Le clip de l’ascension du Mont Blanc par les 3 Monts…
13 septembre 2019Du Groenland au Mont Blanc il n’y a qu’un pas!
3 septembre 2019Un pas entre le Groenland et le Mont-Blanc…
2h du matin, le ciel est dégagé, les orages ont heureusement cessé, sous la voûte céleste des fourmis se préparent à s’approcher un peu plus des étoiles. Fred mon guide fait parti du fameux groupe PGHM de Chamonix, sa grande expérience me rassure sur mon choix, une fois de plus dingue, de gravir le Mont-Blanc. Il y a quelques jours j’étais encore au Groenland avec une prothèse qui me blessait, là, je suis au pied d’un géant de glace qui se moque bien de ma différence et des mes petites tracasseries. La priorité de cette longue journée sera la légèreté du sac à porter, il devra être minime mais complet. Nos baudriers ne seront ôtés que ce soir, la longe sera plus au moins courte suivant la dangerosité du terrain. Mon binôme ouvre la route, le glacier des Cosmiques me rappelle le pays de Nanoq, mais ici, il y a l’altitude en plus. Une équipe de 4 personnes nous accompagne, le silence nous envahit, chacun est dans sa bulle, dans son histoire. Le chef de cordée de l’autre groupe vient à ma hauteur, ma préparation l’a interpellé, ma différence aussi. En quelques pas il me raconte l’histoire de sa sœur paraplégique depuis l’âge de 15 ans, ses silences m’en disent plus que de longs discours.
Le terrain prend du dénivelé, le premier danger va nous tester. Sous un sérac nous devons nous faufiler, des géants de glace prêts à tomber nous jugent, nous observent, nous analysent, ouf, ils nous ont laissés passer sans le moindre accroc. Puis c’est ma première difficulté, il faut franchir un mur de glace de 4mts de haut. Crampons aux pieds et un seul piolet, il me faut beaucoup de concentration et de force pour passer. Fred me met au pied du mur de glace : Là-haut ce sera beaucoup plus long et difficile. Mon sang se glace, c’est normal me diriez-vous, il est 3h du matin et nous sommes à 4000mts d’altitude ! Pour avancer il me faut trouver mon rythme sans aucune pensée parasite, mes gestes doivent être eux aussi au plus simple tout en étant efficaces. Devant moi un homme que je considère comme un géant de l’alpinisme, je me sens « gauche », médiocre, perdu, nul à vomir ! Nous doublons une cordée de deux gars qui semblent en difficulté, cela me booste un peu, je me sens moins nul, puis une deuxième, tous feront demi-tour. Je réalise que maintenant nous sommes seuls devant. La nuit est juste magique, le froid n’est pas si terrible que ça, bien que la température soit négative, je pense que mes escapades polaires m’ont aguerri. Nous y voilà ! La paroi nous stoppe, il faut trouver la bonne voie. Je sens Fred très concentré, il doit réaliser que son binôme doit avoir le signe astrologique lorrain de « quiche » ! Il m’explique ma tache, les broches à glace à récupérer, la manière de planter le piolet et de me hisser avec mes deux mains, de cramponner violemment la paroi pour être en appui… L’ascension se corse, aurait dit Pascal Paoli ! Fred part en tête, la cordée de 4 arrive, nous nous cachons dans une crevasse, des pluies de glaces semblent vouloir nous lapider d’être là. Ça y est, il est arrivé au premier relais, c’est à moi. Le froid, en attendant la fixation de la ligne, a commencé un travail de sape, mes mains qui ont déjà gelé au Groenland me rappellent à leur bon souvenir. Je m’élance, j’ai la boule au ventre, je sais que je dois tout donner et encore plus pour passer. Mes chaussures n’ont pas de semelles rigides, le choix d’avoir du léger pour ne pas blesser mon moignon a sacrifié du confort pour grimper, je redoute de perdre le crampon côté prothèse. Au premier mètre, une pluie de glace me secoue, mon casque évite le pire mais un impact sur le visage me fait craindre la grosse blessure. Le sang coule jusque dans ma bouche, mais je suis lucide, cela doit être une simple égratignure. Je progresse, je m’accroche, je me sens si nul, je râle à n’en plus finir. Soudain la prise de mon piolet cède, je glisse, je suis dans le vide maintenu que par un bout de ficelle à plus de 4000mts d’altitude. Fred me sécurise, mais je sais que je dois vite réagir, reprendre mes esprits et surtout quitter cette paroi infernale. Soudain je découvre pourquoi j’ai décroché ! Mon crampon droit n’est plus en place sur mon pied en carbone. Oh bordel, je ne vais quand même pas rajouter mon nom à liste des disparus en montagne. Sur une patte et avec un seul piolet j’atteins un piton rocheux pour me refaire une santé, mes mains sont gelées, je sais que ça va aller mais dès que le sang va revenir je vais morfler. Comme par miracle Medhi, le chef de cordée du quatuor que nous avons doublé, arrive sous moi. Instinct de survie, solidarité, il me propose de me caler pour me refixer le crampon… Esprit de montagne où les hommes s’unissent pour moins mourir. Fred est