Le premier stage « Sur »vie entre vous et moi…

18 janvier 2013
Un coin non repertorié sur les cartes...

Un coin non répertorié sur les cartes...

Notre « bon » confort défini survie ce qui nous a permis de vivre depuis des milliers d’années, les stages de survie sont tous simplement des retrouvailles avec nos racines…

Mon sac est prêt depuis hier soir mais ma dernière nuit fût agitée car demain c’est le départ pour quatre jours de baroude. J’en en ai l’habitude pourtant cette fois  je ne serai plus seul mais à la tête d’un groupe de potes qui joueront les « cobayes » pour les futurs stages de « sur » vie douce. La météo ? Quelle météo ? Cela va être de la survie, à nous de nous adapter, entre vous et moi je suis toujours très moqueur des gens qui passent la moitié de leur journée derrière un écran à la recherche du ciel bleu. Il n’y a pas de mauvais ou de beau mais que du bon temps, donc à nous à nous adapter. Le rendez- vous est donné au petit port qui abrite mon Cabochard, les sourires sont accrochés aux visages de Mathieu, Gerald, Wilfrid et Yves tous amis de longue date. Je vérifie les packtages  distribuant les rations et autres accessoires indispensables pour affronter les futures nuits polaires qui vont nous attendre. Véro nous accompagne en fourgon jusqu’au terminus d’une route qui mène à un petit village perdu de l’extrême sud de la Corse. Le massif de Cagna semble nous observer, nous allons devoir cohabiter avec ce géant de granit. Pesage des sacs et distribution de la carte du coin, il faut trouver le bon chemin qui devra nous mener au premier col. La pluie vient au rendez-vous, les conditions ressemblent à quelques coins d’Alaska que j’affectionne, à la différence que là-bas ces températures sont synonymes d’un été chaleureux ! La belle équipe trouve sans trop de problème le chemin mais je remarque qu’ils confondent les noms des lieux dits, découvrant rapidement leur erreur cela vaudra un bel éclat de rire des « sur » vivants ! Fini le sentier nous voilà dans le maquis de ronces, sur mon GPS des points alpha sont pointés ils doivent les retrouver pour pouvoir découvrir les passages dans une nature aussi dense qu’impénétrable. La progression devient compliquée, la végétation se referme, les gros sacs à dos accrochent, la pluie rend le terrain très glissant. Je sens que nous  nous éloignons du bon franchissement, tant mieux je sais qu’il y a des anciens vestiges de la dernière guerre, pendant qu’ils se dirigeront dans la mauvais sens ce sera pour moi l’occasion de trouver des pièces perdues par les pauvres envahisseurs de soldats italiens en déroute. Bingo en même temps que je découvre un casque rouillé un cèpe se fait faire prisonnier ! Mes amis comprennent leur erreur et nous voilà sur le bon cap. Après trois heures d’effort et des mains labourés par les ronces nous voilà dans une très vieille ruine ; c’est là que nous allons dresser le camp. Le toit a disparu depuis quelques lustres, il va falloir monter les bâches avec intelligence pour rester un soupçon sec. Les binômes se partagent les taches, fabriquer une petite charpente pour tendre nos toiles et aplanir le terrain pour que nos corps épuisés puissent y trouver tout le confort. Dans l’ancienne cheminée le bois sec et vert alterné réchauffe l’eau qui hydratera nos soupes. Le rire est de mise et le manque de confort tisse notre union. 6h 15 le feu crépite et les averses de la nuit passée sont déjà oubliées, nous allons reprendre la route. Toujours pas de chemin mais du maquis dense et déchirant. Le ciel anthracite nous prévoit un froid de plus en plus intense, mais notre cœur de groupe est chaud bouillant. Nous trouvons un de mes anciens camps, en deux temps trois mouvement un petit feu nous réchauffe ; je leur propose soit de rester, soit de continuer pour un autre lieu mieux protégé du coup de vent qui semble arriver. A l’unanimité nous reprenons la marche, les torrents gonflés par les fortes pluies sont traversés sans anicroches, dans un sentier improvisé par mes soins ces dernières années nous rejoignons une minuscule prairie très  isolée. Une bâche de grande dimension est à leur disposition, à eux sans mes consignes de la transformer en chalet éphémère. Muni d’une simple hachette et scie pliable, les néo-robinsons s’appliquent à la construction de leur abri. La nature semble compatir dans leur tache méticuleuse en leur accordant un trêve d’eau du ciel! La maison montée la pluie se rattrape de cette courte accalmie par un déluge, mais il faut du feu pour réchauffer l’eau de nos gamelles. Toujours avec la même détermination ils obtiendront un foyer immense qui réchauffera nos corps frigorifiés par ces trombes de pluie et neige mélangées… Ces quatre jours durant ces « stagiaires » mais surtout amis ont su s’adapter à une vie rudimentaire mais fraternelle, chacun au petit soin avec l’autre. Jeudi après-midi dans un timing préétabli et dans un lieu prédéfini avec Véro nous sommes récupérés un poil boueux mais heureux de ses jours sans aucune connections avec l’extérieur mais avec un « moi » trop souvent  aspiré par l’excès d’information qui a la fâcheuse manie de tuer le temps présent. Pendant ce « bac » blanc j’ai noté, analysé pour les prochains stages à venir. Le prochain aura lieu le 9 mars…

Localiser le point qui nous menera au suivant, un exercice de précision...

