Cela fait quatre jours que le maquis nous a ouvert ses portes, quatre jours que nous sommes devenus le vent, la pluie, la nuit, quatre jours que nous ne sommes plus qu’un. Sur la route du retour, alors que les éléments se déchainent la côte submergée par une forte houle nous invite à la contemplation. La lumière tachée d’encre sombre nous laisse sans voix, en musique de fond, un chant bien de chez nous. Nos yeux cherchent l’infini dans un horizon mystique mais très sincèrement je crois plutôt que la solennité du moment est animée par nos âmes qui savent que ce sera la dernière fois que nous serons physiquement ensemble. Côte à côte une immense émotion nous envahit, le sel de la mer remplit nos yeux d’un bonheur intense de partage. Mais que s’est-il passé pendant ce stage de survie ? Très sincèrement je n’en sais rien, il me semble que la pudeur n’ose dévoiler ce merveilleux échange. La météo était à la hauteur de l’initiation puisque un avis de forte pluie et d’orage était annoncé sur tout le département, mais là-bas dans la vallée perdue, ces préoccupations d’homme n’ont jamais leur place. 6 personnes différentes venaient chercher un secret, à moins que ne se soit la quête d’une vieille plaie mal cicatrisée. La magie de ce groupe fût leur faculté à s’adapter, pas besoin de causer, ni d’expliquer, chacun avait sa place, là à l’instant présent. Les mains ont souffert dans les ronces, les muscles ont enduré le dénivelé, le dos a conjuré le sort des nuits sur un sol caillouteux, la peau s’est tannée aux multiples baignades dans le torrent mais pas une seule fois quelqu’un ne s’est plaint. Le confort était basique mais comment expliquer que mal assis sur un gros galet trempé d’une pluie fine automnale chaque soir nous avons veillé jusqu’au milieu de la nuit. Le feu doit avoir sa part de responsabilité mais une force mystérieuse nous empêchait de nous cacher dans nos sacs de couchage humides. La vie de nomade a ce pouvoir d’unir les hommes et les femmes, monter le campement sur une berge d’un fleuve perdu remet l’être humain à sa juste place, il ne devient qu’un grain de sable parmi des milliards d’autres d’une grève sablonneuse. Nous avons pris sur nous mêmes, pour devenir un Groupe, oui la majuscule s’impose quand la fusion est si forte. L’émotion ne nous a pas lâché, chacun y a apposé sa larme d’étoile mais alors ce n’est plus une vie que nous avons vécu mais une sur-vie bien au-delà de toute espérance. Allumer un feu sous la pluie replace les priorités, savoir remonter sa capuche quand l’averse s’invite sans prévenir garde permet aux âmes de se reconnecter, la pierre plate qui cuit le pain efface, et de loin, l’autel au calice d’osties. La bâche se sacralise, elle devient temple, la prière est simple, merci de l’instant présent. La marche de nuit en plein néant nous a donné le coup de grâce, sans éclairage alors que les orages nous empêchaient tout espoir de moindre vision, les pas on été douteux, gauches mais au bout du voyage la lumière de tout en chacun irradiait nos chemins de vie. Vous voyez l’émotion n’a pas quitté mes épaules meurtries par un lourd sac à dos, ce soir au fond de mon petit Cabochard, alors que la tempête couvre le bruit des hommes sédentaires, je vais pouvoir m’endormir sereinement. Oh Pascale, Valérie, Marlène, Gwen, Alan, Ange-Paul, vos sourires m’inondent encore le cœur, ne changez rien, vous êtes des êtres précieux.
