C’est toujours un pur bonheur de reprendre la route, arriver me plait, partir encore plus ! Le vent semble installé en Nord, Nord-est, juste dans la bonne direction. Je pagaie un petit quart d’heure et une folle envie me traverse l’esprit, et si j’envoyais le cerf-volant ! La brise doit être à peine de 6 nœuds mais la mer est déjà cahoteuse, pas de problème nous sommes sur un tapis roulant alors roulons. Il s’envole, je lui donne de la hauteur, beaucoup de hauteur, il faut qu’il prenne du vent stable. 50 mètres d’altitude au moins. Ma drisse de proue prend le relais de point d’amure et j’admire le travail. Il est gonflé à souhait et reste très stable. Juste pour le plaisir j’allume le GPS, sans rien faire je suis déjà à 4km, elle n’est pas belle la vie. Mais je suis là pour bosser et je reprends mes pagaies. J’ai l’impression d’être sur le fleuve Yukon de nouveau, j’avance façon matelas de plage qui se barre ! Une heure et il est toujours en l’air, deux, trois, quatre, cinq et six heures sans ciller, sans broncher. C’est l’heure du casse croute et surtout de dégourdir un peu les jambes. Je ne veux pas tarder, j’ai encore 3 kilomètres avant de rejoindre un petit archipel qui me mettra à l’abri du vent qui est en train de forcir. Je passe sur une sorte de barrière de récif qui me met sur une espèce de catapulte incroyable, ça déferle tout autour de moi, je scrute les pièges, puis d’un coup comme par miracle me retrouve dans la lagune. Calme plat juste le vent qui pousse. Je zig-zag au milieu d’îlots absolument magnifiques. Un petit passage me fait découvrir une sorte de lac, le vent vient par moment
mettre des risées sur ce plan d’eau fascinant, quand je crois deviner des grosses bouées blanches. Bizarre, des corps-morts ici, il n’y a pas d’eau et beaucoup de récif à fleur d’eau. Soudain, les bouées bougent, des cygnes trompettes !!! J’avance cela fait 40 km que je suis parti, j’ai rempli mon contrat. Que faire, trouver un abri ici ou rejoindre l’autre côté du golfe encore à 5 km. Le coin est très abrité du nord et surtout le baromètre a amorcé depuis hier une lente chute qui me plait qu’à moitié. Avancer ou arrêter, telle est la question ! A cette pâle
copie shakespearienne, sur mon bâbord je devine une table avec des bancs ! Clignotant et allons voir ce qu’il en est ! Un camp est en place pour le nomade de passage. Un foyer est organisé avec des bancs autour ainsi qu’une table. C’est là l’hôtel de ce soir Jo Zef ! Action, réaction !
Lieu sublime mais il y a un petit problème, l’endroit est une immense dalle de granit ce qui va rendre le couchage un peu dur. Je pars en repérage pour trouver une place plus confortable quand je tombe nez à nez avec une épave de voilier qui de ses entrailles m’offre quatre plaques épaisses de polystyrène qui nous serviront de base pour la tente. Je crois sincèrement que nos anges gardiens s’en donnent à cœur joie. Pour conclure quelques fraises des bois viendront assortir le dessert.
A pluche