Bout de vie, saison 2016-2017

31 août 2016

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La saison 2016- 2017 est déjà là, en voici les lignes principales.

19 au 25 septembre dix jeunes amputés sont invités en Corse à passer une semaine en mer pour être initié à la plongée sous-marine.

Du 6 au 8 octobre, les Ecrans de l’aventure de Dijon, pour fêter leurs 25 ans, ont sélectionné le film Frères de sport de Bixente Lizarazu. Puis hors compétition pour illustrer les 25 ans d’aventure le film de Jean-Charles Marsily « Giramondu » sera présenté avec 9 autres documentaires. Un sacré honneur pour le simple et « pôvre » Cabochard que je suis !

Du 10 au 15 octobre accompagné d’un peloton d’amputés cyclistes nous traverserons en vélo la Corse du sud, étape le matin rencontre des scolaires l’après-midi. Des cols et des Ecoles. Cette année Dominique Benassi 15 fois champion du monde de triathlon sera l’animateur avec comme support un film de son parcours qui se nomme : Ma vie sur une jambe. Opération financée par la Fondation d’entreprise Française des Jeux.

26 octobre conférence privé pour le rotary club de Menton qui va s’engager financièrement au côté de Bout de Vie, initiative qui me touche énormément son nouveau président Antoine Mari est un ami d’enfance.

Du 29 octobre au 1 novembre, stage de survie en Corse du Sud. 6 personnes valides et moins valides vont arpenter le maquis hors des sentiers battus pour une initiation à la vie sommaire dans la nature.

25 novembre le documentaire Frères de sport a été sélectionné par le Festival du film d’aventure de Lyon Quai du départ.

Fin novembre, à bord du Porte avions Charles De Gaulle je faire être nommé Chevalier de l’ordre national de la Légion d’Honneur.

Du 28 février au 2 mars, stage de survie en Corse du Sud. 6 personnes valides et moins valides vont arpenter le maquis hors des sentiers battus pour une initiation à la vie sommaire dans la nature.

Du 9 au 25 avril expédition Avannaanut (vers le Nord en groenlandais) 4 jeunes « différents » vont me suivre sur les pas de Paul Emile Victor. En chien de traineau avec des chasseurs locaux nous glisseront jusqu’au glacier de Eqi, là où l’équipe de PEV a observé l’un des plus grands glaciers de l’hémisphère Nord.

Du 15 juin au 15 septembre j’embarquerai avec mon vieux complice, le kayak Immaqa (peut-être en groenlandais) sur la côté ouest du Groenland, depuis Ilullisat pour aller le plus au nord possible pendant ce bref été, un voyage de l’intérieur, juste entre la nature et mes sens. Je laisse le soin aux « autres » aventuriers de dénoncer le réchauffement climatique où d’aller à la rencontre de l’autochtone, la poésie, la rêverie et une vie sans boiter seront mes seuls messages.

Puis pour ceux qui me connaissent un peu plus, si si ça existe ; attendez je compte : un, deux, et vous. Je vais ramener « mon » Cabochard sur la côte pour sa nouvelle vie. Ce n’est plus une page, un chapitre, mais un nouveau livre qui s’écrit.

N’oubliez pas que Bout de vie c’est vous alors continuons droit devant nous, un léger coup d’œil sur le passé, une tête en l’air pour l’avenir mais un immense sourire pour le présent qui doit être mangé sans laisser aucune miette.

Je vous embrasse bien fort, la mascotte se joint à mes côtés aussi…

Chevalier de la Légion d’honneur…

19 juillet 2016
Cliché pris quelques heures avant mon accident sur le pont du PA Foch

Cliché pris quelques heures avant mon accident sur le pont du PA Foch

Je ne sais pas, par quel bout commencer. Je ne sais pas si je dois être solennel, si je dois mettre de côté ce billet, les Hommes me surprennent autant qu’ils m’attristent. Au matin du 14 juillet je recevais cette missive qui me laissait sans voix, une date que je ne pourrais oublier. Quelques heures plus tard, à quelques kilomètres de la ville où je venais au monde, il y a 51 ans, l’horreur fauchait des innocents…  Je prends mon courage à deux mains, pour vous annoncer, un honneur, qui en un battement d’ailes, a perdu toute sa signification.

La France m’a remis le titre de Chevalier de la Légion d’honneur !

