Une semaine de mer…

24 septembre 2016
La mer c'est le pied!

La mer c’est le pied!

Le dernier stagiaire est déposé à l’aéroport ; les 14éme édition viennent de se conclure. Un chapitre de vie se referme, les mots apposés sont teintés de douceur et d’émotion. Une semaine qui laissera des traces au fond de nous tous. Quand la douleur sera trop forte pour avancer, ces quelques jours de mer, seront là pour atténuer le trop-plein de maux. Entre 11 et 59 ans, le clan s’est formé comme si tout le monde se connaissait depuis toujours, je me demande si le sang versé n’est pas un engrais pour devenir, plus fort, plus humain. Les échanges ont été profonds et sans tabou, on aurait envie de dire « grâce » et non plus à cause de l’amputation. Devenir plus humain, n’est pas donné à tout le monde, mais à bord de la Galiote, là-bas en mer les esprits océaniques ont veillé à la bande un peu boiteuse. De plongée en plongée, de bord en bord, entre Galiote et Nomade, entre Gunther et Christophe, les langues se sont déliées, les abcès se sont résorbés. En plus de l’émotion il y eu le sentiment d’une fin d’un long voyage. « Mon » Gunther est sur le point de se séparer de son vieux bateau qui partira d’ici peu dans le sud de la Sardaigne, ce stage fût le dernier avec Mrs Galiote. Hier soir, alors que Daniel (I Mantini) et Petru- Anto nous transmettaient les vibrations musicales insulaires, chaque participant se laissait envelopper par l’émotion, les 3 gazelles alternaient entre larmes de rire et de mélancolie, la vie en mer a soudé les blessés de vie. Plutôt, que de vous saouler avec mes mots, je vais laisser place aux plus courageux des stagiaires qui très certainement laisseront dans les commentaires de ce billet leur sentiment. Un grand merci à tous ceux qui ont contribué au financement de ce stage, des quatre coins de l’hexagone des initiatives fraternelles ont permis la réalisation de cette merveilleuse opération… La vie est un présent tellement précieux que nous avons croqué à pleine dent chaque seconde.

Merci Louane, Lara, Marion, Myriam, Guillaume, Cédric, Philippe, Frédéric, Christophe et Jeannot, vos rires résonnent encore dans ma tête de grande gueule de Cabochard. Que Dieu vous prothèse !

Surprise pour l'anniversaire de Myriam

Surprise pour l’anniversaire de Myriam

Petit déjeuner avant le grand bain

Petit déjeuner avant le grand bain

Orage bref mais costaud, une vraie vie de marin...

Orage bref mais costaud, une vraie vie de marin…

3 cœurs de gazelles

3 cœurs de gazelles

Cala Chiesa rien qu'à nous...

Cala Chiesa rien qu’à nous…

Christophe et "son" Nomade

Christophe et « son » Nomade

Cap'taine Lara!

Cap’taine Lara!

 

Un pas vers l’arche…

22 septembre 2016
Le fameux petit déjeuné de la Galiote.

Le fameux petit déjeuner de la Galiote.

Finalement le vent et a houle d’ouest ont changé d’archipel, c’est dommage on se sentait protégé, comme dans un cocon bien douillé. Les journées semblent filer à toute allure, les activités ne laissent aucun temps mort aux bulleurs-voileux ! En quelques jours les stagiaires ont su ingurgiter les règles de base pour affronter les profondeurs. Malgré un restant d’onde, nous quittons enfin la lagune pour le grand large, l’arche recouverte de son écume de mistral nous ouvre sa passe. Chacun se prend en main, l’assistanat n’a pas de place dans les stages Bout de vie, vous avez déjà vu une tempête se soucier des Hommes, vous croyez qu’une lame de fond s’apitoie sur un bout perdu ! Le grand bleu est face à nous, les grottes, la profondeur tout est là pour les stresser, mais rien à y faire, chacun se trouve émerveillé de ce champ infini qui se dévoile sans pudeur… La bonne humeur et les blagues en tout genre fusent, la vie nous a donné trop de leçons pour se prendre la tête et se soucier du paraître. Là-bas au milieu d’un amas de granit, quelques vies s’en donnent à cœur joie, l’important est de ne jamais boiter dans sa tête…

Le cap'taine de la Galiote

Le cap’taine de la Galiote

Le passage de l'arche, toujours un moment fort en émotion...