Localiser le point qui nous mènera au suivant, un exercice de précision...

Passage au milieu des ronces, les mains en garderont de bons souvenirs...

Passage au milieu des ronces, les mains en garderont de bons souvenirs...

un casque rouillé de l'armée italienne, vestige de la derniére guerre...

un casque rouillé de l'armée italienne, vestige de la dernière guerre guerre...

Une bache, quelques bouts de bois et beaucoup d'ingeniosité...

Une bâche, quelques bouts de bois et beaucoup d’ingéniosité...

Passage de plusieurs torrents...

Passage de plusieurs torrents...

Un troisiéme livre? I’m a free Man

11 janvier 2013

IMG_6847.jpg couverture livre

Mon deuxième livre semble vous plaire, je reçois régulièrement des félicitations à son sujet et beaucoup m’encouragent à continuer… Je l’ai relu et  je lui  ai trouvé beaucoup de défaut.  Ne nous emballons pas, je vais tenter de mettre sur papier ma dernière aventure mais la route sera longue avant qu’il voit le jour. Pour que je puisse écrire il me faut un esprit tranquille, mais en ce moment je suis en ébullition, j’ai planté beaucoup de graines et elles commencent à germer alors il faut jardiner ! Je vais prendre du temps pour me poser et écrire. Il pourrait commencer comme ça !

Yes, i’m a free Man

Prologue :

Le martèlement de la pluie sur ma tente a bercé cette nuit qui n’est jamais venue. Ici c’est le Grand Nord, ici c’est la terre des excès, deux mois de jour l’été, deux mois de nuit l’hiver. Quelle est loin ma douce méditerranée printanière, mon petit bateau au mouillage me semble un simple  souvenir, ma belle doit y être, elle doit songer au rêveur à cloche pied qui va rentrer dans son conte de gosse. Que les trolls se tiennent à carreau, les elfes je saurais les charmer, Erik le rouge ne sera pas assez fort pour m’empêcher de poursuivre ma croisade. Ne plus penser à hier, ne pas songer à demain, ma maitresse se nomme l’instant présent. Que de nuits à déplier des cartes sur mon Cabochard, que de notes sur la route probable pour traverser ces régions septentrionales et ce projet qui voit le jour. Relier le  phare le plus Nord de l’Europe continentale au plus sud de la France chez moi en Corse aux iles Lavezzi en utilisant que mes petits muscles et ma jambe de bois ! Les aventures précédentes ne m’ont jamais permis d’arriver à la maison, tel le cheval qui sent l’écurie je sais que malgré l’épuisement l’émotion me guidera jusqu’ aux portes du bonheur. Vivre plutôt que survivre, aimer sans concession, le jour ne m’appartient pas il m’est juste prêté. Mon accident ? Quel accident ? Ah oui je vois ! Une pacotille, une broutille, c’est trop vieux pour que je m’en souvienne, dix ans, vingt ans trente peut-être. Mon bout en moins c’est de la vie en plus, mon corps est en viager, j’ai égaré une pièce mais ce n’était qu’un vieux placard, l’important est de ne pas boiter dans sa tête. Je fonce, je vibre, mes zones d’ombres me servent en cas de lumière aveuglante, rien ne sert de briller si tu n’éclaires personne. Dormir, il faut dormir, mon corps doit, mais ma tête refuse, 5000km droit devant et un estropié qui joue l’aventurier, un bousillé de vie qui veut  encore et toujours. Pourquoi, pour qui ? Je ne sais pas, je ne sais plus, en vérité cela doit cacher quelques choses. Pas de revanche, pas d’exhibition, je n’attends rien de tous cela, l’identification des autres ? Surement pas, une reconnaissance par mon âme ; je le crois.

A pluche

Nuit du Tour à Porto-vecchio et annonce de la première plage handi…

6 décembre 2012

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Depuis 6 ans Laurent Benezech parrain de cœur de l’association donne beaucoup de son énergie pour organiser une équipe Bout de Vie à chaque occasion de l’Etape du Tour de France Mondovélo. Une course cyclo-sportive de montagne, quelques jours avant le passage de la caravane, est ouverte au public, 10 000 concurrents du monde entier et quelques coureurs non-entiers au maillot du dauphin à la queue coupée ! Le but étant de récolter des fonds pour l’association, La Fondation la Française des Jeux et Axa Atout cœur en sont les mécènes.Cette année c’est la centième édition du Tour de France et de plus le départ sera donné de Porto-Vecchio en Corse du sud. Laurent me suggère une idée : Pourquoi ne pas monter une équipe de 6 cyclistes amputés et réaliser une traversée de la Corse par étape pour arriver à Porto-Vecchio la veille du départ du Tour de France. L’idée est lumineuse, le matin nous pédalerons ; l’après-midi nous rencontrerons les scolaires pour les sensibiliser aux accidents de la route et au sport de haut niveau avec un bout en moins ! Françoise et Gilbert Lippini s’associeront à nous, ils ont créé l’association Adrien Lippini en hommage à leur fils tué sur la route le 14 juillet 2009 alors qu’il s’entrainait en vélo. Depuis ils sillonnent la Corse pour rencontrer les usagés de la route et surtout les jeunes, ils ont imprimé des plaquettes en plusieurs langues de comportement sur la route envers les cyclistes. Entre temps la mairie de Porto-Vecchio  organise la Nuit du Tour le samedi 8 décembre, une grosse soirée pour présenter aux citoyens cet événement, ils veulent que je m’associe à ce projet. Un film retraçant mon parcours sera diffusé à 18h au centre culturel de la ville avec une signature du livre. Mais un Cabochard sommeille toujours en moi ! Je suis flatté par l’honneur que me fait la commune mais depuis quelques années un point noir me chagrine, m’irrite même, la cité du sel fait partie des 10 plus belles plages au monde, élection en 2010, mais aucune n’est adaptée aux personnes en fauteuil. J’accepte les honneurs mais il y aura une condition, le jour du départ du centième Tour de France la commune inaugurera une plage pour handi. Je surprends, on ne s’attendait pas à ça. Je suis têtu, borné mais c’est ma seule condition ! Sans ciller le maire de la commune et son équipe ont accepté ma requête et samedi soir nous pourrons officiellement annoncer que Porto-Vecchio mettra tout en œuvre pour accueillir les touristes du monde entier en fauteuil. Il y a deux ans j’avais forcé la main à ma commune de Bonifacio, depuis tout le monde s’en réjouit. Je peux vous dire que cela me remplit de bonheur enfin les esquintés de la vie pourront profiter des joies de la Méditerranée.

