Je Bisque dans le golfe de Byske !

3 juillet 2012
Belle rencontre avec le maître des lieux...

Belle rencontre matinale avec le maître des lieux...

6h10 je vérifie une dernière fois que je n’ai rien oublié et je reprends la mer. Encore à l’abri dans un chenal, je jette un dernier coup d’œil sur la cabane de Marie. Je reprends volontiers la maxime de mon pote Sylvain Tesson : « On arrive sans savoir si on va y rester, on part en
sachant que l’on reviendra ».  A cent mètres de ma proue je vois une tête avec de grandes oreilles qui tente à la nage la traversée du goulet, mais qui diable à cette heure est en  baignade ? Je réduis ma cadence et observe le manège. Un élan a décidé de rejoindre l’île d’en face. Je prends mon temps pour filmer et photographier, le nageur ne semble pas trop impressionné par Immaqa. Je le prends comme un bon présage, encore 100 mètres et je devine une petite tête cette fois, décidément, c’est le jour de la piscine ! Une loutre plus craintive joue les apneiste. Je me retrouve au large avec le golfe de Byske à traverser si je veux faire
direct, soit deux fois 8 kilomètres puisque un cap divisera l’étape. Véro m’a envoyé une météo canon alors j’y vais. Oh grand dame ce n’est pas connaître cette mer d’eau douce, je sens que le vent fraîchit sur ma proue tribord, je ne pense à plus rien, j’y suis eh ben je pagaie ! Immaqa est un sacré marin il compense chaque vague malgré quelques unes qui décident de déferler. Je suis écouré, tout était prévu pour une belle journée ! Je me résigne et me cale en cadence sur le vent qui fraîchit, je rage, je proteste, j’ai envie de crier, mais rien à y faire
j’avance. Le dialogue interne commence, pourquoi, mais pourquoi cette malédiction de vent contraire. Un dialogue de fou commence entre ma petite voix et la « botniene » : « Je sais tu vis ta vie depuis des millénaires et tu te moques bien de ce que les prévisionnistes te tatouent, mais moi j’y suis pour rien ». Puis les souvenirs reviennent, pendant ma descente du fleuve Yukon il m’aura fallu un mois pour accepter les règles du jeu, je vais me plier de suite aux conditions locale. Je pagaie sans cesse, le premier cap est franchi mais derrière c’est pire, le vent a fait une légère rotation sud et me bouffe le nez, j’en ai les larmes aux yeux, encore 8 kilomètres de vent dans la gueule. J’essaie de gérer mon amertume et au lieu d’en vouloir au monde entier, je m’applique pour garder le cap. Les vagues se creusent cela devient inconfortable mais pas dangereux, mon Nautiraid est un vrai bateau très marin alors ça passe. 11h30 je touche terre, je suis rétamé, cuit, remoulu mais nous sommes passés. Je m’offre une pause café sans descendre à terre et reprends la route. A l’abri derrière une myriade d’îlots je cabote pour enfin retrouver du calme. Le but est atteint, 30km en 9h de pagaie forcée. Je plante mon bivouac sur une presqu’île caillouteuse qui est un repaire de canards, oies, cygnes trompettes et autres plumeux inconnus. La tente est calée, je me lave, en profite pour faire un peu de lessive, la routine du nomade errant qui a encore pris une belle leçon d’humilité. Dans ma barbe, tout à l’heure je marmonnais en boucle : «  Tu n’es qu’une poussière, alors tais toi, tu n’es qu’un simple atome alors avance, la nature elle a tous les droits. Si ce n’est pas dans le bon sens pour toi le vent alors change de direction !!!
A pluche !

Famille du bout du monde…

2 juillet 2012
Voyager c'est échanger, partager, communiquer, découvrir... d'autres lieux, d'autres personnes

Voyager c'est échanger, partager, communiquer, découvrir d'autres lieux, d'autres peuples, d'autres cultures...