arrivé enfin au col du mont Maudit, il me reste 40mts de paroi à gravir, en dessous les lumières des lampes frontales de mes 4 coéquipiers semblent minuscules. Dans un effort surhumain, j’arrive au col, le petit jour pointe le bout de son nez, mon binôme me félicite, de mon côté j’en ai envie de vomir tellement j’ai forcé. Nous faisons un break, la cordée de 4 arrive, tout le monde est éprouvé mais fier d’être passé. Le sang revient dans mes doigts, j’ai l’impression qu’ils vont exploser, mais je me souviens de mes expériences hospitalières passées, je vais minimiser ce moment. Nous reprenons la route par une longue traversée au travers d’un glacier très pentu, bien sûr nous sommes toujours encordés, bien sûr la vigilance reste toujours accrue. Le soleil vient enfin au rendez-vous, il nous inonde, nous rassure, nous réchauffe, la journée ne fait que commencer alors que cela fait déjà 5h que nous grimpons. Puis là, devant nous, le tronçon pour atteindre le dôme du Mont-Blanc. Le piolet est rangé, les bâtons vont être mes jambes supplémentaires. Il y a 30 cm de poudreuse et par ce côté-là, très peu fréquenté, le passage n’est pas damé. Un pas devient vite à cette altitude, un vrai exploit. Il va falloir gravir encore 410mts de dénivelé, je ne pense qu’à l’instant présent. Fred ouvre la route, je le vois aussi souvent trébucher dans la poudreuse, de mon côté c’est une fois sur deux. Mon souffle est saccadé, mais ce qui me rassure c’est que mon moignon ne me fait absolument pas souffrir. La cordée de Medhi et Thom sont devant, eux aussi avance doucement mais ils prennent un peu d’avance, je me sens diminué, mon esprit de compétiteur me mine mais je dois rester dans cet instant présent si important. Comme j’aime le dire aux sportifs de haut niveau que je croise régulièrement ou militaires de haut vol, il faut mettre le cerveau sur le côté et avancer sans gémir et trembler… 9h05, je pose enfin la prothèse au sommet du Mont Blanc, la brume nous envahit en même temps que je reprends mon souffle. Mutuellement nous nous félicitons, chacun est fier de son Bout de vie. En même moment que nous déployions la bannière « CimAlp Bout de vie » Mehdi et Thom avec leur binôme, s’afférent sur leurs parapentes ultra-lights pour s’envoler vers la vallée. Je savoure ce moment de grâce, de libération. Fred me filme, l’émotion m’emporte, les blessures du passées semblent couler par mes yeux pour s’envoler vers les cieux où reposes mes années noires. J’appelle ma chérie, c’est pour la deuxième couche…
Comme par miracle la brume s’évapore, le monde des fourmis du bas nous apparaît, cet instant est magique, sublime. Nos copains de cordées s’envolent comme des farfadets des neiges, avec leurs voiles ils seront en bas dans ½ heure. Quant à nous, il faut reprendre la route par la voie du Goûter. L’arête se dévoile devant nous, cette partie du Mont Blanc est très fréquentée, à chaque croisement, après le salut d’usage multi-langue, il faut être prudent pour ne pas être happé par le vide. Chaque pas nous délivre du manque d’oxygène, mais aussi de ce moment de privilège. Nous atteignons la cabane du Vallot, sans trop s’arrêter d’ailleurs. Le pain noir et la viande séchée sont les bienvenus cela fait déjà 10h que nous marchons. Les couches, aussi diminues. Finalement nous passons au dessus du refuge du Goûter qui ressemble plus à un vaisseau spatial, qu’à un refuge de montagne. Paradoxe de la solitude des cimes, il faut s’y prendre 6 mois à l’avance pour avoir le droit de s’y reposer quelques heures ! Au bout de l’arête nous atteignons une plateforme pour enfin enlever nos crampons, mais un autre piège nous ouvre ses bras, le pierrier du Goûter, soit environ 600mts de dénivelé dans un amas minéral qui refroidirait n’importe qui, parole de tête brûlée boiteuse. Les crampons sont pliés, rangés, ma prothèse semble s’envoler, bien qu’elle ne me fasse pas mal du tout. Par une échelle de 5 barreaux je pars en premier, le vide et les chutes de pierres se disputent la place du méchant de service. Un câble en acier inoxydable sécurise le parcours, bien que nous soyons toujours encordés. Au fil des minutes, je m’adapte aux pierriers, nous doublons même des personnes, cela me rassure sur ma sensation d’être en mode enclume ! Sur notre tribord, oups, droite, il y a une sorte de vallon de cailloux, par moment sans crier gare, des blocs se détachent et s’envolent vers l’aval, dans un bruit funeste et lugubre. Au bout de 2h de descente sans encombre, il nous faut traverser ce « maudit » vallon. Dans son job de sauveteur en haute montagne Fred à beaucoup ramasser de morts ici. Ce coupe-gorge doit être traversé à vive allure. Par sécurité, je ressors les bâtons, prend un grand souffle et m’élance à fond sur ce piège à rats. Ces 40mts de traversée, je les ai survolé sans penser à quoi que ce soit, juste : objectif passer au plus vite et sans boiter !
