Comme un seul Homme…

16 février 2015
Free man...

Free man...

Quand deux « Free man » se rencontrent, la liberté prend finalement plus de sens, l’horizon est encore plus lumineux. Pendant 4 jours avec le grand marin Eric Bellion nous avons pris le maquis, une excuse de vie sauvage en plein milieu de la « mère » nature. Cet élément, nécessaire aux oiseaux de mer que nous sommes, nous a apporté certaines réponses à nos demandes de nomade au long cours. La planète n’est qu’une petite île où il est bon de tailler son chemin, pas de trace, juste quelques herbes déplacées qui au premier coup de vent reprendront leur forme initiale. Un stage de survie douce pour vibrer, exister encore plus. Là-bas dans ce maquis sauvage, pas de houle dévastatrice, pas de pot au noir, pas de contre courant, là-bas, la forêt nous a offert sa sagesse, sa quiétude, sa bonne humeur. Vibrer de manière basique est une forme de nettoyage, déambuler avec pour maison son sac à dos est un luxe immense, un confort indescriptible. Juste avant la nuit nous avons monté nos bâches en forme de cockpit, en guise de cabane du Grand Nord, le feu nous a donné la chaleur nécessaire pour sécher nos affaires trempées par les caresses du torrent. Mais aussi il a réuni deux hommes en perpétuelle quête du bonheur de l’instant présent. Pendant que la purée se réhydratait, nos souvenirs des mers australes en ont profité, pour s’inviter à se poser sur un caillou pas forcement confortable. Et là, miracle ; le grand albatros est apparu, le canal du Drake nous a rappelé que nous étions des chanceux d’avoir vécu un bout de vie là-bas en Antarctique. Pourquoi ces jours de baroude ? Bonne question ! Aucune raison mais juste une forte envie de la vivre. Pourquoi toujours donner des réponses aux départs, pourquoi s’évertuer à trouver un sens à nos folies ! Nous avons vécu une histoire d’hommes libres, nous avons libéré nos émotions, par moments mêmes, le torrent eu droit à des gouttes d’eau salée, et pourtant l’océan n’était pas invité ! Cueillir une feuille pour cicatriser la main tuméfiée par trop d’effort, en récolter une autre pour obtenir un bon bouillon du soir, sont des choses si simples qu’elles en sont souvent oubliées. Marcher de nuit en plein milieu d’une forêt sans lumière est une sorte de prière pour la vie, pour la nature. Nos sens s’éveillent, nos existences prennent encore plus de raison, nous sommes deux simples brindilles. Mais attention un petit bout de branche peut faire chavirer l’équilibre du grand chêne, peut propulser au sol un immense arbre. Nous sommes devenus infiniment petit pour trouver enfin l’essentiel. Le paraître n’a pas sa place dans nos vies d’hommes de mer, la seule possibilité de s’apercevoir est par le reflet furtif dans l’océan quand il est assagi, comme quoi ce n’est pas si souvent. Dans nos marches humides et engagées les silences nous ont inspirés. Entre une bruyère et un arbousier, Eric se confie : Frank; avec toi pas de conversation meublée. La quiétude m’inspira cette réplique : Normal Eric dans nos vies de nomades les meubles n’ont pas de place…

Le 6 novembre 2016 Eric s’élancera dans la course du Vendée Globe challenge. La régate la plus dure au monde, des Hommes, un bateau et de l’eau à courir, l’Everest de la voile. Il a lancé cette opération dans la continuité de sa vie, son équipe à terre sera composée de personnes aussi différentes que compétentes, comme quoi : La différence est une force. Son bateau se nomme : Comme un seul homme, il a besoin de beaucoup d’énergie, de beaucoup de force pour aller tout au bout de son rêve d’homme libre, vous êtes sa force, alors apportez-lui votre soutien…

Que Dieu te bénisse Eric, va vibre et reviens.

Un pas après l'autre...

Un pas après l'autre...

Un cépe rescapé, accompagné de quelques herbes, un bouillon de luxe.

Un cèpe rescapé, accompagné de quelques herbes, un bouillon de luxe.

Home sweet Homme!

Home sweet Homme!