Vent de sud fort, trop fort pour moi, je me résigne. Malgré une nuit pluvieuse ce matin semble dégagé, peut-être une occasion de faire sécher quelques affaires. Je pars à pied en repérage voir si la côte au vent est praticable, je suis rassuré cela aurait été difficile, voir un poil
dangereux. Vu que la route est longue et qu’il n’y a pas âme qui vive, je suis heureux de ma décision. Ici je ne dois que compter sur moi et l’instinct. Ce qui me plait dans ces aventures c’est que le côté animal doit ressurgir coûte que coûte. Mettre tous ses sens en éveil pour s’en sortir toujours à temps. Hier après-midi ma petite voix me disait : « T’es bien caché là, autant tu resteras bloqué demain. » Le vent m’envoie des rafales violentes et je dois fixer plus sérieusement ma tente, derrière dans la forêt une ruine de cabane, j’y déniche des grosses briques rouges qui devaient composer le foyer. Je me transforme en maçon et cale la toile à pourrir de ma guitoune, les à-coups d’Eole ne pourront plus s’y engouffrer. Je lave mes affaires, avec ce zef cela mettra quelques minutes à sécher, puis je déplie le panneau solaire pour charger quelques accus. Le soleil est très puissant sur cette latitude et même à travers les nuages les cellules voltaïques chargent. La routine du nomade en route. Je n’ai plus beaucoup d’eau potable et j’ai repéré au loin une cabane, j’irais voir après le déjeuner s’il y a quelqu’un qui daignerait remplir mes outres. Vers 16h je traverse un long marécage pour arriver au « cottage ». Une dame âgée semble surprise par ma présence, elle parle mal anglais, ça tombe bien moi aussi ! On échange quelques banalités et me demande de la suivre au puits. Une eau
cristalline et fraîche remplit mes récipients. Elle me demande d’où je viens, de quel pays suis-je. Elle m’offre un café et me demande d’attendre quelques minutes ses enfants et petits-enfants vont bientôt lui rendre visite. Veuve depuis 8 ans elle vit seule ici tout l’été, pas
d’eau courante ni électricité mais un silence apaisant. Les gamins débarquent et me saluent à la suédoise, (sans demander quoi que ce soit). Puis la glace fond, on échange, on me parle d’ours, de loup, j’écoute, je note, j’apprécie. Les petits gâteaux apparaissent, ainsi que du pain
maison tartiné. Marie, le prénom de mon hôte est toute émoustillée de tellement de vie d’un coup, elle sort son appareil photo et immortalise la scène. Un jour une photo vieillie trônera avec les autres clichés au dessus du poêle à bois : tu te rappelles c’était le français qui était
passé en kayak. Pour donner un peu plus de joie à Marie je leur demande de me suivre pour les amener à mon bivouac, ils me questionneront, sur ma différence, ma famille, mon île. Pourquoi seul, à quoi ça sert ? Juste pour vous rencontrer et ça c’est un sacré cadeau !
A pluche !

L’archipel de Roennskaers

1 juillet 2012
Soudain une éclaircie dissipe le brouillard...

Soudain une éclaircie dissipe le brouillard...