Survie et émotions
12 novembre 2014Vie sauvage et maquis
24 octobre 2014Cela faisait une bonne paire d’années que je m’étais mis bille en tête de guider une équipe « d’éclopés » en plein maquis, finalement le rêve est devenu réalité. Carole, Claire, Audrey, Marie et Sylvain tentent l’aventure. Comme tout bon aventurier il leur était demandé de trouver un « sponsor » qui les aiderait à compléter leur équipement de vie sauvage et de payer une partie de leur déplacement, le reste étant pris en charge par Bout De Vie. Thierry représentant l’association Res Publica , dirigée par Mr et Mme Jean-Claude Perrin mécène du projet, nous accompagnait. Il n’est pas simple en un claquement de doigt de devenir un être de la forêt, il n’est pas aisé de se fondre avec le vent et le silence, mais leur volonté fût d’une exemplarité magnifique. La route en terre annonce l’isolement du lieu, pas de maison, ni âme qui vive, au bout d’une piste perdue, nous stoppons nos véhicules, la nature les attends de pied-ferme. Marie est la seule non-amputée, sa force, oups pardon, je voulais dire, sa différence, est, qu’elle est non voyante, mais à son contact nous avons appris à regarder avec les sons. Le briefing de départ met un peu de pression, il est hors de question que je m’apitoie sur leur sort. Nous sommes là pour grandir et laisser derrière nous les « citadineries » ! Les gadgets avec écrans sont strictement interdits, la seule connexion possible sera avec les grands espaces. Sylvain par confort et habitude ne porte pas de prothèse, il sera un peu le prof à ces demoiselles qui doivent apprendre à marcher avec des béquilles. Le terrain est accidenté, pour quelqu’un qui n’a jamais pratiqué le maquis, il est surement impossible d’imaginer un seul instant la difficulté de la progression hors sentier dans ce dédale de bois mort enchevêtré et au milieu des ronces. Il découvre un autre monde, seul la concentration leur permettra de surmonter ces difficultés, je sens de la détermination mais beaucoup de doute les envahissent à tour de rôle. Les kilomètres s’égrainent, le dénivelé positif et négatif sont gagnés mais la fatigue les attend au détour d’un arbousier ou chêne liège, pas de chance, elle ne trouvera aucune place dans leur sac à dos. Le soir des bons repas traditionnels les attendent au coin du feu, les silences aident Marie à sentir le lieu mais qu’il est difficile pour une bande de filles de faire le silence ! Alors le grand frère lance un souffle, un regard noir et elles comprennent. Pendant ces jours de partage, chacun des participants, même Thierry, le seul « valide », ont trouvé de nouvelles limites, les obstacles du premier jour ont été amputés de quelques degrés. Sous le duvet, au fond du tipi, dans la magie de la nature encore sauvage, ils ont été pour un instant plus près des anges. Quel plaisir l’autre soir de s’allonger sur une grande bâche pour chercher son étoile filante, quelle joie d’avoir la visite de Jean-Baptiste le seul éleveur de toute la vallée qui nous a gâté de gâteaux et de sourire. Ses histoires ont fait comprendre ce qu’était la « vraie » Corse loin du monde et des clichés. Une après-midi Véro est venue les masser, une manière pour rester le soir et partager la soupe corse qui mijotait dans son poêlon de fonte depuis le début d’après-midi. J’en aurai encore des choses à écrire mais certains souvenirs ne se racontent pas ils se vivent, puis les jardins secrets ne peuvent être trop dénudés. Certains d’entre eux auront l’envie de vous le raconter avec leurs mots, désolés les autres maux ont glissé dans le torrent à l’occasion des baignades vivifiantes de fin de journée commando. Pour ceux qui douteraient de ce récit voici juste entre vous et eux quelques clichés.
Programme 2014-2015
11 septembre 2014Comme je vous l’écrivais dans le précedent billet voici la liste des « aventures » de votre association Bout de Vie ces prochains mois.
Des Cols et des écoles : Projet soutenu par la Fondation Française des Jeux.
Le théme sera Sport de haut niveau et « handicap ».
Du 5 au 10 octobre, nous serons 6 amputés cyclistes à rallier Bastia à Figari. Vélo le matin rencontre des scolaires l’après-midi.