Aprés 4 jours de baroude un peu humide!

Aprés 4 jours de baroude un peu humide!

Les vies dansent…

9 février 2015

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Janvier 2006, aéroport de Paris Charles De Gaulle, avec Dume nous sommes surpris du nombre de personnes qui nous accueillent. Nous venons de réaliser une traversée à la rame de l’océan Atlantique, une course de gladiateur, où nous finirons sur le podium devant une multitude de valide. Mais je crois que vous connaissez par cœur cette épopée ! Parmi tout ce monde, une jeune femme caméra au poing nous attend. Fanny a entendu nos témoignages in situ sur France Info, elle veut en savoir plus sur nos bouts de vie. De là un Thalassa nous mettra à l’honneur, pour la jeune réalisatrice c’est son premier documentaire. Une grande amitié en est née, et depuis très régulièrement on se retrouve pour partager des bouts de stage pour le petit écran. En 2009 avec Olivier Bonnet elle rejoint la Galiote, une bande de jeunes éclopées est à bord, encore un sujet que Thalassa diffusera. La rencontre est forte et de cette semaine aux Lavezzi une idée germe : faire un documentaire sur des jeunes femmes amputées. Etre une demoiselle avec un bout en moins est un sacré défi à relever, le sujet est amené avec beaucoup de tact et de beauté, aucunement le pathos n’en ressort, jamais une fois le misérabilisme n’apparait. Mais les télés de l’hexagone, refusent le sujet, le reportage ne passera jamais sur le moindre petit écran. Je ne vais pas m’énerver, ou m’emporter, ce n’est pas aux médias à changer, mais à nous, les « différents » ! Le plan B est simple, car il y en a un, c’est la diffusion sur le net. Mais comme il n’y a pas de diffuseur pour payer ce travail de 6 années de rencontre, Fanny et Olivier font un appel au mécène pour finaliser le projet. Sur ce lien vous pouvez visionner le teaser du documentaire et devenir un humble souscripteur.

Un pas après l’autre.

Mon handicap ne m’a pas emporté :

19 janvier 2015
De gauche à droite. Caroline, Sophie, Marin, Tanja et Meherez

De gauche à droite. Caroline, Sophie, Martin, Tanja et Meherez

Le jeudi 29 janvier sur France 2 à partir de 14h, l’émission présentée par Sophie Davant, « Toute une histoire aura pour thème » : Mon handicap ne m’a pas emporté. Je vais vous présenter les invités qui m’accompagnaient, mais surtout par quelques mots, je vais tenter de retranscrire le fil rouge de cette magnifique rencontre. A une époque où tout doit être mis dans une case, des cassés de la vie, qui s’alignent avec les valides, cela n’est pas correctement correct. Magalie est de naissance IMC, prématurée de 6 mois son cerveau n’a pas été alimenté correctement, mobilité réduite et d’autre symptômes la classent dans le handicap lourd. Mais plutôt que de se plaindre ou de se morfondre, elle a réalisé son rêve de jeune fille ; devenir danseuse professionnelle. Un pari un peu fou mais qu’elle a su réaliser par beaucoup de rigueur et de travail. Son témoignage est tout simplement fantastique, le public qui assistait à ce débat lui a offert un hommage très émouvant. Puis vous y verrez Martin, après une course en booster un poteau lui a stoppé violemment sa route, la nuit est devenue sa fidèle compagne. Timide et tout jeune il a trainé de centre de rééducation en centre d’apprentissage pour non –voyant. Des petits boulots lui ont été proposés mais aucun ne lui convenait, un jour, une rencontre lui change la vie. Un homme lui fait confiance, de platine en platine il apprend le mixage et depuis il anime des soirées musiques. Un aveugle pour des soirées dansantes cela n’est pas courant. Ensuite vous y verrez Tanja, amputé de naissance du bras gauche, elle a passé sa vie à conquérir les hommes ! Elle le raconte sans tabou, la peur de ne pas plaire, la rendait boulimique de conquêtes. Puis un jour un homme a croisé sa route et il est devenu son mari. Alors que son bout en moins lui ramenait toujours un reflet de personne mutilée, elle a osé une campagne de pub. Sur cette photo en noire et blanc, vêtue d’un simple dessous, elle a osé exhiber sa nudité avec un moignon apparent. La photo a fait le tour du monde ! Puis pour conclure, l’apollon Meherez racontait comment dans une bagarre de bande un assaillant lui poignardait le dos en lui sectionnant net la moelle épinière. Depuis que sa vie était assise il n’avait pas baissé les bras, bien au contraire, il était devenu un séducteur avec comme gageur son fauteuil roulant. Sophie Davant était souvent émue car chaque intervenant apportait sa part de rage, de rigueur, et de sensibilité.

