Interview de Frank par Jean-Pierre Acquaviva sur Frequenza Mora.
David Guiber vient nous rejoindre dans cette émission de 60′ ou il livre son « Bout de vie » de personne différente depuis peu.
Frequenza Mora, Préparation YukonInterview de Frank par Jean-Pierre Acquaviva sur Frequenza Mora.
David Guiber vient nous rejoindre dans cette émission de 60′ ou il livre son « Bout de vie » de personne différente depuis peu.
Frequenza Mora, Préparation Yukon
Photos prisent par Olivier Bonnenfant.
Avec tous mes sincères remerciements.
Photos que vous retrouverez dans le magazine « Carnets d’aventures » du mois de juin.
Ecoutez l’interview de France Bleu Frequenza Mora animée par mon pote Jean-Pierre Acquaviva qui tend son micro à David Guiber livrant son Bout de vie différente depuis seulement quelques mois. Dans quelques semaines il fera parti de l’équipe du Yukon…
Dans 31 jours je m’envole pour Whitehorse et les derniers préparatifs sont importants. Ce matin j’ai repris la mer avec mon Kayak au nom Groenlandais « Immaqa » (peut être en Inuit)!!!
Tout un programme, chaque projet est une multitude de petits réglages à effectuer et à peaufiner mais le principal c’est la tête qu’il faut avoir en place. Cet hiver fut rude, mais avec le recul c’était une préparation. Comme un punching-ball, j’ai encaissé une multitude de coups émotionnels et je l’avoue ça a failli me déstabiliser. Mais je crois que c’était vraiment nécessaire, de toute façon je n’avais pas le choix, comme le boxeur qui subit j’ai baissé le menton et me suis protégé du mieux possible en encaissant et puis sans que je m’y attende le match c’est fini et je suis toujours debout ! L’arbitre a déclaré match nul !
Donc dans ma préparation psychique j’ai travaillé sur mes peurs et mes angoisses, je les ai laissé m’envahir pour mieux les connaître, en stratégie de guerre il vaut mieux faire rentrer l’ennemi dans un vallon pour assurer une embuscade efficace que de l’affronter en terrain découvert.
Donc mes trouilles je les connais par cœur et du coup je sais quand elles peuvent se pointer et gérer au mieux leurs conséquences.
Au moment où je vous écris ce billet je suis au même endroit qu’il y a quelques mois mais à la différence c’est que ce soir je suis serein, le coin est toujours aussi désert mais j’ai changé les données au disque dur du Cabochard.
Pour la traversée à la rame avec Dume nous avions pratiqué pas mal de disciplines qui n’avaient rien à voir avec la mer pour nous mettre en situation de stress, chute libre, via ferrata en se bandant les yeux à tour de rôle pour travailler la confiance mutuelle et des sorties vélos en hypoglycémie.
Bien sur toutes les semaines 1 an avant le départ nous étions en mer à ramer, d’où la réussite du projet, pour mes traversées polaires j’ai pratiqué seul en hiver les montagnes Corse et quand le temps se dégradait j’apprenais les bases du froid et de tous les problèmes que cela engendre au démontage et remontage de camp et surtout à la progression dans le brouillard givrant. Pour le Yukon depuis deux ans le kayak est sur le ponton devant mon bateau qui est ma maison et depuis ces 24 mois je ne compte plus le nombre de sorties que j’ai effectué, petit à petit j’ai découvert ce moyen de transport ancestrale des régions du grand nord et à chaque sortie j’en ai tiré des enseignements essentiels ; quand j’ai chaviré à 2 kilométres des côtes et que les déferlantes m’empêchaient de monter à bord, quand je me suis imposé de pagayer toute une nuit non stop après une belle journée de kayak avec un vent violent de face et qu’au petit jour j’atteignais mon bercail, quand je me faisais bloquer par le mauvais temps et que la petite passe m’empêchait de reprendre la mer… Toutes ces petites choses sont des grains de riz que j’ai déposés dans une bourse et quand là bas dans le pays de l’immensité la peur m’invitera à diner j’aurai de quoi me rassasier en la regardant droit dans les yeux.
Ce soir là haut sur mon cailloux je vois mon bivouac avec le feu qui l’illumine, Immaqa est bien amarré et quand je me glisserai dans mon duvet je partirai me réfugier dans les bras de ma Vrai pour laisser dehors tous les « kilitoqs » (démons Groenlandais) chercher un autre compagnon de jeu.