Le passage de l’arche, toujours un moment fort en émotion…

La mascotte en compagnie des chipies!

La mascotte en compagnie des chipies!

Les choses sérieuses!

21 septembre 2016
Initiation de bulleurs!

Initiation de bulleurs!

Sans vouloir passer pour un électron libre, ici Bout de vie démontre que les cases sont contraignantes, étouffantes et surtout qu’elles éloignent de la « vraie » vie. Pas de section handisport « chez » Bout de vie, pas de ghetto, le seul mot de ralliement : s’adapter. Hier après-midi après la matinée sous voile, n’y voyez aucun signe religieux, il est temps de se mettre à l’eau. Le bateau n’est pas adapté et encore moins le moniteur aux allures un poil « Cabochard ». Avant la mise à l’eau, chacun doit se connecter sur une application qui s’appelle le cerveau ! Anticiper la mise à l’eau mais aussi la sortie, il est hors de question qu’une serviette ou une prothèse ne soient pas à porté de moignon. Un regard, un souffle polaire de ma part et de la plus jeune au doyen tout le monde s’active, en pleine concentration pour que tout soit en règle. La piscine du matin est à la température parfaite, soit 25°, à tour de rôle chacun flotte à la poupe de la Galiote, le baptême d’hier fût concluant alors aujourd’hui l’initiation va encore leur faire découvrir de nouvelles limites. Oter son détendeur en douceur, enlever son masque en le remettant en une seule fois et utiliser son stabilizing-jacket à la perfection sont les programmes de la palanqué. Une confidence entre vous et moi, qu’est ce que je souhaiterais d’avoir des élèves soi disant valides comme eux. Vive la vie aux Lavezzi !

Philippe le doyen du groupe, toujours le sourire aux lèvres.

Philippe le doyen du groupe, toujours le sourire aux lèvres.

Même pas peur!

Même pas peur!

Le conseil du "sage" Gunther

Le conseil du « sage » Gunther

Les sirènes des Lavezzi

Les sirènes des Lavezzi

Louane en bonne compagnie

Louane en bonne compagnie

Nomade aux Lavezzi

20 septembre 2016
Départ pour une virée au large...

Départ pour une virée au large…

 

La routine n’est pas un bon compagnon de route, alors d’un accord commun, nous l’avons volontairement laissé à terre. Christophe, skipper du magnifique catamaran Nomade n’est pas un marin ordinaire, à l’âge de 12 ans, alors que ses copains d’école parlaient football, lui rêvait déjà de bateau et de départ. Constructeur de son propre bateau alors à l’aube de ses 20 ans, il prit le large. Puis au hasard d’un ponton, il devint le skipper de l’ancien ministre Jean- François Deniau. Une escale un peu plus longue au Sénégal et il y rencontra une jeune jolie Corse travaillant à l’ambassade de France, le coup de foudre et s’en suit un tour du monde à la voile de 7 ans. Ils partirent à 2 pour boucler leur aventure à 3. Bonifacio comme escale prolongée, mais l’appel fût trop fort, alors les amarres bien lovées dans un coffre d’un magnifique catamaran, l’année dernière toujours à 3, ils ont bouclé une balade qui devait les mener du grain de sable de Bonifacio au pied de la statue de la Liberté à New-York, un voyage de 2 ans. En attente pour l’orient, Christophe s’est gentiment proposé de passer la semaine avec nous pour une initiation au nomadisme nautique… Des histoires salées à n’en plus finir, des anecdotes aux airs de corsaires somaliens, de motus polynésiens encore isolés, de détroit de Torres au embruns pacifiques et surtout de partages uniques. Une fois de plus nous réalisons que même avec un bout en moins le présent est un cadeau…

Une sortie houleuse...