Bastia-Corte lundi 6 octobre et rencontre en soirée des universitaires organisée par Ludovic Martel.
Corte-Zicavo mardi 7 octobre rencontre des primaires l’après- midi.
Zicavo-Levie mercredi 8 octobre rencontre en fin de journée organisée par l’association de José Pietri Via in Livia. Présentation du film Arcticorsica et signature de mon dernier livre Carnet de voyage d’un homme libre.
Levie-Figari jeudi 9 octobre rencontre l’après-midi des primaires de l’école de Figari.
Stage de vie sauvage : Financé en totalité par l’association Res-publica.
Du 20 au 25 octobre cinq personnes « différentes » invitées formeront un groupe pour progresser dans un coin du maquis secret, les marches seront faibles mais engagées tout de même. Pendant ces jours de baroude, malgré leur mutilation, elles devront s’adapter à une vie sommaire que certains appellent : « survie ». Au programme récolte de plante, cuisson de pain sur pierre, traversée de torrent malgré leur jambe de bois, montage de bivouac, etc etc. Marie sera la seule non amputée, sa « différence » est qu’elle est non-voyante !
Stage de sur-vie : Ces stages sont payant, une manière de récolter de façon non conventionnelle des fonds pour Bout de vie.
Du 9 au 12 novembre, toujours dans un coin secret de l’extrême sud je vais guider un groupe d’hommes et de femmes à partager une aventure que je vis au quotidien dans mes expéditions engagées. Nous dormirons sous une « belle » bâche, la nourriture lyophilisée sera améliorée par de la cueillette et plein de surprises les attendent. Aucun contact avec l’extérieur ne sera permis pendant ces jours d’aventure. La seule connexion possible sera avec la nature et eux même. Le prochain stage où il reste encore de la place sera du 8 au 11 mars 2015, 320 euros en pension complète! (Chèque au nom de l’association)!
Stage de plongée sous-marine à bord de la Galiote :
Première semaine de juin 2015 se déroulera le 13éme stage de plongée sous-marine au Lavezzi pour dix jeunes amputés (les préinscriptions peuvent déjà être envoyées, il reste 5 places).
Expédition Nivarsiaq Groenland été 2015 :
Je m’élancerai en kayak d’Ilulissat sur la côte Ouest du Groenland pour rejoindre le village de Kullorsuaq à 1200 km plus au nord. Trois mois seront nécessaires pour cette « balade ». Pendant ce temps quatre jeunes « différents » me rejoindront à partir du 15 aout au village de Kullorsuaq pour mon arrivée prévue à partir de cette date, l’avion retour nous ramènera le 1 septembre.
Bien-sûr d’autres événements vont très certainement arriver au fil des jours mais voilà un beau programme à cloche pied.
A pluche !
Carnet de voyage d’un homme libre.
16 juin 2014D’ici quelques jours il sera chez votre libraire. Pour vous faire patienter voici la quatrième de couverture écrite par la romancière Marie-Hélène Ferrari.
Parce qu’il y a deux façons de vivre, deux façons de réagir, quand frappe le malheur, le livre de Frank Bruno s’adresse à tous. De l’Océan Arctique à la Corse, il traverse le monde avec des ailes. » You are a free Man » lui a-t-on dit… Il s’est fait lui-même un grand homme, parce qu’il démontre que rien, quand on ne le veut pas, n’est une fatalité. Cette jambe que la vie lui a prise, il l’a convertie à force de volonté, de courage, en une chance. Cela s’appelle l’orphisme, ou la renaissance. En tout cas, il nous propose avec optimisme, une vraie leçon de vie. Cette vie qu’il découvre dans les coins les plus secrets et les plus exotiques du monde… Une expérience rare et inoubliable.
