Un temps pour moi avec emoi sans toi ni toit…

29 juin 2012
un bivouac apaisant et récupérateur...

un bivouac apaisant et récupérateur...

Un grand ciel bleu me réveille ce matin, la température semble douce, je sors de mon long sommeil réparateur. Le vent de Nord est virulent mais ma petite plage est un havre de paix protégée de ce blizzard tumultueux. Les suceurs de sang sont punis, ils n’osent pas quitter leur planque pour tenter une ponction corsée. Nu comme un vers je prends enfin du soleil, celui qui régénère, celui qui rentre au fond de mon âme. La forêt entre deux rafales m’offre un opéra privé, un concert plumeux ! Je m’affaire doucement, le premier boulot est de sortir tous les sacs étanches et d’assécher Immaqa. Hier des minis murs d’eau se sont abattus sur nous et il a besoin qu’on s’en occupe. Je retrie ma nourriture chargée à la hâte à Lulea, je recale tout minutieusement pour gagner une incroyable place, les affaires doivent être facilement et rapidement accessibles. Je dois mémoriser où tout est fourré. De temps à autre je m’assois, je tends l’oreille, le golfe de Botnie ronronne, il faut que j’apprenne sa langue, je ne connais que le méditerranéen et si je veux cohabiter en toute sérénité il faut savoir échanger. Les quatre sacs étanches sont bien répartis, pendant ce temps j’ai mis la marmite à chauffer de l’eau et j’ai une bassine pliante complète de douche tiède. Je me rase, le soleil me chauffe les épaules, je me remets encore une coupelle d’eau sur la nuque, je respire à plein poumons ces moments de grâce. Je ne regrette pas les 50km d’hier, une longue journée mais quelle récompense aujourd’hui. Je ne regrette pas l’énergie que j’ai mis dans ce projet, j’y suis de plein pied, pas à pas je réalise mon rêve. La fatigue des journées précédentes envolées, je commence à connaître les effets secondaires de tel efforts, le soir je deviens négatif, tout me manque…
Comme je connais cette réaction, je me presse pour aller dormir car le lendemain, les démons se sont envolés. A midi c’est un festin, grillade de saucisses, pennes en sauce et un demi-litre de yaourt à la myrtille, ce sera toujours ça de moins à porter. J’ai encore quelques fantaisies
pour deux jours puis j’attaquerais le régime lyophilisé. Jo Zef commence déjà à protester. Affaires lavées, corps récuré, sacs organisés, je suis enfin prêt. Dans ces moments de plénitude je repense aux périodes difficiles de ma vie, où j’ai failli d’un cheveu ne pas m’en sortir, où le gouffre semblait me barrer la route, en vérité c’était une sorte de panneau indicateur pour me faire changer de route et vivre intensément le moment présent. Stockholm est là bas au sud, vous encore plus bas, ma Véro encore plus loin, pourtant malgré l’absence physique de vous tous je sens vos âmes, vos vibrations, je sais que la vraie solitude c’est
quand plus personne ne pense à vous.  Comme dirait Jo Zef une vie sans vibration c’est comme une crêpe sans confiture !!!
A pluche !

La plage aux romantiques…

27 juin 2012
un lieu imprégné de ma Vrai...

un lieu encore imprégné de ma Vrai...

