Pour ceux qui ne connaissent pas encore Dominique Benassi dit Dume je vais tenter une présentation :
Né au Maroc il retourne en Corse avec ses parents alors qu’il est encore enfant, il découvre son île et ses paradoxes : les gens parlent plus le français que la langue Corse ! Là bas en Afrique du nord l’arabe et le corse étaient ses langues , après avoir exercé plusieurs métiers il rejoint les pompiers de Bastia. En 1988 une balle de fusil de chasse lui explose le genou et devient amputé fémorale de la jambe droite. Sa vie bascule ! Non pas dans la détresse mais dans la lumière, il décide de se mettre au sport et découvre le triathlon, dans cette discipline il retrouve toute la polyvalence qu’il avait chez les pompiers. Mais voilà on décide pour lui que ce sport ne peut être praticable avec une jambe en moins, pendant des années il s’entraine sans rechigner et jamais n’a le droit de prendre part au course avec les « normaux », au triathlon de Nice comme il n’est pas admis il fait quand même la course mais sans prendre le départ et encore moins passer la ligne d’arrivée, un américain champion du monde en élite le remarque et l’histoire peut enfin commencer ; il est invité au États Unis et obtient son premier titre de champion du monde de triathlon catégorie « Handicap » et non handisport !
Depuis il a obtenu 11 titres de champion du monde et est devenu président de la ligue Corse de la FFT. Ce n’est pas pour autant qu’on le reconnait athlète de haut niveau et EDF qui l’a engagé ne veut rien savoir sur ce statut qui lui simplifierait bien des choses… En 2001 on s’est rencontré on était tout les deux amputés et en plein divorce, une belle histoire d’amitié, de fil en aiguille on s’est découvert avec toutes nos différences mais aussi beaucoup de ressemblance.
Je décide de créer Bout de vie et tant bien que mal il suit et notre route croise celle d’un drôle de breton de Molène Joseph Le Guen qui nous met la puce à l’oreille et nous traversons l’Atlantique à la rame, une première mondiale, 22 mois de préparation où nous avons vécu 6 jours sur 7 ensemble puis 54 jours à pleurer, euh pardon à ramer et puis la vie nous a fait prendre des chemins différents, il continue le triathlon et moi les aventures, il décide de faire son bout de vie mais l’âme est marquée au fer rouge et quand on se retrouve, une trame, une vibration, une cicatrice fait que nous savons plus que tout que nous sommes frangins de vie. Même si nos routes sont différentes personnes et aucun évènement ne pourra délier cette fraternité choisie.
Avant de partir sur le fleuve Yukon on ne pouvait pas ne pas se voir, se confier, s’observer, deux frangins que la vie à un peu bastonner et si la violence nous a effleuré elle en n’aura laissé que de fades traces. Nous savons que notre rencontre fut un des plus beau cadeau de nos vies, quand on est ensemble on est comme des gosses que rien n’arrête . Une anecdote parmi une infinité :
Un soir , nous sommes les invités d’une soirée très mondaine dans une villa de luxe de l’extrême sud de la Corse, grand champion, chanteur et top modèle sont là pour recevoir les deux « frangins », alors que nous pénétrions dans ce palais aux milles et une nuit une des personnes nous demande comment nous avons été amputés, Dumé avec son œil malicieux lui rétorque, moi c’est est une balle à bout portant et Frank pendant la guerre du Liban !!! La tête de notre hôte fut plus blanche que les neiges Himalayennes et encore maintenant nous nous demandons comment nous n’avons pas explosé de rire ! De vrais sales gosses !!!
Dumé m’a fait le plaisir de passer deux jours avec moi, j’en avais besoin juste avant mon départ pour ces mois de solitude. J’ai eu l’idée de lui faire un interview express…
Proverbe qu’aime bien Dumé:
A vita hè fatta di scala, à quandu si colla à quandu si falla
(la vie est faîte d’escalier, des fois tu montes des fois tu descends)