Créer la cohésion d’un groupe n’est jamais aisé, se lancer dans un stage de survie est une démarche volontaire pour rencontrer l’infranchissable, pour faire face au désir de renoncement sans jamais l’accepter. Alors qu’à l’autre bout du monde, à Bali, la journée du silence était respecté par tout un peuple, ici dans la vallée perdue, les marches étaient automatiquement silencieuses. Ce vide est indispensable pour entendre ce que la nature a de plus merveilleux à nous offrir, sa vibration. La quiétude amène au respect, mais notre vie actuelle n’accepte plus la paix, le calme, la sérénité. Le bruit est un mal sournois qui rend fou les hommes, pendant ces 4 jours de stage de sur-vie, nous essayons d’aller au plus profond de nos âmes. Pourquoi sans cesse absorber des infos qui rendent dingues, néfastes et qui sclérosent notre monde qui est si merveilleux. Alors nous avons fait un pacte avec les éléments pour prendre la peau de randonneurs égarés qui cherchent un moyen simple de s’en sortir. Nos sacs étaient composés du strict minimum, pas de superflus, encore moins d’affaire de rechange, quand on se perd, c’est pour certainement prendre un nouveau chemin qu’on ne pouvait soupçonner. Nuits sous bâche avec la pluie en guise de gardien, récolte de quelques plantes et champignons pour améliorer les nouilles chinoises et quelques astuces pour transformer cette expérience en une image de référence en cas de coup dur dans l’avenir, ont marqué les participants. Patient, souple mais aussi intolérant avec les non-respects des règles, nous avons échangé au coin du feu, les langues se délient toujours, perdre une jambe ou une personne de sa famille est une épreuve, le membre est envolé il ne reste que son souvenir. Pour les plus chanceux on peut le remplacer par une prothèse, pour les autres c’est un fantôme qui de temps à autre apparaît derrière un rideau de larmes. Chacun, du moins je l’espère, est venu chercher, l’infiniment subtile, la clé du jour où il sera égaré, le maquis de cette vallée perdue a des vertus insoupçonnables. Le cabochard que je suis, n’a pas été des plus tendres, par moments mes mots ont lacéré les acquis, ont botté le cul des têtes en l’air. Ma première vocation n’est pas la diplomatie, la vie en autarcie est ainsi, elle ne supporte pas les « moi j’ai fait », les randonneurs du confort qui se perdent au premier lâcher-prise. L’Aventure m’a mise tellement de claque qu’à mon tour je tente de transmettre la réalité d’une aventure de 4 jours avec un guide Freeman. Mieux que des mots des photos.
Tout simplement en sur-vie…
10 mars 2016stage de sur-vie douce…
3 mars 2016Je reviens à peine de repérage, Houlà la, les conditions vont être au top. L’hiver qui n’est jamais venu cette année, c’est juste ébroué au bon moment. Les torrents ont repris de leur superbe, le terrain est détrempé à soin et mes copains les sangliers n’ont pas tous fini au fond de la marmite. En deux mots le summum pour un vrai stage de sur-vie douce !