Nous y voilà, les dangers sont presque derrières, mais tant que nous ne serons pas dans la vallée, il me faut être vigilant et concentré. Au pied d’un glacier, j’ai envie de vérifier mon moignon, qui pour l’instant a bien résisté. Comme j’aime le faire en région polaire, je vais me servir de l’eau de fonte pour me laver un peu. Waouh quel bonheur, cela vaut toutes les salles de bains du monde. Frais comme un jeune chamois, je peux reprendre la route. Encore un immense dénivelé nous attend, je crois que c’est le refrain de toutes les hautes routes. Bien que mon moignon ne soit absolument pas blessé, des douleurs fantômes me donnent du fil à retordre. Mais je ne suis pas là pour me plaindre, pour gémir, alors mes bâtons me soulagent pour essayer de ne pas louper le dernier train pour la vallée. Une ribambelle de chamois squatte le sentier sans s’inquiéter pour autant, la montagne, ici est minérale, hostile, tueuse. Je n’ose même pas l’imaginer sous l’orage. Finalement la gare du petit train se dévoile, cela fait 14h40 que nous crapahutons dans le massif du Mont Blanc.
Une page est tournée, une belle aventure notée sur le calepin de ma vie d’aventurier à cloche pied.
Merci à l’équipe CimAlp d’avoir monté le projet. Merci Florian qui a pensé l’histoire, merci Marie la coordinatrice, merci Lionel le big Boss et merci à Fred Souchon d’avoir eu la patience et la maîtrise de m’avoir guidé dans cette magnifique aventure.
Vous êtes des milliers à suivre les aventures d’un cabochard boiteux et têtu, je vous en remercie du fond du cœur, vous êtes ma force. Un remerciement aussi à ma belle Niviarsiaq qui m’a beaucoup épaulé, soutenu, écouté, soigné…
Vive la vie…
A pluche comme dirait ma mascotte Jo Zef !
Mont Blanc jour J
29 août 2019Le sablier du temps qui passe ne cessera donc jamais ? Il y a une semaine je quittais ma terre d’adoption le Groenland, 7 jours après je me retrouve à quelques heures de l’ascension du Mont-Blanc. Entre temps j’ai changé de prothèse, je peux vous dire que je revis. Entre temps j’ai retrouvé mon amoureuse, trop brièvement à notre gout. Entre temps je me suis mis en mode « alpiniste » qui a le pas boiteux !
Quelques semaines, juste avant mon départ pour le Grand Nord,mon équipementier CimAlp me proposait l’ascension du Mont Blanc en même temps que la course mythique UTMB couru par leurs athlètes Laure et Florian. Comment refuser, comment ne pas être tenté par cette aventure. Bien-sur je sais que c’est une autoroute, 25000 personnes le grimpent par an, cela m’en donne le tournis.
Alors j’ai tenté d’oublier le silence du Groenland pour faire face à nos pauvres montagnes câblées, balafrées. La météo pas trop favorable, m’a offert quelques jours de rab pour récupérer et m’acclimater. Ce qui m’a permis de partir sur des chemins escarpés, pour savoir si mes plaies étaient bien refermées, si ma prothèse plan B pouvait supporter une telle ascension. La réponse est quasiment positive, ce sera du 90%, alors pourquoi se plaindre. Mais entre vous et moi j’ai dû surmonter bien plus qu’une pauvre boiterie.