Une surprise énorme, qui jusqu’au dernier moment, m’a laissé dubitatif. Le 4 mars une lettre du gouvernement me prévenait que j’avais été choisi pour l’une des plus haute distinction nationale et que je devais m’atteler à répondre à un long questionnaire. Heureusement qu’un numéro de téléphone était joint au courrier, ce qui me permit de remplir le formulaire sans erreur. Pendant ces mois d’attente, de la décision définitive du Grand Chancelier, je me questionnais sur la genèse de cet honneur, quel politique avait eu la drôle d’idée de me proposer ? La Légion d’honneur est toujours allouée par un ministre mais jusqu’au dernier moment, je ne pouvais savoir qui en était l’initiateur. Le secrétaire de cabinet, est un homme a l’écoute et j’en suis sur, mon franc-parler l’a fait, plus d’une fois sourire. Mes questions ont été multiples, mais la principale était celle-ci : quel critère pour cette distinction ? Eh « ben » 3 ! En premier mon service rendu à la nation en 1983 qui me coûtait une jambe, puis ma « croisade » associative avec Bout de vie depuis 2003 avec cette obstination à partager coute que coute et myrtille sur la crêpe, mes aventures qui ont été souvent des premières mondiales. Ce triptyque avait convaincu le gouvernement de me proposer la rosette. Donc me voici gratifié de Chevalier de la Légion d’honneur. Mais entre vous et moi je vais vous dévoiler quelques confidences. Dans le protocole, il me falait choisir un parrain, qui a déjà reçu cet honneur, c’est lui qui sera à mes côtés le grand jour. En faisant le tour de mes potes assez proches, le seul en toute évidence qui pouvait endosser cette fonction était mon « frère de sport » alias Bixente Lizarazu, qui n’a pas hésité un millième de seconde pour accepter ce rôle ! Puis je devais aussi choisir, un lieu officiel. Vous me voyez à l’Elysée, avec le costume, les souliers vernis et tout le tralala ? Non, non, j’ai trouvé mieux. Puisque tout a commencé en service commandé sur un porte-avions, pour boucler l’affaire, la logique m’a amené en toute simplicité à demander le porte-avions Charles-de-Gaulle comme lieu de réception. Mission impossible m’a susurré « mon » parrain, mais ma détermination saupoudrée de bonne étoile m’a offert cette opportunité. Le 14 juillet 2016, sur le journal officiel, la liste de la promotion Légion d’honneur a été dévoilé et à ma grande surprise mon nom était mentionné. Je fais partie des 13 nominés du ministre des sports, donc il ne me reste plus qu’à patienter pour le grand jour. Qui me sera donné par le Commandant Eric Malbrunot pacha du PA Charles-De-Gaulle.

Avant de conclure ce billet rouge rosette, je tenais à vous remercier tous du fond du cœur. Ce n’est pas moi qui reçois cet honneur, mais vous tous qui œuvrez pour que Bout de vie existe. A chaque fin de stage, qu’organise l’association, vos sourires sont des récompenses immenses, des bains de bonheur que je souhaite à tout le monde. Dans mes aventures extrêmes, vos soutiens m’ont toujours amené au bout de mes rêves qui sont devenus un peu les votre, puis un grand merci au Commandant Bertrand de Lorgeril patron des plongeurs démineurs, qui va me permettre de remonter à bord d’un bâtiment de guerre où il y a 33 ans tout avait commencé dans un drame qui s’est transformé en force transmissible…

Décidément l’été 2016 restera une sacrée année dans ma vie de Cabochard…

PS : Je me demande si je dois amener aussi ma mascotte Jo Zef, il serait capable de me piquer la médaille !!!

Ils sont ma force et c'est à eux à vous que je dédis cette décoration.

Ils sont ma force et c’est à eux, à vous, que je dédis cette décoration.

Il y a un an…

2 juin 2016
Magie des Lavezzi

Magie des Lavezzi

Depuis 2003 Bout de vie organise des stages de plongée sous-marine, depuis 13 ans des groupes se succèdent, chaque semaine est différente, chaque participant y apporte sa part d’histoire de vie. On se dit au revoir, sans être certain de se revoir et puis un jour, une lettre, un mot et l’émotion surgit du fin fond de nos maux.

Il y a un an, jour pour jour, une équipe posée leur prothèse dans l’univers « Galioto-cabochardesque », une participante nous a écrit ceci; comment ne pas le partager?

Merci Aline, tu es un éclat de lumière qui éclaire mes part d’ombres, nos parts de souffrance…

Carnet de voyage Iles Lavezzi, Corse 31 mai- 6 juin 2015

A bord de la Galiote

Merci à Bout de Vie. Merci à Frank Bruno. Merci à Horst Guenther Hayer, le capitaine. Merci à Marie-Lou, Véronique, Ali, Raynald, Alex, Christophe. Merci à toute l’équipe de la Galiote. Merci à Sylvie.

Mardi.

Les cris des goélands. Petits Petits Petits. Il faut les protéger, les sauver. Les discipliner, leur apprendre à voler. Petits Petits Petits. Dans les roches ancestrales, votre demeure, votre vous. Coulées, roulées, boulées, lissées. Portées, sur la main des glaciers. La mère tout bec dehors ailes battantes. Petits Petits Petits. Tumulte des hommes brisés. Clapots de silence, contre la pierre. Et soudain, à l’Ouest, discrètes notes noires égrenées comme un gravier du ciel ; expiration, inspire expire. Respiration, cellules-cristaux de la mer. Respiration branchies-lanières, les prairies de la mer respirent. Peuples des couleurs, suspendus dans le ciel turquoise de la Méditerranée, vous palmez lentement, éventails de la mer Œil-cristal de vos corps Incrusté dans les topazes immatérielles de ses mondes sous-marins.

