L’équipement

27 mars 2010

kayak

Le Kayak :

Marque Nautiraid grand raid II 540. Cette embarcation est démontable, l’ossature est en bois et la peau en hypalon (néoprène). Il a été conçu à la base pour les troupes militaires d’assaut, en effet c’est sur ces kayaks que les « Seals » britanniques ont repris aux mains des Argentins la ville de Port Stanleys aux Falkland. Je peux le charger avec 150 kilos de matériel et vivre pour une autonomie suffisante sans aucun point relais jusqu’à la Mer de Béring.

Comme tout bateau il porte un nom : Immaqa prononcé  » imara » (Peut être en Inuit)

Matériel :

Camps : La tente est une The North Face EV 25. Depuis de nombreuses années, je l’utilise dans toutes mes expéditions, son double toit, sa résistance au fort vent et sa moustiquaire sont ses atouts majeurs. J’allumerai un feu le plus souvent possible pour essayer de tenir à distance les ours en quête de nourriture.

La nourriture : Elle sera surtout à base d’aliments lyophilisés. J’embarquerai environs 60 jours d’autonomie en espérant pouvoir au fil du fleuve pêcher et cueillir baies sauvages et autres plantes comestibles.
Faune : Ce fleuve a la particularité d’être très sauvage, grizzli, baribal, castor, orignal, loutre, spermophile, lynx, loup,coyote, sont les mammifères les plus fréquents sur ses berges. Saumons roses, brochets,truites et white-fish sont les poissons de la « Grande Rivière » Mais aussi les insectes pullulent à cette saison (moustiques, maringoins et mouches noires).

Sécurité : Je serai en possession de sprays au poivre anti-ours et  j’aurai aussi un chapeau dit d’apiculteur pour éviter trop de piqûres d’insectes. J’embarquerai une balise satellitaire Kannad XS-3-GPS de sécurité ainsi que 3 fusées de détresse. Un GPS ainsi que des cartes du fleuve au 250 000éme.

Communication : Quotidiennement j’enverrai un journal de bord ainsi qu’une photo par Internet via le satellite pour que les internautes puissent suivre pas à pas cette aventure humaine hors du commun. Grâce à un partenariat qui existe depuis 3 ans, je serai régulièrement en direct sur les ondes du groupe Radio France (France Inter, Radio Bleu, France Info et RFI). Mon téléphone iridium me permettra régulièrement d’être en connexion avec mon équipe en France ainsi que mes proches.

Parcours en direct

27 mars 2010

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Sur cette page vous pouvez suivre l’évolution jour après jour de Frank.

La trace que vous voyez à l’écran rend compte de la totalité de la distance parcourue depuis le départ jusqu’à la dernière position transmise par Frank.

Pour accéder au parcours via la plateforme de géolocalisation Sat-View, cliquez ici
Pour accéder au parcours via Google Earth, cliquez ici

6 jeunes sur le fleuve Yukon

25 mars 2010
Yukon

Rivière Yukon

Charley River At Yukon

Voila le petit courrier qu’on reçut les futurs aventuriers !!!

On n’est pas là pour rigoler…

Le compte à rebours est bien entamé et nous rentrons dans la phase de préparation.

Tout d’abord merci d’avoir rempli les formulaires même si certains n’ont pas été trop réactifs. Mais je crois que l’on s’est expliqué donc c’est déjà du passé !

Le texte en dessous est à lire relire et encore et encore car là bas dans le « bush » vous pourrez regretter de ne pas avoir suivi les consignes décrites dessous…

En pièce jointe je vous ai mis la liste en anglais du matériel qui m’a été remise par l’équipe de Ruby range de Whitehorse qui nous épaulera,bien sur je pense que vous vous en doutez votre sac de voyage devra être le plus léger moins de 15 kilos et de matière souple pour être plié au fond du canoé. Le matériel en pièce jointe devra être absolument  avec vous pour la descente de l’un des plus grands et hostile fleuve du monde.

A propos justement de cette aventure j’ai pu constater pour certains un petit laxisme et du coup je me dois de vous préciser qu’elles vont être les conditions de ce raid.

Donc ce n’est pas un voyage mais bel et bien une expédition avec tous les avantages mais aussi tous les risques que cela comporte.