Reveries polaires
11 mai 2014Tout est à sa place, rien n’a bougé, le potager a survécu à mon absence et le torrent suit son cours…de philosophie. Le tipi caché au bout de la vallée perdue est mon repaire de corsaire des bois. En bas, comme disent certains, la saison a commencé, camping-car et bateau de location se battent le droit de son bout de corse. Là-haut j’y ai tout le confort possible, silence, paix et sérénité sans aucune chance de croiser un bruyant ! Le pays d’Apoutiaq n’est déjà qu’un souvenir, il sera une image de référence de plus. Mais comme à chaque retour la machine à cogiter s’emballe, des projets ont débarqué au pied de ma prothèse, alors il faut gérer, éviter le trop plein d’envie, je deviens un boxeur esquivant les uppercuts. Mais tout est possible, presque tous mes rêves se sont réalisés, alors pourquoi pas ceux-là ! Les mascottes sont attentives dans leur balançoire de fortune, pour elles, l’aventure c’est leur quotidien, alors au fond d’un sac étanche ou d’un duvet dans un bivouac du bout du monde, c’est toujours Ok. Vous voyez mon esprit d’enfant me colle à la peau, je rêve les yeux ouverts car demain il sera peut-être trop tard. Véro qui est venue me rejoindre, sait, sent, l’oiseau de mer qui sommeille en cette âme écorchée vive. Je lui déploie une carte du Groenland, je lui explique ces mois de solitude, lui argumentant cet autre projet de partage, sans effort elle embarque dans mes délires polaires, pas une seule fois elle ne veut quitter le bord. Ce n’est plus un dessin monochrome, mais une aquarelle issue d’une palette complète. Faites-gaffes, avec un peu de malchance, vous mes chers lecteurs, serez capables d’embarquer dans mes délires. Niko en ce moment traque avec une équipe télé l’ours blanc au Svalbard pour une future émission, être guide polaire a ses exigences. Un soir entre la tranche de jambon et les gosses qui jouent avec leur gadget électronique, certains verront la vraie vie de l’ours mangeur d’homme ! Mais les rêveurs vont se recroiser, les frères de glace vont peut-être bâtir des projets, des trucs que personne n’avait pensé, des balades improbables au pays du silence. La solitude se dispute avec la partage je ne sais pas qui aura le dessus. Pour la méditation, imaginez : des semaines à pagayer sans causer qu’avec vous-même. Puis une immense plage de galets noires surgit à votre étrave où une mère Ours s’inquiète de ses rejetons nageant non loin d’une bande d’orque, là-bas au fond un glacier et vous qui allez monter votre bivouac. Puis au bout du long voyage un « vrai village » groenlandais avec ma Vrai et un groupe de jeunes différents. Le partage a sa besace de rêves aussi : Une baleinière groenlandaise retapée, équipée plongée-croisière pour chasser les trésors du clan d’Erik le rouge. Des sites vikings pas encore fouillés et deux glaçons aux bonnets rouges qui se transforment en chercheur. De temps à autre des gamins un peu malmenés par la vie pourraient y poser leur sac, pour vivre l’instant présent. Je vous laisse votre douche chaude, le frigo plein, le chauffage dans la chambre mais donnez moi un horizon d’icebergs, une côte sans les hommes, une plage abandonnée polaire. Oui je sais, je suis incorrigible, pourquoi devrais-je changer, c’est tellement bon d’être un homme libre.
Pendant mon absence le Festival Curieux Voyageur de St Étienne a décerné le Prix littéraire 2014. Le lauréat est mon dernier livre Ayeltgnu le défi d’une vie debout. De la région parisienne et du Rhône Alpes, environs 200 lecteurs ont voté pour mes écrits. Par ce billet je tenais à les remercier du fond du cœur.
A pluche.