48h que je suis arrivé à Lulea, mais le voyage est loin d’être fini, alors, c’est décidé je pars. Je n’avais pas fait attention quand j’avais posé mon bivouac en bordure du fleuve Lule, la personne à qui je demandais l’autorisation de camper, m’avait dit que la chapelle était ouverte tous les jours ?! Seul à être sous tente je comprenais mais un peu tard que j’étais dans un centre protestant pour jeunes. La prêtresse venait à ma rencontre et me présentait à ses élèves, il passait trois semaines dans ce camp pour une sorte de communion. Hier un à un ils sont venus me voir et m’ont posé des tas de questions sur mon mode de vie. Ils m’ont même aidé à porter mon kayak sur la grève. Ce matin malgré la pluie, le vent et un petit 9° je suis prêt. Hier ils m’avaient demandé à quelle heure était prévue mon départ… à ma grande surprise, malgré le crachin il n’en manquait pas un. La prêtresse entonne un chant puis une prière, ils me saluent très chaleureusement, je suis touché au plus profond de mon âme. Pour rentrer dans le sujet immédiatement un grain s’abat sur moi, des trombes d’eau et des rafales d’une violence inouïe.
Immaqa est chargé à bloque, je pars pour 50 jours de mer et les embardés que provoque les vagues me font faire des soucis. Mais c’est mal connaître mon kayak, malgré les 100kg de charge il répond merveilleusement bien. La descente du fleuve me vaut un vent de travers,
je me demande si je ne vais pas arrêter ma journée. La carte m’indique que je dois virer à tribord, l’enfer sur l’eau, je pars dans tous les sens les vagues par deux fois me passe par dessus la tête. J’ai la boule au ventre mais je ne peux plus rien y faire je dois traverser. J’ai
réussi ! Je beach Immaqa et me remets de ces deux premières heures incroyables. Un café me réchauffe et je reprends la mer. 12h l’heure du casse croute, mes fatigues dues au vélo sont déjà bien loin et je me sens bien, je vais pousser encore un peu, le vent est dans la bonne
direction sauf dans quelques baies que je traverse, j’avance bien. 14H30 je suis devant le bivouac que j’avais prévu, mais une idée germe, continuons. 17h je bifurque l’île par son bâbord encore 8 km et j’arrive. Où ? Mais à la plage aux romantiques !!! 19h 08 je suis sur
son sable, je n’ai pas de voix, un phoque semble attendri par mon émoi, il y a un an avec Véro nous avions passé plusieurs jours dans ce repaire d’amoureux, cela valait bien ces 11heures de kayak. Pour une entrée en matière je ne pouvais rêver mieux !!! Le moral est au beau fixe et je
dédicace cette journée à la puissance de l’amour. Demain repos, pour organiser le kayak et faciliter mes journées, qui ne sont qu’au commencement.
A pluche !

Pedalage en image…

26 juin 2012

Juste une petite séquence sans prétention qui vous mettra in-situ… Passage en péninsule de Nordkinn, deuxième jour…

Un unijambiste et une mascotte à Luleå…

25 juin 2012
La solitude, confidente du voyageur...

La solitude, confidente du voyageur...

La routine du matin, déjeuner, plier bagage préparer la nourriture du jour et reprendre le vélo. Yan mon hôte me surveillait, il est venu me saluer. Peut-être à l’année prochaine ! La route est en travaux donc je retrouve le bon vieux gravier. J’essaie de me dissuader de ne pas arriver à Lulea ce soir, trop loin, trop usant, puis le bout de voie rapide à gérer, non c’est sur, pas ce soir, je ne vais pas faire 140km avec 45 kilo de charge en une journée !!!. Je pédale en ne pensant qu’à l’heure en cours, dans 60’ pose café, puis une autre pose biscuits salés … Je me fixe des lieux dits, des ponts de rivière, j’ai 70km avant d’arriver en bordure du golfe de Botnie. Le vent de face ne m’a pas oublié, ouf, j’avais peur qu’il me laisse seul ! 5heures de pédalage pour voir de très loin la mer, allez, je pousse encore un peu plus loin. Je m’arrête je suis cuit et surtout je n’ai pas encore englouti mes nouilles chinoises. Sur la voie rapide difficile de trouver un coin calme, alors je me contente d’un trou qui doit servir de dépotoir ! Entre deux canettes de bières écrasées et des reste d’emballage je mange et me fait manger par des moustiques. Remarquez, c’est l’heure du casse croute pour tout le monde ! J’essaie de m’imaginer : un clochard !!! Elle est déjà bien loin derrière la terre saame… Je reprends mon vélo, 6h effectives de routes plus ou moins 7h30 que je suis parti. Je dépasse le taux syndical et pousse un peu plus loin. De toute façon ce n’est pas sur les bords de cette nationale que je vais trouver mon coin du soir… Alors je continue, 100km, mes fesses me font de plus en plus souffrir, mais je m’évade, je pars dans le pays des rêves et la souffrance se fait oublier, mes jambes elles sont au top. 110km au compteur, un panneau indique : Lulea 30km ! Allez, je tiens ferme je continue. Je ris, je me concentre, je pars en sanglot, dis donc c’est que le passé pédale avec moi !!! Encore 10, je pédale pour les jeunes de bout de vie, leurs visages me brouillent la vue… Allez Frank ne t’arrête pas là, t’es un lâche ou quoi ! Je sais que je vais y arriver ! Lulea!!!  J’y suis, 141km pour conclure l’étape 2. Que de beaux paysages, de personnages attachant croisés. 950 km pour traverser en totalité la terre saame version nord-sud. Je ne suis pas trop fatigué mais le manque de confort de ma selle m’a un poil gâché mes derniers kilomètres. Plan B je vais en changer ou lui mettre une housse en gel ! Eh na !!!