Les 6 candidats sont dans les starting-blocks, le stage va bientôt pouvoir se réaliser. Comme à l’habitude il y a quelques abandons de dernière minute, mais cette fois j’ai anticipé et nous serons 6 au complet. 3 femmes et 3 hommes, un guide un peu boiteux et une vallée encore préservée. Dans le groupe un amputé en plus du Cabochard, la mixité est au rendez-vous. A une époque où l’aventure est virtuelle nous allons nous plonger au plus profond de nous-même. « Krotte en tas » et autres âneries télévisées pourrissent ce qu’est l’aventure. Vivre ses rêves c’est être en osmose avec son environnement, c’est fusionner 6 personnages en une équipe soudée et prête à se surpasser. Pas de feu de friction, ou de larves grillées, mais de la cohésion de groupe, des successions de petits gestes qui rendent la forêt douillette. Les marches seront courtes mais pénibles, le maquis ne prévoit pas le passage des gros sacs à dos, il aime bien voir le rêveur poser genou à terre. Mais pendant ces 4 jours le temps qui passe sera laissé dans le monde de ceux qui courent, ici on est ailleurs. Depuis quelques années maintenant j’en ai vu des sourires entre les gouttes de pluie et de sueurs, des moments de désespoir devant le torrent en cru, des grimaces quand il faut dérouler sa bâche sur un sol détrempé. Je me réjouis de pouvoir guider un petit groupe, qui je l’espère trouvera l’essentielle de la nature, sa quiétude et sa justesse. Les marches seront silencieuses, pas de blabla en randonnant, le bruit est l’ennemi du poète. Le soir auprès du foyer, si les élèves arriveront à l’allumer, ils pourront raconter leurs histoires mais comme par magie la plénitude de la vie de nomade efface d’où l’on vient et qui on est là-bas en face. Le crépitement du feu qui ronronne est bien plus ludique que n’importe quelle chaîne TV. Le craquement d’une branche dans le dos du campement annonce toujours un frisson collectif, bien qu’ici en Corse les derniers ours à avoir vécu sont d’époque moyenâgeuse. Le stage de sur-vie est tout simplement un retour à l’essentiel, à une vie minimaliste où tout le superflu est en mode « indésirable ». Les gadgets modernes seront temporairement bannis, les écrans ont la fâcheuse manie de flinguer l’instant présent. Il y a bien un endroit où on doit être attentif, cet endroit, c’est ici au milieu de nous-même. Plus aucun moyen de fuir l’instant présent, de combler le vide qui donne le vertige, de « virtualiser » sa vie pour la rendre plus vivante. Ici le moindre bruit, le moindre souffle, la simple miette trouve enfin sa vraie place. Je me ferais un vrai plaisir à vous faire un simple récit de cette belle aventure.
Si vous aussi, vous êtes tenté par cette expérience sachez qu’il reste 2 places encore en novembre. Par contre si vous êtes un groupe de 4 minimums je peux étudier avec vous une date et un lieu. Le prix du stage est totalement reversé à l’association Bout de vie.
A pluche !
2016 du bon pied…
4 janvier 2016Avant de commencer ce billet mille mercis de tous vos messages au sujet du film Frères de sport, je ne m’attendais pas à autant de gentils mots, vraiment merci beaucoup, je suis très touché, très ému…
Comme l’exige la tradition c’est le moment d’adresser ses meilleurs vœux autour de soi. Pour ne pas égratigner cette règle je vous souhaite Pace, salute e liberta (Paix, santé et liberté). Ah, cette sacrée liberté, celle qui ne supporte pas les compromis, celle qui refuse le paraître, celle qui n’admet aucun pacte, elle est rebelle et sans concession. Nous les abîmés de la vie, nous avons aussi droit à la liberté, quand je dis abîmé, je veux dire tout le monde, puisque à mes yeux, nous sommes tous amputés de quelque chose ! L’année 2015 a eu sa part d’horreur mais je n’en parlerai pas, ce serait faire trop d’honneur à cette bande d’ordures qui se prend pour le ver de la pomme alors qu’ils ne sont que poussière. Nous vivons une époque formidable, arrêtez de gémir en me traitant de fou, nous vivons au paradis alors que certains se croient en enfer. La médecine avance à grands pas, même si l’emboîture fait boiter parfois, vous vous prenez de plus en plus en main, même s’il vous en manque une ! Alors oui, notre époque est formidable, elle nous appartient, elle est en notre possession, ne demandons pas aux autres de changer, une vraie révolution c’est en soi qu’il faut la faire en premier. Bout de vie a fait sa part de boulot, des stages, des rencontres, des échanges, entre cassés par moments on peut troquer ses misères. Au bout de l’horizon, de nouveau le soleil, une autre baie abritée. Les résolutions c’est bien, mais ça ne dure qu’un instant, nos tempêtes ne sont pas là pour nous détruire, elles nous poussent dans un archipel inconnu, dans une île « étrangère ». Le chômage, les SDF, les conflits, une histoire d’homme, à nous d’ouvrir notre main, notre cœur, nos yeux. Je sais ça fait mal de changer ses habitudes, c’est compliqué de comprendre les « autres », moi le premier je me surprends de fuir dans certaines situations, la vie n’est pas une fuite, ni un combat mais un présent, qu’il faut savoir gérer, accepter…