Pas un temps à faire du kayak, brume, brouillard et houle dans la gueule ! Oui je sais je ne suis pas là pour me plaindre. Le démontage du camp commence à être pro, un automatisme bien rôdé qui me permet de prendre la mer sans tourner en rond comme une perche en bocal et surtout sans rien oublier. Tout a une place bien précise et les gestes parasites sont définitivement bannis. 6h20 je quitte ma petite crique, Fägel est bien-sur présente, elle me regarde partir jusqu’au moment où elle décide de voler autour d’Immaqa. Quel bonheur d’avoir eu cette présence, mon ange gardien qui a pris un aspect physique ! 2 nautiques pour rejoindre la pointe sud de la péninsule de Pitéa. Houle et ressac ne font pas bon ménage et moi, le fétu de paille je pars dans tous les sens. A ma proue une belle traversée de 10 kilomètres pas du tout protégée du large, va falloir envoyer ! Un peu le trac au ventre je pars dans le brouillard, le silence absolu est brisé par mes coups de pagaies, je tente de sentir
sur mon visage quelques brises mais pour l’instant rien. Une heure et la brise passe au Sud-est mais le brouillard persiste. Un bruit sourd me vient de mon tribord arrière, un vacarme puissant de moteur. Je regarde la carte et constate que je suis dans le rail des cargos qui vont à
Pitéa, grand centre de fabrique de papier. Je n’allume pas ma radio, cela ne sert à rien, ni à son radar ni à vue il ne pourra me détecter dans cette purée de poix. C’est à moi à anticiper. Deux heures et il passe loin devant moi je devine à peine sa silhouette. Ma chère petite île apparaît, je suis passé ! Ouf ! Je continue ma route la brise se maintient de Sud-est, dommage c’est là que je vais. 4heures d’effort et je m’accorde mon premier arrêt café, canistrelli. Une plage de galets devant une cabane inhabitée. Je progresse et me faufile dans des archipels qui semblent vides de vie. Des cabanes sur chaque caillou, mais absolument aucune âme qui vive. Après mon stop « nouilles chinoises », je pénètre le somptueux archipel de Rönnskärs. Magnifique, des forêts de conifères et des criques à n’en plus finir, des oiseaux de toutes sortes et absolument personne. Un décor que je ne suis pas prêt d’oublier. Pour mettre la cerise sur le gâteau, un coin de ciel déchire la brume et laisse passer le soleil. En t-shirt je finirais cette
dernière heure de kayak pour une journée de 9h pour 30km.

Depuis un bivouac apaisant je vous envoie toute la quiétude du golfe de Botnie.

Le silence c’est le bruit du temps qui passe…

1 juillet 2012
Instant de pause et de méditation...

Instant de pause et de méditation...

Le feu me réchauffe, le temps s’est arrêté. Le suroît ne veut pas de moi, le golfe de Botnie lui a confié mon âme errante. Leur deal est de me bloquer pour me nettoyer, me laver de trop de poids à porter. Depuis le Yukon je n’avais plus gouté à cette solitude si étrange, si collante, si envoutante. Bloqué dans une minuscule anse, super abritée du sud un peu tempétueux, je suis pris en otage par la vie. Rien à y faire, pas de route, pas d’homme à qui causer, pas de connexion virtuelle, un voyage de l’intérieur profond et intime. Le vent, la pluie m’emmitoufle, je réanime le feu réparateur, j’ai une tâche primordiale prendre le temps
comme il vient. Je n’ai rien à faire, mais alors, j’ai tout à penser ! Je confectionne un banc avec quelques bois flottés happés par une tempête. Je pars à la recherche d’un tronc de pin qui saura tenir le foyer. Un corps de phoque en décomposition gît devant moi, j’essaie
d’imaginer sa naissance, sa vie, sa mort, tout ça pour finir jeté sur une plage de sable. Tient et moi où serais-je à la dernière minute de ma vie. Dans un hôpital intubé de partout, au fond de quelques océans si près de l’épave à trésor, de ma belle mort froid dans mon lit. J’éclate
de rire, à voir la tête déconfite de certains. C’était un mec bien, mais il ne se l’est pas un peu cherché quand même !!! La vie, la mort, la souffrance, quand le silence s’installe, les mots clés surgissent. Plus le temps de fuir, plus de sujet tabou, tout vous remonte à la gueule,
une avalanche d’informations que la surinformation rend boiteuse. Pourquoi se préparer à la mort, il y a le match ce soir. Pourquoi tout mettre à plat, je viens d’être augmenté. Dans quelques années je serai enfin à la retraite. Non je n’ironise pas, je cause avec le silence,
qui s’est assis en face de moi. Il n’a pas besoin de mon feu pour se réchauffer, il m’a trouvé, alors par ce temps froid et humide il m’a enlacé. Une sterne à tête noire se moque de mes pensées ; son travail pêcher pour ses oisillons, elle me fait confiance et s’approche incroyablement, je lui donne un nom : fägel (oiseau en suédois) ! Elle plonge, elle donne la mort à une ablette pour donner force à son rejeton, la chaîne de la vie. Toute la journée elle est autour de moi, un plongeon, un regard. Je crois en la relation homme-animaux et je fais parti de ces privilégiés à qui ils arrivent toujours des histoires incroyables avec eux. Une mésange qui hoche la queue, de jalousie certainement, vient s’intercaler entre Fägel et moi, sur c’est une fille !!! Voilà les amis, il est temps que je rentre sous ma tente à rejoindre mon duvet. La mascotte a lâchement abandonné la méthode assimile en suédois, elle ne supporte pas que le mot gâteau soit traduit par « kaka » !!!
Adjö

La plage d’Erik le rouge…

30 juin 2012
Ca y'est, Jo Zef se prend pour Erik le rouge !!!!