En pratiquant une rando qui m’a fait prendre de l’altitude, j’ai emprunté un sentier balisé. Haut dessus de ma tête un vieux glacier paraissait mourir, je lui causais de la calotte du Groenland. Il m’a confié qu’il y a très très longtemps il en faisait partie lui aussi. Puis au-delà des 2500mts, les arbres se sont raréfiés, la toundra alpine m’a coupé la route. Sous mon pas de carbone je retrouvais avec joie des tapis de myrtilles, des champs de linaigrettes cotonneuses, des Niviarsiaq alpines, des camarines. Les marmottes avaient remplacées les phoques annelés mais hélas mille fois hélas le silence n’existait plus. Impossible de ne pas entendre une remontée mécanique, impossible de ne pas sursauter aux bruits des randonneurs qui ne savent pas se taire. Une immense tristesse m’envahissait, des larmes mes montaient aux yeux. Mes frères ne se rendaient plus compte du mal qu’ils semaient et à quel point ils s’étaient déconnectés de la Nature. Cependant je me reprenais, ma mâchoire se serrait, et mon pas m’emportait à mon objectif. Une colonie bruyante me suivait de prés, un caillou perchoir me tendait son promontoire pour une excuse café mais surtout pour les laisser passer… Au bout de 10’ je reprenais ma route, la langue du glacier devenait imposante, pourtant il me semblait l’entendre gémir. Le dénivelé s’intensifiait, la moraine imposait une marche plus précise, certains passages étaient sécurisés par des mains courantes toutes rouillées, témoignage du flux d’alpinistes fréquentant les lieux. Puis un homme au pas lent qui descendait, croisait mon chemin, son allure m’intriguait. Quel âge pouvait-il avoir ? Je lui laissais le passage, quant à ma hauteur, je lui offrais le bonjour d’usage en montagne. Son visage buriné par la vie alpine laissait deviner de longues courses engagées depuis bien longtemps. J’osais lui demander son âge. 4 fois vingt ans plus quatre ! Nous papotions tranquillement, quand je remarquais que ses chaussures montantes n’étaient pas bien lacées. Un peu gêné il me confiait qu’il n’était plus assez souple pour pouvoir le faire seul. Avec son autorisation, je posais genou à terre pour les lui refaire. Un grand sourire me remerciait, puis il me dit que j’étais vraiment différent. A mon tour je lui souriais en lui affirmant la chose et levais mon pantalon pour lui dévoiler ma différence. Ensemble nous nous mettions à rire en silence. Une belle poignée de main chaleureuse nous faisait reprendre nos chemins respectifs…
Cette rencontre m’a réconcilié avec les êtres humains, cette rencontre m’a redonné un peu de baume au cœur et du coup je voyais un peu moins les balafres que les alpes recevaient des hommes.
L’équipe CimAlp est aux petits soins pour moi, dans quelques heures je vais partir sur le toit de l’Europe, ce sera une ascension nocturne. Des mots s’envolent, des souvenirs vont se graver, des pas vont s’emboiter.
Partir vers les étoiles avant que le jour se lève, partir sous les étoiles avant que mon dernier jour n’arrive, partir avec les étoiles en emportant le sourire de l’être aimé, partir vers les étoiles en demandant aux esprits de la montagne d’être indulgent avec le fou boiteux mais libre comme le vent…
Vive la vie.
Takuss
Entre Kangerlussuaq et Copenhague..
23 août 2019Rédigé entre Kangerlussuaq et Copenhague.
La terre de Nanoq est dans le sillage de l’airbus d’Air Greenland, devant lui la fourmilière des gens qui courent, la nostalgie s’empare de mes émotions. L’été groenlandais est bien fini pour moi, c’est déjà inscrit au rayon souvenir. Pendant ces quelques semaines, j’ai eu le bonheur de vivre au pays du silence. En vrac des images me reviennent.
Je me souviens du banc au dessus de la cabane où avec Marie-Noëlle nous étions assis. De loin Steen nous avait vu, il s’en allait donner du phoque à ses chiens sur une petite ile à quelques encablures d’Oqaatsut. Mains dans les poches, sa démarche était au ralenti, comme tous ceux du village. Pourquoi accélérer le pas, ici le temps présent n’aime pas les gens pressés. J’aurai parié un bout de peau de baleine crue qu’il ne viendrait pas nous voir ! Eh bien non ! Avant d’attaquer la grimpette herbeuse, il s’arrêtait pour dessiner avec ses mains dans les nuages un grand cœur et venait s’asseoir à nos côtés tout en silence. Pas un mot, à peine un regard, il était à portée de prothèse heureux d’être avec nous. A sa manière il voulait nous témoigner de son amitié sincère, de sa joie de me voir enfin accompagné.
De cet été je me souviens aussi, de ces bivouacs sauvages où toute la nuit phoques et baleines nous ont pratiquement empêché de dormir. Il nous semblait que la Terre nous appartenait.
Je me souviens aussi de ma nage polaire pour aller récupérer notre petit bateau qui c’était fait la belle au milieu de la baie. Je peux vous confier que je n’étais pas fier et que le grand Nanoq, certainement caché derrière un iceberg, devait bien rire de me voir nager en slip mais avec mon bonnet à pompon vissé sur ma calvitie.
Nous nous souviendrons, ma Niviarsiaq et moi, de la rencontre du voilier Lifesong, avec Emmanuelle et son mari Christophe, de leur marin Pierre et du tout petit matelot âgé à peine d’un an qui refusait d’échanger sa belle voiture contre un oursin ouvert. L’aquarelle est encadrée dans notre maison. Quant à la soirée pizza, j’avoue que j’ai un peu honte d’en avoir repris plusieurs fois, mais vraiment plusieurs fois !!! On va se revoir.
