Soleil et oeufs au plat !

18 juillet 2012
Un arrêt : de l'eau, des œufs et de vrais sourires, toute la gentillesse des suédois...

Un arrêt : de l'eau, des œufs et de vrais sourires, toute la gentillesse des suédois...

4H45 le soleil chauffe déjà la tente, pourvu que ça dure ! 5h30 ça y est je reprends ma route, c’est gris et froid ! Le canal m’offre un départ ventilé, l’effet de venturi accélère la brise de Nord-ouest et me donne un bon coup de main pour une autre belle journée de mer. Le soleil revient, il ne nous lâchera plus de la journée. Il me faudra une heure pour retrouver la beauté et la sauvagerie du golfe de Botnie. Je ne garderai pas un super souvenir d’Härnösand, ville triste, au citoyen peu accueillant. Pendant trois heures je longe une belle côte inhabitée et somptueuse. Au détour du cap Skarpudden je devine la route que je dois prendre. 6km à traverser avec un vent de travers, cela devient une mode, je m’applique à bien me calfeutrer dans mon hiloire et pagaie gentiment. Mes bras font l’effort, ma tête s’envole ailleurs. Je me demande pourquoi tout le monde s’obstine à l’appeler golfe alors que c’est une mer magnifique ! Je converse avec elle, comme à chaque fois, je lui pose des questions, elle me répond. Soudain devant moi le calme plat, plus un nœud de vent, je souris, je ris, elle m’offre une traversée pépère. Je suis déjà de l’autre côté. Je me tourne et vois la mer se couvrir de moutons, quelle délicatesse de sa part, elle a laissé filer son hôte. Je bifurque plein Nord-ouest entre le continent et l’île d’Ästön, l’effet venturi de nouveau lui, vient me faire faire une séance de muscu. A l’abri du large, j’avance tranquillement. De jolies maisons, ornent ce chenal, rien à voir avec les châteaux hideux de ce matin. Au milieu le passage ne doit faire que 10 mts de large et c’est là que je décide de faire ma pose « lunch ». Alors que j’hydrate ma semoule, un vieil homme vient me voir, sa maison est juste derrière où je me suis posé. Je suis encore sous l’effet d’hier où je me suis fait virer comme un pauvre voleur de chaussettes trouées. Il me souhaite la bienvenue et remarque mon « unijambité » puisque à la pause casse croute je l’enlève tout le temps. Il ne parle pas l’anglais mais nous arrivons à dialoguer, il me propose de l’eau de son puits. Je récupère quelques bouteilles vides au fond du kayak et pars avec lui. Je découvre un poulailler ; je lui demande comment survivent ces pauvres bêtes en hiver par des -40° ? Elles ont leur cabane chauffée ! Je reprends mon déjeuner quand toute la famille arrive pour me prendre en photo et surtout m’offrir quatre œufs. Heureux de ce retour à la gentillesse des suédois, je reprends la mer. Encore une traversée m’attend, 4km seulement mais avec un fond de fjord situé à 22km au nord. Autant dire que si ça souffle, je suis raide ! 10 nœuds de vent et une mer à peine agitée, je procède à ma « ramerie » quand pour la deuxième fois de la journée le vent tombe complètement. Décidément la mer de Botnie est vraiment très attentionnée avec l’équipage d’Immaqa.
Ce soir œufs au plat de poulette du coin.  Pour la comptabilité, 36km de plus.
A pluche !

Fragile comme un oeuf…

9 juillet 2012

Comme cet oeuf, je me sens si vulnérable, pourtant si on le prend bien en main impossible de le briser...

Comme cet œuf, je me sens si vulnérable, pourtant si on le prend bien en main impossible de le briser...