Pour « être » il faut oser, ne nous indignons pas, agissons !                                                                                                                                                               Un message fort à une époque où la différence fait de plus en plus peur…

Elle a osé!

Elle a osé!

Vos réactions et expériences sont les bienvenues.

Programme 1er semestre 2015

5 janvier 2015
Les stages de plongée sous-marine fil rouge de l'association. Le décor est idylique.

Les stages de plongée sous-marine sont le fil rouge de l'association. Le décor est idyllique.

Pour commencer de bon pied l’année 2015 voici une esquisse du programme de l’association.

Janvier :

Comme à l’accoutumé j’irai à la rencontre des scolaires, voile avec les élèves du primaire de Bonifacio vendredi 9 janvier, film débat « l’aventure à cloche pied » avec le centre adapté de St Lucie de Porto-Vecchio isatis mardi 13 janvier, film débat « Corsaire des glaces » avec les primaires de Zicavo vendredi 16 janvier…

Enregistrement mercredi 14 janvier de l’émission sur France 2 « Toute une histoire », le thème : Mon handicap ne m’a pas emporté.

Février:

stage de survie en tête à tête avec le marin Eric Bellion qui prépare le Vendée Globe challenge.

Mars:

Deux stages de survie chez moi en Corse du Sud, l’un d’eux, sera composé de 5 jeunes en grosse difficulté sociale. Les participants, en payant cette formation, financent les projets Bout de vie.

Rencontre dans la région du Doubs de Fréderic Parise qui est en train de récolter des fonds pour Bout de vie, en contre partie il pourra porter les couleurs de l’asso pour sa première participation au Marathon des sables au Maroc.

Partenariat avec l’école d’orthopédie Mont-plaisir de Valence ; conférence avec les jeunes futurs prothésistes et stage de survie en ma compagnie. Une manière directe et sans tabou d’échanger avec des futurs appareilleurs.

Avril:

Série de conférence à travers l’Europe francophone, le thème est toujours le même : Ma différence est ma force. Les dates et lieux sont encore à définir.

Mai:

13éme stage de plongée Bout de vie, pendant une semaine une belle équipe de bancale va être initiée à la plongée sous-marine en plein milieu du parc marin international des Bouches de Bonifacio.

Eté 2015 expédition Niviarsiaq. Du 9 juin à fin aout je vais tenter en solitaire de remonter la côte ouest du Groenland avec mon kayak, soit 1200 km d’un voyage de l’intérieur. D’un autre côté une équipe de jeune de l’association va me rejoindre au village de Kullorsuaq, où Nicolas Dubreuil a sa cabane. Du 15 au 31 aout ils devront s’adapter à la vie d’un village esquimau situé à plus de 1000 km du cercle polaire…

Vous voyez l’actualité du premier semestre est bien chargée, à noter que la Fondation Française des Jeux a renouvelé sa confiance pour l’opération « Des cols et des Ecoles » qui aura lieu début octobre. Le Rotaract 17 30 est aussi venu rejoindre l’association en effectuant une opération vente de chocolat pour les fêtes, d’autres événements sont en train de se mettre en place.

Bout de vie a besoin de vous pour transmettre de l’espoir à ceux qui n’y croient plus, alors en cliquant sur ce lien vous allez pouvoir vous aussi nous aider en adhérent. Merci de votre ralliement.

Que Dieu vous prothèse.

