Lavezzi, cala de l’Elephant…

16 mai 2018

L’effet du large fonctionne, les langues se délient, les histoires ne sont plus tabous, les anecdotes nous mènent au bout de nos souffrances qui riment souvent avec délivrance. Le jeune de la bande, timide de prime abord, est le bout en train du groupe. Ces histoires nous font rire à en craquer les cicatrices des moignons ! Ce matin nous levons l’ancre pour les Bouches de Bonifacio, le vent semble plus clément, l’ambiance du bord, elle, est au beau fixe. Le coup de vent des jours passés a vidé la mer de toute voile, sommes-nous seuls au monde ? Nous n’en savons rien mais ce qui est plus sur c’est que nous le savourons à sa juste mesure… Les Lavezzi sont à l’étrave de Nomade, Christophe louvoie entre les écueils, la crique dite de l’Eléphant est déserte, la vie de Nomade des mers se poursuit. Bien mouillé la longue houle d’ouest nous contourne en nous berçant. Sieste obligatoire, puis il est temps d’enfiler les combinaisons. La balade en apnée fascine le groupe, sars, dorades, loups, barracudas, le Parc Marin International a rendu le coin sanctuaire, la faune est abondante pour notre plus grand plaisir… Ce soir tous le monde est descendu à terre à la rencontre d’une île encore calme et apaisante… La vie de mer se poursuit, la vie à cloche pied est tout de même belle, et vous ?

 

Deuxième jour de mer…

15 mai 2018

Qu’il est bon de profiter du silence d’un mouillage tranquille et silencieux. Une nuit de pluie et de rêve, une nuit pour profiter de la paix des anges qui nous protègent. Nous sommes tous des miraculés, alors une fois de plus vivons ce jour comme un présent précieux. Cette matinée entre grain et soleil nous a porté sur une plage déserte à la recherche de quelques fossiles, le temps est figé, nous sommes cette fraction de seconde qui nous semble une éternité. Découverte, bonne humeur, l’équipe se soude, la bande devient une famille… Nous levons l’ancre pour reprendre la mer, le vent de terre est encore soutenu, mais le plan d’eau et lisse, Nomade glisse sans bruit vers l’inconnu. A midi la baie de Rondinara est déserte, nous sommes seuls au monde, mais ce n’est pas des vacances alors nous reprenons la route vers le nord, direction Porto-Novo. Vous dire que c’est beau serait un faible mot, à cette saison la méditerranée est encore calme et tranquille. C’est le fameux moment de se mettre à nu, c’est l’initiation à l’apnée. L’eau turquoise nous invite à ce premier bain, chacun va découvrir le monde de l’apesanteur où le corps mutilé ne doit plus supporter ces contraintes. Rire, silence, les regards se croisent, chacun y va de sa découverte. Là bas dans une baie cachée, quelques survivants sont en osmose avec une nature intacte et qui ne juge pas…

 

15 éme stage de mer…

14 mai 2018

Vivre encore et toujours même avec un bout en moins le 15éme stage de mer a pris son envol. Venus des 4 coins de l’Hexagone et de Suisse, Nomade catamaran skippé par Christophe, les accueille pour une semaine de mer. Le mot clé de la semaine s’adapter. Ce matin le grand Ouest nous a amené ses moutons mais plutôt que gémir nous partons à la découverte de quelques vestiges du patrimoine de l’extrême sud de la Corse. Petite randonnée à la découverte des « orii », grottes granitiques aménagées par des bergers depuis la nuit des temps. Les bagages perdus, pendant le vol des filles, sont retrouvés, la houle nous fait du pied, Nomade appareille, le vent nous offre sa bienveillance. Et voilà des « abimés » par la vie en plein mouvement, l’onde de Nord-ouest propulse le catamaran, les surfs sont surprenants pour ceux qui découvrent le monde de la mer. L’ambiance est du tonnerre, comme si les drames avaient le pouvoir de nous unir, de nous rendre plus humain. Certains ont découvert le mal de mer, d’autres les techniques de virer de bord, la vie de Nomade est simple et sans chichi. La pointe de Féno est dépassée, les Lavezzi apparaissent, au sud la Sardaigne, Nomade semble voler sur l’eau.  La côte Est est sous le vent le calme revient à bord les estomacs retrouvent l’équilibre, un mouillage sous le soleil nous accueille, et dire que pour un cheveu la vie aurait pu nous enlever ce plaisir… Mieux que des mots quelques clichés triés sur le volet…

