10 ans, déjà 10 ans

27 novembre 2015

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Le 30 novembre 2005 Dume et moi, nous nous élancions dans une folle aventure, dans un défi qui se révéla une épopée. 18 mois auparavant, l’extravagant rameur Jo Leguen se retrouvait au premier stage de plongée Bout de vie et devant une bouillabaisse il nous lançait le défi de traverser l’Atlantique à la rame. Avec Dume nous relevions le pari sans savoir ce qui allait nous attendre. 18 mois pour bâtir un projet énorme, trouver des sponsors, un bateau et surtout se préparer en ramant comme des galériens. Nous ne voulions pas que participer, nous voulions aller sur le podium, car, oui, c’était une course, nous n’étions pas que les seuls fous. 26 bateaux identiques pour en découdre avec 5500 km d’océan, 3300 milles marins pour devenir les premiers handis à réaliser cette folie. Mais vous commencez à me connaître être mis dans le rang des handis me donne des boutons et en mer ça pique les fesses l’urticaire ! Alors nous avons laissé nos boiteries à quai et nous avons bossé. Des partenaires plus qu’improbables, se sont comme par miracle greffés, au projet. Quand un Prince Albert II de Monaco vous prend par l’épaule pour que vous lui racontiez votre vie de Cabochard « ça trou le cul, non » ! (Pardon!!!)  Et qu’en plus de la soirée organisée à cet effet il sort des billets violets pour un petit supplément, ce n’est pas énorme ! Quand le big boss de l’Agence Spatiale Européenne, t’appelles le 1 janvier pour te rencontrer au plus vite ça donne des ailes, non ? Et le rêve n’est qu’a son apogée. Alors avec cet engouement autour des « pôvres » deux unijambistes têtus, nous avons inventé notre « ramerie » océanique, nous avons essayé de penser à l’impensable. La grue de Bonifacio nous a fait chavirer à maintes reprises, pour voir comment ça fait en mode machine à laver programme essorage ! Nous avons tenté le diable avec les Bouches de Bonifacio en sortant par tous les temps. Mais la plus belle fût la première sortie ! Calme plat et sans courant mais pourtant il nous a été impossible d’accorder nos pelles et je peux vous dire que sur les quais des pêcheurs personnes ne donnaient cher de notre transat ! Mais nous avons bossé, nous avons travaillé comme des gladiateurs pour être enfin au départ à la Gomera aux îles Canaris. Du monde entier, des bateaux identiques étaient arrivés, de toute la planète des poètes allaient se lancer dans un inconnu d’eau salée. Pendant 20 jours nous avons été jaugés, contrôlés jusqu’à ce que la date du 27 novembre arrive. Mais une fois de plus je me suis fais remarqué en allant annoncé qu’avec Dumé nous ne serions pas sur la ligne, que ma petite expérience de marin me disait de rester à quai car un coup de chien de Sud-ouest arrivait pilepoil le jour du départ. Sans attendre leur réponse je repartais à notre Yole numéro 20 (département de la Corse) pour doubler les amarres et donner quartier libre à Dumé. Grosse panique au QG géré par un staff britannique imposant. Mais avant que je prenne ma voiture de location pour visiter la magnifique île  de la Goméra en mode bon touriste, un des organisateurs me rattrape pour me présenter ses excuses car effectivement une dépression impressionnante déboulait sur l’archipel et qu’il y aurait eu une hécatombe dans la flottille ! Et voilà enfin que le 30 novembre nous larguons les amarres, que nous rentrons de plain-pied dans ce rêve sans savoir que cela va être plutôt un cauchemar de souffrance. Le premier soir fût terrible, la nuit nous enveloppait, pour cacher nos visages terrorisés, comment oublier les proches que l’on avait laissé à quai, comment savoir ce que l’Atlantique allait nous réserver ? Le mal de mer me tenait la jambe pendant 4 semaines, mes doutes eux sont restés fidèles jusqu’à l’arrivé. Deux tempêtes tropicales nous ont fait reculer pendant 10 jours, 2 fois 5 jours à se morfondre, 240 heures de tortures mentales ! Puis la routine des jours qui s’égrainent avec un alizé musclé comme on n’avait pas vu depuis plus de 30 ans d’après météo-France, « chouette on va aller plus vite »! Puis le 40éme jour une vague scélérate nous brise le safran ainsi que notre rêve d’arrivée. Mais si malgré une jambe en moins on a su survivre ce n’est pas un gouvernail amputé qui va nous stopper, non mais ! Après une nuit de gros bricolage, que même Mac Gyver semblerait perdu, nous nous en sommes sorti pour reprendre la mer. Cette fameuse même nuit 7 équipages déclenchaient leur balise sat pour être secourus. Finalement au bout de 54 jours 3 heures et 32 minutes nous finissions 3éme en laissant le dernier équipage à 30 jours derrière nous… Et voilà 10 ans ont passé, avec Dumé nous nous voyons régulièrement et notre complicité nous mène là-bas où nous avons réalisé un truc de fou. Interviewé par un nombre incroyable de journaliste mon frère de rame avait repris la citation de Marc Twain : Il ne savait pas que c’était impossible c’est pour ça qu’ils l’ont fait. La yole à été vendue, Franck et Angéla ont suivi le sillage et certainement d’autres ont porté leur prothèse au milieu de la grande bleue. Grace à cette traversée l’association Bout de vie c’est fait connaître, nous avons reçu des centaines de messages plus beaux les uns que les autres, 10 ans après, des inconnus nous interpellent encore pour nous féliciter, 10 ans après !  Mais bien plus fort que tous ces hommages, plein de cabossés de la vie ont, par cette traversée, trouvé une réponse à leur question de vouloir vivre malgré un bout en moins.  Mon premier livre en parle bien sur, deux documentaires illustrent cette transat anglaise et par le biais de ce blog je tenais à remercier du fond du cœur tous les contributeurs à cette course qui restera gravée très longtemps dans mon cœur, dans mon âme, comment oublier.