In memoria…

25 novembre 2014

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Lundi 25 novembre à l’université de Corte l’équipe dirigeante a lancé une opération sécurité routière. La région Corse est à la tête du palmarès de morts sur les routes et la cité paoline ne déroge pas à cette loi funeste. Un vrai échange existe depuis un bon moment entre l’université et Bout de vie et je me devais d’être présent à cette rencontre estudiantine. Mais je ne vous cache pas que je me demandais un peu qu’est ce que j’aurai bien pu apporter aujourd’hui ! En toute logique je proposais que Françoise à la tête de l’association Adrien Lippini, son fils est décédé sur la route, apporte de l’eau à ce moulin de prévention. Nicole était là avec son association In memoria a Vincentu. Lui aussi disparu trop tôt .  Steve Beck motard amputé faisait  aussi parti des invités. Des chapiteaux à l’entrée de la Fac de droit avaient pour but de sensibiliser les jeunes, mais à une époque où tout va très vite pour les toucher il fallait un flash, un choc pour qu’ils soient interpellés. Les pompiers avaient amené un véhicule accidenté et une jeune étudiante était choisie pour jouer la blessée grave ! La désincarcération était la manœuvre du jour, le public était attentif et l’émotion se lisait sur les visages. Mais dés que l’exercice arriva à sa fin tout le monde reprenait son fourmillement. Un peu frustré je m’interrogeais comment sensibiliser à long terme les jeunes. En début d’après-midi je me postais sur un banc et observais les étudiants rejoindre l’amphi, tous ralentissaient le pas devant la carcasse du véhicule complètement découpé et éventré.  Bingo, eurêka, une idée ! Je cherchais absolument le staff dirigeant et proposais cette idée : Laisser le véhicule accidenté au milieu de la place et ériger une stèle en souvenir des disparus de la Fac avec leur noms et leurs photos, une manière de ne pas oublier et de comprendre que ça n’arrive pas qu’aux autres. Mon idée correspondait au besoin de laisser cette trace qui ferait peut-être changer le comportement des jeunes aux volants de leur véhicule… Heureux de cette suggestion je pouvais rejoindre avec joie mon chez moi en me disant qu’une vie ou deux serait peut-être épargnée.

Rotaract 1730 et Bout de vie

23 novembre 2014

Vous souhaitez faire des commandes pour votre entreprise, ou pour vous même : contactez-nous au 06 09 64 41 70

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Survie et émotions en photos.

16 novembre 2014

Vous deviez vous demander pourquoi je n’avais pas publié quelques photos du stage dans mon dernier billet! La raison était simple, j’avais laissé mon appareil quelques part dans le maquis. Un peu têtu le garçon, j’ai profité d’un beau week-end de pluie d’orage et de solitude pour aller à sa recherche. Mon coup d’œil légendaire, diront certain « bisqueur », non seulement m’a permis de le dénicher mais aussi pour ma plus grande joie de retrouver aussi la montre de Valérie qui l’avait égaré!!! Je sais dame chance ne me lâchera jamais. Pour mon plus grand plaisir un petit album sympa.
En bas de ce billet j’ai posté la chanson que Ange-Paul nous a si joliment interprété au coin du feu. Une forte émotion m’a submergé mais je crois que je n’étais pas tous seul. Merci la vie et dire qu’un d’un cheveux je n’aurai pas pu te croiser Oh Ange-Paul…

