Sur-vie douce et maquis

16 mars 2015
Sous un chêne liege centenaire...

Sous un chêne liège centenaire...

C’est le quatrième jour que nous arpentons le maquis sauvage de « ma » vallée perdue. Quatre jours entre nous, sans aucun lien avec le monde des « autres », quatre jours sans le moindre écran, quatre jours de « ma » vraie Vie. Le groupe est comme je les aime, rien à priori ne peut les unir, pourtant l’alchimie du nomadisme a créé l’union. Ghislaine, Corinne, Samuel, Didier, Jean-Luc et Sylvain sont les survivalistes, tous ont une personnalité, une âme différente, mais chacun est venue chercher une réponse à l’une de ses questions. Le guide est raccourci d’une jambe, mais ma prothèse ne permet pas de déceler ma mutilation. Sur ce stage, vu la méchante blessure qui vient enfin de guérir, j’ai pris la sage décision de changer mes bâtons de marche par des béquilles. Malgré la crainte de semer l’inquiétude dans le groupe, personne n’y a apporté attention. Je crois que je vais continuer à les utiliser, leur confort de marche hors sentier m’a convaincu de leur bienfait. Mais surtout, la « première » dans cette aventure de sur-vie douce, est que l’un des participants, Sylvain amputé fémoral, ne porte pas de prothèse ! Le pari était audacieux, mais homme de défi, j’ai de suite accepté le challenge. Grimper une montagne hors sentier, en se frayant un chemin au milieu des ronces et des racines croche-pattes, est une épreuve épuisante pour un valide mais pour un unijambiste non appareillé cela fait partie de l’exploit de haut vol. A bon pas nous avons arpenté la rudesse de la vie sauvage, le soir les bâches camouflées n’avaient pas pour premier rôle de rassurer leur occupant mais le feu prenait l’apparence du confident qui réchauffe les âmes. Mal assis nous tentions de ne vivre que l’instant présent. Le torrent, le soir nous ouvraient ses bras pour nous débarrasser du trop de sueur de la journée, comme par enchantement les « petits baigneurs » savouraient les biens-faits d’une eau vivifiante. Oui ; vivre sans rien est un luxe immense, oui ; le nomadisme est le retour à l’essentiel : Vivre. Mais ce quatrième jour fût une sorte de feu d’artifice, toute la nuit précédente, les grains n’ont cessé de gonfler les torrents et à ma grande surprise nous nous retrouvions « prisonniers » d’une sorte d’île encerclée d’eau bouillonnante ! La seule solution était le franchissement de l’un d’eux pour pouvoir se retrouver en zone de chemin retour. Sous ma parka je jubilais d’un tel dénouement, mes « élèves » allaient devoir découvrir de nouvelles limites.  Un passage facile était choisi, mais assez engagé pour un non initié. Avec un bout de corde, un peu d’ingéniosité et d’expérience, l’aventure allait prendre toute sa dimension. A tour de rôle chacun retenait son souffle pour ne pas glisser dans ce « jacuzzi » géant, l’exercice offrait sa part d’adrénaline. Mais le meilleur est toujours pour la fin, Sylvain sur une seule jambe traversait le torrent en furie en nous offrant une sacrée leçon de vie.                                                                                Voilà le stage est fini, l’équipe a repris le chemin de sa vraie vie, mais j’en suis certain tout le monde aura dans un coin de la tête ses moments de partage si forts et si sincères. Du pays où les apparences n’ont aucun pouvoir nous vous envoyions une bouffée d’air pur et humide du maquis.

Si cela vous tente il y a encore 4 places pour le stage de novembre. Aucune condition physique particulière n’est requise pour cette aventure, la seule condition, vouloir, l’espace de quatre jours devenir un Free man…

Un souvenir ne s’achète pas il se vit.
Un aperçu en vidéo:

Et pourquoi pas?

Et pourquoi pas?

Le sommet enfin atteint!

Le sommet enfin atteint!

Après l'effort le reconfort.

Après l'effort le réconfort.

Paire ou impaire!

Paire ou impaire!

Après une nuit de déluge!

Après une nuit de déluge!

Didier ouvre le bal du torrent en cru!

Didier ouvre le bal du torrent en cru!

Il va y aller!

Il va y aller!

Façon équilibriste!!!

Façon équilibriste!!!

Survie et émotions en photos.

16 novembre 2014

Vous deviez vous demander pourquoi je n’avais pas publié quelques photos du stage dans mon dernier billet! La raison était simple, j’avais laissé mon appareil quelques part dans le maquis. Un peu têtu le garçon, j’ai profité d’un beau week-end de pluie d’orage et de solitude pour aller à sa recherche. Mon coup d’œil légendaire, diront certain « bisqueur », non seulement m’a permis de le dénicher mais aussi pour ma plus grande joie de retrouver aussi la montre de Valérie qui l’avait égaré!!! Je sais dame chance ne me lâchera jamais. Pour mon plus grand plaisir un petit album sympa.
En bas de ce billet j’ai posté la chanson que Ange-Paul nous a si joliment interprété au coin du feu. Une forte émotion m’a submergé mais je crois que je n’étais pas tous seul. Merci la vie et dire qu’un d’un cheveux je n’aurai pas pu te croiser Oh Ange-Paul…