Il n’est pas simple de trouver le sommeil avec des bourrasques de vent qui secouent la tente toute la nuit en sachant que le matin on reprend la mer ! Pourtant c’est un devoir que je dois assouvir parfaitement, je dois savoir récupérer. Exercice de respiration, démontage du monstre qui me met en boule et une douce nuit dans les bras de Morphée. Chaque jour est un apprentissage, où que l’on soit, ne pas dépasser ses limites mais les découvrir. Je connais par cœur mes faiblesses et d’elles je dois m’en guérir, tout au moins mieux les gérer. Physiquement je suis bien, la blessure que j’avais à la main droite suite à une méchante brûlure a totalement cicatrisé et mon moignon ne me fait pas souffrir, alors tout va pour le mieux. Je commence à être bien rôdé, jusqu’à présent les bivouacs qui m’ont reçu ont toujours été à la hauteur de mes espérances, mais il y a un mais. Souvent quand je me relâche après m’être lavé dans la mer et avoir tout préparé (repas du soir, du lendemain midi, brulage des déchets, bouillir l’eau pour la boire), un passage à vide me fauche. Un coup de blues. Je le sais, je le ressens mais pour l’instant je n’arrive pas à l’esquiver. Ce style de raid me met à nu et à fleur de peau. Un grain de sable dans le rouage et tout peut basculer dans la dramaturge. Aujourd’hui je me suis senti béni des Dieux et de mes anges gardiens, le vent fort n’est venu que sur les derniers kilomètres et pratiquement toute la navigation s’est pratiquée avec mon cerf-volant, d’où encore 40 km effectué aujourd’hui, soi 120km en trois jours ! Que dire de mieux, pourquoi ce satané blues vient régulièrement me foutre le bourdon. Je le sais je vais le zigouiller. Tiens de vous l’écrire, il commence à lever l’ancre. Je veux vous transmettre la vérité, pas de surenchère, pratiquer l’endurance est un sacré exercice de remise en question quotidienne et par franchise je me devais de le mettre aussi en avant. J’ai beaucoup lu de livres d’aventures et j’ai toujours été frappé par le vide sur ce sujet. Des exceptions bien- sûr mais pour beaucoup ils ne veulent pas en causer. En lisant les livres de Philippe Sauve,
Kim Hafez, Sylvain Tesson, j’ai trouvé cette vérité qui m’aide aujourd’hui. Nous ne sommes qu’une poussière, d’où l’importance du balai !!! Le feu crépite, la plâtré de riz va être bientôt prête, une petite radio locale va m’égailler les esgourdes et mes trois livres vont me relaxer.
Lesquels ? Ok, juste entre vous et moi. Le premier le lexique de suédois, le deuxième, l’oeuvre de Tom Butler-Bowdon, 50 classiques de la spiritualité et le dernier le roman de ma super copine Natacha Calestreme, le testament des abeilles.
Jo Zef pour la énième fois, gâteau se dit kaka en suédois, pigé la mascotte ? Pourquoi ta craché ton kaka au chocolat !!!
A pluche !

Un peu chez l’habitant quand même !

7 juillet 2012

P7070008.JPGweb Immaqa repose pendant la pause déjeuné.