Un peu courbaturé la mascotte s’est extirpée du sac étanche pour se demander dans quoi nous allons nous lancer ces jours suivants ! Chut et rendors-toi…

Je tiens à vous remercier pour vos soutiens, ça fait chaud au cœur. Merci beaucoupsssssssssssssss.  Pour les pôtes de Tseusier ne soyez pas à Crans j’arrive. A Crans-Montana bien sûr… Je sais c’est plus fort que moi… Taïko banzaï, Jo Zef arrive!!! Heu c’est pas pour de suite quand même…                                                                                                                                                              Une petite dépression est en train de glisser sur l’Est de la Scandinavie ce qui va me laisser un peu de répit jusqu’à mercredi pour prendre la mer…Yakakayaker !!!

A pluche.

De vieilles nasses à saumon

De vieilles nasses à saumon

Des paysages qui ne me lasseront jamais... Assis toi et aime...

Des paysages qui ne me lasseront jamais... Assis toi et aime...

La cabane rouge…

24 juin 2012

Habitude lapone, certainement, il a plu toute la nuit ! Ce qui procure encore plus une sensation de cocon au fond du duvet sous la tente.
L’habitude se précise pour démonter le camp et démarrer la journée. Dés 7h30 me voilà déjà en selle. Le vent prend une composante Sud juste là où je me dirige. Bien qu’ayant parcouru cette route l’année dernière en voiture je suis désagréablement surpris des « bosses » qui m’attendent. Des côtes qui n’en finissent plus et le vent qui se renforce faisant de moi un véritable escargot du bitume. Mes premières quatre heures sont une torture. J’essaie de ne pas y penser, de ne pas faire de calcul de moyenne, mais la machine à cogiter, m’amène dans les ténèbres des pensées négatives. Je maudits les quelques voitures qui me doublent, déteste les motards, rouspète après les camions. Jo Zef a failli être débarqué !!! Pour la pause déjeuné je suis au bord d’un mini lac, un nid à moustiques et malgré le fraîchissement du suroit je suis agressé. Je me camoufle dans ma parka. Le soleil est enfin en action et l’envie de m’allonger me titille. Je m’enferme dans ma veste et me laisse caresser par ce soleil, certes timide mais cajolant. Je sombre dans un profond sommeil, pendant une micro sieste de 15’ qui me redonne une patate incroyable. Je reprends la route, un gros orage, me pleure dessus, peu importe malgré les coups de boutoir du zef, j’avance. Le coin est désert et seuls quelques hameaux croisent mon chemin.

6h légale de pédalage soit 8h00 d’errance depuis que j’ai levé le camp. Je décide de continuer, puis la route me rappelle la cabane rouge ! On s’y était arrêté l’été dernier, on avait cassé la croute au bord d’un fleuve… si je retrouve le coin j’y dresserai le camp. Jo Zef sort la tête du sac étanche, il siffle, il saute en marche !!! Ouais la mascotte, c’est bien là !!! Le vent est toujours violent, tant mieux les moustiques se tiendront à carreaux. Je hume le lieu, me remémore les bons moments passés là avec Véro. Une cabane rouge abandonnée en bordure du cours d’eau. Je monte la tente et pars me laver dans la rivière. Je m’immerge en partie et laisse mes jambes se régenter dans cette eau issue de la fonte des neiges. Je cueille des pissenlits, de la rhubarbe sauvage et m’active à faire sécher mes affaires. Un homme me rend visite, le propriétaire. Il m’autorise le bivouac, il me demande quelle est ma route, je m’informe sur sa kotta. Ses parents y ont grandi, elle est centenaire. Abandonnée depuis plusieurs années il n’a plus le temps de s’en occuper. Yan me laisse ses coordonnées, moi les miennes. En 2002 il avait fait le tour de la Corse et se souvient parfaitement de Bonifacio.
Ce soir au menu, pissenlits assaisonnés avec une boite d’harengs à l’huile et deux œufs durs, soupe de poisson norvégienne et compote de rhubarbe. Elle est pas belle la vie ! 97km quand même !!!
A pluche !

quel havre de paix...

quel havre de paix...