Demain de très bonne heure pendant que vous serez en train de vous réveiller je serai déjà en mer à la recherche d’une légende qui s’appelle Amour de vivre…
Pour ceux qui visite en profondeur le site de Bout de vie vous avez du constater que la page du Yukon s’était franchement étoffée : photos animalière de Nicolas Dory et surtout la nouveauté, la carte qui vous permettra de nous suivre à la trace sur google earth. J’ai « pondu » un petit texte qui bientôt va être envoyé à pas mal de rédactions qui je l’espère prendront le relais. Si vous voyez quelque chose à améliorer, je suis preneur.
Régulièrement j’enverrai mon journal de bord via téléphone satellite et quelques photos prises à la volée.
PS : Jo Zef vous demande en douce si vous n’avez pas quelques bonnes adresses sur le fleuve Yukon de crêperies dignes de ce nom ???
Les signes j’y crois dur comme une tête de Cabochard. Si cet hiver a été difficile dans ma préparation physique (blessures à répétition) je crois que c’est pour me rendre encore plus humble et patient. Je suis un « hyperactif » et le fait de me retrouver bloqué, devant absolument attendre la guérison est quelque chose que j’ai dû gérer et en comprendre le mécanisme.
Les coups de vents eux aussi se sont succédés et du coup le kayak est resté bien amarré sur le ponton à coté du Cabochard. Ce matin finalement l’ouest s’en est allé et malgré une forte houle résiduelle je prends la mer. Autour de mon cou en plus de mon talisman « Maori » offert par ma « Vrai » en Nouvelle Zélande, j’y ai ajouté une croix en bois d’olivier ?!?
Non je vous rassure je n’ai absolument pas changé sur ma manière d’être allergique envers toutes les simagrées que trainent derrière leurs fesses toutes sortes de religions inventées par l’homme tellement peureux devant la mort, la souffrance et la vieillesse.
Non j’écoute le destin qui nous a été tracé dans notre courte vie, certain l’appel Dieu, d’autre la destinée. Chacun s’accroche à ce qu’il croit juste. Donc ce weekend j’ai croisé mon « Dumé » avec qui j’ai traversé l’Atlantique à la rame. Il y a quelques années je lui avais présenté Pierre mon ami avocat et de cette union en est né une sacrée histoire : l’association Bout de vie. On pourrai dire la Trinité, nous sommes tous les trois très différents mais nous avons su à un moment unir notre différence pour aller vers les autres. Pierre est Franc-maçon et ne s’en cache pas d’ailleurs, il est catholique pratiquant et dans l’un de ses voyage à Jérusalem il a offert à Dumé une croix en olivier et ce weekend Dumé me l’a accroché au tour du cou.
Pendant ces mois d’isolement je ne penserai pas « religion », elle n’a pas la place dans la nature ni dans mon sang, mais je sais que je serai guidé par l’instinct de survie, par ma petite étoile qui jusqu’à présent m’a toujours soutenu et aidé.
Les disparus, eux seront avec moi, j’entends souvent le rire de ma grand-mère Lulu, je vois les sourires de mon pôte de toujours Dédé, la manière dont Loïc remettait en place sa longue chevelure : grand apnéiste trop tôt parti.
Donc autour de mon cou un peu de mes pôtes Dumé et Pierre.
Petit signe aussi ce matin jusqu’à Capu di Fenu pendant 3 heures environs trois grands dauphins m’ont accompagné de loin… Un bon présage !!!
D’ici quelques jours je vais expédier la première partie de mon matériel à Whitehorse état du Yukon Canada.
Je vérifie au mieux mes accessoires, peu de chose pour trois mois de balade mais un minimum pour accéder à l’ambition du projet. J’ai comme d’habitude « customisé » pas mal de choses. La tente a des toiles à pourrir cousues en plus, en cas de tempête je pourrai coincer le tout avec ce que j’aurai sous la main (sable, cailloux, troncs d’arbre) ce qui empêchera au vent de s’engouffrer dessous et de me faire faire du « vol à voile », le réchaud est un MSR qui fonctionne avec tous les carburants possibles (essence, gasoil, kérosène) et j’ai là aussi « customisé » une casserole trouée en guise de carénage qui recevra le tout et qui permettra une économie de carburant,( bien sur en majeur partie j’allumerai un feu pour faire cuire ma nourriture, faire un peu fuir les nuages de moustiques et j’espère tenir à distance les Grizzly et Barribal), une sécurité pour bloquer ma gamelle en cuisson et quand je serai fatigué donc moins lucide me permettra une marge d’erreur supplémentaire en cas de choc, les 22 cartes aux 250 000 seront roulées dans un tube en PVC de 80 mm totalement étanche. Une balise spot tracking vous permettra à vous mes chers internautes lecteurs de plus en plus nombreux de me suivre à la trace. Un pote m’a trouvé les cartes compatibles avec mon GPS et il y travaille dessus.