A votre arrivée à Whitehorse je vous attendrai et vous serez conduit dans un hôtel pour récupérer des 10 heures de vol depuis l’Europe et des 9 heures de décalage horaire.

Vous serez en binôme et chacun sera aussi responsable de son compagnon de chambré.

Dés le lendemain nous serons reçu par l’équipe de Ruby range qui vous prêtera les tentes et canoës. Donc là il n’y aura personne pour vous materner, juste vous et votre équipement. L’équipe vous expliquera tous cela en Anglais à vous de vous unir pour aider ceux qui comprendront le moins. (un conseil d’un vieux baroudeur, munissez vous d’un petit calepin pour tout noter, je le fais à chaque expe)

Ensuite nous rejoindrons notre premier camp sur les bords du fleuve Yukon, chaque équipe de deux devra monter sa tente comme il vous l’aura été expliqué précédemment et pas question d’entendre des: « je n’y arrive pas, c’est difficile ou je me rappelle plus ce que l’on m’a dit! »

Le lendemain nous chargerons tout le barda et partirons en 4X4 chercher un terrain assez facile pour pouvoir mettre les canoës à l’eau, Les guides avec nous seront là pour détecter tous les pièges pas forcement visible, le courant du fleuve peut atteindre les 12 kilomètres heures et la moindre erreur peut être fatale car l’eau provient de la fonte des neiges de tout le nord arctique CANADIEN (environ 4°!)

Nous naviguerons au ordre du chef de groupe qui définira les arrêts casse croute et les bivouacs. Chaque soir nous devons monter notre camp. A savoir que par binôme vous allez devoir monter votre tente et y mettre votre matériel perso. Ensuite aider pour couper du bois et allumer du feu et pour les plus dégourdis pêcher le repas du soir.

Bien sur en anticipant déjà le départ du lendemain qui devra être le plus rapide sans se presser pour autant, donc être très organisé. Donc éviter de répandre son matos dans la tente pour chercher le MP3 qui d’une manière ou une autre ne servira à rien car vu les conditions hydrographiques qu’il y aura il ne survivra que quelques minutes.(le MP3 pas vous) donc apprendre à gérer son unique sac d’affaire perso.

Nos soirées autour du feu nous plongerons dans une nature très hostile et il sera hors de question de quitter le camp sans l’avoir demander au préalable au chef du groupe. Ici nous ne sommes ni dans un zoo, parc ou réserve mais bel et bien dans un endroit où les animaux ne connaissent absolument pas les hommes et leurs réactions pourront être très imprévisibles, chacun aura une clochette sur son sac à dos pour signaler à l’animal qui traque sa nourriture qu’un danger (l’homme) arrive et ce bruit lui évitera l’effet surprise qui pourrait être un souvenir fatal !

Dans vos tentes il ne faudra JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS y introduire la moindre nourriture, car les ours (Grizzly et Baribal) sortent de leur hibernation et sont à la recherche de toute sorte de pitance.

Quand je dis aucune nourriture ce n’est même pas un bonbon, gâteau sec etc etc. Même le savon et dentifrice devront être stockés loin de vos couchages.

Comme vous le voyez l’expédition prend déjà toute son ampleur sauvage.

Pour les plus soucieux ne vous inquiétez pas si vous respectez les consignes, il ne vous arrivera absolument rien.

Info intéressante, l’association prend tout en charge bien sur mais si quelqu’un à Whitehorse veut un extra sachez que la monnaie est le dollar Canadien environ 1€= 1,40$ , si vous voulez utiliser une carte de crédit chaque fois vous serez taxé de quelques Euros selon la banque où est inscrite la carte, les téléphones portables ne passent pas du tout on est au milieu de la nature et donc pas de relais ; attention aux drogués des « trucs » éléctroniques la conditions de vie que vous allez avoir ne permet pas de se trimballer des gadgets comme MP3, lecteurs DVD, IPOD et autres merdouilles. Donc juste un appareil photo qui ne craint pas l’humidité . J’aurais avec moi du matos pour fixer des images.

Je crois que j’ai fait le tour de la question.

Dans la liste en pièce jointe je pense vous obtenir de la part d’un futur équipementier, un pantalon et veste étanche, un sac de couchage approprié, un matelas de sol et un sac à dos.Dés la confirmation je vous tiendrez informé.