On vous attend nombreux samedi 8 décembre à partir de 18h soir au centre culturel de Porto-Vecchio pour  fêter tous ces événements  ensemble.

Ma différence c’est ma force…

Eté 2013 on pourra enfin voir cette scéne sur une plage de Porto-Vecchio

Été 2013 on pourra enfin voir cette scène sur une plage de Porto-Vecchio

Projet de stage de survie ou de vie plutôt…

28 novembre 2012
Elle attend sagement son retour...

Elle attend sagement son retour...

La météo annonce enfin du vrai bon temps : pluie, vent violent, froid et orage de grêle un merveilleux jour de balade en montagne. Il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que de mauvais habits. Mon sac étanche est déjà prêt depuis hier soir, je ne voudrais pas louper cette connexion, une rose rouge y est soigneusement rangée ! Romantique jusqu’au bout de la prothèse l’aventurier à cloche pied. Véro absente depuis plusieurs semaines pour des raisons professionnelles m’a fait parvenir cette fleur, c’est sur que je ne peux la faire dessécher sur mon bateau, sa place sera dans le maquis dans notre camp. Une heure de piste à moitié noyée en 4X4 et enfin je suis à une encablure de mon chemin improvisé. Ce n’est pas de la pluie, c’est un déluge, c’est bien connu en Corse tout est excessif. Je me faufile dans la forêt, le vent devra se contenter de la canopée, le randonneur lui comptabilise les gouttes qui lui bisent le nez.  Des tapis de champignons multicolores, je redouble de prudence, une erreur est vite arrivée, il y a quinze jours j’ai en consommé des nouveaux, j’ai vu Jo Zef en forme de libellule et quelques oiseaux comme des éléphants roses tachetés de vert ! Donc méfiance !!! Mon jeux de piste est brouillon la moindre faute d’inattention et c’est parti pour un tour gratuit à se retrouver. Les odeurs m’enivrent mais une idée me revient en boucle. Depuis un petit moment on me demande  d’organiser des stages de survie, jusqu’à présent je n’y prêtais pas cas mais l’idée chemine. Donc cette journée est  une mise en forme de ce projet. L’idée serait d’amener quatre personnes pendant une semaine en milieu naturel en Corse. Un stage où l’on partagera une vie simple que certains appellent survie ! Une carte, pas de sentier et un apprentissage de progression en moyenne montagne, montage d’un camp, règle basique de vie en forêt avec cueillette et compréhension du monde environnant et découverte du silence. Connaissant le succès qu’ont les émissions douteuses de pseudo aventure, je comprends pourquoi on me le demande de plus en plus. Vous allez me dire mais qui y a-t-il de nouveau ? L’équipe de quatre personne sera composée de deux binômes, jusque là normal, mais ces binômes à leur tour seront composés d’un valide et d’un différent, voilà le « truc » en plus ou en moins, sans jeux de mots ! Attention ceci n’est qu’un projet. Ce stage serait un retour dans le basique, dans un système de vie en milieu naturel, téléphone, Iphone, Ipad, caméra, radio et autres gadgets formellement interdits. Une totale immersion dans un voyage de l’intérieur en laissant pour quelques jours le monde du virtuel et des hommes urbains. Je ne sais pas encore s’il doit y avoir de longues marches ou une vie sédentaire en forêt avec des randos en étoile, j’attends de voir vos réactions, j’en connais qui vont vite réagir, les autres seront un peu effrayés par cette expérience mais je sais qu’elle est à la portée de tous. Pour exemple depuis 11 ans Véro me suit dans ce style de progression, elle n’est pas une grande sportive et encore moins une miss muscle mais elle a réussi à s’adapter en y trouvant beaucoup de plaisir… Les participants devront signer un formulaire stipulant qu’ils se prennent en charge en cas d’accident, je n’ai pas de diplôme de guide de survie. Ce stage sera payant bien sur mais la facture devra être réglée au nom de Bout de Vie, une manière de récupérer des fonds sans cette sensation de faire la mendicité. Pour vous donner envie de venir : tout à l’heure sous une jolie bâche bleue noisette, (couleur inventée par la mascotte) j’ai cuisiné une belle poêlée d’amanites des César avec une galette à base de farine de gland de chêne. Un tapis blanc de grêlon rendait à la forêt un air enchanté, la rose rouge est posée sur un tapis de mousse, bientôt ma binôme sera de retour.

