Sommet

22 juillet 2017

Camp des victoires

21 juillet 2017

Nuit blanche

20 juillet 2017

 

 

Encore une nuit blanche, sous toutes ses formes ! Le vent fut glacial, la tente m’a paru si fragile mais pourtant elle a tenu le coup. Les rafales, une fois de plus, ont permis au nomade de refaire sa vie, de penser le monde. L’insomnie a la faculté de nous permettre d’entrevoir les rêves et de revisiter le passé. Régulièrement, je vérifiais les ancrages de mon abri, toutes les pierres de la plage ont muré mon refuge de toile. De belles bourrasques de neige rendait la nuit moins sinistre.

Au petit matin, Eole semblait fatigué de secouer le pauvre unijambiste emmitouflé dans son épais sac de couchage. Le côté positif des choses était que le monticule de glace qui pointe dans notre prochaine destination a diminué sans pour autant avoir disparu, et surtout la cambuse n’est plus en mode ration de guerre, la mascotte a repris des couleurs ! Qu’il est difficile de s’extirper d’un bon coin chaud pour enfiler ses habits froids et humides. Vous allez croire que je me plains si ça continue, mais je ne changerai pour rien au monde ma place. Le village semble complètement endormi, seules les explosions de gros icebergs brisent la quiétude de ce village du bout du monde.

Ce matin, je dois trouver un coin pour faire regonfler les deux pneus de mon chariot qui me permet de sortir Immaqa des zones de marnage. La mission s’annonce comique. Ici quasiment personne ne parle anglais et mon niveau de groenlandais est au même niveau qu’est le dialogue entre un chien d’aveugle et un sourd et muet ! A la maison communale, il y a un compresseur, mais voilà, il est là, fait du bruit quand on le branche mais aucun air n’en sort ! Je ne me dégonfle pas pour autant, il doit bien y avoir un coin pour prendre un peu d’air. Là bas au bout de la piste en terre, je vois un engin qui déplace des caisses de flétans, la Royal Greenland qui possède ce comptoir doit bien pouvoir me dépanner. Une porte bien calfeutrée me dit que derrière il doit y avoir du monde. Les mains congelées, je lâche mes deux pneus pour toquer, on me répond ! Devinez en quoi, mais en Groenlandais !!! Pas de souci, mes deux roues à la main avec du « pshittt quajanaq » leur font comprendre mes besoins. Tranquillement, mes deux eskimos, sans blouson s’il vous plait, me mènent jusqu’à un énorme container où finalement nous trouvons la pression juste. Une histoire qui ne manque pas d’air.

Puis c’est le moment de penser aux jours à venir, il me faut certes composer mes repas mais aussi le carburant pour cuisiner tout ça. Au niveau gaz, je pense être bon pour encore 3 semaines, en faisant très attention. Mais par précaution, j’ai aussi au fond du kayak un réchaud à essence, et plutôt que de jouer avec le feu, 4 litres de carburant vont nous alourdir tout en sachant qu’au niveau combustible on est prêt à être bloqué. Sur les rives de la mer de Baffin, il est facile de trouver du bois flotté alors qu’au milieu des fjords, cela reste très aléatoire. Le feu de camp est le summum du bivouac, on y cuisine sans restriction et on peut bruler ses déchets…

Vers midi, le soleil refait une apparition, l’intérieur de la tente se réchauffe, les affaires vont enfin sécher. Demain nous reprenons la route, l’équipe est prête…

PS : La mascotte hésite entre gâteau au chocolat et biscuit au citron, et entre chocolat noir et chocolat aux amandes ! Je me demande de qui elle peut tenir ça, sacré Jo Zef !

Village du bout du monde

19 juillet 2017

Saqqaq m’accueille depuis hier. Le froid, la pluie et surtout le vent fort d’est ne me donnent pas envie de retourner au « combat ». Alors, c’est le moment de prendre le temps de penser un peu à moi. Mes affaires lavées, recousues, le kayak observé sous toutes ses parties, je tente de m’imprégner du lieu où mon bivouac est dressé. Ces villages du bout du monde me fascinent, m’interrogent. Comment vivre là à l’année ? Quelle sacrée épreuve  si on n’y est pas né. Aucun moyen de communiquer entre eux à part le bateau l’été, suivant l’encombrement par les glaces et sinon en hiver en chiens de traineau. Ce mode de vie est complètement inconcevable pour nous les habitants des latitudes clémentes. La supérette en été, n’est livrée que par un petit bateau qui est la navette hebdomadaire pour tout fournir. Ce matin, il n’y a déjà plus de fruits qui viennent de si loin. Pour une pomme, un abricot le voyage est long pour finir dans l’étal de Saqqaq. Des cargos livrent Ilulissat, qui ensuite redistribue ce « butin », mais faut il que la mer soit libre de glace, que les tempêtes polaires ne mettent en avarie ces marins boréaux, seul lien possible avec le Danemark.