Une longue route de terre pour que chacun puisse prendre ses repéres.
Une longue route de terre pour que chacun puisse prendre ses repéres.
La barrage lui aussi victime de la sécheresse.
La barrage lui aussi victime de la sécheresse.
Gwen prend déjà des notes.
Gwen prend déjà des notes.
La construction d'un abri demande toujours beaucoup d'energie et de concentration.
La construction d’un abri demande toujours beaucoup d’énergie et de concentration.
Allumé un feu avec de la bruyére mouillée n'est pas une mince affaire!
Allumé un feu avec de la bruyère mouillée n’est pas une mince affaire!
Mais qu'il est bon de se réchauffer auprés du foyer.
Mais qu’il est bon de se réchauffer auprès du foyer.
La gamelle chantonne un refrain d'une soupe qui va nous rechauffer.
La gamelle chantonne un refrain d’une soupe qui va nous réchauffer.
On reprend la route très loin des sentiers balisés.
On reprend la route très loin des sentiers balisés.
La concentration se lit sur les visages.
La concentration se lit sur les visages.
Trempés comme des souches le sommet est atteint. Ce n'est pas l'arrivée qui compte mais le chemein qui y méne.
Trempés comme des souches le sommet est atteint. Ce n’est pas l’arrivée qui compte mais le chemin qui y mène.
Nuits humides et inconfortables, la vie de nomade a ses exigences. Etre libre c'est choisir ses contraintes.
Nuits humides et inconfortables, la vie de nomade a ses exigences. Être libre c’est choisir ses contraintes.
Ici tout le monde s'en donne à coeur joie, de vraies bucheronnes!
Ici tout le monde s’en donne à cœur joie, de vraies bucheronnes!
Deux longues branches, deux blousons une touche d'astuce et le brancard de fortune nous sortira d'une mauvaise posture. Le blessé se porte à merveille!
Deux longues branches, deux blousons une touche d’astuce et le brancard de fortune nous sortira d’une mauvaise posture. Le blessé se porte à merveille!
Le dernier soir en douce la belle équipe m'a confectionné ce petit tipi. Ah émotion quand tu me kidnappe!
Le dernier soir en douce la belle équipe m’a confectionné ce petit tipi. Ah émotion quand tu me kidnappe!
Et si le hasard n'existait pas. Un immense concourt de circonstance et nous voilà les 7 devant le lion qui nous plonge en état de grâce. Que la vie est belle...
Et si le hasard n’existait pas. Un immense concourt de circonstance et nous voilà les 7 devant le lion qui nous plonge en état de grâce. Que la vie est belle…

Encore au paradis…

6 juin 2014
Cala tramontana au nord des Lavezzi.

Cala tramontana au nord des Lavezzi.

Ce matin au petit-déjeuner les commentaires enjoués du tour d’hélicoptère d’hier sont d’actualités. Mais le présent vient s’inviter, la journée ne fait que commencer. Encore au mouillage de Piantarella qui est une lagune turquoise, le programme est une initiation au palmage. Il n’est pas simple de se propulser quand une jambe manque mais la volonté va palier à ce manque. Le vent d’Ouest lève un clapot qui rend l’exercice des plus sportifs. Tout le monde y met du sien, ils n’ont pas le choix le « casse-pied » de service veille ! Après un bon kilomètre aller-retour les visages témoignent de l’effort donné, mais cet exercice était nécessaire pour l’apprentissage de la plongée. Nous levons l’ancre pour rejoindre le mouillage nord des Lavezzi, à l’abri du vent d’ouest qui s’apaise nous sommes cachés dans une piscine naturelle. Le cuistot-plongeur nous régale comme à chaque fois en plus d’être le moniteur attitré de Cathy. La plongée de l’après-midi va être une balade en eau « polynésienne », mais la plongée est une discipline qui demande beaucoup d’exercices de sécu pour pouvoir évoluer plus profond. Carole et Elisa sont les escortes de Gunther, Sylvain, bon plongeur, muni de sa caméra, fixe des souvenirs pour la bande de bulleur. Sophie au fil des jours devient rayonnante, la vie est vraiment un présent. Patrick et Amélie se plient aux règles d’Archimède, munis de leur jacket ils doivent réussir l’exercice d’équilibrage, Jean-Luc lui se transforme en reporter sans surface et s’amuse à effectuer des clichés de tout le monde. La journée passe à une vitesse folle, le vent est devenu un moignon de rafale et sur une mer plate comme une vie sans aventure, Gunther nous offre le tour des Lavezzi vu de la Galiote. Ce soir nous retrouvons la cale de l’éléphant pour un Everest de lasagne accompagné de beaucoup de bonne humeur…

Résumé du stage de survie…

17 mars 2014

Mais où sommes nous?

Mais où sommes nous?

