Vaelkommen in Suède !

22 juin 2012

Quelle nuit mes amis d’un trait jusqu’à 6h, chose rare chez moi ! Un p’tit coup de téléphone à ma princesse et on file en cuisine pour le petit déjeuner. Aie, aie, du saumon fumé, des coulis de baies rouges et de la charcuterie en série. Hep, là ! Alors la mascotte on planque sa
boite en plastique derrière son dos. Bouh, c’est pas beau ça, confisqué!!! La panse tendue je reprends mon pédalage mais je savais bien que j’allais payer cash la journée d’hier et ma goinfrerie ! Peu importe  ce qui est pris n’est plus à prendre ! La première heure est un calvaire mon genou gauche décide de faire du zèle et mes fesses se sont syndiquées aussi au LDR (Les Douleurs Reviennent). Je sais que c’est temporaire alors je profite du paysage, je m’évade, je scrute la forêt. Vers 12h je passe finalement la frontière pour me retrouver en Suède. Depuis mon départ  c’est la première fois que je sens les rayons du soleil, quel bonheur ! J’ôte mes couches et pédale légèrement malgré un corps qui dit stoppe. Au 70éme kilomètre je découvre sur ma gauche une magnifique rivière, et si c’était l’heure de monter le camp ! En bordure de ce puissant cours d’eau je suis émerveillé du lieu, au loin une ferme. Je laisse mon vélo pour demander l’autorisation. Un homme est en train de décharger son tracteur, je l’interpelle. Il me dit que si je veux je peux mais qu’il y a un coin encore plus joli. Il laisse tout tomber et m’amène sur le terrain de son père. Le paradis sur terre, un calme apaisant et un peu plus en aval des chutes tumultueuses. Max est agriculteur, il n’est pas très loquace comme tout les scandinaves mais sa gentillesse m’a énormément touché. Il enfourche son vélo et me souhaite une bonne soirée. Dans une eau polaire je dérouille mes jambes et essaie d’éteindre le feu de mes fesses. Allez Jo, souffle, plus fort !!! Heureux comme un papillon je vous envoie plein d’énergie positive de cette région qui me plait de plus en plus.
Pensée Athapascan qui correspond bien à l’ambiance des gens d’ici : « Si tu ne fais pas le silence ta langue te rendra sourd. »
A pluche !

un petit coin de paradis quelque part en Suède...

un petit coin de paradis quelque part en Suède...

Un jour dingue, dingue, dingue!!!

21 juin 2012

Copyright: La mascotte!

Copyright: La mascotte!