6h je sors de cet écrin de Kallvigen pas un souffle d’’air la mer semble un miroir. L’été semble s’imposer, déjà 17°, je suis en t-shirt mais la grosse artillerie à portée de main, ici tout va tellement vite. Je me traîne en attaquant par une vraie navigation hauturière, pas d’’île pour me protéger que de l’’eau à courir. Je ne suis pas en forme, je suis rouillé et surtout pas bien dans ma tête. Que la route est longue… je cogite, je me morfonds, j’attaque le processus de sape ! Je ne suis pas
à la hauteur, j’’ai mis la barre trop haute, je ne suis pas fais pour ce style de vie…. Trois heures pour retrouver une pointe d’’île, je fais un stop. Bois un café et me restaure un peu. Mon moignon est ankylosé et plus ’une fatigue générale je ne supporte plus cette gène. Une idée lumineuse, je déboite ma prothèse et bricole un système de ficelle pour pouvoir actionner le palonnier sans « magui » ! Une boucle assez grande pour pouvoir l’’engager dans mon clou d’accroche du moignon sur l’’emboiture et je repars  tout neuf ! C’est vrai que de moins avoir de gêne permet au corps d’’être plus concentré sur le boulot, le vrai, pagayer ! 12h je suis au milieu d’’îlots de granit et me restaure, le vent semble se lever, ça faisait longtemps que je ne l’’avais vu, lui ! Ok, mais dans le bon sens. Je reprends la mer de nouveau pour une grande
traversée, le zef est de mon trois quart arrière et les premières lames me refroidissent, corps et âmes. Je suis de nouveau en tenu de « combat », trois couches, la jupe bien fixée à l’hiloire et tout calé à bord. Je serre les dents, je n’’aime pas ces déferlantes, le vent n’’est pas si violent mais comme l’’eau est douce elle a peu de densité et au moindre
souffle cela devient une machine à essorer. Sur ma carte j’’ai détecté une petite île avec une crique protégé du Nord-est qui devrait me servir de refuge. Je force sur les pagaies, déjà 9 heures que je suis parti. Damned, la carte est fausse, la baie n’’existe pas, j’allume le GPS, lui aussi me donne une crique mais à la place il y a un tumulte de cailloux. Je continue, après la pointe deux criques, je devrais trouver mon bonheur ! La première est inaccessible, la deuxième est habitée. Je beach Immaqa et pars à la rencontre des heureux propriétaires. Personne ! Je vais et viens, je ne trouve pas le moindre emplacement pour fixer mon camp, que des cailloux. La pelouse de la maison me tente, à 40 mètres du kayak. J’entends d’’ici la voix de Véro me disant : Ca non Frank, on ne peut pas faire ça ! Je tourne comme un lion en cage, il y a une poubelle et un robinet d’eau potable. Ok on reste. Je pars chercher la tente quand je vois une sorte de trou dans la forte végétation. Pour Véro, je vais voir ! Pas de cailloux, juste deux trois trucs à élaguer et me voilà en règle… En fouillant, nous trouvons les premières fraises de bois, les framboises sont encore vertes. Pour l’’instant personne à l’’horizon, je crois qu’’au dessert il y aura des fraises. La glace et la chantilly ! Et la mascotte tu ne crois pas que tu pousses un petit le bouchon trop loin !
Au fait quand même 40 bornes de parcouru …
A pluche !

Un coup de vent, une rencontre…

6 juillet 2012
Tout comme moi, elles font une halte avant de reprendre leur voyage...

Tout comme moi, elles font une halte avant de reprendre leur voyage...