Vive la vie…

La presse en parle…

7 mai 2018

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Stage de survie mars 2018

5 mars 2018

Ces 4 jours de baroude se sont envolés, volatilisés, mais Dieu qu’ils furent bons et d’une folle énergie. 2 femmes et 4 hommes pour un groupe de haut vol. Pas tout le monde était sur deux pattes, mais la motivation se moque de ce détail numéraire… Alors l’Aventure a eu bien lieu, la pluie, le vent étaient au rendez-vous, comment pourrait-il en être autrement. La vallée perdue nous a accueilli, le torrent en cru nous a bercé, les grains nous ont enveloppé, la fraternité nous a soudé, comme si le monde n’existait plus, comme si nous étions devenu qu’un. Amputés, valides, l’objectif était l’initiation, l’apprentissage d’une existence sans superflu, sans chichi, juste vivre l’instant présent. Les bivouacs sous une bâche pas forcément étanche, les rafales qui s’engouffrent jusqu’au fond du sac de couchage, le sol détrempé qui rend les fringues du matin difficilement mettables, sont les lois qu’il faut apprendre sans rechigner. Les moignons ont souffert, mais jamais une seule fois quelqu’un c’est plaint, bien au contraire, cette part de boiterie nous a fait réaliser que nous étions vivants. Chacun a eu sa place, pas d’ordre, pas de contrainte, tout le monde en silence a saisi et pris son rôle à bout de bras avec envie et amour. Wilfrid fut nommé la force tranquille, Ludo le cueilleur au grand cœur, quant à « mes » monocylindres Antoine et Christophe de vrais découvreurs de limites. Les marches silencieuses nous ont porté vers l’essentiel, la découverte des plantes nous a plongé dans les entrailles de nos aïeux, la mise en place des bivouacs a offert sa part d’inconnu aux nuits sombres et mystérieuses. Chacun a livré ses secrets, chacun a déposé son masque pour briser ses tabous, le passé a baissé l’échine il s’est soudain senti abandonné. Pourquoi cacher, pourquoi tricher, nous sommes devenus qu’un, alors les confidences nous ont bouleversé, ému aux larmes, la vie cette chienne s’est révélée moins cruelle qu’on pouvait y croire. Les prisons de nos angoisses nous ont libéré en conditionnelle, oui, avec la seule condition de rester des femmes et des hommes libres coûte que coûte. Quelle joie de voir les filles avoir été les seules à ne pas se perdre, quel bonheur d’admirer « mes » éclopés gravir un dénivelé de folie sans entendre la moindre plainte, quelle sagesse de compter sur Wilfrid et Ludo pour l’organisation du feu et de ses protocoles. Les moments furent tous très forts, parole de tête dure. Les 6 m’ont bluffé, les 6 m’ont charmé… Le torrent en cru a nécessité plus de prudence et d’audace pour pouvoir le franchir avec un plan B en cas de chute. Confiance et motivation ont été les métronomes de ces traversées réalisées avec beaucoup de brio. Jusqu’au bout ils ont découvert leurs limites sans jamais les dépasser. Quand une des filles provoque les garçons en leur lançant le défi de traverser le lac à la nage et que Ludo accepte, mon cœur n’a fait qu’un tour. Puis au bout de leur nage une victoire simple comme l’a été ces 4 jours de pur bonheur… Les mots me manquent pour ce stage de partage, ils resteront comme un cadeau immense, comme un boost pour les jours de « moins bien ». Voilà que la page se tourne, demain elle sera vierge, à nous de l’écrire, à nous d’en être les purs acteurs…

Le grand luxe c’est quand la douleur s’estompe…

 

 

Pour finir en beauté 2017

16 décembre 2017

 

Si 2017 n’est pas encore fini, il ne manque plus grand-chose pour rédiger une conclusion positive et constructive à ces 12 mois écoulés. En cette année ce n’est pas une page qui tourne mais bel et bien un livre qui se referme, à moi d’initier la rédaction du prochain. Par où pourrais-je bien commencer ?