Une bonne nuit abritée de la pluie et du vent, des affaires sèches, « yakapedaler ». La grand-mère saame tente la conversation mais là, avec toute la volonté du monde je ne comprends absolument rien ! Il me semble avoir identifié que ce sera une journée sans pluie ! Je vous le confirme je ne comprends rien à cette langue ! Dés mon premier kilomètre elle vient me rendre visite, la pluie pas la mamie ! Puisque je suis en forme, la route perd son bitume pour laisser place à une terre bien boueuse. Le faux plat montant n’en finit plus, ma moyenne en prend un sacré coup mais le moral lui est au beau fixe. Si ça monte, forcément à un moment ou à un autre ça va descendre ! Le vent prend de la force, la pluie ne veut rien lâcher et moi je pédale. Je ne sais plus qui disait il n’y a pas de mauvais temps il n’y a que mauvais habits et les miens sont fantastiques. (Un grand remerciement à la société ODLO de m’avoir offert ces tenues.) La route choisie traverse une forêt immense et souvent le vent ne peut s’y engouffrer. Personne, absolument personne, une sensation d’être seul au monde. La température ne dépasse pas les 6° mais mes efforts ne me font pas souffrir du froid. Chaque heure précise, un stop pipi casse croute. Pour éviter les problèmes d’articulations je bois beaucoup surtout pendant l’heure qui précède mon départ, plus d’un litre et chaque demi-heure une grosse gorgée. Je suis précis comme un valaisan, mais je sais que c’est le prix à payer si je veux arriver en bonne état de mon long périple. Dés que je pose le pied à terre mon compteur s’arrête donc quand je parle d’heure c’est sur uniquement du pédalage. Après 4h d’action, arrêt déjeuner mais le froid ne me permet pas de rester trop longtemps, mon thermos hydrate mes nouilles chinoises et je reprends la route. 57éme kilomètres je retrouve enfin l’asphalte, mes bras et mon dos sont brisés menus menus… j’espère que la mascotte ne s’est pas chopée une « dingote aigüe ». Il est là le faux plat descendant, de plus le vent violent me pousse, 28 de moyenne avec une charge de 40kilos sur le vélo, c’est que ça motive l’unijambiste. Je rejoins une nationale qui glisse vers la grande ville de Rovaniemi plus au sud, je serre les fesses, car les gros camions qui alimentent le grand nord me frôlent. Je passe la station de ski de Levi, chaque année une manche de la coupe du monde du ski alpin s’y déroule. Des grandes forêts boréales je me retrouve dans un village inesthétique de béton. Soudain la mascotte sort la tête du sac étanche, elle m’indique les fast-foods, les hôtels avec SPA, certainement des crêperies de renoms. Je continue à pédaler. Elle saute du sac tente de freiner le vélo mais je suis têtu j’avance, elle me double se jette au milieu de la route en feignant des spasmes de tachycardies, je déjoue son subterfuge et la remets sans concession dans son poste de voyage. Les gens se retournent à notre passage comme si j’avais enfermé un loup enragé !!!                                                                     90éme kilomètres on met le clignotant à gauche, route de nouveau paisible, mais plus aucune rivière, ni même de lac. Je n’ai de l’eau que pour ce soir mais pas pour demain alors je poursuis. 100 km toujours rien, 110, 120, 125éme kilomètre nous arrivons au lieu dit  d’Ylläsjarvi devant un beau lac immense, le vent est violent et la pluie redouble d’intensité, c’est décidé c’est là que le camp sera monté. Un couple de retraité en vélo s’approche de moi, je redoute l’interdiction de camper. Hi, je m’appelle Martti. D’où venez-vous avec votre barda ? Je lui explique mon voyage, il me raconte le sien. Cet ancien patron pécheur de hareng a le jour de sa retraite traversé la Finlande Nord-sud en vélo et a écrit un livre en 2010 sur son parcours. Il me demande de le suivre !!! Nous attaquons une côte sévère pour arriver devant un palace qui a l’air fermé. Effectivement l’établissement est clos mais arrive le big boss. Mon nouvel ami lui explique mon parcours et je me retrouve au dernier étage d’un hôtel fermé dans une suite !!! Comme j’ai l’air affamé, je suis invité à diner avec le personnel. Je peux vous dire que la file d’hamburger que j’ai engloutis a impressionné tout le monde…  Vous avez dit aventure !!! La mascotte a daigné sortir du sac étanche mais en voyant la chambre elle est tombée subitement dans les pommes !!! 126km en 7h25 effective de vélo, quelle journée…

A pluche

Un nouveau voyage commence…

20 juin 2012

la nature a revêti son manteau de pluie

la nature a revêtu son manteau de pluie

Pokka, Finlande, à 550km au sud de Mehamn et à 450km au nord de Luléa. Température de 7° pluie fine et blizzard faible. Je suis dans une cabane comme je les aime, perdu au milieu de nulle part avec le confort minimum, un lit, une cuisinière et un vieux poêle à bois pour sécher le passant en pèlerinage ! Depuis ce matin je roule sous la pluie, mais le cœur  léger, hier la rencontre de Gilles Elkaim m’’a rempli de bonheur, il est rare de rencontrer des personnes qui partagent ma vision de vie.
Au fil des kilomètres je me remémore la tête des jeunes qui nous écoutaient comme si nous nous étions préparés longtemps en avance. Cette vie est rude mais elle donne l’essentiel ; le gout de l’effort de chaque instant est une sorte de lecture d’un vieux parchemin qui renfermerait les secrets des plus profonds. Nous sommes rugueux, rustiques pourtant une sincère envie de partage nous habite. Je n’ai pas été tendre avec Robin et Nicolas, je ne pouvais pas laisser des actes et façons de faire qui me paraissaient hors sujet. Ce matin je suis parti bien avant eux d’Inari et je me demande bien ce qu’ils pouvaient penser du fada qui démontait sa tente malgré la pluie et le froid. Quelques dizaines de bornes plus tard ils me rattrapaient et je devinais en leurs yeux toute la détresse de gamins punis de suivre le grand méchant loup !