Pour la nourriture je la prendrai sur zone. Et encore je la fais courte car je pourrai vous parler de la pharmacie (au fait je passe sur la table d’opération mardi qui arrive histoire de m’enlever une petite merde sur la mâchoire, reste d’un accident d’enfance) « déjà casse cou gamin! » De la trousse de réparation pour tout « réparer » au milieu de rien…
De plus en plus je rentre dans l’histoire et même si je suis encore à un peu moins de 50 jours du départ plus les jours rallongent plus je languis de me retrouver face à moi même sur le grand fleuve.
J’aurai un calepin et je pourrai noter mes délires du moment, des mots qui ressemblent à ça.
Naitre pour mourir
Passager heureux sur terre l’homme nait
Passager malheureux sur terre l’homme meurt
De guerre en bonheur pourquoi se bouffer le nez
Quoi qu’il se passe quoi qu’on fasse on attend l’heure
Alors par tous les saints, les dieux, les montagnes, les océans
Sourire, partage, union feront de nous grand
Cette vie si longue, si courte pleine d’espoir et de désespoir
Question sur question jamais sur de se revoir
Les chemins qu’on croise nous même tout au bout
Ils s’entrechoquent à vous rendre fou
Si solitude parait sagesse
Si fuite parait promesse
Nul n’échappe au moment fatal où tout s’éteint
Le noir , l’absolument vide le moment de la fin
Le souvenir défile tout devient dérisoire
Souffrance rire peut être la peur du noir
Ne jamais perdre l’espoir et accepter s’entendre dire
Sur notre pauvre terre la devise c’est naître pour mourir
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse
ALFRED DE VIGNY
Pour réussir une épreuve la visualisation est nécessaire pour ceux qui suivent les JO observez les skieurs juste avant leurs départs vous pouvez remarquez qu’ils visualisent leurs parcours,les portes à franchir, les dangers à surmonter, pour un politique c’est le même processus il visualise la tribune avec ses sympathisants et opposants, un artiste avant de monter sur scène imagine et sent le public et son spectacle.
Jusqu’à présent juste avant mes départs pour mes grands périples je visualisais, j’essayais de m’y plonger avant l’heure et ce fut que bénéfique.
Donc dans ma préparation pour le Yukon je visualise, le grand fleuve, les dangers et les bonheurs, les peuples rencontrés amis ou moins accueillants, je sais très bien que les gentils « Indiens » des films sont pure romance et bien que leurs légendes et cultures me passionnent, le présent est bien différent, mais la trame n’est pas loin derrière ; alors pour m’imprégner du grand nord j’écoute souvent de la musique de chez eux, je m’imbibe de ce pays plusieurs fois grand comme l’Europe où vive une petite minorité de natif, j’essaie d’imaginer une journée de kayak, des heures qui m’auront demandé de l’effort mais aussi une possibilité de m’évader aux milieux des arbres, des oiseaux, du vent, du soleil, de moi, de vous… J’essaie d’imaginer comment je vais gérer les campements dans un silence époustouflant, comment gérer des bouffées de tristesse ou de joie intense, je visualise l’arrivée dans un village où peut être mon voyage n’aura pas de sens pour des gens qui eux vivent alors que moi je serais seulement en survie, comment se fondre avec un groupe de chasseur qui vivent là depuis des millénaires alors que je ne serais que la fleur qui surgit du névé et disparaît au premier coup de vent. Je visualise, je m’imprègne et cette berceuse en fermant les yeux me transporte dans mes questions et rêve.
Fermez les Yeux et soyez attentif vous allez entendre le grand fleuve frémir, le bruit du grand Corbeau qui passe juste au dessus de vous, la branche qui craque sous le poids d’un animal qui restera pour toujours inconnu…
Ps: Jo Zef s’est coiffé de plumes de goéland et il visualise l’odeur des crêpes qui cuisent au coin du feu sur les bord du « Grand Fleuve »!!!