150 âmes vivent là, dans un silence incroyable. Tout le monde parle tranquillement sans faire de bruit, la rigueur du pays a rendu les gens silencieux. En hiver, quand le blizzard assaille le chasseur, il sait très bien que même s’il hurle personne ne l’entendra, alors il faut être attentif, sans en rajouter. Nous, pauvres latins avons beaucoup à apprendre d’eux ! Les maisons sont multicolores, trace du passage des danois, des marques sociales qui n’existent plus de nos jours. Avant, de loin, on savait que les rouges étaient celles  des pêcheurs, les bleues des notables etc etc. Mais ce que je remarque, c’est le nombre de maisons abandonnées. Les villes attirent les jeunes, même ici l’urbain semble un éden.  Ilulissat, l’une des plus grandes villes de la côte nord-ouest, avec ses 4500 habitants fait figure de mégapole où il y a l’eau courante, pas besoin de stocker la glace dans des bidons bleus pour avoir de l’eau. Aux toilettes de la ville on tire la chasse, dans les villages, c’est dans des sacs que l’on se soulage, puis ils sont ramassés par l’employé communal qui en est chargé. Mais la ville, c’est aussi la perte d’identité, la déconnection avec ses racines, mais la mondialisation est un ver qui ronge les pommes même les plus sauvages… Ici en quelques heures, les visages me sont devenus familiers, je me sens privilégié d’y être arrivé sur la pointe de la pagaie….

Ce soir le vent est violent, la pluie se transforme souvent en neige, au fond de ma petite tente jaune qui vibre aux rafales qui nous enveloppent, je suis de manière éphémère un habitant de Saqqaq…

Groenland 2017 : Expédition Kiffanngisssuesq

19 juillet 2017

Saqqaq

19 juillet 2017

Une nuit ventilée mais j’en ai pris mon parti, le lieu est tellement beau, comment lui en vouloir? Une plage de sable blanc de plusieurs kilomètres et personne, personne, personne… Ce matin, l’ouest a compris que ses blagues ne me  faisaient plus rire alors l’est était déjà en place, au moins je sais à quelle sauce on va être mangé ! Passé le cap de mon abri, un mur de glace m’oblige à zigzaguer, la prudence est le mot clé de ce mauvais passage  saupoudré de courants violents et contraires, bien sûr. Le soleil est enfin au rendez-vous ce qui donne presque un air estival, à l’abri du vent il fait un bon 9°, la canicule. Je vise une petite île qui coupe un peu la longue traversée qui se présente à l’étrave d’Immaqa, 6km c’est vraiment peu mais avec 1nd de courant et un bon 15nds de vent cela fait une moyenne de vieux retraité clopinant. Mais je prends mon mal en patience cela fait au moins 125km que le vent est contraire, alors pourquoi changer. Le soleil est juste dans le cap que je dois prendre et je n’arrive pas du tout à deviner l’île. La carte et le GPS remplacent mes yeux éblouis. Au bout de 2h de galère, mais de bonne humeur, enfin une tache blanche de sable semble apparaître, serait ce « mon » île ?Là aussi, un mur de glace me demande la plus grande prudence pour ne pas éperonner Immaqa, mais là bas sur l’île, quelque  chose se passe. Il me semble voir du monde, la folie du solitaire serait-elle à mes côtés ? J’accélère le rythme pour découvrir un homme qui me surveille aux jumelles. Le kayak réceptionné par cet inconnu, je lui lance le « aluu » de service et lui me répond, bonjour en français !!! Là je suis sur le cul, pardon mais je crois que ce sont les seuls mots qui me sont venus ! Devant moi, Jeff et Hélène les « proprios » de cette île perdue au bout du pôle. J’ai du mal à y croire. Il m’aide à sécuriser Immaqa et devant un café chaud, une tartine de beurre confiture et une autre beurre salami, à l’abri du vent, il me raconte son bout de vie. Depuis 34 ans, il visite chaque été le Groenland, il a bossé comme guide sur Ata et connait très bien la baie de Disko pour avoir guidé quelques touristes égarés en kayak. Sur cette île plate, il a 4 cabanes de 2m² chacune, composées de palettes et de bois flottant, un endroit surréaliste… Pendant 3h nous papotons, je prends des notes, ils me donnent des coins de bivouacs, des places nickels pour un solitaire et son kayak… Quelle rencontre, je sais même maintenant le nom de la dame enterrée à Ata : Trine Christiansen…