Iphone calé sur les genoux pour pouvoir facebooké au moindre réseau, musique « jeuns », ils tentaient l’approche. Mauvais moment pour eux j’étais entrain de fredonner mes vieux airs corses. Je souriais, ils me répondaient par un sourire un poil tendu. Au moment d’un arrêt, ils se soulageaient : Frank ce soir on rentre à Luléa, le GPS a perdu ses repères et nous demande de faire demi-tour, c’est qu’après demain on a l’avion ! Vous inquiétez pas les gars, on est sur la bonne route mais c’est un chemin de traverse qui évite les grands axes trop fréquentés
par les « campigariste » en quête d’aventure « komalamaison » ! VotreGPS, il n’est pas fait pour ça, regardez la carte et vous serez rassuré.
A la pose du déjeuner sous la pluie fine, je les sens joyeux de nouveau de savoir qu’ils seront en ville avec tout ce qui va avec !!! Je me résigne, je ne dis plus rien, mais quel dommage, être au milieu d’un endroit aussi beau et devoir le fuir par manque de virtuel, par addiction du net. Je joue le jeu et plaisante avec eux, nos mondes ne peuvent que s’effleurer.

Au 96éme kilomètres, je stoppe, et demande à Nicolas s’il ne veut pas pédaler avec ma machine. Tout heureux il part sous la pluie faire les 14 derniers kilomètres avant mon arrêt. Je
trouve une cabane n’ayant plus d’âge et essaie de faire comprendre à une vieille dame saame mon désir de dormir ici ce soir. Les jeunes me donnent un coup de main à m’installer et reprenne la route. Leur voyage fini le mien commence.
J’espère de tout cœur que cette initiation leur apportera quelque chose de positif dans leur avenir et que mes coups de gueules teinteront par moment dans leurs têtes pour leur rappeler que seul le présent est un cadeau.

Rencontre de Gilles Elkaim…

19 juin 2012

Rencontre improbable avec Gilles Elkaim...

Rencontre improbable avec Gilles Elkaim et son compagnon d'aventure l'illustre Pouchok...

Aujourd’hui sera une journée de récupération pour mes petites « guiboles ». Je tente un coup de poker, une visite au camp Arktika créé par Gilles Elkaim. Cet aventurier fût le premier homme à réaliser la traversée de l’Arctique eurasien sans moyens motorisés Expédition ARKTIKA, du cap Nord au détroit de Béring 12 000 km, 4 ans en solo, en traîneau à chiens et kayak. L’année dernière avec Véro nous avions eu le bonheur de passer plusieurs jours dans ce petit paradis finnois. Gilles a posé à quelques kilomètres d’Inari, son sac pour regrouper une cinquantaine de chiens sibériens autour d’un lac et accueillir quelques passionnés d’aventure polaire. Une yourte et deux cabanes pour une vie différente… Nous empruntons une route en terre mais j’ai prévenu les jeunes qu’il y aura peu de chance de croiser Gilles, peut-être nous y verrons Gladys son assistante ! Tiens, tiens une voiture de location immatriculée en France ? Les chiens hurlent dés que nous descendons du camion, je pars en repérage. Le camp semble vide, soudain je croise le regard d’une jeune fille :                                                  Désolé de vous déranger, je cherche Gladys. Elle est partie la journée ! Tant pis, dites lui que je suis passé. Attendez, je vais appeler Gilles !!! Depuis longtemps nous nous connaissons que par nos livres respectifs, nous avons tous les deux été récompensés par la Guilde européenne du raid, mais jamais physiquement nous nous étions croisés. Nous sommes surpris, émus, ravi de ce face à face. Je fais signe aux jeunes de venir nous rejoindre. Deux jeunes assistantes en formation vétérinaire nous rejoignent. Les deux vieux loups solitaires avec de la relève éventuelle. Sans se concerter nous faisons une sorte de colloque sur le dépassement de soi. Une jeune fille ose se plaindre que la vie au camp est dur et que personne ne la félicite de son travail, ce matin j’ai remis une couche au jeunes sur le respect de soi et des règles de vie en groupe. Avec Gilles nous sommes complices comme si l’on avait préparé notre débat depuis bien longtemps. Le silence est et doit être la récompense, anticiper, prévoir, apprendre. Si nous avons réussi nos entreprises c’est que nous sommes intransigeants avec nous même, donc très exigeanst avec ceux qui veulent être initiés. Le dialogue me plait. Les filles invitent les garçons, à rencontrer les chiens, Gilles m’amène dans sa cabane pour un thé… Nous sommes heureux d’être ensembles, nos vies bien que différentes comportent beaucoup de similitudes… Nous parlons de nos présents mais aussi des lendemains… Gilles vient de restructurer un bateau en aluminium pour naviguer dans le grand Nord, actuellement amarré à la Rochelle, il prendra la mer dés que possible pour rejoindre avant juillet la côte Est du Groenland. « Pourquoi pas » amener des jeunes amputés sur les traces de Charcot… Notre hôte a du boulot, demain il reprendra la route pour rejoindre son bateau. Avec gentillesse il nous prête un canoë pour aller découvrir les lacs environnants… Je croiserai aussi avec joie Gladys…