Depuis bien longtemps la chance ne m’a jamais abandonné et même si j’ai croisé des tempêtes j’ai toujours retrouvé rapidement l’abri protecteur.
J’ai croisé des gens qui ont changé radicalement mon destin et je ne pourrais jamais les oublier. La vie me donne beaucoup et par contre partie j’ai envie à mon tour de lui rendre le bonheur qu’elle me procure quotidiennement.
En rêvant du fleuve Yukon je n’aurai pas trouvé juste de faire cette expédition sans la partager du moins en partie.
J’ai prospecté pour constituer une équipe de 6 jeunes qui vont effectuer les premiers 200 kilomètres avec moi. Pas un truc stérile avec des gardes fous de tous les côtés non une vraie aventure. Le départ va être donné de Whitehorse état du Yukon au Canada le er juin et nous allons glissé sur le « Grand fleuve » comme l’appellent les Athapascans jusqu’à Carmacks. Tout le monde sera en binôme sur des canoës doubles, les bivouacs seront dressés sur les berges tous les soirs et chacun aura sa tâche, montage, démontage des tentes, faire le feu, pêcher, réserve d’eau…
Je ne serai pas seul pour les encadrer, ma Vrai sera du voyage et sera la responsable du clan, Nicolas Dubreuil m’épaulera dans la sécurité du groupe et l’équipe de Felix Gheiter nous assurera la logistique.
Donc en primeur je vous présente les 6 aventuriers :
Elliot 15 ans de Bonifacio : il est sera le seul insulaire et devra s’adapter à la vie de groupe, je l’ai déjà testé sur une sortie de 3 jours en montagne et je suis confiant.
Ben 14 ans du Viet-Nam : il parle l’anglais, le vietnamien et le français je crois que ses futurs amis vont souvent le solliciter pour quelques traductions.
Adrien 18 ans de Genève : même si un cancer est venu lui rendre visite il n’a jamais baissé la garde et le fait de se retrouver en plein « bush » comme dise les canadiens sera une belle récompense de la vie.
Alex 18 ans de Paris : lui aussi a été visité par un cancer mais comme son prédécesseur il a su lui faire un pied de nez et amènera sa volonté au groupe.
David 24 ans de la Vendée le grand frère du groupe : il y a quelques mois il s’est retrouvé amputé tibial suite à un accident du travail et même si pour l’instant le marathon qui était son sport fétiche est provisoirement en suspend ce sera une bonne séance de rééducation.
Rémi 18 ans d’Auxerre : pour ceux qui me suivent depuis quelques années vous le connaissez, ancien stagiaire de plongée, de ski et rencontre de mes pôtes de la Star Team à Monaco avec une photo dans le quotidien de L’Yonne avec SAS Albert II de Monaco. Une jambe qui n’a pas voulu grandir mais qui lui a donné une patate incroyable.
Voilà la belle équipe Bout de vie et Jo Zef me souffle qu’il est sûr que l’on va bien se marrer.
Par contre quand je vais devoir poursuivre ma route seul après Carmacks les saumons ne vont plus du tout comprendre comment l’eau du fleuve est devenue salée aussi loin de la mer de Béring ?!?
A pluche !
Juste un au-revoir, pour mieux nous étreindre…
Repartir pour revenir, ben voilà, j’ai repris mon p’tit Immaqa (nom de mon kayak) et suis reparti en bivouac ?!
Fatigué le garçon ?
Froid, pluie, vent, nuit infinissable !!!
Non, je veux aller vers ce que j’appréhende, ce qui me rend mal à l’aise et comme les conditions hivernales regroupent le tout, c’est le moment de me tester. Le vent d’est me permet de remonter jusqu’au cap Sénétose, muni de ma voile cerf volant je glisse vers mon destin.