Les deux véhicules sont enfin garés au départ de la piste défoncée qui mène au sein de « ma » vallée perdue. Les quatre stagiaires, puisque deux se sont désistés au dernier moment, sont au pied du test grandeur nature de survie façon Cabochard. Les doutes sont leurs compagnons de route depuis leur folle décision de suivre l’aventurier à cloche-pied. Jean-Louis, sera mon binôme, une sorte de capitaine de stage, son épaule est réconfortante, à son effectif plusieurs années comme commando-para et de pompier spécialisé en intervention en montagne. Grâce à son expérience je peux compter sur lui pour partager nos trucs et astuces. En premier lieu le but est de savoir se placer sur le terrain, la carte et le compas sont là pour satisfaire à ce besoin essentiel pour l’évolution en tant que « survivants ». La piste suit le court d’un torrent qualifié de fleuve puisqu’il se jette directement en mer, la marche est forcément silencieuse, le passé n’a pas sa place ici, le futur est pris en otage par quelques « djinns » des forêts, le silence commence son effet de lavage de cerveau. Le pas est paisible bien qu’engagé, chaque 55’ une pose de 5’ permet de s’alimenter et de vérifier les éventuels « bobos ». Mais nous sommes  loin de la randonnée du dimanche, survivre est une quête de tous les sens, l’un des carburants de ce type d’expérience est la récolte de nourriture sur le terrain. Asperge, ail, épinard sauvage, ombilic, dent de lion, cépe amélioreront la soupe en poudre du soir. Le sentier corrompt la piste qui sera à son tour asphyxié par un maquis dense, épineux et surtout déroutant pour le novice. La marche devient plus compliquée les sacs à dos accrochent ; les pieds butent sur les racines, les genoux caressent les restes de granit, les mains enfin encaissent les piqures de ronces, la survie n’aime pas ceux qui gémissent. L’emplacement du soir est enfin choisi, une berge sableuse sera le « cocon » nocturne.  La journée est loin d’être terminée, les bâches servant de toit doivent être installées, le bois ramassé et le feu allumé pour le diner qui s’annonce frugal. Le protocole de bivouac est simple mais sans concessions, les tâches sont distribuées, l’usage du torrent comporte des règles immuables, au plus en amont ce sera le lieu où l’eau pour les gourdes sera puisée, puis la salle de bain et au plus en aval le nettoyage des gamelles et sous-vêtements. L’apprentissage des nœuds et du feu concentrent les élèves, sans ce savoir la vie de nomade est impossible. L’invité du soir intimide mes nouveaux amis, l’obscurité ; la forêt glace le sang des plus sensibles, les grands silences laissent place à tous les fantasmes, le  salut du soir collectif est une foutaise car la nuit bien que sombre sera blanche. Les bruits des arbres qui plient sous les rafales de vent semblent s’animer d’une âme de revenant, les autochtones eux s’adonnent à la récolte de leur nourriture tout en étant intrigués par ce groupe d’hommes et de femmes entassés autour d’un feu palot. Les sangliers et renards semblent prendre plaisir à faire du bruit pour rendre nerveux les SDF de la vallée. Le petit jour  dévoile au fur et à mesure les têtes qui émergent de sous les bâches, les cernes en disent long sur leur sommeil… Le feu réchauffe les âmes en peine mais la cohorte reprend la route dans une journée dense en imprévu, l’objectif du jour sera de rejoindre le point Ouest le plus haut de la montagne qui domine la vallée. De là, un feu pourra avertir les secours qu’un groupe en perdition qui a besoin d’aide. Le mode survie commence à rentrer dans la peau de chacun d’eux, les modules sont très variés, traversée de torrent les pieds dans l’eau, fabrication d’un brancard avec comme seul instrument un couteau,  le découpage d’un arbre à l’opinel est l’art de la patience et du savoir-faire. Puis la construction d’un four en pierre pour cuire du pain et bien sûr la baignade en eau vivifiante de fin de journée fournissant l’énergie aux  muscles courbaturés…                                                                                                                                                                                                                              Je pourrai encore vous raconter comment Sandrine a réussi à gérer le froid qui l’envahissait, comment Martine la doyenne du groupe a su faire preuve de sang-froid à l’occasion d’une chute dans le torrent, de quelle manière Karine m’a impressionné sur sa capacité à s’adapter, comment Samuel à accepter mon sermon sur le non-respect de quelques bases écrites pourtant noir sur blanc dans le dossier d’inscription, comment Jean-Louis a su rendre ce stage encore plus attractif…

La vie de groupe en mode survie est un exercice de style qui révèle instantanément le fin fond des personnalités, sans cohésion, l’esprit d’équipe ne peut se former car le seul but de ce type d’expérience est l’osmose des genres.

Si vous aussi vous rêvez d’une aventure similaire vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire au prochain stage en envoyant un mail à l’asso, qui vous enverra un dossier d’inscription.

NB : (Je rappelle que le règlement du stage doit être fait au nom de l’association Bout de vie, il sera considéré comme un don déductible de vos impôts.)

Un jour l'homme découvra le feu.

Un jour l'homme apprit le feu.

Samuel réfléchi au moyen de récuperer sa cuillére perdu au fond du torrent!

Samuel réfléchi au moyen de récupérer sa cuillère perdu au fond du torrent!

Le sommet est atteint le module sauvetage hélico peut-être exécuté.

Le sommet est atteint le module sauvetage hélico peut-être exécuté.

Le foyer, celui qui réchauffe l'âme des sur-vivants!

Le foyer, celui qui réchauffe l'âme des sur-vivants!

Karine, une aventuriére née...

Karine, une aventurière née...

Sandrine, se préte au jeu du "robinson" des forêts.

Sandrine, se prête au jeu du "Robinson" des forêts.

Rien ne vaut une bonne tasse de tisane pour se réchauffer.

Rien ne vaut une bonne tasse de tisane pour se réchauffer.