 Mais avant le prologue, je vais revenir en arrière, cette année est teintée de séparations très douloureuses, très marquantes. La seule que je dévoilerais est le Cabochard qui est parti, le Cabochard n’est plus mon complice, je n’aurai jamais pu le croire, presque chaque matin j’ai du mal à le réaliser, un petit bateau en bois qui m’a permis de m’en sortir, presque 34 ans de vie commune et un voyage, au bout des horizons, qui m’a sauvé! Pourtant il était temps que l’on se sépare, il est entre de bonnes mains, à moi de l’accepter puisque ce fût mon choix réfléchi… Il y eut mes 3 mois au Groenland, un voyage initiatique, une expédition au bout de mes limites, une exploration d’un « moi » encore trop grand pour laisser place à l’essentiel, la vie. Des bivouacs tous plus beaux les uns que les autres, des journées de kayak qui m’ont glacé mes os à tous les niveaux, des tombes abandonnées qui m’ont fait comprendre l’importance de notre existence et des silences qui m’ont donné beaucoup de réponses à mes questions les plus profondes. Puis miracle de la vie, un village m’accueille, un hameau groenlandais bien au nord du cercle polaire qui devient un refuge, un bivouac de longue durée et une belle maison bleue qui devient la mienne. L’acte de vente m’a remué les tripes, même si la langue groenlandaise m’est toujours aussi inconnue. Puis le retour au pays des hommes qui parlent fort ; je n’ai rien dit, j’ai accepté, j’ai écouté ; je me suis écroulé. Dans ma chute, un peu de dégât, mais tomber n’est pas bien grave, il faut juste savoir se relever, c’est ce que je fais en ces premiers jours d’hiver. Mais au milieu de tout ça Bout de vie, ce fut une fois de plus, fort, beau, chaleureux. Un voyage sur les traces de Paul-Emile Victor, de la glace à l’infini, des chasseurs, des chiens de traineau et le Groenland comme dans les plus beaux livres d’exploration. Ces 4 jeunes, Elisa, Maxence, Ange-Paul et Rémi ont vécu une expérience inoubliable, ils sont devenus des découvreurs de limites. Comment oublier les nuits à bivouaquer sur la banquise, comment ne pas se souvenir de cette soupe de phoque qui réchauffait les mains meurtries par le froid, qui comblait les estomacs vidés par des journées de gladiateurs polaires. Quelle fierté de les voir accepter l’offrande de l’œil de phoque à gober ! Leur handicap ? Quel handicap !  Le stage de mer, après le départ de la Galiote à la retraite, me semblait vraiment difficile. Comment trouver un autre bateau charismatique pour offrir cette semaine de mer en Corse. Là encore un pur bonheur, le skipper du beau catamaran Nomade, Christophe, fût l’alchimiste de cette belle croisière, je me souviens encore des sourires entre un bord tiré et une grillade de poissons péchés la veille. Il y eu aussi la semaine vélo des Cols et des écoles, des éclopés qui gravissent les montagnes Corses pour aller à la rencontre des scolaires, le partage est une huile essentielle de la vie. Les stages de survie sont aussi de sacrés expériences de partage. Le maquis est un déshabilleur de principe, un démaquilleur de paraitre, au bout de 4 jours de baroude les âmes sont plus blanches, plus lumineuse même si les ongles sont noirs, si les affaires ont la fragrance d’un bon fumet de feu de bois. Il y eu aussi toutes ces rencontres dans les festivals d’aventure, les écoles, les télés, les radios, comme une croisade pacifique sur la force de la différence. Il eut aussi cette médaille rouge remise par mon Fratellu Bixente, Dume était juste en face pour savoir qui de nous deux allait avoir en premier les yeux assortis à la couleur de la breloque ! C’est fou je ne m’en rappelle plus ! Et puis pleins d’autres choses, plus personnelles mais toute aussi forte et vous les fidèles, ceux qui ne lâchent rien, vous qui me soutenez, qui me portez, vous le savez, vous êtes ma force. Alors doucement 2017 tire sa révérence, sur le bout de la prothèse je vais tenter d’écrire un nouveau livre, de nouvelles histoires, je sais déjà que vous en faîtes partit. Les chapitres se dessinent déjà, aventure, rencontre, partage, écoute, différence, amour, tendresse et peut-être même une petite fée au milieu de tout ça pour donner un peu une atmosphère d’un conte à la Harry Potter, c’est Jo Zef qui m’a soufflé l’idée ! N’oubliez pas que Noel est la fête de la lumière qui revient, alors ouvrez vos cœurs et laissez jaillir cette petite flamme qui guidera celui qui est blessé, celui qui n’a plus la force d’avancer, n’ayons plus peur de la différence, n’ayons plus peur des autres. Pourquoi voir toujours ce qui ne va pas, voyons ce qui est beau, ce qui fait grandir, ce qui nous rend encore plus Femme et Homme libre… Passez de bonne fête et que Dieu vous prothèse !