Avec des chiens de traineau
2 mai 2014Comme récompense on ne pouvait rêver mieux, qu’une rando en chiens de traineau. L’équipement permettant de lutter contre le froid doit être une succession de couche, c’est l’air qui isole et non une seule grosse épaisseur, la société Solognac a fourni à toute l’équipe le nécessaire. Le fait d’être assis sans pratiquement aucun mouvement peut transformer vite la balade en cauchemar. Les jeunes sont en binômes, Niko et Pascal sont seuls quant à Thierry et moi nous partageons le même « carrosse ». Une quinzaine de chiens de race groenlandaise sont disposés en éventail, le leader mène la route. Ils ont une ouïe très perçante et le musher leur transmet les ordres sans forcer sur la voix. Illi, illi veut dire à droite, gnou gnou veut dire à gauche, euche, euche : doucement… Le décor est absolument grandiose, il nous semble d’évoluer dans un rêve. Mais la région est montagneuse, dans les grandes côtes je rejoins le « chauffeur » qui court à coté de sa monture, mais dans les descentes notre « dolfinu » qui ne peut se tenir doit être maintenu. Le travail des chiens est fascinant, loin des animaux de compagnie que l’on connait en Europe, ceux-là sont de vrais machines. Leur vie, courir sur la banquise ou la calotte, dés qu’ils sont à l’arrêt ils se déchainent pour repartir galoper. Les rixes sont fréquentes, les bagarres dégénèrent assez rapidement en bain d’hémoglobine, le fouet est là pour dissuader les plus têtus. Après une heure trente de cavalcade polaire, un arrêt casse-croute nous réchauffera ; le froid nous a bien entamé. L’équipe est devenu soudée, fraternelle, les silences sont devenus familiers devant une telle paix. Puis nous reprenons la route, nos amis les « bêtes » s’en donnent à cœur joie à notre plus grand plaisir. La compétition coule dans leur veine et il n’est pas rare de se retrouver rattraper par nos suiveurs. Pour tout le monde nous sommes envoutés par cette rando canine, mais je vous rassure encore d’autres aventures nous attendent. Pour se restaurer ce soir Niko nous a déniché une cantine spécialiste de la viande de baleine, renne, flétan, bœuf musqué, phoque…
A pluche !
A vous de jouer l’aventurier!
31 mars 2014L’hiver, qui pourtant n’a pas eu lieu, a permis à certain ours d’hiberner, je vous laisse le soin d’analyser si je faisais partie de ces si sympathiques plantigrades. 1500km en 4 jours ; un réveil en fanfare ! Coaching en entreprise, rencontre de mécène potentiel pour l’association, conférence, signature du livre et VIP (Vrai Invalide Promeneur) pour le Critérium International de cyclisme qui s’est déroulé en Corse du Sud. J’aime ces marathons de rencontre, une décharge d’adrénaline à base d’échange. Si quelques prénoms m’échappent, les sourires et les confidences de certains, qui m’ont énormément touché, resteront gravés à tout jamais dans ma « caboche ». Je vous rassure j’ai aussi, de temps à autres, droits à certains réfractaires qui ne loupent pas à me démontrer que ma croisade est inutile, ces petits pics me font un bien incroyable, à force d’entendre que Bout de vie et mes aventures sont extraordinaires, je pourrai avoir les chevilles qui enflent. Mais ce billet n’est pas un éloge à ma croisade mais une proposition, qui j’en suis sûr ne vous laissera pas insensible. En effet j’ai rencontré un probable mécène pour des stages de vie sauvage pour ceux qui malgré leur prothèse ne sont pas encore trop capable de marcher longtemps. (Voir le billet en cliquant ici). Cette institution serait prête à financer l’opération mais en contrepartie l’amputé invité devra s’investir dans ce projet. Cette semaine est une micro-expédition, qui devra recevoir le même égard que l’on porte pour chaque défi réalisé. Pour faire simple chaque participant devra trouver un sponsor pour avoir le sésame de venir dans « ma » vallée perdue. Je vous rassure ce n’est qu’un « jeu » que nous vous demandons. Le but sera de vous préparer physiquement de toute évidence mais aussi de démarcher autour de vous pour l’obtention de soutiens régionaux. Pour suivre ce stage une liste d’affaire personnelle vous sera demandée, sac à dos, chaussures de marche, textile adéquat… Ceci a un coût, à vous de rencontrer des partenaires pour cette aventure. Trop souvent des projets capotent car le plan A n’a pas fonctionné, un aventurier doit savoir « se vendre », j’en connais depuis longtemps les ficelles et cette démarche est très intéressante. De votre côté à vous de rencontrer vos élus, association de service (Lions, Rotary…), magasins, grande surface… Il vous faudra monter un dossier seul et prendre rendez-vous. Votre face à face devra être convaincant sans plonger dans le misérabilisme. En échange vous pouvez proposer une rencontre après votre retour avec les collaborateurs de vos « mécènes ». J’espère que j’ai été assez clair et bien sûr j’attends de pied ferme vos réflexions et suggestions. Je vais vous dire un secret ; pour que ce projet voit le jour soyez nombreux à réagir le mécène lit ce blog !!! (Salut les gones !!!)
