
Avec les enfants de Zicavo
La deuxième édition des Cols et des Ecoles vient de se conclure mais chacun de nous avons vécu une semaine formidable. Cette fois j’avais choisi plus de simplicité en passant par l’intérieur de la Corse en évitant les grandes villes. Un choix qui nous a permis de vivre des échanges forts et sincères. Bien sûr la performance de toute l’équipe Bout de vie est à noter, mais comment ne pas souligner ces rencontres qui nous ont émus au plus profond de nos âmes. En fin de journée j’allais à l’essentiel dans le journal quotidien mais ce soir à bord du Cabochard, les souvenirs reviennent. L’accueil VIP (vrai invalide pédalant) à l’université de Corte fût l’entrée de ce menu de convivialité. Après l’intervention, suivant les conseils du directeur Mr Romani, un restaurant nous permettait de poser prothèse. Le restaurateur n’arrêtait pas de nous encenser sur nos performances. J’ai failli m’étouffer quand il m’a dit : Le plongeur de Bonifacio, vous le connaissez ? Parce que lui c’est vraiment un fou furieux avec sa patte en moins ! Oui je le connais un peu, une grande gueule au cœur tendre et un peu écorché vif ! L’arrivée dans l’école de Zicavo fût toute aussi émouvante. La charmante instructrice plusieurs mois auparavant au téléphone m’avait touché, elle croyait à un canular car personne ne prend le temps de passer là haut si loin des villes. Les enfants nous ont bouleversés par leur accueil, tous autant les uns que les autres, ils ont été réceptifs à ce thème universel qu’est la « différence ». A Levie l’organisateur avait peur d’un public absent, la salle était comble, mais comment ne pas penser aux désarrois de tous quand François-Joseph ne pût accéder à la salle car son fauteuil électrique ne pouvait être porté sur autant de marche. Une excuse pour que la prochaine fois un système soit prévu. J’en ai profité pour rappeler au public que l’accessibilité ; c’est chacun de nous qui devont la prévoir. En rentrant chez eux je leur ai proposé de contrôler si un fauteuil pourrait y accéder. Le film bien sûr est un bon support, mais quand j’ai invité les copains à me rejoindre, les témoignages de tous sont allés droit au cœur des gens présents. La jeune helvète Amandine a osé nous rejoindre pour parler de son « défi » quand elle a gravi le petit Combin malgré un cancer qui lui a rongé les jambes. La salle fût aussi très émue par Paul, ce vieux monsieur fauché par une voiture qui vient d’être amputé. Comme l’a remarqué l’amiral Festor, au début de la soirée il posait des questions assis sur sa chaise, il finit la soirée debout les yeux mouillées d’émotions qu’il ma transmis en m’embrassant sur le front. Lui, son défi sera de retourner dans son jardin, pour s’occuper de ses fleurs. A Figari une petite fille pose une sacrée question à Jérôme : Comment acceptez vous le regard des autres. Malgré son très jeune âge, la vie lui a déjà donné une leçon, un vilain cancer avait déjà sonné à sa porte. J’en aurai encore des choses à dire, à écrire mais les mots ne rendront jamais le partage de cette belle semaine. Les copains sont tous rentré chez eux, les yeux plein d’étoiles. Nous sommes des petites chandelles qui par moment arrivent à éclairer ceux qui sont encore dans l’obscurité. Sur Face Book beaucoup de commentaires sont arrivés mais Bout de vie a eu un sacré cadeau. Tous les matins sur les ondes de France Bleu Frequenza Mora entre 8 et 9heures le public est libre de s’exprimer sur des sujets des plus variés. Après notre passage au travers de l’île les gens ont témoigné au forum de leurs émotions. Là je crois que j’ai tout dit, le message est passé. Merci à tous ceux qui de près ou de loin ont permis cette opération, j’en suis certain octobre 2015 on repart pour une belle « pédalerie » de partage.
Et si notre différence était notre force ?