Pour se remémorer cette aventure les deux documentaires à voir sans modération, juste après les photos.F1000004webF1000007webDSC_5621web

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FR3 Corse Via Stella Al di la di u mare 

FR3 Thalassa Dans le même bateau 

Ua here au ia oe Raiora

31 octobre 2015

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La classe de CM1 CM2 d’Avatoru est silencieuse, le diaporama sur l’expédition Niviarsiaq au Groenland vient de se terminer, c’est le moment des questions. Une petite fille moins timide que les autres lève sa main. Sa tête est ornée d’une couronne de fleurs et elle porte un joli collier de Tiaré, qui lui donne un visage éclatant. Les Paumotus, habitants de l’archipel des Tuamotu, sont un peuple joyeux, et cette petite fille en est la descendante. Sa première question touche énormément le poète qui est caché au fin fond de mon cœur. Combien de fleurs connais-tu ? Je ne sais que dire… Un garçonnet, adepte certainement du sport national qu’est le va’a (pirogue polynésienne), veut savoir combien de race de requins j’ai déjà rencontrés. Un autre revient sur la terre de glace, pour savoir si là-bas au pays de nanoq les enfants vont à l’école. La plus petite me demande : « qu’elle est pour toi la plus belle île du monde », sans hésité un instant je lui dévoile mon coup de cœur. « Pour moi la plus belle île du monde c’est Rairoa » (Ciel infini) francisé Rangiroa. Leur tutoiement ne déroge pas à la règle polynésienne, où le vouvoiement est une histoire de popa’a (blanc de métropole). Txim m’a accompagné pour apporter son témoignage sur l’expérience qu’il a vécu à l’île d’Ataa en baie de Disko . L’échange est fort, les instituteurs sont aussi très curieux mais il est temps de partir, alors à l’unisson les élèves nous entonnent un maururu a vau (chant d’adieu) qui me bouleverse. Une autre tradition veut aussi que l’ami de passage laisse un écrit sur la chemise de celui qui restera, alors avec beaucoup d’attention, je tente de noter quelques mots simple mais important. Voyager ce n’est pas changer de pays, voyager c’est changer de monde… Une jeune fille de 9 ans à peine me remet un collier de fleurs, une autre m’offre des bonbons, quant aux profs ils me font promettre de revenir dès que possible. Le gros dur a les jambes qui tremblent ; du moins une ! Mais tout a une fin, le tournage Frère de sport se termine déjà, entre la Corse et Rangiroa cela nous aura pris plus de 3 semaines. Une chose est certaine cette expérience nous aura marqués au fer rouge, avec toute l’équipe nous avons eu beaucoup de crises de rires terribles, ainsi que de moments d’émotion d’une grande pureté. David et René les cinéastes terrestres et sous-marin ont sus se fondre au paysage pour nous permettre, à nous les « acteurs » corso-basque de ne pas jouer la comédie et de vivre l’instant présent sans tabou. Il y a eu des moments où les lèvres au gout de sel tremblaient de trop de sensibilité, d’un trop plein d’émotions. Puis les gaffes reprenaient les rênes ! Comment ne pas éclater de rire en visionnant les rushs quand une raie manta me survole et qu’il me prend la bonne idée de vouloir imiter son vol, rendant la séquence inexploitable. Je vous rassure mon Frère de sport à fait des aussi des siennes ! Une bande de dauphins prend le rythme lent de notre palmage et voilà que notre champion du monde lui aussi ondule ses jambes musclées pour pourrir la séquence. René le soir ne manquait pas de nous « gronder » comme le ferait un bon vieux professeur entouré de deux garnements.  Mais au niveau explosion de rire les intervenants ont eu eux aussi leur part au bêtisier. Pendant que David tentait de filmer le briefing de départ pour la plongée au mur de requins gris par Pitou et Tanguy, il aura fallu 4 reprises pour enfin avoir un discours cohérent sans un fou rire dévastateur, même la mascotte se tordait en 4. Quelle surprise le dernier soir où Ravana et Fernando, nos anges gardiens, conviaient leurs amis musiciens pour une initiation à la danse du tamuré. Non je vous assure on n’a pas été ridicule, aie aie ; Jo Zef opine la tête, ok on ne sera jamais danseurs aux ukulélés !.. A l’aéroport c’est les embrassades, Tanguy, Pitou, Héléne et bébé Tim, Fernando, Ravana, nous accompagnent, le moment est solennel, les colliers de fleurs et de coquillages nous sont remis en promesse de retour, promis les amis nous reviendront parole de Cabochard.

Tout à l’heure juste avant de quitter notre faré(maison de bois) j’ai chopé Bixente. A mon arrivée il y a deux semaines il m’avait remis de magnifiques colliers et couronne de fleurs, les parures ont séchés. Face à l’un des plus grands lagons au monde, j’ai pris mon pote par l’épaule pour remettre à l’océan Pacifique ce présent. Superstition certainement mais une fois de plus on s’est pris très fort dans les bras. Et dire que pour un cheveu je n’aurais pu ne pas vivre ce moment… Ua here au ia oe o fratellu

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Frère de sport en Polynésie suite…

27 octobre 2015
Toi à 18 ans tu t'envolais vers les étoiles, moi à 18 ans je sombrais en enfer...