Un souvenir ne s’achète pas il se vit.
Nous sommes tous « Hors normes ».
3 mars 2014Samedi l’Equipe Magazine a pris le risque de publier un spécial « Hors-norme » avec des athlètes un peu « cabossés », le succès commercial de l’hebdomadaire est normalement consacré aux reportages de sportifs « entiers », l’effort valait la peine d’être salué, avec un tout grand remerciement à Remy Fiere et ses compères qui ont travaillé d’arrache-pied sur ce thème ! Je profite de cette initiative pour prolonger le sujet. Le handicap prend doucement sa place dans le quotidien des Français et les actes de tous bords en sont révélateurs, le pas est lent mais il existe, à nous tous d’en devenir sa béquille. Ce billet va vous permettre de relever d’autres belles histoires de mixité où je me suis engagé.
La nature fait les hommes semblables, la vie les rend différents. Confucius.
Il y a une année Loic Vynisale, champion du monde et d’Europe de canoë-kayak de descente (valide) en compagnie de son ami Clément Sardinha grand sportif aussi, me demandaient de parrainer leur aventure « archipelago of Raja Ampat » une randonnée engagée en kayak de mer aux confins de l’Indonésie. Deux athlètes de haut niveau valides demandant le soutien d’un « éclopé » est un sacré coup de pied à la fourmilière des préjugés. Leur challenge fut une réussite. Exploration spirit.
Puis dans le même sillage, je devenais le parrain du Team Jolokia, un voilier Volvo Ocean 60 pieds avec comme équipage des marins de tous horizons pour aller se fondre au milieu des plus grandes courses à la voile du monde. Hommes, femmes, jeunes et moins-jeunes, valides et moins-valides sur la même latitude de la recherche du geste parfait et de la découverte de ses propres limites. Fast-net, Sydney- Hobart, Quebec-St Malo… Team Jolokia
Une autre belle aventure étaye encore cette notion de force unifiée, au mois d’avril le nageur Alain Bernard premier français à être devenu champion du monde du 100mts accompagné par Thierry Corbalan nageur de l’extrême amputé des deux bras, vont s’unir pour tenter de traverser à la nage un fjord du Groenland. Un valide et un handi pour une belle expérience qui sera partagée par des jeunes cancéreux de l’association de Pascal Olmeta, la lourde tâche de la sécurité de cette opération m’est confiée, Nicolas Dubreuil est le chef d’expé. Defi polaire.
Pour finir en beauté ce tour des challenges mixtes, cet été l’aventurier-écrivain Philippe Sauve et Jo Nicolas non-voyant vont s’engager dans le Grand-Nord canadien pour descendre en canoë le fleuve Mackenzie sur sa totalité. Mes deux amis n’en sont pas à leur première aventure puisqu’ils avaient ensemble traversé l’Islande à pied version Nord-sud.
