Les bulletins sont toujours aussi optimistes et pourtant c’est toujours l’enfer. Hier en fin d’après-midi alors que la météo prévoyait un vent d’est de 15 noeuds, le baromètre a chuté de 2 hectopascal en 2 heures ! Rien de méchant puis d’un coup au moment du changement de quart le ciel devient marron foncé.
Une petite voie me dit prudence, je demande à Dumé de s’enfermer dans la cellule et de sortir l’attirail lourd, les deux cirés, le gilet harnais et je m’anarche prêt à aller je ne sais où ! Le vent d’un coup se met à rugir, le pavillon canarien en tête d’antenne de radio se ploie complètement et l’orage éclate. Des mètres cubes d’eau sont deversés et le vent prend de plus en plus de force, les avirons soudés à mes mains meurtries essaient de rester dans le lit du vent qui nous pousse dans le bon sens mais le cap reste difficile à tenir.
Je me recroqueville sur moi-même car soudain j’ai un doute : et si c’etait un mini cyclone ; un avorton de « Zeta », la tempête tropicale juste devant nous ? J’angoisse, la peur m’envahit, je croyais l’avoir laissé à terre, je tire encore plus sur les avirons pour ne pas paraître impuissant. Mon corps s’engourdit mais je rame, je pense à tous ceux qui sont à terre, je commence à sangloter. Bordel, j’ai peur ! Le gros dur qui tremble, qui sanglote, je me raisonne : « c’est rien tout va bien le bateau tient bien, je pense à Ronan le constructeur et puis on peut pas crever là, ce serait trop facile on est du chien dent… »
Le vent mollit, la pluie ne cesse, à tour de role on veillera toute la nuit …