Toi à 18 ans tu t'envolais vers les étoiles, moi à 18 ans je sombrais en enfer...

Le tournage touche à sa fin, et l’aphorisme de Sylvain Tesson prend tout son sens : arriver sans savoir si l’on va rester partir en sachant qu’on va revenir.                                                                                                                                                                                                                                                  Si le sujet du documentaire est bien évidemment la plongée, j’en retiendrais surtout les rencontres humaines. Les deux villages de Rangiroa, ne regroupent que 3000 habitants pourtant nous avons croisé 3000 sourires, certains apparaîtront dans le film mais je ne vous dévoilerais rien, juste pour vous tenir en haleine. Les poissons de toutes tailles ont été au rendez-vous, même si certaines séquences ont demandé beaucoup de patiences à René Heuzey qui est l’un des meilleurs cinéastes au monde. La qualité de ses prises de vue,  nous a sollicité une exigence qui nous a valu avec Bixente une grande part d’humilité face aux animaux qui se moquent bien d’une caméra dardée de projecteurs .Comment expliquer à un mur de requins gris que l’on veut rentrer en leur sein pour jouer les acteurs un peu bulleurs, comment captiver l’attention d’une trentaine de raies léopards avec qui l’on veut partager un envol. Mais dans tout groupe il y a le placide, celui qui ne se cache pas, celui que rien ne dérange et la palme, Aqualung, bien-sur, revient à Caroline la tortue marine. Une actrice née, qui ne rechigne pas à poser son gros bec sur mon masque, qui laisse René la filmer sous tous les angles et qui a effectué quelques petits ponts effrontés à mon Frère de sport. Les motu (ilots de corail) ont été les plateaux de bien de scènes graves et profondes mais avec aussi beaucoup de crises de rires interminables. L’équipe locale de soutien logistique nous ont gâtés, chouchoutés, un grand professionnalisme sans jamais se prendre au sérieux. La clef de voute de la partie polynésienne. Tanguy, Pitou, Fernando et Ravana nous ont offert leurs meilleurs pour que tous soient faciles, aisés et réactifs. David Tiago Ribeiro, le cinéaste terrestre a su gérer les deux piles atomiques indisciplinées que Bixente et moi représentons. Il a toujours su nous amener sans contrainte à l’essentiel, un grand monsieur de l’image, sa filmographie est très impressionnante !  Clin d’œil du hasard le film est programmé mi- décembre sur la chaîne Equipe 21 TNT à la même époque  que la sortie du nouveau « Guerre des étoiles ». Vu que je suis passé, sur la totalité du tournage, pour un obsédé textuel je vous suggère ces mots.  Décembre sortie mondial de Frère de sport : Quand les américains font la guerre des étoiles Bixente fait un doc qui pourrait s’appeler Paix d’une étoile!  Zut en écrivant ces mots j’entends déjà l’équipe de tournage éclater de rire. Désolé les gars un poète ne meurt jamais il devient l’alizée, l’esprit de la lagune, l’étoile égaré, non les gars un poète ne meurt jamais ces mots apaiseront les maux de ceux qui restent. Merci Bixente encore une fois tu m’as fait un cadeau énorme : Ti tengu cara o fratellu.

Logistique sur zone pour faire de vraies belles plongées cliquez ici: 6 passengers

Partenaire du transport: Air Tahiti Nui

Partenaire équipement de plongée: Aqualung

Karin et moi avons été habillés par Columbia

Capture d'écran du drone de David. Notre terrain de jeu pendant ce tournage!

Capture d'écran du drone de David. Notre terrain de jeu pendant ce tournage!