Cela faisait un moment que je n’avais plus mouillé l’ancre de mon Cabochard aux îles Lavezzi, je les avais pris en grippe, je m’autorisais un « touch and go » avec le stage de plongée Bout de vie mais elle m’avait blessé par leur perversion à la masse, à l’étendage de serviette sur « mon » sanctuaire ! Puis l’anticyclone s’est perdu en cet hiver bizarre et sur la pointe de la prothèse j’y suis allé sans m’attendre à la paix ! Je me disais : « de toute façon on va te débusquer, y en a bien un qui va vouloir te dire un truc… » et ben non, le silence était le seul au rendez-vous. J’ai humé ces années passées là, à jouer au Robinson boiteux, j’y ai retrouvé mes marques, elles sont mes secrets, je les emporterais avec moi dans mon dernier souffle. J’ai plongé, dans mon sanctuaire, lui aussi c’est mon mystère. Puis la nuit venue, j’y ai vu de nouvelles étoiles, elles m’ont parlé de la liberté, de l’avenir, du passé, de là maintenant mais surtout elles m’ont dit de vous souffler ceci. Ne doutez pas de vous, vous aussi vous êtes des Freeman, levez le nez elles vous le diront aussi… Bonne année 2016
Frères de sport « Scuba diving »
21 décembre 2015Le voilà enfin le quatrième documentaire de Bixente Lizarazu. Lundi dernier dans les locaux de RTL l’avant-première regroupait un tout petit comité. J’étais minuscule dans ma prothèse, les pontes des grands médias étaient conviés et de mon côté j’osais placer quelques amis au milieu de ce beau monde. Bixente était comme un enfant qui a préparé une surprise, au troisième rang, mon frère de sport. Je m’enfonçais en douce dans le fauteuil pour que personne ne puisse voir ma réaction, mais que de bonheur ces 58’, que d’émotions, cependant je ne vous cache pas que la fin m’a remué les tripes. Les 60 invités applaudissaient le générique de fin, il fallait aller en face de nos amis présents, il était temps de remercier tous ceux qui avaient permis la réalisation de ce reportage sur la plongée. Nous les « grandes gueules » étions tout timides, les mots ne pouvaient sortir, Bixente qui n’est pas du genre à se lâcher en public était en incapacité de lire ses fiches, de l’eau de mer coulait abondement sur ces joues… Comme vous l’avez compris ce Frères de sport sera un peu différent des autres, déjà par son format 58’ au lieu d’un classique 26’ puis par notre profonde amitié qui perce l’écran d’après les critiques.
Ne trépignez vous aussi vous allez pouvoir le regarder, TNT Equipe 21.
Pour visionner notre bref passage sur Canal+ cliquez ici
– Samedi 26 décembre – 19h (inédit)
– Lundi 28 décembre – 18h
– Mercredi 30 décembre – 21h45
– Samedi 2 janvier – 17h30
Par ce blog nous attendons vos remarques, critiques. En attendant passez un bon et joyeux Noël.
10 ans, déjà 10 ans
27 novembre 2015Le 30 novembre 2005 Dume et moi, nous nous élancions dans une folle aventure, dans un défi qui se révéla une épopée. 18 mois auparavant, l’extravagant rameur Jo Leguen se retrouvait au premier stage de plongée Bout de vie et devant une bouillabaisse il nous lançait le défi de traverser l’Atlantique à la rame. Avec Dume nous relevions le pari sans savoir ce qui allait nous attendre. 18 mois pour bâtir un projet énorme, trouver des sponsors, un bateau et surtout se préparer en ramant comme des galériens. Nous ne voulions pas que participer, nous voulions aller sur le podium, car, oui, c’était une course, nous n’étions pas que les seuls fous. 26 bateaux identiques pour en découdre avec 5500 km d’océan, 3300 milles marins pour devenir les premiers handis à réaliser cette folie. Mais vous commencez à me connaître être mis dans le rang des handis me donne des boutons et en mer ça pique les fesses l’urticaire ! Alors nous avons laissé nos boiteries à quai et nous avons bossé. Des partenaires plus qu’improbables, se sont comme par miracle greffés, au projet. Quand un Prince Albert II de Monaco vous prend par l’épaule pour que vous lui racontiez votre vie de Cabochard « ça trou