Vaelkommen in Suède !

22 juin 2012

Quelle nuit mes amis d’un trait jusqu’à 6h, chose rare chez moi ! Un p’tit coup de téléphone à ma princesse et on file en cuisine pour le petit déjeuner. Aie, aie, du saumon fumé, des coulis de baies rouges et de la charcuterie en série. Hep, là ! Alors la mascotte on planque sa
boite en plastique derrière son dos. Bouh, c’est pas beau ça, confisqué!!! La panse tendue je reprends mon pédalage mais je savais bien que j’allais payer cash la journée d’hier et ma goinfrerie ! Peu importe  ce qui est pris n’est plus à prendre ! La première heure est un calvaire mon genou gauche décide de faire du zèle et mes fesses se sont syndiquées aussi au LDR (Les Douleurs Reviennent). Je sais que c’est temporaire alors je profite du paysage, je m’évade, je scrute la forêt. Vers 12h je passe finalement la frontière pour me retrouver en Suède. Depuis mon départ  c’est la première fois que je sens les rayons du soleil, quel bonheur ! J’ôte mes couches et pédale légèrement malgré un corps qui dit stoppe. Au 70éme kilomètre je découvre sur ma gauche une magnifique rivière, et si c’était l’heure de monter le camp ! En bordure de ce puissant cours d’eau je suis émerveillé du lieu, au loin une ferme. Je laisse mon vélo pour demander l’autorisation. Un homme est en train de décharger son tracteur, je l’interpelle. Il me dit que si je veux je peux mais qu’il y a un coin encore plus joli. Il laisse tout tomber et m’amène sur le terrain de son père. Le paradis sur terre, un calme apaisant et un peu plus en aval des chutes tumultueuses. Max est agriculteur, il n’est pas très loquace comme tout les scandinaves mais sa gentillesse m’a énormément touché. Il enfourche son vélo et me souhaite une bonne soirée. Dans une eau polaire je dérouille mes jambes et essaie d’éteindre le feu de mes fesses. Allez Jo, souffle, plus fort !!! Heureux comme un papillon je vous envoie plein d’énergie positive de cette région qui me plait de plus en plus.
Pensée Athapascan qui correspond bien à l’ambiance des gens d’ici : « Si tu ne fais pas le silence ta langue te rendra sourd. »
A pluche !

un petit coin de paradis quelque part en Suède...

un petit coin de paradis quelque part en Suède...

Un jour dingue, dingue, dingue!!!

21 juin 2012

Copyright: La mascotte!

Copyright: La mascotte!

