Un grand ciel bleu me réveille ce matin, la température semble douce, je sors de mon long sommeil réparateur. Le vent de Nord est virulent mais ma petite plage est un havre de paix protégée de ce blizzard tumultueux. Les suceurs de sang sont punis, ils n’osent pas quitter leur planque pour tenter une ponction corsée. Nu comme un vers je prends enfin du soleil, celui qui régénère, celui qui rentre au fond de mon âme. La forêt entre deux rafales m’offre un opéra privé, un concert plumeux ! Je m’affaire doucement, le premier boulot est de sortir tous les sacs étanches et d’assécher Immaqa. Hier des minis murs d’eau se sont abattus sur nous et il a besoin qu’on s’en occupe. Je retrie ma nourriture chargée à la hâte à Lulea, je recale tout minutieusement pour gagner une incroyable place, les affaires doivent être facilement et rapidement accessibles. Je dois mémoriser où tout est fourré. De temps à autre je m’assois, je tends l’oreille, le golfe de Botnie ronronne, il faut que j’apprenne sa langue, je ne connais que le méditerranéen et si je veux cohabiter en toute sérénité il faut savoir échanger. Les quatre sacs étanches sont bien répartis, pendant ce temps j’ai mis la marmite à chauffer de l’eau et j’ai une bassine pliante complète de douche tiède. Je me rase, le soleil me chauffe les épaules, je me remets encore une coupelle d’eau sur la nuque, je respire à plein poumons ces moments de grâce. Je ne regrette pas les 50km d’hier, une longue journée mais quelle récompense aujourd’hui. Je ne regrette pas l’énergie que j’ai mis dans ce projet, j’y suis de plein pied, pas à pas je réalise mon rêve. La fatigue des journées précédentes envolées, je commence à connaître les effets secondaires de tel efforts, le soir je deviens négatif, tout me manque…
Comme je connais cette réaction, je me presse pour aller dormir car le lendemain, les démons se sont envolés. A midi c’est un festin, grillade de saucisses, pennes en sauce et un demi-litre de yaourt à la myrtille, ce sera toujours ça de moins à porter. J’ai encore quelques fantaisies
pour deux jours puis j’attaquerais le régime lyophilisé. Jo Zef commence déjà à protester. Affaires lavées, corps récuré, sacs organisés, je suis enfin prêt. Dans ces moments de plénitude je repense aux périodes difficiles de ma vie, où j’ai failli d’un cheveu ne pas m’en sortir, où le gouffre semblait me barrer la route, en vérité c’était une sorte de panneau indicateur pour me faire changer de route et vivre intensément le moment présent. Stockholm est là bas au sud, vous encore plus bas, ma Véro encore plus loin, pourtant malgré l’absence physique de vous tous je sens vos âmes, vos vibrations, je sais que la vraie solitude c’est
quand plus personne ne pense à vous. Comme dirait Jo Zef une vie sans vibration c’est comme une crêpe sans confiture !!!
A pluche !