Bivouac au air du Yukon, bien caché quelque part...
Une année déjà ! Le Grand Nord me tendait les bras pour une belle leçon de vie. Je me doutais que cela serait une sacrée aventure, mais je ne pensais pas à quel point cela modifierait ma manière d’évoluer.
Sur le grand fleuve, seul face à moi-même, pas de place au superflu, observer, pagayer et rêver. Le but étant de ne pas être mangé, ni dépecé, tout un programme ! Entre deux prières, manières Cabochard, je partais dans des rêveries « corsées » : Un coin planqué sur mon île, un bivouac paumé, un mini monastère où j’irai régulièrement me ressourcer. Mais la Corse, ce n’est pas l’état du Yukon, il y a du monde et partout…
Depuis mon retour début septembre, j’en ai arpenté du maquis, mais chaque fois il manquait un élément au cahier des charges. Cet hiver alors qu’avec ma Vrai nous nous restaurions sur le bord d’un torrent très isolé, une folle envie de le traverser me pris. Véro, bien décidée à rester sèche, souriait à ma traversée du cours d’eau à la température polaire. Trempé comme un castor, je découvrais un coin planqué, mais je me voyais mal, à chaque envie de paix, jouer au sous-marin pour aller rejoindre ce camp perdu. Puis en fouillant au milieu des chênes lièges et verts je trouvais un restant de piste ! Ma curiosité toujours affutée devait me transformer en lecteur de parchemin qui mènerait au fameux trésor des templiers…Euréka! Une piste en terre agricole, qui mène à nulle part, puis une sente… Muni de mon pinatu (serpe) je partais à la recherche d’un passage, sueur et sang furent mes alliés pour débusquer les ronces qui barraient la voie de mon rêve. Quatre jours de bataille pour enfin arriver à un refuge de corsaire. Une fois de plus, j’ouvrais la porte d’un de mes rêves. J’organisais une plateforme qui recevra ma tente, mes restes de maçon se sont réanimés et avec entêtement et plaisir j’ai monté une enceinte en pierre sèche. Quand le vent soufflera en tempête, il sera obligé de nous effleurer sans nous mordre. Au fil des jours avec du bois de récupération j’ai fabriqué une belle table et ses bancs…
Depuis quelques semaines quand je ne pédale pas, je m’échappe dans mon sanctuaire, tout y est paix et sérénité. Ici pour commencer aucun réseau, pas d’appel avec les éternels : « T’es où ? Qu’est ce que tu fais ? » Pas de wifi, pas de prédateur. Les plantigrades sont remplacés par des ongulés, les loups par des renards craintifs et si les grizzlis ne rôdent pas, la vigilance est de mise au cas où un randonneur vraiment égaré rejoindrait cette tanière.
Je retrouve le contact direct avec la nature, l’inspiration de voyage me revient, partir pour mieux revenir ! Paradoxe des hommes et de ses incompréhensions. Une mésange à tête noire vient régulièrement me rendre visite, je suis toute ouïe, rien que pour elle. Au mois d’octobre le livre sera chez votre libraire, c’est fait, le contrat est signé. De mon camp j’y ai rédigé quelques mots à maux et si en ouvrant au hasard des pages, un mélange de fragrances, d’épicéas du Grand Nord et de bruyère blanche embaume votre espace, c’est que vous aussi, vous êtes assis à ma table perdue quelque part aux pays des géants pétrifiés en bloc de granit…
Seul le silence dit la vérité… (Vous voyez comme ça m’inspire !)
Plateforme de départ en plongée qui se transformera en table de repas...
Le neuvième stage de plongée sous-marine Bout de vie est complet, plus de filles que de garçons tout un programme… Dernière semaine de septembre 2011.