Mercredi

Nous glissons, volons, enlacés dans les lanières de l’eau. Le corps vivant, les muscles ravivés. Bercés par le peuple vif-argent de la mer, nous somnolons dans les prairies enrubannées des posidonies-tentacules. Une sole découpe les fonds en poussant les points noirs de ses yeux, ondulation de sable souple. Tendre la main vers le trésor inouï d’un coquillage qui scintille sur une roche et le cacher dans sa manche. Entre veille et sommeil, rêve turquoise et ocre, nous touchons tout au fond de nous-mêmes.  Accordés pour toujours aux poumons de la mer me granit âpre. Dormez, jamais plus au repos. Fétus, jetés, éparpillés, broyés par la meule de la mer, cris du métal déchiqueté, cris indistincts au fond de vos gorges. Âmes granit vous êtes pour toujours les frères des récifs. Les frères des brisants. Tumulte, hurlements, déchaînement, déferlements. Amas de bois métaux, corps émiettés. Puis silence éternel. Pourquoi ces furies soudaines que veulent-elles nous dire, nous qui n’existons pas pour elles ? Chaque homme dont l’âme blessée habite le bloc de granit taillé et dont les mots peu à peu disparaissent des mots qui se faisaient l’écho de leur peur de leur détresse de leur courage. Justement : déchirés par cette même roche, leur demeure pour toujours. Silence éternel. Âmes granit âpres.

Jeudi

Bois flotté arrimée aux cellules de la mer.  La pensée se dissout dans les poumons de l’Océan, la mémoire se vide lentement comme un flacon d’encre épaisse qui renfermait nos histoires et nos mots. Le corps oublie ses contours, la respiration occupe tout le champ du sensible, bulles de vie-éclats. Une grappe de saupes broute les rochers dispensateurs de vie où s’accrochent des milliers de micro-existences nourricières. Être là suffit gorgé de silence humble, bois flotté illimité confié aux habitants de ce monde.

 

 

Vendredi

Air de nos poumons ombrelles-méduses, Ribambelles de bulles argentées bondissant dans le ciel de la mer. Nous rampons sur les fonds, glissant entre deux couches de temps, silencieux, caressant de nos regards embués les peuples de la mer. Peuples souples, rapides, habillés d’arc-en-ciel, qui ignorez superbement nos existences, nous qui devons pour accrocher dans nos mémoires quelques images de vos univers porter des poumons sur nos dos. Comment comprenez-vous nos silhouettes sombres qui hantent vos territoires. Comment compreniez-vous ces bulles argentées qui montent de nos ombres en dansant, puis disparaissent à la surface-frontière entre mer et ciel, entre vos mondes et les nôtres irrémédiablement autres ? L’air de nos poumons, ombrelles-méduses. Etranges, étrangères bouteilles à la mer.

Samedi

Vaisseau-fantôme dans la brume inattendue, la Galiote dort en faisant grincer ses vieilles lattes de bois vernies qui ont inscrit dans leurs veines tant d’histoires humaines et tant d’images qu’elle instille goutte à goutte dans nos mémoires. Imperceptible balancement d’une micro-houle ensommeillée, ne sachant pas encore ce que nous sommes devenus au dernier jour de notre rêve sur la Galiote, nous tirons lentement le voile du sommeil. Nous avons peut-être dormi trop longtemps avant d’avoir communié, avec le vieux sage navire sculpté jour après jour par les mains amoureuses du Capitaine. Nous avons peut-être stocké trop de certitudes avant d’avoir connu le tendre rocailleux Cabochard que nous avons choisi de rencontrer pour bousculer notre chemin. Déchirée tout à coup, la brume ouvre à nouveau les fenêtres du ciel et de la mer profonde. Nous sommes toujours là.

Aline Robel

Elisa graine de championne…

3 mai 2016
Elisa ou la totale liberté

Elisa ou la totale liberté

 

Depuis 13 ans Bout de Vie tente de changer le regard des bipèdes, sur vous, sur nous, les « raccourcis ». Une longue croisade qui tout doucement donne ses premières boutures, j’aurais pu dire qui dévoile de nouveaux pieds ! Je me souviens d’une petite- fille de 3 ans qui posait sa petite prothèse sur la Galiote, elle venait à peine de perdre sa jambe, sa maman était soucieuse, mais Elisa ne voyait pas pourquoi son entourage s’inquiétait autant, avec deux ou une jambe sa vie ne serait que force et défi. Puis elle est venue aux 10 ans de l’association, je sentais une ado pleine d’énergie et de volonté alors elle a rejoint seule, le stage de plongée deux ans après. Une semaine où, elle a découvert de nouvelles limites, un nouvel horizon. Un jour de grand vent sur la plage arrière du bateau je l’engueulais pour qu’elle trouve sa serviette, car trempée comme un mérou elle grelottait face au mistral. Du haut de ses 12 ans elle me lâchait une tirade que je ne pourrais oublier : Si un jour tu m’amènes dans le Grand Nord il faut que je sache gérer le froid.  Ni une ni deux pour ses 14 ans elle embarquait pour une aventure hors norme. Vivre sur une île déserte de la côte Ouest du Groenland en autonomie complète, elle était la cadette du groupe. Là-bas sur la terre des « Nanoq » elle m’a ému profondément, elle a su s’adapter de manière remarquable. Nos journées étaient composées soit de balade en canoë, soit de randonnée en terrain très accidenté. Une muraille encerclée l’île et pour rejoindre le haut plateau à 600Mts au-dessus du niveau de la mer il valait crapahuter sur des corniches assez vertigineuses. Son emboîture l’avait blessée, mais pas une seule fois je ne l’ai entendu se plaindre, pas une fois je ne l’ai vu grimacer. Après 3h de marche nous trouvions une montagne sans nom, depuis sur l’île d’Ataa un sommet s’appelle le mont Elisa. Le retour en France, après de si belles expériences, permet de comprendre dans quel luxe nous vivons, dans quel confort nous évoluons. Alors Elisa encore plus forte, encore plus haut, continue sa vie de jeune femme et hier la une du quotidien régional Sud-Ouest lui a consacré un bel article dont voici un extrait qui m’a beaucoup touché :