L’aventure ce n’est pas un magazine ou une télé réalité, l’aventure c’est vivre en osmose avec les éléments en se déconnectant de l’indispensable qui deviendra futile. L’aventure c’est le confort de se laver dans un torrent glacial, de découvrir une racine qui sera soupe ce soir, de cacher au fond de sa poche une brindille sèche pour démarrer le feu qui nous réchauffera d’une journée de pluie, l’aventure en vérité c’est ce que les virtuels appellent survie alors que ce n’est que vie.

J’attends avec impatience vos commentaires, s’en suivront les conditions, dates et tarifs.

A pluche !

Mon sang doit être rouge comme le vôtre !

23 octobre 2012
La nature n'a qu'une patrie, liberté...Liberté...

La nature n'a qu'une patrie, liberté...Liberté...

La tente est montée, le feu semble protéger le bivouac, les mascottes sont fidèles à leur poste mais un duvet est proprement étendu à côté du mien, je ne suis plus seul en raid mais là haut dans mon refuge de montagne. Conjuguer le verbe « partager » fait partie de mes délices de cabochard un poil nomade. Véro apprécie ces retraites calmes et sereines. Le confort est immense, nous sommes au milieu de la nature, pas un simple cinq étoiles, une voute céleste rien que pour nous. L’homme est loin, la route d’accès semble inaccessible tellement le lieu est isolé. Ce coin nous unit, nous rapproche, il délie nos langues, laisse raisonner nos âmes, nous vibrons au rythme des torrents seuls voisins. Une île, un peuple et nous au milieu de cette insularité. J’ai amené une petite radio pour être au courant. Mardi Maître Sollacaro a été lâchement abattu ; dimanche le derby ACA-SCB. Je désire suivre les infos, je crois avoir envie de savoir comme tout le monde, c’est vrai je ne suis pas si différent ! Anna-Maria, la fille du magistrat fait un discours d’avant match, son père était l’avocat du club. Digne, sa voix ne tremble pas, Véro me rejoint et écoute. S’en suit l’hymne Corse, le Salve Régina, nous surprenons des larmes couler sur nos visages, identités Corse, nationalisme, chauvinisme, je ne sais pas, mais l’émotion transpire le poste. Le match est donné, je reprends mes robinsonnades. Véro rejoint son hamac avec un nouveau livre,  l’histoire d’un mec éclopé qui descend seul en kayak un fleuve là- bas dans le Grand Nord ! De temps à autre je tends l’oreille, le stade est complet, je pars dans mes raisonnements. Qu’est ce qui a changé depuis le temps des gladiateurs ? Les animaux ne sont plus dans l’arène, les hommes se sont transformés en bête féroce. La mise à mort n’est plus la même, on ne s’achève plus en se regardant dans le blanc des yeux, la lâcheté a plus de place, c’est dur d’oublier le regard d’un homme qu’on assassine ! La mi-temps, le score est nul, je me surprends à être toujours attentif. Ca repart, les speakers semblent décrire une ambiance sympa, tant mieux, beaucoup d’enfants sont dans les tribunes. Ils restent 7’ pour que la fête soit terminée, Yoann Cavalli, tombe, un Bastiais l’a bousculé sans faute, il se redresse et lui assène un coup de tête… Le public s’enflamme, une bombe agricole est jetée au milieu des supporter rouge. Bagarre de rue, la France entière attendait cela : « la Corse est violente vous avez vu dimanche  encore !!! ». Je suis triste, j’éteins mon poste, le match était nul. Jo Zef me souffle que l’on devrait débaptiser Cavalli (chevaux en corse) pour le nommer sumeri (ânes) ! L’homme est habité par la violence, l’effet de groupe le développe encore plus, chaque jour sur la planète nous sommes de plus en plus nombreux, l’effet fourmilière semble nous stresser, une étincelle et tout explose. Que faire ? Que penser ? Je réactive le feu, si des supporters assoiffés de sang passeraient dans le coin je serai prêt à leur cramer leurs drapeaux. Le nationalisme ; je crois que l’un des problèmes vient de là. Tout à l’heure nous étions émus aux larmes de sentir notre peuple uni. Le danger grandi par ce sentiment, appartenance d’un clan, rend « l’autre » dangereux car différent : « Ils ne peuvent pas comprendre, ils ne sont pas comme nous. » Ce refrain je l’ai entendu dans le monde entier, et depuis la nuit des temps l’homme guerroie pour un drapeau, un hymne, une religion. Il parait normal d’assister à un défilé militaire pour la fête nationale du pays, il semble évident d’être au garde à vous devant un bout de tissu qui s’élève dans les airs. N’est ce pas déjà un acte de violence envers « l’autre ». Je vous entends ronchonner, grincer des dents pour certains, mais le nationalisme est le ver qui  pourri la pomme, dommage ! Je vous laisse à vos réflexions, commentaires, engueulades. La planète n’est qu’une île minuscule, nous avons tous de l’hémoglobine rouge dans nos veines.