Je me souviens encore de mon émotion quand les 6 jeunes de l’aventure Niviarsiaq 2019 débarquaient sur le tarmac de l’aéroport d’Ilulissat et de mon émotion profonde quand ma chérie rentrait chez elle. Christian, le capitaine du drakkar et mécène du projet, prenait la place de Marie-Noëlle, enfin presque !!! (rire).
Je me souviens de la tête des jeunes quand il découvrait la rudesse du skipper de la Louise, je sentais au fond d’eux un grand désarroi. Puis ils comprenaient enfin le personnage et pouvaient se détourner de ses réflexions pas toujours adroites.
Je me souviendrais toujours quand je proposais une baignade polaire à toute l’équipe, il fallait voir leurs têtes. Mais ne sont-ils pas des guerriers, alors ils ont ôté leurs prothèses pour graver un sacré bout de vie. Ils ont compris la valeur du mot handicap. La personne handicapée est celle qui dit qu’elle ne peut pas faire les choses…
Je me souviens des satanés « écureuils polaires », ca c’est notre secret… Iceberg in bocca !
Je me souviens de leur départ, leurs larmes m’ont beaucoup touché, heureusement que « mes » belles baleines m’escortaient pour rentrer à la petite maison bleue qui me semblait bien vide.
Je me souviendrais aussi très très longtemps de cette maudite prothèse qui m’a labouré le moignon pendant tout ce temps. Encore un coup des qivitoqs. Et dire que pendant 10 jours avant le départ elle était juste parfaite !
Voilà l’été groenlandais est fini, je ne peux pas tout vous dévoiler. Je vais prendre le temps de lire vos commentaires et peut-être d’y répondre. Pour certains vous m’avez bien fait rire.
-Mais je n’en sais rien s’il y a moins de glace, cela ne fait que 12 ans que je vais au Groenland ! L’eau de mer était à 4° et dehors c’était caniculaire avec des pointes à 15°…-
Encore merci à vous tous, vous êtes sensationnels. Pour ceux qui ne le savent pas encore ma page FaceBook Frank Bruno Officiel est remplie de photos de cet été.
Ce week-end je vais me reposer avec ma chérie, pour rejoindre dès lundi la vallée de Chamonix et tenter l’ascension du Mont-Blanc mardi. Mon équipementier CimAlp (cliquez sur le lien) me l’a proposé, comment aurais-je pu refuser. Je serai muni de ma vieille et bonne prothèse la nouvelle va aller à la refonte et nous allons prendre le temps de m’en faire une sur mesure pour de prochaines aventures. N’est ce pas Angélique, Véronique et Ludo .
Les plans 2020 sont nés pendant cette période groenlandaise, je crois qu’il va y avoir encore du passage à la petite maison bleue du Groenland.
Takuss
Départ vers une nouvelle vie…
19 août 2019Un peu moins de 24heures que mes guerriers sont partis. La petite maison bleue est bien vide, seul le cri intempestif des chiens, le chant des baleines et quelques explosions d’icebergs me sortent du silence. Qu’il fût douloureux le départ. Sans aucun retard, leur vol est annoncé dans le minuscule aéroport d’Ilulissat. Les jeunes semblent sereins, puis Louane me prend dans ses bras, un timide sanglot et elle explose en larme, s’en suivra les autres. Moi le gros dur je me laisse emporter par l’émotion, j’en ai les yeux qui piquent. Ces 10 jours de baroude resteront gravés dans leurs cœurs dans leur âme, en moi aussi. Des jours intenses, que je n’avais encore jamais vécus de cette façon. La vie à bord fut magnifique malgré la rudesse et le manque de flexibilité de son skipper. Cela a resserré et unis les matelots en « toundra » ! Les escales furent magiques, sans jamais se ressembler, les ateliers furent tous des défis. Comment pourrais-je oublier leur tête, à ma proposition de baignade dans une eau à 4°. J’étais surpris de voir tout le monde se jeter à l’eau sans rechigner. Les randos pas toujours faciles aussi, furent des moments de défis intenses. L’apnée autour des icebergs donnait aussi une teinte d’aventure à la Cdt Cousteau. Je ne pourrais oublier les confidences de chacun, des histoires racontées cash, sans tabou, sans filtre. Mort, maladie, accident, trahison, tous m’ont confié leur bout de vie. Vivre cette expérience si loin de leur confort leur a apporter des clés pour leur futur. J’espère qu’ils ont pris en compte le privilège de vivre dans une opulence surdimensionnée, dans une routine qui nous fait oublier l’essentiel. Ils ont touché du doigt la rudesse des marins solitaires au long cours. La discipline à bord, a en quelques jours, démontrée ce que l’exploit demande en rigueur et protocole. Notre skipper n’a jamais lâché prise, il était toujours là pour les reprendre, les réprimander, les sermonner sur leur comportement d’enfants gâtés, même avec des bouts en moins.