Cette année la fondation Lemarchand Nature et Découverte, la Fondation Française des Jeux et AXA atout cœur seront les mécènes de la semaine, à souligner que l’amical des pompiers de Corse du sud offriront, comme depuis le premier stage, le tour d’hélicoptère au dessus des Bouches de Bonifacio. La soirée de clôture sera faîte au magnifique amphithéâtre du centre culturel de Porto-Vecchio avec les fidèles parrains de l’association Daniel et José du groupe I Mantini et d’autres surprises (vendredi 30 septembre20H30).
Mais je voulais revenir sur le stage en lui-même. Cette année je me suis encore fait remarquer en refusant de m’affilier à la FFH. Une grande fondation en relation avec la fédé précitée, voulait épauler Bout de vie avec une affiliation à la Fédération Française Handisport !
Pourquoi autant d’entêment de ma part pour refuser ce financement facile?
Ce stage n’est pas du tout adapté pour le handicap, le bateau est une vedette de 20 mètres où rien n’est étudié pour un public différent. Ayant eu mon accident à 18 ans issu d’une famille de plongeur le bateau de l’école n’en fût jamais adapté, c’est moi qui m’y suis adapté.
Pendant cette semaine de mer dans l’archipel des îles Lavezzi, les stagiaires vont devoir découvrir de nouvelles limites. Depuis 8 ans que j’organise ce style de stage je vois et revois les mêmes craintes au départ. Les questions sont toujours identiques : Comment vais-je prendre ma douche ? Mais les toilettes sont très étriquées, je n’ai jamais osé marcher avec mes prothèses sans mes chaussures et l’éternel: » je n’ai jamais fait de plongée »!
Et oui ici c’est un vrai bateau de bois que l’on respecte, donc pieds nus. Le handicap n’existe plus, chacun doit se débrouiller pour former une belle équipe de vrais marins plongeurs. Avec Gunther et Christophe nous donnons des clés aux stagiaires, pour qu’ils deviennent au plus vite autonomes. De l’amputé tout frais à celui de 20 ans la semaine est révélatrice. Nous n’avons pas de diplôme dit spécifique handicap. Gunther enseigne la plongée depuis plus de 40 ans, moi je suis le premier professionnel de la plongée en France avec une patte en moins 30 ans d’expérience et Christophe prof de voile revient d’un tour du monde à la voile de 11ans en famille avec un niveau 4 de plongée. Vous voyez pas besoin d’autre que nos qualificatif de prof, patience et expérience sont nos alliées pour une semaine magnifique de découverte.
A bord tout le monde est en maillot de bain, à tour de rôle chacun se dévoilent et découvrent une nouvelle vie. Une discipline de fer est de rigueur à bord, 15 personnes sur un bateau de 20 mètres cela demande de l’organisation. Restriction d’eau douce, ranger son matériel et surtout anticiper les situations. On n’assiste personne, on propose des solutions…
Vous voyez, rien à voir avec les stages pour handis. Attention je ne bastonne pas ces associations mais Bout de vie se démarque en étant juste différente.
Bien sûr quand des personnes en fauteuil demandent de venir je ne peux les recevoir, mais jusqu’à présent des amputés doubles fémoraux ont participé au stage sans leur fauteuil et ont su se délecter de cette semaine d’initiation. Demander à Neeta et Valentin !
Bien sûr on ne traite que l’amputé, car il m’est plus facile de parler de ce que j’ai vécu et que je vis chaque jour. Je me réjouis de cette future semaine où avec toute l’équipe Bout de vie on vous donnera toutes les clés pour une vraie aventure avec un sacré Cabochard que je crois être.
Pour ceux qui ont des questions, sur le forum Bout de vie, il y a un post spécial de témoignage d’anciens stagiaires et par le biais de ce billet je vous laisse le soin de suggérer vos questions aux anciens stagiaires…
La vie est une île où certaines tempêtes sont fatales...