Une longue route de terre pour que chacun puisse prendre ses repéres.
Une longue route de terre pour que chacun puisse prendre ses repéres.
La barrage lui aussi victime de la sécheresse.
La barrage lui aussi victime de la sécheresse.
Gwen prend déjà des notes.
Gwen prend déjà des notes.
La construction d'un abri demande toujours beaucoup d'energie et de concentration.
La construction d’un abri demande toujours beaucoup d’énergie et de concentration.
Allumé un feu avec de la bruyére mouillée n'est pas une mince affaire!
Allumé un feu avec de la bruyère mouillée n’est pas une mince affaire!
Mais qu'il est bon de se réchauffer auprés du foyer.
Mais qu’il est bon de se réchauffer auprès du foyer.
La gamelle chantonne un refrain d'une soupe qui va nous rechauffer.
La gamelle chantonne un refrain d’une soupe qui va nous réchauffer.
On reprend la route très loin des sentiers balisés.
On reprend la route très loin des sentiers balisés.
La concentration se lit sur les visages.
La concentration se lit sur les visages.
Trempés comme des souches le sommet est atteint. Ce n'est pas l'arrivée qui compte mais le chemein qui y méne.
Trempés comme des souches le sommet est atteint. Ce n’est pas l’arrivée qui compte mais le chemin qui y mène.
Nuits humides et inconfortables, la vie de nomade a ses exigences. Etre libre c'est choisir ses contraintes.
Nuits humides et inconfortables, la vie de nomade a ses exigences. Être libre c’est choisir ses contraintes.
Ici tout le monde s'en donne à coeur joie, de vraies bucheronnes!
Ici tout le monde s’en donne à cœur joie, de vraies bucheronnes!
Deux longues branches, deux blousons une touche d'astuce et le brancard de fortune nous sortira d'une mauvaise posture. Le blessé se porte à merveille!
Deux longues branches, deux blousons une touche d’astuce et le brancard de fortune nous sortira d’une mauvaise posture. Le blessé se porte à merveille!
Le dernier soir en douce la belle équipe m'a confectionné ce petit tipi. Ah émotion quand tu me kidnappe!
Le dernier soir en douce la belle équipe m’a confectionné ce petit tipi. Ah émotion quand tu me kidnappe!
Et si le hasard n'existait pas. Un immense concourt de circonstance et nous voilà les 7 devant le lion qui nous plonge en état de grâce. Que la vie est belle...
Et si le hasard n’existait pas. Un immense concourt de circonstance et nous voilà les 7 devant le lion qui nous plonge en état de grâce. Que la vie est belle…

Survie et émotions

12 novembre 2014
Une simple feuille; l'homme n'est qu'une simple feuille.

Une simple feuille; l'homme n'est qu'une simple feuille.

Cela fait quatre jours que le maquis nous a ouvert ses portes, quatre jours que nous sommes devenus le vent, la pluie, la nuit, quatre jours que nous ne sommes plus qu’un. Sur la route du retour, alors que les éléments se déchainent la côte submergée par une forte houle nous invite à la contemplation. La lumière tachée d’encre sombre nous laisse sans voix, en musique de fond, un chant bien de chez nous. Nos yeux cherchent l’infini dans un horizon mystique mais très sincèrement je crois plutôt que la solennité du moment est animée par nos âmes qui savent que ce sera la dernière fois que nous serons physiquement ensemble. Côte à côte une immense émotion nous envahit, le sel de la mer remplit nos yeux d’un bonheur intense de partage. Mais que s’est-il passé pendant ce stage de survie ? Très sincèrement je n’en sais rien, il me semble que la pudeur n’ose dévoiler ce merveilleux échange. La météo était à la hauteur de l’initiation puisque un avis de forte pluie et d’orage était annoncé sur tout le département, mais là-bas dans la vallée perdue, ces préoccupations d’homme n’ont jamais leur place. 6 personnes différentes venaient chercher un secret, à moins que ne se soit la quête d’une vieille plaie mal cicatrisée. La magie de ce groupe fût leur faculté à s’adapter, pas besoin de causer, ni d’expliquer, chacun avait sa place, là à l’instant présent. Les mains ont souffert dans les ronces, les muscles ont enduré le dénivelé, le dos a conjuré le sort des nuits sur un sol caillouteux, la peau s’est tannée aux multiples baignades dans le torrent mais pas une seule fois quelqu’un ne s’est plaint. Le confort était basique mais comment expliquer que mal assis sur un gros galet trempé d’une pluie fine automnale chaque soir nous avons veillé jusqu’au milieu de la nuit. Le feu doit avoir sa part de responsabilité mais une force mystérieuse nous empêchait de nous cacher dans nos sacs de couchage humides. La vie de nomade a ce pouvoir d’unir les hommes et les femmes, monter le campement sur une berge d’un fleuve perdu remet l’être humain à sa juste place, il ne devient qu’un grain de sable parmi des milliards d’autres d’une grève sablonneuse. Nous avons pris sur nous mêmes, pour devenir un Groupe, oui la majuscule s’impose quand la fusion est si forte. L’émotion ne nous a pas lâché, chacun y a apposé sa larme d’étoile mais alors ce n’est plus une vie que nous avons vécu mais une sur-vie bien au-delà de toute espérance. Allumer un feu sous la pluie replace les priorités, savoir remonter sa capuche quand l’averse s’invite sans prévenir garde permet aux âmes de se reconnecter, la pierre plate qui cuit le pain efface, et de loin, l’autel au calice d’osties. La bâche se sacralise, elle devient temple, la prière est simple, merci de l’instant présent. La marche de nuit en plein néant nous a donné le coup de grâce, sans éclairage alors que les orages nous empêchaient tout espoir de moindre vision, les pas on été douteux, gauches mais au bout du voyage la lumière de tout en chacun irradiait nos chemins de vie. Vous voyez l’émotion n’a pas quitté mes épaules meurtries par un lourd sac à dos, ce soir au fond de mon petit Cabochard, alors que la tempête couvre le bruit des hommes sédentaires, je vais pouvoir m’endormir sereinement. Oh Pascale, Valérie, Marlène, Gwen, Alan, Ange-Paul, vos sourires m’inondent encore le cœur, ne changez rien, vous êtes des êtres précieux.