C’est par curiosité peut-être que l’homme fait couler le sang de son voisin. Juste pour vérifier s’il est de la même couleur !!!

A pluche !

Still a free man…

10 octobre 2012
Toujours et encore un homme libre...

Toujours et encore un homme libre...

Me voilà de retour dans mon cocon, une routine qui m’est bien spécifique. Qu’il est bon d’être à bord du  Cabochard avec ses 6m² habitable. Un confort strict mais suffisant et une paix retrouvée. Le vent d’Ouest m’enveloppe, Véro a repris son travail, on se verra en fin de semaine, plus personne sur le port abri où je me cache. On me préconise de me reposer, de récupérer, tout le monde s’inquiète de mon physique, mais je suis en pleine forme, pas la moindre courbature avec une énergie débordante. Ces quatre mois ont été difficiles au départ mais au fil du temps le corps s’est endurci, renforcé et cette croisade est devenue un quotidien tranquille. Le mental, lui est usé, ça s’est vrai, je suis fragile, la moindre bricole me met à fleur de peau. Ce matin en écoutant par le net une radio suédoise qui ne passe que de la jolie musique qui m’a accompagné pendant plusieurs mois, j’ai entendu la mélodie de Mélissa Horn. Je me suis surpris à sentir des larmes couler. Pourtant je suis heureux d’être arrivé mais voilà ma cervelle doit se reposer. Alors pour tout remettre en place j’ai repris mes activités habituelles. En premier lieu je suis allé en montagne voir si mon refuge, que vous avez aperçu dans l’émission d’Echappée belle, n’avait pas été visité pendant cette longue absence. Personne n’a souillé mon nid sauvage. J’y ai passé une journée comme je les aime, j’ai remonté des murs en pierres sèches qui ne me convenaient plus, j’ai bricolé la charpente qui maintient la toile me servant d’abri, je me suis immergé dans le torrent pour me faire pardonner de cette longue absence. Au loin, quelques sangliers qui avaient oublié que le coin devait être partagé avec le mec qui cause aux oiseaux. Puis le  test vélo pour voir si avec un engin de 7,2kg je pouvais frôler le mur du son. Incroyable j’ai l’impression d’être un bon cycliste, je m’amuse comme un dingue, sur un long plat je tiens une moyenne de 43km/h, cela est hors norme, ces 4000km avec mon vélo-tracteur de 30 kilos m’ont donné une caisse de folie. Je monte des côtes à plus de 20km/h alors que chargé je ne dépasserai pas les 7km/h. La sortie s’avère euphorisante, j’ai pris 2kilos pendant ces quatre mois mais pas un gramme de graisse, les muscles sont devenus des machines. Vous en voulez encore ? Après la bicyclette, il fallait que j’aille un peu voir si les liches étaient de retour, ce poisson prédateur est un vrai délice. La combinaison rentre avec beaucoup de difficulté, les cuisses et les épaules passent moins bien ! Je me régale, les sérioles me tournent autour, je leur dis saumon mais elles ne comprennent pas ma langue. Ok les filles, je vous laisserai tranquille cette semaine mais après je mettrai mes lignes à l’eau. Enfin le Cabochard qui boudait mon absence m’a fait une blague, alors que j’effectuais ma manœuvre pour le mettre à quai, l’aventurier à cloche pied, a gentiment glissé par-dessus bord pour se retrouver en train de nager, Véro et les mascottes étaient hilares de cette baignade inattendue ! L’activité est ma manière de vivre, l’effort est une sorte de méditation. Dans quelques jours mon bouquin va être dans les bacs partout en France et dans les pays francophone, je sais que mon éditeur va me demander d’en faire sa promotion, alors avant le coup de bourre je vis au présent. Un ami hier soir me disait que mon quotidien était simple comme  celle d’un oiseau, mais pourtant de rêve. Je suis libre, aucune contrainte, je vais où le vent me porte. Alors pourquoi devrais-je être fatigué, pourquoi devrais-je me reposer. On me demande souvent s’il y aura un carnet de voyage sur cette aventure. Doucement les amis, je ne suis pas écrivain même si j’aime claquer le clavier, la sortie d’un ouvrage est beaucoup de travail. Je viens de recevoir mon deuxième et je peux vous dire que cela me fait drôle. A l’école j’étais un cancre et le radiateur était devenu une sorte de compagnon. Mes rêveries m’ont couté très cher, le refrain était le même : « Bruno répétez ce que je viens de dire ! » La classe explosait de rire et je me retrouvais viré… Quelques années plus tard avec un bout en moins et quelques anecdotes je me retrouve avec une bibliothèque avec deux bouquins de ma plume. Mon journal de bord Arcticorsica est bel et bien clôt mais mon envie de partager mes bouts de vie reste bien ancré, alors de temps à autres je passerai vous voir par l’intermédiaire du net.

Un grand merci de votre fidélité… Yes I’m a free man…

A pluche !

Epilogue d’Arcticorsica…

8 octobre 2012
Aprés 116 jours d'effort, la récompense...

Après 116 jours d'effort, la récompense...

Les scolaires m'attendent aussi, un vrai bonheur de partage...

Les scolaires m'attendent aussi, un vrai bonheur de partage...

Notre différence, c'est notre force...

Notre différence, c'est notre force...

Retrouvaille avec mon filleul...