Une sortie houleuse…

Toujours du bon pied!

Toujours du bon pied!

Quand le rêve devient réalité

Quand le rêve devient réalité

Au poste de manoeuvre

Au poste de manoeuvre

Premier jour de mer…

19 septembre 2016

 

 

Pas mal non?

Pas mal non?

Quelques nouvelles des Lavezzi : Nous voilà dans le repaire des corsaires, ouf le vent d’ouest est là, il évite aux marins des pontons de roder sur nos traces. Le coin ? Comment vous dire ! Un paradis mais en mieux. Ici Adam et Eve devait y vivre il y bien longtemps mais ce n’est pas la pomme qu’ils ont croqué mais très certainement un détendeur pour aller dans le ventre de mer nourricière. Un bloc de granit, un goéland ; une passe inondée de courant violent, oui c’est bien ici que va se dérouler le 14éme stage de plongée sous marine Bout de vie… A pluche.

Les pieds dans l'eau (LOL)

Les pieds dans l’eau (LOL)

Des sirénes

Des sirènes!

 

14éme stage de plongée Bout de vie

18 septembre 2016
Une belle équipe au complet

Une belle équipe au complet

Le 14 éme stage de plongée sous-marine vient de débuter. En un claquement de doigt tout le monde s’est laissé porter par le futur horizon qui là-bas au large laisse deviner de belles choses. les tabous sont mis aux oubliettes, les « moi a ta place » ont du faire naufrage, on n’en voit aucun à bord de la Galiote. Comme cocktail de bienvenu une bande  de dauphins leur tourne autour, de 11 à 59 ans le cru 2016 semble excellent. Demain nous larguerons les amarres pour aller à la rencontre d’un nouveau monde, d’un univers si différent mais si proche, là-bas au milieu du granit millénaire, la nature, elle, ne juge pas…

Le briefing de Gunther...

Le briefing de Gunther…

La mascotte est déjà adopté par les filles...

La mascotte est déjà adoptée par les filles…

Bout de vie, saison 2016-2017

31 août 2016

10177514_10202146177040571_8509977468210195162_n

 

La saison 2016- 2017 est déjà là, en voici les lignes principales.

19 au 25 septembre dix jeunes amputés sont invités en Corse à passer une semaine en mer pour être initié à la plongée sous-marine.

Du 6 au 8 octobre, les Ecrans de l’aventure de Dijon, pour fêter leurs 25 ans, ont sélectionné le film Frères de sport de Bixente Lizarazu. Puis hors compétition pour illustrer les 25 ans d’aventure le film de Jean-Charles Marsily « Giramondu » sera présenté avec 9 autres documentaires. Un sacré honneur pour le simple et « pôvre » Cabochard que je suis !

Du 10 au 15 octobre accompagné d’un peloton d’amputés cyclistes nous traverserons en vélo la Corse du sud, étape le matin rencontre des scolaires l’après-midi. Des cols et des Ecoles. Cette année Dominique Benassi 15 fois champion du monde de triathlon sera l’animateur avec comme support un film de son parcours qui se nomme : Ma vie sur une jambe. Opération financée par la Fondation d’entreprise Française des Jeux.

26 octobre conférence privé pour le rotary club de Menton qui va s’engager financièrement au côté de Bout de Vie, initiative qui me touche énormément son nouveau président Antoine Mari est un ami d’enfance.

Du 29 octobre au 1 novembre, stage de survie en Corse du Sud. 6 personnes valides et moins valides vont arpenter le maquis hors des sentiers battus pour une initiation à la vie sommaire dans la nature.