Le hasard n’existe pas j’en suis convaincu…

Deux aventures qui se croisent...

Deux aventures qui se croisent...

En bordure du lac Inari…

18 juin 2012
Aprés un sauna on ne craint plus rien...

Après un sauna on ne craint plus rien...

Nuit en plein milieu de la toundra, pluie qui martèle la toile et  vent en stéréo. 5h45 réveil, allumage du feu, la routine du nomade errant. La bas au loin des rennes et la steppe à perte de vue. Reprendre la route pour une petite journée de pédalage. En effet aujourd’hui seulement 73km. Nous nous arrêterons à Inari sur les bords du lac qui porte le même nom. Les jeunes chausseront de nouveau leurs baskets pour une dizaine de bornes à tour de rôle. De mon côté je pédale, mais je suis tracassé. Bien qu’ayant repris ma vieille prothèse mon genou, partie amputée, a pris du volume avec deux poches de sang, mais le plus suspect c’est que mon genou gauche, valide, me fait aussi des siennes ! Je sais que cela se résoudra par un réglage des clips de mes cales pieds, alors je vais bricoler. Pas de gros soucis, juste du bidouillage pour ne plus souffrir. Finalement sous un beau soleil nous montons nos tentes au  bord du plus grand lac de terre *saame. En région polaire le sauna est une tradition, un partage, une histoire de famille, alors pour fêter ce 400éme kilomètre, nous nous adonnons à ses bienfaits. Pour revenir sur la journée, le paysage change doucement par une lente progression de la flore. Le lichen, laisse place aux bouleaux nains, puis ils grandissent, les épinettes rejoignent la forêt boréale. Les pins prennent de la hauteur, mêmes les rennes sont plus grands et portent de plus grands bois… Les grands lacs bordent la route, mes pensées s’envolent, une cabane au bord de l’un d’eux, un canoë, Véro qui récolte des myrtilles… Chiche pour le prochain été !!!

*Ce peuple, qui s’est établi là il y a 10 000 ans a été évangélisé. Les premières églises de la région furent construites au XIIème par les Norvégiens, mais l’évangélisation ne fut achevée que des centaines d’années plus tard, au  XVIIIème siècle et les croyances animistes traditionnelles existent toujours de nos jours. Les envahisseurs les ont nommé lapons alors que leur vrai nom est saame.

Résolution en terre saame !

17 juin 2012

5h45  C’est le début de la journée, alors que je m’affère à plier mon couchage, j’entends du bruit dans la tente des jeunes, ils sont réveillés aussi !!! Je ravive le feu et fait chauffer l’eau pour mon thermos et le petit déjeuner. La brisette est de nord, un fait notable le soleil nous a rendu visite et cela depuis minuit ! Non je ne suis pas atteint de «dingote », je vous rappelle qu’à cette latitude en cette saison il ne fait jamais nuit. Discussion avec mon équipe, ils se livrent et ont des résolutions pour les jours suivants. Ma randonnée  les a marqués et à leur tour ils veulent vivre l’effort. Avec le fourgon ils font ma route et de temps à autres nous nous croisons, ils ont eux aussi gravi les côtes mais au chaud et en camion.