Mais ce n’est pas encore du certain. Pour l’instant rassemblez avec soin tout le matos de la liste. Vous avez compris que si quelqu’un oublie quelque chose il sera lourdement pénalisé pendant ce fantastique périple car où l’on va il n’y aura rien de ce que vous connaissez (magasin, supermarché) Donc c’est maintenant que vous devez vous  préparer au plus précis.

Et si vous respectez à la lettre la discipline de groupe vous en ramènerez une force incroyable qui vous servira jusqu’au dernier jour de votre vie.

Merci de m’envoyer un accusé de réception, ceux qui ne le feront pas auront l’honneur d’entendre ma charmante voix !

Bonne préparation

Un souvenir ça ne s’achète pas ça se vit !


OURS-Ecole

Preparatif du Yukon…

23 mars 2010

avatar kayak

D’ici quelques jours je vais expédier la première partie de mon matériel à Whitehorse état du Yukon Canada.
Je vérifie au mieux mes accessoires, peu de chose pour trois mois de balade mais un minimum pour accéder à l’ambition du projet. J’ai comme d’habitude « customisé » pas mal de choses. La tente a des toiles à pourrir cousues en plus, en cas de tempête je pourrai coincer le tout avec ce que j’aurai sous la main (sable, cailloux, troncs d’arbre) ce qui empêchera au vent de s’engouffrer dessous et de me faire faire du « vol à voile », le réchaud est un MSR qui fonctionne avec tous les carburants possibles (essence, gasoil, kérosène) et j’ai là aussi « customisé » une casserole trouée en guise de carénage qui recevra le tout et qui permettra une économie de carburant,( bien sur en majeur partie j’allumerai un feu pour faire cuire ma nourriture, faire un peu fuir les nuages de moustiques et j’espère tenir à distance les Grizzly et Barribal), une sécurité pour bloquer ma gamelle en cuisson et quand je serai fatigué donc moins lucide me permettra une marge d’erreur supplémentaire en cas de choc, les 22 cartes aux 250 000 seront roulées dans un tube en PVC de 80 mm totalement étanche. Une balise spot tracking vous permettra à vous mes chers internautes lecteurs de plus en plus nombreux de me suivre à la trace. Un pote m’a trouvé les cartes compatibles avec mon GPS et il y travaille dessus.
Pour la nourriture je la prendrai sur zone. Et encore je la fais courte car je pourrai vous parler de la pharmacie (au fait je passe sur la table d’opération mardi qui arrive histoire de m’enlever une petite merde sur la mâchoire, reste d’un accident d’enfance) « déjà casse cou gamin! » De la trousse de réparation pour tout « réparer » au milieu de rien…
De plus en plus je rentre dans l’histoire et même si je suis encore à un peu moins de 50 jours du départ plus les jours rallongent plus je languis de me retrouver face à moi même sur le grand fleuve.
J’aurai un calepin et je pourrai noter mes délires du moment, des mots qui ressemblent à ça.

Naitre pour mourir
Passager heureux sur terre l’homme nait
Passager malheureux sur terre l’homme meurt
De guerre en bonheur pourquoi se bouffer le nez
Quoi qu’il se passe quoi qu’on fasse on attend l’heure
Alors par tous les saints, les dieux, les montagnes, les océans
Sourire, partage, union feront de nous grand
Cette vie si longue, si courte pleine d’espoir et de désespoir
Question sur question jamais sur de se revoir
Les chemins qu’on croise nous même tout au bout
Ils s’entrechoquent à vous rendre fou
Si solitude parait sagesse
Si fuite parait promesse
Nul n’échappe au moment fatal où tout s’éteint
Le noir , l’absolument vide le moment de la fin
Le souvenir défile tout devient dérisoire
Souffrance rire peut être la peur du noir
Ne jamais perdre l’espoir et accepter s’entendre dire
Sur notre pauvre terre la devise c’est naître pour mourir

Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse
ALFRED DE VIGNY

Déja un peu sur le grand fleuve…

23 février 2010

Pour réussir une épreuve la visualisation est nécessaire pour ceux qui suivent les JO observez les skieurs juste avant leurs départs vous pouvez remarquez qu’ils visualisent leurs parcours,les portes à franchir, les dangers à surmonter, pour un politique c’est le même processus il visualise la tribune avec ses sympathisants et opposants, un artiste avant de monter sur scène imagine et sent le public et son spectacle.
Jusqu’à présent juste avant mes départs pour mes grands périples je visualisais, j’essayais de m’y plonger avant l’heure et ce fut que bénéfique.
Donc dans ma préparation pour le Yukon je visualise, le grand fleuve, les dangers et les bonheurs, les peuples rencontrés amis ou moins accueillants, je sais très bien que les gentils « Indiens » des films sont pure romance et bien que leurs légendes et cultures me passionnent, le présent est bien différent, mais la trame n’est pas loin derrière ; alors pour m’imprégner du grand nord j’écoute souvent de la musique de chez eux, je m’imbibe de ce pays plusieurs fois grand comme l’Europe où vive une petite minorité de natif, j’essaie d’imaginer une journée de kayak, des heures qui m’auront demandé de l’effort mais aussi une possibilité de m’évader aux milieux des arbres, des oiseaux, du vent, du soleil, de moi, de vous… J’essaie d’imaginer comment je vais gérer les campements dans un silence époustouflant, comment gérer des bouffées de tristesse ou de joie intense, je visualise l’arrivée dans un village où peut être mon voyage n’aura pas de sens pour des gens qui eux vivent alors que moi je serais seulement en survie, comment se fondre avec un groupe de chasseur qui vivent là depuis des millénaires alors que je ne serais que la fleur qui surgit du névé et disparaît au premier coup de vent. Je visualise, je m’imprègne et cette berceuse en fermant les yeux me transporte dans mes questions et rêve.

Fermez les Yeux et soyez attentif vous allez entendre le grand fleuve frémir, le bruit du grand Corbeau qui passe juste au dessus de vous, la branche qui craque sous le poids d’un animal qui restera pour toujours inconnu…

Ps: Jo Zef  s’est coiffé de plumes de goéland et il visualise l’odeur des crêpes qui cuisent au coin du feu sur les bord du « Grand Fleuve »!!!

Yukon: présentation de mes 6 coequipiers…

9 février 2010

kayak06

Depuis bien longtemps la chance ne m’a jamais abandonné et même si j’ai croisé des tempêtes j’ai toujours retrouvé rapidement l’abri protecteur.

J’ai croisé des gens qui ont changé radicalement mon destin et je ne pourrais jamais les oublier. La vie me donne beaucoup et par contre partie j’ai envie à mon tour de lui rendre le bonheur qu’elle me procure quotidiennement.
En rêvant du fleuve Yukon je n’aurai pas trouvé juste de faire cette expédition sans la partager du moins en partie.

J’ai prospecté pour constituer une équipe de 6 jeunes qui vont effectuer les premiers 200 kilomètres avec moi. Pas un truc stérile avec des gardes fous de tous les côtés non une vraie aventure. Le départ va être donné de Whitehorse état du Yukon au Canada le er juin et nous allons glissé sur le « Grand fleuve » comme l’appellent les Athapascans jusqu’à Carmacks. Tout le monde sera en binôme sur des canoës doubles, les bivouacs seront dressés sur les berges tous les soirs et chacun aura sa tâche, montage, démontage des tentes, faire le feu, pêcher, réserve d’eau…
Je ne serai pas seul pour les encadrer, ma Vrai sera du voyage et sera la responsable du clan, Nicolas Dubreuil m’épaulera dans la sécurité du groupe et l’équipe de Felix Gheiter nous assurera la logistique.
Donc en primeur je vous présente les 6 aventuriers :

Elliot 15 ans de Bonifacio : il est sera le seul insulaire et devra s’adapter à la vie de groupe, je l’ai déjà testé sur une sortie de 3 jours en montagne et je suis confiant.

Ben 14 ans du Viet-Nam : il parle l’anglais, le vietnamien et le français je crois que ses futurs amis vont souvent le solliciter pour quelques traductions.

Adrien 18 ans de Genève : même si un cancer est venu lui rendre visite il n’a jamais baissé la garde et le fait de se retrouver en plein « bush » comme dise les canadiens sera une belle récompense de la vie.

Alex 18 ans de Paris : lui aussi a été visité par un cancer mais comme son prédécesseur il a su lui faire un pied de nez et amènera sa volonté au groupe.

David 24 ans de la Vendée le grand frère du groupe : il y a quelques mois il s’est retrouvé amputé tibial suite à un accident du travail et même si pour l’instant le marathon qui était son sport fétiche est provisoirement en suspend ce sera une bonne séance de rééducation.