Mais voilà, un nomade reprend toujours son chemin surtout quand le large l’appelle. Cap à l’est vers le village de Saqqaq, le vent et le courant sont contraires, décidément ce sera jusqu’au bout. Enfin le village et sa palette pastelle de maisons colorées, est à notre étrave. Dans un coin au loin sur une pierre plate à côté de leur embarcation, 2 hommes semblent affairés. Je crois avoir compris. Mes coups de pagaies se font plus forts, plus puissants, je ne voudrais pas arriver après qu’ils soient partis. Aluu ; Ils me répondent à peine, leur tâche est sérieuse, ils dépècent un beau phoque gras. Par chance, une pierre propice au débarquement me permet de me poser à 3 m d’eux, Immaqa flotte dans un bain de sang. Je leur baragouine si je peux avoir un bout de viande, dans un sac en plastique me voilà avec un bon kilo de bavette. Ils refusent de me faire payer et retournent à leur histoire. Cela me touche profondément. Ici, la vie est rude, on ne s’embarrasse pas de question, la vie polaire va à l’essentiel. Un homme en kayak qui semble arriver de loin passe, on lui donne de quoi manger. D’où il vient, pourquoi il le fait, ça ce sont des questions des hommes d’en bas où tout est facile.

Mon sachet de protéines est fixé à la proue d’Immaqa sur le pont, il ne me reste plus qu’à trouver le bon coin que m’a indiqué Jeff pour monter le camp. La maison rose, le séchoir à poissons, c’est bon, j’ai trouvé l’endroit protégé pour Immaqa et son équipage. Il est déjà tard, mais je suis heureux de cette incroyable belle journée. Au loin un couple vient sur moi, je comprends au premier coup d’œil que ce ne sont pas des locaux. Ils me saluent en anglais, on cause un peu. C’est un groupe de danois qui séjourne dans la maison rouge à deux pas d’ici. Ils me questionnent  sur mon parcours… Mais j’ai une mission, douche et ravitaillement, la mascotte trépigne ! Mais voilà, devant le magasin un panneau écrit en groenlandais me laisse entrevoir qu’il ne sera ouvert que demain à 9h, Jo Zef s’est évanoui !!! Pas de souci, la douche publique est ouverte, à moi le décrassage. Encore un coup du hasard, un magnifique ciseau de coiffeur est posé proprement dans un coin de la salle de bain. Habitué au cheveu rasé, là depuis un moment j’ai la gratouille dans le bonnet, je me transforme avec beaucoup de patience en coiffeur polaire ! Me voilà enfin propre, je laisse mon nom et prénom sur la liste d’attente pour la machine communale à laver le linge, demain à 9h20 ça va faire du jus. De retour à la tente, ce soir ce sera phoque et riz, mais une surprise nous attend. Un petit mouchoir blanc savamment mis dans un coin de l’abside attire mon attention, deux petits pains moelleux… Nos voisins danois nous ont fait ce beau cadeau. Je vais les remercier, ils me proposent même une double prise électrique pour charger tous mes gadgets électroniques. Vue sur les glaçons qui pètent fort ce soir, des tranches de phoques rissolent dans ma poêle, de l’eau ne cesse de s’accumuler dans ma bouche.

Demain du vent fort est annoncé, ce sera une journée repos et rencontres…
PS : Jo Zef veut dormir devant la supérette pour ne pas louper l’ouverture, sacré mascotte !

A contre courant

17 juillet 2017
 

Interview radio France Bleu lundi 17 juillet 2017

17 juillet 2017

Un vent de fraicheur souffle sur RCFM…Frank Bruno Officiel en ligne depuis le Groenland !

Publié par France Bleu RCFM sur lundi 17 juillet 2017

Tempête

16 juillet 2017
 

Camp Niviarsiaq

15 juillet 2017