L’adolescente, d’une maturité impressionnante, a même participé à des stages de survie, dont un au Groenland, avec l’association Bout de vie. « Je suis devenue plus volontaire, curieuse, résistante. Abandonner, ce n’est pas dans mon état d’esprit. Et quand je vois une personne valide abandonner parce que c’est dur, je l’encourage à continuer. »

Cliquez ici pour voir la totalité de l’article.

Pour conclure ce billet, je tiens à remercier toutes les personnes qui de prêt ou de loin permettent à Bout de Vie d’œuvrer dans ce partage si essentiel. Bout de Vie n’est pas là pour assister les amputés, Bout de Vie a la seule vocation de permettre à qui veut de vivre plus fort qu’avant.

Que Dieu vous prothèse !

Tout simplement en sur-vie…

10 mars 2016
Le feu qui réchauffe le corps et les âmes...

Le feu qui réchauffe le corps et les âmes…

Créer la cohésion d’un groupe n’est jamais aisé, se lancer dans un stage de survie est une démarche volontaire pour rencontrer l’infranchissable, pour faire face au désir de renoncement sans jamais l’accepter. Alors qu’à l’autre bout du monde, à Bali, la journée du silence était respecté par tout un peuple, ici dans la vallée perdue, les marches étaient automatiquement silencieuses. Ce vide est indispensable pour entendre ce que la nature a de plus merveilleux à nous offrir, sa vibration. La quiétude amène au respect, mais notre vie actuelle n’accepte plus la paix, le calme, la sérénité. Le bruit est un mal sournois qui rend fou les hommes, pendant ces 4 jours de stage de sur-vie, nous essayons d’aller au plus profond de nos âmes. Pourquoi sans cesse absorber des infos qui rendent dingues, néfastes et qui sclérosent notre monde qui est si merveilleux. Alors nous avons fait un pacte avec les éléments pour prendre la peau de randonneurs égarés qui cherchent un moyen simple de s’en sortir. Nos sacs étaient composés du strict minimum, pas de superflus, encore moins d’affaire de rechange, quand on se perd, c’est pour certainement prendre un nouveau chemin qu’on ne pouvait soupçonner. Nuits sous bâche avec la pluie en guise de gardien, récolte de quelques plantes et champignons pour améliorer les nouilles chinoises et quelques astuces pour transformer cette expérience en une image de référence en cas de coup dur dans l’avenir, ont marqué les participants. Patient, souple mais aussi intolérant avec les non-respects des règles, nous avons échangé au coin du feu, les langues se délient toujours, perdre une jambe ou une personne de sa famille est une épreuve, le membre est envolé il ne reste que son souvenir. Pour les plus chanceux on peut le remplacer par une prothèse, pour les autres c’est un fantôme qui de temps à autre apparaît derrière un rideau de larmes. Chacun, du moins je l’espère, est venu chercher, l’infiniment subtile, la clé du jour où il sera égaré, le maquis de cette vallée perdue a des vertus insoupçonnables. Le cabochard que je suis, n’a pas été des plus tendres, par moments mes mots ont lacéré les acquis, ont botté le cul des têtes en l’air. Ma première vocation n’est pas la diplomatie, la vie en autarcie est ainsi, elle ne supporte pas les « moi j’ai fait », les randonneurs du confort qui se perdent au premier lâcher-prise. L’Aventure m’a mise tellement de claque qu’à mon tour je tente de transmettre la réalité d’une aventure de 4 jours avec un guide Freeman. Mieux que des mots des photos.

Un départ pluvieux

Un départ pluvieux

L'importance de toujours savoir où l'on est.

L’importance de toujours savoir où l’on est.

Découverte d'une vieille aire de battue pour les céréales...

