Habitude lapone, certainement, il a plu toute la nuit ! Ce qui procure encore plus une sensation de cocon au fond du duvet sous la tente.
L’habitude se précise pour démonter le camp et démarrer la journée. Dés 7h30 me voilà déjà en selle. Le vent prend une composante Sud juste là où je me dirige. Bien qu’ayant parcouru cette route l’année dernière en voiture je suis désagréablement surpris des « bosses » qui m’attendent. Des côtes qui n’en finissent plus et le vent qui se renforce faisant de moi un véritable escargot du bitume. Mes premières quatre heures sont une torture. J’essaie de ne pas y penser, de ne pas faire de calcul de moyenne, mais la machine à cogiter, m’amène dans les ténèbres des pensées négatives. Je maudits les quelques voitures qui me doublent, déteste les motards, rouspète après les camions. Jo Zef a failli être débarqué !!! Pour la pause déjeuné je suis au bord d’un mini lac, un nid à moustiques et malgré le fraîchissement du suroit je suis agressé. Je me camoufle dans ma parka. Le soleil est enfin en action et l’envie de m’allonger me titille. Je m’enferme dans ma veste et me laisse caresser par ce soleil, certes timide mais cajolant. Je sombre dans un profond sommeil, pendant une micro sieste de 15’ qui me redonne une patate incroyable. Je reprends la route, un gros orage, me pleure dessus, peu importe malgré les coups de boutoir du zef, j’avance. Le coin est désert et seuls quelques hameaux croisent mon chemin.
6h légale de pédalage soit 8h00 d’errance depuis que j’ai levé le camp. Je décide de continuer, puis la route me rappelle la cabane rouge ! On s’y était arrêté l’été dernier, on avait cassé la croute au bord d’un fleuve… si je retrouve le coin j’y dresserai le camp. Jo Zef sort la tête du sac étanche, il siffle, il saute en marche !!! Ouais la mascotte, c’est bien là !!! Le vent est toujours violent, tant mieux les moustiques se tiendront à carreaux. Je hume le lieu, me remémore les bons moments passés là avec Véro. Une cabane rouge abandonnée en bordure du cours d’eau. Je monte la tente et pars me laver dans la rivière. Je m’immerge en partie et laisse mes jambes se régenter dans cette eau issue de la fonte des neiges. Je cueille des pissenlits, de la rhubarbe sauvage et m’active à faire sécher mes affaires. Un homme me rend visite, le propriétaire. Il m’autorise le bivouac, il me demande quelle est ma route, je m’informe sur sa kotta. Ses parents y ont grandi, elle est centenaire. Abandonnée depuis plusieurs années il n’a plus le temps de s’en occuper. Yan me laisse ses coordonnées, moi les miennes. En 2002 il avait fait le tour de la Corse et se souvient parfaitement de Bonifacio.
Ce soir au menu, pissenlits assaisonnés avec une boite d’harengs à l’huile et deux œufs durs, soupe de poisson norvégienne et compote de rhubarbe. Elle est pas belle la vie ! 97km quand même !!!
A pluche !