25 novembre le documentaire Frères de sport a été sélectionné par le Festival du film d’aventure de Lyon Quai du départ.

Fin novembre, à bord du Porte avions Charles De Gaulle je faire être nommé Chevalier de l’ordre national de la Légion d’Honneur.

Du 28 février au 2 mars, stage de survie en Corse du Sud. 6 personnes valides et moins valides vont arpenter le maquis hors des sentiers battus pour une initiation à la vie sommaire dans la nature.

Du 9 au 25 avril expédition Avannaanut (vers le Nord en groenlandais) 4 jeunes « différents » vont me suivre sur les pas de Paul Emile Victor. En chien de traineau avec des chasseurs locaux nous glisseront jusqu’au glacier de Eqi, là où l’équipe de PEV a observé l’un des plus grands glaciers de l’hémisphère Nord.

Du 15 juin au 15 septembre j’embarquerai avec mon vieux complice, le kayak Immaqa (peut-être en groenlandais) sur la côté ouest du Groenland, depuis Ilullisat pour aller le plus au nord possible pendant ce bref été, un voyage de l’intérieur, juste entre la nature et mes sens. Je laisse le soin aux « autres » aventuriers de dénoncer le réchauffement climatique où d’aller à la rencontre de l’autochtone, la poésie, la rêverie et une vie sans boiter seront mes seuls messages.

Puis pour ceux qui me connaissent un peu plus, si si ça existe ; attendez je compte : un, deux, et vous. Je vais ramener « mon » Cabochard sur la côte pour sa nouvelle vie. Ce n’est plus une page, un chapitre, mais un nouveau livre qui s’écrit.

N’oubliez pas que Bout de vie c’est vous alors continuons droit devant nous, un léger coup d’œil sur le passé, une tête en l’air pour l’avenir mais un immense sourire pour le présent qui doit être mangé sans laisser aucune miette.

Je vous embrasse bien fort, la mascotte se joint à mes côtés aussi…

Chevalier de la Légion d’honneur…

19 juillet 2016
Cliché pris quelques heures avant mon accident sur le pont du PA Foch

Cliché pris quelques heures avant mon accident sur le pont du PA Foch

Je ne sais pas, par quel bout commencer. Je ne sais pas si je dois être solennel, si je dois mettre de côté ce billet, les Hommes me surprennent autant qu’ils m’attristent. Au matin du 14 juillet je recevais cette missive qui me laissait sans voix, une date que je ne pourrais oublier. Quelques heures plus tard, à quelques kilomètres de la ville où je venais au monde, il y a 51 ans, l’horreur fauchait des innocents…  Je prends mon courage à deux mains, pour vous annoncer, un honneur, qui en un battement d’ailes, a perdu toute sa signification.

La France m’a remis le titre de Chevalier de la Légion d’honneur !