La vie est injuste, c’est par moment une bien triste réalité. Les guerres et autres croisades sont du manque de tolérance des hommes qui aiment le bruit des bottes… Si l’homme meurt arme au poing, je ne vais pas pleurer, nous sommes responsables de nos actes…
Mais, quand des enfants sont grignotés par la maladie, une sensation d’injustice nous envahit, nous étouffe. L’association Courir ensemble de Genève s’occupe de gamins atteints de cancer, chaque été ils viennent dans la région de Bonifacio et j’avais eu le bonheur de partager un bout de vie avec eux. Je n’ai jamais entendu de plainte ou de vindicte envers la maladie ou qui que ce soit, bien au contraire. J’ai le souvenir que de rires et de fraternité et bien des adultes devraient en prendre de la graine.
Ce matin Laura est allée rejoindre les étoiles et de là haut elle veillera sur ses petits frères et sœurs de maladie…
On ne doit ni pleurer, ni protester, le jour viendra pour tous et il est trop irrationnel de vouloir en donner une raison, ce n’est, ni bien, ni mal, c’est comme ça ! Quand j’entends qu’un ancien nazi, est toujours en vie, presque centenaire, j’ai du mal à me contenir, mais il faut se forcer à ne pas vouloir donner de raison à la mort qui veille sur nous tous, elle n’est pas là pour nous punir…
Pas un bateau! Un ami confident depuis bien longtemps maintenant...
Ca va ça vient…
La guerre, la paix. La vie, la mort. La rencontre, la séparation. La pluie le beau temps. La blessure, la guérison.
Mon havre de paix est cette solitude qui m’apaise et me donne tellement d’énergie si mystérieuse pour certains. Je ne dis pas, je fais, pas d’utopie que des rêves réalisés. Ne pas ressembler à quelqu’un ou à quelques histoires je taille ma route, certes à cloche pied, mais ce sentier est de mon invention. Parsemé, de souffrance, de trahison, de rencontres aussi ; d’amour, de sourire et surtout de partage.
Le vent ici me raconte tellement d’histoires, la mer me donne toute sa force, le soleil son énergie, la nuit m’ôte mes doutes, l’orage me prépare au pire.
Oh non mourir ne me fait depuis longtemps plus peur. Souffrir non plus !
Ce bref passage sur terre ne doit pas être gaspillé, vivre pleinement de tous ses sens.
Le soir j’adore faire le silence et écouter la profondeur de la nuit. Elle répond à toutes mes questions et c’est grâce à elle que je suis devenu non pas plus fort mais un homme à part entière car je n’ai plus peur de moi même…
Depuis quelques jours une activité nautique reprend du service dans le golfe profond qui nous abrite. Certes ce n’est pas la Côte d’azur mais déjà 4 bateaux y ont mouillé leurs ancres cette semaine. Pour moi c’est le début de la fin, l’été devient insupportable pour le loup solitaire que je suis. Entre vous et moi, le mouillage que je me suis choisi est protégé de tout « fada flottant ». Trop de pièges pour y arriver. Un catamaran de 20 mètres encore en W tourne depuis 3 heures dans ce fjord où un grécale de 20 nœuds s’adonne à cœur joie sur la famille « aubouleau » en vacances ! Tout est neuf, une petite fortune flottante, mais l’équipage hurle à tout va : « fait comme ça, fait comme si !!! » L’ambiance des vacanciers qui se détendent m’apparait, d’où je suis-je n’entends pas les cris mais je les vois gesticuler comme des moustiques qui fuient les hirondelles… Cette année c’est sur je ne ferais plus de sauvetage en mer, trop marre des coups foireux, mais la radio est tout de même en veille sur le 16 et l’œil toujours attentif au moindre mouvement louche dans mon secteur. Je me réjouis car le 1 juillet, je quitte mon île pour plus de deux mois, le Cabochard sera tranquille au fond du fjord surveillé par les amis et moi loin de ce capharnaüm estival.