Frère de sport…

19 septembre 2015
Au mois de juin pendant le repérage

Au mois de juin pendant le repérage

Depuis le temps qu’il avait ça en tête, son souhait se réalise. Un « Frère de sport » sera tourné dés lundi. Depuis des années Bixente me parlait d’un documentaire qui mettrait en valeur un sport au travers d’une personne emblématique pour le représenter. Avec beaucoup de joie, d’émotion et de surprise, j’ai été choisi pour narrer un bout de vie de plongeur un peu Cabochard. Je me demande par moment si je n’ai pas appris à plonger bien avant d’avoir su marcher. Dans mon sillage des milliards de bulles, des milliers de plongées, des centaines de personnes initiées, des dizaines d’épaves découvertes et une seule plus belle plongée : celle que je n’ai pas encore faite ! Ce film de 52’ sera en deux volets : Méditerranée et Polynésie. En fond d’écran  les Lavezzi de cette première « mi-temps ». Suivant les caprices de l’ouest nous dégringolerons sur une épave que personne ne connaît, une sorte de cimetière sous-marin qu’une mine a mis en enfer. Nous frôlerons aussi l’empire romain à la recherche de quelques amphores enfouies tout en respectant les protocoles archéologiques. Les mérous et dentis sont en ce moment au casting de figurant, ceux de « mérouville » sont indésirables, l’authenticité sera le fil rouge du reportage. A terre, avec un peu de pudeur je vous offrirai, sans tout dévoiler, mes coins secrets des Bouches de Bonifacio. Là où je me suis reconstruit, là où j’ai attendu l’hiver, qui rend enfin le lieu comme « mon » sanctuaire mystique. Des personnages croiseront mon regard, bien sur mon vieux Gunther, depuis 12 ans il m’épaule dans les semaines Bout de vie. L’équipage du canot de sauvetage de Bonifacio nous rendra visite puisque pendant de longues années je me suis mis au service des « égarés » des Bouches. Pascal le corailleur nous expliquera l’ivresse du corail rouge, Karin ma douce compagne mettra des mots sur ses 35 ans à la tête d’une école de plongée en Corse du sud, le féminin n’a pas toujours était bien perçu dans le milieu macho sous-marin. Et bien sur d’autres personnages seront les invités surprises. On vous amènera à bord du Cabochard, un vieil ami de baroude, bien que je ne sois pas certain qu’il puisse tout raconter, il recèle de grand secret ! Mais le film sera surtout conjugué au présent donc nous passerons par ma nouvelle habitation, une cabane lapone qui est le lien avec le grand Nord et bien sur une nuit  inévitable au camp des solitudes qui a beaucoup ému la dernière fois mon « Frère de sport ».  Cette première partie sera un mélange de plongées dites « profondes » et de confidences intenses. La plongée n’est pas un sport c’est une discipline avec beaucoup de spécificités. Les métiers de moniteurs et de scaphandriers sont absolument opposés, l’un propose le rêve, l’autre défi les lois physiques. J’ai la chance de passer régulièrement de l’un à l’autre. Cette première partie sera forte en émotion, nous allons tout faire pour mettre en valeur cette passion qu’est la plongée. Puis s’en suivra la Polynésie mais ça je vous en parlerai la prochaine fois. Sortie du documentaire courant novembre sur Equipe 21 puis sur TF1.

Un grand merci à la société Aqualung qui nous a équipé de la cagoule aux palmes.

PS : Oups, j’oubliais : Jo Zef la mascotte est prévue au casting ; ouf !

Ca fait un peu petit couple!

Ça fait petit couple, non?

Le Cabochard n'est pas oublié.

Le Cabochard n'est pas oublié.

la discipline de préparation

la discipline de préparation

Carnet de bord rédigé par les jeunes…

1 septembre 2015
Leur QG; le tipi!

Leur QG; le tipi!

Comme promis les jeunes ont rédigés leur journal de bord que voici. Ce qu’ils ont réalisé m’a beaucoup impressionné et ému. En quelques jours ils ont su devenir une équipe soudée et solidaire. Un bout de vie qui restera gravé dans nos âmes pour très longtemps.

Carnet de bord ÂTAA

Jour 1 – (Mardi 18)

C’est enfin le grand départ. La voie est dégagée, les icebergs se sont évadés. Un petit pêcheur d’Ilullissat nous offre une incroyable traversée. Le trajet est beau, magique et froid mais nous permet après 2 heures de secousse et de paysage à couper le souffle d’atteindre la belle île d’Âtaa. Tout s’organise.  Montage du Tipi. Découverte des lieux. La magie commence à opérer.

Jour 2 – (Mercredi 19)

C’est un grand Sentiment de liberté qui domine la journée, vide la tête et donne des ailes. Réveil tranquille, après notre première nuit sous le tipi. La douche (la rivière) est froide, très froide mais le froid nous met sur les railles d’une belle journée qui commence. S’en suit d’une belle petite promenade qui nous a permis de découvrir un peu plus notre immense terrain de jeux où nous resteront encore une dizaine de jour. Et bien sur on en profite pour faire un repérage de toutes les petites bêtes qui vont rapidement finir dans notre assiette. Les possibilités sont infinies. Quinze heures, retour au bercail, on reprend des forces et on s’occupe du dîner du soir. Petite pêche journalière dans la rivière, que l’on accompagnera des petits champignons locaux.

Jour 3 – (Jeudi 20)

Réveil à l’aube pour les hommes. Frank nous fait encore croire qu’il a péché des truites et qu’il les a relâché. Le déjeuner est péché dès 8 heures, les premières truites pêchées par les aventuriers. S’en suit un entraînement à la chasse, avant que le temps ne se gate. La toundra et le froid nous rattrapent et alors que la pluie fait son apparition, Frank nous apprend à faire un Four à base de Pierre et de glaise avec lequel on a ensuite fait du pain, puis le repas tout entier. Belle économie de gaz.

Jour 4 – (Vendredi 21)

Réveil sous un soleil magnifique. La vue au réveil est toujours aussi agréable. La petite routine commence à s’installer, l’eau chaude et les sacs sont prêts, c’est parti pour une longue randonnée jusqu’à la baie voisine. Après deux heures de marche, la rencontre avec un petit longue oreille, et quelques pauses pour goûter aux myrtilles, le déjeuner se fera sur la plage, personne à l’horizon, mais les 5 degrés d’été nous empêchent de nous mettre en maillot. On commence à apprivoiser l’île tranquillement. Le retour est calme. Les garçons en quête de protéines vont ramasser de belles moules polaires pour le repas du soir pendant que les filles récoltent les myrtilles pour faire un petit dessert. Cinq kilos de moules et quelques centaines de myrtilles plus tard, la nouvelle mission est de trouver du bois sec pour le feu et alimenter notre nouvelle gazinière. Puis s’en suit du moment le plus attendu, et mérité, le dîner. Grâce à notre nouveau four maison, au devant de cette magnifique baie d’iceberg, les moules polaires sont savourées.