Une surprise énorme, qui jusqu’au dernier moment, m’a laissé dubitatif. Le 4 mars une lettre du gouvernement me prévenait que j’avais été choisi pour l’une des plus haute distinction nationale et que je devais m’atteler à répondre à un long questionnaire. Heureusement qu’un numéro de téléphone était joint au courrier, ce qui me permit de remplir le formulaire sans erreur. Pendant ces mois d’attente, de la décision définitive du Grand Chancelier, je me questionnais sur la genèse de cet honneur, quel politique avait eu la drôle d’idée de me proposer ? La Légion d’honneur est toujours allouée par un ministre mais jusqu’au dernier moment, je ne pouvais savoir qui en était l’initiateur. Le secrétaire de cabinet, est un homme a l’écoute et j’en suis sur, mon franc-parler l’a fait, plus d’une fois sourire. Mes questions ont été multiples, mais la principale était celle-ci : quel critère pour cette distinction ? Eh « ben » 3 ! En premier mon service rendu à la nation en 1983 qui me coûtait une jambe, puis ma « croisade » associative avec Bout de vie depuis 2003 avec cette obstination à partager coute que coute et myrtille sur la crêpe, mes aventures qui ont été souvent des premières mondiales. Ce triptyque avait convaincu le gouvernement de me proposer la rosette. Donc me voici gratifié de Chevalier de la Légion d’honneur. Mais entre vous et moi je vais vous dévoiler quelques confidences. Dans le protocole, il me falait choisir un parrain, qui a déjà reçu cet honneur, c’est lui qui sera à mes côtés le grand jour. En faisant le tour de mes potes assez proches, le seul en toute évidence qui pouvait endosser cette fonction était mon « frère de sport » alias Bixente Lizarazu, qui n’a pas hésité un millième de seconde pour accepter ce rôle ! Puis je devais aussi choisir, un lieu officiel. Vous me voyez à l’Elysée, avec le costume, les souliers vernis et tout le tralala ? Non, non, j’ai trouvé mieux. Puisque tout a commencé en service commandé sur un porte-avions, pour boucler l’affaire, la logique m’a amené en toute simplicité à demander le porte-avions Charles-de-Gaulle comme lieu de réception. Mission impossible m’a susurré « mon » parrain, mais ma détermination saupoudrée de bonne étoile m’a offert cette opportunité. Le 14 juillet 2016, sur le journal officiel, la liste de la promotion Légion d’honneur a été dévoilé et à ma grande surprise mon nom était mentionné. Je fais partie des 13 nominés du ministre des sports, donc il ne me reste plus qu’à patienter pour le grand jour. Qui me sera donné par le Commandant Eric Malbrunot pacha du PA Charles-De-Gaulle.

Avant de conclure ce billet rouge rosette, je tenais à vous remercier tous du fond du cœur. Ce n’est pas moi qui reçois cet honneur, mais vous tous qui œuvrez pour que Bout de vie existe. A chaque fin de stage, qu’organise l’association, vos sourires sont des récompenses immenses, des bains de bonheur que je souhaite à tout le monde. Dans mes aventures extrêmes, vos soutiens m’ont toujours amené au bout de mes rêves qui sont devenus un peu les votre, puis un grand merci au Commandant Bertrand de Lorgeril patron des plongeurs démineurs, qui va me permettre de remonter à bord d’un bâtiment de guerre où il y a 33 ans tout avait commencé dans un drame qui s’est transformé en force transmissible…

Décidément l’été 2016 restera une sacrée année dans ma vie de Cabochard…

PS : Je me demande si je dois amener aussi ma mascotte Jo Zef, il serait capable de me piquer la médaille !!!

Ils sont ma force et c'est à eux à vous que je dédis cette décoration.

Ils sont ma force et c’est à eux, à vous, que je dédis cette décoration.

Il y a un an…

2 juin 2016
Magie des Lavezzi

Magie des Lavezzi

Depuis 2003 Bout de vie organise des stages de plongée sous-marine, depuis 13 ans des groupes se succèdent, chaque semaine est différente, chaque participant y apporte sa part d’histoire de vie. On se dit au revoir, sans être certain de se revoir et puis un jour, une lettre, un mot et l’émotion surgit du fin fond de nos maux.

Il y a un an, jour pour jour, une équipe posée leur prothèse dans l’univers « Galioto-cabochardesque », une participante nous a écrit ceci; comment ne pas le partager?

Merci Aline, tu es un éclat de lumière qui éclaire mes part d’ombres, nos parts de souffrance…

Carnet de voyage Iles Lavezzi, Corse 31 mai- 6 juin 2015

A bord de la Galiote

Merci à Bout de Vie. Merci à Frank Bruno. Merci à Horst Guenther Hayer, le capitaine. Merci à Marie-Lou, Véronique, Ali, Raynald, Alex, Christophe. Merci à toute l’équipe de la Galiote. Merci à Sylvie.

Mardi.

