Le col Simplon…

17 septembre 2012
Marlène, Gilles et Taïko. Un vraie équipe de soutien...

Marlène, Gilles et Taïko. Un vraie équipe de soutien au sommet du col...

A peine sorti de la ville de Brig la route prend du dénivelé, je sais que ce sera long et difficile. Je m’efforce de ne pas y penser, aujourd’hui je dois me moquer du kilométrage pour me concentrer sur cette ascension. Je redoute les blessures, tout est réparé, cicatrisé, ça passe ou ça casse ! Le pourcentage est déjà bien engagé, je me cantonne sur une fréquence de pédalage moyenne, je ne dois pas me mettre en surchauffe. La vitesse est faible, 6,5km/h, un panneau indicateur me nargue, il indique le sommet du col à 24km. Le moignon n’est plus blessé donc plus douloureux, le tendon d’Achille est comme neuf et le genou gauche n’a plus envie de se faire plaindre, le bonheur ! Un cycliste hier m’a fortement conseillé d’emprunter la route cantonale, (l’équivalent de la nationale en France), elle est plus fréquentée mais plus régulière. Je suis ces conseils, à ma grande surprise peu de monde en cette matinée de septembre me double. Prudent, tous les quarts d’heure j’avale une gorgée d’eau mais lâcher le guidon d’une main à cette vitesse devient un exercice de cirque. Mon premier arrêt au bout d’une heure, je récupère bien, il ne me semble pas de trop forcer. Je reprends ma « pédalerie », le rythme s’installe et je peux me permettre de rêver. Les jambes montent mon corps, mon esprit, lui balade vers le sud. Je sens une voiture qui ralenti derrière moi, Marlène, Gilles et leur fidèle Taïko ont tenu leur promesse. Ils ont laissé leur gîte de la Lourantze pour venir m’accompagner. Gilles prend ma caméra pour fixer quelques images mais au prochain parking je vais m’alléger de mes lourdes sacoches. Oui je sais,petit joueur le Frank mais entre vous et moi , je veux arriver entier ! Je reprends la route mais il me semble voler, 17kilos en moins cela fait une franche différence, je me sens nu mais quel bonheur de grimper sans crainte de blessure. De 6,5 je passe à 10km/h, je papillonne. Le col n’est plus qu’à 11 bornes et je me suis bien habitué à cette cadence. Les tunnels abris avalanches se succèdent et les travaux avancent avant le retour de la neige, je zig-zag entre les plots. Finalement le Simplon montre le bout de sa chemise, j’en vois son col ! 2h45 pour atteindre les 2005mts d’altitude, le point culminant d’Arcticorsica. Mes amis m’attendent, nous immortalisons l’instant par quelques photos et pour fêter cela nous nous installons au café du coin pour une grosse part de tarte à l’abricot bien méritée. Je remonte tout mon barda, je suis soulagé que cette partie du raid se soit très bien passée. Il est temps de se dire au revoir, ce n’est pas un adieu, le Valais et ses habitants me ravissent et je profiterais de la première occasion pour y remettre ma prothèse. Je file à grande vitesse vers l’Italie, je suis grisé de cette longue et belle descente, mais je reste vigilant, la route n’aime pas les insouciants. Je passe la frontière transalpine sans soucis, les douaniers italiens ne s’inquiètent pas trop de mon passage. Je ne veux pas être trop gourmand, je stoppe ma journée de vélo à Domodossola, mon compteur affiche 65km avec un grand col alpin franchi. Bien-sur la machine à cogiter tourne plein pot, environ 500km avant Piombino, j’évalue, j’anticipe mais ma conscience me rattrape, il n’est pas bon de penser trop en avant, juste le moment présent est important.

Il y a deux sortes de temps : Il y a le temps qui attend et le temps qui espère… Jacques Brel

A pluche !

Vue depuis le gîte de la Lourantze...

Vue depuis le gîte de la Lourantze...

Concerto privé pour violon sur les bords du Rhin…

7 septembre 2012
Violonceliste chinois en concert sur les bord du Rhin!

Violoncelliste chinois en concert sur les bord du Rhin!