Découverte d’une vieille aire de battue pour les céréales…

Le gardien du premier soir de bivouac

Le gardien du premier soir de bivouac

La progression dans le maquis est lente et fastidieuse

La progression dans le maquis est lente et fastidieuse

Après une matinée d'enfer vert le sommet est une libération

Après une matinée d’enfer vert le sommet est une libération

Le nombril de Vénus a multiples vertus que nous avons découvert ensemble

Le nombril de Vénus a multiples vertus que nous avons découvert ensemble

La descente est tout aussi contraignante!

La descente est tout aussi contraignante!

Le coin douche du soir

Le coin douche du soir

Girolles, bolets, pieds de mouton assaisonnés d'ail sauvage.

Girolles, bolets, pieds de mouton assaisonnés d’ail sauvage.

Deux bouts de bois un peu d'astuce et le blessé peut-être brancardés au travers d'un torrent à 8°

Deux bouts de bois un peu d’astuce et le blessé peut-être brancardés au travers d’un torrent à 8°

Concentration jusqu'au bout.

Concentration jusqu’au bout.

L'odeur des petits pains sont en train d'embaumer la forêt.

L’odeur des petits pains sont en train d’embaumer la forêt.

Pourquoi se mouiller les deux pieds alors qu'un peut être au sec!

Pourquoi se mouiller les deux pieds alors qu’un peut être au sec!

Malgré le froid la joie et la bonne humeur était de compagnie

Malgré le froid la joie et la bonne humeur étaient de compagnie

Une lavande des Stéchades

Une lavande des Stéchades

stage de sur-vie douce…

3 mars 2016
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Juste en forme l’accompagnateur!

Je reviens à peine de repérage, Houlà la, les conditions vont être au top. L’hiver qui n’est jamais venu cette année, c’est juste ébroué au bon moment. Les torrents ont repris de leur superbe, le terrain est détrempé à soin et mes copains les sangliers n’ont pas tous fini au fond de la marmite. En deux mots le summum pour un vrai stage de sur-vie douce !

Les 6 candidats sont dans les starting-blocks, le stage va bientôt pouvoir se réaliser. Comme à l’habitude il y a quelques abandons de dernière minute, mais cette fois j’ai anticipé et nous serons 6 au complet. 3 femmes et 3 hommes, un guide un peu boiteux et une vallée encore préservée. Dans le groupe un amputé en plus du Cabochard, la mixité est au rendez-vous. A une époque où l’aventure est virtuelle nous allons nous plonger au plus profond de nous-même. « Krotte en tas » et autres âneries télévisées pourrissent ce qu’est l’aventure. Vivre ses rêves c’est être en osmose avec son environnement, c’est fusionner 6 personnages en une équipe soudée et prête à se surpasser. Pas de feu de friction, ou de larves grillées, mais de la cohésion de groupe, des successions de petits gestes qui rendent la forêt douillette. Les marches seront courtes mais pénibles, le maquis ne prévoit pas le passage des gros sacs à dos, il aime bien voir le rêveur poser genou à terre. Mais pendant ces 4 jours le temps qui passe sera laissé dans le monde de ceux qui courent, ici on est ailleurs. Depuis quelques années maintenant j’en ai vu des sourires entre les gouttes de pluie et de sueurs, des moments de désespoir devant le torrent en cru, des grimaces quand il faut dérouler sa bâche sur un sol détrempé. Je me réjouis de pouvoir guider un petit groupe, qui je l’espère trouvera l’essentielle de la nature, sa quiétude et sa justesse. Les marches seront silencieuses, pas de blabla en randonnant, le bruit est l’ennemi du poète. Le soir auprès du foyer, si les élèves arriveront à l’allumer, ils pourront raconter leurs histoires mais comme par magie la plénitude de la vie de nomade efface d’où l’on vient et qui on est là-bas en face. Le crépitement du feu qui ronronne est bien plus ludique que n’importe quelle chaîne TV. Le craquement d’une branche dans le dos du campement annonce toujours un frisson collectif, bien qu’ici en Corse les derniers ours à avoir vécu sont d’époque moyenâgeuse. Le stage de sur-vie est tout simplement un retour à l’essentiel, à une vie minimaliste où tout le superflu est en mode « indésirable ».  Les gadgets modernes seront temporairement bannis, les écrans ont la fâcheuse manie de flinguer l’instant présent.  Il y a bien un endroit où on doit être attentif, cet endroit, c’est ici au milieu de nous-même. Plus aucun moyen de fuir l’instant présent, de combler le vide qui donne le vertige, de « virtualiser » sa vie pour la rendre plus vivante. Ici le moindre bruit, le moindre souffle, la simple miette trouve enfin sa vraie place.  Je me ferais un vrai plaisir à vous faire un simple récit de cette belle aventure.

Si vous aussi, vous êtes tenté par cette expérience sachez qu’il reste 2 places encore en novembre. Par contre si vous êtes un groupe de 4 minimums je peux étudier avec vous une date et un lieu. Le prix du stage est totalement reversé à l’association Bout de vie.

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Ration pour 4 jours pour 7 personnes!

A pluche !

2016 du bon pied…

4 janvier 2016
Si petit face à tellement de paix...