Ces deux semaines ont été possibles aussi par un homme au grand cœur, qui a partagé cette exploration polaire. Lui l’homme d’affaire, mécène du projet a découvert plusieurs univers qu’il ne pouvait soupçonner. Les jeunes l’ont traité comme un pote de leur age, Thierry ne l’a jamais loupé et moi aussi d’ailleurs. Mais ses silences en disaient long, ses regards aussi. Hier à l’aéroport quand tout le monde avaient les yeux rouges je l’ai senti aussi très touché, très ému mais toujours dans la retenue.
Donc le voyage Niviarsiaq 2019 est bien fini, merci Christian, tu es et restera le grand capitaine du drakkar. Merci l’équipe CimAlp, la semaine prochaine on ira ensemble main dans la main au sommet du Mont Blanc, si et seulement si, les anges gardiens le voudront. Merci Nicolas d’Aqualung, à vie ils se sont souviendront de la puissance des icebergs qu’ils ont pu toucher et voir au dessous. Merci à vous de les avoir encouragés, ils vont prendre le temps de lire vos messages, cela va encore plus les boosters. Merci du fond du cœur.
Pour ma part il me reste encore quelques jours pour savourer la paix et le silence du grand nord, une occasion pour me reposer, débriefer et me souvenir de ses jours de mer incroyable. Zut je suis dérangé, je dois vous laisser, une baleine à bosse passe juste devant la maison.
Takuss…
Toujours plus haut…
18 août 2019La Louise est repartie cependant le voyage de mes protégés, continue. Le tipi sur la toundra a remplacé, les banettes de la goélette, mais l’ambiance est intacte. Ce matin au petit déjeuner je leur propose plusieurs activités, ils devront débattre. L’ascension de la petite montagne derrière la maison semble intéresser le groupe, sauf Louane qui chouine. Mais la décision est prise, nous allons tenter la grimpette. Je leur explique que par moment il faudra mettre les mains et que cela corsera le trek, tous ont pris conscience que cela ne sera pas simple. Pour les rassurer, ils savent que ma prothèse continue de me blesser et que je ne pourrais pas trop forcer. Nous voilà partis à pas lent, la toundra laisse place à des grosses dalles à franchir. Au bout d’une cinquantaine de minutes, je propose un arrêt café pour admirer le paysage grandiose. Puis nous reprenons la route. Les franchissements sont de plus en plus engagés, les béquilles et les bâtons sont hissés en premier il faudra s’aider de ses mains pour ceux qui en ont deux ! Une fois de plus, sans que je dise quoi que ce soit la marche est silencieuse. Finalement tout le monde passe facilement, Louane se surprend elle-même, elle y est arrivée. De là-haut le spectacle est fascinant, un immense iceberg tabulaire possède son propre lac d’un turquoise extraordinaire. Le vent s’en mêle, nous nous réfugions derrière une fracture rocheuse, face à nous l’océan arctique recouvert de glace à perte de vue, nous sommes sous le charme. A la fin du casse-croute l’équipe décide de façonner un cairn, à tour de rôle chacun apportera sa pierre…
A la redescente par la face sud, je sens beaucoup de joie, de fierté. Au soleil à l’abri du vent nous nous allongeons pour récupérer, tout le monde s’écroule pour une sieste bien méritée.
De retour à la maison c’est la basse marée, nous en profitons pour faire rapidement quelques courses. Moules et oursins…
Pendant que je prépare le diner un groupe de 5 baleines paressent en surface face au village, tout le monde va les voir. Au loin je les observe assis sur le banc à contempler ce spectacle unique. J’essaie d’imaginer ce qu’ils ont en tête, ce que ce voyage leur aura apporté…
A la fin du repas ce soir je leur demande de mettre un seul mot sur ce que ce voyage leur inspire. Pele-mele il s’est dit : unique, extra-ordinaire, à refaire, rigolade, partage, merveilleux…
Encore une bien belle journée au pays de Niviarsiaq et Nanoq…
Takuss
Hommage polaire…
17 août 2019
Il est 1 heure du matin dehors c’est un vrai temps polaire, brume et crachin, sur la Louise, nous sommes au chaud à coté du poêle à pétrole. La musique va bon train, nous dansons, nous chantons, quelle vie merveilleuse. Il est difficile de retranscrire ce qui est vécu, ce qui est ressenti ici. Les filles ont préparé un spectacle, nous sommes tous très attentifs. Sur une chanson entrainante, elles ont composé une série d’imitation de toute en chacun, nous sommes pliés de rire. Puis Louane et Lara ont préparé un discours. Le moment devient solennel, Louane se livre, des larmes coulent abondamment, elle ne trouve plus ses mots. Elle me remercie de la bousculer, de la remettre en question et de lui donner l’envie et la détermination pour avancer. Je ne dis rien mais mes yeux sont humides. Puis c’est au tour de Lara, rebelote et dix de der, elle est très émue… Quel beau cadeau.