le cul, non » ! (Pardon!!!) Et qu’en plus de la soirée organisée à cet effet il sort des billets violets pour un petit supplément, ce n’est pas énorme ! Quand le big boss de l’Agence Spatiale Européenne, t’appelles le 1 janvier pour te rencontrer au plus vite ça donne des ailes, non ? Et le rêve n’est qu’a son apogée. Alors avec cet engouement autour des « pôvres » deux unijambistes têtus, nous avons inventé notre « ramerie » océanique, nous avons essayé de penser à l’impensable. La grue de Bonifacio nous a fait chavirer à maintes reprises, pour voir comment ça fait en mode machine à laver programme essorage ! Nous avons tenté le diable avec les Bouches de Bonifacio en sortant par tous les temps. Mais la plus belle fût la première sortie ! Calme plat et sans courant mais pourtant il nous a été impossible d’accorder nos pelles et je peux vous dire que sur les quais des pêcheurs personnes ne donnaient cher de notre transat ! Mais nous avons bossé, nous avons travaillé comme des gladiateurs pour être enfin au départ à la Gomera aux îles Canaris. Du monde entier, des bateaux identiques étaient arrivés, de toute la planète des poètes allaient se lancer dans un inconnu d’eau salée. Pendant 20 jours nous avons été jaugés, contrôlés jusqu’à ce que la date du 27 novembre arrive. Mais une fois de plus je me suis fais remarqué en allant annoncé qu’avec Dumé nous ne serions pas sur la ligne, que ma petite expérience de marin me disait de rester à quai car un coup de chien de Sud-ouest arrivait pilepoil le jour du départ. Sans attendre leur réponse je repartais à notre Yole numéro 20 (département de la Corse) pour doubler les amarres et donner quartier libre à Dumé. Grosse panique au QG géré par un staff britannique imposant. Mais avant que je prenne ma voiture de location pour visiter la magnifique île de la Goméra en mode bon touriste, un des organisateurs me rattrape pour me présenter ses excuses car effectivement une dépression impressionnante déboulait sur l’archipel et qu’il y aurait eu une hécatombe dans la flottille ! Et voilà enfin que le 30 novembre nous larguons les amarres, que nous rentrons de plain-pied dans ce rêve sans savoir que cela va être plutôt un cauchemar de souffrance. Le premier soir fût terrible, la nuit nous enveloppait, pour cacher nos visages terrorisés, comment oublier les proches que l’on avait laissé à quai, comment savoir ce que l’Atlantique allait nous réserver ? Le mal de mer me tenait la jambe pendant 4 semaines, mes doutes eux sont restés fidèles jusqu’à l’arrivé. Deux tempêtes tropicales nous ont fait reculer pendant 10 jours, 2 fois 5 jours à se morfondre, 240 heures de tortures mentales ! Puis la routine des jours qui s’égrainent avec un alizé musclé comme on n’avait pas vu depuis plus de 30 ans d’après météo-France, « chouette on va aller plus vite »! Puis le 40éme jour une vague scélérate nous brise le safran ainsi que notre rêve d’arrivée. Mais si malgré une jambe en moins on a su survivre ce n’est pas un gouvernail amputé qui va nous stopper, non mais ! Après une nuit de gros bricolage, que même Mac Gyver semblerait perdu, nous nous en sommes sorti pour reprendre la mer. Cette fameuse même nuit 7 équipages déclenchaient leur balise sat pour être secourus. Finalement au bout de 54 jours 3 heures et 32 minutes nous finissions 3éme en laissant le dernier équipage à 30 jours derrière nous… Et voilà 10 ans ont passé, avec Dumé nous nous voyons régulièrement et notre complicité nous mène là-bas où nous avons réalisé un truc de fou. Interviewé par un nombre incroyable de journaliste mon frère de rame avait repris la citation de Marc Twain : Il ne savait pas que c’était impossible c’est pour ça qu’ils l’ont fait. La yole à été vendue, Franck et Angéla ont suivi le sillage et certainement d’autres ont porté leur prothèse au milieu de la grande bleue. Grace à cette traversée l’association Bout de vie c’est fait connaître, nous avons reçu des centaines de messages plus beaux les uns que les autres, 10 ans après, des inconnus nous interpellent encore pour nous féliciter, 10 ans après ! Mais bien plus fort que tous ces hommages, plein de cabossés de la vie ont, par cette traversée, trouvé une réponse à leur question de vouloir vivre malgré un bout en moins. Mon premier livre en parle bien sur, deux documentaires illustrent cette transat anglaise et par le biais de ce blog je tenais à remercier du fond du cœur tous les contributeurs à cette course qui restera gravée très longtemps dans mon cœur, dans mon âme, comment oublier.