Rémi 18 ans d’Auxerre : pour ceux qui me suivent depuis quelques années vous le connaissez, ancien stagiaire de plongée, de ski et rencontre de mes pôtes de la Star Team à Monaco avec une photo dans le quotidien de L’Yonne avec SAS Albert II de Monaco. Une jambe qui n’a pas voulu grandir mais qui lui a donné une patate incroyable.

Voilà la belle équipe Bout de vie et Jo Zef me souffle qu’il est sûr que l’on va bien se marrer.

Par contre quand je vais devoir poursuivre ma route seul après Carmacks les saumons ne vont plus du tout comprendre comment l’eau du fleuve est devenue salée aussi loin de la mer de Béring ?!?

A pluche !

Repartir pour revenir…

25 janvier 2010

VRAI

Juste un au-revoir, pour mieux nous étreindre…

Repartir pour revenir, ben voilà, j’ai repris mon p’tit Immaqa (nom de mon kayak) et suis reparti en bivouac ?!

Fatigué le garçon ?

Froid, pluie, vent, nuit infinissable !!!
Non, je veux aller vers ce que j’appréhende, ce qui me rend mal à l’aise et comme les conditions hivernales regroupent le tout, c’est le moment de me tester. Le vent d’est me permet de remonter jusqu’au cap Sénétose, muni de ma voile cerf volant je glisse vers mon destin.
Je me sens beaucoup plus serein mais pas encore à l’aise, la température a chuté et la brise du nord s’installe, je sais qu’un gros coup de vent est annoncé et je suis encore plus sur mes gardes. Le montage du camp est bien synchronisé et déjà le bois flotté a trouvé sa place dans mon brasier régénérateur. La lune a un énorme halo, rien de bon pour demain, mais demain c’est encore loin, vivre l’instant présent. Sur le coin du feu ma soupe fume et la sérénité m’envahit, le vent perd de la vigueur, un appel à ma « Vrai » et je m’enfouis dans mon duvet, la première nuit en bivouac me rend toujours un peu agité mais tant bien que mal, les démons de la nuit m’ont laissé tranquille. Vers 5h30 c’est la pluie qui me réveille, c’était prévu. Chaque chose en son temps, en premier je mets mon eau à chauffer pour ma collation ce qui permet à ma tente de prendre quelques degrés supplémentaires, je suis concentré tout doit être bien rangé dans les sacs étanches sans rien mélanger car quand le camp sera démonté il sera trop tard pour chercher le dernier « truc » indispensable.
Malgré la pluie fine le feu dehors n’est pas tout à fait mort et en réajustant quelques bois rescapés de la nuit il repart de plus belle.
Je m’élance, la lumière est blafarde et le vent dans le mauvais sens, les gouttes de pluie jouent sur mon visage et quand une est moins attentive je la gobe !
15 kilomètres me séparent de mon rendez vous mais je suis de plus en plus méfiant, au fur et à mesure que le jour se lève le vent va forcir, il vient de terre avec une consonante nord, juste dans mon nez, je me vide la tête, mes avant bras commencent à avoir l’habitude mais je sais que ma tendinite même si ça va beaucoup mieux ne va pas apprécier cette cadence ; je repars dans mon refrain habituel, je crois que vous mes fidèles lecteurs vous le connaissez aussi : se séparer du corps qui souffre et avancer avec l’esprit. Je chante, je ris, j’observe, je parle au vent, aux oiseaux, aux moutons ( les vagues pas les brebis !) je me remplis de la furie des éléments. Je sais que derrière le cap la partie va être musclée, mais je ne veux pas y penser : vivre l’instant présent.
Avant de passer le promontoire je dois faire un petit besoin naturel car je vais devoir utiliser toute mon énergie pour franchir ce mini cap Horn. A l’abri des rafales je trouve un caillou qui me laisse lui frapper un bout ( attacher une ficelle !) bien en sécurité je me soulage et prend le temps pour boire une gorgée d’eau chaude de mon thermos toujours à porté de main.
Je me lance sur mon dernier sprint et le vent a mis son costume blanc mouton pour me recevoir, les vagues se brisent sur le pont de mon kayak pour  finir sur mon torse bien protégé et je suis obligé de monter la puissance des coups de pagaies pour faire une timide progression. Je ferme les yeux pour me concentrer sur le vent qui single mon visage et d’un coup je décroche de nouveau je me sépare du corps qui est malmené et qui dit stop et avance en harmonie avec l’élément…
Finalement le lieu du rendez vous est devant moi et dans un ultime effort je pose « Immaqa » sur la plage de Campomoro, mes mains sont meurtries, ma tendinite refait un léger come in back mais mon esprit est heureux d’avoir su amener son fardeau de corps au rendez vous.
Ces expériences sont à chaque fois un petit grain de riz supplémentaire et quand je serai sur le Yukon j’espère avoir un gros sac de riz qui me comblera dans mes moments de « disette ».