Retrouvailles avec mon filleul...

Arcticorsica est déjà inscrit dans mon passé, le sablier du temps n’a pas de patience avec les rêveurs, il file vers le futur sans se préoccuper de nous pauvres chronophages.  Les souvenirs s’embrouillent, pourtant tout s’enchaîne comme par magie. Valentin m’a fait la joie de venir à l’arrivée, je suis chanceux qu’il soit là. Je sais que des surprises m’attendent mais je dois rester concentré. Un bateau, tant qu’il n’est pas solidement amarré à quai,  n’est jamais arrivé, Immaqa le sait. Je dois lui rendre la confiance qu’il m’a faite pendant ce long voyage. J’ai convenu que je passerai la ligne du phare des Lavezzi  vers 11h, quelques bateaux seront là pour m’accueillir mais Véro m’a caché des choses. Un SMS du directeur de l’école des primaires m’annoncent un peu de retard, je vais en profiter pour me relaxer. Je trouve une « plagette » pour beacher mon beau kayak, je pratique une longue série de respiration et je m’endors. Oui vous avez bien lu, je m’assoupis quelques minutes. Va falloir y aller les copains ! Je fais un dernier tour au travers des blocs de granit et pars vers la fin de mon rêve. Le vent s’est mis d’Est, il va m’aider. J’avance à bon rythme, le premier yacht me rejoint, Yves et Véro2, accompagnés de mon filleul, de mon oncle et de Loïc. Je les salue mais je dois garder les mains sur les pagaies, je devine la passe de l’îlot du Beccu, derrière surgira le phare le plus sud de France. Un pneumatique droit sur moi, les caméras, Valentin et ma « Vrai ». Je sens une grosse boule surgir de je ne sais où, je ne veux pas me déconcentrer. Marc-Dominique pratique une savante manœuvre avec son embarcation pour se coller à moi, Véro me prend la main, je me transforme en Marie-Madeleine. Mais je n’ai pas fini, je dois me reprendre, le vent légèrement de travers, m’oblige à vite retrouver ma cadence. D’autres bateaux arrivent, j’essaie de saluer tout le monde sans perdre ma concentration. Je devine le coin Est du phare bientôt je verrai son nom inscrit sur sa face Sud. Ca y est, je l’ai passé, en premier lieu je contacte par VHF le sémaphore de Pertusato qui officialisera mon arrivée à 11h46, le personnel de veille de la marine nationale me félicite, je n’arrive plus à parler, je suis comme choqué. Je dégoupille un feu de bengale de sécurité et me laisse porter par le vent. Au fur et à mesure que j’avance je m’aperçois que tous les scolaires sont sur les cailloux avec des grands dessins pour m’accueillir. Je leur envoie des baisers, je ne suis plus sur terre, je crois que je vais me réveiller. Je les rejoints sur le ponton de l’île, Alain fait sauter une bouteille de champagne et m’arrose, je saute à quai au milieu de tous ces gamins qui m’ovationnent, je suis aux anges. J’embrasse Eric le directeur et tout les enseignants. Norra et Jo Zef passent de mains en mains.

Ca y est je l’ai fait… La journée n’est pas finie, Patrice et Marion correspondant de TF1 me coincent pour recueillir à chaud mes impressions, Fabrice le réalisateur du film de cette aventure est lui aussi avec sa besace de questions. Véro m’observe, elle devine ce qu’il se passe dans ma tête de sauvage. Les enfants rejoignent la plage des Lazzarine, je leur ai promis de me joindre à eux pour le casse-croute. Valentin est la première personne qui a pris mes amarres, il n’en pouvait être autrement. Mais la journée n’est pas fini à 16h j’ai rendez-vous à Bonifacio avec tout ceux qui n’auront pas eu la chance d’être en mer. Je repars en kayak et m’offre un vent portant, je peux envoyer mon cerf-volant qui me permet d’avancer sans forcer. La cité des falaises se dévoile, toujours aussi imposante, elle semble m’attendre depuis si longtemps. D’autres amis me rejoignent en bateau, je savoure ces moments précieux. Puis le goulet qui me mènera au port s’offre à nous. Les bateliers à chaque passage, racontent aux micros mon parcours, les touristes enthousiastes rapporteront un souvenir de plus de l’île de beauté. L’effet venturi se fait sentir et ce petit kilomètre qui me sépare du quai va se montrer sportif. Je reprends le rythme, le vent contraire ne fait plus peur, c’est devenu un confident de voyage. Encore un bateau, Wilfrid amène un ami journaliste pour photographier ce moment privé, je sens dans ses yeux beaucoup d’émotions, Hervé écrira un article très touchant sur mon périple. Le bateau des scolaires me rattrape à quelques encablures du quai d’honneur, les gamins sont déchainés, leurs chants arrivent presque à couvrir le bruit des sirènes des bateaux.  Le maire de la ville et vice président de l’assemblé de Corse m’ouvre ses bras, on est des amis de longue date. Ce n’est pas un officiel mais un pote avec qui j’aime me confier. Puis je découvre au milieu de cette foule des visages familiers, Steve, Stéphanie, Thierry u Dolfinu compagnons de vie de l’asso, ma tante… Je ne cesse d’embrasser tout le monde, trois charmantes représentantes de la société Corsica Tour, partenaire du projet sont là… Je ne pourrais citer tout le monde mais cette arrivée est plus belle que je ne l’aurai imaginé. Beignets au bruccio et pain des morts accompagnés de champagne pour des retrouvailles qui font du bien. Mais pourquoi en rester là, un diner pique-nique au coin du feu sur une plage nous permettra de gouter ensemble aux joies de ce que ces 4 mois d’aventures m’ont apportés…

Ce billet clôturera mon journal de bord Arcticorsica  mais pas mon blog et je profite de cette bafouille pour vous remercier. Sans vous mon voyage aurait été plus terne, plus sombre, vos messages m’ont ému, touché, boosté. Ce trip de prime à bord en solitaire ne l’était pas, vous étiez toujours un peu présent.