Quel beau réveil, en sortant le bout du nez de mon duvet j’ai réalisé que nous étions gardés par un cortège d’oies. Caméra au poing et appareil photo j’ai réussi à immortaliser l’instant. Aujourd’hui c’est vacances, de toute façon c’est du sud juste où on doit aller, il y a un peu de boulot de réparation et surtout du sommeil à rattraper. Mais vous me connaissez flâner, n’est pas mon truc. Ma carte m’indique qu’à moins de 7km se trouve un village, peut-être même une épicerie. Ok la mascotte, tu gardes le camp, je pars seul comme d’hab, c’est qui va galérer encore cette fois ? D’abord il faut que je trouve une route, je détaille ma carte et estime qu’une traversée de 1500mts à travers forêt et marécage devrait m’y conduire. Banco, je là trouve. Facile il n’y a qu’à suivre jusqu’au bled. Dans ma petite tête de cabochard je me dis que si la chance se maintient, je devrais trouver une âme charitable qui avec sa «chariote » nous conduirait jusqu’à la caverne d’Ali Baba. Une vieille saab, s’annonce, je fais du « pouce », il s’arrête. Hej, You speak english ? Né (non) ! Eh ben, on va rigoler. Le monsieur à l’aide de signe me fait comprendre que sa voiture à un problème et que le mécano, l’attend, à coté se trouve la superette. Je sors les quatre mots que j’étudie le soir et il sourit de ma détermination à vouloir faire la conversation en suédois. Il s’appelle Carl-Henrik ancien patron pêcheur
il frise les 80 printemps. Il met en main sa vieille voiture chez le garagiste et je lui un offre un café avec une viennoiserie. « Bienfait la mascotte, la prochaine fois tu viendras et tac. Zut, tac, ici ça veut dire merci !!! » Un copain le rejoint, il veut savoir mon bout de vie, je lui parle de mon périple, il dévore mes gestes et mots. Fantastik, fantastik, il n’arrête pas de dire. Sa voiture est enfin prête, nous partons faire les courses, il devient mon agent et raconte ma balade à tout le village. Galette, fromage, fruits frais, salade, yaourts aux myrtilles. Le basic pour survivre !!! Nous reprenons la route, il veut absolument me présenter à sa femme qui est malade. Une cabane rouge au bord de l’eau et le calme absolu. J’attends un moment devant leur nid et savoure ces moments de privilèges. Son épouse vient à ma rencontre, elle n’a pas l’air de vouloir se plaindre et pour faciliter la tâche parle anglais. Elle me raconte leur vie, les enfants, les petits-enfants et la plénitude du lieu, mon bermuda lui dévoile ma différence. La langue, la culture, le pays nous séparent mais les malheurs nous unissent. Carl, veut voir mon kayak, mon camp, je salue la femme de mon hôte et rejoignons les bords de la forêt qu’il faut traverser. Je lui désigne une sente d’élans, il me demande si je suis chasseur ?  Que de rêves et encore sans arme ! Finalement, nous rejoignons Immaqa, il a amené son appareil photo, il touche le kayak. Me prend par les épaules, je sens monter en lui une forte émotion. Ses yeux rougissent, les miens aussi ! Mais on ne se connait que de 3heures !!! Pudeur scandinave ; il me serre fort dans ses bras et s’en va sans se retourner, ses yeux cherchant dans le sol toutes les questions de deux âmes semblables qui se croisent. Ce soir au coin du feu, le suroît perd sa vigueur, je vais repartir à la recherche de mon voyage de l’intérieur, cet hiver nous serons loin et pourtant de temps à autres nous nous retrouverons par la pensée. Hej da, Carl, hej da tak so mukie (Merci Carl, merci beaucoup)
A pluche !

Résolution en terre saame !

17 juin 2012

5h45  C’est le début de la journée, alors que je m’affère à plier mon couchage, j’entends du bruit dans la tente des jeunes, ils sont réveillés aussi !!! Je ravive le feu et fait chauffer l’eau pour mon thermos et le petit déjeuner. La brisette est de nord, un fait notable le soleil nous a rendu visite et cela depuis minuit ! Non je ne suis pas atteint de «dingote », je vous rappelle qu’à cette latitude en cette saison il ne fait jamais nuit. Discussion avec mon équipe, ils se livrent et ont des résolutions pour les jours suivants. Ma randonnée  les a marqués et à leur tour ils veulent vivre l’effort. Avec le fourgon ils font ma route et de temps à autres nous nous croisons, ils ont eux aussi gravi les côtes mais au chaud et en camion.

Aujourd’hui, à tour de rôle ils veulent courir en terre Saame. Au loin je vois un point rouge, c’est Nico ! Juste en bas le fleuve Tana où des pécheurs en pirogue pêchent le saumon. Il court vers le sud, je me cale derrière lui. Il y a peine un an on lui amputait un bras, et là il court à 450 km au nord du cercle polaire. Je le filme, il se confie à la caméra, malgré les apparences, je sens un lâché prise. Robin prend le relais, une petite heure de jogging.

Ustjoki, premier hameau finlandais, je fais un arrêt dans la superette du coin, gâteaux aux myrtilles, yaourt aux myrtilles et surtout la soupe froide myrtille qui est une spécialité lapone absolument démente ! Non Jo Zef, je n’ai pas mangé des schtroumfs. Pour ma part la journée fut longue et pénible un faux plat montant de 300mts  de dénivelé, sur 55 bornes avec bien-sûr un bon vent dans le nez. Cuit sous ma tente, je note sur mon calepin, 115km en 6h. Ce soir le bivouac est monté dans la toundra en plein vent histoire de ne pas trop donner notre sang au suceurs locaux.
A pluche.