Si petit face à tellement de paix…

Avant de commencer ce billet mille mercis de tous vos messages au sujet du film Frères de sport, je ne m’attendais pas à autant de gentils mots, vraiment merci beaucoup, je suis très touché, très ému…

Comme l’exige la tradition c’est le moment d’adresser ses meilleurs vœux autour de soi. Pour ne pas égratigner cette règle je vous souhaite Pace, salute e liberta (Paix, santé et liberté).                                                                 Ah, cette sacrée liberté, celle qui ne supporte pas les compromis, celle qui refuse le paraître, celle qui n’admet aucun pacte, elle est rebelle et sans concession. Nous les abîmés de la vie, nous avons aussi droit à la liberté, quand je dis abîmé, je veux dire tout le monde, puisque à mes yeux, nous sommes tous amputés de quelque chose !  L’année 2015 a eu sa part d’horreur mais je n’en parlerai pas, ce serait faire trop d’honneur à cette bande d’ordures qui se prend pour le ver de la pomme alors qu’ils ne sont que poussière. Nous vivons une époque formidable, arrêtez de gémir en me traitant de fou, nous vivons au paradis alors que certains se croient en enfer. La médecine avance à grands pas, même si l’emboîture fait boiter parfois, vous vous prenez de plus en plus en main, même s’il vous en manque une ! Alors oui, notre époque est formidable, elle nous appartient, elle est en notre possession, ne demandons pas aux autres de changer, une vraie révolution c’est en soi qu’il faut la faire en premier. Bout de vie a fait sa part de boulot, des stages, des rencontres, des échanges, entre cassés par moments on peut troquer ses misères. Au bout de l’horizon, de nouveau le soleil, une autre baie abritée. Les résolutions c’est bien, mais ça ne dure qu’un instant, nos tempêtes ne sont pas là pour nous détruire, elles nous poussent dans un archipel inconnu, dans une île « étrangère ». Le chômage, les SDF, les conflits, une histoire d’homme, à nous d’ouvrir notre main, notre cœur, nos yeux. Je sais ça fait mal de changer ses habitudes, c’est compliqué de comprendre les « autres », moi le premier je me surprends de fuir dans certaines situations, la vie n’est pas une fuite, ni un combat mais un présent, qu’il faut savoir gérer, accepter…

Cela faisait un moment que je n’avais plus mouillé l’ancre de mon Cabochard aux îles Lavezzi, je les avais pris en grippe, je m’autorisais un « touch and go » avec le stage de plongée Bout de vie mais elle m’avait blessé par leur perversion à la masse, à l’étendage de serviette sur « mon » sanctuaire ! Puis l’anticyclone s’est perdu en cet hiver bizarre et sur la pointe de la prothèse j’y suis allé sans m’attendre à la paix ! Je me disais : « de toute façon on va te débusquer, y en a bien un qui va vouloir te dire un truc… » et ben non, le silence était le seul au rendez-vous. J’ai humé ces années passées là, à jouer au Robinson boiteux, j’y ai retrouvé mes marques, elles sont mes secrets, je les emporterais avec moi dans mon dernier souffle. J’ai plongé, dans mon sanctuaire, lui aussi c’est mon mystère. Puis la nuit venue, j’y ai vu de nouvelles étoiles, elles m’ont parlé de la liberté, de l’avenir, du passé, de là maintenant mais surtout elles m’ont dit de vous souffler ceci. Ne doutez pas de vous, vous aussi vous êtes des Freeman, levez le nez elles vous le diront aussi… Bonne année 2016

Frères de sport « Scuba diving »

21 décembre 2015

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Le voilà enfin le quatrième documentaire de Bixente Lizarazu. Lundi dernier dans les locaux de RTL l’avant-première regroupait un tout petit comité. J’étais minuscule dans ma prothèse, les pontes des grands médias étaient conviés et de mon côté j’osais placer quelques amis au milieu de ce beau monde. Bixente était comme un enfant qui a préparé une surprise, au troisième rang, mon frère de sport. Je m’enfonçais en douce dans le fauteuil pour que personne ne puisse voir ma réaction, mais que de bonheur ces 58’, que d’émotions, cependant je ne vous cache pas que la fin m’a remué les tripes. Les 60 invités applaudissaient le générique de fin, il fallait aller en face de nos amis présents, il était temps de remercier tous ceux qui avaient permis la réalisation de ce reportage sur la plongée. Nous les « grandes gueules » étions tout timides, les mots ne pouvaient sortir, Bixente qui n’est pas du genre à se lâcher en public était en incapacité de lire ses fiches, de l’eau de mer coulait abondement sur ces joues… Comme vous l’avez compris ce Frères de sport sera un peu différent des autres, déjà par son format 58’ au lieu d’un classique 26’ puis par notre profonde amitié qui perce l’écran d’après les critiques.

Ne trépignez vous aussi vous allez pouvoir le regarder, TNT Equipe 21.

Pour visionner notre bref passage sur Canal+ cliquez ici

–          Samedi 26 décembre – 19h (inédit)

–          Lundi 28 décembre – 18h

–          Mercredi 30 décembre – 21h45

–          Samedi 2 janvier – 17h30

 

Par ce blog nous attendons vos remarques, critiques. En attendant passez un bon et joyeux Noël.