Encore plein d’autres projets sont en cours de construction, ce qui est une sorte de nouvelle vague qui amènera le handicap comme une force et non plus comme une division. Je suis convaincu qu’un jour les paralympiques et les Jeux Olympiques seront mélangés, cette utopie deviendra un rêve puis une évidence d’ici quelques années. Les excuses actuelles de ce refus se cachent derrière de fausses affirmations, à nous de nous mélanger pour un monde plus fort et plus tolérant. Profitez de ce billet pour partager vos histoires similaires au thème présent.
Nous sommes tous « hors normes ».
L’Equipe Mag: Hors norme
25 février 2014Samedi dans les kiosques l’Équipe Magazine aura quelques pages dédiées aux borgnes-fesses du sport et de l’aventure, hors norme. J’ai le bonheur de faire partie de ses 10 acteurs
Pour patienter samedi deux vidéos tournées en Corse:
Mosaïque du prochain livre…
17 février 2014Le troisième livre éclot doucement, la date de sortie n’est pas encore d’actualité mais tout cela s’organise. Cet opus sera le mélange de deux expériences opposées mais fusionnelles. L’une est le témoignage d’un homme hyperactif qui contre vent et marée, est parti à la conquête de l’inutile ; Arcticorsica. La deuxième est le témoignage d’une vie d’ermite dans une forêt tenue secrète où ses fantômes sont venus le défier. Les deux écrits se croisent sans logique mais pourtant comme le lit de la rivière au fil de la lecture les écueils qui semblaient infranchissables sont avalés, contournés pour laisser place à une paix intérieure… Pour vous tenir en haleine, une mosaïque de mots.
Extrait…
Carnet de voyage d’un homme libre :
Préface de Gilles Elkaïm, aventurier explorateur polaire
..//.. Son voyage poétique ou sa poésie vagabonde nous rappelle à une certaine profondeur, à une réelle délicatesse tellement nécessaire pour adoucir la « Terre des Hommes ».
Amicizia Frank et que vive l’Aventure !
Page 6 :
Partir sans eux :
Phare de Slettnes Norvège, mer de Barents latitude 71° nord 12 juin 2012. Vent d’Est 5 à 10 nœuds température 4° ; 600 km au nord du cercle polaire.
Toujours en éveil je somnole en tentant d’écouter la mélodie de la houle du large mais l’onde qui se déverse sur la plage est un hymne dédié aux poursuiveurs de rêve. Willem Barentsz cherchait l’impossible, la route du nord, à trois fois il tenta sa chance mais la vie décida de le quitter, ce danois audacieux du XVI siècle fut le premier blanc à décrire le peuple sami, en honneur, la mer lui dédit son nom..//..
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..//.. N’attendant rien, ne demandant rien, tout arrive logiquement. Rien n’est prévu, tout suit son cours comme le torrent va à la mer, il serpente dans son lit, se dirigeant avec logique en contournant les obstacles. J’apprécie le monde comme il est et non plus comme je le désire. Je repense bien sûr à cet accident qui m’a enlevé une partie de ma jambe droite, une sacrée pierre blanche pour me faire bifurquer. C’est certain, le jugement des « autres » m’a fait plus souffrir que par l’acte en soi. Avec un peu d’imagination le contour du pied a l’aspect d’un germe, je n’invente rien, des spécialistes de l’anatomie humaine ont trouvé cette affiliation. Notre pied à la troublante forme de l’enfant fœtus dans le ventre de sa mère, le perdre c’est couper le cordon ombilical, inconsciemment c’est s’envoler..//..
Page 59
Ses silences me touchent, je revis le même moment qu’à Kallviken, on ne se connaît pas mais le golfe de Botnie nous rend frère de mer. Ses questions sont pratiques : où vais-je dormir ce soir, combien de kilomètres effectués par jour… Beaucoup d’émotion se devine sur son visage, par pudeur il stoppera notre conversation, il sait que ma journée est loin d’être finie et me lâche l’amarre en me disant : take care, you are a free man… (Prend soin de toi, tu es un homme libre…) Gonflé à bloc, je n’arrête pas de repasser en boucle cette phrase : You are a free man ; yes i am … Les kilomètres sont avalés différemment aujourd’hui, je descends vers le sud, voguant vers le soleil..//..