Le catamaran, pas marrant mais catastrophe, ne parvient pas à assurer son mouillage, pas de clique web pour mouiller, pas d’application iphone donnant la directive, encore moins de mms de solution, juste un enfoiré de Cabochard qui compte les points. Dans le fond du golfe une bouée blanche se dandine tranquillement, quand soudain, les marrants la détectent ! Machine avant, à fond, arrière toute, avant toute, aïe, des doigts vont être donnés en pâture aux oblades, puis la capture de la bouée est faite. Mais voilà elle n’est qu’un reste de corps mort qui a lâché la semaine dernière, attendant un plongeur unijambiste pour être mise en service ! Voyant la nuit arriver et le vent toujours en forme, je m’approche d’eux pour leur demander de lâcher prise car le corps mort va céder surement d’ici quelques minutes. Là la vanne est lâchée : « Où peut-on se mettre en sécurité ? » Je déserre mes petits poings et respire un grand coup avant de leur expliquer en libérant ma mâchoire qui grince que ma présence n’est pas pour un cours de mouillage mais pour éviter un accident qui assurément me demandera une nuit de boulot pour sortir les touristopasrigolo de leur embrouille…
Petit cours quand même de leçon de vie par un mec qui n’aime pas les « rigolosurlos » : « Pour vous, quand vous voyez une bouée, vous y frappez une aussière sans savoir ce qu’il y a au fond ? » L’équipage me regarde comme si j’avais été la réincarnation de Ben Laden ! « Ben c’est un corps mort, non ? » Mais qui y a-t-il au fond ? Demande un Cabochard qui monte en pression… Ben chai pas !!!
Oh bourrico, tu mets la vie de ton équipage en jeu sur un chai pas !!! Le skipper se réincarne en cocker triste qui a fait un triple salto dans un magasin de porcelaine et qui a tout pété. Oui je respire par le nez, je me détends, pourtant il est à porté de gifle, mais il ne faut pas ! La petite voix me dit : « Frank tu es à la tête d’une belle association, tu aides les gens qui sont en détresse, alors pas de violence !!! » Satané voix, juste une belle baffe comme au bon vieux temps… OK, c’est bon pas de baffe estivale !!!
La nuit arrive et il tourne toujours jusqu’au moment où je les vois mettre cap au large… Ouf ce soir je vais pouvoir dormir sur mes deux oreilles sans veiller aux néomarinounpoilremolo !!!
Voilà mes amis une histoire salée d’un Cabochard qui ne supporte pas les marins de boulevard, on ne va pas en mer, on la vit, on la vibre, le sang s’évapore pour devenir eau salé, puis les yeux ne sont qu’horizon à la recherche de se brin de vent qui risque de marquer l’équipage. Le bol de soupe serré entre les mains réchauffe l’homme de quart qui depuis bien longtemps n’a pas su voler un baiser à une belle d’escale… C’est un fameux trois mâts, fin comme un oiseau… hissez haut …
Depuis quelques nuits je suis plongé dans la lecture d’une biographie d’une sacrée femme Ellen Mac Arthur, marin hors norme qui a déverrouillé pas mal de record à la voile autour du globe, aussi bien en équipage qu’en solitaire. Etrange sensation de découvrir un bout de ma vie ! Non rien à voir avec les records ou autre mais plutôt avec cette jeune femme que je vais vous conter comme une belle histoire salée
Il y a une vingtaine d’années, j’étais en train de prendre une voie nouvelle, mais ce choix me perturbait. Peut-on vivre différemment ? Au bras d’une belle « pépé », j’étais à l’arrivée d’une course de grands voiliers en Sardaigne, dans cette réunion de bateaux des plus élégants les uns que les autres, l’un d’eux m’ avait subjugué, le skipper était une capitaine. Un ketch de 28 mètres manœuvré par une jolie jeune femme ! L’accostage s’effectuait sans aide extérieure, uniquement en jouant avec les voiles, sur ce type d’unité le moteur n’a pas sa place. Devant des centaines de spectateurs médusés, la mise à quai spectaculaire lui avait valut une bronca d’applaudissements. Vu le nombre de télés et journalistes présents je me doutais que le marin en jupon devait être connue et reconnue.