Une Isolette…

27 janvier 2014

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Vendredi,Le jour n’est qu’à son balbutiement, je me connecte au « monde », en allumant mon téléphone, un appel brise la quiétude du bord, l’écran affiche un 0088… synonyme de contact par une connexion satellite. Emmanuel Coindre, rameur d’océan m’appelle, l’Indien a bien voulu lui accorder une grâce, devant lui, l’île de la Réunion, cela fait 57 jours qu’il est parti de l’Australie, il devient le premier au monde à avoir ramé les trois océans. L’un de ses mécènes m’offre un billet d’avion pour l’archipel des Mascareignes, mon vol est prévu dans quelques heures. Je suis encore en Corse et il me sera pratiquement impossible de rejoindre l’aéroport de Roissy en temps voulu, mais ce qui penche dans la balance c’est que je me suis engagé à me rendre samedi soir à une soirée caritative à Porto-Vecchio. Une manière de récolter des fonds,  pour permettre aux enfants d’Isolette, hospitalisée sur le continent, de rejoindre régulièrement leur maman victime d’un très grave accident de la route… Ma sortie vélo, aux airs de Laponie méditerranéenne, me remettra de la décision de rester en Corse, la pluie, le vent, ont le pouvoir d’épousseter mes idées parfois floues. Samedi matin je prends la direction de mon camp, je vais poursuivre mes entraînements en pleine nature, me gaver d’ions négatifs, promis, juré, à 16h je rentre ! La journée se passe à merveille, l’âme d’enfant, là-bas, prend toute sa place, aucun Homme pour juger. Précis comme un valaisan, je rejoins mon véhicule à l’heure ; depuis quelques jours les orages ont largement inondés le massif montagneux. Le sol est gorgé d’eau et gras à souhait, les roues patinent, elles n’accrochent plus, tel une savonnette, elles creusent une belle tranchée ! Un peu surpris de cet imprévu, il m’en faut plus pour m’inquiéter, je sais que je ne dois compter que sur moi, la piste n’est que très rarement empruntée et il est improbable qu’en fin d’après-midi quelques 4X4 puissent roder ; mais je regorge de plan B C et D ! J’arrime un tire fort à un arbre qui pour pourra me sortir de cette tranchée boueuse et commence mon travail de gladiateur, je pompe énergiquement mais mon outil gadget, montre des signes de faiblesse. Le réa, aux à-coups de mon pompage, se déforme, je perds confiance en ma réussite en temps imparti. 18h, le soleil a disparu depuis un petit moment, je dois prendre une décision, si Véro n’a pas de mes nouvelles, elle s’inquiétera, mais ici pas de réseau ! Je bois une grosse gorgé d’eau me glisse une barre de céréale dans ma poche latérale tout en contrôlant la présence de mon briquet, de mon couteau et pars à la première maison susceptible de détenir un téléphone fixe, 5km de marche forcée, m’attendent ! Je sais que je ne dois pas courir mon moignon ne supporterait pas cet exercice, alors je m’invente une cadence aux pas très rapide, je souffle, me concentrant sur la piste qui s’obscurcit de plus en plus, je n’ai pas de frontale avec moi, puisque ce n’était qu’une petite journée « pépère » ! Des  bruits sourds me confirment que la forêt est infestée de sangliers mais je n’ai pas le temps de les taquiner, il faut avancer ! 37’ après, je frappe à la porte d’une vieille demeure en pierre de granit, nous nous connaissons depuis peu sans trop avoir approfondi nos états d’âmes, ici le coin est rude, les protocoles urbains ne sont pas tolérés. Dominique m’offre un verre d’eau que je refuse, je dois prévenir que je suis vivant, c’est tout, mais qu’à contre –cœur il y a peu de chance que je sois présent à la soirée. Mon hôte tente de trouver un gros 4X4 pour me décoller de mon piège de boue mais personne ne répond à l’appel, me résignant que ce soir je dormirai à la belle étoile. Le vieil homme ne me demande même pas si je veux rester chez lui, il a déjà compris avec qui il avait à faire. Dans son vieux fourgon rouillé entre fusils et cartouches il reprend courageusement la piste pour me ramener aux pieds du « chemin des Dames », au loin, sous une belle chênaie, mon véhicule est en mauvaise posture, la bataille fut rude, les tranchées, aux lueurs des étoiles, semblent encore plus imposantes. Connaissant la forêt par cœur, à tâtons je tente de rejoindre mon camp perdu, sans lumière je deviens un membre entier de la sylve, chaque pas est une victoire, la lune est absente, la lueur artificielle n’est que très peu tolérée. Un feu prend de sa superbe, le froid me pénètre, je suis peiné de cette issue, mais s’il en est ainsi c’est que c’était mon destin, un bol de soupe brulante et une poignée de riz seront le banquet de ce soir. En bas, là-bas, aux pays des Hommes, le paraître a disparu pour un soir et plusieurs centaines de personnes se sont réunis en solidarité pour la famille d’Isolette.  Enfouis dans le fond de mon duvet, je me promets qu’en contre parti, dés que les médecins lui donneront le feu vert, je la guiderai jusqu’au camp des solitudes. Si ses jambes ne marcheront pas encore il y aura d’autres solutions, si les médecins seront craintifs on passera au feu orange. Pendant que Manu traversait l’océan Indien en ramant, Isolette s’accrochait pour survivre, tout les deux, moi, vous peut-être ? savons à quel point le présent est un cadeau…

Pour toi Isolette: Les hommes, les Femmes sont des continents qui se transforment après un drame en une île déserte, après un long périple je suis devenu une presqu’ile.

Arcticorsica, voyage d’un homme libre.

16 janvier 2014

Amputé d’une jambe à l’âge de 18 ans Frank BRUNO ne cesse de relever les défis.
Ces derniers se sont déroulés en régions polaires qui le fascinent. Rejoindre la Corse, l’île de son cœur, en partant du Grand Nord va être cette incroyable aventure.
Soit 5300 km uniquement parcourus par des moyens naturels, (kayak et vélo).