Jour 5 – (Samedi 22)

Après une longue et belle journée de canoë dans la mer, et des petites escales sur des îlots proches du camp, une petite surprise nous attendait à la maison. Julien en famille, était la nous attendant, avec de la bonne baleine fraîche, que l’on a tous englouti sans en laisser une miette.

Jour 6 – (Dimanche 23)

Sunday chill. Un vrai dimanche, Frank nous fait la surprise de nous préparer un gros plat de pattes pour le déjeuner, fromage râpé et même une petite sauce tomate pour faire les choses bien. Et tout ça accompagné d’un bon hareng au curry acheté à Illulissat, que l’on apprécie tous ! L’après midi, un peu de rangement dans le Tipi pour les filles pendant que les hommes ramassent quelques baies pour le dessert du soir.

La journée est reposante, beau temps donc grosse toilette pour tout le monde. Puis préparation d’une petite soupe de baleine avec les restes de la veille pour le dîner, un délice.

Jour 7 – (Lundi 24)

Très belle journée, la plus belle jusqu’à présent, le réveil est agréable mais de plus en plus froid, l’automne arrive. On prépare les sacs et on part pour une belle randonnée, qui s’avérera être la plus longue du séjour. On commence à grimper, la vue est sublime, on est sur la plus grande montagne du coin.  Après 3/4 heures on arrive au sommet de la montagne, que l’on renomma « Mont Elisa » en l’honneur de la petite cadette chérie du clan.

Ici les journées sont longues et intenses, après avoir englouti quelques nouilles chinoises, c’est l’heure de redescendre pour de pas trop fatiguer les jambes et les esprits. Interlude myrtilles en bas de la montagne avant de retrouver le camp vers 17 heures.

Jour 8 – (Mardi 25)

Repos. Gravir et renommer une montagne, ça fatigue les esprits. Réveil tranquille, avant l’atelier « inukchtuk » guerrier de pierre en inuit. Kulushnuk selon Rémi.

La journée se termine par une bonne petite soirée devant le feu, pour réchauffer les corps et les esprits et une bonne nuit de sommeil pour attaquer le lac demain.

Jour 9 – (Mercredi 26)

Les nuits se rafraîchissent de plus en plus, l’automne arrive et les températures négatives sont déjà la. Aujourd’hui, le départ est programmé à 9heures pour traverser le lac en canoë, 10 km de long. Déjeuner de l’autre côté et visite des lieux, et bien sûr nouilles chinoises habituels. Puis 10 km de plus pour rentrer, belle balade, encore des paysages sublimes, et encore une belle expérience. Le vent se lève sur la fin, mais sans soucis on arrive au bout. Le feu du soir est de plus en plus important pour nous réchauffer avant de s’endormir dans le froid sous le tipi et alors que les corps se réchauffent en dégustant un bon petit poisson pêché dans la rivière, les baleines passent nous faire un coucou dans le fjord à 100 mètres de nous. Magique.

Jour 10 – (Jeudi 27)

Petite randonnée. Belle mais triste car la dernière. On dit au revoir aux beaux paysages de ce petit coin de nature paradisiaque où l’on est seuls 60km à la ronde depuis 10 jours déjà. Petite et tranquille car les filles ont déjà fait énormément d’effort sur les deux dernières jours avec la découverte du Mont Elisa et la traversée du lac Juliette. Dernière car demain c’est le dernier jour sur place. Immaqa. Et le dernier jour est significatif de récolte des petits et beaux souvenirs l’on va ramener sur le continent.

Jour 11 – (Vendredi 28)

Ça sent la fin. Le départ est proche. Le temps est triste, nous aussi. On essaye de profiter de cette dernière journée complète sur l’île. On ramasse quelques souvenir et on profite une dernière fois des beaux paysages, sous la pluie. Ramassage de thés du Labrador, de quelques Niviarsiaq et de quelques beaux cailloux. Puis démontage du Tipi pour passer la dernière nuit dans la maison communale du village.. Village de 3 habitants….. Où quelques familles viennent parfois passer des week-ends en été.

Jour 12 – (Samedi 29)

Grand départ d’Ataa. Tout est plié à 9 heures.

Surprise Julien arrive avec Elimut pour nous récupérer. Après 12 jours d’autonomie complète, 22 truites, 7804 myrtilles, 58 champignons, une baleine, un phoque, 2 morues, 923 moules, des algues, des crevettes, des bons thés du Labrador et surtout 60 nouilles chinoises, c’est la fin de ce beau voyage.

Le retour est agréable, au vent sur le petit bateau d’Eli, la dernière balade est belle au milieu des icebergs.

Ataa l’île mystérieuse…

30 août 2015
Dans un champs de Niviarsiaq

Dans un champs de Niviarsiaq

Ataa cote ouest du Groenland 69°nord 50°ouest 29 aout 2015, brouillard épais, température 8°.

