Il y a quelques années, une drôle d’aventure arrivée à deux françaises, me sert de référence dans les moments inattendus. Elles visitaient la Grèce sac à dos, leurs billets d’avion retour étaient inchangeables, mais le voyage en stop a ses inconvénients, elles arrivaient 5’ après l’heure de clôture d’enregistrement. Elles protestaient, insistaient mais rien à y faire, on ne les a pas laissées passer. Le vol Athènes-Paris ne devait jamais arriver ! Ce retard leur sauva la vie. Le contre temps des jeunes me recule le départ vélo de quelques heures mais je suis fataliste, c’est surement pour me protéger. A 13h30 finalement bagages récupérés, clés en main, ils prenaient la route pour me rejoindre. Je vis mes dernières heures sur ce bord de mer. Le coin m’a ressourcé, des chênes tricentenaires, des noisetiers et du calme sans concession. La pollution que je crains le plus est celle auditive. Le bruit rend dingue, les soirées soit disant » fun » où les « boum-boum » rayonnent sur plusieurs kilomètres à la ronde, abrutissent les gens. La Scandinavie est le pays du silence, les gens savent apprécier à sa juste mesure, les bienfaits de la quiétude. Depuis 5 jours je me rends toutes les fins d’après-midi au camping pour une douche chaude. Je beach Immaqa sur la plage où des enfants locaux jouent. Pas un bruit, pas un vacarme. Aujourd’hui au même endroit à la même heure des hurlements de gosses. Pas possible, je n’arrive pas en croire mes oreilles. Depuis 2 mois que du calme, je tends l’oreille : incroyable des petits français !!! Notre éducation est bruyante, je pense que tous les latins sont comme ça. La rigueur des pays du nord a rendu les gens durs et respectueux, ils ne plaignent pas, ils ne crient pas. Ils sont très moqueurs des « gaulois » qui gémissent parce qu’il pleut en été, l’hiver la mer gèle ici et le thermomètre baisse souvent à -30°, alors deux gouttes d’eau, ils ne les voient même pas. Pendant mon périple en mer de Botnie un couple de kayakistes étaient venus m’amener un panier de victuailles, Ils voulaient savoir comment était leur mer là-bas au nord. Un nuage noir lâchait ses sentinelles, je ne les ai même pas vu ciller, Per a monté sa capuche et Karin a levé la tête sans bouger d’un centimètre. Chez nous j’aurais entendu toute sorte de blasphème pour les quatre gouttes tombées. Quel beau peuple. J’attends avec impatience mon vélo, j’ai 3000 bornes encore à faire avant de toucher enfin la belle méditerranée automnale. Un Message pour les petits « suisse » : je suis absolument incapable de vous donner une date de rendez-vous ! Impossible ! Quelle sera ma moyenne ? Quels seront mes chemins empruntés ? Aucune idée avec aucune envie de savoir, en suivant mon parcours jour après jour vous saurez quand je passerai par chez vous. Je ne fais pas une balade touristique, un long voyage est rempli d’imprévus qui sont les seuls guides du nomade en croisade.
Je vais retourner à mon bivouac pour une douce soirée au coin du feu. Hier soir vers deux heures du matin je suis sorti de ma tente pour tomber nez à nez avec les étoiles, cela faisait deux mois que je ne les avais plus vues… Jo Zef en a profité pour présenter Norra à la lune. Vous avez dit romantique !
A pluche !