Pour se remémorer cette aventure les deux documentaires à voir sans modération, juste après les photos.
FR3 Corse Via Stella Al di la di u mare
Survie: Une comète de bonheur
12 novembre 2015Une fine dalle de pierre est en train de rôtir une variété des plus alléchantes de champignons, amanite des Césars, Cèpe de Bordeaux et Rosés des prés, l’ail sauvage rajoute une part de « léchage » de babines. Cela fait 4 jours que nous « survivons », le monde de la forêt nous a happés, le maquis nous a pris en otage. L’équipe cette fois est réduite, au dernier moment les engagés se sont dégonflés ! Je ne vais pas épiloguer sur ces comportements mais cela me rassure sur ma vue sarcastique de notre société de consommation frénétique. Un click sur son clavier et le dossier est rempli, le chèque signé et expédié. Mais le temps aspire l’urbain dans la spirale des « choses » indispensables à faire et au dernier moment on annule, on fuit ces 4 jours de vie sans écran. Ma démarche étant de remplir, avec ces stages de survie, les caisses de Bout de vie, je ne vais pas me plaindre, mais ma petite voix serait, si je ne la contenais pas, un brin acide. Donc, pour en revenir à cette prise volontaire de maquis, je ne saurais vous décrire en deux mots la joie partagée de ce duo féminin qui m’a accompagné. Les images de référence sont les piliers d’une telle expérience et quand les « élèves » n’en ‘ont aucune, tous reste à bâtir. La Corse est la terre idéale pour cet apprentissage, aucun animal sauvage ne peut jouer le trouble- fête et les pièges sont plus que minimes. A la grande joie de ces néo-aventurières mais à mon grand désespoir, un solide anticyclone, nous assure d’un crapahutage ensoleillé bien loin de conditions orageuses qui créaient une ambiance assez sympa quand on dort sous une minuscule bâche ! Mais ne croyez pas que leur charme m’a anesthésié au point de leur mâcher le boulot ! Pour être aussi confortable que possible le feu est le meilleur des confidents, mais pour en avoir ses soins il faut se transformer en bucheron sans scie ! J’ai pu constater quelques éraflures au vernis à ongles, mais aucune n’a osé se plaindre, le Cabochard en mode survie peut, très facilement mordre. D’un bon pas nous avons gravi des murs de végétation bien loin de sentiers balisés, qui me donnent toujours la sensation d’un monde stérile dés qu’une piste ou un panneau de bois me donne la moindre information. Le but est de se perdre, l’essentiel est de créer un vide envoutant pour se retrouver en situation à la limite de la vérité. Il me plaît de donner les rênes aux stagiaires pour les voir tourner en rond en étant certains de leurs chemins alors qu’ils partent à l’opposé de leur objectif. Ne faut-il pas se bruler les doigts une fois pour comprendre que la braise peut-être « collante », ne faut-il pas avoir négligé une grosse pierre sournoise sous son mince matelas de sol pour racler au prochain bivouac le berceau de sa deuxième nuit à la belle étoile. Mais la nature reconnaît ceux qui veulent vivre, ne serait-ce qu’un instant, sans apparat de confort. Alors qu’une racine de bruyère rougeoyante et quelques braises d’arbousiers nous regroupaient sur des cailloux assez peu confortables une comète nous a offert son plus beau spectacle. Soudain la forêt sombre prenait un manteau de lumière, un rai nous décrochait de la braise et nos petits yeux découvraient une sorte de conte de fées, la queue de l’astre qui venait de se fondre dans notre atmosphère avait la forme d’un S. Jamais je n’avais vu un tel spectacle et ce soir-là mes co-équipières qui avaient fait l’effort se souviendront pour bien longtemps de ce moment de grâce…
Si vous aussi vous aspirez à ce style d’expérience il reste encore un peu de place début mars, les infos sur l’onglet en haut de cette page : « stage ».