Nous voilà au terme d’une aventure fabuleuse : vivre en autonomie sur une île perdue polaire .Rien n’était prévu, rien n’était fait pour eux pourtant ils l’ont fait. Vivre dans des conditions si précaires développe le sens animal, l’esprit de débrouillardise. Le mot essentiel retrouve sa vraie valeur, l’invisible de la vie quotidienne en milieu urbain se farde d’un visage alors inconnu. Là-bas au camp d’Ataa, tout c’est métamorphosé. En préparation de l’aventure jamais une seule fois les jeunes n’auraient pu imaginer ce qu’ils ont vécu. Les randonnées sans jamais être une seule fois sur un sentier, les ont transformés en explorateurs. L’ascension des hauteurs d’Ataa fût une rude épreuve mais jamais une seule fois personne ne s’est plaint. Un couloir vertigineux de 500mts de dénivelé au milieu d’une ancienne moraine était leur défi, puis là-haut sur un plateau des montagnes sans nom ; depuis l’une d’elle a été baptisée Mont Elisa en hommage à la cadette, qui du haut de ses 14 ans avec un bout en moins, a sur serrer les dents et poser un pied au sommet. Les sortie canoës au milieu des icebergs qui chavirent sans prévenir fût aussi un beau challenge. La rigueur était leur compagne de mer, un vieux loup solitaire était là pour veiller à leur sécurité et gare à celui qui gagnait en confiance en fanfaronnant, un souffle polaire les remettait sur le droit chemin. Des centaines d’images resteront gravées dans leur disque dur, pour ma part j’aimerais vous en faire partager quelques unes : Comment oublier leur détermination à la construction d’un four de survie pour cuire les galettes de pain. Comment ne pas être ému devant leur joie quand leur gamelle fut rase pleine d’une soupe à la baleine et aux camarines qui a cuit pendant des heures. Comment oublier leur visage noirci par le charbon du feu qui réchauffait leur petit corps d’un été arctique en voie « d’automnisation ». Quel bonheur de les voir regrouper auprès du feu alors que des baleines à bosse nous gratifiaient d’un ballet romantique. La cuisson des truites péchées par les garçons recevaient toute l’attention des filles qui confectionnaient un dessert géniale et revigorant à base de myrtilles et d’avoine. Oui je vous le certifie cette vie de nomade polaire fut une vraie merveille mais plutôt que d’y apposer mes mots je vous confie leur journal de bord qu’ils ont écrit à quatre mains, il sera en ligne demain dans mon prochain billet.

Un souvenir ne s’achète pas, il se vit.

La moustiquaire est indispensable.

La moustiquaire est indispensable.

Initiation du tir à la carabine.

Initiation du tir à la carabine.

Quand le silence nous raconte les mystères polaires.

Quand le silence nous raconte les mystères polaires.

Des sorties canoës très impressionnantes

Des sorties canoës très impressionnantes

Au sommet du Mont Elisa

Au sommet du Mont Elisa

Féerique non!

Féerique non!

Au fond le glacier d'Eqi.

Au fond le glacier d'Eqi.

Un nid de guibole!

Un nid de guibole!

La mascotte a su trouver refuge.

La mascotte a su trouver refuge.

Bloqué mais Vagabond!

18 août 2015
Le port d'Ilulissat bloqué par les glaces

Le port d'Ilulissat bloqué par les glaces

Le proverbe groenlandais a pris tous son sens : seul le temps et la glace sont maîtres.                                                                                                                                     Effectivement à la surprise générale TOP Viagra le port d’Ilulissat vient de se remplir de glace, l’été le vêlage des glaciers fournit beaucoup de grollers et un fort courant d’ouest a fait bouchon. Quelques guerriers arrivent avec beaucoup de difficultés à se frayer un passage mais la manœuvre est hasardeuse voir dangereuse avec un petit bateau. Notre pêcheur est bloqué à quai, la sagesse lui a soufflé une évidence, il est trop risqué de prendre la mer au milieu d’un piège de glace qui pourraient être fatale.                                  Mais le hasard a encore bien fait les choses ! Question philosophique, est-ce que le hasard existe ? Je vous laisse le soin d’y répondre, pour ma part j’ai ma petite idée !                                                                 Alors que nous préparions nos sacs pour une randonnée, je remarque l’arrivée dans le port d’un grand voilier rouge. Je n’ose pas y croire et avant de m’emballer je prends mon temps pour chercher son nom. Une chance sur un million et pourtant Vagabond de France et Eric fait escale à Ilulissat.  Le monde polaire est assez vaste pour que l’on puisse ne jamais se voire mais les festivals d’aventure ont la magie de temps à autre de nous faire croiser. Il y a quelques années alors que j’étais membre du jury des Ecrans de l’aventure j’avais eu le bonheur de rencontrer Eric, nous avions échangé en nous promettant de nous revoir là-haut au pays de Nanoq. Miracle de vie, aujourd’hui sur la côte nord-ouest du Groenland le vœu s’est réalisé.    Ni une ni deux, nous prenons la direction du port. Collé à un immense chalutier qui décharge ses prises, le légendaire voilier polaire russe Peter I est le ponton du non moins célèbre Vagabond.  J’enjambe les filières en me disant que ce serait extraordinaire de pouvoir rencontrer ces aventuriers des glaces.  France est à bord, je toc au hublot, un peu étonnée de rencontrer un européen sa surprise grandi quand je lui dis bonjour en Français.  Elle me reconnait et invite avec un grand sourire le team Niviarsiaq. Ce matin les jeunes étaient déçus de ne pouvoir prendre la mer mais cet après-midi les voilà assis dans un bateau de légende au bout du monde. Je les sens comme des petits enfants, timidement ils s’installent dans le carré, tout doucement ils comprennent un peu qui sont ces Vagabonds. Les langues se délient, puis Eric accompagnés de ses enfants revient à bord, les deux filles de 5 et 8 ans adoptent en un claquement de doigt leurs nouveaux « équipiers ». Du passage du Nord-Est à celui du Nord-Ouest, du Nunavut en passant par le Svalbard, les jeunes découvrent ce que le public ne connait que par leurs films ou livres.   Les anecdotes les envoutent, il y plus de 15 ans ils ont largué les amarres pour réaliser leur rêve. Mais comme dirait la mascotte, myrtille sur la crêpe, le chalutier et le voilier russe décident de prendre la mer, Vagabond va devoir manœuvrer ! Je propose à Eric de lui donner un coup de main et comme par magie, voilà que la petite bande de Bout de vie devient matelot éphémère du Vagabond… Il est déjà tard, nous devons quitter le bord, les petites ne veulent plus lâcher les jeunes France et Eric me propose plein de belles aventures, mes rêves me submergent, on s’étreint en se promettant de se revoir très vite.  Et dire que si ce matin la glace ne nous n’avait bloqué à terre nous ne les aurions jamais rencontré.