Nicolas et Frank partagent un bout de chemin en terre Saame

Nicolas et Frank partagent un bout de chemin en terre Saame

Un sacré clin d’œil :

Alors que Frank porte la flamme de l’espoir à travers l’Europe, son frère et compagnon d’aventure de la traversée de l’Atlantique, Dumé Benassi a été choisi pour porter la flamme olympique. En effet, depuis le 12 mai 2012 au départ de la Grèce, du Mont Olympe il y a 8 000 relayeurs qui ont porté la flamme olympique à travers le monde pour les JO 2012 à Londres.  Dumé a été sélectionné de par son parcours sportif afin d’être un de ces relayeurs. De même que c’est un honneur et un privilège pour la Corse car il a ramené la torche olympique sur l’Ile.

Dernier jour en peninsule de Nordkinn…

16 juin 2012
Quelques rennes m'accompagnent le long de la route

Quelques rennes m'accompagnent le long de la route, que demander de plus !

frank_bruno_on_the_road

Infiniment petit dans cet immensément grand...

Infiniment petit dans cet immensément grand...

Première montée, et hop en danseuse...

Première montée, et hop en danseuse...

... et avec le sourire !!!

... et avec le sourire !!!

Bien à l’abri dans nos cabanes la pluie est tombée drue toute la nuit. Tout en préparant mes affaires une radio norvégienne émet la chanson «la vie en rose » de Piaf, en langue locale, nostalgie quand tu me tiens! Le vélo est prêt, je suis prêt : yakapedaler. Je sais que d’entrée cela sera très dur et je ne me suis pas trompé, une côte interminable de8km ricane en voyant le cycliste gravir ses flancs. Le vent est encore présent, la bruine rend la montée encore plus terrible, le thermomètre ne dépasse pas  les 6° à l’abri. Emmitouflé dans multiples couches jeprends conscience du trajet qui m’attend, un effort de gladiateur dans un décor sublime. Thor et Odin doivent m’observer de leurs nuages et je
sais qu’ils m’épauleront. Les rares véhicules croisés m’encouragent, leur sympathie me réchauffe le cœur, ma moyenne est de 7,5km, je nepréfère pas y penser. Le bitume cède la place à la terre, tiens comme je m’habitue à l’effort goudronné, on me met de la piste. Les congères de neiges sont encore très hautes et les lacs croisés sont tous recouverts de glace grise. Le soleil des jours suivants promis leur tordra le coup pour laisser surgir le bleu-turquoise de l’eau, typique à ses latitudes.
Le plateau atteint, le vent a décidé de me pousser, les rennes se méfient du pédaleur corsé et mes passages ne sont que fuite vers le néant. J’avance tout doux et la moyenne remonte, la pluie cesse ainsi que le vent. Sur une route vallonnée j’avale les 60 km qui m’amènent à la fin de la traversée de la péninsule de Norkinn. Au loin le fleuveTana, il détient le record de passage de saumons en Europe. Un déjeuner sur ses bords et je reprends la route, le plat m’entraine dans des rêveries et finalement ce soir 105km !

J’ai fixé une journée de 6h de vélo, mon compteur s’arrête à chaque arrêt, donc 6h réel de vélo.
Normalement avec les casse-croutes, photo etc  etc, c’est une balade de 8h. A 5h59 d’effort précise, les jeunes sont justes derrière moi avec le fourgon, un renard traverse la route comme pour me saluer. En regardant d’où il vient je détecte une piste qui nous amènera sur un bivouac comme
je les aime. Le fleuve, du bois et surtout la paix. Nos tentes montées le feu allumé je me remémore cette incroyable journée qui commençaitsous de mauvais hospice. Les jeunes sont allés chercher un ciber-café pour une connexion, moi je me suis mis en wifi avec la nature !!!