Aujourd’hui, à tour de rôle ils veulent courir en terre Saame. Au loin je vois un point rouge, c’est Nico ! Juste en bas le fleuve Tana où des pécheurs en pirogue pêchent le saumon. Il court vers le sud, je me cale derrière lui. Il y a peine un an on lui amputait un bras, et là il court à 450 km au nord du cercle polaire. Je le filme, il se confie à la caméra, malgré les apparences, je sens un lâché prise. Robin prend le relais, une petite heure de jogging.

Ustjoki, premier hameau finlandais, je fais un arrêt dans la superette du coin, gâteaux aux myrtilles, yaourt aux myrtilles et surtout la soupe froide myrtille qui est une spécialité lapone absolument démente ! Non Jo Zef, je n’ai pas mangé des schtroumfs. Pour ma part la journée fut longue et pénible un faux plat montant de 300mts  de dénivelé, sur 55 bornes avec bien-sûr un bon vent dans le nez. Cuit sous ma tente, je note sur mon calepin, 115km en 6h. Ce soir le bivouac est monté dans la toundra en plein vent histoire de ne pas trop donner notre sang au suceurs locaux.
A pluche.

Nicolas et Frank partagent un bout de chemin en terre Saame

Nicolas et Frank partagent un bout de chemin en terre Saame

Un sacré clin d’œil :

Alors que Frank porte la flamme de l’espoir à travers l’Europe, son frère et compagnon d’aventure de la traversée de l’Atlantique, Dumé Benassi a été choisi pour porter la flamme olympique. En effet, depuis le 12 mai 2012 au départ de la Grèce, du Mont Olympe il y a 8 000 relayeurs qui ont porté la flamme olympique à travers le monde pour les JO 2012 à Londres.  Dumé a été sélectionné de par son parcours sportif afin d’être un de ces relayeurs. De même que c’est un honneur et un privilège pour la Corse car il a ramené la torche olympique sur l’Ile.

Dernier jour en peninsule de Nordkinn…

16 juin 2012
Quelques rennes m'accompagnent le long de la route

Quelques rennes m'accompagnent le long de la route, que demander de plus !

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Infiniment petit dans cet immensément grand...

Infiniment petit dans cet immensément grand...

Première montée, et hop en danseuse...

Première montée, et hop en danseuse...

... et avec le sourire !!!

... et avec le sourire !!!

Bien à l’abri dans nos cabanes la pluie est tombée drue toute la nuit. Tout en préparant mes affaires une radio norvégienne émet la chanson «la vie en rose » de Piaf, en langue locale, nostalgie quand tu me tiens! Le vélo est prêt, je suis prêt : yakapedaler. Je sais que d’entrée cela sera très dur et je ne me suis pas trompé, une côte interminable de8km ricane en voyant le cycliste gravir ses flancs. Le vent est encore présent, la bruine rend la montée encore plus terrible, le thermomètre ne dépasse pas  les 6° à l’abri. Emmitouflé dans multiples couches jeprends conscience du trajet qui m’attend, un effort de gladiateur dans un décor sublime. Thor et Odin doivent m’observer de leurs nuages et je
sais qu’ils m’épauleront. Les rares véhicules croisés m’encouragent, leur sympathie me réchauffe le cœur, ma moyenne est de 7,5km, je nepréfère pas y penser. Le bitume cède la place à la terre, tiens comme je m’habitue à l’effort goudronné, on me met de la piste. Les congères de neiges sont encore très hautes et les lacs croisés sont tous recouverts de glace grise. Le soleil des jours suivants promis leur tordra le coup pour laisser surgir le bleu-turquoise de l’eau, typique à ses latitudes.
Le plateau atteint, le vent a décidé de me pousser, les rennes se méfient du pédaleur corsé et mes passages ne sont que fuite vers le néant. J’avance tout doux et la moyenne remonte, la pluie cesse ainsi que le vent. Sur une route vallonnée j’avale les 60 km qui m’amènent à la fin de la traversée de la péninsule de Norkinn. Au loin le fleuveTana, il détient le record de passage de saumons en Europe. Un déjeuner sur ses bords et je reprends la route, le plat m’entraine dans des rêveries et finalement ce soir 105km !