Le site de Vagabond ici

Pour poster ce billet je dois traverser le port, jusqu’au cyber café, la bonne nouvelle c’est que la glace est beaucoup moins dense, on devrait prendre la mer pour notre robinsonnade polaire bientôt ; immaqa !

Le refrain du voyage c’est arriver dans un endroit sans savoir si l’on va y rester, le quitter en sachant que l’on va y revenir.

Matelot Juliette au poste de manœuvre!

Matelot Juliette au poste de manœuvre!

Bien au chaud dans le cockpit du Vagabond

Bien au chaud dans le cockpit du Vagabond

Le départ, Immaqa!

17 août 2015
Un spectacle polaire...

Un spectacle polaire...

Les victuailles sont  bien rangées dans nos sacs étanches, le rendez-vous est fixé dans quelques minutes, Elimut nous accompagnera jusqu’à Ataa. Les « glaçons » son agglutinés dans notre destination, il devra zigzaguer pour se frayer un passage, mais sa grande expérience nous rassure. J’ai prévenu les jeunes si un phoque aurait l’insouciance de montrer ses moustaches notre capitaine aura de quoi le transformer en ragout fumant ! Le temps s’est subitement dégradé et le crachin à 4° a chassé le soleil qui rendait le lieu un peu trop sudiste à mon gout ! Dans notre matos de quoi pécher en mer et en rivière, plus une carabine pour améliorer le traditionnel plat de nouilles chinoises.  Perdrix, oie et lapin pullulent en cette période et j’ai laissé le choix aux jeunes s’ils se sentaient capable d’en exécuter un ou deux. A l’unanimité ils ont répondu oui ! Pas question que je me mêle de leur tâche, mettre une balle entre les deux yeux d’un sympathique volatile est assez simple mais le transformer en magret fumant dans l’assiette est une autre paire de manche, alors ils vont devoir se débrouiller. Hier après la stricte vérification de packtage nous avons effectué une longue randonnée, pour tester un peu les capacités de chacun. L’équipe est vraiment formidable, chacun est très attentifs à l’autre et à ma grande surprise les 4h de randonnées ont semblée n’être qu’une simple formalité. Ici le soir pas de net, ni de télé alors les langues se délient, les esprits se lâchent, les veillés ont ce pouvoir d’aller au plus profond des âmes.  L’aventure est hors-norme, ils savent que quelques choses de magique est en train de leur arriver. Avant d’embarquer je vous suggère quelques clichés qui en disent long sur l’opération Niviarsiaq. On vous donne rendez-vous dans deux semaines. Quand vous serez au soleil bien au chaud, pensez que là-haut dans le grand Nord quatre jeunes seront unis pour n’être qu’un face à l’adversité, que le mot solidarité sera écrit en lettre d’or et que le sens fraternité retrouvera toute sa noblesse. De ma petite tente, j’observerai avec beaucoup de tendresse leur tipi où la magie de la vie va opérer, où la souffrance passée trouvera enfin un sens. Cette petite île qui va les accueillir sait déjà que les esprits qui l’habitent seront vigilants et bienveillants avec le team Niviarsiaq.

Tomber ce n’est pas un échec, tomber c’est devenir quelqu’un d’autre.

C'est ça le bonheur, non!

C'est ça le bonheur, non!

De cairn en cairn nous suivons une piste

De cairn en cairn nous suivons une piste

Là; on est bien.

Là; on est bien.

Un Cabochard local!!!

Un Cabochard local!!!

Ils manquent le bruit des icebergs qui cassent, très impressionnants!

Ils manquent le bruit des icebergs qui cassent, très impressionnants!

Dans un parterre de Niviarsiaq...

Dans un parterre de Niviarsiaq...

Bien arrivé à Ilulissat

16 août 2015
Comme dans un rêve...

Comme dans un rêve...

Fatigué mais heureux nous venons de poser pied à Ilulissat, un grand ciel bleu nous accueil, 11° degré au soleil ; enfin nous y sommes presque. Un taxi nous conduit au local qui va nous servir de camp de préparation pendant deux jours, on à 48h pour ne rien oublier et tout organiser. Bien-sûr le patron est parti à la chasse et je n’ai aucune consigne ! Je fouille de droite et de gauche pour enfin trouver un accès, les clés étaient sur une porte cachée, ici improvisation est le maître mot. Les jeunes ont ½ heure, pas plus, pour être opérationnels, nous ne sommes pas en vacances. La ville est une plateforme de la côte Nord-Ouest du Groenland, 4300 personnes y vivent à l’année, presque 10% de la population totale du pays, à des prix faramineux on peut tout trouver ! En premier lieu il nous faut dénicher un bateau pour nous rendre à Ataa, je laisse les aventuriers prendre le soleil et m’aventure, sans parler la langue, à la recherche du graal. Le miracle existe, il s’appelle Julien, je lui avais envoyé un message de notre date d’arrivée et il ne l’a pas oublié. Il vit ici depuis 2008 et son épouse est de la région, il parle couramment le groenlandais. En mai 2014 je l’avais déjà rencontré et à distance il m’avait rassuré pour organiser ce voyage un peu atypique. Un ami à lui chasseur, serait prêt à nous déposer là-haut sur la grande île, nous fixons une heure de départ qui sera lundi matin à 10h, Immaqa (peut-être !) L’équipe doit se faire une liste précise de la nourriture à prendre, je ne suis pas là pour les materner, l’essence de l’aventure c’est savoir tout faire. Une robinsonnade ne s’organise pas la tête dans l’I phone, une fois déposé on ne pourra plus revenir en arrière. Pour couronner la longue journée après un diné à base de viande de baleine, que tout le monde à fortement apprécier, nous nous sommes rendu voir les chiens de notre ami. Deux femelles en moins d’une semaine ont donnée vie à deux portées…

