Mardi 20 décembre 2005 – Pluie incessante et vent faible !

20 décembre 2005

Un peu comme dans un cauchemard on se déplace à pas de fourmi, la pluie rend la cellule comme une étuve puisqu’elle est fermée, mais comme tout cauchemard il doit bien y avoir une fin.

A quand l’arrivée ? Cela parait du lointain, très lointain, mais on y arrivera ! Promi ! Alors pour l’instant on en bave comme des galériens, jours et nuits on rame pour enfin trouver ce fameux vent portant qui n’arrive jamais. Si quelqu’un a une conbine avec Eole : qu’il nous le fasse savoir. Mademoiselle « L' » est toujours là, heureusement sinon avec le gris et l’humidité de partout même la tête se ramolie…

Lundi 19 décembre – 110 nautiques en 10 jours

19 décembre 2005

Pas mal le score ! On vous promet un 110 nautiques en 24 heures !!!
La nuit fut torrentielle : des tonnes d’eau toute la nuit, donc obligés de dormir tout fermé style jacuzzi sans les massages. Dommage qu’on ne puisse pas éviter les odeurs : c’est du « Sauvage »…

Finalement, ce matin le vent est tombé et nous avons repris le bouleau à deux puis vers onze heures chacun son tour. Alors que je me defoulais sur mes avirons, des dorades coryphénes sont venues nous rendre visite accompagnées de leur copines : les balistes cochons.

Nous tenons à présenter nos excuses à Catherine Chabeau et Maud Fontenoy car lors de notre dernier entretien téléphonique en direct de St-Gervais nous avons dit que nous avions rejeté une dorade car elle nous avait fait peine. Cette dernière a fini dans la poêle et j’espère qu’il n’en déplaira pas à nos sponsors : Knorr expedition, Voyager et Petit Navire qui restent des produits succulents mais il faut avouer que les produit frais c’est pas mal non plus. J’allai oublié, c’est Dumé qui a peché et retiré les filets, comme un vrai pécheur de morue Islandais.

A propos de nos bobos tout va pour le mieux les plaies cicatrisent, les brûlures s’attenuent et pour les mains et les fesses : du « Béton armé ». Le vent tourne dans le bon sens donc le moral est au beau fixe… Au niveau des « people pote à Jo Zef », mademoiselle « L' » est toujours présente et de plus en plus près alors que « Napadelice » s’est barré lors des vents contraires pour nous faire venir son cousin « Napalemoral » qui s’est barré pour laissé la place à un futur cousin lointain « takavenir ». Ca esquinte l’éloignement ? Si, si ! Vous venez de le penser !!!

Dimanche 18 décembre – Dimanche en famille

18 décembre 2005

Je vous rassure le vent est toujours contraire (mort de rire…). La nuit dernière, nous avons reculé de 11 nautiques, comme programme il y a plus sympa mais c’est plus cher…

Hier nous avons été les invités, par téléphone bien sûr, de la station de ski de Saint Gervais ?! Pour l’ouverture hivernale ils avaient invité des grands navigateurs et « trices », Catherine Chabeau, Maud Fontenoy, Emmanuel Coindre…

Une situation tout à fait bizarre d’être tellement isolé du reste du monde et de se retrouver en quelques secondes à la rencontre de centaines de spectateurs. A la fin de mon speech, le public qui applaudi massivement, et vive les nouvelles technologies !

Hier en fin d’après midi, le vent fraîchit de nouveau pile poil dans le nez alors : ancre flottante ! Et on pense à nous : toilette, rasage et buanderie, c’était pas du luxe ! Jo Zef, lui, s’est planqué pour éviter la savonnette. C’est après le dîner que je vous écrit ces quelques mots :

Rameur parti la bas dans le néant
Amputés, estropiés voulant jouaient navigateurs d’océan
Ils ramèrent, ramèrent sans arrêter
Rien ne sert l’arrêt il faut avancer
Avancer pour arriver, avancer pour ne pas sombrer
Dans ce gouffre qu’est le vide de vos rêves oubliés
Avancer vers sa destiné et retrouver l’être aimé
Ramer, ramer, toujours avancer
Si parfois nuit rime avec folie
Ils partirent ramer pour leur « Bout de vie »

Samedi 17 décembre – Le soleil revient

17 décembre 2005

Merci à tous, le soleil revient dans nos tâches d’ombre et de doute, un message reçu hier nous a bouleversé et remis sur le chemin de la paix pour poursuivre notre croisade.

Etre femme amputée ne doit pas être facile tous les jours, mais perdre un enfant et encore un autre fardeau que seul la personne l’ayant porté peut savoir. Merci madame de votre lumière et de cet émouvant témoignage, ce journal de bord, n’est jamais émis à titre personnel, mais exponentiellement, on vous le dédie.

Parmi le néant qu’est cet océan, l’esprit part dans cet endroit que l’on ne soupçonnait pas. Parfois il fait peur et tout peut dégringoler, pourtant je pense c’est tout simplement désencroûter notre âme de ce que notre société a voulu nous coller et se retrouver seul face à soi même vous provoque une panique incroyable.

Souvent je me pose la question sur cette aventure en me disant que je n’y ai pas ma place pourtant cette petite voie interne me pousse et m’encourage dans ce pélerinage qu’est la traversée d’un océan par le travers de son coeur. 23 ans en arrière, quand j’ai eu la jambe droite broyée je ne savais pas pourquoi, maintenant je sais.