Cette journée de break m’a bien reposé et je me sens d’attaque. Je fais une grossière erreur en me changeant le pansement du moignon juste avant de partir, j’arrache une partie de la croute et pendant une heure je suis gêné avant que tout rentre dans l’ordre. Un petit 9° de bienvenue et je rejoins la piste du romantique du Rhin. J’espère que la partie française sera plus agréable que celle allemande. Je suis pour de bon sur la berge du grand fleuve et le revêtement est un vrai tapis, cela me présage une belle journée. Un faisan ne semble pas vouloir me faire passer, parole de mascotte il a failli finir dans la sacoche cambuse. Quatre biches nous observent sans être trop apeurées par le convoi d’anges heureux ! Un vol d’oies filent vers le sud, je retrouve enfin la sensation d’être proche avec la nature. Mais tout a une fin, un panneau me fait filer vers l’ouest loin du Rhin. Adieu, veaux, vaches, cochons, les affres des nationales nous tendent un piège. Je traverse un village quand je tombe nez à nez avec une voiture immatriculé 2B. Jo Zef jette l’ancre, il faut le trouver, un bastiais en Alsace ça ne court pas les chemins. Je raisonne la mascotte, vu l’heure matinale il ne serait pas éduquer de réveiller un village pour retrouver notre compatriote, nous poursuivons. Les panneaux ont du être vendus, plus aucune indication sur la route du Rhin, je suis la nationale qui se dirige vers Strasbourg, il y a une piste cyclable donc pas trop de stress à avoir. Mais je râle un coup, normal non ? Je croise des cyclistes qui m’indiquent comment rejoindre la piste. Finalement je suis de nouveau dans le bon sens. La capitale européenne s’approche, déjà l’heure du déjeuné. Je me pose dans un parc sur un banc quand arrive un étudiant chinois avec son violon. Juste à porté d’oreille il se lance dans un concerto privé assez insolite. Cissé est venu étudier la philosophie en France et parle notre langue couramment. Nous échangeons philo malgré mon manque de bagages scolaires mais l’école de la vie m’a donné des cours du soir ! Je me lance dans la grande ville en confiance, il doit y avoir un parcours fléché pour rester sur le bon chemin. Eh ben non ! Je suis excédé par cette fausse pub que certains panneaux affichent : la piste cyclable du Rhin est tellement bien indiquée que l’on peut la pratiquer sans carte… Une heure de galère, des gens gentils à tour de rôle me font retrouver la route. Finalement je rejoins le canal navigable du Rhin et sa voix cyclable jusqu’à Bâle. Je souffle, je suis enfin sorti de cette pieuvre géante. Le canal est droit à n’en plus finir mais plutôt agréable la température monte d’un cran, cependant une longue allée de platanes donne une sensation de fraîcheur. Je dépasse le cap des 100km, au prochain village je vais me trouver un coin pour poser ma tente. Ce soir entre le Rhin et son canal je suis enfin en bivouac, ce n’est plus l’été mais en tout cas cela lui ressemble. La Suisse est à 115km, ça s’approche doucement…

A pluche !

PS: Une pensée pour Dominique Benassi qui va défendre son titre de champion du monde de triathlon half Iron man à Las-Vegas ce week-end… Forza Dumé…

Que ce fut dur…

4 septembre 2012
Aprés avoir gravi la premiére cote de la journée...

Après avoir gravi la première cote de la journée...

Depuis Stockholm j’ai englouti 1585km en vélo-poids-lourd et à ma grande surprise plus j’avance plus je récupère vite et bien. Mon problème de tendinite semble s’être envolé et le moignon tient bien le choc. Ma selle en cuir a pris forme et elle devient confortable même si par moment je ne suis pas si à l’aise que l’on me l’avait prédit. Donc ce matin je reprends la piste cyclable R7 pour croiser la R9 qui m’amènera au bord du Rhin. Pour commencer je retrouve encore une route en terre qui monte, je râle ! Enfin un beau et bon goudron, mais devant moi se dresse un mur ! Une route sans virage droit devant moi, un 10% bon poids ! Je me cale et ne lâche pas le morceau, de bleu que ça monte ! 1600mts de folie, je tire mes trente kilos de barda, je transpire comme un malade, j’y arrive. Yes I’m a free man. Tout à l’air d’avoir tenu le choc. Je poursuis, là bas je vois la plaine du Rhin mais cette maudite piste n’y va pas directement. Je suis tenté de la lâcher et de m’aventurer au petit bonheur la chance dans les méandres des villes que je devrais traverser. Je me raisonne suivons la piste ce n’était qu’un accident. En pleine cambrousse alors que les panneaux indicateurs ne dépassent plus les 20X20 cm, j’aperçois par pur chance R9. On bifurque vers le Rhin et sa « planitude ». Je mouline ça monte, ça descend mais gentiment. Puis devant nous l’Everest, le Cervin sans corde, l’abysse des Marianne en apnée, je stoppe tout, je ne peux en croire mes yeux. Une ligne droite montante de plus ou moins 2000mts à 20%, je ne savais même pas que cela existait !!! Le mini panneau R9 confirme que c’est cela que nous devons gravir. Je ne me dégonfle pas, je positive, aujourd’hui c’est la rentrée pour beaucoup de monde nous on est des « to be free » mais quand même c’est de l’inhumain… Je fais  à peine 300mts que j’explose, impossible de pédaler, donc je pousse. C’est incroyable comme ça monte, si en Corse du sud en ce moment c’est le déluge ici pour une fois c’est enfin l’été et je peux vous dire que je sue à grosses gouttes. Vu que c’est dur il faut mémoriser l’effort, un film est prévu alors je fais l’acteur. Mais non je ne suis pas atteint de « dinguote » mais comme j’en bave, je fixe la caméra sur les bords du chemin. Je cale le vélo contre un poteau, monte le caméscope 200 mts plus haut et la branche puis redescends faire l’acteur, etc etc… Au moins ça me change l’esprit. En haut du Chomolungma du jour je me réjouis de l’avoir fait, pas de sensation de blessure donc tout va bien à bord. Je fais un plein des gourdes chez une vieille dame qui est sous le charme de ce que je viens de faire et poursuis. Rebelote et dix de der, la même mais un peu plus courte !!! Je suis scotché et dire que si j’avais lâché cette maudite piste en passant par la pieuvre de Frankfurt je serais en train de pédaler à 20 de moyenne le long des berges du fleuve. Je serre les dents et gravis la piste, ce n’est plus de la sueur c’est les chutes Victoria, je suis en nage. Finalement j’arrive sur une arête qui domine l’immense plaine couverte par une chape de pollution. J’en profite pour faire un break casse croute. Je me sens bien je me palpe et ne sens aucune contracture, je fais sécher mon moignon et m’assure un bon gueuleton équilibré. Je reprends ma « pédalerie », ça y est ça descend, mais la route est couverte de gravier et surtout de mousse verte. J’évite de faire l’andouille pour ne pas me retrouver à quatre pattes nez à nez avec un écureuil me ramassant les bouts manquants ! Finalement je suis dans le plat pays, au fait j’ai lâché la R9, mouton un peu mais pas tout le temps. Je fais un pointage GPS  pour poursuivre ma route et tente de m’approcher du Rhin qui doit avoir sa piste cyclable. Je croise des cyclistes et là ils m’assassinent. Pas de voie cyclable sur la rive Est que de l’autre côté et le pont est 8km plus au nord. Eh ben, c’est la journée « on est pas des tafioles » !!! Je refais un plein d’eau, 5 litres déjà bu depuis ce matin 7h. J’essaie de mémoriser leurs charabias. Je passe à travers une zone industrielle avec la route coupée par des travaux alors je coupe à travers champs puis enfin enjambe le fleuve. Je suis un héros, un grand… Un couillon ouais !!! Devant moi un immense panneau en allemand et en français décrivant les pistes cyclables du Rhin aussi bien d’un côté que de l’autre, oui je répète de chaque côté du fleuve !!! Sacré canards (encore une histoire d’o) je me suis bien fait avoir par ces domingeros. Je  trouve la piste symbolisée par le drapeau de l’Europe qui va me mener jusqu’à Bâle sans aucune cote à gravir… Je suis un peu crevé et me pose au centre de Worms, dans une auberge… Non la mascotte pas de jeu de mots ringards avec les habitants de Worms, ce ne sont pas des vers de terre… (Worm signifie ver de terre en anglais)