Réalisateur : Fabrice Marinoni
Genre : Documentaire
Durée : 24 minutes
Diffuseur : FR3 Corse Via Stella

Un immense merci au mécène qui a bien voulu financer ce film sans être cité.

Journal de bord salé

16 décembre 2013

PC120017

4h59 : Ca y est la « gigoterie » me tient en éveil, j’ai du le sortir de ses rêves, il semble m’appeler depuis le ponton à côté du Cabochard. Qui ? Mais Immaqa mon beau kayak.

5h42 : Les mascottes ont eu les derniers mots elles ne viendront pas aujourd’hui, tant-pis pour elles je n’aurai pas à partager ma boite de biscuit aux noisettes !

6h23 : Le brouillard m’étreint, la différence de température entre la mer à 15° et l’atmosphère à 3° rend la navigation mystérieuse. Le silence est profond comme l’est la nuit quasi hivernale, je ne sais pas où m’amènera cette journée mais je suis prêt à me goinfrer du temps présent.

6h31 : Les îlots des Bruzzi, sont déjà atteints, le ciel s’éclairci, le brouillard pose genou à terre, bientôt le soleil lui tordra le cou. Immaqa file droit comme un rostre de narval, Dieu que c’est bon d’être ici.

6h45 : je sors de la zone intégrale où la pêche est interdite, je peux enfin dérouler ma traine, et si un poisson tête en l’air venez s’y prendre !

7h08 : Je ne le vois pas mais je sens sa présence, le soleil a encore l’accent italien, bientôt il sera corsée : quandu ghjunghje u sole u marinaru e sempre felice…(Quand arrive le soleil le marin est toujours heureux)

7h42 : Pose café, non je ne pense pas à Véronique Jannot, mais à une autre Véro là-bas à terre ! Le vieux thermos hydrate mon café, une première rangée de gâteaux  est savoureusement dégustée. Le silence c’est le bruit du temps qui passe.

8h 33 : Le lion de Roccapina scrute vers le sud, s’il pouvait me confier où a été caché le trésor du feu paquebot Tasmania… Je sais ; il est là ; où ? Mais au fond de mon cœur !

9h07 : L’embouchure du fleuve Ortolo se dévoile, là bas, tout là haut il serpente devant mon camp des solitudes. Dommage qu’il soit si gringalet, nous ne tenons pas dans son lit.

10h46 : Je me demande si mon corps et mon esprit sont en connexion, ma tête papillonne mes bras moulinent.

11h18 : La pointe de Murtoli est dépassée, la brise de terre vit ses derniers soupirs, le Maestrale nous offre un apéritif, avec modération bien-sur !

11h24 : Immaqa est hissé sur une plage abandonnée, les traces dévoilent des pas d’ongulés et d’un certain maître renard, ne me croyez pas affable !

11h52 : Que le pique-nique soit sacrifié sur l’autel du bonheur et de la simplicité du moment, à perte de vue une mer et un maquis vides de tout hommes, j’ai compris je suis seul au monde : Wilsoooooooooooon ! Zut ; Jo Zeeeeeeeeeeef !!!

12h45 : la brise du Nord me sort de la léthargie, j’ai rêvé que je faisais du kayak sur une côte sublime, que l’aventure était mon quotidien, que j’étais un Free Man. De bleu mais ce n’était pas un rêve.

13h10 : Je décide de rentrer vers ma maison flottante, deux mascottes veillent au grain mais je ne suis pas sur de leur sérieux pendant mon absence, un braquage de cambuse est si vite arrivée !

13h12 : Je tente mon coup de poker, j’envoi mon cerf volant, il part rejoindre les cieux, je ne demande pas de carte, j’ai un carré d’As.

15h09 : Tiens mais je les ai déjà vu ses îlots ! Mais c’est bien sur, les Bruzzi. Vous avez dit une bonne moyenne ? Mais ce n’est plus un kayak mais une Formule I des mers !

16h12 : j’ai rejoint le bord du Cabochard, il me semble entendre les mascottes faire à la hâte du rangement. En attendant qu’ils cachent leur journée,  je fini les derniers gâteaux aux noisettes, à chacun ses délits, j’ai dit délit et pas délire !!!

16h14 : 36,78km au compteur ! Je compte maintenant ? Damned mais je ne suis pas en expédition !

17h03 : Je nettoie mes poissons, oui je sais, je ne suis qu’un pauvre pêcheur.

17h32 : Immaqa est ficelé sur le ponton à coté de mon petit bateau, je le couvre, il ne faudrait pas qu’il prenne froid, un ami sa se soigne.

18h45 : je reviens de la capitainerie, j’y ai pris une douche façon homard à la Thermidor, si je vois un pot de mayonnaise dans le carré de mon bateau, je reprends la mer, la « mascotterie » peut-être fatale.

19h34 : Ma vieille marmite de fonte réchauffe ma soupe aux potirons, la nuit enveloppe le « kayakiste » rêveur, je ne crois pas que je vais faire de vieux os.

20h03 : Allo 1 : C’est qui ? T’es où !!! (Soupir) ! Ma journée ? Bof la routine… Ciao

20h05 : Allo 2 : Véro, tu sais quoi ? I am a Free Man ; Kiss

20h57 : Je déplace les mascottes sur la bannette tribord et m’active à faire mon lit, trois grosses couvertures vont me tenir chaud. Les loupiottes éclairent les pages de mon dernier livre, Le Prince des nuages, que je dois finir à la hâte, bientôt je l’enverrai par la poste à une jeune fille de 14 ans, qui j’en suis sur, rêve en douce de savoir qui est son père là-bas au bout de l’horizon.

