Alors que le peuple libyen se réveille enfin contre le tyran sanguinaire Muammar Kadhafi, j’avais envie de vous raconter une anecdote un poil « Cabochardesque » !
27 juillet 1996 le Cabochard fait escale dans le port tunisien de Sidi-Bou-Saïd.
Déjà 15 mois que nous sommes partis. L’Afrique du nord nous a déçu plus qu’il n’en fallait, le Maroc nous recevait comme les plus gros narcotrafiquants, arme sur le ventre, l’Algérie nous refusait son accès, il ne nous restait plus que la Tunisie.
Ma place à quai est donnée juste en face d’une terrasse où les locaux sirotent le fameux thé à la menthe, sur notre bâbord des amarres sont posées sur le quai, les propriétaires vont s’en doute ne pas tarder. Effectivement vers 17 h une vedette d’environ 8 mètres pointe son étrave, la brise est soutenue et je me rends vite compte que ses occupants sont marins comme je suis diplomate. La manœuvre tourne au ridicule jusqu’au moment où m’inquiétant pour les laques de mon p’tit bateau je saute dans mon annexe pour un coup de main. Je mets le bout de plastique à quai. Ouf, mon Cabochard est sain et sauf. Les jeunes me remercient et s’informent sur mon identité, mon parcours, ma jambe de bois…. Je commence à sympathiser sans me rendre compte que toute la marina avait les yeux rivés sur moi. Après deux trois blagues à 3 dinars je rejoignais mon bord.
« Aslama et que Allah te protège » et ils rejoignaient, deux grosses limousines aux vitres teintées avec gardes du corps armés jusqu’aux dents. Tiens, tiens mais qui sont ces personnages ???
Je reprenais mes taches à bord quand un policier en civile venait me rendre visite ???
Il me chuchotait que je venais de dialoguer avec les enfants Kadhafi et que c’était fortement déconseillé !!!
Le soir même j’étais invité à l’ambassade de France pour un diner privé et racontais avec humour ma rencontre, je sentais les diplomates pas trop à l’aise dans le récit de mon histoire.
Hasard où pas à mon retour mon beau Cabochard avait été visité et mis à sac. A noté que rien ne manquait à bord à part deux bouteilles d’alcool et quelques CD. Coussins découpés au rasoir et tout mis sans dessus dessous.
Un voleur en manque d’occidentisation, une recherche de quelques micros films pris par ce mercenaire français ??? Les autorités se sont montrées tout aussi grasses et visqueuses que leurs homologues marocains et je pris mes clics et mes clacs de l’Afrique du Nord sous l’emprise des bruits de bottes.
D’ici quelques jours le colonel sera retrouvé pendu à un palmier, ou une balle dans la tête car ayant comme idéal un certain Adolph, je lui prédis la même fin.
Entre vous et moi, je sens aussi que les grands politiciens occidentaux ne le ménageront pas après qu’il soit déchu comme ils l’ont fait avec les autres loustiques tunisiens et égyptiens. Les mêmes qui l’ont reçu avec un tapis rouge à Paris où il fut en bivouac pendant plusieurs jours.
Bien évidemment à ce moment là on n’entendait plus parler de l’attentat de Lockerbie, mais plutôt de vente d’avions Rafales et autres gadgets.
Ben Ali dans le coma, Moubarak en exil, il ne manque plus que le renard du désert et ils pourront faire une partie de carte.
Pour conclure ma bafouille, je trouve pour une fois, heureux, la « moutonnisation » des peuples. L’Afrique du nord à la chaîne est en train de se relever et devenir libre, du moins je l’espère. Souhaitons que les barbus n’en profiteront pas pour semer le trouble sous le couvert d’un faux islam, alors qu’à la base cette religion n’est que tolérance.
Un chien reste un chien même s’il a une queue en or…
Proverbe arabe.