que c’était possible. Quand les « autres » parlent, vous, vous agissez. Quand les « autres » vous disent attention, vous, vous avez déjà dépassé le danger. Avant que vous partiez, je veux juste vous dire que je suis fier de vous. N’oubliez pas que vous devez vous bouger les fesses, ne jamais lâcher, croyez en vos rêves ils vous appartiennent, la vie ne vous attend pas, elle se moque de vos bobos, alors foncez même si vous boitez… »
Un peu ému, l’aventurier à cloche pied ! Je saute dans un taxi pour rejoindre la ville où je dois faire mes courses, ce soir à la cabane leurs rires me manqueront. Par moment je sais que je n’ai pas été tendre, pas conciliant du tout, mais c’est ma marque de fabrique, c’est ma manière de transmettre. Il faut bosser pour y arriver, les mous ne s’en sortiront jamais et ça je crois qu’ils l’ont bien compris.
Depuis mon arrivé à Oqaatsut, un immense iceberg est scotché devant la cabane, une de ses immenses veines de glace lui donne un air souriant. Nous l’avons baptisé  «smiley », promis les jeunes je vous donnerai de ses nouvelles, le jour où il commencera sa longue route je vous tiendrai au courant, je sais que tout au long de son voyage il se souviendra, qu’un jour dans un village groenlandais une bande d’abimés de la vie avait trouvé une belle excuse pour vivre coute que coute…
Mon hôte arrivé cette nuit sera mon binôme cette nuit. Furtivement ce matin il a rencontré la belle équipe, il a été très touché. Lui aussi a perdu son bagage, décidément cela devient une tradition d’Air Greenland…
Jusqu’au 30 aout je serai au pays d’Apoutsiaq mon journal de bord vous sera confié. Pensées polaires, philosophiques, rencontres, introspection, rêves de papillon, projets, écriture, encore quelques beaux jours pour être un Freeman plus que jamais…
PS : BTAPP
A pluche!! 

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