21h21 : Le marchand de sable fait sa livraison, peut importe les nuits avenirs, les jours sont l’énergie de mes vies, oui je vous assure, j’en ai plusieurs de vie !

Bonne nuit les petits…

Carnet de bord automnal d’une journée ordinaire

25 novembre 2013

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4h15 : Pas de vent, la darse du petit port qui nous abrite semble un miroir, il faut que je retrouve le calme je ne suis pas seul ce matin, Véro planquée au fond du duvet connait l’insomniaque qui gigote à ses côtés. Je fais un effort, je tente l’immobilisme. L’ours n’hiberne pas il médite à son futur repas.

6H18 : La grasse mat ça me met en forme, la pénombre s’estompe, les étoiles scintillent encore un peu. La radio nous informe ; rien n’a changé. La France est au bord du gouffre, du moins c’est ce que ses habitants hurlent ; loin là-bas ils meurent de faim avec le sourire, les verts ont battu les rouges, les supporters se sont mis sur la gueule, l’hiver arrive, je me demande si les journalistes ne lisent pas tous les matins les mêmes dépêches. Couic les infos ! Des refrains Andins édulcorent l’aube, nous nous remémorons nos balades argentines.

8h07 : J’aide ma « Vrai » à sauter sur le quai, elle va rejoindre son école où une petite fille différente aura besoin de sa patience. Avant de partir je lui souffle mon dernier mot, elle le sait je suis un obsédé textuel ! Le torrent de la différence, est encastré entre deux berges, l’une de la souffrance, l’autre de l’espérance…

8h43 : J’enfourche ma monture, c’est parti pour 3heures tout doux. Je me sens bien, j’ai le poids de forme idéal et pas mal de kilomètres dans les pattes, je vais mouliner sans jouer à la brute. C’est beau et apaisant la Corse sans le monde, au fond de la vallée je suis acclamé, félicité, des « faiseurs de route » me reconnaissent, lundi dernier abrité dans leur camion, ils n’en croyaient pas leur yeux de voir un mec en vélo sous la grêle et les orages… C’est le moment de rentrer tout doux, tout doux. Au loin, un point jaune, un cycliste grimpe le col.- Non Frank, tu ne vas pas le chercher, mais l’autre petite voix me dit t’es pas cap ! Poste de combat, je me recale sur ma machine, fait le vide et pars à sa rescousse. A cette saison on se connait tous, lui ce n’est pas un tendre, va falloir jouer fin. Sans bruit je remonte dans sa roue pour reprendre un rythme plus souple. L’œil du tigre, je fonce, en doublant je le salue mais n’attend pas sa réponse je n’ai que 3 kilomètres à gérer, en haut du col les pendules seront mises à l’heure. 20 mètres derrière, juste derrière le cycliste têtu à cloche pied … Un refrain de chanson qui me plait bien…C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup…

12h45 : Ma salade accompagnée d’une galette de blé noir va me remplir en carburant. Chut j’écoute le jeu des « Mille Euros » sur France Inter, Banco, banco !!! Après c’est la sieste qui est une sorte de prière à bord du Cabochard, les mascottes le savent pas de raffut pendant ce moment de grâce.

13h58 : Le grand ciel bleu m’inspire un moment de folie : Et si on larguait les amarres pour un court instant. Ni une ni deux, nous voilà voguant vers l’horizon, personne et encore personne. Vive l’hiver, la longue houle nous berce, mon petit bateau se remémore son long voyage méditerranéen. Que le temps passe vite. Le détroit de Gibraltar, l’Atlantique espagnole, l’Afrique du nord, la mer Egée, l’Asie mineur… On en a croisé des sourires là-bas. Une amarre qui cède c’est un peu de liberté gagnée.

16h13 : La dernière aussière est frappée, le vent tourne violemment, l’orage de grêle explose, nous sommes déjà en place à quai, le Cabochard semble une fois de plus faire un pied de nez au caprice de la météo. Un immense arc en ciel, nous prend en otage, Jo Zef le sait au pied de ce pont de couleur une marmite en or repose. Mais nous n’en avons pas besoin, la vie à elle seule, est un trésor.

16h54 : C’est l’heure du « quatre heure » les mascottes ne le rateraient pour rien au monde. Un bon bol de lait d’amande fumant avec une rasade d’un mélange d’orge de seigle et chicorée avec deux canistrellis. Le vent se déchaine, la pluie redouble de force, on est bien au creux de la cabane en bois qui flotte.

17h19 : J’ouvre un paquet, ma commande est arrivée, je me réjouis, ce soir je vais me lancer dans la lecture du livre de Jean-Pierre Ameisen Sur les épaules de Darwin.

 

18h04 : Je découpe un gros morceau de courge qui rejoindra ma veille cocotte en fonte nous gratifiant d’une bonne soupe d’antan. Le froid semble s’installer, je ressors la paire de chaussette en laine tricotée par mon arrière grand-mère Alice, un dernier lien avec une famille effilochée. Pendant ma traversée du Groenland, ces chaussettes étaient une sorte de gri-gri. Les histoires de famille, faisons comme les oiseaux asseyons nous sur le nid.

 

18h28 : Mes courriels attendent patiemment une réponse alors je m’active, trouve les bons mots, tout doux, tout doux la vie de secrétaire.