Ma « cops » de l’époque avait peut-être eu de l’intuition en me lançant : « Voilà la compagne qu’il te faudrait ! »
Me dégageant peu élégamment de mes obligations de fiancé je me retrouvais engagé quelques mois plus tard comme plongeur sécu sur la plus grosse réunion de voiliers de Méditerranée, la Nioulargue de St-Tropez. 700 bateaux de toutes sortes sur l’eau, c’était un spectacle époustouflant. Je partageais le bord d’un très proche ami et pour nous faire un peu remarquer, puisque notre place était à coté de la vedette des gendarmes, nous avions planté un petit drapeau corse de plusieurs mètres carrés. La musique insulaire engagée, couvrait le brouhaha du port.
Tous les soirs c’était un défilé d’invités surprises, tout le monde voulait trinquer avec les Corses. Alors que je m’attelais à faire des crêpes, déjà adepte à l’époque, pour nos nouveaux amis, un groupe de marins nous souriaient. Je mettais un moment à comprendre que l’équipage n’était composé que de filles !!! Libre comme le vent nous les convions à partager nos galettes (Jo Zef s’est évanoui). Mais là, une surprise de taille m’attendait, le chef était la fille que j’avais vu manœuvrer en Sardaigne. J’en perdais mes moyens. Elles trouvaient la Corse et ses habitants merveilleux et moi je me vidais de toute initiative.
Devant moi, j’avais un grand marin et malgré ses grands yeux verts je n’y voyais que des couleurs d’océans conquis. Pendant la semaine quand des photographes rejoignaient notre bord ils recevaient mon ordre de mitrailler la skippeuse rien que pour moi ! En fin de journée j’essayais toujours de me trouver à l’accostage. Le dernier soir était cocktail, elle m’invitait à bord, je ne savais plus quoi dire, je serrais la main de plein de marins qui avaient écrit les livres de bord du Cabochard, amis, je peux vous dire que quand Mr Éric Tabarly entamait une brève conversation avec moi j’étais persuadé que j’allais me réveiller.
Le matin de son départ le Noroit et le crachin rendait l’aurore glauque, elle me remettait un papier avec ses coordonnées chez ses parents, puisque, nomade sans domicile fixe, elle aussi. Elle me promettait de me retrouver un jour. « C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme », disait Renaud, mais là c’était un marin qui avait fait flanché pour un autre marin !
Un mois après, alors que je bricolais sur mon bateau un gars de la capitainerie venait m’amener un message bref. « Suis entre deux courses et voudrait te rencontrer avec ton Cabochard … »
Élue deux fois d’affilé marin de l’année dans son pays, son parcours était époustouflant, des grandes courses gagnées devant les ténors de l’époque alors que de ses 1,60mts pour 50 kilos elle semblait si frêle.2éme Quebec- St Malo en solitaire; 1ére tour d’Europe en équipage (Que des filles à bord et non des moindres, les plus fortes de l’époque)
Les mois s’écoulèrent entre deux régates et deux convoyages ; elle m’apprenait le métier de la voile en course. Après sa saison, elle se devait de ramener des bateaux aux quatre coins des mers et m’engageait comme matelot. Je lui rabâchais qu’à part quelques courses gamin, je ne comprenais pas grand-chose aux bateaux à ficelle, mais elle ne démordait pas et me donnait toute les tâches les plus difficiles. Des anecdotes j’en aurais de quoi faire un livre mais l’une de mes préférées est celle-ci :