Ca y'est, Jo Zef se prend pour Erik le rouge !!!!

Une nuit tranquille, ici la peur du prédateur n’existe plus depuis belle lurette, les derniers ours ont été tués juste après guerre. La flore est a peu de chose prêt, identique à celle du Yukon et de vieux reflexe me reste. Hache toujours à portée de main et une nourriture toujours bien
emballée. Le protocole est moins strict qu’au Canada mais je reste prudent tout de même. 6h20 je déclenche la balise spot de ma géo localisation et prend la mer. Pas une ride, pas un souffle d’air, je file tout doux vers le sud, je profite de cette opportunité pour forcer
la cadence le vent va venir du sud et ma journée est plus qu’incertaine, alors j’avance en ne pensant qu’à maintenant. 8h20 déjà quand c’est calme c’est plus facile, 4,5km/h de moyenne, une super cadence pour le «semi-remorque » que je pousse. 9h20 un feu loin devant moi à terre m’indique que le suroît vient d’arriver, ce sera à mon tour d’ici peu. Je sens de l’air sur mon visage, je scrute l’horizon et j’y détecte une barre plus foncée, j’ai compris ce n’est plus de la brise mais du vent qui arrive. 10h20 le vent s’installe et je deviens un esclave qui
pagaie. J’arrive en fin de péninsule de Pitea, après le cap, la mer ouverte sans protection sur 5 nautiques au moins. Il faut que je prenne une décision, stopper ou prendre le risque de me trouver seul en plein milieu de la tourmente. Tout en pagayant, je détaille la carte qui est
devant moi dans sa housse étanche, je devine une échancrure. Oui, là bas à tribord une tache blanche, une plage ! Je bifurque de quelques degrés et avale les deux kilomètres comme un sprinter. Une anse de sable blanc très abritée du sud, je fais une halte café et après je prendrai ma décision. Ici tout semble calme, pas une brise, les moustiques se lèchent les babines : A table ! Je mets ma moustiquaire de tête et inspecte les lieux, du bois et du calme. Je me délecte de mes deux canistrellis avec un café et cogite. Je vais voir à pied comment est la mer au large. Je reviens rassuré de ma décision, là-bas c’est blanc et pile poil dans ma direction. Je fouille les lieux pour trouver une belle plaque de contre-plaqué qui nous servira de table et à mon retour, je surprends Jo Zef orné de cette magnifique ramure. Seulement 18 kilomètres pour aujourd’hui mais la route est longue alors prudence, prudence.
La mascotte ne serait-elle pas le descendant d’Erik le rouge, par Thor !
A pluche !

Un temps pour moi avec emoi sans toi ni toit…

29 juin 2012
un bivouac apaisant et récupérateur...

un bivouac apaisant et récupérateur...