A pluche !

La route des pommes de terre.

29 août 2012

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Une bonne nuit pour récupérer et un petit-déjeuner copieux et me voilà de nouveau parti. Hier soir j’ai méticuleusement pointé mon chemin d’aujourd’hui. Je n’ai pas volontairement un GPS de route mais un avec une cartographie précise qui me permet de connaître ma position. Se perdre dans les méandres d’une ville sont des situations que je veux absolument éviter. Le ciel est gris mais mon cœur est ensoleillé. Si chez nous nous avons la route des vins dans beaucoup de régions ici je pourrais l’appeler la route des pommes de terre ! Chaque ferme a son logo de patate stylisée, des remorques ont des monceaux de fécules. Le plat pays « teutonique » me permet d’avancer sans trop m’épuiser, je dois rouler à 90% sur des voies réservées aux vélos, un réel confort. La route est encore longue, elle vient souvent me noircir mes efforts, il faut que je ne vive que kilomètre par kilomètre. Le vélo tourne bien, hier Mike semble avoir fait un bon travail. La plaie de mon moignon commence à cicatriser mais le souci majeur est mon tendon d’Achille. Par moment il me fait souffrir, peut-être une sorte de tendinite. Je bois beaucoup et je surveille mes urines, elles doivent être blanches. Je positive, le vélo est réparé, le moignon est en voie de guérison, il n’y a qu’à surveiller ma cheville. Mon système de pointage par GPS me rassure, je pédale sans peur de me perdre. Les carrefours repérés, je sais de suite quelle est ma prochaine direction. J’avance sous une pluie fine intermittente, tant que cela reste comme ça, cela ne me gène pas. Les bornes s’égrainent, j’avance vers le sud. Je rentre dans la ville de Peine et loupe un carrefour car je suis trop en confiance et crois avoir assez visualisé la carte. Je suis devant l’entrée de la voie rapide, demi-tour. Je râle, je peste, je dois être encore plus concentré. Finalement, la ville est dépassée, c’est toujours bien d’avoir la ville de « Peine » derrière soi ! Je reprends ma « pédalerie », ma cheville par moment me rappelle à l’ordre, j’essaie tout en pédalant de lui pratiquer des étirements, ça à l’air de marcher. La première côte, le vent du sud s’est levé violement, je suis à la ramasse, je suis carbonisé. Le zef me mine l’esprit, je me doute qu’au sommet une belle descente va m’amener à mon point de chute pour ce soir. Effectivement je file, mais mon tendon me fait souffrir. J’arrive dans le village de Grasdorf, mais je veux avancer encore un peu, alors je suis mes points GPS. Je suis à la hauteur d’un camping, il est sordide ! Planter ma tente dans un terrain clôturé avec plein de monde autour de moi me désole mais au moins il me donne une sensation de liberté ! Je poursuis ; une pension sur ma droite mais elle est fermée alors j’avance. Il me tarde d’arrêter, mais le village de Holle en est un : (holle signifie trou en anglais !) Je contourne une colline, un gars sur un chantier me conseille de poursuivre juste après le pont ! J’ai compris j’ai fait une boucle pour retrouver mon zimmer de Grasdorf !!! 12km de perdu !!! Je me déshabille et constate que l’intérieur de ma cheville a un hématome. Je prends une longue douche et plutôt que de rester droit sur une jambe, puisque j’ôte ma prothèse pour me laver, je m’assois dans le bac et me masse longuement la jambe. Il me semble que cela lui fait un bien incroyable. Fatigue, blessure, j’ai subitement une baisse de moral incroyable. Le village est bien triste et ma chambrette a les couleurs du coin, gris cendré ! Je continue mon massage sur le lit, je vais chercher très profondément pour retrouver un peu d’espoir. Je me dis que si je suis drastique avec mon inflammation, cela devrait vite partir. Il faut que mon mental soit à la hauteur de ce que la guérison va me demander. Pour me donner un coup de pied aux fesses, j’allume mon GPS et constate que la France est à 370km à vol d’oiseau. Je suis congelé alors qu’il fait 21°, la fatigue tente de me saper le moral, je dois penser positif. Je vais me coucher très tôt et demain la route sera encore plus belle qu’aujourd’hui. Entre vous et moi quand c’est comme ça les mascottes ont droit au même oreiller que le mien. Ouais, je sais un sale gosse et rien d’autre le cabochard.
A pluche !