Nous devions ramener, un « truc » en carbone qui avec un pet de vent, part comme une Formule1.Tirer des bords dans le fond d’un golfe doit être amusant avec ce gadget, mais traverser une Méditerranée hivernale allait s’avérer un parcours du combattant. La météo ne me plaisait pas du tout, du Nord-Est 20 à 30 nœuds avec des orages. Des vivres pour une semaine et nous voilà partis sur une mer d’encre. Le baro de bord effectuait une chute libre et le ciel prenait une couleur de mort, prévoyant le coup je préparais une grosse plâtrée de pâtes, car je me doutais bien que la nuit allait être longue et très éprouvante. Trois ris et nous volions sur l’eau, impossible de rester plus de 15 secondes le cul collé au siège baquet, à l’intérieur le bruit était dément, on aurait dit que des hommes frappaient la coque avec des poutres. Notre allure ne baissait pas, entre 16 et 20 nœuds, nous avions dû mettre des masque de plongée pour ne plus avoir les yeux brulés par le sel. Un orage d’une violence rare s’abattait sur nous et il nous fallait affaler pour envoyer le tourmentin, mais quelque chose coinçait !!! MERDE ! La jeune femme, en deux temps trois mouvements me donnait les directives : «Je vais grimper en milieu de mat et tu dois maintenir le bateau dans cette gîte bien précise, ni plus, ni moins. » Je ne pouvais plus avaler ma salive, une erreur et ma dulcinée partait au bain éternel. Pendant 16 minutes, 16 longues minutes elle bataillait comme un pantin sur une branche secouée par des démons pour débrouiller l’affaire… Finalement 70 heures après nous amarrions sans casse le voilier à sa place…
Mais comme tous les gens de mer nous avions de forts caractères, sa vie était la compétition, la mienne le vagabondage… Sans trop se perdre de vue par la presse spécialisée j’ai toujours suivi son parcours et un jour dans mon courrier je recevais un livre. Dumé qui était à côté de moi ce jour là ne comprenait pas qu’est ce qu’il m’arrivait, mes yeux s’embuaient car le prologue de sa biographie était consacré à notre bout de vie en commun bref, mais fort.
Pendant ma traversée à la rame Véro avait retrouvé son contact et je ne saurai jamais ce qui c’est dit mais ce qui est sûr c’est qu’elle avait rassuré ma « Vrai » en lui disant que même dans la débâcle que connaissait notre course (14 abandons dûs à la tempête tropicale Omega) j’aurais la force de ramener à bon port la yole et son équipe…
Voilà chers amis, le beau livre D’Ellen MacArthur « Les pieds sur terre » a fait ressurgir une rencontre qui m’a permis de m’affirmer pour le restant de mes jours…
Il y a ceux qui vivent, ceux qui meurent et ceux qui naviguent…
Bout de vie a pour premier objectif d’organiser des stages de plongées sous marines et quand l’occasion se présente d’autres activités sportives. La deuxième vocation est la rencontre du grand public pour un changement du regard sur la différence, le troisième et le dernier, démarcher auprès des autorités pour débloquer certaines situations difficilement acceptables.
Depuis quelques années j’ai essayé mais sans aucune réponse, de sensibiliser les communes de l’extrême sud de la Corse pour que des plages soient accessibles aux personnes à mobilités réduites.
Chaque année notre région reçoit un flux croissant de touristes en quête de plages et d’eaux cristallines. Plus de 3 millions de personnes ont débarqué l’été dernier et pratiquement aucune ou peu de plage pour le public en fauteuil roulant en Corse.
Cette année, et entre deux expéditions j’ai donc rebroussé les manches et attaqué au bon endroit. Finalement j’ai obtenu que Bonifacio puisse enfin jouir d’une plage adaptée. Les conditions sont simples mais doivent suivre un protocole nécessaire. Une plage d’accès en voiture, avec un maître nageur en service. Un parking réservé où aucune autre personne même pour 5 minutes se gare et de là un tapis pour que le fauteuil puisse rouler sans avoir besoin d’un brevet de pilote de Paris-Dakar. En bord de mer la personne devra se transférer sur un fauteuil amphibie mis à disposition et enfin gouter aux joies de la baignade sous la surveillance du maître nageur…
Cout de l’opération environ 4500€, un poisson de roche insignifiant pour la bouillabaisse qu’est l’argent qui est brassé chaque été ici !