 

10 ans, déjà 10 ans

27 novembre 2015

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Le 30 novembre 2005 Dume et moi, nous nous élancions dans une folle aventure, dans un défi qui se révéla une épopée. 18 mois auparavant, l’extravagant rameur Jo Leguen se retrouvait au premier stage de plongée Bout de vie et devant une bouillabaisse il nous lançait le défi de traverser l’Atlantique à la rame. Avec Dume nous relevions le pari sans savoir ce qui allait nous attendre. 18 mois pour bâtir un projet énorme, trouver des sponsors, un bateau et surtout se préparer en ramant comme des galériens. Nous ne voulions pas que participer, nous voulions aller sur le podium, car, oui, c’était une course, nous n’étions pas que les seuls fous. 26 bateaux identiques pour en découdre avec 5500 km d’océan, 3300 milles marins pour devenir les premiers handis à réaliser cette folie. Mais vous commencez à me connaître être mis dans le rang des handis me donne des boutons et en mer ça pique les fesses l’urticaire ! Alors nous avons laissé nos boiteries à quai et nous avons bossé. Des partenaires plus qu’improbables, se sont comme par miracle greffés, au projet. Quand un Prince Albert II de Monaco vous prend par l’épaule pour que vous lui racontiez votre vie de Cabochard « ça trou le cul, non » ! (Pardon!!!)  Et qu’en plus de la soirée organisée à cet effet il sort des billets violets pour un petit supplément, ce n’est pas énorme ! Quand le big boss de l’Agence Spatiale Européenne, t’appelles le 1 janvier pour te rencontrer au plus vite ça donne des ailes, non ? Et le rêve n’est qu’a son apogée. Alors avec cet engouement autour des « pôvres » deux unijambistes têtus, nous avons inventé notre « ramerie » océanique, nous avons essayé de penser à l’impensable. La grue de Bonifacio nous a fait chavirer à maintes reprises, pour voir comment ça fait en mode machine à laver programme essorage ! Nous avons tenté le diable avec les Bouches de Bonifacio en sortant par tous les temps. Mais la plus belle fût la première sortie ! Calme plat et sans courant mais pourtant il nous a été impossible d’accorder nos pelles et je peux vous dire que sur les quais des pêcheurs personnes ne donnaient cher de notre transat ! Mais nous avons bossé, nous avons travaillé comme des gladiateurs pour être enfin au départ à la Gomera aux îles Canaris. Du monde entier, des bateaux identiques étaient arrivés, de toute la planète des poètes allaient se lancer dans un inconnu d’eau salée. Pendant 20 jours nous avons été jaugés, contrôlés jusqu’à ce que la date du 27 novembre arrive. Mais une fois de plus je me suis fais remarqué en allant annoncé qu’avec Dumé nous ne serions pas sur la ligne, que ma petite expérience de marin me disait de rester à quai car un coup de chien de Sud-ouest arrivait pilepoil le jour du départ. Sans attendre leur réponse je repartais à notre Yole numéro 20 (département de la Corse) pour doubler les amarres et donner quartier libre à Dumé. Grosse panique au QG géré par un staff britannique imposant. Mais avant que je prenne ma voiture de location pour visiter la magnifique île  de la Goméra en mode bon touriste, un des organisateurs me rattrape pour me présenter ses excuses car effectivement une dépression impressionnante déboulait sur l’archipel et qu’il y aurait eu une hécatombe dans la flottille ! Et voilà enfin que le 30 novembre nous larguons les amarres, que nous rentrons de plain-pied dans ce rêve sans savoir que cela va être plutôt un cauchemar de souffrance. Le premier soir fût terrible, la nuit nous enveloppait, pour cacher nos visages terrorisés, comment oublier les proches que l’on avait laissé à quai, comment savoir ce que l’Atlantique allait nous réserver ? Le mal de mer me tenait la jambe pendant 4 semaines, mes doutes eux sont restés fidèles jusqu’à l’arrivé. Deux tempêtes tropicales nous ont fait reculer pendant 10 jours, 2 fois 5 jours à se morfondre, 240 heures de tortures mentales ! Puis la routine des jours qui s’égrainent avec un alizé musclé comme on n’avait pas vu depuis plus de 30 ans d’après météo-France, « chouette on va aller plus vite »! Puis le 40éme jour une vague scélérate nous brise le safran ainsi que notre rêve d’arrivée. Mais si malgré une jambe en moins on a su survivre ce n’est pas un gouvernail amputé qui va nous stopper, non mais ! Après une nuit de gros bricolage, que même Mac Gyver semblerait perdu, nous nous en sommes sorti pour reprendre la mer. Cette fameuse même nuit 7 équipages déclenchaient leur balise sat pour être secourus. Finalement au bout de 54 jours 3 heures et 32 minutes nous finissions 3éme en laissant le dernier équipage à 30 jours derrière nous… Et voilà 10 ans ont passé, avec Dumé nous nous voyons régulièrement et notre complicité nous mène là-bas où nous avons réalisé un truc de fou. Interviewé par un nombre incroyable de journaliste mon frère de rame avait repris la citation de Marc Twain : Il ne savait pas que c’était impossible c’est pour ça qu’ils l’ont fait. La yole à été vendue, Franck et Angéla ont suivi le sillage et certainement d’autres ont porté leur prothèse au milieu de la grande bleue. Grace à cette traversée l’association Bout de vie c’est fait connaître, nous avons reçu des centaines de messages plus beaux les uns que les autres, 10 ans après, des inconnus nous interpellent encore pour nous féliciter, 10 ans après !  Mais bien plus fort que tous ces hommages, plein de cabossés de la vie ont, par cette traversée, trouvé une réponse à leur question de vouloir vivre malgré un bout en moins.  Mon premier livre en parle bien sur, deux documentaires illustrent cette transat anglaise et par le biais de ce blog je tenais à remercier du fond du cœur tous les contributeurs à cette course qui restera gravée très longtemps dans mon cœur, dans mon âme, comment oublier.