A pluche !
Ua here au ia oe Raiora
31 octobre 2015La classe de CM1 CM2 d’Avatoru est silencieuse, le diaporama sur l’expédition Niviarsiaq au Groenland vient de se terminer, c’est le moment des questions. Une petite fille moins timide que les autres lève sa main. Sa tête est ornée d’une couronne de fleurs et elle porte un joli collier de Tiaré, qui lui donne un visage éclatant. Les Paumotus, habitants de l’archipel des Tuamotu, sont un peuple joyeux, et cette petite fille en est la descendante. Sa première question touche énormément le poète qui est caché au fin fond de mon cœur. Combien de fleurs connais-tu ? Je ne sais que dire… Un garçonnet, adepte certainement du sport national qu’est le va’a (pirogue polynésienne), veut savoir combien de race de requins j’ai déjà rencontrés. Un autre revient sur la terre de glace, pour savoir si là-bas au pays de nanoq les enfants vont à l’école. La plus petite me demande : « qu’elle est pour toi la plus belle île du monde », sans hésité un instant je lui dévoile mon coup de cœur. « Pour moi la plus belle île du monde c’est Rairoa » (Ciel infini) francisé Rangiroa. Leur tutoiement ne déroge pas à la règle polynésienne, où le vouvoiement est une histoire de popa’a (blanc de métropole). Txim m’a accompagné pour apporter son témoignage sur l’expérience qu’il a vécu à l’île d’Ataa en baie de Disko . L’échange est fort, les instituteurs sont aussi très curieux mais il est temps de partir, alors à l’unisson les élèves nous entonnent un maururu a vau (chant d’adieu) qui me bouleverse. Une autre tradition veut aussi que l’ami de passage laisse un écrit sur la chemise de celui qui restera, alors avec beaucoup d’attention, je tente de noter quelques mots simple mais important. Voyager ce n’est pas changer de pays, voyager c’est changer de monde… Une jeune fille de 9 ans à peine me remet un collier de fleurs, une autre m’offre des bonbons, quant aux profs ils me font promettre de revenir dès que possible. Le gros dur a les jambes qui tremblent ; du moins une ! Mais tout a une fin, le tournage Frère de sport se termine déjà, entre la Corse et Rangiroa cela nous aura pris plus de 3 semaines. Une chose est certaine cette expérience nous aura marqués au fer rouge, avec toute l’équipe nous avons eu beaucoup de crises de rires terribles, ainsi que de moments d’émotion d’une grande pureté. David et René les cinéastes terrestres et sous-marin ont sus se fondre au paysage pour nous permettre, à nous les « acteurs » corso-basque de ne pas jouer la comédie et de vivre l’instant présent sans tabou. Il y a eu des moments où les lèvres au gout de sel tremblaient de trop de sensibilité, d’un trop plein d’émotions. Puis les gaffes reprenaient les rênes ! Comment ne pas éclater de rire en visionnant les rushs quand une raie manta me survole et qu’il me prend la bonne idée de vouloir imiter son vol, rendant la séquence inexploitable. Je vous rassure mon Frère de sport à fait des aussi des siennes ! Une bande de dauphins prend le rythme lent de notre palmage et voilà que notre champion du monde lui aussi ondule ses jambes musclées pour pourrir la séquence. René le soir ne manquait pas de nous « gronder » comme le ferait un bon vieux professeur entouré de deux garnements. Mais au niveau explosion de rire les intervenants ont eu eux aussi leur part au bêtisier. Pendant que David tentait de filmer le briefing de départ pour la plongée au mur de requins gris par Pitou et Tanguy, il aura fallu 4 reprises pour enfin avoir un discours cohérent sans un fou rire dévastateur, même la mascotte se tordait en 4. Quelle surprise le dernier soir où Ravana et Fernando, nos anges gardiens, conviaient leurs amis musiciens pour une initiation à la danse du tamuré. Non je vous assure on n’a pas été ridicule, aie aie ; Jo Zef opine la tête, ok on ne sera jamais danseurs aux ukulélés !.. A l’aéroport c’est les embrassades, Tanguy, Pitou, Héléne et bébé Tim, Fernando, Ravana, nous accompagnent, le moment est solennel, les colliers de fleurs et de coquillages nous sont remis en promesse de retour, promis les amis nous reviendront parole de Cabochard.