Les dames de la forêt…

27 août 2012
Les mascottes ont rencontré un collègue éléphant...

Les mascottes ont rencontré un collègue éléphant...

Dormir dans un endroit calme sans avoir l’oeil sur des fadas ça repose le cycliste soupe au lait. Un vrai petit déjeuné de routard, ça me change un peu de mes poudres même si ce sera un peu plus difficile à digérer. Je reprends la route toujours sud, le dérailleur « déraille » et cela me chiffonne, j’ai encore quelques kilomètres à parcourir. La route est plate comme je n’avais jamais vu et je me surprends à rouler avec une moyenne au-delà des 22km/km du jamais vu avec mon poids-lourd. Des éoliennes en file indienne et chaque maison avec le toit recouvert de panneaux solaires voltaïques, comme quoi quand on veut on peut. Je retrouve le sourire mais je dois régler mon vélo. Je choisis de rentrer dans la ville d’Uelzen, il y a le mot zen, c’est bon signe ! Une charmante demoiselle en vélo m’amène au mécano-vélo du coin. Ici c’est impressionnant mais tout le monde roule en deux roues, vu ma dégaine pas besoin de leur dire que j’arrive de loin, ils laissent tout tomber et s’occupent  de ma bicyclette. Ils me demandent depuis quand la cassette saute, depuis Travemunde où je me suis fait changer les rayons cassés ! Mike au look de biker, en deux temps trois mouvements me trouve mon problème. En remontant ma cassette le mécano précédent a tout simplement oublié de remettre une entretoise entre deux pignons, la chaîne n’avait plus la place pour s’accrocher. Aussi simple que ça ! Il remonte tout méthodiquement et me voilà avec un vélo tout neuf. J’aime bien tailler la bavette avec ce type de personnage, on parle compétition, depuis qu’il a arrêté il a pris du poids et voudrait bien reprendre mais toutes les excuses, lui en empêchent. Un lien de leur boutique www.bikemaster-ue.de Il m’apprend pour Armstrong, je n’en démords pas, pour moi il sera toujours un grand champion. Je reprends le chemin sans ce souci de chaîne qui saute, ça change la vie. Une fois de plus j’ai demandé si je pouvais planter ma tente dans une forêt sur ma route. La réponse est catégorique, non car c’est trop dangereux !!! J’ai dormi au milieu de grizzli pendant des semaines, de loups, sous la neige et la glace par des températures négatives hallucinantes et on me dit qu’ici en Allemagne c’est trop risqué !!! Je sors de la ville et reprends ma « pédalerie ». Depuis 60km je suis sur une voie cyclable sans être tout le temps à l’affut du chauffard qui va me frôler, un vrai plaisir. J’attaque ma première côte, ce n’est pas les Alpes mais une belle montée. Toujours sur ma piste « privée » je taille ma route, la forêt est belle sombre, je me vois bien planqué au coin d’un feu. Tiens un camping-car sur un chemin de terre ! Il a l’air en piteux état le van. Encore un deuxième de même condition, c’est bizarre ce genre d’épave dans ces jolies forêts ! Un troisième, mais on m’avait dit que c’était dangereux le coin ! Encore un autre. Il y a quelqu’un, je m’arrête. Oh nom de Zeus !!! De peu je tombe du vélo, une « pépé » à moitié nue descend du fourgon ;  je ne sais plus où me mettre. Eureka j’ai compris pourquoi la forêt est dangereuse un repaire de prostituées et certainement tout ce qui va avec ! Va prendre froid la demoiselle, moi je lui tire ma référence et taïo ! C’est bon la mascotte, je t’expliquerai un jour le cursus scolaire de ce genre de minette. Rendors toi, ce n’est pas un coin fréquentable. Ces pauvres filles viennent du fin fond de l’Afrique pour un eldorado et les voilà à risquer leur peau pour quelques détraqués. J’appelle ça la solitude urbaine. Je me fais un break sur un parking pour me gaver de ce que ma boîte en plastique a pu engranger ce matin au buffet de l’auberge. Des routiers de l’Est sont là ; eux aussi me font peine, à voir leurs têtes ils doivent avoir quelques milliers de kilomètres au compteur. Je poursuis, je me sens de nouveau bien dans mon raid. La nuit de Travemunde oubliée, le vélo réparé et mes petits bobos physiques qui semblent régresser.  Au 100éme kilomètre je décide qu’au prochain coin je m’arrête. Mais non pas en forêt ! L’Allemagne a un réseau pour cyclistes et les nuits sont très bon marché, pour exemple hier soir une nuit en demi-pension avec un vrai diner cycliste et petit déjeuner de même acabit 48 euros. Je vais trouver le jumeau j’en suis sur. Mais le village n’en possède pas, un tailleur de pierre attire mon attention. Un métier en voie de disparition, Peter est robuste et son coup de main démontre des décennies de pratique. A l’entrée de son atelier, je vois une dalle gravée du mot « zimmer ». Je pense que c’est une commande. Nous discutons de son métier et moi de mon voyage. Sa femme arrive et je comprends avec un temps de retard qu’ils ont une chambre libre pour le voyageur que je suis, zimmer, voulant dire chambre. Dans un endroit charmant je me refais une santé. Petite cuisine à disposition je vais me préparer un super diner, non pas de crêpes la mascotte, trop lourd. Salade, riz et viande.
I’m again a free man !
A pluche !