Billet de l’association Res-Publica.

31 octobre 2014

PA220031

Billet rédigé par Thierry Sciari coordinateur de l’association de Mr et Mme Perrin, Res-Publica.

Pour connaître Frank Bruno il faut aller en Corse du Sud et atterrir à Figari. Là on trouve cet extraterrestre, soit sur son bateau au port de Pianatolli-Caldarello, soit dans son antre, en pleine forêt, dans son camp de la vallée de l’Ortolo.

Cette semaine de fin octobre 2014, Frank vient de la passer avec 5 jeunes cabossés par la vie comme lui. Avec son association Bout de vie et le soutien financier de Res Publica, il leur a permis de faire un stage de découverte de vie sauvage. 4 jours au cœur de la vallée de l’Ortolo, entre chênes lièges et arbousiers. 4 jours pour découvrir les règles d’une vie « libre », libre certes, mais contraignante. 4 jours pour s’adapter aux réalités de la nature. Aller chercher l’eau à la rivière, faire le feu, dormir par terre sous le tipi, bref être autonome mais toujours avec le devoir d’anticiper pour de ne jamais être pris au dépourvu. Anticiper et écouter la nature comme il faut écouter son corps pour découvrir et anticiper ses limites et ne jamais les dépasser.

Alors marcher une demi-journée en plein cœur du maquis corse avec un fémur en moins, c’est pas facile hein … Descendre un ravin en rappel avec deux bouts de corde, un mousqueton et une seule jambe, c’est risqué, ouais … Mais le pire serait encore de ne pas essayer ! Selon Frank, « l’handicapé c’est celui qui dit je ne peux pas… », celui qui refuse d’affronter sa différence et surtout d’affronter le regard des autres. Celui-là, il a déjà perdu.

En parlant de regard, une malvoyante qui fait de la randonnée, ça vous étonne vous ? Et pourtant, la vie sauvage, Marie, elle, elle l’a sentie, elle l’a écoutée et même, elle l’a vue pendant quatre jours, la main sur le sac à dos de Frank, guidée par le mouvement de ses hanches à travers les sentiers et entre les rochers.

Alors après quelques franchissements de rivières et plusieurs kilomètres de marche dans la garrigue, on se retrouve tous égaux le soir autour d’un ragoût de veau pour partager des légendes corses et des aventures de banquises lointaines. Chacun repartira grandi de cette nature sauvage et du courage transmis par son voisin, plus blessé encore que lui-même.

C’est ça l’aventure Bout de vie, être vivant ça se mérite.

Alors merci à Frank pour toute cette énergie positive. Merci à Bout de vie et merci à Res Publica.