Le Groenland est un monde hostile pour les sudistes et pour « survivre » il faut être uni. Nous sommes au total 10 à bord, 10 avec des histoires différentes, des drames, des joies, des réussites, des défaites, pourtant nous sommes sur la même longueur d’onde. Jusque tard dans la nuit nous profitons de ce moment de grâce…
8h 30 je bouscule les marmottes, j’entends des ronchonnements…Au petit déjeuner nous planifions la journée, mais un invité surprise nous pose un problème. Un fort courant de sud-ouest à rempli notre route de glace. La Louise est une habituée, mais en nous frayant un passage la moyenne va en prendre un coup. Les phoques semblent amusés par notre lenteur, les baleines nous saluent, tout le monde est attentif. A tour de rôle chacun aura son quart de barre, manœuvrer un voilier de 40 tonnes au milieu des glaces est une sacrée expérience. Finalement vers 13h nous retrouvons une route moins encombrée de growlers, mais la vigilance est nécessaire. Une bande de baleines nous offre un show incroyable, elles sont si prés qu’on pourrait les toucher. Puis nous reprenons la route… les sourires en disent long sur ces journées d’un autre temps. Le virtuel d’ici quelques jours va les reprendre, le robinet d’eau courante et l’électricité aussi et c’est bien dommage. Nous nous rendons plus compte à quel point le confort est devenu facile et envahissant. Mes réflexions par moment font grincer des dents certains, mais ici je ne peux laisser passer le surplus. A force de vivre en, mode baroude, mes sens ce sont ouvert, ce sont affutés. Je ne pique pas pour faire mal mais pour ouvrir de nouvelles réflexions.
Ce soir il bruine, mais les soleils sont dans leur cœur.
Takuss.
Kangia
16 août 2019Le mouillage était plus que parfait, la joie de vivre est le lien de la bande Bout de vie, encore une nuit paisible et sereine. Il parait qu’en bas dans le sud, il fait chaud, il y a du bruit, que l’eau est stockée en bouteille en plastique et que les plages sont noires de monde. Je suis certain que c’est une blague,ce n’est pas possible !
Nous reprenons la mer vers le sud, quelques bouilles moustachues nous espionnent, une baleine par ci, une autre par là. Au sud de vilains nuages arrivent droit sur nous, un détail de plus qui nous laisse indifférent. Nous filons vers le fjord de Kangia, le plus grand déversoir d’icebergs de l’hémisphère nord qui depuis 2004 est classé patrimoine de l’Unesco. Les baleines sont là, elles semblent nous attendre. Un spectacle qui nous laisse sans voix. La Louise coupe son moteur, seul le chant des baleines rien que pour nous. Elles semblent vouloir nous conter de vieilles et belles histoires du temps où les hommes n’existaient pas encore sur terre. Il est temps de reprendre la route pour contourner bien au large, les monstres d’icebergs. Vers 17h, nous trouvons le mouillage idéal, une autre baleine nous accueille. Juste entre vous et moi, je suis certain que cette croisière est guidée par des anges bienveillants. Le crachin rend la baie mystérieuse, le froid est saisissant, mais peu importe, nous allons débarquer pour explorer les hauteurs prisent dans la brume. Sans aucune consigne la marche est silencieuse. Nous voilà face au déversoir, c’est juste surréaliste. Chacun est face à cette immensité. Je sens beaucoup d’émotion,beaucoup de connexion. Les filles s’enlacent, pleurent certainement en douce, le moment est puissant. Soudain le grand frère que je suis leur demande de se retourner. J’ai envie de leur dire un « truc » : Ce moment il est à nous, rien qu’à nous. Ici on est ce que l’on doit être, c’est-à-dire pas grand-chose. On se moque de nos souffrances, parce que c’est elles qui nous on fait grandir. Ici on se moque d’une douche, d’un lit moelleux, d’un repas chaud. Ici tout reprend sa place car on est vivant et c’est ça qui compte. Quand, dans vos vies vous aurez encore des coups durs, vous vous souviendrez de ces jours passés ensemble où la Liberté nous a guidé, enseigné, nous étions devenus le vent, la glace, les nuages.
Nous reprenons la route, le silence est toujours là. Un peu plus bas par un autre passage, un amas de pierres attise ma curiosité. Entre les espaces, je devine un crâne. Cette sépulture nous glace, quelle sera son histoire, sa datation ?
Dans un trou de souris notre bon Dédé en annexe vient nous récupérer, ce soir surla Louise des femmes et des hommes libres savourent l’instant présent.