Au revoir Nils Holgersson, dis aux oies que je reviendrai, promis !

24 août 2012

Une étrange ressemblance, vous ne trouvez-pas?

Une étrange ressemblance, vous ne trouvez-pas?

La légende de ce petit garçon, parti avec les oies découvrir son pays la Suède, est inconsciemment la genèse du raid que je réalise Arcticorsica. Déjà plus de deux mois que je suis dans cette grande contrée, deux mois que je rêve les yeux ouverts. On m’avait promis mauvais accueil j’ai été reçu comme un frère ou un fils, je me doutais de sa beauté et j’en suis encore sous le charme. Ce matin je démonte mon bivouac, je ne suis pas sûr, mais je pense que c’est la dernière fois que je le ferai sur la terre de Scanie. Je reprends la route, je dois retrouver la nationale 108 qui me mènera à Trelleborg. Les voies rapides ici sont des coupes gorges à cyclistes, je tente de bien rester sur ma droite mais je sens les poids lourds me frôler, le seul reproche que je peux faire à la Suède c’est leurs routes du sud, de vraies roulettes russes. 10 km de frayeur, je roule cap au sud. Le Danemark est rejoint par un pont immense et les îles qui s’en suivent ne sont que des morceaux d’autoroutes interdites aux vélos. La seule solution le ferry. Après 50 bornes me voilà en train de pédaler dans le port de commerce le plus sud de Scandinavie. Le comptoir de la compagnie est vide, une dame me voit débarquer avec tout mon barda et comprend que j’arrive de loin. Elle est chaleureuse avec moi, mon voyage l’intéresse son mari est journaliste, elle lui en touchera deux mots, elle me prend une photo. Il est à peine 9h, elle me demande à quelle heure je veux partir ? Le premier s’il y a de la place. Ok il part dans 40’ !!! Incroyable, quelle coïncidence, moi qui croyais encore devoir patienter je ne sais combien d’heures voir de jour, me voilà sur un beau ferry pour une courte croisière qui me mènera en Allemagne. Le port s’éloigne, la Suède va devenir un souvenir, j’y ai souffert, j’y ai douté, pleuré mais qu’est ce que ce pays m’a envouté et appris. Les gens sont comme j’aime, rudes, directs et sincères. Pas de blablas, de causeries inutiles. Quand j’étais plus jeune j’avais une phrase qui irritait les latins, je te regardais droit dans les yeux et balançais : Parle utile ! Ici c’est le cas, la rudesse de l’hiver a rendu les gens dégourdis, proche de la nature. En deux mois à leur coté j’ai compris combien ils savaient apprécier le moment présent sans les futilités que développent la facilité des régions du soleil. Encore un clin d’œil de la vie le ferry s’appelle Nils Holgersson, une manière de boucler la boucle. Le voyage est loin d’être fini, j’en ai fait 3000, il m’en reste 2000 !  J’aurais mis 64 jours pour rallier le point le plus nord au point le plus sud de la Scandinavie, je n’arrive pas à y croire le départ de Slettnes me semble tellement loin. Un gros morceau m’attend, l’Europe continentale, je vais tenter d’avancer au mieux et de mettre en application tout ce que j’ai déjà appris… Mais vivons le moment présent. Merci à toutes les personnes qui sans me connaître m’ont apportées confiance, chaleur, soutien et amitié, tack så mycket. I’m a free man.