La micro région extrême sud regroupe les communes de Pianottoli-Caldarello, Figari, Bonifacio, Porto-Vecchio et Conca. A l’heure actuelle aucune n’a de plage adaptée
Ma dernière réunion en mairie m’a convaincu du désir de réaliser ce projet, comme je suis un peu têtu je suivrai de prés ce dossier et vous tiendrez au courant via ce blog. La plage en préparation sera celle de Balistra du 1 juillet au 15 septembre. Pour info la belle commune de Porto-Vecchio qui est devenu un ghetto à multimilliardaires n’a pas encore eu l’envie d’y consacrer quelques pièces ???
Voilà chers amis un p’tit Bout de vie d’un Cabochard à l’âme de Robin des Bois…
Article du Corse Matin du 23 février 2011 signé Alex Rolet:
A l’invitation d’Eric Volto, directeur de l’école élémentaire, Frank Bruno a offert une grande leçon d’humanisme à plus de 40 élèves, captivés par ses récits d’aventures, plus étonnantes les unes que les autres.
Un Bonifacien de réputation internationale
Bonifacien d’adoption, résident sur son bateau nommé Cabochard et aventurier de profession, Frank Bruno est connu et reconnu dans le monde entier pour ses exploits physiques et ses défis surhumains. Il a même été lauréat en 2009 du Trophée Peter Bird qui récompense un aventurier « normal », si l’on peut dire. Car dès l’âge de 20 ans, il doit être amputé d’une jambe lors d’un accident à bord du porte-avions Foch. Un handicap qui n’aura de cesse de le motiver à se dépasser, à nous dépasser même. Car ce qu’il réalise aujourd’hui, bien peu d’entre nous en sont capables. D’ailleurs, devant des enfants amusés et médusés, il nous affirme non sans humour : « aujourd’hui, mon seul handicap, c’est que je fais des fautes d’orthographe ». Ce qui n’est pas sans poser problème quand on écrit un livre comme il le fait en ce moment.
Ayeltgnu : le titre de son nouveau livre
Prononcez « alietnou », ce qui veut dire « tu as de la chance » en langue athapascan, du nom du peuple de « natives » qui habitent le bassin du Yukon. Ce fleuve coule sur plus de 3 000 kilomètres, de l’ouest du Canada en traversant l’Alaska jusqu’à la mer de Béring. Il offre des paysages aussi extraordinaires que quasi désertiques, parsemés de milliers de lacs. Mais seul, Frank ne le sera jamais. Lors de la descente en kayak de cette rivière puissante, parfois large de 15 kilomètres, Frank fera les 300 premiers kilomètres accompagné de 6 enfants invités, eux aussi handicapés, dont Elliott résident à Bonifacio. Ensuite, oui, Frank fera la descente en solitaire.
Mais toujours accompagné de Jo-Zef, sa mascotte (qui déteste qu’on dise d’elle qu’elle est une simple peluche), et de nombreux animaux tels que loups, renard des neiges, orignal, lynx et quelques autres biens moins sympas que des peluches, même si de loin il y a ressemblance.
En effet, ours noirs et grizzly (3 mètres debout, 500 kg, griffes de 15 centimètres et vitesse de pointe de 66 kilomètres/heure) sont omniprésents tout au long du parcours. Comme nous le disait un élève de CM1 imaginatif et émerveillé par les performances de Frank Bruno, « le grizzly, il est plus haut que le plafond de la classe ».
Des rafales de questions
Après plus d’une heure de récits palpitants, la séance de questions a été très animée. Les unes concernant les diverses expéditions de Frank (dont la traversée de l’atlantique à la rame), mais beaucoup de questions ont fusé aussi au sujet du handicap d’être unijambiste voire même d’être différent. La prothèse de Frank baptisée Maggie (car « ma guibole ») est passée de main en main, d’abord avec appréhension, mais très vite, les enfants ont compris que Frank n’est pas différent de nous. Sauf peut-être que depuis des années, il a développé plus de volonté, plus de combativité et plus d’humanité que la grande majorité. Sur une jambe, il nous a tous doublés, il faut bien l’avouer. Rendez-vous sur le site www.boutdevie.org pour découvrir ses aventures, les pensées de Jo-Zef et quelques coups de gueule justifiés.