Proverbe de Jo Zef :

Pluie et vent en journée, mascotte mouillée et « kayakeur » épuisé…
A pluche

Seul face à moi même…

20 janvier 2010

Me voila de retour après quelques jours d’errance avec mon kayak et d’ailleurs une vidéo tournée le premier soir.

Comme les entraînements physique le mental se forme par des épreuves spécifiques et ces quelques jours m’ont permis de travailler en profondeur un côté très intime dans mon appréhension de la tombée de la nuit.

Je ne travaille pas avec des psy ou des médecins mais avec de l’écoute, de la découverte et une recherche intense sur la gestion des craintes. Chacun de nous avons des apprehensions et pour la plus part hélas c’est la fuite, j’en ai décidé autrement et essai de trouver un chemin plus lumineux dans mon parcours de vie quelques fois ombragé.

En journée je me sens invincible et arrive à gérer des situations très particulière mais dés que la nuit arrive je sens mes forces s’envoler disparaître. Le Yin et le Yang, la naissance la mort, la lumière la nuit, le bien le mal.

Sur ces quelques jours j’ai provoqué des situations pour me mettre en péril et découvrir mes réactions, au fil de ces exercices j’ai découvert des nouvelles portes.

Donc un terrain à travailler dans les prochaines semaines…

Aie Jo Zef est dans le noir!

Mais non la mascotte c’est une crêpe qui t’est tombé sur le visage!!!

A pluche

Mon pôte Vendredi…

19 janvier 2010

Ah si je croise vendredi je crois qu’il me serrerait la « paluche » !
Ce matin comme prévu la houle est forte et la petite passe de sortie déferle. Impossible de l’embouquer sans prendre d’énorme risque.
Je suis heureux d’être « prisonnier » je suis seul et j’ai pas mal de choses à me raconter !?
Non Jo Zef je n’ai pas une tendinite des neurones !
Les gestes deviennent basiques, trouver du bois flotté pour rallumer le feu, partir à la recherche de nourriture et penser sans rien autre qu’à soi et le pourquoi de son bref passage sur terre.
Ce matin après une escalade granitique pour essayer d’attraper un réseau j’ai ma »Vrai » au téléphone, je la rassure lui dit qu’elle me manque et que ce que je vis est apaisant.
Je décide de faire mon pain, le feu a repris vie et je m’affaire à façonner la « miche » :  de la farine de blé avec un peu de farine de châtaigne,  de la levure le tout pétri avec de l’eau de mer.
C’ est simple et tellement agréable, le soleil pointe le bout de son nez ce qui permettra à mes affaires humides de sécher. Pendant que ma galette lève je pars à la récolte d’oursins, une grapette avec un long manche et le seau trouvé sur une plage se rempli facilement.
Pendant que j’ouvrirai les piquants de mer, le pain trouve sa place au coin du feu, d’un œil je surveille la cuisson. Le soleil me donne l’occasion même d’être en « chandail »(comme y disent au Québec) et ma peau d’hiver se gorge d’ultra violet.