Takuss
Sous les icebergs…
15 août 2019 Drôle de nuit pour l’équipage de la Louise, du vent violent a secoué le bord toute la nuit. Quelques icebergs sont venus nous percuter violement, rendant l’ambiance vraiment impressionnante pour les plus jeunes. Au petit déjeuner, c’est le silence nous ne savons pas si nous prenons le large. Les bourrasques ont bloqué notre route de glace, il faudra y aller tout doucement. Le vent accentue la sensation de froid, le poêle au fuel réchauffe le carré, les sourires sont là mais personne ne dit rien. Au bout de 5heures de forcing, nous sortons de ce piège de glace, en un claquement de doigt le vent tombe. Le soleil nous inonde, encore un sacré bout de vie partagé.
Face à un torrent costaud nous mouillons, la manœuvre est délicate mais le
skipper connait son boulot. Une longue manche à eau est installée, il y aura de l’eau en abondance à bord. Le déjeuner aura lieu en milieu d’après midi mais vu que le soleil ne se couche jamais cela ne nous dérange pas plus que ça. Vers 16h,les sacs de plongée sont sortis , c’est le moment de tenter la balade sous-marine au milieu des icebergs. Tout le monde est motivé, mais très concentré. Le briefing est strict, l’improvisation n’a pas sa place. Sur une immense plage de galets, je vois mon équipe se mettre en maillot pour enfiler les combinaisons étanches un de mes rêves se réalise. Ma passion est la plongée, je rêvais de faire plonger quelques jeunes en mer polaire, comme dirait Bastien avec humour : c’est fait. A tour de rôle nous partons toucher ses mastodontes de glaces, par jeu certains monteront sur un glaçon plat, le rire nous empare… Vive la vie même avec un bout en moins.
Takuss
Seuls au monde
13 août 2019Si cette nuit fut salutaire nous la devons à cette petite crique bien protégée de ces mastodontes de glaces qui nous entourent.La sensation de solitude est immense,nous avons l’impression que le monde des «autres» a disparu.Le silence est indescriptible,les jeunes,accrocs de musique ont lâché leurs écouteurs pour s’imprégner de ce moment fantastique.Nous débarquons à terre pour chercher un promontoire,le passage sera compliqué,de là haut nous pouvons nous en faire une idée.J’ai embarqué une caméra,peut-être qu’un court métrage verra le jour, immaqa !Je filme le silence, la magie du Grand Nord est abstraite comment trouver le bon angle pour pouvoir le partager.Les jeunes le savent et l’ont compris, ce qu’ils vivent là ne sera jamais racontable, photos,films,texte, soirée au coin du feu, rien ne pourra donner ce qu’ils vivent au bout du monde.Sur notre colline minérale la langue de la calotte polaire apparait, à vol d’oiseau elle doit être à moins de 3000 mètres.Entre notre mouillage et elle de la glace à perte de vue, le passage semble compromis.Nous formons un cairn,chacun y mettra sa pierre, son histoire, ses blessures.Nous sommes si petits, si fragiles ici mais tellement unis.
Nous levons l’ancre pour tenter le passage.La Louise de ses 40 tonnes pousse la glace qui explose sous son poids,mais nous comprenons que la tache sera mission impossible.Je monte dans le nid de pie situé à 7 mètres du niveau du pont.Nous devons faire demi-tour,le bouchon de glace est infranchissable.A 2 nœuds,nous revenons sur nos pas,les plaques d’icebergs sont denses,le bruit dans les entrailles de la Louise est surréaliste,elle vibre de tous ses sens.Nous tentons le passage par la partie ouest de l’île moins exposée au flux de la glace.Le but serait de rejoindre la base de la calotte polaire.Malgré le froid,tout le monde est sur le pont,pas de blablas inutiles,pas de rire en trop,la petite bande bout de vie est subjugué par cette navigation chaotique.Mes pensées s’envolent à ma dernière expédition kayak en solo sur cette même côte dans les mêmes conditions.La souffrance et le froid étaient mes compagnes de baroude.Le soir quand je me refugiais sous ma tente dans mon sac de couchage,je rêvais de partager ces moments avec des personnes de mon association.Le rêve est en train de se réaliser.
On parle souvent de chercheurs en évoquant les régions sauvages polaires,
aujourd’hui à bord de la Louise ce ne sont pas des chercheurs mais plutôt des trouveurs qui s’ouvrent à une vie différente.Découvreurs de nouvelles limites,découvreurs d’un océan de possibilités.En rentrant chez eux ils enverront bouler ceux qui leur diront qu’ils sont courageux,que c’est formidable ce qu’ils font.En rentrant chez eux,ils auront dans leur sac de voyage des clés pour aller encore plus loin,encore plus haut,encore plus fort.De grâce,réveillez vous,ils vont revenir plus fort pour vous botter les fesses,ils ont compris qu’on en avait qu’une seule de vie…
Takuss