Tomber encore, se relever toujours, ok ça c’est l’adage ; mais encore faut-il une fois debout se remettre à marcher et avancer. Nous n’avons pas le choix, ma résolution est simpliste peut-être, je désire m’abandonner sans retenue sur le sentier de l’amour universel.
Bien sûr, je n’emprunterai plus le même chemin qui m’a mis le genou à terre. Se servir des échecs comme d’une chance sans retourner d’où l’on est parti.
Pour ma part, j’ai choisi de suivre la lumière. Se servir du passé comme un phare qui guide et non d’une baie où l’on se cache. Einstein disait : « la vie, c’est comme le vélo ; pour garder l’équilibre il faut avancer ». Cette expérience groenlandaise m’a mis sur une sacrée route, je n’y ai vu au départ qu’injustice et noirceur mais soudain tout s’est éclairé.
Nous sommes en permanente formation, nous sommes dans une école où les professeurs ne sont pas toujours très délicats, mais l’enseignement n’est pas une chanson de Casimir dans l’île aux enfants. Il nous faut rester dignes et surtout comprendre les leçons. La vie dans un minuscule hameau Inuits a sa part d’enseignement aussi. Ici on est quasiment transparent, le villageois ne perd pas son temps en dialogues qui ne servent à rien. Je me souviens de soirées dans le sud, où je me posais la question : mais qu’est ce que je fous là ? « Blablater » pour ne rien dire, pour qu’aucun frisson n’en sorte. Je ne suis pas dur, ni amer, mais constate l’abysse qui nous sépare entre le pays du silence et celui des « autres » sans vibration.
Apprendre le silence, ce fût ma première leçon. Il est dur par moment de ne rien dire quand on est en manque d’échange, mais en vérité j’avais occulté le frissonnement, l’intention de l’âme et cela faut bien plus qu’un long discours qui n’a pas de sens et de profondeur !
La vie groenlandaise se mérite, les flemmards n’ont pas trop leur place au pays d’Aputsiaq. Ici, j’ai travaillé sans relâche en silence, seul sans demander la moindre aide, il m’aura fallu du temps pour comprendre qu’ils m’observaient, en se demandant comment le petit blanc boiteux allait s’en sortir. Puis des sourires m’ont réchauffé, m’ont fait du bien.
A mon départ je suis allé voir Steen, il a senti sans que je lui explique, sans le moindre mot. Nous nous sommes étreints et subitement nous nous sommes mis à pleurer. Je lui ai donné des victuailles et puis j’ai tourné les talons pour rejoindre mes potes qui étaient déjà sur le bateau… Whaou quelle sensation, là, en un claquement de doigts je me suis senti, Homme, la liberté m’a emporté, elle m’a pris dans ses bras, je sais que je ne suis plus seul. Les projets naissent en cascade, vos messages abondent, une brève connexion sur le net a fait rougir mes joues déjà tannées par la glace.
Alors, je comprends à peine pourquoi j’ai acheté cette maison si loin de ma culture, pourquoi je tente de restaurer une cabane qui n’a plus d’âge. Oui, doucement le brouillard s’évapore, les « qivitoqs » se cassent les dents sur tout l’amour que vous m’envoyez, deviendrais-je immortel ? N’ayez crainte, la mort va venir pour moi aussi, mais depuis peu je ne suis plus pressé ! En rentrant je vais lézarder au doux soleil Corse, m’occuper de ma petite cabane, retrouver quelques potes et reprendre ma marche en tant que donneur d’espoir.
Deux conférences de hauts vols, la présentation de mon dernier film aux Ecrans de l’aventure et certainement d’autres événements m’attendent, j’adore les défis, je vais me régaler. Puis il va y avoir des stages de survie en novembre et en mars, puis un nouveau, mi-décembre en mode survie-mer. Surveillez mon blog, les infos vont être très vite mises en ligne.
Je n’ai pas de conseil à vous donner, je ne veux pas moraliser qui que ce soit, j’écris comme je pense à l’instant présent. Nous vivons dans un miroir, à nous d’avoir le courage de nous regarder droit dans les yeux ; essayez, osez, tentez l’aventure ! N’ayez pas peur, au départ vous allez y voir des ombres, des facettes de votre vie qui ne vont pas vous convenir. Certains se trouvent ridés, vieux, fuyants, puis avec un peu d’humilité les ombres disparaissent, les stigmates de nos souffrances s’envolent, plus besoin de botox et silicone, la vie en se regardant dans les yeux est régénératrice, elle vaut toute intervention chirurgicale !
Je n’aurais jamais pu croire avoir autant de force. Comme l’arbre qui perd ses feuilles et qui se fait élaguer, la sève de la vie m’enivre, me fait tourner la tête… Yes I’m a Freeman bien plus qu’avant.
Vive la vie.