PS : « merci Anna »

Vendredi 16 décembre 2005 – Encore du vent contraire

16 décembre 2005

Alors que nous avancions tant bien que mal avec un vent de travers un gros grain nous a rincé et le vent a tourné pile poil dans le sens ou on devait aller. La météo ne l’avait pas du tout prévu !

Rebelote, nuit d’enfer, à l’intérieur on se fait séverement malmené par une mer dure et hachée. On essaie de garder le moral en positivant. A demain car même écrire un mail est difficile…

Jeudi 15 décembre 2005 – C’est quand qu’on va où ?

15 décembre 2005

Rien de bien nouveau le vent a décidé qu’il ne serait pas docile alors on Raaaaaame en force. Le soleil et le crachin se partagent nos postes de quart. Heureusement que mademoiselle « L' » et Napadelice nous sourient et nous soutiennent. Aujourd’hui ils vont vous présenter leurs copains :

Plusieurs fois par jour des bancs de dorades corifènes accompagnées de balistes cochons se groupent sous notre embarcation, Napadelice biensûr est le maître des lieux. Puis d’un seul coup tous repartent dans les profondeurs.

Dans les airs c’est pareil, de temps en temps quelques puffins cendrés viennent nous survoler mais comme nous ne sommes pas comestibles ils repartent pour voler au dessus de la houle incessante. Ce sont ces mêmes oiseaux que je cotoie aux îles Lavezzi qui pendant la période hivernale se rendent aux îles Malouines. Ils viennent ici nous apporter leur passion pour les longs voyages.

Pour finir, nous avons les éternels compagnons du marin : les dauphins, qui se tiennent pour l’instant à distance. A demain pour d’autres histoires…

Mercredi 14 décembre 2005 – Deuxième semaine

14 décembre 2005

Ca y est on est reparti ! Le vent a repris dans la bonne direction, il commencait à nous manquer. On retient notre souffle en espérant le garder constant jusqu’a l’arrivé. Pour ceux qui sont déjà à Antigua : reservez nous une grosse corbeille de fruits exotiques et « una Cervessa fria ».

Et si on parlait de la vie à bord ! Le bateau est très basique mais efficace. Deux batteries au gel alimentées par deux panneaux solaires nous permettent d’utiliser un désalinisateur de 5 litres heures. Le téléphone satelitaire fourni par notre partenaire « Monaco telecom » que je salue nous permet d’envoyer des emails et de contacter nos proches. Nous avons aussi deux lecteurs MP3 pour les quarts un peu long et un recepteur BLU pour capter RFI.

Mademoiselle « L' », le poisson pilote Napadelice, Jo Zef et nous mêmes vous saluons.

Mardi 13 décembre 2005 – Et de treize !

13 décembre 2005

Eole nous boude un peu et le peu de brise qu’il y a n’est pas exactement dans le bon sens, tanpis ! Hier un grain avec un vent fraichissant nous a obligé à mettre une ancre flottante afin de moins reculer. C’est là que nous nous sommes aperçus que des dizaines de dorades nous entourent, mes yeux petillent : à midi au lieu de plats lyophilisés nous aurons du poisson frais au menu.

Le leurre était déjà monté depuis belle lurette : à peine l’ai-je lancé par dessus bord qu’une insouciante vient s’y ferrer. Voilà le tour et joué, filet de dorade revenu à la poêle. On avance pas alors on se soigne. Amputés, amputées, la vie est comme cette traversée, contents ou pas contents, il faut avancer. Alors tais-toi et RAMES !

Lundi 12 décembre 2005 – On se remet de notre secouage

12 décembre 2005

Finalement le chaudron dans lequel on se trouvait s’est éteint mais d’après nos infos satellite la troupe du nord a souffert plus que nous. Nous sommes heureux d’avoir pris l’option sud, beaucoup n’ont pas compris mais maintenant nous en récupérons les bénéfices.

Ce matin, le vent est faible mais encore contraire, ça devrait tourner et nous repartirons de plus belle : attention les amputés arrivent gonflés à bloc !

Jo Zef qui a beaucoup de connaissances nous a donné un scoop : le petit poisson pilote qui nous suit depuis un sacré moment lui a dévoilé son nom : Napadelice !

Dimanche 11 décembre 2005 – Pétrel que Jo Zef a surnommé « L' »

11 décembre 2005

Je t’ai nommé « L' »
car sans aile tu perds ta liberté
car sans aile je ne peux espérer
Peur de te perdre car sans L larme devient arme
Peur de te perdre car sans L la mer devient amer
Aile de liberté tu tournoies sans t’arrêter
Pauvre rameur aux mains meurtries gestes d’automate inanimé
Peur de confondre aime et la haine
Je reviendrais pour t’aimer car je ne peux vivre sans elle

Hier l’océan était comme une table et Dumé s’est immergé pour nettoyer les quelques algues qui s’étaient collées à la coque et surprise : il découvre un nouveau copain, un petit poisson pilote qui nous suit…

Jo Zef ne nous a pas encore présenté mais ca ne saurait tardé. La bande de la yole de « Bout de vie » s’agrandie. Et dire qu’on avait peur d’être seul !