Je me sens beaucoup plus serein mais pas encore à l’aise, la température a chuté et la brise du nord s’installe, je sais qu’un gros coup de vent est annoncé et je suis encore plus sur mes gardes. Le montage du camp est bien synchronisé et déjà le bois flotté a trouvé sa place dans mon brasier régénérateur. La lune a un énorme halo, rien de bon pour demain, mais demain c’est encore loin, vivre l’instant présent. Sur le coin du feu ma soupe fume et la sérénité m’envahit, le vent perd de la vigueur, un appel à ma « Vrai » et je m’enfouis dans mon duvet, la première nuit en bivouac me rend toujours un peu agité mais tant bien que mal, les démons de la nuit m’ont laissé tranquille. Vers 5h30 c’est la pluie qui me réveille, c’était prévu. Chaque chose en son temps, en premier je mets mon eau à chauffer pour ma collation ce qui permet à ma tente de prendre quelques degrés supplémentaires, je suis concentré tout doit être bien rangé dans les sacs étanches sans rien mélanger car quand le camp sera démonté il sera trop tard pour chercher le dernier « truc » indispensable.
Malgré la pluie fine le feu dehors n’est pas tout à fait mort et en réajustant quelques bois rescapés de la nuit il repart de plus belle.
Je m’élance, la lumière est blafarde et le vent dans le mauvais sens, les gouttes de pluie jouent sur mon visage et quand une est moins attentive je la gobe !
15 kilomètres me séparent de mon rendez vous mais je suis de plus en plus méfiant, au fur et à mesure que le jour se lève le vent va forcir, il vient de terre avec une consonante nord, juste dans mon nez, je me vide la tête, mes avant bras commencent à avoir l’habitude mais je sais que ma tendinite même si ça va beaucoup mieux ne va pas apprécier cette cadence ; je repars dans mon refrain habituel, je crois que vous mes fidèles lecteurs vous le connaissez aussi : se séparer du corps qui souffre et avancer avec l’esprit. Je chante, je ris, j’observe, je parle au vent, aux oiseaux, aux moutons ( les vagues pas les brebis !) je me remplis de la furie des éléments. Je sais que derrière le cap la partie va être musclée, mais je ne veux pas y penser : vivre l’instant présent.
Avant de passer le promontoire je dois faire un petit besoin naturel car je vais devoir utiliser toute mon énergie pour franchir ce mini cap Horn. A l’abri des rafales je trouve un caillou qui me laisse lui frapper un bout ( attacher une ficelle !) bien en sécurité je me soulage et prend le temps pour boire une gorgée d’eau chaude de mon thermos toujours à porté de main.
Je me lance sur mon dernier sprint et le vent a mis son costume blanc mouton pour me recevoir, les vagues se brisent sur le pont de mon kayak pour finir sur mon torse bien protégé et je suis obligé de monter la puissance des coups de pagaies pour faire une timide progression. Je ferme les yeux pour me concentrer sur le vent qui single mon visage et d’un coup je décroche de nouveau je me sépare du corps qui est malmené et qui dit stop et avance en harmonie avec l’élément…
Finalement le lieu du rendez vous est devant moi et dans un ultime effort je pose « Immaqa » sur la plage de Campomoro, mes mains sont meurtries, ma tendinite refait un léger come in back mais mon esprit est heureux d’avoir su amener son fardeau de corps au rendez vous.
Ces expériences sont à chaque fois un petit grain de riz supplémentaire et quand je serai sur le Yukon j’espère avoir un gros sac de riz qui me comblera dans mes moments de « disette ».
Proverbe de Jo Zef :
Pluie et vent en journée, mascotte mouillée et « kayakeur » épuisé…
A pluche
Me voila de retour après quelques jours d’errance avec mon kayak et d’ailleurs une vidéo tournée le premier soir.
Comme les entraînements physique le mental se forme par des épreuves spécifiques et ces quelques jours m’ont permis de travailler en profondeur un côté très intime dans mon appréhension de la tombée de la nuit.
Je ne travaille pas avec des psy ou des médecins mais avec de l’écoute, de la découverte et une recherche intense sur la gestion des craintes. Chacun de nous avons des apprehensions et pour la plus part hélas c’est la fuite, j’en ai décidé autrement et essai de trouver un chemin plus lumineux dans mon parcours de vie quelques fois ombragé.
En journée je me sens invincible et arrive à gérer des situations très particulière mais dés que la nuit arrive je sens mes forces s’envoler disparaître. Le Yin et le Yang, la naissance la mort, la lumière la nuit, le bien le mal.
Sur ces quelques jours j’ai provoqué des situations pour me mettre en péril et découvrir mes réactions, au fil de ces exercices j’ai découvert des nouvelles portes.
Donc un terrain à travailler dans les prochaines semaines…
Aie Jo Zef est dans le noir!
Mais non la mascotte c’est une crêpe qui t’est tombé sur le visage!!!
A pluche