Le coup d’œil de Juliette…

14 novembre 2017

 

Ma vie de baroudeur me permet de côtoyer des Femmes et des Hommes exceptionnels mais ils sont rares, alors quand ça arrive, il faut les savourer. Via les liens sociaux une dame me contact pour sa fille de 16 ans qui voudrait me rencontrer, hélas le temps me manque, mais là, je ne sais pas encore pourquoi, ma petite voix a insisté pour que j’accepte. Et me voilà face à Juliette et sa « binôme » comme aime en plaisanter sa maman. Cette charmante adolescente est non voyante et atteinte d’autisme Asperger. Pour ceux qui ne connaissent pas ce syndrome, sachez que les noms qui vont suivre en font partie : Albert Einstein, Vincent Van Gogh, Wolfgang Amadeus Mozart, Alfred Hitchcock, Andy Warhol, Isaac Newton, Mickael Jackson, Mark Zuckerberg, Bill Gates, Léonard de Vinci… Sans le savoir j’allais faire une rencontre exceptionnelle. Toujours dans mille occupations en même temps l’heure du rendez-vous approche, je me dis qu’une fois de plus je vais rencontrer une gamine « différente », sans plus. Au bras de sa « binôme » elle monte doucement le chemin de terre vers ma minuscule cabane, de loin un sourire m’éclaire, Juliette débarque. Née sans yeux, elle vit, elle vibre, elle existe, d’une manière lumineuse. Bien plus que distinguer, elle sent, elle écoute et voir avec son cœur n’est pas donnée à tout le monde. Le but de sa visite est de m’interviewer pour le web-radio qu’elle anime. Assis dans ma cabane lapone, je la laisse mener le débat, entre deux questions pertinentes, elle m’explique ses « différences ». Le syndrome d’asperger ne m’est pas inconnu, la plus belle interview de ma vie m’a été donnée par une journaliste qui en était atteinte, très souvent je pense aux confidences que cette chroniqueuse avait su faire surgir de mon fond intérieur. Alors Juliette sort son enregistreur, ses questions sont simples comme est et doit être la vie, ici pas de paraître, juste être. Nous parlons à bâton rompu, de notre pauvre société, de l’égo, de la surconsommation. Du haut de ses 16 ans la sagesse infuse, Albert Camus, St Exupéry, Sénèque, Schopenhauer qui aurait pu nous dire : l’essentiel pour le bonheur de la vie, c’est ce que l’on a en soi-même.  Tous et bien d’autres se glissent dans ses mots, je suis sans voix je connais des êtres aux paraître impeccables qui ne pourraient pas tenir ne serait-ce qu’une minute cette conversation. Elle veut tout savoir de mes gouts alors je l’amène en Laponie, au Yukon, au Groenland, dans la poésie, la solitude, bien-sur, elle côtoie déjà beaucoup de langues, connaît les légendes des peuples boréaux, elle me confie ses désirs d’écriture en gardant tout de même ses secrets. Les contes qui finissent bien ne lui conviennent pas ou peu, alors elle déshabille Shahrazade pour lui offrir plus de cœur, plus de lumière, une vérité que vous ne pouvez voir, vous regardez avec vos yeux ! On échange des mots en grec, turc, espagnol, suédois, finlandais, le monde qu’elle n’a pas encore visité lui tient dans sa main. Le temps à ses côtés me semble un cadeau des Dieux. Toujours brut de décoffrage, je tente de gratter mais derrière tout ça il y a du béton avec un cœur sensible. Elle note mes mots, je retiens ses rires, elle m’interroge, je me remets en question. Ma cabane est un minuscule musée de mes expéditions polaires, alors, seule elle, a le droit de tout avoir en main, une griffe de phoque lui est discrètement glissée dans sa boîte à souvenirs. En gage de confiance je lui demande une promesse, celle de venir à mes côté découvrir le pays du Grand Nanoq. Elle a accepté, c’est chouette la vie, non !  Mais nous sommes insatiables, les mots nous rattrapent, ils sont là entre nous sans tabou. La philosophie revient, une pluie d’aphorisme nous inonde, les yeux, une jambe en moins, peu-importe nous sommes vivants et bien plus encore.                        
Il vous est indispensable d’aller visiter sa page Facebook Le coup d’oeil de Juliette, ainsi que son site internet Le coup d’œil de Juliette qui sont une source de vie loin du miroir aux alouettes qu’est notre quotidien.
En rencontrant Juliette, qui sort à peine de l’enfance, je me dis que l’avenir des Hommes n’est alors pas encore foutu.