A pluche !

J’aime pas les autoroutes !!!

23 août 2012
Le sud c'est par là...

Le sud c'est par là...

Le vent qui avait faibli hier soir est revenu en forme tôt ce matin. Comme je m’en doutais il est violent et dans le nez. Vu sa taille, du nez pas du vent il a de quoi avoir de la prise ! Je reprends mon chemin, une horreur, des camions les uns derrières les autres qui se dirigent vers Malmö pour emprunter le pont-autoroute qui enjambe la mer Baltique. Le cycliste unijambiste, râle, peste, rumine sa colère d’être au milieu de ces Mad max des routes, il est temps que je change de coin ! Un autre détail, le dénivelé revient, un truc de « ouf » ça ne fait que monter, plus le vent, il me semble  reculer ! Un autre paramètre important, c’est que j’ai faim et mes rations sont dans le rouge. Va falloir trouver une épicerie ouverte, sinon je bouffe du koala !!! Mais non la mascotte, c’est une de mes expressions un peu rocambolesque ! Un immense hypermarché sur tribord, on jette l’ancre et je pars en reconnaissance. Je ne prends pas de panier exprès pour ne pas trop me charger, mais j’ai
la dalle !!! Je squatte le premier banc extérieur du magasin, enlève ma prothèse et me fait un casse croute pantagruélique ! Les passants font semblant de ne pas me voir, je dois être transparent mais ce qui est sur ce que je me rassasie. Repus, je reprends la route mais le vent lui ne fait  pas de pause pendant 4h je me traine, je ne desserre pas les dents je veux et je dois avancer. Il me reste 10 km de voie rapide puis je reprendrai les chemins de traverse. Mais, les suédois si sympa, si accueillant, si éduqués négligent leurs infos route. La nationale que je dois emprunter est devenue autoroute, aucune indication, je suis au pied du mur. J’en ai les bras qui tombent, désolé Thierry, c’est encore une expression ! Bon va falloir réagir, à tous problème une solution. J’allume mon GPS, randonné et pas voiture, je suis sur qu’il doit bien y avoir un chemin de campagne pour rejoindre « ma » route ! Oui il y en a une, je me retrouve enfin dans la paix et la tranquillité, mais le goudron laisse place au bon gravier et ma moyenne en prend pour son grade. Je m’en fous j’avance dans le bon sens. Des pommiers, des poiriers et des pruniers avec les fruits à maturités et personne qui ne les ramassent, je ne me gène pas pour tout gouter ! 6h que ça dur les hostilités, je commence à sentir la fatigue, j’espère un coin paisible pour monter mon bivouac, mais les vaches et les chevaux foisonnent et ne me laissent pas trop le choix pour m’installer. 80km et je suis au bled de Dalby, je demande s’il y a un camping. A 60 km au bord de mer !!! Ce sera au petit bonheur la chance, je rattrape une vieille dame en vélo, on papote, plus jeune elle a traversé la Suède en vélo. Elle ne connait pas de coin spécifique, puis se rappelle une ancienne mine qui est devenue un petit lac, il y a des tables avec des bancs, elle me dit que si je suis discret personne ne dira rien. Et me voilà dans un coin paumé, je monte ma tente et pars à la salle de bain. Il parait que l’eau froide c’est bon pour récupérer, je vais être en forme demain, alors. Malgré tout cette baignade me fait un bien fou, je m’organise pour le repas de ce soir et celui de demain midi et vais vite sous la tente, un gros orage est en train de s’acharner sur nous. Encore 83km d’effectué, demain il ne restera plus que 50 km pour rejoindre le port de Trelleborg dernière étape suédoise.
A pluche !

Dans la boule de cristal je vois…

22 août 2012
Quel charmeur ce Jozef ! Il n'a pas hésité à quitter sa "Norra" pour poser avec une belle suédoise !

Quel charmeur ce Jo zef ! Il n'a pas hésité à quitter sa "Norra" pour poser avec une belle suédoise !