Un grand ciel bleu me réveille ce matin, la température semble douce, je sors de mon long sommeil réparateur. Le vent de Nord est virulent mais ma petite plage est un havre de paix protégée de ce blizzard tumultueux. Les suceurs de sang sont punis, ils n’osent pas quitter leur planque pour tenter une ponction corsée. Nu comme un vers je prends enfin du soleil, celui qui régénère, celui qui rentre au fond de mon âme. La forêt entre deux rafales m’offre un opéra privé, un concert plumeux ! Je m’affaire doucement, le premier boulot est de sortir tous les sacs étanches et d’assécher Immaqa. Hier des minis murs d’eau se sont abattus sur nous et il a besoin qu’on s’en occupe. Je retrie ma nourriture chargée à la hâte à Lulea, je recale tout minutieusement pour gagner une incroyable place, les affaires doivent être facilement et rapidement accessibles. Je dois mémoriser où tout est fourré. De temps à autre je m’assois, je tends l’oreille, le golfe de Botnie ronronne, il faut que j’apprenne sa langue, je ne connais que le méditerranéen et si je veux cohabiter en toute sérénité il faut savoir échanger. Les quatre sacs étanches sont bien répartis, pendant ce temps j’ai mis la marmite à chauffer de l’eau et j’ai une bassine pliante complète de douche tiède. Je me rase, le soleil me chauffe les épaules, je me remets encore une coupelle d’eau sur la nuque, je respire à plein poumons ces moments de grâce. Je ne regrette pas les 50km d’hier, une longue journée mais quelle récompense aujourd’hui. Je ne regrette pas l’énergie que j’ai mis dans ce projet, j’y suis de plein pied, pas à pas je réalise mon rêve. La fatigue des journées précédentes envolées, je commence à connaître les effets secondaires de tel efforts, le soir je deviens négatif, tout me manque…
Comme je connais cette réaction, je me presse pour aller dormir car le lendemain, les démons se sont envolés. A midi c’est un festin, grillade de saucisses, pennes en sauce et un demi-litre de yaourt à la myrtille, ce sera toujours ça de moins à porter. J’ai encore quelques fantaisies
pour deux jours puis j’attaquerais le régime lyophilisé. Jo Zef commence déjà à protester. Affaires lavées, corps récuré, sacs organisés, je suis enfin prêt. Dans ces moments de plénitude je repense aux périodes difficiles de ma vie, où j’ai failli d’un cheveu ne pas m’en sortir, où le gouffre semblait me barrer la route, en vérité c’était une sorte de panneau indicateur pour me faire changer de route et vivre intensément le moment présent. Stockholm est là bas au sud, vous encore plus bas, ma Véro encore plus loin, pourtant malgré l’absence physique de vous tous je sens vos âmes, vos vibrations, je sais que la vraie solitude c’est
quand plus personne ne pense à vous.  Comme dirait Jo Zef une vie sans vibration c’est comme une crêpe sans confiture !!!
A pluche !

La plage aux romantiques…

27 juin 2012
un lieu imprégné de ma Vrai...

un lieu encore imprégné de ma Vrai...

48h que je suis arrivé à Lulea, mais le voyage est loin d’être fini, alors, c’est décidé je pars. Je n’avais pas fait attention quand j’avais posé mon bivouac en bordure du fleuve Lule, la personne à qui je demandais l’autorisation de camper, m’avait dit que la chapelle était ouverte tous les jours ?! Seul à être sous tente je comprenais mais un peu tard que j’étais dans un centre protestant pour jeunes. La prêtresse venait à ma rencontre et me présentait à ses élèves, il passait trois semaines dans ce camp pour une sorte de communion. Hier un à un ils sont venus me voir et m’ont posé des tas de questions sur mon mode de vie. Ils m’ont même aidé à porter mon kayak sur la grève. Ce matin malgré la pluie, le vent et un petit 9° je suis prêt. Hier ils m’avaient demandé à quelle heure était prévue mon départ… à ma grande surprise, malgré le crachin il n’en manquait pas un. La prêtresse entonne un chant puis une prière, ils me saluent très chaleureusement, je suis touché au plus profond de mon âme. Pour rentrer dans le sujet immédiatement un grain s’abat sur moi, des trombes d’eau et des rafales d’une violence inouïe.
Immaqa est chargé à bloque, je pars pour 50 jours de mer et les embardés que provoque les vagues me font faire des soucis. Mais c’est mal connaître mon kayak, malgré les 100kg de charge il répond merveilleusement bien. La descente du fleuve me vaut un vent de travers,
je me demande si je ne vais pas arrêter ma journée. La carte m’indique que je dois virer à tribord, l’enfer sur l’eau, je pars dans tous les sens les vagues par deux fois me passe par dessus la tête. J’ai la boule au ventre mais je ne peux plus rien y faire je dois traverser. J’ai
réussi ! Je beach Immaqa et me remets de ces deux premières heures incroyables. Un café me réchauffe et je reprends la mer. 12h l’heure du casse croute, mes fatigues dues au vélo sont déjà bien loin et je me sens bien, je vais pousser encore un peu, le vent est dans la bonne
direction sauf dans quelques baies que je traverse, j’avance bien. 14H30 je suis devant le bivouac que j’avais prévu, mais une idée germe, continuons. 17h je bifurque l’île par son bâbord encore 8 km et j’arrive. Où ? Mais à la plage aux romantiques !!! 19h 08 je suis sur
son sable, je n’ai pas de voix, un phoque semble attendri par mon émoi, il y a un an avec Véro nous avions passé plusieurs jours dans ce repaire d’amoureux, cela valait bien ces 11heures de kayak. Pour une entrée en matière je ne pouvais rêver mieux !!! Le moral est au beau fixe et je
dédicace cette journée à la puissance de l’amour. Demain repos, pour organiser le kayak et faciliter mes journées, qui ne sont qu’au commencement.
A pluche !