Bivouac au phare de Slettnes

11 juin 2012
bivouac au bord de l'océan Arctique

nos petites tentes, doux refuges au bord de l'océan Arctique

Le décor a changé, le bivouac est installé au cap de Slettnes. Dans quelques jours c’’est Noël, non ! Pourtant avec les quatre petits degrés cela en donne la sensation, les rennes pullulent et avec un peu de chance le vieux barbu nous remplira les prothèses de ses petits joujoux ! Immaqa a retrouvé son élégance, ses 4500 km en fourgon l’’ont un peu
ankylosé et il était grand temps qu’’il s’ébroue un peu. Le ciel estchargé et le vent d’’Est qui frise les 20 nœoeuds augmente encore plus une sensation de froid. Nous nous activons à allumer un feu, et à rendre le camp confortable. La plage est encombrée de déchets, même ici l’’homme se fait remarquer par sa pollution. La météo me donne une bonne fenêtre
pour demain, je suis heureux, fébrile, mélancolique, il faut que je décroche que je rentre dans mon « pèlerinage ». Surtout je ne dois pas penser à ces mois d’’efforts qui m’’attendent, je ne dois vivre qu’’au présent. La baie choisie qui nous abrite me donne l’’envie de tenter un bref pagayage pour m’’apaiser, pour voir si tout va bien. Je m’élance, je
ne me suis pas asséché les mains, le froid est vif et mes anciennes gelures me font souffrir, je ne suis pas là pour me plaindre alors je pagaie. Je détecte l’’horizon, la houle est longue mais pas cassante, ça ira demain j’’en suis sur…. Le feu nous permet de griller de la viande de rennes, la pêche de quelques coquillages améliorera le repas du soir.
Robin et Nicolas découvrent la vie de nomade, je sens beaucoup de questions dans leurs regards mais par pudeur ils me laisseront tranquille dans ma minutieuse préparation. Sous nos tentes la pluie martèlent, le duvet est notre seul confort alors la rêverie polaire s’’invite, Jo Zef se glisse à mes côtés, notre princesse serait si bien blottie dans nos
bras….
Demain ce sera le grand départ Arcticorsica…… C’est quand qu’’on arrive !

Dépeche AFP du 25 mai 2012 pour le projet Arcticorsica…

25 mai 2012

arcticorsica-bg

Dépêche AFP du 25 mai 2012 ..//..

Depuis dix ans, de défis en expéditions sur tous les continents, il a parcouru sur une seule jambe plus de kilomètres que la moyenne des « bipèdes » en une vie: Frank Bruno, 47 ans, s’apprête à relier de juin à octobre le Cap Nord (Norvège) aux Bouches de Bonifacio (Corse) en kayak et vélo.

Pour le créateur de l’association « Bout de vie », l’infortune est survenue en 1983 quand, homme de pont sur le porte-avions Foch au large du Liban en guerre, il perdit sa jambe droite sous le train d’atterrissage d’un chasseur Crusader.

« J’ai cru que ma vie était foutue, se souvient-il. Le mot espoir était sorti de mon vocabulaire. Mais c’est lorsque j’ai cessé de ne penser qu’à ma petite personne que j’ai réalisé que j’avais des milliers de compagnons handicapés, amputés d’un bras, d’une jambe et qui eux aussi avaient perdu espoir, que j’ai créé +Bout de Vie+ » en 2003.

Et ne lui parlez pas de « handicap », sinon il vous en cuira: « Je ne suis pas handicapé, je suis juste différent… assure-t-il. A travers mes aventures, je veux démontrer à tous les amputés qui ont perdu le goût de la vie que nous sommes comme les autres, que nous ne sommes pas diminués même si nous devons en faire plus que les autres, à force de volonté et de rage de vivre ».

Sa rage, Frank Bruno l’a exprimée à de nombreuses reprises sur différents théâtres d’opération, sur mer et sur terre, à pied, à ski, à la rame, du Groenland à la Géorgie du Sud, de l’Alaska aux sommets de la Cordillère des Andes, des fonds marins de l’île de beauté à la banquise du pôle nord.

5.000 km du Nord au Sud

———————–

Cet athlète complet et polyvalent a pris goût au kayak en 2010 lorsqu’il a descendu en solitaire les 3.000 km de la Yukon River, entre Canada et mer de Béring en Alaska.