Tout à l’heure juste avant de quitter notre faré(maison de bois) j’ai chopé Bixente. A mon arrivée il y a deux semaines il m’avait remis de magnifiques colliers et couronne de fleurs, les parures ont séchés. Face à l’un des plus grands lagons au monde, j’ai pris mon pote par l’épaule pour remettre à l’océan Pacifique ce présent. Superstition certainement mais une fois de plus on s’est pris très fort dans les bras. Et dire que pour un cheveu je n’aurais pu ne pas vivre ce moment… Ua here au ia oe o fratellu
Frère de sport en Polynésie suite…
27 octobre 2015Le tournage touche à sa fin, et l’aphorisme de Sylvain Tesson prend tout son sens : arriver sans savoir si l’on va rester partir en sachant qu’on va revenir. Si le sujet du documentaire est bien évidemment la plongée, j’en retiendrais surtout les rencontres humaines. Les deux villages de Rangiroa, ne regroupent que 3000 habitants pourtant nous avons croisé 3000 sourires, certains apparaîtront dans le film mais je ne vous dévoilerais rien, juste pour vous tenir en haleine. Les poissons de toutes tailles ont été au rendez-vous, même si certaines séquences ont demandé beaucoup de patiences à René Heuzey qui est l’un des meilleurs cinéastes au monde. La qualité de ses prises de vue, nous a sollicité une exigence qui nous a valu avec Bixente une grande part d’humilité face aux animaux qui se moquent bien d’une caméra dardée de projecteurs .Comment expliquer à un mur de requins gris que l’on veut rentrer en leur sein pour jouer les acteurs un peu bulleurs, comment captiver l’attention d’une trentaine de raies léopards avec qui l’on veut partager un envol. Mais dans tout groupe il y a le placide, celui qui ne se cache pas, celui que rien ne dérange et la palme, Aqualung, bien-sur, revient à Caroline la tortue marine. Une actrice née, qui ne rechigne pas à poser son gros bec sur mon masque, qui laisse René la filmer sous tous les angles et qui a effectué quelques petits ponts effrontés à mon Frère de sport. Les motu (ilots de corail) ont été les plateaux de bien de scènes graves et profondes mais avec aussi beaucoup de crises de rires interminables. L’équipe locale de soutien logistique nous ont gâtés, chouchoutés, un grand professionnalisme sans jamais se prendre au sérieux. La clef de voute de la partie polynésienne. Tanguy, Pitou, Fernando et Ravana nous ont offert leurs meilleurs pour que tous soient faciles, aisés et réactifs. David Tiago Ribeiro, le cinéaste terrestre a su gérer les deux piles atomiques indisciplinées que Bixente et moi représentons. Il a toujours su nous amener sans contrainte à l’essentiel, un grand monsieur de l’image, sa filmographie est très impressionnante ! Clin d’œil du hasard le film est programmé mi- décembre sur la chaîne Equipe 21 TNT à la même époque que la sortie du nouveau « Guerre des étoiles ». Vu que je suis passé, sur la totalité du tournage, pour un obsédé textuel je vous suggère ces mots. Décembre sortie mondial de Frère de sport : Quand les américains font la guerre des étoiles Bixente fait un doc qui pourrait s’appeler Paix d’une étoile! Zut en écrivant ces mots j’entends déjà l’équipe de tournage éclater de rire. Désolé les gars un poète ne meurt jamais il devient l’alizée, l’esprit de la lagune, l’étoile égaré, non les gars un poète ne meurt jamais ces mots apaiseront les maux de ceux qui restent. Merci Bixente encore une fois tu m’as fait un cadeau énorme : Ti tengu cara o fratellu.