Page 80
..//.. La quiétude est profonde, le bruit du torrent qui me berce depuis plusieurs semaines a disparu, l’immensément vide m’envahit. Je m’allonge sur « mon sofa » pour écouter la paix. Je deviens le non voyant qui lit les bruits. Un nouveau sens pour sentir la brise d’Ouest se lever, les roseaux se froisser à sa caresse, définir le nombre exact des grenouilles qui croassent juste à leur chant et humer l’herbe bouger et se coucher comme une houle océane..//..
Page 154
..//.. Échec et victoire doivent être traités d’égal à égal, quand ça fait mal, le bien n’est pas loin et inversement. En appliquant cette théorie le ring de la vie peut être vécu avec un peu plus de sérénité. Anticiper les coups tordus c’est déjà les digèrer. Imaginer sa mort ou celle de ses proches c’est leur donner moins de place et d’improvisation, il faut tordre le cou aux sujets tabous. Tout a une réponse ! Même un enfant qui meurt innocemment ce n’est pas du hasard ou de l’injustice ! C’est sûrement une manière de nous guider. Ne tressaillez pas les réponses sont très difficiles à avaler pourtant elles sont notre survie, le temps nous aide, c’est un prof de philo, encore est-il qu’il faut savoir l’écouter et lui laisser le droit de s’exprimer. Nous sommes tous amputés de quelque chose, de quelqu’un..//..
Page 197
..//.. « Là-bas », il est très facile de succomber aux « choses », cueillir la pomme, plutôt que semer le germe de celle-ci. Je sais de quoi je cause, nous ne sommes que de chair, nos faiblesses sont nos draps. Sans elles nous nous sentons nus comme un vers et la peur du froid nous envie. Mais quand le sang n’arrive plus à réchauffer les organes c’est là où tout commence. La recherche du foyer pour se réanimer devient une quête, ce n’est pas la braise qu’il faut mais de la tiédeur..//..
Page 209
..//..Le vent d’Ouest prend de la force en même temps que l’altitude est gagnée, comme une chasse au trésor enfantine ma prospection est excitante, il y a d’autres miradors secrets et je veux tous les découvrir ! Un troisième, un quatrième, il me manque le dernier. Celui-là est somptueux tout autant qu’il est compliqué à gravir, n’ayant pas de corde et ne maîtrisant pas du tout les techniques d’escalades, je m’improvise grimpeur. L’effort en valait la chandelle, je dirais plutôt il en « vallée » le panorama ! Elle s’étend devant moi à perte de vue, pas une maison, pas une route, juste elle et moi. A mes yeux le seul miracle de la vie c’est ça, un massif quasi alpin imposant et vierge et une terre à la sagesse du temps..//..
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..//..Me voilà au bout de mon rêve, demain à 11h je passerai officiellement la ligne imaginaire du phare des Lavezzi, la boucle sera bouclée. Je suis ravi de savoir que tous les élèves primaires de Bonifacio seront en mer, je croiserai le regard des copains… Ce soir je suis caché quelques part et je vais déguster cette dernière soirée de solitude. Cette nuit j’ai lu quelques messages d’amis, l’un d’eux m’écrivait ceci : Tu n’as pas réalisé un exploit, tu as juste effleuré les étoiles..//..
Page 225
..//.. Je suis condamné à mourir comme tout en chacun mais cette expérience m’a offert de nouvelles belles histoires à vivre, alors le jour dernier semble reculer un peu. Ma force n’est plus dans un record ou une première extraordinaire, ma force est ma paix intérieure..//..
Merci les amis…