Le Cabochard guette le vent qui rendrait ce mouillage fatal...
La renverse
La Tramontane est virulente pas moyen d’aller batifoler en pagayant. Je viens de recevoir finalement le nouveau flotteur bâbord de mon kayak, c’est la bonne journée pour effectuer son difficile remplacement. Immaqa est dans une posture assez causasse la peau à l’envers…
Le vieux ponton de planches ajournées me demande toute ma vigilance, une maladresse et hop le couteau fétiche au bain. Les rafales sont typiques à la Tramontane, violentes et désordonnées, l’eau de l’abri est verte, mais quelque chose semble changer. Le courant imperceptible pour l’urbain vénérant le Dieu Chronos, ne pourrait le déceler, mais l’habitant de la mer lit un flux d’eau léger opposé au vent. Les oblades reviennent par dizaines se réfugier sous mon vieux Cabochard, la baie retrouve une vie sous-marine agitée, le prédateur chasse et les cormorans huppés ont bien compris que le restaurant venait d’ouvrir. Par vent d’Est, le poisson rejoint les profondeurs, mais que diable leur prend-il de venir narguer le pagayeur-réparateur de kayak blessé ? Les nuages semblent effectuer un remplacement, la deuxième mi-temps est donnée, je sens la renverse. Le calme envahit la baie, plus un bruit, tout est perceptible. Là-bas au loin un faible ron-ron, une voiture doit se rendre aux courses incontournables du samedi, un claquement soudain !… Des marcassins sont depuis peu orphelins.
Je stoppe mon activité, je savoure la quiétude, un air de Yukon me caresse le visage. Le silence, celui qui ouvre la voie, celui qui fait trembler le nomade bruyant. Plus le moindre air, je retiens ma respiration car je sais que cela sera éphémère. Un grand splash, un loup vient de capturer sa proie. L’aigle balbuzard tournoie lui aussi en quête de pitance. Le pavillon arborant la tête de Maure se redresse, la liberté retrouvée il affronte le p’tit Maestrale qui décide de nous rendre visite. Là-bas au large, la barre sombre nous présage un bon vent pour une nuit au mouvement de la houle berçant l’unijambiste errant.
Immaqa a retrouvé sa jeunesse avec une réparation d’une belle blessure d’expédition et sous sa nouvelle bâche il va pouvoir, comme son ami, attendre un nouveau départ pour d’autres aventures à cloche pied…
Une belle soirée de solidarité au palais des congrès d’Ajaccio organisée par :
Degortes Anne, Lorenzi Mathea, Essajai Nawal et Maéva Ottavy.
Les instigatrices de la soirée complices avec la mascotte.
Les chants se sont succédés avec une qualité professionnelle.
Cantique Corse, balade Irlandaise et composition personnelle ont enchanté un beau public enthousiaste.
Un défi par ses demoiselles d’honneur puisque dans la même soirée le Téléthon d’envergure nationale était déclaré ouvert.
Je ne pourrais citer tous les jeunes chanteurs insulaires présents bénévolement à la soirée. Merci à tous, vous avez été un rayon de lumière dans un bout de vie parfois obscure.
Entre autre, le trio féminin Altagna nous a bluffé de par leur charisme. Comme un air d’océan un futur grand nous a emporté en Irlande sur des airs de Glen Hansard, Bastien Vincensini nous a donné le frisson.
Merci au public venu nombreux et à toutes les personnes qui ont œuvré pour une soirée de solidarité.
Bise particulière à la famille Ottavy qui est à l’initiative de tout cela.