C’est tellement simple et pourtant on passe souvent à côté. Prendre le temps de vivre sans penser à demain ni à hier, le présent est tellement prenant qu’il nous accapare. Pas de parade ni de théâtre, un moment de connexion direct avec ceux que les Amérindiens appellent le « Grand esprit ».
D’ailleurs j’ai parlé avec l’esprit des peurs ! Il a bien souri de ma panique d’hier, il m’a dit qu’il me suivrait jusqu’au dernier jour et que ce n’était qu’a moi de l’héberger ou non. De rentrer dans sa demeure ou de la contourner. Il m’a dit que j’avais peur de ma solitude car elle me révélait qui j’étais et que les hommes ont bien des difficultés à voir qui ils sont. Pendant longtemps je donnais le courage aux hommes forts qui avaient fait les guerres du monde, mais avec le temps j’ai compris que c’étaient des grands peureux car si ils y avaient tué leurs frères c’était par peur.
J’ai juste poussé la porte des hommes valeureux et courageux aucune arme ni vanité ne sont posées dans le vestibule, juste des hommes qui se regardent dans un miroir sans fuir le regard, sans baisser les yeux et surtout qui trouvent la force pour aimer plutôt que tuer.
Je pense à voix haute et la sérénité m’envahit, je rejoins les gens qui m’ont entouré et aimé, ceux qui m’entourent et qui m’aiment et imagine ceux que je ne connais pas encore que je vais aimer et découvrir, la vie est ainsi faite croiser, décroiser à l’infini.
Je savais que ces jours de kayak seraient une excuse pour m’apaiser de pas mal de tension accumulée les années passées et je sais que le Yukon même si l’histoire est un « Everest » pour moi sera une espèce de retraite « monacale ».
Je vais redescendre de mon piton de granit car j’ai peur que Jo Zef en mon absence se soit « boulotté » ma belle galette de pain made in camp !

A pluche

Le doute que je redoute…

17 janvier 2010

P1160301

Depuis quelques heures, quelques jours, je suis parti avec mon Kayak, tout est chargé pour une autonomie d’au moins 15 jours. Mon embarcation se nomme « Immara » qui veut dire en Groenlandais: « Peut être » ! Est ce que je pars pour 15 jours, 15 heures, 15 minutes ou 15 ans je ne saurai vous le dire. La cote hivernale de la Corse m’accueille pour ma préparation.

Tout est prêt au niveau du matériel, l’homme lui ne l’est peut être pas, une tendinite du coude droit ne veut pas me lâcher et surtout un doute comme quoi je ne suis pas à la hauteur pour l’aventure du Yukon ! Je pense à très haute voix et mes peurs je vous les transmets autant que mes conquêtes.

Inconsciemment si j’ai cette tendinite ce n’est pas que physiquement que le mal existe. Hier j’ai pagayé un peu moins de 7 heures non stop et en arrivant sur mon lieu de bivouac j’ai eu comme une angoisse, une trouille, une envie de hurler…

Non je ne suis pas dingue ou en déprime mais j’étais mal à l’aise comme il est rare dans ma manière d’être. J’ai monté le camp, tente, feu, amarrage du kayak. C’est vrai je n’étais pas trop en confiance, la mer était très houleuse et le désalage de l’été dernier mine de rien a laissé des traces. Mais au fond de moi je sais que tout ça n’est rien et la face caché de l’iceberg est tout autre chose. L’expédition du Yukon m’effraie parfois, l’isolement, la faune, les natifs ???

Je suis souvent seul et jamais je n’ai eu à répondre de la moindre agression de la nature, je crois que ce qui m’effraie surtout : « c’est moi ». Je n’ai jamais été seul aussi longtemps que je le serai là bas et je crois que c’est ça qui me fait « flipper ». Je relativise et déjà de l’écrire je me sens mieux. Je suis honnête avec moi et du coup avec vous aussi, je suis lassé des grands reportages sur ces aventuriers qui avancent sans ciller sans trembler, la peur est un élément clé de l’aventure et de temps en temps elle vient rendre visite à celui qui avance sur son propre chemin pas encore « démaquisé ».

Magie de l’informatique je suis assis là haut sur un piton de granit pour capter un réseau et transmettre ce journal de bord. J’essaierai de revenir le plus souvent sur mon blog mais la cote ouest hormis les villes est très sauvage et du coup il n’y a pas de connexion.

Bien sur je reste réaliste et tous mes petits bobos sont vraiment des impostures par rapport à ce que vit le peuple Haïtien, une bougie dans mon cœur brule pour ceux qui ont perdu une partie de leur vie.

Pensée à la Jo Zef :

Pourquoi devez vous respecter tellement les amérindiens ?

Pour vivre ils ôtent l’écorce du bouleau !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Traduction pour les pas trop bons : Ils ôtent les Corses du boulot !!!

A pluche