J’ai fixé une journée de 6h de vélo, mon compteur s’arrête à chaque arrêt, donc 6h réel de vélo.
Normalement avec les casse-croutes, photo etc  etc, c’est une balade de 8h. A 5h59 d’effort précise, les jeunes sont justes derrière moi avec le fourgon, un renard traverse la route comme pour me saluer. En regardant d’où il vient je détecte une piste qui nous amènera sur un bivouac comme
je les aime. Le fleuve, du bois et surtout la paix. Nos tentes montées le feu allumé je me remémore cette incroyable journée qui commençaitsous de mauvais hospice. Les jeunes sont allés chercher un ciber-café pour une connexion, moi je me suis mis en wifi avec la nature !!!

Premier coup de pédale…

15 juin 2012

Le départ de Mehamn... Un chaleureux départ de Mehamn…
Dernier cliché devant le B&B "Red Tree" de Tina & Ruan

Dernier cliché devant le B&B "Red Tree" de Tina & Ruan

Ca y est yakapédaler....

Ca y est yakapédaler....

Goodbye à la mer de Barents...

Goodbye à la mer de Barents...

Pourquoi il n’y aurait que le soleil à être précis ? Départ 8h00 tapante ! Un petit comité d’adieu s’est formé pour le départ, le comptoir de Mehamn semble encore engourdi par la brise polaire qui y souffle toujours modérément. Accolade avec Tina et Ruan en se promettant de se revoir, hymne du nomade qui va, qui vient. La mise en bouche est terrible une côte de 20 km et le vent qui mord le cycliste en croisade. Mes pieds sont congelés, pardon mon pied, le gauche bien sur ! Les névés donnent encore plus une sensation de congélateur géant. Je m’applique, ce n’est pas une course mais un voyage, alors j’essaie d’aller mollo. Ca monte à n’en plus finir mais mes amis ont décidé de m’accompagner un bout. Ils filment, ils photographient, moi je pédale ! Robin et Nicolas m’attendront plus loin. Finalement je gagne le plateau balayé par le Nord-ouest pas encore mort, certains lacs sont encore gelés, et moi je pédale. Nos hôtes font demi-tour : Good trip Frank, good trip… Les jeunes tracent et je me retrouve seul face à moi-même. Je m’hydrate, je m’alimente, je pense, je rêve, je pédale. La moyenne est très faible mais cela devient dérisoire en comparaison du paysage qui m’éblouit. Les rennes qui ne portent pas encore leurs bois semblent insensibles à ma « pédalerie », un renard polaire croise ma route, les quelques véhicules qui me croisent m’encouragent, cela réchauffe le cycliste solitaire… Après 4h effective de vélo je retrouve les jeunes, une butte au milieu de rien nous abrite du vent et le soleil prend pitié du cabochard. Dardé de rayons  je commence à décongeler, une « célébrissime » nouille chinoise et quelques canistrellis offert par ma belle fille avant mon départ et je m’autorise une micro sieste… Elle n’est pas belle la vie ? Une descente vertigineuse, qui voudra dire une montée de dingo ! 14% pendant 3kilométres, ça calme l’enthousiaste, ça dégonfle le ventard, je fais le vide et tente de m’évader ; presque, presque j’ai chaud ! Le paysage est sublime, des fjords à perte de vue et des lacs qui semblent suspendus… J’avance, j’avance, je ne me retourne pas et ne regarde pas l’horizon, je vis l’instant présent. Un privilège de pouvoir vivre cette aventure… 6h30 après et 103km au compteur je rejoins les jeunes au lieu dit de Ifjord où nous avons trouvé des « hitt » (cabane saame) pour nous réfugier. Je crois que ce soir je ne vais pas avoir besoin de berceuse pour rejoindre dans mes rêves ma princesse…

Dernier soir à Mehamn…

14 juin 2012
Coup de vent sur Mehamn...