Pour ceux qui souhaitent continuer à lire mes périples, en avant première mon livre Ayeltgnu le défi d’une vie debout, est, avant sa sortie officielle du 18 octobre, en vente sur le site de mon éditeur Au coin de la rue. En fil rouge ma solitude du fleuve Yukon que j’ai eu la chance de pagayer été 2010 et quelques anecdotes « cabochardesques ».

Petit cadeau un clip de quelques secondes : Attention cette vidéo est une exclusivité planétaire. Pas conseillée aux grincheux, rabat-joie, matérialiste, tueur de rêve…

A pluche…

Ligne d’arrivée enfin passée…

5 octobre 2012

Bonsoir à tous, je serais très bref car la journée fût aussi longue que fantastique.

De l’émotion, du partage, du rire, quelques larmes, et beaucoup de joie d’avoir enfin conclu cette incroyable aventure Arcticorsica.

Encore un coup de mes anges gardiens, l’équipe du JT de 20h de TF1 a filmé l’arrivée. Rendez-vous samedi 6 octobre à 20h30 avec Claire Chazal…

Promis demain je reviendrais sur ce bouquet final…

Last night in paradise…

4 octobre 2012
Un moment tellement rêvé...

Un moment tellement rêvé...

Je suis en train de sortir de mes rêves car quelqu’un rode autour de ma tente, je ne l’entends pas mais je sens une présence. Ici pas de prédateur à part l’homme, je m’applique à ouvrir le zip de mon abside sans faire trop de bruit pour surprendre un renard en quête de compagnie. La nuit est étoilée avec un gros morceau de lune qui éclaire la plage endormie, je parle à mon visiteur qui ne semble pas être apeuré, mon histoire ne l’intéresse pas trop son actu à lui, c’est survivre. Je démonte mon bivouac, un dernier gros morceau m’attend, la traversée du golfe de Santa Manza. Oh, la Méditerranée ce n’est pas la mer de Botnie mais je reste vigilant quand même. Le Ponant est déjà en place, les Bouches de Bonifacio lui conviennent à ravir pour œuvrer sur un pauvre kayakiste en route. Je m’applique, cela est ma devise, donner mon meilleur pour m’en sortir au mieux. Un duo de dauphins me croise mais je vais trop doucement pour qu’ils daignent venir à mon étrave. Finalement je rejoins la pointe de Capicciulu et me retrouve sous le vent, chaque cailloux me rappellent une histoire salée, je passe à fleur des écueils des Gavetti, je me souviens d’un sauvetage où j’avais récupéré une famille qui avaient fait naufrage. Le père, la mère et trois enfants. La plus petite était inconsolable car son doudou était resté coincé à bord de l’épave. Je me rejetai à l’eau pour le lui récupérer. Tiens, Norra et Jo zef applaudissent ! Je file vers les îlots de Porraghjia, comme ils sont bons les poireaux sauvages en hiver. Je m’accorde une pause café, je ne suis plus très loin de Cavallo, la brise n’est plus très forte et je peux procéder tout en rêvant. Finalement, devant moi surgissent les Lavezzi, l’île qui m’a reconstruit mais qui m’a vu déménager. Le tourisme de masse les ont rendu invivables. Je vois du monde, je devine des bateaux, je dois accepter que ce n’est plus mon ile. Je connais un coin où je devrais être tranquille, je beach Immaqa, la machine à penser se met en route. Ces 4 mois de solitude, ces 116 jours de raid m’ont rendu plus fort, mais plus dur en même temps. J’ai dû être intransigeant avec moi-même, la faiblesse des autres m’est difficilement supportable. Je suis sincère, je ne veux rien cacher, je vais retrouver les « autres » et comme disait Sarthe : L’enfer c’est les autres. Au milieu de tous ça mes potes qu’il me tarde de retrouver, vous peut-être alors je souris, mais je crains ce retour, je me souviens du livre de Bernard Moitessier qui après un tour du monde à la voile repartait pour un autre tour, peur de la confrontation avec la foule. Je n’ai fais que la traverser, je ne l’ai qu’effleurée, maintenant je vais m’y plonger à bras le corps. Me voilà au bout de mon rêve, demain à 11h je passerai officiellement la ligne imaginaire du phare des Lavezzi, la boucle sera bouclée. Je suis ravi de savoir que tous les élèves  primaires de Bonifacio seront en mer, je croiserai le regard des copains… Ce soir je suis caché quelques part et je vais déguster cette dernière soirée de solitude. Cette nuit j’ai lu quelques messages d’amis, l’un d’eux m’écrivait ceci : Tu n’as pas réalisé un exploit, tu as juste effleuré les étoiles…

Je vous embrasse du fond du cœur et vous envoie un peu de douceur méditerranéenne.

