Rencontres polaires
29 août 2017Déménagement
24 août 2017Vigilance
3 août 2017Bloqué mais Vagabond!
18 août 2015Le proverbe groenlandais a pris tous son sens : seul le temps et la glace sont maîtres. Effectivement à la surprise générale TOP Viagra le port d’Ilulissat vient de se remplir de glace, l’été le vêlage des glaciers fournit beaucoup de grollers et un fort courant d’ouest a fait bouchon. Quelques guerriers arrivent avec beaucoup de difficultés à se frayer un passage mais la manœuvre est hasardeuse voir dangereuse avec un petit bateau. Notre pêcheur est bloqué à quai, la sagesse lui a soufflé une évidence, il est trop risqué de prendre la mer au milieu d’un piège de glace qui pourraient être fatale. Mais le hasard a encore bien fait les choses ! Question philosophique, est-ce que le hasard existe ? Je vous laisse le soin d’y répondre, pour ma part j’ai ma petite idée ! Alors que nous préparions nos sacs pour une randonnée, je remarque l’arrivée dans le port d’un grand voilier rouge. Je n’ose pas y croire et avant de m’emballer je prends mon temps pour chercher son nom. Une chance sur un million et pourtant Vagabond de France et Eric fait escale à Ilulissat. Le monde polaire est assez vaste pour que l’on puisse ne jamais se voire mais les festivals d’aventure ont la magie de temps à autre de nous faire croiser. Il y a quelques années alors que j’étais membre du jury des Ecrans de l’aventure j’avais eu le bonheur de rencontrer Eric, nous avions échangé en nous promettant de nous revoir là-haut au pays de Nanoq. Miracle de vie, aujourd’hui sur la côte nord-ouest du Groenland le vœu s’est réalisé. Ni une ni deux, nous prenons la direction du port. Collé à un immense chalutier qui décharge ses prises, le légendaire voilier polaire russe Peter I est le ponton du non moins célèbre Vagabond. J’enjambe les filières en me disant que ce serait extraordinaire de pouvoir rencontrer ces aventuriers des glaces. France est à bord, je toc au hublot, un peu étonnée de rencontrer un européen sa surprise grandi quand je lui dis bonjour en Français. Elle me reconnait et invite avec un grand sourire le team Niviarsiaq. Ce matin les jeunes étaient déçus de ne pouvoir prendre la mer mais cet après-midi les voilà assis dans un bateau de légende au bout du monde. Je les sens comme des petits enfants, timidement ils s’installent dans le carré, tout doucement ils comprennent un peu qui sont ces Vagabonds. Les langues se délient, puis Eric accompagnés de ses enfants revient à bord, les deux filles de 5 et 8 ans adoptent en un claquement de doigt leurs nouveaux « équipiers ». Du passage du Nord-Est à celui du Nord-Ouest, du Nunavut en passant par le Svalbard, les jeunes découvrent ce que le public ne connait que par leurs films ou livres. Les anecdotes les envoutent, il y plus de 15 ans ils ont largué les amarres pour réaliser leur rêve. Mais comme dirait la mascotte, myrtille sur la crêpe, le chalutier et le voilier russe décident de prendre la mer, Vagabond va devoir manœuvrer ! Je propose à Eric de lui donner un coup de main et comme par magie, voilà que la petite bande de Bout de vie devient matelot éphémère du Vagabond… Il est déjà tard, nous devons quitter le bord, les petites ne veulent plus lâcher les jeunes France et Eric me propose plein de belles aventures, mes rêves me submergent, on s’étreint en se promettant de se revoir très vite. Et dire que si ce matin la glace ne nous n’avait bloqué à terre nous ne les aurions jamais rencontré.
Pour poster ce billet je dois traverser le port, jusqu’au cyber café, la bonne nouvelle c’est que la glace est beaucoup moins dense, on devrait prendre la mer pour notre robinsonnade polaire bientôt ; immaqa !
Le refrain du voyage c’est arriver dans un endroit sans savoir si l’on va y rester, le quitter en sachant que l’on va y revenir.
Kusanaq
23 avril 2014Kusanaq* C’est très beau*
Ilulissat : latitude 69°13’N 51°06’O température -11° ; 300 km au nord du cercle polaire. Le bimoteur Dash stoppe ses machines, je foule enfin le sol gelé du pays d’Apoutiak. Il est là en face de moi, une étreinte fraternelle nous unis enfin. On a des choses à se dire mais les mots manquent, on a toute la vie pour se les dire. Nicolas est doublement ému, mon arrivée est une sorte de relais avec ses proches qui lui ont rendu visite et qui rentrent au pays des gens qui parlent fort. Le nomade ne doit pas se retourner, la trace, c’est devant qu’elle doit être faîte. Nous rejoignons notre camp de base qui est un groupement de containers savamment agencés en confortables chambres. Ce lieu est à disposition des travailleurs du cru ; pilotes d’avion côtoient, le reporter en transit, mécano partage la cuisine commune du guide polaire. Des pièces qui s’animent aux grés des récits quotidiens forts en adrénaline. Heureux comme un ours polaire reput en « barbaque » de phoque, j’écoute, j’apprécie mais surtout je ne dis rien, ici je suis touriste et quand on a ce statut la moindre des choses c’est pratiquer le silence. Niko me fait visiter le patelin, 5000 âmes y vivent à l’année, une vraie mégapole pour le Groenland qui ne compte que 56 000 habitants. L’économie locale est basée sur la pêche aux flétans et à la crevette, le tourisme pointe le bout de son nez et déjà quatre hôtels de haut standing y ont ouvert leur porte. Pourvu que les locaux puissent gérer ce gain si vicieux. Mais nous ne sommes pas là pour faire les touristes, il y a un défi à organiser, j’en connais là-bas au sud qui trépignent d’impatience. La mer est libre de glace, à pied nous nous rendons au lieu prévu pour le premier bain, les derniers jours ont apporté beaucoup de neige et l’accès à la « plage » qui n’est qu’une dalle de grés est blanche et glissante à souhait. Nous échangeons sur les points sécu qui seront la clé de la réussite de l’aventure, ici l’improvisation n’aura pas sa place, discipline, rigueur, et anticipation seront les mots clés de cette belle page qui va s’écrire. Mais l’aventurier à l’estomac au fond de la prothèse alors avec mon « frangin » nous dévalisons la superette pour nous préparer un plat de pâte à la crevette en guise de diner de gala. Les assiettes fumantes nous titillent les papilles, le calme dans la cuisine est scandinave, mais un invité surprise nous rend visite.
–Salut les gars, je peux m’assoir avec vous ? Je m’appelle Francis.
-Tu veux un plat de pâte ?… -Non merci j’ai déjà mangé…
– T’as amené ta guitare au Groenland !!!
– Ouais je suis chanteur !!!
Improbable, incroyable surnaturelle Francis Lalanne … Un concert privé rien que pour nous avec des confidences fraternelles, vous avez dit privilégié !!!