Sur-vie douce Toussaint 2017

12 novembre 2017

 

 

Les bâches sont installées le vent la pluie n’ont pas loupé le rendez-vous, l’équipe se découvre, les doutes eux, s’installent prés du feu. Un stage de sur-vie, douce, en plein maquis ! Quelle drôle d’idée, pourtant ils sont bien là, la fleur au fusil, leur combat est pacifique, au bout de la nuit une nouvelle marche remplie de surprise et d’initiation. Sophie, Isabelle, Géraldine, Pascal, Paul et Steve ont fait ce choix, alors allons-y gaiement.

 La récolte des glands de chêne donne le tempo des premiers pas, les sorbiers sont blets à cœur, les baies d’aubépines coloreront ce dessert improvisé. Mais le temps se dégrade, il faut monter les bâches, préparer le bois et allumer le feu qui donnera le point de ralliement. Les sourires sont accrochés aux visages, alors pourquoi ne pas profiter de la nuit pour gouter aux joies de la baignade en torrent. L’eau est loin d’être polaire mais pour celui qui sort d’une maison cela semble impossible. Mon retour de « douche » donne l’envie au premier puis viendra un autre, les filles iront ensemble, le test est concluant, tout le monde est bluffé du bienfait de ce bain nocturne… La pluie toute la nuit est incessante, le feu est éteint, il faut chauffer l’eau pour les thermos et reprendre la route. Sortir de son sac de couchage sec pour s’offrir au vent et à l’humidité demande un brin de courage mais la vie n’est elle pas un présent ? Alors Steve le premier s’agenouille prés du foyer moribond, il le cajole, il le protège, Paul, Pascal les rejoignent, le crépitement récompense les Robinsons du maquis. Les filles sont souriantes, finies les beaux cheveux longs bien peignés, les ongles parfaits, le maquis n’a pas de place pour les salons de beauté, alors l’apparat laisse place à la lumière intérieure. Le dénivelé du jour est violent, l’effort est costaud mais personne ne se plaint, la pluie finalement laisse place à quelques rayons de soleil, dans mon fond intérieur je râle, les averses ont le pouvoir de rendre les stages encore plus prenant ! Le sommet est atteint, l’hélico peut venir sauver les rescapés ! Mais bien sur ce n’est qu’un simulacre, personne ne viendra. Le deuxième campement est froid, humide mais l’effort du jour a soudé l’équipe, il n’y a plus de rangs sociaux, de différence, ce soir tout le monde se remémore sa part de Victoire. Des nouilles chinoises pour certain, du riz lyophilisé pour d’autres et une immense touche de bonne humeur. Les rires sont synonymes de l’ambiance du groupe, les premiers surnoms apparaissent mais tout ce qui s’est passé au stage restera au stage, devise de ces jours de baroude. Brancarder, traverser des torrents, se situer sur la carte, écouter les consignes il aurait fallu des journées de 30 heures…