19h30 : la soupe est prête, l’éternelle tranche de jambon avec la compote maison et le bon yaourt au soja.  France musique me forment les oreilles moi le rustico-sauvage, comme quoi tout est possible. Les mascottes réclament des « trucs » sucrés mais la vie à bord doit être saine, alors c’est un grand Non !

20h00 : J’appelle ma compagne, elle me racontera sa journée, la petite « différente » qu’elle soutien lui a délivré quelques trucs et astuces que les « normaux » n’ont pas encore saisis. Et si la différence était une force.

 

20h15 : Le refrain du soir à la radio VHF ; Sécurité, securité, sécurité ; ici le Cross Med en Corse qui va diffuser sur le canal 79 un avis de coup de vent fort pour la zone Corse …Il n’a y pas de mauvais temps il n’y a que de mauvais marin

 

20h45 : Je déplie ma bannette et sors mes trois épaisses couvertures, cale à porté de prothèse les mascottes, puis m’envole dans une lecture initiatique ; Sur les épaules de Darwin.

21h54 : Bonne nuit les petits…

Ce sont les successions de journées ordinaires qui rendent nos vies extraordinaires.

Compte rendu du troisième stage de survie…

4 novembre 2013

L’équipe est enfin réunie, 6 personnes qui ne se connaissent pas mais qui ont la même motivation pour vivre une belle expérience de partage dans un milieu sauvage voir hostile. La vérification des sacs est des plus importantes, bien que basique le matériel doit être complet : une bonne bâche en PVC comme toit, un film plastique en tapis de sol et un sac de couchage assez chaud pour des nuits qui s’annoncent orageuses. La nourriture je m’en charge, les rations seront suffisantes pour ces 4 jours de baroude, les binômes formés devront partager leurs lyophilisés. La vallée est profonde et la première matinée sera une marche d’approche pour rejoindre le maquis dense et sauvage. Le silence est de rigueur, le vide permet une totale immersion dans ce voyage de l’essentiel. Un repas simple mais consistant, nous permet de récupérer, la sieste est aboli en terre de survie, nous reprenons la route dans une forêt épaisse et surtout dépourvue de sentier et repère. Je sens une légère tension quand je m’égare, je vous promets ce n’était pas prévu ; quoi que ? Une « plage » de sable nous accueille pour monter le camp, l’aspect isolé du coin resserre les cœurs de certains, je tente de faire accélérer le mouvement, un orage approche. Quatre bouts de ficelle, 6m² de toile camouflé comme refuge et le tour est joué, le foyer doit être adapté pour que les gamelles fassent bouillir l’eau du repas du soir. La foudre claque, le vent se lève, le feu a déjà pris de l’ampleur il résistera aux trombes d’eau qui s’abattent sur nous, nos corps sont à l’abri, mais les esprits s’évadent. La nuit nous enveloppe, elle vient tôt à cette saison, le déluge a enfin fini de jouer avec les nerfs de certains, nous pouvons improviser des bancs avec des arbres morts. Le dialogue s’instaure, mais pas du bla bla « de moi j’ai fait », la rusticité du bivouac rend les échanges simples et dépourvues de parade. C’est bon la chaleur du feu sur les mains en quête de réconfort. Pas de télé, pas de net, pas de téléphone et encore moins d’infos parasites de l’extérieur, nous sommes devenus qu’un, la survie s’installe. Une âme en peine rôde autour du camp, un renard, une belette, nous ne le serons jamais mais les victuailles sont bien rangées dans le fond de nos sacs à dos, la survie c’est aussi prévoir. Nous nous saluons et chacun va s’enfouir au fond de son duvet, je sais par expérience que la première nuit est souvent blanche.  1h30 du matin une main tente de me sortir de mes rêves, une des fille a une crise d’angoisse, l’obscurité, la bâche, le silence, elle est mal. Nous chuchotons sans affoler les copains, la petitesse du « coin chambre » l’angoisse, la bâche est seulement à quelques centimètres de son visage, la crainte l’a saisie. Les étoiles ont repris du service, la nuit semble vouloir nous épargner d’un nouvel orage, alors Sylvie installe son couchage entre ma bâche et le feu, sous la voute céleste scintillante elle comptabilisera les étoiles filantes de sa première nuit d’aventure…

7h, le soleil n’a pas encore daigner rejoindre la vallée des survivants, le seul feu est notre foyer, en silence, nos céréales nous remplissent les estomacs. La journée va être rude, notre but sera de quitter le fond du torrent pour rejoindre le sommet de la montagne en espérant pouvoir émettre un feu de signalement pour que les secours nous aperçoivent enfin ! Bien évidemment pas de sentier, il faut se tailler un chemin à travers un maquis dense et vicieux. La progression est d’environ 400mts à l’heure, les sacs accrochent, les binômes sont attentifs entre eux, Dieu que s’est dur de sauver sa peau ! Au bout de trois heures d’efforts nous atteignons un promontoire de granit à couper le souffle, d’un bout à l’autre une seule et même forêt méditerranéenne aux saveurs corsées. Pour nous récompenser des champignons rejoignent le fond de nos gamelles, la survie c’est aussi savoir trouver sa nourriture sur zone. La journée est loin d’être finie, il faut dénicher un nouveau coin pour la nuit. Des blocs couverts de mousse nous obligent à encore plus de prudence, l’autre versant de la montagne gravie est exposé plein nord, sa descente est casse patte. Encore une belle berge paumée pour ce soir, les filles montent un beau bivouac plus aéré, Marc et Lionel prennent le rythme, Jean-Louis est très attentif à son compagnon Rémi qui ne présente aucune blessure en retirant sa prothèse. Le foyer crépite, la tentation est trop forte, le torrent nous offre une sorte de piscine de vingt mètres de long, malgré sa fraîcheur automnale, je me lance dans un crawl réparateur. Je pourrai encore et encore vous parler des rires échangés, des cueillettes pratiquées, de cette fraternité installée mais ça c’est notre jardin secret…