Une bonne nuit abritée de la pluie et du vent, des affaires sèches, « yakapedaler ». La grand-mère saame tente la conversation mais là, avec toute la volonté du monde je ne comprends absolument rien ! Il me semble avoir identifié que ce sera une journée sans pluie ! Je vous le confirme je ne comprends rien à cette langue ! Dés mon premier kilomètre elle vient me rendre visite, la pluie pas la mamie ! Puisque je suis en forme, la route perd son bitume pour laisser place à une terre bien boueuse. Le faux plat montant n’en finit plus, ma moyenne en prend un sacré coup mais le moral lui est au beau fixe. Si ça monte, forcément à un moment ou à un autre ça va descendre ! Le vent prend de la force, la pluie ne veut rien lâcher et moi je pédale. Je ne sais plus qui disait il n’y a pas de mauvais temps il n’y a que mauvais habits et les miens sont fantastiques. (Un grand remerciement à la société ODLO de m’avoir offert ces tenues.) La route choisie traverse une forêt immense et souvent le vent ne peut s’y engouffrer. Personne, absolument personne, une sensation d’être seul au monde. La température ne dépasse pas les 6° mais mes efforts ne me font pas souffrir du froid. Chaque heure précise, un stop pipi casse croute. Pour éviter les problèmes d’articulations je bois beaucoup surtout pendant l’heure qui précède mon départ, plus d’un litre et chaque demi-heure une grosse gorgée. Je suis précis comme un valaisan, mais je sais que c’est le prix à payer si je veux arriver en bonne état de mon long périple. Dés que je pose le pied à terre mon compteur s’arrête donc quand je parle d’heure c’est sur uniquement du pédalage. Après 4h d’action, arrêt déjeuner mais le froid ne me permet pas de rester trop longtemps, mon thermos hydrate mes nouilles chinoises et je reprends la route. 57éme kilomètres je retrouve enfin l’asphalte, mes bras et mon dos sont brisés menus menus… j’espère que la mascotte ne s’est pas chopée une « dingote aigüe ». Il est là le faux plat descendant, de plus le vent violent me pousse, 28 de moyenne avec une charge de 40kilos sur le vélo, c’est que ça motive l’unijambiste. Je rejoins une nationale qui glisse vers la grande ville de Rovaniemi plus au sud, je serre les fesses, car les gros camions qui alimentent le grand nord me frôlent. Je passe la station de ski de Levi, chaque année une manche de la coupe du monde du ski alpin s’y déroule. Des grandes forêts boréales je me retrouve dans un village inesthétique de béton. Soudain la mascotte sort la tête du sac étanche, elle m’indique les fast-foods, les hôtels avec SPA, certainement des crêperies de renoms. Je continue à pédaler. Elle saute du sac tente de freiner le vélo mais je suis têtu j’avance, elle me double se jette au milieu de la route en feignant des spasmes de tachycardies, je déjoue son subterfuge et la remets sans concession dans son poste de voyage. Les gens se retournent à notre passage comme si j’avais enfermé un loup enragé !!!                                                                     90éme kilomètres on met le clignotant à gauche, route de nouveau paisible, mais plus aucune rivière, ni même de lac. Je n’ai de l’eau que pour ce soir mais pas pour demain alors je poursuis. 100 km toujours rien, 110, 120, 125éme kilomètre nous arrivons au lieu dit  d’Ylläsjarvi devant un beau lac immense, le vent est violent et la pluie redouble d’intensité, c’est décidé c’est là que le camp sera monté. Un couple de retraité en vélo s’approche de moi, je redoute l’interdiction de camper. Hi, je m’appelle Martti. D’où venez-vous avec votre barda ? Je lui explique mon voyage, il me raconte le sien. Cet ancien patron pécheur de hareng a le jour de sa retraite traversé la Finlande Nord-sud en vélo et a écrit un livre en 2010 sur son parcours. Il me demande de le suivre !!! Nous attaquons une côte sévère pour arriver devant un palace qui a l’air fermé. Effectivement l’établissement est clos mais arrive le big boss. Mon nouvel ami lui explique mon parcours et je me retrouve au dernier étage d’un hôtel fermé dans une suite !!! Comme j’ai l’air affamé, je suis invité à diner avec le personnel. Je peux vous dire que la file d’hamburger que j’ai engloutis a impressionné tout le monde…  Vous avez dit aventure !!! La mascotte a daigné sortir du sac étanche mais en voyant la chambre elle est tombée subitement dans les pommes !!! 126km en 7h25 effective de vélo, quelle journée…