Pedalage en image…

26 juin 2012

Juste une petite séquence sans prétention qui vous mettra in-situ… Passage en péninsule de Nordkinn, deuxième jour…

Un unijambiste et une mascotte à Luleå…

25 juin 2012
La solitude, confidente du voyageur...

La solitude, confidente du voyageur...

La routine du matin, déjeuner, plier bagage préparer la nourriture du jour et reprendre le vélo. Yan mon hôte me surveillait, il est venu me saluer. Peut-être à l’année prochaine ! La route est en travaux donc je retrouve le bon vieux gravier. J’essaie de me dissuader de ne pas arriver à Lulea ce soir, trop loin, trop usant, puis le bout de voie rapide à gérer, non c’est sur, pas ce soir, je ne vais pas faire 140km avec 45 kilo de charge en une journée !!!. Je pédale en ne pensant qu’à l’heure en cours, dans 60’ pose café, puis une autre pose biscuits salés … Je me fixe des lieux dits, des ponts de rivière, j’ai 70km avant d’arriver en bordure du golfe de Botnie. Le vent de face ne m’a pas oublié, ouf, j’avais peur qu’il me laisse seul ! 5heures de pédalage pour voir de très loin la mer, allez, je pousse encore un peu plus loin. Je m’arrête je suis cuit et surtout je n’ai pas encore englouti mes nouilles chinoises. Sur la voie rapide difficile de trouver un coin calme, alors je me contente d’un trou qui doit servir de dépotoir ! Entre deux canettes de bières écrasées et des reste d’emballage je mange et me fait manger par des moustiques. Remarquez, c’est l’heure du casse croute pour tout le monde ! J’essaie de m’imaginer : un clochard !!! Elle est déjà bien loin derrière la terre saame… Je reprends mon vélo, 6h effectives de routes plus ou moins 7h30 que je suis parti. Je dépasse le taux syndical et pousse un peu plus loin. De toute façon ce n’est pas sur les bords de cette nationale que je vais trouver mon coin du soir… Alors je continue, 100km, mes fesses me font de plus en plus souffrir, mais je m’évade, je pars dans le pays des rêves et la souffrance se fait oublier, mes jambes elles sont au top. 110km au compteur, un panneau indique : Lulea 30km ! Allez, je tiens ferme je continue. Je ris, je me concentre, je pars en sanglot, dis donc c’est que le passé pédale avec moi !!! Encore 10, je pédale pour les jeunes de bout de vie, leurs visages me brouillent la vue… Allez Frank ne t’arrête pas là, t’es un lâche ou quoi ! Je sais que je vais y arriver ! Lulea!!!  J’y suis, 141km pour conclure l’étape 2. Que de beaux paysages, de personnages attachant croisés. 950 km pour traverser en totalité la terre saame version nord-sud. Je ne suis pas trop fatigué mais le manque de confort de ma selle m’a un poil gâché mes derniers kilomètres. Plan B je vais en changer ou lui mettre une housse en gel ! Eh na !!!