Vie sauvage et maquis

24 octobre 2014

Cela faisait une bonne paire d’années que je m’étais mis bille en tête de guider une équipe « d’éclopés » en plein maquis, finalement le rêve est devenu réalité. Carole, Claire, Audrey, Marie et Sylvain tentent l’aventure. Comme tout bon aventurier il leur était demandé de trouver un « sponsor » qui les aiderait à compléter leur équipement de vie sauvage et de payer une partie de leur déplacement, le reste étant pris en charge par Bout De Vie. Thierry représentant l’association Res Publica , dirigée par Mr et Mme Jean-Claude Perrin mécène du projet, nous accompagnait. Il n’est pas simple en un claquement de doigt de devenir un être de la forêt, il n’est pas aisé de se fondre avec le vent et le silence, mais leur volonté fût d’une exemplarité magnifique. La route en terre annonce l’isolement du lieu, pas de maison, ni âme qui vive, au bout d’une piste perdue, nous stoppons nos véhicules, la nature les attends de pied-ferme. Marie est la seule non-amputée, sa force, oups pardon, je voulais dire, sa différence, est, qu’elle est non voyante, mais à son contact nous avons appris à regarder avec les sons. Le briefing de départ met un peu de pression, il est hors de question que je m’apitoie sur leur sort. Nous sommes là pour grandir et laisser derrière nous les « citadineries » ! Les gadgets avec écrans sont strictement interdits, la seule connexion possible sera avec les grands espaces. Sylvain par confort et habitude ne porte pas de prothèse, il sera un peu le prof à ces demoiselles qui doivent apprendre à marcher avec des béquilles. Le terrain est accidenté, pour quelqu’un qui n’a jamais pratiqué le maquis, il est surement impossible d’imaginer un seul instant la difficulté de la progression hors sentier dans ce dédale de bois mort enchevêtré et au milieu des ronces. Il découvre un autre monde, seul la concentration leur permettra de surmonter ces difficultés, je sens de la détermination mais beaucoup de doute les envahissent à tour de rôle. Les kilomètres s’égrainent, le dénivelé positif et négatif sont gagnés mais la fatigue les attend au détour d’un arbousier ou chêne liège, pas de chance, elle ne trouvera aucune place dans leur sac à dos. Le soir des bons repas traditionnels les attendent au coin du feu, les silences aident Marie à sentir le lieu mais qu’il est difficile pour une bande de filles de faire le silence ! Alors le grand frère lance un souffle, un regard noir et elles comprennent. Pendant ces jours de partage, chacun des participants, même Thierry, le seul « valide », ont trouvé de nouvelles limites, les obstacles du premier jour ont été amputés de quelques degrés. Sous le duvet, au fond du tipi, dans la magie de la nature encore sauvage, ils ont été pour un instant plus près des anges. Quel plaisir l’autre soir de s’allonger sur une grande bâche pour chercher son étoile filante, quelle joie d’avoir la visite de Jean-Baptiste le seul éleveur de toute la vallée qui nous a gâté de gâteaux et de sourire. Ses histoires ont fait comprendre ce qu’était la « vraie » Corse loin du monde et des clichés. Une après-midi Véro est venue les masser, une manière pour rester le soir et partager la soupe corse qui mijotait dans son poêlon de fonte depuis le début d’après-midi. J’en aurai encore des choses à écrire mais certains souvenirs ne se racontent pas ils se vivent, puis les jardins secrets ne peuvent être trop dénudés. Certains d’entre eux auront l’envie de vous le raconter avec leurs mots, désolés les autres maux ont glissé dans le torrent à l’occasion des baignades vivifiantes de fin de journée commando. Pour ceux qui douteraient de ce récit voici juste entre vous et eux quelques clichés.

L'humour comme guide de rando, rire de nos malheurs en prenant notre pied!

L'humour comme guide de rando, rire de nos malheurs en prenant notre pied!

La concentration d'une traversée, un pas aprés l'autre.

La concentration d'une traversée, un pas après l'autre.

Brossage des dents avec du charbon, la seule solution de la vie en pleine nature.

Brossage des dents avec du charbon, la seule solution de la vie en pleine nature.

Une mascotte qui ne sait plus sur quel pied danser!!!

Une mascotte qui ne sait plus sur quel pied danser!!!

Thierry en plein boulot!

Thierry en plein boulot!

La récompense, une balade avec une baignade...

La récompense, une balade avec une baignade...