Pour se remémorer cette aventure les deux documentaires à voir sans modération, juste après les photos.F1000004webF1000007webDSC_5621web

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FR3 Thalassa Dans le même bateau 

Survie: Une comète de bonheur

12 novembre 2015
Comme dans un rêve...

Comme dans un rêve...

Une fine dalle de pierre est en train de rôtir une variété des plus alléchantes de champignons, amanite des Césars, Cèpe de Bordeaux et Rosés des prés, l’ail sauvage rajoute une part de  « léchage » de babines. Cela fait 4 jours que nous « survivons », le monde de la forêt nous a happés, le maquis nous a pris en otage. L’équipe cette fois est réduite, au dernier moment les engagés se sont dégonflés ! Je ne vais pas épiloguer sur ces comportements mais cela me rassure sur ma vue sarcastique de notre société de consommation frénétique. Un click sur son clavier et le dossier est rempli, le chèque signé et expédié. Mais le temps aspire l’urbain dans la spirale des « choses » indispensables à faire et au dernier moment on annule, on fuit ces 4 jours de vie sans écran. Ma démarche étant de remplir, avec ces stages de survie, les caisses de Bout de vie, je ne vais pas me plaindre, mais ma petite voix serait, si je ne la contenais pas, un brin acide. Donc, pour en revenir à cette prise volontaire de maquis, je ne saurais vous décrire en deux mots la joie partagée de ce duo féminin qui m’a accompagné. Les images de référence sont les piliers d’une telle expérience et quand les « élèves » n’en ‘ont aucune, tous reste à bâtir. La Corse est la terre idéale pour cet apprentissage, aucun animal sauvage ne peut jouer le trouble- fête et les pièges sont plus que minimes. A la grande joie de ces néo-aventurières mais à mon grand désespoir, un solide anticyclone, nous assure d’un crapahutage ensoleillé bien loin de conditions orageuses qui créaient une ambiance assez sympa quand on dort sous une minuscule bâche ! Mais ne croyez pas que leur charme m’a anesthésié au point de leur mâcher le boulot !  Pour être aussi confortable que possible le feu est le meilleur des confidents, mais pour en avoir ses soins il faut se transformer en bucheron sans scie ! J’ai pu constater quelques éraflures au vernis à ongles, mais aucune n’a osé se plaindre, le Cabochard en mode survie peut, très facilement mordre. D’un bon pas nous avons gravi des murs de végétation bien loin de sentiers balisés, qui me donnent toujours la sensation d’un monde stérile dés qu’une piste ou un panneau de bois me donne la moindre information. Le but est de se perdre, l’essentiel est de créer un vide envoutant pour se retrouver en situation à la limite de la vérité. Il me plaît de donner les rênes aux stagiaires pour les voir tourner en rond en étant certains de leurs chemins alors qu’ils partent à l’opposé de leur objectif. Ne faut-il pas se bruler les doigts une fois pour comprendre que la braise peut-être « collante », ne faut-il pas avoir négligé une grosse pierre sournoise sous son mince matelas de sol pour racler au prochain bivouac le berceau de sa deuxième nuit à la belle étoile. Mais la nature reconnaît ceux qui veulent vivre, ne serait-ce qu’un instant, sans apparat de confort. Alors qu’une racine de bruyère rougeoyante et quelques braises d’arbousiers nous regroupaient sur des cailloux assez peu confortables une comète nous a offert son plus beau spectacle. Soudain la forêt sombre prenait un manteau de lumière, un rai nous décrochait de la braise et nos petits yeux découvraient une sorte de conte de fées, la queue de l’astre qui venait de se fondre dans notre atmosphère avait la forme d’un S. Jamais je n’avais vu un tel spectacle et ce soir-là mes co-équipières qui avaient fait l’effort se souviendront pour bien longtemps de ce moment de grâce…

Si vous aussi vous aspirez à ce style d’expérience il reste encore un peu de place début mars, les infos sur l’onglet en haut de cette page : « stage ».

A pluche !

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