Le 10 juin, c’est à bord d’un kayak de mer qu’il va affronter les violents courants de la mer de Barents, au départ du phare de Slettnes, pointe Nord de l’Europe continentale en Norvège.

Il troquera ensuite sa frêle embarcation contre un VTT pour traverser la Laponie et rejoindre le nord du golfe de Botnie en mer Baltique et s’embarquer de nouveau sur le kayak à destination de Stockholm.

Ce sera ensuite la traversée à vélo du Danemark, de l’Allemagne, des Alpes suisses et de l’Italie pour arriver à Piombino en bordure de la mer Tyrrhénienne.

Il ne restera alors plus à Frank Bruno que 250 km à parcourir sur les eaux bleues pour arriver au terme de son expédition, le phare des îles Lavezzi, le plus méridional de France, à Bonifacio, en Corse, et boucler son périple inédit de 5.000 km.

Équipe logistique de 4 jeunes amputés

————————————-

Si le charismatique unijambiste entreprend son nouveau défi en solitaire et en autonomie, il le place sous le signe du partage et s’est entouré d’un groupe de 4 jeunes amputés de 16 à 27 ans, Nicolas, Rémi, Valentin et Steve pour assurer sa logistique et lui acheminer le vélo ou le kayak aux grandes étapes.

Il publiera aussi un journal de bord sur son site internet (www.boutdevie.org) pour être suivi par le plus grand nombre de ses compagnons d’infortune.

Son association « Bout de Vie » compte aujourd’hui un millier d’adhérents de par le monde qui échangent leurs expériences, s’encouragent, se redonnent de l’espoir, témoignent de leurs combats et s’entraident.

« Être unijambiste n’est pas une fatalité, mais juste un défi à relever ! », martèle Frank Bruno.

Patrick Filleux AFP Paris

Le dixième stage en vue…

20 mai 2012
Stage 2003, ambiance chaleureuse à bord du catamaran Zigliara...

Stage 2003, ambiance chaleureuse à bord du catamaran Zigliara...

Le stage Bout de Vie va bientôt commencer et nous nous réjouissons de recevoir la dixième équipe  pour une fantastique semaine de découverte. Dans un billet précédent, je vous avais déjà relaté l’histoire de Pierre qui était avec moi sur le porte-avion Foch en 1983 ; quand un tragique accident devait faucher mon destin. Presque trente ans après, son fils Nicolas devait lui aussi rejoindre le monde des différents, il participera à la semaine de plongée et aura la lourde et stricte tâche d’être le « chef » logistique de mon prochain raid « Arcticorsica ». Pour continuer dans la saga des coïncidences, en 2003 lorsque le premier stage pointait son nez, je me retrouvais confronté à un problème de logistique. Yves et Christophe mettaient spontanément leurs voiliers à disposition, mais il me manquait le bateau de « base » celui qui ferait le rôle de tente messe. Mon école de plongée privée m’offrait une relation permanente avec tous les skippers professionnels de la région qui pour agrémenter leurs croisières, passaient par les îles Lavezzi pour quelques plongées « cabochardes » ! Dans le lot des amis de longue date, Annick et Georges du catamaran Zigliara. Une aubaine pour ce stage que j’inventais. Tout était compliqué mais pourtant j’étais persuadé que ce serai le départ d’une sacrée croisade. Georges, pied-noir d’origine était très méditerranéen et ses blagues oranaises me faisaient tordre de rire. Pendant des années il m’amenait du  beau monde et dans sa clientèle de luxe les diners étaient à la hauteur de son humour. Mais la vie n’est pas toujours tendre, il y a trois ans Georges était victime d’un très grave AVC. Plusieurs mois de coma pour le retrouver hémiplégique et muet. La vie nous afflige de sacré défi, Georges a pris sa nouvelle vie en main et a commencé l’ascension de son « Everest ». Travail, volonté, abnégation et détermination le feront se relever. Il parle de nouveau et remarche. J’en suis sur vous l’aurez deviné il fera parti du dixième stage. Ancien scaphandrier il ne pourra jamais plus replonger mais qui l’empêchera de remettre une combinaison et une bouteille de plongée pour effectuer dans un mètre d’eau quelques bulles.Nota : Bien-sur Bout de Vie est une association pour les personnes amputées mais à toute règle il y a une exception. Les chanceux cette année seront : Clara, Annick, Léo, Loup, Nicolas, Thierry, Georges, Patricia. Nicolas Dubreuil malgré la promotion de son livre « Aventurier des glaces » nous fera l’’honneur d’être parmi nous…Une petite bougie brûlera pour que le grand maître des lieux Eole » soit indulgent avec les abîmés de la vie.

