Le jour du départ de notre deuxième tentative, étaient arrivés au camp de base, un duo de Buones Aires, Martin guide de haute Montagne et Juan son client âgé de 69 ans. Nous avions un peu sympathisé, échangé les banalités d’usage.
Alors que nous redescendions du sommet, ils quittaient le camp 2 pour le 3. Nous avions remarqué que Juan marchait lentement. Pour vous donner un exemple, j’avais mis 4h du camp 2 au 3 alors que lui avait mis 11h !!!
A 6445 mts, j’avais rebroussé chemin, car les forts cumuls de neige et les plaques à vent rendaient l’ascension dangereuse. D’ailleurs, l’équipe au complet trouvait l’opération très risquée.
Hier matin une camionette devait les récupérer mais personne au rendez-vous. De suite Hernan et Martin (le nôtre) partaient à leur rencontre mais devaient ne trouver que Martin (l’autre).
Son témoignage était étonnant : ils avaient atteint le sommet du Pissis à 17h et Juan paraissait épuisé. Martin prenait de l’avance pour commencer à faire fondre la glace pour l’eau du repas du soir. Ils devaient se quitter au dernier goulet où ils pouvaient voir leur tente.
Leur dernier contact fut vers 18h30. A la nuit tombée, le guide, ne voyant pas arriver son client, entreprit une courte recherche mais la fatigue et un orage l’obligea à rebrousser chemin. Au petit jour, il descendit chercher du secours pour tomber sur nos guides. Avec mon téléphone satellitaire (le seul de tous !), ils ont pu prévenir le peleton de gendarmerie de haute montagne de Catamarca. Au petit matin, un camion de l’armée arrivait au camp de base.
Hernan leur servira de guide jusqu’au camp 3 où un faible espoir peut encore exister. Mais à 16h03, la nouvelle tombait : la tente était vide. A 6200mts sans eau, sans nourriture et sans abri, le risque de vie sur deux nuits à la belle étoile est quasi impossible.
Pendant ce temps, nous avons rangé nos affaires, car demain matin, de bonne heure, toute l’équipe Bout de Vie descend aux thermes de Fiambala.
Pour ceux, qui encore, croyaient que c’était une balade de santé, la triste nouvelle nous donne raison d’avoir renoncé aux derniers mètres.
Encore un merci à cette petite voix qui me protège.
On vous embrasse bien fort.
Que dieu si il existe protège Juan !!!