Un peu courbaturé la mascotte s’est extirpée du sac étanche pour se demander dans quoi nous allons nous lancer ces jours suivants ! Chut et rendors-toi…

Je tiens à vous remercier pour vos soutiens, ça fait chaud au cœur. Merci beaucoupsssssssssssssss.  Pour les pôtes de Tseusier ne soyez pas à Crans j’arrive. A Crans-Montana bien sûr… Je sais c’est plus fort que moi… Taïko banzaï, Jo Zef arrive!!! Heu c’est pas pour de suite quand même…                                                                                                                                                              Une petite dépression est en train de glisser sur l’Est de la Scandinavie ce qui va me laisser un peu de répit jusqu’à mercredi pour prendre la mer…Yakakayaker !!!

A pluche.

De vieilles nasses à saumon

De vieilles nasses à saumon

Des paysages qui ne me lasseront jamais... Assis toi et aime...

Des paysages qui ne me lasseront jamais... Assis toi et aime...

La cabane rouge…

24 juin 2012

Habitude lapone, certainement, il a plu toute la nuit ! Ce qui procure encore plus une sensation de cocon au fond du duvet sous la tente.
L’habitude se précise pour démonter le camp et démarrer la journée. Dés 7h30 me voilà déjà en selle. Le vent prend une composante Sud juste là où je me dirige. Bien qu’ayant parcouru cette route l’année dernière en voiture je suis désagréablement surpris des « bosses » qui m’attendent. Des côtes qui n’en finissent plus et le vent qui se renforce faisant de moi un véritable escargot du bitume. Mes premières quatre heures sont une torture. J’essaie de ne pas y penser, de ne pas faire de calcul de moyenne, mais la machine à cogiter, m’amène dans les ténèbres des pensées négatives. Je maudits les quelques voitures qui me doublent, déteste les motards, rouspète après les camions. Jo Zef a failli être débarqué !!! Pour la pause déjeuné je suis au bord d’un mini lac, un nid à moustiques et malgré le fraîchissement du suroit je suis agressé. Je me camoufle dans ma parka. Le soleil est enfin en action et l’envie de m’allonger me titille. Je m’enferme dans ma veste et me laisse caresser par ce soleil, certes timide mais cajolant. Je sombre dans un profond sommeil, pendant une micro sieste de 15’ qui me redonne une patate incroyable. Je reprends la route, un gros orage, me pleure dessus, peu importe malgré les coups de boutoir du zef, j’avance. Le coin est désert et seuls quelques hameaux croisent mon chemin.

6h légale de pédalage soit 8h00 d’errance depuis que j’ai levé le camp. Je décide de continuer, puis la route me rappelle la cabane rouge ! On s’y était arrêté l’été dernier, on avait cassé la croute au bord d’un fleuve… si je retrouve le coin j’y dresserai le camp. Jo Zef sort la tête du sac étanche, il siffle, il saute en marche !!! Ouais la mascotte, c’est bien là !!! Le vent est toujours violent, tant mieux les moustiques se tiendront à carreaux. Je hume le lieu, me remémore les bons moments passés là avec Véro. Une cabane rouge abandonnée en bordure du cours d’eau. Je monte la tente et pars me laver dans la rivière. Je m’immerge en partie et laisse mes jambes se régenter dans cette eau issue de la fonte des neiges. Je cueille des pissenlits, de la rhubarbe sauvage et m’active à faire sécher mes affaires. Un homme me rend visite, le propriétaire. Il m’autorise le bivouac, il me demande quelle est ma route, je m’informe sur sa kotta. Ses parents y ont grandi, elle est centenaire. Abandonnée depuis plusieurs années il n’a plus le temps de s’en occuper. Yan me laisse ses coordonnées, moi les miennes. En 2002 il avait fait le tour de la Corse et se souvient parfaitement de Bonifacio.
Ce soir au menu, pissenlits assaisonnés avec une boite d’harengs à l’huile et deux œufs durs, soupe de poisson norvégienne et compote de rhubarbe. Elle est pas belle la vie ! 97km quand même !!!
A pluche !

quel havre de paix...

quel havre de paix...