Le présent est un cadeau.

2012: L’année Sans Différence!

28 décembre 2011
Ce qui me parait incroyable c’est que beaucoup l’aurait jetée à la poubelle, pourtant elle pince, elle tient seule au fil, c’est juste un peu différent à manipuler !!! Acceptez les « différents »…

Ce qui me parait incroyable c’est que beaucoup l’aurait jetée à la poubelle, pourtant elle pince, elle tient seule au fil, c’est juste un peu différent à manipuler !!! Acceptez les « différents »…

Chaque année une cause ou une nation est mise à l’honneur. Je propose, 2012 : Sans Différence !

Il y a quelques jours sur mon face book j’avais mis cette photo avec un commentaire sur la différence. A ma grande surprise vous avez été nombreux à réagir et pour commencer la nouvelle année de « bon pied » j’ai écrit ce billet.

L’oiseau ne sera jamais l’égal du poisson et pourtant ils partagent la même mer. Le soleil ne croisera que très rarement et de loin la lune mais ils ne peuvent vivre séparés. En électricité la batterie qui alimentera le démarreur est composée d’un plus et d’un moins. Cette pince à linge, malgré son bout en moins est toujours efficace pour sécher vos affaires. Alors pourquoi opposer les différences au lieu de les unir.

2011 est effacé de l’ardoise et le maître des lieux y inscrit 2012. Des résolutions comme chaque année : Fini les guerres, stop aux famines, moins de catastrophes naturelles… Et que le voisin nous regarde comme une personne à part entière !!! Abolition du : « Vous ne savez pas Madame Serfati ! J’ai un voisin handicapé, mais il est très gentil quand même ! Le Poooooooooooooovre ! »

Un habitant du Mans n’est pas un « menteur », celui de Bourges n’est pas un « bourgeois », le citoyen de la capitale n’est pas non plus un « parieur » ?!? Alors pour quoi un handicapé est un pauvre « différent »… Debout les culs de jattes, retroussez-vous les manches les manchots, travaillons « d’arrache pied » pour que nous soyons considérés enfin comme des êtres entiers. En changeant notre regard sur nous mêmes ; les « autres » nous verrons d’une autre manière. Moins de compassion, plus d’échange et de découverte. Celui qui pense que vous êtes handicapé, c’est parce que vous avez envie que l’on vous voit de la sorte. Aux beaux jours, hop en bermuda, en bras nues et que nos mutilations soient une sorte de tatouage et non une honte à cacher. Vous avez déjà vu une pin-up planquant ses attributs au printemps, un « musclor » emmailloter ses  biceps !  Le miroir, toujours et encore lui.  Petite expérience : Mettez vous à l’aise et si un regard semble vous défier faîtes  un grand sourire et approchez vous de lui. Qui sera gêné lui ou vous ? Si vous paraissez en harmonie avec votre corps, la personne en face ne sera plus mal à l’aise et un dialogue s’établira. Plutôt que de le réprimander ou de l’insulter charmez le, démontrez avec malice que vous pouvez être plus filou que lui et le courant s’inversera…

Pour 2012 je vous souhaite de la paix, de la santé. Que vos moignons cicatrisent, que vos emboîtures ne soient plus douloureuses à supporter et que vos rêves les plus audacieux se réalisent. La mascotte se joint à moi pour hurler : Que Dieu vous « prothèse » !!!