Complainte des Baleines

7 août 2017
 

Interview Radio France Bleu RCFM lundi 7 août 2017

7 août 2017

Frank Bruno Officiel, en direct, depuis le Groenland…

Publié par France Bleu RCFM sur lundi 7 août 2017

Escorté par les baleines

6 août 2017
 

Chut, silence en cours

5 août 2017
 

Camp du lac salé

4 août 2017

Vigilance

3 août 2017

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Ouf !

2 août 2017

Camp ouest Agdlugtodq

1 août 2017
 
Je ne sais pas si je suis plus heureux d’arriver ou de partir, c’est la quête du nomade, se poser en sachant que proche sera le départ. Le village abandonné d’Agpat est dans mon dos, le courant nous porte vers l’inconnu. Un phoque décide de jouer les bodyguards pendant une bonne heure mais ce loustic reste toujours à distance, alors je l’engueule mais plus je parle fort plus il tente de sortir  sa tête de l’eau pour savoir qui est le fada qui lui cause.
 
Le fameux cap où on m’avait prévu dangers et courant est d’un calme incroyable. La route occidentale de l’ile d’Agdlugtoq, n’est pas des plus faciles pour trouver des coins bivouacs, alors je cherche. Un premier arrêt me présente de gros galets, où il m’est absolument impossible de sortir Immaqa. Plus au sud, une plage de galets plus petits semble mieux mais les 3m² habitables sont difficiles à trouver. Depuis Qeqertaq, je possède la table des marées ce qui me permet de m’organiser, et là aujourd’hui le coefficient est faible et les hautes eaux vont se situer vers 17h30. Je décide donc de placer ma tente sur la plage face à l’île de Disko. Les très gros icebergs sont vraiment loin, donc en se désagrégeant ils ne feront pas de vagues ravageuses au bivouac des nomades polaires. Si les moustiques ont un peu diminué, ce sont les brûlots (entre la mouche et le moustique mais minuscule) qui pullulent, il y en a des milliards, impossible de rester sans moustiquaire de tête, un vrai calvaire. Vers 12h, je monte la tente pour manger ma truite saumonée déjà cuite, à l’abri et oui je me soigne !
 
Le ciel est gris et la température est douce sans rendre la tente comme un four. Je me repose, mais il y a un petit mais, mon moignon me fait souffrir le martyre. Les galets et la toundra rendent la marche casse patte, ma perte de poids aussi me rend plus ample dans l’emboiture de la prothèse, alors je serre les dents. Mais ce n’est pas ce détail qui va m’empêcher de vivre, il m’en faut plus pour me plaindre. Une fois le bivouac en place et la sieste organisée, je pars en clopinant à la recherche du grand lac à quelques boiteries de là. Immense, sublime et isolé comme jamais. Je n’arrive pas à croire que nous sommes le 1er août. Des glaciers, à perte de vue et des lacs plus beaux les uns que les autres…  Demain, je vais tenter de faire un beau bout de route pour retrouver un coin plus abordable, le coin de ce soir ne me plait qu’à moitié, je n’aime pas être aussi proche de l’eau…
 
La mascotte a de plus en plus la langue bleue, c’est grave docteur, ou ce sont les myrtilles ?

Paix et liberté

1 août 2017
 
Ce matin, mon petit poste qui ne peut capter que KNR, me donne les infos en Groenlandais, je ne comprends rien mais j’aime la musique qui est diffusée, c’est souvent d’ailleurs du local. Mais ce que je note au ton du journaliste, c’est qu’il y a quelque chose  de lourd, et je comprends bien tsunami, Uummanaq, des mots clés qui me font réfléchir… Je viens de savoir qu’en vérité, ce sont les gens des villages où a eu lieu le drame qui veulent retourner chez eux…
 