Les cris des goélands. Petits Petits Petits. Il faut les protéger, les sauver. Les discipliner, leur apprendre à voler. Petits Petits Petits. Dans les roches ancestrales, votre demeure, votre vous. Coulées, roulées, boulées, lissées. Portées, sur la main des glaciers. La mère tout bec dehors ailes battantes. Petits Petits Petits. Tumulte des hommes brisés. Clapots de silence, contre la pierre. Et soudain, à l’Ouest, discrètes notes noires égrenées comme un gravier du ciel ; expiration, inspire expire. Respiration, cellules-cristaux de la mer. Respiration branchies-lanières, les prairies de la mer respirent. Peuples des couleurs, suspendus dans le ciel turquoise de la Méditerranée, vous palmez lentement, éventails de la mer Œil-cristal de vos corps Incrusté dans les topazes immatérielles de ses mondes sous-marins.

Mercredi

Nous glissons, volons, enlacés dans les lanières de l’eau. Le corps vivant, les muscles ravivés. Bercés par le peuple vif-argent de la mer, nous somnolons dans les prairies enrubannées des posidonies-tentacules. Une sole découpe les fonds en poussant les points noirs de ses yeux, ondulation de sable souple. Tendre la main vers le trésor inouï d’un coquillage qui scintille sur une roche et le cacher dans sa manche. Entre veille et sommeil, rêve turquoise et ocre, nous touchons tout au fond de nous-mêmes.  Accordés pour toujours aux poumons de la mer me granit âpre. Dormez, jamais plus au repos. Fétus, jetés, éparpillés, broyés par la meule de la mer, cris du métal déchiqueté, cris indistincts au fond de vos gorges. Âmes granit vous êtes pour toujours les frères des récifs. Les frères des brisants. Tumulte, hurlements, déchaînement, déferlements. Amas de bois métaux, corps émiettés. Puis silence éternel. Pourquoi ces furies soudaines que veulent-elles nous dire, nous qui n’existons pas pour elles ? Chaque homme dont l’âme blessée habite le bloc de granit taillé et dont les mots peu à peu disparaissent des mots qui se faisaient l’écho de leur peur de leur détresse de leur courage. Justement : déchirés par cette même roche, leur demeure pour toujours. Silence éternel. Âmes granit âpres.

Jeudi

Bois flotté arrimée aux cellules de la mer.  La pensée se dissout dans les poumons de l’Océan, la mémoire se vide lentement comme un flacon d’encre épaisse qui renfermait nos histoires et nos mots. Le corps oublie ses contours, la respiration occupe tout le champ du sensible, bulles de vie-éclats. Une grappe de saupes broute les rochers dispensateurs de vie où s’accrochent des milliers de micro-existences nourricières. Être là suffit gorgé de silence humble, bois flotté illimité confié aux habitants de ce monde.

 

 

Vendredi

Air de nos poumons ombrelles-méduses, Ribambelles de bulles argentées bondissant dans le ciel de la mer. Nous rampons sur les fonds, glissant entre deux couches de temps, silencieux, caressant de nos regards embués les peuples de la mer. Peuples souples, rapides, habillés d’arc-en-ciel, qui ignorez superbement nos existences, nous qui devons pour accrocher dans nos mémoires quelques images de vos univers porter des poumons sur nos dos. Comment comprenez-vous nos silhouettes sombres qui hantent vos territoires. Comment compreniez-vous ces bulles argentées qui montent de nos ombres en dansant, puis disparaissent à la surface-frontière entre mer et ciel, entre vos mondes et les nôtres irrémédiablement autres ? L’air de nos poumons, ombrelles-méduses. Etranges, étrangères bouteilles à la mer.