Demain nous allons prendre la mer et pendant deux semaines la vie de nomade polaire va initier Juliette, Elisa, Tximista et Rémi. Là-haut sur l’île perdue ils vont apprendre à écouter le vent, à lire les nuages, à lutter contre le froid, à oublier les morsures des moustiques. Là-bas personne pour juger, la solitude est généreuse à celui qui sait lui faire confiance

La générosité ce n’est pas donner ce que l’on a, la générosité c’est donner ce que l’on est.

La linaigrette, fleur polaire mystérieuse.

La linaigrette, fleur polaire mystérieuse.

Elisa c'est faite adoptée par la meute

Elisa c'est faite adoptée par la meute

Une maman qui contrôle la situation!

Une maman qui contrôle la situation!

Julien, qui l'hiver chasse en traineau avec une meute de plus de 25 chiens

Julien, qui l'hiver chasse en traineau avec une meute de plus de 25 chiens

Niviarsiaq dépêche AFP

13 août 2015
A 5h de mer au nord d'Ilulissat

A 5h de mer au nord d'Ilulissat

PARIS, 12 août 2015 (AFP) – Ils s’appellent Elisa, Juliette, Rémi et Tximista. La benjamine a 13 ans et l’aîné 23 ans. Ces quatre jeunes « abîmés par la vie » s’envolent cette semaine vers l’Arctique pour une robinsonnade sur une île déserte du Groenland.

Ils doivent cette escapade dans les hautes latitudes à Frank Bruno, 50 ans, créateur et animateur de l’association « Bout de vie ».

« Cette expédition baptisée Niviarsiak (nom inuit de cette fleur violette emblème du Groenland, NDLR) est un retour, loin des téléréalités truquées, aux vraies valeurs de la vie », a expliqué à l’AFP celui qui, amputé d’une jambe à 18 ans alors qu’il servait sur le porte-avions Foch au large du Liban en guerre, conjure depuis son infortune en mettant sa rage de vivre au service des malmenés de la vie.

Elisa, 13 ans, a été amputée d’un tibia à 3 ans, après un accident. Rémi, 23 ans, est né avec un seul membre inférieur. Juliette, 17 ans et Tximista, 20 ans, ont vécu des expériences traumatiques dans un entourage perturbé.

L’expression « abîmés par la vie » appartient à Frank Bruno.

« Après la perte de ma jambe, écrasée sous le train d’atterrissage d’un chasseur Crusader sur le pont du Foch, j’ai cru que ma vie était foutue », se souvient Frank Bruno. « Le mot espoir était sorti de mon vocabulaire. Mais c’est lorsque j’ai cessé de ne penser qu’à ma petite personne, que j’ai réalisé que j’avais des centaines de compagnons handicapés comme moi, amputés d’un bras, d’une jambe, et qui eux aussi avaient perdu espoir, que j’ai créé +Bout de Vie+ ».

Frank Bruno est devenu une figure dans le monde du handicap. On ne compte plus ses performances et aventures, seul ou avec des compagnons d’infortune, sur terre et mer, à pied, à ski, à la rame, du Groenland à la Géorgie du Sud, des fonds marins corses à la banquise du Pôle nord ou sur les sommets de la cordillère des Andes… sur une jambe.

– Une île inhabitée au pays de Nanoq –

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La +robinsonnade+ des quatre jeunes aventuriers débutera la semaine prochaine sur la côte occidentale du Groenland, au Nord de la baie de Disko, sur l’île inhabitée Arve Prinsens, ou Alluttoq en langue inuit.

Battue par les vents de la mer de Baffin, couverte en partie de permafrost pendant l’été polaire au jour permanent, cette île au pays de Nanoq (ours polaire en inuit) abrita un temps un petit camp de pêcheurs aujourd’hui désaffecté.

Elisa, Juliette, Rémi et Tximista, accompagné par Frank, qui dressera sa tente au large du tipi collectif des quatre jeunes, « pour leur laisser le maximum d’autonomie », vont vivre à la dure et au froid pendant trois semaines.

Coupés du reste du monde, sans moyen de communication avec l’extérieur, ils vont être confrontés à un décor sauvage et inconnu qui va mettre à l’épreuve leur volonté et leur esprit d’entraide.

« Ils sont volontaires, impatients et enthousiastes », assure Frank Bruno, dont l’objectif est de faire acquérir à ses protégés des « images de référence ancrées sur des valeurs humaines universelles qui les accompagneront sur le difficile chemin de la vie ».

« L’important est de ne jamais boiter dans sa tête…! », lance-t-il avec un sourire.