Ce matin je suis d’attaque, une journée complète sans pédaler ça requinque le rebelle à cloche pied. Le ciel est déjà très chargé, la météo nationale est en vigilance orange pour des raisons de forte pluie, ça tombe bien on est rodé ! Pour corser le départ, je tente l’autoroute qui me fera traverser la ville directement sans passer par le labyrinthe urbain où je vais certainement m’égarer. Il est 5H45 et je ne pense pas trouver grand monde. Pendant 8km je serre les fesses, si la police passe, va falloir ruser. Finalement, l’épreuve est réussie mais quelques faux plats montants me donnent du fil à retordre. Deux heures pour retrouver enfin une route plate, je mouline.  Là bas au Sud-ouest le peintre badigeonne le ciel de noir, comme dirait la mascotte : « Chu sur que c’est de la peinture à l’eau ! Bien vu, y z’ouvre le robinet et ce n’est plus un vélo mais un pédalo. » Les camions qui nous frôlent nous estiment surement trop sec et nous envoient quelques belles giclées. Je suis motivé pour avancer alors, yakapedaler ! La moyenne est bonne, le sud se rapproche. Au bout de 75km, ce n’est plus de la pluie mais une cascade, les automobilistes nous encouragent, mais là je crois qu’il faut arrêter. Je trouve un camping désert, l’accueil n’ouvrira qu’en début d’après-midi, il n’est que 11h. En face de moi je vois une pauvre femme en train de batailler avec sa remorque toute neuve, son mari à l’abri sous un immense parapluie est tétraplégique. Cela ne pouvait arriver qu’à moi, trempé pour trempé je lui débrouille la situation. Elle a le passe qui donne accès au service salle à manger, coin repas et m’ouvre les portes du paradis. Je m’installe bien à l’abri et regarde la pluie inonder le pays. Je suis seul, style un peu yacht club britannique il y a un vieux sofa en cuir, je lui promets une sacrée sieste. Mais voilà, des femmes arrivent, je devrais dire des matrones. La communauté Rom est prise en charge par l’état et les campings leurs sont ouverts pour des prix dérisoires, plutôt qu’ils ne squattent des terrains vagues. Ici l’hiver peut-être fatal et le peuple suédois est très stricte, si bien que les allemands me paraissent un poil excentrique en comparaison. Donc ces dames débarquent, avec leurs toutous, deux pitt bulls ! Un poil tendu le cabochard. En deux seconde le coin calme et reposant se transforme en une hall aux poissons. Elles ne parlent pas, elles hurlent. L’un de ses mollos, me regarde du coin de l’œil, j’anticipe et me cale proprement avec la prothèse, ça ne loupe pas, l’enfoiré de clebs tente l’intimidation, je réagis avant qu’il ne comprenne. Un grand kaï kaï couvre le hurlement des gitanes. Sorry, i don’t now whats happen ! Elles ne causent pas anglais, moi je ne parle pas le rom ! Une grosse motte de beurre fond dans la poêle et des grosses tranches de lard enfument la pièce. C’est bon on s’arrache ! Elles auraient pu lire dans leurs boules de cristal que le corse solitaire n’aime pas le graillon et qu’il n’a pas trop confiance aux gamins qui viennent de rejoindre les cordons bleu grassouillets ! Dans la ligne de ma main je vois une belle et longue route qui va m’amener loin de ses fadas avant que je me retrouve en slip ! Le soleil semble jouer les troubles fête, je rigole en repensant aux « ladys » du camping, quelle différence avec le peuple suédois si calme, poli, soigné. Je fonce vers la ville de Hassleholm, mais pas de coin pour monter la tente, le ciel redevient noir, tient c’est pour la deuxième couche ! Je demande à un fermier où se trouve un camping mais il ne parle pas l’anglais, j’arrive à traduire qu’à deux kilomètres il faut que je tourne à gauche. Ok, mais rien du tout. Une grange vide, je mets le vélo sur béquille et pars en repérage, une herbe rase bien plate, un robinet d’eau douce, je suis au Novotel du coin ! Personne à l’horizon, je n’aime pas monter mon bivouac sans demander l’autorisation. Le vent devient violent, l’orage va exploser. Soudain, une jeune fille en vélo passe, elle ne m’a pas vu. Je l’interpelle en lui demandant l’autorisation, mais elle me dit que ce n’est pas un bon coin, les vaches vont revenir, elle me demande de la suivre. Devant chez elle un magnifique jardin avec pelouse, elle m’invite à y planter ma tente où je veux. Je suis gêné, je serai sous ses fenêtres. Elle sent ma réticence, et nous voilà partis sur une magnifique route en terre pour arriver sur une immense prairie. C’est une ancienne mine et les touristes, quand il y en a, peuvent la visiter. Il y a même un coin douche avec de l’eau courante. Nous discutons un moment, son projet va d’être  l’année prochaine de parcourir en vélo Vienne à Prague. Cela faisait un moment que le milieu urbain me chagrinait, j’avais connu dans le nord du pays de très belles rencontres et depuis mon départ de Stockholm je ne me sentais plus trop dans ce voyage découverte. Ce soir je suis fier d’afficher un petit 130km et le souvenir d’une très belle rencontre.
Tack sa mycket.
A pluche !
PS : Jo Zef enlève moi ce foulard de sur ta tête, je n’ai pas envie que tu me lises les lignes de la main, mon destin est juste devant moi.

Un gros coup de blues…

18 août 2012
Un dernier échange complice avec Valentin avant le départ...

Un dernier échange complice avec Valentin avant le départ...

Le zip d’une tente qui s’ouvre, Valentin a du m’entendre ranger mon vélo, on discute ensemble. Je l’observe partir vers les sanitaires, privé de ses deux jambes il n’est pas appareillé. Je vois en lui un gamin serviable, toujours souriant qui malgré sa double amputation fémorale est la joie de vivre. Je suis à fleur de peau, ces 3000km de vélo me font des soucis, ai-je bien estimé l’effort ?  Il revient, je me maudis d’être aussi axé sur mon égo, au loin il me sourit, je me mords les lèvres. Le cumul des deux mois passés peut-être, je me mets à pleurer comme un gosse. Je m’agenouille, il me prend dans ses bras. Promis, « neveu de vie », pour toi je donnerai le meilleur de moi-même, promis !