Au bout de 4 jours nous retrouvons le point de départ, secrètement nous garderons ce cadeau au fond du cœur. L’équipe m’a écrit un mot, orné de dessins qui m’ont touché, la fatigue s’est envolé, car l’âme est légère. On ne se reverra plus dans ces conditions alors les aux revoirs sont forts, sincères. La vie est une aventure et sur ces 4 jours elle fut belle, intense, sans le moindre heurt. Vive la vie…

Freeman

 

 

Des Cols et des Ecoles cinquième édition

13 octobre 2017

La cinquième édition Bout de vie des rencontres Des Cols et des Ecoles, sous l’égide de la Fondation d’entreprise Française des Jeux, vient de se conclure en beauté. La salle de l’école primaire de Muratello était comble, les questions ont fusé, la vie est une alchimie, le malheur peut devenir force et énergie, les enfants ont tout pris, ils seront les adultes de demain…

Lundi nous sommes partis de Bastia, la première étape nous a mis devant une réalité digne de Lapalissade : la Corse est une montagne en plein milieu de la Méditerranée ! Les jambes ont brulé !  Oups ; suis-je bête, la jambe ! Etre unijambiste est une épreuve supplémentaire dans l’ascension d’un col, mais surtout ne confondez pas les mots : handicap et handicapé. Toute l’équipe est composée de cyclistes porteurs d’un handicap mais pas une seule fois nous avons refusé le « combat pacifique » du dénivelé, seuls les handicapés refusent la vie, nous on la croque. Si je devais vous offrir une image, la première qui me vient en tête est celle-ci. Alors que nous roulions en pleine montagne, les cantonniers en pleine action, (je vous assure ça existe), en fauchant les bas côtés, ont laissé sur plus d’un kilomètre une route recouverte de chardon sec, un vrai champ de mines pour nos pneus. Patrick notre samaritain, a instantanément chargé les vélos de ceux qui ne pédalent que sur une jambe, mais plutôt que de les voir se vautrer dans le fourgon ils ont enfourché leurs béquilles et pratiqué la borne à bonne cadence. Et dire que certains se plaignent pour une peccadille !..

 Nous voilà dans la cité de Pasquale Paoli, premier homme en 1755 à avoir rédigé les droits de l’homme, un sacré clin d’œil pour nous les « rabotés » que l’on essaye de mettre de côté sans cesse. La salle de la Faculté de Science est archi comble, des chaises supplémentaires sont coincées de-ci de-là, les plus en retard seront assis par terre, le thème du jour est : Création d’un projet. Sans aucun support audiovisuel ce fût un vrai régal de leur transmettre nos expériences. Bien après le coup de la fin du cours, les étudiants sont restés là à nous questionner. Un vrai bonheur…

Mais la montagne Corse nous a proposé quelques passages de catégories dignes des Alpes, le col de Sorba, le col de Verde, le col de la Vaccia, le col de Bavella, plus quelques bosses à vous couper les pattes, tout ça pour retrouver les scolaires de Zicavo, Conca, Muratello. Ils nous ont écoutés, ils nous ont questionnés. Oui les enfants ; la différence ne doit pas faire peur, elle doit être un vecteur de curiosité et non de rejet, nous sommes tous l’étranger de quelqu’un disait Sarthe. Mais comment oublier l’accueil des habitants de Levie, souriants, avenants, nous sommes venus l’espace d’un soir l’un de leurs citoyens. Les kilomètres se sont égrainés, les graines ont été semés, la vie est un potager on ne récolte que ce que l’on sème, très certainement des vocations vont s’inspirer de notre passage, qui sait.