Yes i’m a free man

PS : Jo Zef va faire découvrir les Lavezzi à Norra…

A pluche !

Du pays du silence au pays du vent…Presque 4 mois!

3 octobre 2012
Bivouac dans ma commune de Bonifacio, j'ai du mal à y croire!

Bivouac dans ma commune de Bonifacio, j'ai du mal à y croire !

Je retrouve enfin mes automatismes, je lève le camp plus aisément sans oublier le « truc » qu’il faut remiser pour la énième fois dans le sac étanche déjà planqué au fond du kayak. A 6h45 je glisse déjà sur l’eau. Devant moi le golfe de Porto-Vecchio, chose incroyable une houle de 1 mts de nord me pousse vers mon objectif, le bulletin météo de ce matin n’en parlait pas. Je saisi cette opportunité pour filer à bonne vitesse. La baie est profonde et le Ponant encore endormi commence à s’ébrouer, je sais qu’aujourd’hui je vais encore avoir droit à un cours de vent contraire, je suis prêt pour passer ma thèse d’ailleurs ! La mer est très brouillonne mais à chaque ondulation je pars en surf, un vrai plaisir grisant. En plein milieu j’émets un appel par VHF au sémaphore de la Chiappa pour signaler mon passage, une habitude que j’ai pris à chaque passage de phares gardés par les marines nationales locales. Nous dégageons canal 15, la voix me semble familière, et pour cause. C’est un copain qui est de veille, il m’a vu hier au large en descendant en voiture de Solenzara. Ça sent la maison tout ça. Je poursuis en rasant la côte je n’en ai plus pour longtemps, le vent d’ouest va arriver pour l’heure de l’apéritif. Nous longeons les plages de Palombaggia mondialement connus, mais je n’y vois que désespoir et vanité humaine. Des immenses demeures vue sur la mer, qui sans exception sont toutes volets clos. J’aurais envie d’appeler cette région la « côte des lits froids »!  Certain locaux ont vendu leurs terres sans aucun scrupule et des milliardaires ont le droit de bétonner le littoral pour quelques petites semaines estivales, le reste de l’année tout est fermé. Les prix ont flambés, en 20 ans il faut multiplier par 200 le prix du m² ! Les locaux ne peuvent plus construire, les habitations à bas coup sont aux oubliettes… Je reprends mon voyage, je ne veux pas rentrer dans la polémique sur la spéculation. Tiens la mascotte fredonne une chanson de Charles Trenet : Boum, quand la maison fait boum… (Rire). Vers 11h je suis à quelques encablures de la baie de Santa Ghjulia, mais qui a appuyé sur l’interrupteur du ventilateur ? Je m’amarre quelques minutes sur une bouée d’un corps mort et m’accorde un café-gateau, avec quelques étirements. Je me lance, le vent va être trois quart avant tribord, yakapagayer ! Brève traversée mais sportive, je me retrouve en face, je rase les cailloux car la brise fraîchit. J’avance tout doucement, je ne suis plus pressé, je dois juste continuer sans fléchir. Vers midi je trouve une brèche, je m’y engouffre, c’est l’heure du casse croute. Deux palettes gisent sur les cailloux, il me vient une idée. Je les traine sous un arbousier et m’en sert de lit. On est en Corse, non ? Alors on fait la sieste. A l’ombre, la brise me rafraîchit je m’endors comme une masse. 20’ de bonheur. Le vent est encore plus fort, c’est son histoire, moi je vais toujours vers le sud. Je traverse le golfe de Porto-Novu, les rafales sont tellement violentes que j’ai l’impression qu’elles vont m’arracher mes pagaies, mais je suis joyeux, je connais le coin par cœur, je sais où me planquer en cas de pépin. Comme un Cherokee je louvoie en guettant les bourrasques, je m’amuse comme un diable, car je sais où je veux aller. Au 26éme kilomètres j’atteins enfin ma catiche, c’est de là que demain matin je tenterai la traversée du golfe de Santa Manza, assez dangereux par vent fort d’ouest. Il ne me reste plus que 17km pour atteindre les Lavezzi, je peux vous dire que ces derniers kilomètres je vais me les savourer un par un.

Les rendez-vous d’arrivée :

Arrivée officielle :

Au phare des Lavezzi vendredi 5 octobre à 11h, des vedettes partiront de Bonifacio avec tous les primaires de la ville et ceux qui le désirent.

Arrivée officieuse :

Devant la capitainerie du port de plaisance de Bonifacio vers 16h00-16h30

Soirée retrouvailles :

De suite après le pot du port je reprendrai la mer avec mon kayak pour rejoindre la baie de Paragan avant la nuit et je vous attendrai pour une soirée pique-nique au bord de mer. Histoire que vous viviez ce que j’ai vécu pendant ces 4 mois. Chacun amènera son panier. Jo Zef et Norra s’en lèchent déjà les babines !

Arrivée que j’ai rêvée pendant toutes ces semaines de raid :

Samedi 6 octobre avant le lever du soleil, (c’est-à-dire 7h) je repartirai en kayak pour rejoindre mon Cabochard qui m’attend depuis si longtemps dans son mouillage secret. Ceux qui veulent m’accompagner avec leurs embarcations sont les bienvenus.

A pluche !