Prochain stage où il y a encore de la place du jeudi 13 mars au matin inclus au dimanche 16 au soir. Demande de formulaire d’inscription à bout2vie@wanadoo.fr

Un souvenir ne s’achète pas il se vit…

Premier bivouac, le doute s'installe, mais il sera absorbé par la magie du lieu...

Premier bivouac, le doute s'installe, mais il sera absorbé par la magie du lieu...

La magnifience du lieu décuple nos forces...

La magnificence du lieu décuple nos forces...

Rémi en pleine escalade, vous avez dit handicap?

Rémi en pleine escalade, vous avez dit handicap?

L'équipe au sommet aprés trois de jungle maquisarde!

L'équipe au sommet après trois heures de jungle maquisarde!

Même en survie les régles de savoir vivre existent, les filles se servent en premier...

Même en survie les règles de savoir-vivre existent, les filles se servent en premier...

La descente sur la mousse est un bon entrainement de cirque...

La descente sur la mousse est un bon entrainement de cirque...

Deuxiéme bivouac, le riviére nous apaise

Deuxième bivouac, le rivière nous apaise

Les berges des torrents sont des jungles de fougére et ronce.

Les berges des torrents sont des jungles de fougère et de ronce.

Rémi ouvre la voie, Marc est attentif...

Rémi ouvre la voie, Marc est attentif...

Dans les pas du général Massoud (la suite)…

9 octobre 2013
Aussi belles que fragiles, l'automne aussi à sa tendresse...

Aussi belles que fragiles, l'automne aussi à sa tendresse...

En cette nuit sombre et humide deux petits points lumineux avancent en silence, deux hommes apaisés et ravis de l’instant présent n’ont plus besoin de causer, leurs âmes errent dans l’infini des étoiles. Quand le jour sera sorti de sa léthargie automnale ils auront déjà parcouru beaucoup de sous-bois et franchi encore un ou deux torrents… Que vous dire de ces jours partagés, comment décrire nos échanges, quand deux solitaires se rencontrent, les mots deviennent inutiles. Nous avons crapahuté, ensemble, nous avons découvert de nouveaux passages vers des vallées inconnues, le feu du soir qui réchauffe les mains et les cœurs nous a permis de nous livrer. Du pont du porte-avion Foch aux montagnes afghanes sous l’occupation soviétique, nous avons mélangés nos maux. Lui aussi a perdu un membre, pas de son corps mais de sa famille. Le membre fantôme nous rend visite régulièrement à nous de savoir l’accueillir sans trop vouloir y donner une raison. Des « Choses » inexplorées, nous avons causé, questions universelles : mais qu’ y a-t-il après la mort, pourquoi les souffrances sont vécues comme des injustices… La forêt enchantée donne libre cours à nos sixièmes sens, et si les esprits existaient vraiment et si là-bas dans les étoiles il y avait de la vie comme ici, pourquoi serions-nous les seuls privilégiés. Nos réponses nous appartiennent, les « autres » ne peuvent plus comprendre, ils n’ont plus le temps, le rationnel et le sablier du temps qui passe ne laisse plus l’esprit vagabonder vers le surnaturel. Stéphane créateur du magazine Inexploré ne se laisse pas envahir par l’enthousiasme débordant de certains récits, le passé de reporter de guerre sont ses images de références, il décortique, analyse avant de rédiger ses pages. Des faits étranges non conventionnels nous croisent régulièrement mais les religions inventées par les hommes les jettent aux orties, si par hasard un scientifique laisse filtrer une information surnaturelle il sera rappelé à l’ordre. Curieux de nature, je lui ai causé de cette présence que j’ai eu pendant ma descente du fleuve Yukon, (voir dans mon dernier livre), je me sentais en proche relation avec une vieille dame qui m’accompagnait dans mes solitudes des plus profondes. Imagination pour les plus rationnels, guides spirituels pour des plus initiés, j’ai ma petite idée, lui aussi… Plus que des mots je vous joins quelques belles photos qui je l’espère vous feront voyager l’espace d’un instant.

Une soirée débat entre Stéphane et moi sera organisé le 17 décembre à Paris XVII 118 Bd Malherbes à 20h30 réservation en ligne sur le site de l’INREES… (Mon cachet sera reversé en intégralité à Bout de vie)

Et si c'était une âme tourmentée dans une racine!

Et si c'était une âme tourmentée dans une racine!

Un cerf se cache derriere cette écorce...

Un cerf se cache derrière cette écorce...

Loin des chemins tracès par les autres nous sommes devenus les explorateurs du temps présent.

Loin des chemins tracés par les autres nous sommes devenus les explorateurs du temps présent.

Derrière les nuages la lumiére, une sorte de refrain eternel...

Derrière les nuages la lumière, une sorte de refrain éternel...

Deux tragédies, deux hommes et pourtant nous sommes libres et heureux.

Deux tragédies, deux hommes et pourtant nous sommes libres et heureux.