Coup de vent sur Mehamn...

Robin sur des airs d'Eagles...

Robin sur des airs d'Eagles...

Quelle riche idée de ne pas être parti ! Petit coup de blizzard assez sympa pour congeler un cycliste un poil cabochard ! La vie se déroule au ralenti, ici dans ce comptoir de pêche pas grand-chose, à part le vent et la pluie. Ces endroits rendent le moment simple et serein. Pas de course contre le temps, pas de surconsommation chronophage, chacun laisse faire le temps. Les langues se délient, les souvenirs ressurgissent, la vie est pleinement vécue. Hier les jeunes ont donné la main à Tina et Ruan qui aménage une cabane sur le bord d’un lac. Pas d’eau ni électricité, le confort essentiel, un toit, un poêle et un calme si rare à notre époque. Pendant ce temps là le grand « frère » faisait la cuisine, Jo Zef d’ailleurs n’en loupait pas une : Entrée, plat principal et dessertsss !!! Le vent redouble de force, la maison de nos hôtes est une aubaine. Ce soir c’est notre dernier soir, alors comme diner d’au revoir une rafale de crêpes sera au menu… Vivre des moments pareils semble simple pourtant c’est l’essentiel. Ma chambre est un capharnaüm de préparation, le duvet sèche, les bottes perdent leur odeur de fauve, la mascotte d’ailleurs proteste d’une telle présence. L’ordi ouvert pour classer les photos et le petit cahier bleu toujours présent pour noter à la volée quelques mots de maux. Les jeunes me visitent. Mon dernier écrit, juste pour eux… Robin rajoute le mot de fin.

La limite entre le bruit et la musique ? Le cœur…

Demain matin départ à 8h… Juste avant un petit direct sur France Bleu Frequenza Mora à 6h40…

Yakapédaler…

Départ de Mehamn reporté…

13 juin 2012
Une gueule de teigneux le mecton!

Une gueule de teigneux le mecton!

Pluie, brouillard, 4 °, coup de vent annoncé, Tina et Ruan insistent : Demain c’est pire, reste ..! Ok ..!

J’avais prévu de rester jusqu’au 20 juin si le temps ne me permettait pas de traverser en kayak, pourquoi affronter les éléments, le soleil est bientôt de retour, Jo zef connait des chants athapascans pour ça !

La fenêtre de ma chambre domine le port naturel de Mehamn, un comptoir de pêche du bout du monde. J’imagine l’enfant né ici, pas d’arbre, des hivers de glace sans jour, et pourtant ceux que j’ai croisé ont les yeux qui pétillent. S’adapter, ils n’ont pas eu le choix ils se sont adaptés. Le nez collé au carreau je me laisse aller, je vous vois sourire. Oui ça m’arrive ! Je laisse faire mes émotions, je laisse vaquer mes sentiments, la brume m’embrume les idées. Pourquoi, comment, qui sommes nous… Les régions polaires ont la faculté de rendre l’homme petit, humble, quand les éléments se déchainent, le vantard se fera tordre, l’écervelé sera crucifié sur place… Ce matin j’ai eu de la visite, un journaliste norvégien. Ce brave homme ne parlait que très peu l’anglais mais avait une folle envie de connaître un bout de ma vie. Je l’ai déstabilisé en inversant les rôles et c’est moi qui lui ai posé les questions. Etait-il né ici ? Si ses enfants avaient quitté la région ? Que faisait-il de son temps de libre… Finalement il a griffonné son bout de papier et d’ici quelques jours dans le canard local on parlera d’un certain cabochard…

Recherche la vérité dans la méditation et non dans les vieux livres poussiéreux. Recherche la lune dans le ciel et non dans l’étang.

Proverbe persan que j’avais envie de partager…

Je vous ai joint une petite vidéo assez simple que j’ai tournée au moment de mon départ de Slettnes en kayak …

Arrivée dans le port de Mehamn...

Arrivée dans le port de Mehamn...

Photo qui illustrera l'arcticle dans la presse norvégienne...

Photo qui illustrera l'article dans la presse norvégienne...