Le vent est faible mais de sud et le courant lui est prêt à tordre le pôvre kayakiste. Donc on reste ! Ne  plus courir pour écouter le chant des baleines, voilà un programme qui me plait. Mais où sont les gens,personne en mer, personne nulle part et dire que c’est le premier week-end des grandes vacances d’août, «ma» pauvre Corse doit être envahie jusqu’à la dernière petite plage. Avant de vaquer à mes rêveries, une dernière fois, je tente une opération de survie sur mon panneau solaire. Je vire mon coin cuisine de la grande table qui me sert de cambuse et installe tranquillement la bête, un rayon de soleil passe à travers le carreau. Soudain, la diode s’allume, mais il n’est pas mort  alors. Je me mets en 4 pour comprendre d’où cette coupure peut provenir, jusqu’au moment où enfin j’ai compris que c’est un des éléments voltaïques qui est cassé. Là, je ne peux pas ouvrir au risque de le détruire définitivement alors je lui trouve la courbure adéquate pour qu’il puisse se connecter de nouveau et donner du jus. Une heure de casse tête…
 
Mais je ne suis pas ici pour me laisser voler «mon» temps si précieux, être ici est un privilège alors vivons le. Armé de ma caméra et de mon appareil photo, je cherche les points de vue stratégiques pour «choper» mesdames les baleines. Un immense hangar en cours de délabrement devait être le lieu où était stockée la graisse de baleine, de gros tonneaux ont résisté au temps, il me semble entendre les ouvriers causer entre eux. Je remonte l’arête de la côte ouest de cette petite île, un cairn me donne la direction. Un monticule de pierre avec un poteau au centre devait être le mirador pour avertir en cas de passage des cétacés. La baleine franche a failli disparaitre, son nom vient du fait qu’elle se laissait approcher sans malice par les harponneurs. Puis je poursuis vers un lac, la vue est magique. A moins de 30km, l’île de Disko, plus au nord, le cap qui m’a fait trembler. La brise de sud ouest me permet d’enlever ma moustiquaire, le silence et la solitude me prennent aux tripes. Quel pays, quel lieu et tout ça rien que pour moi. Bien sûr, ce n’est pas facile tous les jours mais la récompense est tellement belle. Puis je prends l’arête orientale pour arriver sur un cimetière, la dernière date est de 1934. Eva est partie à 39 ans, là encore plein de petits tas de pierre laissant deviner la mort prématurée de jeunes enfants. Puis deux coups de sifflets me font sursauter, je me retourne brusquement sans pour autant voir quelqu’un ! Je continue et là encore on me siffle, mais comme si c’était quelqu’un qui voulait m’interpeller, je me sens soudain moins seul. Damned, le siffleur est un bruant de Laponie, qui me voyant m’approcher de son nid, s’est mis en crise noire pour me faire changer de route. Il continue sa comédie en faisant l’oiseau blessé qui court dans la toundra pour me faire m’éloigner de ses oisillons. Ah l’artiste, à un moment je me suis demandé si quelques fantômes ne se seraient pas mis en tête de me faire un tour.
 
A mon retour, dans un tout petit périmètre, les premières myrtilles apparaissent, l’été si bref est enfin là…  A mon retour, «Highlander» fonctionne toujours, c’est le nouveau nom de mon panneau solaire, chaque fois je crois qu’il est mort mais à chaque fois il ressuscite !!! Aujourd’hui j’ai donc eu le temps de penser, de rêver, de me souvenir aussi et j’ai beaucoup ri en repensant à la dernière course à la voile du Vendée Globe. Il y avait un gars, Sébastien Destremau, qui a fini bon dernier car il prenait son temps, il stoppait son voilier pour faire des contrôles, en ce moment je suis devenu un peu comme lui, pas trop pressé d’arriver… A partir de demain, un régime de vent faible de Nord devrait m’aider à prendre un peu de chemin, vive la vie…
 
PS : Jo Zef en voyant les premières myrtilles vient d’abandonner tous ces gros os de baleine qu’il ramenait pour ses potes, désolé…

Interview Radio France Bleu lundi 31 juillet 2017

31 juillet 2017

Frank Bruno Officiel en direct du Groenland, au micro de Jean-Charles Marsily

Publié par France Bleu RCFM sur lundi 31 juillet 2017