Samedi

Vaisseau-fantôme dans la brume inattendue, la Galiote dort en faisant grincer ses vieilles lattes de bois vernies qui ont inscrit dans leurs veines tant d’histoires humaines et tant d’images qu’elle instille goutte à goutte dans nos mémoires. Imperceptible balancement d’une micro-houle ensommeillée, ne sachant pas encore ce que nous sommes devenus au dernier jour de notre rêve sur la Galiote, nous tirons lentement le voile du sommeil. Nous avons peut-être dormi trop longtemps avant d’avoir communié, avec le vieux sage navire sculpté jour après jour par les mains amoureuses du Capitaine. Nous avons peut-être stocké trop de certitudes avant d’avoir connu le tendre rocailleux Cabochard que nous avons choisi de rencontrer pour bousculer notre chemin. Déchirée tout à coup, la brume ouvre à nouveau les fenêtres du ciel et de la mer profonde. Nous sommes toujours là.

Aline Robel

Elisa graine de championne…

3 mai 2016
Elisa ou la totale liberté

Elisa ou la totale liberté

 

Depuis 13 ans Bout de Vie tente de changer le regard des bipèdes, sur vous, sur nous, les « raccourcis ». Une longue croisade qui tout doucement donne ses premières boutures, j’aurais pu dire qui dévoile de nouveaux pieds ! Je me souviens d’une petite- fille de 3 ans qui posait sa petite prothèse sur la Galiote, elle venait à peine de perdre sa jambe, sa maman était soucieuse, mais Elisa ne voyait pas pourquoi son entourage s’inquiétait autant, avec deux ou une jambe sa vie ne serait que force et défi. Puis elle est venue aux 10 ans de l’association, je sentais une ado pleine d’énergie et de volonté alors elle a rejoint seule, le stage de plongée deux ans après. Une semaine où, elle a découvert de nouvelles limites, un nouvel horizon. Un jour de grand vent sur la plage arrière du bateau je l’engueulais pour qu’elle trouve sa serviette, car trempée comme un mérou elle grelottait face au mistral. Du haut de ses 12 ans elle me lâchait une tirade que je ne pourrais oublier : Si un jour tu m’amènes dans le Grand Nord il faut que je sache gérer le froid.  Ni une ni deux pour ses 14 ans elle embarquait pour une aventure hors norme. Vivre sur une île déserte de la côte Ouest du Groenland en autonomie complète, elle était la cadette du groupe. Là-bas sur la terre des « Nanoq » elle m’a ému profondément, elle a su s’adapter de manière remarquable. Nos journées étaient composées soit de balade en canoë, soit de randonnée en terrain très accidenté. Une muraille encerclée l’île et pour rejoindre le haut plateau à 600Mts au-dessus du niveau de la mer il valait crapahuter sur des corniches assez vertigineuses. Son emboîture l’avait blessée, mais pas une seule fois je ne l’ai entendu se plaindre, pas une fois je ne l’ai vu grimacer. Après 3h de marche nous trouvions une montagne sans nom, depuis sur l’île d’Ataa un sommet s’appelle le mont Elisa. Le retour en France, après de si belles expériences, permet de comprendre dans quel luxe nous vivons, dans quel confort nous évoluons. Alors Elisa encore plus forte, encore plus haut, continue sa vie de jeune femme et hier la une du quotidien régional Sud-Ouest lui a consacré un bel article dont voici un extrait qui m’a beaucoup touché :

L’adolescente, d’une maturité impressionnante, a même participé à des stages de survie, dont un au Groenland, avec l’association Bout de vie. « Je suis devenue plus volontaire, curieuse, résistante. Abandonner, ce n’est pas dans mon état d’esprit. Et quand je vois une personne valide abandonner parce que c’est dur, je l’encourage à continuer. »

Cliquez ici pour voir la totalité de l’article.

Pour conclure ce billet, je tiens à remercier toutes les personnes qui de prêt ou de loin permettent à Bout de Vie d’œuvrer dans ce partage si essentiel. Bout de Vie n’est pas là pour assister les amputés, Bout de Vie a la seule vocation de permettre à qui veut de vivre plus fort qu’avant.

Que Dieu vous prothèse !