Un grand merci à tous ces sourires croisés, un grand merci à la vie de nous avoir réunis. Un grand merci à toi Patrick, notre chauffeur, à toi Steve la force tranquille, à toi Jean-Luc le skieur de l’impossible, à toi Jérôme le charmeur du groupe qui ne lâche rien, à toi Alexis notre champion du monde mais bien plus que ça, à toi Karin la seule fille du groupe, à la Corse si belle sans la foule. Si cette aventure est une bouffée d’oxygène il nous faut remercier la Fondation d’entreprise la Française des Jeux qui finance en totalité depuis 5 ans ces rencontres, merci Dalila, merci Stéphanie…

Bientôt je vais reprendre la route pour aller rencontrer pendant 3 jours les jeunes de la région de Bulles en Suisse romande, à force de planter des graines peut-être une forêt de liberté verra le jour…

A pluche

Violence et habitude

2 octobre 2017

Voilà bientôt 3 semaines que le Groenland n’est plus qu’un souvenir, je suis revenu dans ma belle cabane cachée en Corse, 21 jours à reprendre pied et à observer « mon » Monde. Ces 3 mois dans ma bulle, m’ont dépollué, m’ont ôté ce trop-plein d’information qui rend dingue. Si je devais définir ma sensation sur « ma » société c’est que la violence est devenue une habitude, un mode de vie. Le fanatisme prend son temps et il s’installe à tous les étages de la tour de Babel. Le sang est versé, les guerres se succèdent, la radicalisation endoctrine, le nationalisme monte des barricades sur des lits d’hémoglobine, mais il y a aussi la violence des petits, plus pervers. Pour une faute d’inattention, un doigt tendu est brandi, pour un avis différent les mots s’envolent en devenant gras et rugueux. La petite ménagère en un claquement de doigt se mue en monstre de grossièreté. Nous voulons tous, notre liberté, cela fait partie des quelques mots-clés à la mode, au même titre que zènitude, bio, silence, partage mais au fond de tout ça une détresse immense provoque le chaos. De nature optimiste, pourtant des questions me sont sans réponses. En 3 mois de vie monacale polaire, j’ai retrouvé ce que mes précédentes aventures m’avaient apportés. Et le retour me plonge dans une grande tristesse. Steven Hawking, le célèbre physicien américain, ne donne pas un siècle à notre civilisation avant le grand boum mais pourquoi un tel pessimisme ? Plus personne ne sait ouvrir les yeux, plus personne ne veut ouvrir ses sens et reprendre pied avec la seule vérité, la Nature, qui nous supporte depuis si longtemps. Nous vivons dans un monde violent, où on a érigé la possession – d’argent, de biens, de pouvoir – au rang de but suprême. D’où le développement de peurs et de frustrations, qui génèrent la colère, qui génère la haine, qui génère la violence … Mais peut-on lâcher ce mode de vie ? Peut-on déjouer l’issue fatale, ensemble on le pourrait, mais nous devons tous revoir nos priorités, rabaisser notre fierté, ouvrir nos cœurs aux autres, à ceux que l’on ne connait pas. En se renfermant on ne peut le découvrir et ces replis laissent place au refus qui engendre la violence. Alors tout est foutu me diriez-vous ! Non il y a une part d’espérance, il y a une petite lumière qui vacille au bout de l’horizon mais bien plus que la volonté c’est une immense motivation qu’il faut trouver. La plupart des médias vous programment des nouvelles noires, sanglantes, tout ça en boucle, les chaînes d’infos en font leur fonds de commerce. Le drame fait vendre, les catastrophes gonflent les audiences, le cerveau est plus attiré par le négatif que le positif. Mais tout ça peut-être changé, la route n’est pas tracée, devenons les explorateurs de nos vies sans se laisser polluer par les forces obscures. Une vie est unique, hélas trop peu s’en souvienne. Mes baroudes au bout du monde me rendent optimistes, j’ai rencontré d’autres freemen et freewomen des personnes de la « vraie » vie. Ceux qui ont compris la puissance d’une fleur qui s’ouvre, la force d’un rayon de soleil sur une banquise du Grand Nord, de la beauté sur la migration d’un tout petit oiseau polaire. Ce que vous ne voyez plus est bien plus important que ce vous brandissez avec force. Un drapeau qui flotte n’aura jamais la force d’une feuille d’automne parti à la recherche d’un sol pluvieux. Un missile n’est rien en comparaison d’un alizé soutenu qui court le tropique du Capricorne. Le rire d’un enfant à bien plus de raison qu’un long discourt politique fastidieux. Notre vie, notre Monde nous appartient, à nous d’en faire un lieu eternel, les natifs du Grand Nord disent : La Terre ne nous appartient pas elle nous a été prêté par nos enfants.