A pluche

Un nouveau voyage commence…

20 juin 2012

la nature a revêti son manteau de pluie

la nature a revêtu son manteau de pluie

Pokka, Finlande, à 550km au sud de Mehamn et à 450km au nord de Luléa. Température de 7° pluie fine et blizzard faible. Je suis dans une cabane comme je les aime, perdu au milieu de nulle part avec le confort minimum, un lit, une cuisinière et un vieux poêle à bois pour sécher le passant en pèlerinage ! Depuis ce matin je roule sous la pluie, mais le cœur  léger, hier la rencontre de Gilles Elkaim m’’a rempli de bonheur, il est rare de rencontrer des personnes qui partagent ma vision de vie.
Au fil des kilomètres je me remémore la tête des jeunes qui nous écoutaient comme si nous nous étions préparés longtemps en avance. Cette vie est rude mais elle donne l’essentiel ; le gout de l’effort de chaque instant est une sorte de lecture d’un vieux parchemin qui renfermerait les secrets des plus profonds. Nous sommes rugueux, rustiques pourtant une sincère envie de partage nous habite. Je n’ai pas été tendre avec Robin et Nicolas, je ne pouvais pas laisser des actes et façons de faire qui me paraissaient hors sujet. Ce matin je suis parti bien avant eux d’Inari et je me demande bien ce qu’ils pouvaient penser du fada qui démontait sa tente malgré la pluie et le froid. Quelques dizaines de bornes plus tard ils me rattrapaient et je devinais en leurs yeux toute la détresse de gamins punis de suivre le grand méchant loup !

Iphone calé sur les genoux pour pouvoir facebooké au moindre réseau, musique « jeuns », ils tentaient l’approche. Mauvais moment pour eux j’étais entrain de fredonner mes vieux airs corses. Je souriais, ils me répondaient par un sourire un poil tendu. Au moment d’un arrêt, ils se soulageaient : Frank ce soir on rentre à Luléa, le GPS a perdu ses repères et nous demande de faire demi-tour, c’est qu’après demain on a l’avion ! Vous inquiétez pas les gars, on est sur la bonne route mais c’est un chemin de traverse qui évite les grands axes trop fréquentés
par les « campigariste » en quête d’aventure « komalamaison » ! VotreGPS, il n’est pas fait pour ça, regardez la carte et vous serez rassuré.
A la pose du déjeuner sous la pluie fine, je les sens joyeux de nouveau de savoir qu’ils seront en ville avec tout ce qui va avec !!! Je me résigne, je ne dis plus rien, mais quel dommage, être au milieu d’un endroit aussi beau et devoir le fuir par manque de virtuel, par addiction du net. Je joue le jeu et plaisante avec eux, nos mondes ne peuvent que s’effleurer.

Au 96éme kilomètres, je stoppe, et demande à Nicolas s’il ne veut pas pédaler avec ma machine. Tout heureux il part sous la pluie faire les 14 derniers kilomètres avant mon arrêt. Je
trouve une cabane n’ayant plus d’âge et essaie de faire comprendre à une vieille dame saame mon désir de dormir ici ce soir. Les jeunes me donnent un coup de main à m’installer et reprenne la route. Leur voyage fini le mien commence.
J’espère de tout cœur que cette initiation leur apportera quelque chose de positif dans leur avenir et que mes coups de gueules teinteront par moment dans leurs têtes pour leur rappeler que seul le présent est un cadeau.

Rencontre de Gilles Elkaim…

19 juin 2012

Rencontre improbable avec Gilles Elkaim...

Rencontre improbable avec Gilles Elkaim et son compagnon d'aventure l'illustre Pouchok...

