Dimanche à Oqaatsut, un jour comme un autre, calme et silence ? Ben non, à 9 h tapantes, la cloche de l’église sonne à tout rompre. Les chiens sont athées, ce matin la preuve m’en a été donnée, leur aboiement fut si fort que le pauvre campanile semblait enroué. Mais personne n’a gravi les escaliers de la vieille église en bois, pas une ombre autour du lieu du culte. La religion perdrait elle de sa force ? Ici les croyances anciennes sont très présentes. Les qivitoqs (mauvais esprits) rôdent sur les plus audacieux. Ces âmes en peine viennent perturber celui qui se présenterait sur leur route. Dans certaines cabanes de pêcheurs-chasseurs, une croix est souvent clouée sur la porte pour éviter aux mauvais esprits de déranger celui qui s’y réfugie. Le mélange entre animisme et christianisme fait un drôle de mélange. Arrivés en masse au XVIIIème siècle pour la chasse à la baleine, les sudistes ont imposé leur religion, le chamanisme est devenu tabou, mais pas trop oublié, juste quelques restes pour entretenir les légendes.
Je poursuis ma tâche sur la cabane tout en surveillant si l’office serait donné, une occasion de me mêler aux ouailles et de sentir le moment, mais rien ni personne… Alors, je poursuis mon travail de fourmi. Depuis plus d’un demi siècle, cette maison a subi les affres des froids polaires et sa bonne forme me ravit de jour en jour. D’ici quelques jours, je reprendrais la mer, on ne peut se lasser d’une vie de nomade, surtout que cette fois je pourrais la partager en toute sécurité avec ma petite allemande.
Une journée dominicale paisible, ensoleillée et sans vent. Pour conclure ce beau dimanche, Julien et sa famille viennent faire un crochet par le village pour partager une grillade au bord des icebergs. Un de leur amis possède une minuscule cabane à quelques milles d’Oqaatsut, un coin paisible comme partout ici, d’ailleurs. Charlotte et ses trois enfants préparent le carburant de la grillade, de la camarine et du bouleau nain en suffisance pour maintenir le feu d’une plaque métallique. En premier, la graisse est coupée en petit bouts pour faire l’huile de friture puis les fines tranches de viande de phoque sont rôties dans ce jus. Une soirée simple comme est la vie au Groenland.
Lundi à 12h40, on se retrouve sur les ondes de France Bleu RCFM avec cette fois Vanina Buresi, je vous raconterai tout ça en détail…
A pluche…