Logistique sur zone pour faire de vraies belles plongées cliquez ici: 6 passengers
Partenaire du transport: Air Tahiti Nui
Partenaire équipement de plongée: Aqualung
Karin et moi avons été habillés par Columbia
Des cols et des écoles suite et fin
18 octobre 2015
Contre vent, brouillard et froid l’équipe Bout de vie est arrivée au bout de la semaine. Il y aurait tellement de beaux moments à vous raconter qu’il me faudrait plusieurs pages, mais je vais aller à l’essentiel. Alexis le « petit » dernier c’est révélé comme un futur espoir dans le sport de haut niveau, il ne lui reste plus qu’à travailler sérieusement sans jamais faire confiance aux éloges et aux victoires. Jérôme confirme son potentiel de champion de triathlon. Monter la côte de la haute ville de Bonifacio sur une seule jambe, révèle d’une volonté trempée comme l’acier damassé. Steve a serré les fesses et malgré quelques douleurs, il n’a su qu’écouter son courage. Patrick lui aussi à teinter l’épopée de sa bravoure et de sa détermination, je sais que la motivation pour continuer va fleurir. Le grand Franck avec ses 115kg malgré quelques casses matérielles a toujours forcé le respect. Mais je vous rassure Félix, Karin, Yves, Bruno, Jean-François, Mario et bien d’autres n’en sont pas moins les rouages d’une aventure de partage. Cette année la « cible » était la Corse du sud, de la maternelle aux primaires nous avons apposé les fondations pour que la différence puisse se bâtir. Les « petits » sont natures, ils ne jugent pas, ils constatent et passent à autre chose. Les grands sont plus craintif, ils fuient le mutilé, ils détournent le regard pour ne pas voir ce bout en moins. Alors pour la troisième fois nous avons gravi les cols de la différence, de là-haut il est facile de se laisser glisser en roue libre sur les routes de la tolérance. Pour conclure ce billet je tenais à remercier, tous les enseignants qui ont osé le premier pas pour nous recevoir, un grand salut à Ange et José de l’asso Via Livia, la soirée fût agrémentée par le témoignage du doyen Paul qui malgré son grand âge et sa « patte » en moins m’a ému aux larmes. Un grand merci à tous les hôteliers, aux restaurateurs et bien évidement à la Fondation d’Entreprise Française des Jeux qui a financé l’opération. Un peu à l’avance je suis certain qu’en 2016 nous allons renouveler cette « pédalerie » différente.
Einstein à dit : La vie c’est comme le vélo, pour ne pas perdre l’équilibre il faut toujours avancer…
Ecole de Zicavo
13 octobre 2015Après une bonne nuit de récupération, nous voilà à pied d’œuvre, si j’ose dire, jeu de mots d’unijambiste en goguette. Ce sera l’étape la plus costaud, Propriano-Zicavo par le col de Celaccia pour basculer sur Petreto puis la route sauvage de Moca Croce. En deux mots, de beaux murs à gravir. Le temps est incertain diraient les tristus mais quoiqu’il en soit nous sommes hyper motivés pour « bouffer » du dénivelé. Ca monte en cadence, la joie est notre coach mental, la pluie semble vouloir se joindre au peloton mais vu, le manque d’importance que nous lui accordons, elle ose à peine effleurer nos jambes de bois ! Un morceau de l’étape est digne de l’enfer du Nord, les pavés du Paris-Roubaix n’ont rien à envier à cette départementale certainement rayée de la carte de la DDE ! Mais là aussi nous encaissons avec philosophie les trous qui secouent nos moignons. Après un peu plus de 3 heures nous passons la ligne d’arrivée du jour. Sous un châtaigné certainement centenaire nous dévorons nos taboulés en évitant de justesse une pluie de bogues prêtent à la récolte. Mais nous ne sommes pas là pour du tourisme, l’école primaire nous attend. La nouvelle institutrice Stéphanie ne nous connait pas mais les enfants eux, pour la plupart ont eu droit à deux passages d’un certain aventurier à cloche pied. Le thème est l’expédition Niviarsiaq au Groenland, alors au fil des photos le Grand Nord envahit la classe. Deux heures après et toute une longue de série de questions pertinentes, le moment tant attendu enfin arrive. Une table remplie de gâteaux est dressée en plein milieu de la cour. La mascotte devient le chef de bande et entre un brownie au chocolat et autres friandises nous disons au revoir aux enfants en leur promettant de leur amener mon prochain film. Demain yakapedaler.