Aujourd’hui je vais me retrouver seul, le camion va rentrer pour la France, je ne dois rien oublier. Je vérifie une énième fois mes sacoches et nous partons. Je n’ai pas récupéré de la journée d’hier, je crois plutôt que c’est mon mental qui est en bas. Je fais mouliner mes jambes mais ça ne veut pas venir, je tente le vide. Je connais ces situations, il faut les contourner plutôt que les affronter. Jusqu’à midi, c’est difficile. A l’entrée de la ville de Norrköpping, l’autoroute me barre la route, je n’ai pas l’énergie de me perdre, je charge le vélo dans le fourgon. Une fois passée la plus grande ville de la région, nous nous arrêtons pour le déjeuner sous des pins. Nicolas et Robin sont euphoriques de savoir qu’ils vont repartir pour la France, quant à Valentin je le sens triste de cette séparation. On se serre la main et je reprends ma route en solo. Le soleil me cuit le cerveau, je pédale mais je n’y suis plus. Au 100éme km je stoppe tout. Un hangar oublié au bout d’une route fermée, me servira d’abri pour ce soir. Je n’ai pas beaucoup d’eau mais je vais m’arranger pour tenir le coup jusqu’à demain, je trouverai bien une ferme sur mon chemin. Je monte ma petite tente, la tristesse m’a bien en main, mon rendez-vous hebdomadaire du vendredi 17h40 sur France Bleu Frequenza Mora me demandera beaucoup d’effort pour rester dynamique. J’appelle ma princesse, deux mois qu’on ne s’est pas vu, elle me manque. Je crois qu’il va me falloir une bonne nuit de repos pour retrouver mon énergie habituelle. Ne vous inquiétez pas, je ne veux pas dissimuler mes ressentis, quand ça ne va pas trop fort, je ne dois pas vous le cacher. Une expédition aussi engager demande beaucoup d’énergie, plus mental que physique. Je m’autorise de temps à autre, à vider le trop plein. Ce soir je ressemble plus à un clochard des routes qu’à un bel aventurier qui ne redoute rien. J’ai mes peurs et ce soir je crois qu’elles seront dans mes doutes embrumés.  Je vais serrer très fort mes deux protégés, comme le fait un gosse qui a peur du noir, demain il fera jour et le guerrier pacifique reprendra sa croisade.
Bise à tous.

Arcticorsica, partie 4…

15 août 2012
Des trucs doivent se chuchoter dans mon dos...

Des trucs doivent se chuchoter dans mon dos...

Ce matin encore les chevaux sont là en train de tondre notre belle pelouse, je ravive le feu et m’inspire de cette dernière matinée de paix. Aujourd’hui c’est le départ. Je charge le kayak mais je suis brouillon, je me trompe, je charge mal les sacs étanches, Immaqa semble soupirer d’un tel manque de professionnalisme. Je remercie les lieux de m’avoir hébergé pendant presque une semaine. La brise est contraire, pourquoi serait-elle différente ? 1800mts me sépare du ponton du club d’aviron où je pourrai en toute quiétude plier mon embarcation. Cette fois je m’applique, je dois devenir cycliste maintenant, fini la houle, que du macadam pour plusieurs milliers de kilomètres. Je rince mon complice, il a quelques belles cicatrices, qui seront son mausolée d’Arcticorsica. A midi les jeunes arrivent avec le camion, je dois me concentrer mais je suis submergé par un million de choses à régler. Nicolas, Valentin et Robin vont déjeuner je dois tout transférer sans rien oublier. Le choix est strict, plus je serai léger plus le voyage sera facile, mais s’il fait un automne pourri, s’il pleut tous les jours, je tranche je prends le strict minimum. 14h enfin la partie 4 de l’expédition est entamée, je roule direction le sud de Stockholm. Ma carte n’est pas assez détaillée pour me faire faufiler par les petites routes sans prendre l’autoroute. Le fourgon doté d’un GPS m’ouvre la route, je suis euphorique, j’en ai les mains qui tremblent, ce matin j’étais en kayak cet après-midi je deviens cycliste au long cours. Les deux premières heures se passent à merveille mais nous rentrons dans le centre de la capitale, je ne peux pas prendre l’autoroute en vélo, leur GPS s’affole. Nous tournons en rond et le trafic devient infernal. Je stoppe tout, je ne suis pas là pour tout foutre en l’air par un accrochage. Je charge le vélo dans le camion et m’assois sur les bagages des jeunes comme un clandestin dans le noir. Les 15 km d’autoroute se feront dans les bouchons pour nous mener dans un camping du sud de la grande ville. Un Cabochard en camping le 15 août on aura tout vu. Un petit 55km déjà en moins à pédaler vers le sud… Demain je serai plus loquace… Je suis cuit de chez cuit mais vraiment heureux d’avoir passé ce point noir…

A pluche !