Hier soir après le dîner, j’ai demandé à tour de rôle et avec calme, quelle était la conclusion ou plutôt quel enseignement tirait chacun de cette aventure.
Martin a commencé avec beaucoup de recul : il est guide aspirant et vient de réaliser malgré-lui un record d’altitude. Il a decouvert dans ce groupe, bien que différent, une grande unité et le désir de chacun de se dépasser. Il finira en disant que cette expé lui servira énormément pour son futur métier de guide de haute montagne.
Marianne, qui traduit à tour de rôle en espagnol, a découvert une façon différente d’aborder une montagne, une équipe sans grande expérience qui malgré la difficulté a su se dépasser.
Teddy, à son tour, déclare que se retrouver face à soi-même, en poussant ses limites, a découvert une partie de lui jusqu’à présent inconnue.
Eric, lui, est un peu le cas de la bande. Il n’avait pas réalisé à quel point l’aventure allait se dérouler dans un milieu austère et du coup, allait le déstabiliser. En tout cas, il en retiendra une aventure de partage.
Franck, lui, en a tiré une plénitude assez zen. Il a retrouvé son âme apaisée et la joie de vivre.
Stéphanie, notre « osologue » a toujours eu l’habitude de voyager seule et sa peur était la vie en communauté. Mais contre toute attente, elle en a tiré une grande expérience.
Mariana, notre cuisinière, est trop émue pour nous dire quoi que ce soit.
Diego, notre pilote 4X4, avec ses mots toujours pesés, trouve l’aventure extraordinaire car il n’arrive plus à savoir qui a quoi comme différence.
Hernan, notre guide de haute montagne, lui, s’est trouvé confronté à une équipe tout à fait hétéroclyte et le fait que chacun ait dépassé ses limites, haut la main, l’a enchanté.
Enfin c’est à moi de conclure ! Sur le discours de chacun, souvent j’ai entendu ce que j’entends depuis longtemps : Frank est un surhomme ?
De prime abord, cela peut faire sourire, mais sur cette aventure, j’ai pour la première fois posé le genou à terre et chacun a conclu que cela me rendait enfin humain. Quand j’ai pris la décision de rebrousser chemin, je me suis senti léger, comme si je tournais un chapitre d’une nouvelle vie. Bien sur, certains pourront juger, c’est leur histoire.
En me retournant, je me suis senti libre d’être ce que je suis depuis ma naissance : un être libre comme le vent.
Si j’ai refusé le sommet, c’est que je ne voulais pas une fois de plus trop demander à mon ange gardien.
Cette decision m’a rendu encore plus fort, plus libre, plus grand, plus humble que si j’avais gravi les derniers 400mts.
Ce soir encore plus que d’habitude, je me sens libre…
Aujourd’hui, nous sommes allés à la cairn creuse que j’ai construite pour y cacher une bouteille avec un message écrit par chacun. Seul Jo Zef a noté le point GPS !!!
PS : Depuis 2 jours, un duo de Buenos Aires nous a rejoint pour essayer le sommet : Martin et Juan.