Aujourd’hui sera une journée de récupération pour mes petites « guiboles ». Je tente un coup de poker, une visite au camp Arktika créé par Gilles Elkaim. Cet aventurier fût le premier homme à réaliser la traversée de l’Arctique eurasien sans moyens motorisés Expédition ARKTIKA, du cap Nord au détroit de Béring 12 000 km, 4 ans en solo, en traîneau à chiens et kayak. L’année dernière avec Véro nous avions eu le bonheur de passer plusieurs jours dans ce petit paradis finnois. Gilles a posé à quelques kilomètres d’Inari, son sac pour regrouper une cinquantaine de chiens sibériens autour d’un lac et accueillir quelques passionnés d’aventure polaire. Une yourte et deux cabanes pour une vie différente… Nous empruntons une route en terre mais j’ai prévenu les jeunes qu’il y aura peu de chance de croiser Gilles, peut-être nous y verrons Gladys son assistante ! Tiens, tiens une voiture de location immatriculée en France ? Les chiens hurlent dés que nous descendons du camion, je pars en repérage. Le camp semble vide, soudain je croise le regard d’une jeune fille :                                                  Désolé de vous déranger, je cherche Gladys. Elle est partie la journée ! Tant pis, dites lui que je suis passé. Attendez, je vais appeler Gilles !!! Depuis longtemps nous nous connaissons que par nos livres respectifs, nous avons tous les deux été récompensés par la Guilde européenne du raid, mais jamais physiquement nous nous étions croisés. Nous sommes surpris, émus, ravi de ce face à face. Je fais signe aux jeunes de venir nous rejoindre. Deux jeunes assistantes en formation vétérinaire nous rejoignent. Les deux vieux loups solitaires avec de la relève éventuelle. Sans se concerter nous faisons une sorte de colloque sur le dépassement de soi. Une jeune fille ose se plaindre que la vie au camp est dur et que personne ne la félicite de son travail, ce matin j’ai remis une couche au jeunes sur le respect de soi et des règles de vie en groupe. Avec Gilles nous sommes complices comme si l’on avait préparé notre débat depuis bien longtemps. Le silence est et doit être la récompense, anticiper, prévoir, apprendre. Si nous avons réussi nos entreprises c’est que nous sommes intransigeants avec nous même, donc très exigeanst avec ceux qui veulent être initiés. Le dialogue me plait. Les filles invitent les garçons, à rencontrer les chiens, Gilles m’amène dans sa cabane pour un thé… Nous sommes heureux d’être ensembles, nos vies bien que différentes comportent beaucoup de similitudes… Nous parlons de nos présents mais aussi des lendemains… Gilles vient de restructurer un bateau en aluminium pour naviguer dans le grand Nord, actuellement amarré à la Rochelle, il prendra la mer dés que possible pour rejoindre avant juillet la côte Est du Groenland. « Pourquoi pas » amener des jeunes amputés sur les traces de Charcot… Notre hôte a du boulot, demain il reprendra la route pour rejoindre son bateau. Avec gentillesse il nous prête un canoë pour aller découvrir les lacs environnants… Je croiserai aussi avec joie Gladys…

Le hasard n’existe pas j’en suis convaincu…

Deux aventures qui se croisent...

Deux aventures qui se croisent...

En bordure du lac Inari…

18 juin 2012
Aprés un sauna on ne craint plus rien...

Après un sauna on ne craint plus rien...

Nuit en plein milieu de la toundra, pluie qui martèle la toile et  vent en stéréo. 5h45 réveil, allumage du feu, la routine du nomade errant. La bas au loin des rennes et la steppe à perte de vue. Reprendre la route pour une petite journée de pédalage. En effet aujourd’hui seulement 73km. Nous nous arrêterons à Inari sur les bords du lac qui porte le même nom. Les jeunes chausseront de nouveau leurs baskets pour une dizaine de bornes à tour de rôle. De mon côté je pédale, mais je suis tracassé. Bien qu’ayant repris ma vieille prothèse mon genou, partie amputée, a pris du volume avec deux poches de sang, mais le plus suspect c’est que mon genou gauche, valide, me fait aussi des siennes ! Je sais que cela se résoudra par un réglage des clips de mes cales pieds, alors je vais bricoler. Pas de gros soucis, juste du bidouillage pour ne plus souffrir. Finalement sous un beau soleil nous montons nos tentes au  bord du plus grand lac de terre *saame. En région polaire le sauna est une tradition, un partage, une histoire de famille, alors pour fêter ce 400éme kilomètre, nous nous adonnons à ses bienfaits. Pour revenir sur la journée, le paysage change doucement par une lente progression de la flore. Le lichen, laisse place aux bouleaux nains, puis ils grandissent, les épinettes rejoignent la forêt boréale. Les pins prennent de la hauteur, mêmes les rennes sont plus grands et portent de plus grands bois… Les grands lacs bordent la route, mes pensées s’envolent, une cabane au bord de l’un d’eux, un canoë, Véro qui récolte des myrtilles… Chiche pour le prochain été !!!

*Ce peuple, qui s’est établi là il y a 10 000 ans a été évangélisé. Les premières églises de la région furent construites au XIIème par les Norvégiens, mais l’évangélisation ne fut achevée que des centaines d’années plus tard, au  XVIIIème siècle et les croyances animistes traditionnelles existent toujours de nos jours. Les envahisseurs les ont nommé lapons alors que leur vrai nom est saame.